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  • MATÉRIALISME OU L’ESSENTIEL ?

    Retrouver l’homme et la part de l’invisible.

    « C’est pourquoi nous ne faiblissons pas. Au contraire, même si notre homme extérieur s’en va en ruine, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour ». (2 Corinthiens, ch.IV,16) « A nous qui ne regardons pas aux choses visibles, mais aux invisibles ; les choses visibles en effet n’ont qu’un temps, les invisibles sont éternelles » (2 Corinthiens, ch.IV,18)

    L’ « essentiel » est invisible parce que les yeux ne peuvent le percevoir. La majorité des gens ne voient que le palpable, parce que l’esprit et le cœur sont obstrués par le matérialisme ambiant. L’essence même de la vie ne se distingue pas. Comment percevoir les choses lorsque l’on priorise l’argent, le gain et tout ce qui tourne autour : profit, usure avec ses avatars le mensonge et la fourberie. Ce nouveau Dieu a remplacé ce qui pour les yeux des hommes jadis était primordial : la vie communautaire, telle qu’elle était vécue par les anciens, pétrie de valeurs, tourné vers l’élévation et l’exemple. Nous avons simplement remplacé le Christ par Juda…

    Qu’a-t-on fait de l’amour, de la communion des êtres, de cette rencontre entre deux âmes. Ces instants de courtoisie et d’approche, de passion. Ce jeu des sens, d’amitié, de dialogue et de partage. Apprivoiser un esprit en respectant son caractère, sans le frustrer. Du mystère qui fait que deux êtres choisissent de faire ce chemin de la vie ensemble jusqu’à se confondre…

    Prenons-nous le temps pour faire chaque chose, ce temps en dehors du temps qui file dans notre monde moderne avec la montre qui nous emprisonne. Avons-nous assez de recul pour apprécier encore le chant naturel des oiseaux, le bruit des arbres sous le vent où le clapotis des ruisseaux… Qu’avons-nous fait de la gratuité, ce service cher à nos aïeux, qui entretenait les rapports entre les humains et assurait la charité indispensable à la société organique…

    Oh, je sais, certains diront : encore du passéisme champêtre ou de l’écologie, mais réfléchissons un peu, n’est-ce pas indispensable à l’équilibre de tout être humain que de pouvoir se ressourcer et trouver à un instant de sa vie, cet espace nous redonnant toute notre dimension humaine ?
    Une sorte de confrontation entre nous-même et la création. Le dos collé à un arbre, regarder ce ciel comme une fusion entre le sang qui nous irrigue et la sève qui va des racines aux branches. Une sorte de sérénité nous envahit devant les merveilles qui s’offrent à nous, la paix de notre être et le silence qui suit la profondeur des bois. Voit-on cette tranquillité intérieure que l’on trouve en nous, comme un apaisement recherché mais que l’on ne trouve plus dans nos vies bruyantes, minutés d’un quotidien pollué et stressant. Sait-on encore trouver cet apaisement, cette plénitude que l’on avait autrefois et que l’on redécouvre par des pratiques venues de l’Asie !

    Où se trouve la richesse essentielle de l’homme, si ce n’est dans son regard envers l’autre, la charité et la compassion, quand la justice s’est au préalable épuisé. Ce qui fait partie de l’invisible, de ce qui est en nous, la beauté intérieure supérieure au visible. Ce qui est vrai, le bon, le bien, la richesse que l’autre dégage semblant sortir du fond de son être. Ce trésor qui ne se quantifie pas, dont l’or du monde ne peut acheter fera souvent d’un ami qui le possède, la perle rare d’une vie. Ces valeurs sont celles qui firent la grandeur de notre civilisation, dont nous nous sommes détournés lorsque nous avons préféré le visible à l’invisible, l’argent à la spiritualité, Juda au Christ. C’est à la portée de chacun de redécouvrir ce jus précieux, cette essence qui est en nous. Redynamiser cette énergie intérieure, la nature même de l’homme qui donne un sens à sa vie. Ce pourquoi il est né, d’où il est venu et la fin qui l’attend, tout le respect envers la création et les êtres qui l’on bâtit, conseillé. Cette part qu’il prendra envers ceux à qui, il transmettra ces connaissances et son appui…

    F. Winkler

    http://www.actionroyaliste.com/

  • Une université d’été pour les jeunes patriotes !

     

    La formation est essentielle pour comprendre le monde qui nous entoure. Et il est difficile et périlleux de se la procurer soi-même.

    Or, le mouvement Renouveau français (une organisation politique sérieuse, avec d’excellentes idées) propose sa traditionnelle Université d’été (où règnent moralité et bonne ambiance), qui pourra légitimement intéresser certains de nos jeunes lecteurs (ou des lecteurs connaissant des jeunes) :

    visuudt2016

    « Le programme sera riche et des personnalités qualifiées interviendront (auteurs, conférenciers, etc., tels que Marion Sigaut, Thibaut de Chassey…). Participation de délégations étrangères. »

    Une bonne occasion de franchir le cap du virtuel, de rencontrer d’autres jeunes partageant les mêmes aspirations, et de profiter d’une formation politique et historique de qualité !

    Détails en cliquant ici.

    http://www.contre-info.com/

  • Chronique de livre : Nicolas Bonnal "Le Paganisme au cinéma"

    Nicolas Bonnal, Le Paganisme au cinéma (Dualpha, 2015)

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    Des livres sur le cinéma, il en a été suffisamment écrit pour remplir les salles du château de Minas Tirith ! Pléthore de dictionnaires, de biographies de réalisateurs ou d'acteurs, d'études thématiques, tout a été écrit sur le sujet. Simplement, il suffit de réactualiser au gré des nouvelles sorties en salles. Tout a déjà été écrit ou plutôt presque tout. Dans son très intéressant ouvrage intitulé Le Paganisme au cinéma. Mondes païens, épopées, contes de fées..., paru aux Editions Dualpha, Nicolas Bonnal ouvre grandes les portes d'un monde cinématographique qui n'avait été que trop peu exploré jusqu'à présent.

    Chacun aura vu Excalibur ou Le Seigneur des anneaux. Si on ne peut parler de cinéma païen stricto sensu, Nicolas Bonnal, déjà auteur de plus d'une quinzaine d'ouvrages, dont quatre sur le cinéma, a le bonheur d'évoquer plutôt la présence d'éléments païens dans l'art cinématographique. Et bien évidemment, la liste des films s'allonge !

    La Nouvelle Droite a depuis longtemps démontré la persistance d'un substrat, hérité de notre plus longue mémoire, qui a survécu jusque dans le médiocre crépuscule matérialiste de nos sociétés du Troisième millénaire et demeure présente dans notre imaginaire et nos fêtes et traditions populaires. Il n'est donc guère étonnant que ces survivances païennes se retrouvent chez des cinéastes aussi différents que Fritz Lang, Akira Kurosawa ou dans certains Walt Disney.

    Choisissant la difficulté, Nicolas Bonnal opte, pour le plus grand bonheur du lecteur, à une étude chrono-thématique des principales productions nationales plutôt que s'essayer à la constitution d'un simple dictionnaire des œuvres cinématographiques incorporant tout ou partie des anciennes cosmogonies, et d'ailleurs, plus ou moins consciemment parfois. Cela suppose évidemment des choix arbitraires. Aussi, l'auteur exclut-il le péplum. Et l'on regrettera l'absence du mythique Wicker Man de Robin Hardy. Il est à ne pas confondre avec l'ignoble remake de Neil LaBute dont le crime artistique justifierait que le réalisateur connaisse la même fin que l'austère inspecteur protestant de l'œuvre originale. Oubli sans conséquence et largement compensé par la longue évocation de l'art du cinéaste russo-ukrainien Alexandre Ptushko, totalement inconnu en Occident.

    Divisé en cinq chapitres nationaux, Nicolas Bonnal explore le Septième art anglo-saxon, allemand, français, russe et japonais à l'aune des traditions, mythes et mythologies païens. Dans cette confrontation analytique entre ces cinémas nationaux, l'auteur opère une distinction fondamentale entre le cinéma à connotation païenne de l'Occident et le cinéma à intention païenne pratiqué en Russie et au Japon.

    Numériquement la plus importante, la production cinématographique anglophone est la plus grande pourvoyeuse de films contenant des éléments païens. Très certainement, le caractère spectaculaire des contes et légendes colle-t-il au mieux à la tradition de l'art filmé anglo-saxon. De nombreuses réussites certes mais aussi l'exercice du prisme déformant d'Hollywood. Il y a naturellement à voir et à venger.

    Et la France dans tout cela ? Cette fille ainée de l'Eglise que le démon républicain offre en dot à l'hydre du Monde moderne, dont les victoires sont nos renoncements... Tandis que le cinéphile païen piaffe d'impatience à l'annonce du tournage prochain de La Morsure des Dieux de Cheyenne Carron, a-t-il existé un cinéma français paganisant ? Chacun sera tenté de répondre par la négative de prime abord, à quelque exception près... Eric Rohmer peut-être. Aussi, le lecteur sera-t-il étonné d'être confronté à une liste bien plus nombreuse de cinéastes dont certaines œuvres incorporent nombre d'éléments païens en leur sein. Marcel Pagnol, Jean Renoir, Julien Duvivier, Jean Cocteau, Maurice Tourneur ou plus proche de nous, Jean-Jacques Annaud. Moins convaincu après lecture, il suffira pourtant de s'essayer à un nouveau visionnage de certaines œuvres mises en avant, et c'est un nouveau Champ des possibles qui s'ouvre et emporte l'adhésion. La magie analytique de Bonnal l'Enchanteur opère.

    Moins connu du profane, le cinéma soviétique puis russe constitue un indéniable jalon de l'art cinématographique auquel l'auteur livre un vibrant hommage, de même qu'une plaisante initiation, en filigrane, aux paganismes slaves. Nicolas Bonnal ne fait nullement mystère de son attachement à la culture russe. Tout aussi passionnants sont les chapitres consacrés au paganisme dans le cinéma allemand et japonais, concernant lequel l'auteur hisse de précieuses passerelles entre le pays du Soleil levant et l'imaginaire européen.

    Ça-et-là, l'auteur se livre à de courtes digressions qui offrent quelque évasion et permettent de reprendre son souffle parmi l'évocation de ces centaines de titres et de noms de réalisateurs.

    Il était une fois un livre qui manquait à l'Histoire du cinéma...

    Virgile / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/

  • De César à Trump : petite histoire du «populisme»

    Après le Brexit, les mots «peuple», «populisme» et «référendum» font florès. Retour avec l'historien Christophe de Voogd sur ces mots polysémiques et souvent paradoxaux.
    Docteur en Histoire, ancien élève de l'École normale supérieure, Christophe de Voogd enseigne à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris et collabore au blog de la Fondapol: Trop libre.
     Depuis le référendum britannique sur le Brexit, le mot peuple est dans toutes les bouches. Certains le prononcent avec mépris tandis que d'autres s'en revendiquent. Mais au fond, qu'est-ce que «le peuple»?
    Vaste sujet et vaste débat qui occupe la pensée politique depuis la «démo-cratie» athénienne! Impossible donc ici de donner du «peuple» une définition consensuelle. Mais on peut relever trois usages principaux du mot: son sens sociologique, désignant les classes les moins fortunées de la société, la moitié de la population qui se situe en dessous du revenu médian pour prendre un critère simple. Ensuite son sens dans la philosophique politique: l'ensemble des citoyens en tant qu'impliqués dans l'exercice du pouvoir (démocratie antique) ou dans sa source (démocratie moderne). Un troisième sens, médiatique celui-là, semble se dessiner avec l'équivalence croissante peuple/opinion publique. Dernier usage enfin: dans le débat public lui-même où le «peuple» est invoqué comme ressource politique par de nombreux acteurs. C'est ce que j'appellerai l'usage polémique du mot qui remonte sans doute en France à la dialectique de Sieyès du Tiers-Etat contre les ordres «privilégiés», qui hante toutes les grandes crises de notre histoire et qui bat à nouveau son plein de nos jours. Polémique d'autant plus furieuse et confuse que justement l'on ne parle pas du même «peuple», et à dessein: voyez comment le gouvernement et la CGT s'écharpent sur la «démocratie» dont ils prétendent être l'un et l'autre le champion. 

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  • Carl Schmitt : le nomos de la terre ou l’enracinement du droit

    Dans Le Nomos de la Terre (1950), Carl Schmitt montre qu’il ne peut exister d’ordre sans enracinement. Contre la pensée positiviste et l’idéal cosmopolitique, il en appelle à la terre, substrat élémentaire de toute société, pour comprendre le rapport de l’humanité au monde.
    [Article initialement paru dans la revue PHILITT #2 consacrée à la terre et à l’enracinement.]
    Grande figure de la Révolution conservatrice allemande, Carl Schmitt s’oppose aux héritiers du positivisme d’Auguste Comte, et plus spécifiquement au positivisme juridique dont Hans Kelsen (d’ailleurs contradicteur de Schmitt) est le théoricien le plus célèbre. Celui-ci, dans sa Théorie pure du droit, n’étudie et ne reconnaît comme tel que le droit en vigueur édicté par l’homme, que l’on appelle droit positif, occultant l’origine profonde de ces normes et rejetant l’idée même d’un droit naturel qui serait fondé sur des valeurs éminentes. À l’inverse, s’attachant à en retrouver la source, Schmitt ressuscite la conception d’un droit inhérent à la terre. Si la localisation, l’espace géopolitique délimité, prime dans son étude des rapports de force, sa philosophie du droit nous invite à une lecture très organique, à la connotation écologiste. Alors, sans même invoquer de quelconques valeurs morales, que les positivistes qualifient d’extrinsèques à la matière juridique pour mieux les mépriser, Le Nomos de la Terre met la logique de ces légalistes à l’épreuve du bon sens du paysan : « En premier lieu, la terre féconde porte en elle-même, au sein de sa fécondité, une mesure intérieure. Car la fatigue et le labeur, les semailles et le labour que l’homme consacre à la terre féconde sont rétribués équitablement par la terre sous la forme d’une pousse et d’une récolte. Tout paysan connaît la mesure intérieure de cette justice. »

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  • Grandes manœuvres pour grande mosquée

    Depuis la fin de l’année 2015, si riche en assassinats perpétrés, sur le sol français, par des musulmans à l’encontre de citoyens français, le gouvernement algérien, par son ministre des Affaires religieuses, réclame la pleine souveraineté sur la grande mosquée de Paris qu’il subventionne puissamment.
    À ce titre, on peut imaginer que les Saoudiens, Qataris, turcs et autres évergètes exotiques, vont prochainement réclamer leur « livre de chair », en l’occurrence la souveraineté sur les mosquées dont ils financent l’érection et le fonctionnement. Ce qui fait un plaisant contraste avec la propriété des églises et cathédrales françaises, que l’État français a nationalisées par la Loi de juillet-décembre 1905, faisant du même coup de la France un pays « neutre » au plan des religions et des cultes.
    Il est peu probable que nos dévoués politiciens, encore maîtres de l’État durant quelques mois, fassent voter une loi sur un sujet aussi explosif, avant d’importantes échéances électorales, même si le parti qui a (encore) les apparences du Pouvoir semble très désireux de recevoir des dons d’émirs et de roitelets généreux en pétrodollars… encore qu’avec ces gens-là, il ne faille pas toujours se fier au simple bon sens.
    Il peut donc paraître utile de rappeler au Peuple souverain l’article 53 du Titre VI de la Constitution de la Ve République, en date du 4 octobre 1958, un article ni révoqué ni amendé depuis lors. Le Titre VI est intitulé : Des traités et accords internationaux. L’art. 53 stipule : « Les accords relatifs à l’organisation internationale… qui comportent cession… de territoire ne peuvent être ratifiés ou approuvés qu’en vertu d’une loi… Nulle cession n’est valable sans le consentement des populations intéressées ».
    En clair, le gouvernement est obligé de demander 1 : l’avis du Parlement, pour l’établissement d’une loi 2 : le consentement de la population… et l’on se moque absolument de celui des musulmans en tant que tels, étant donné que l’État est NEUTRE en matière de culte. C’est donc l’avis du PEUPLE SOUVERAIN en sa totalité que nos brillants maîtres doivent solliciter et seul le peuple souverain peut accorder ou refuser cette cession d’une partie du territoire national.
    En outre, quel est l’individu assez niais pour ne pas comprendre qu’une fois devenues aussi inviolables qu’une ambassade, les mosquées de souveraineté algérienne, tunisienne, marocaine, saoudienne, qatari, turque etc… deviendront non seulement des asiles pour terroristes et criminels de la Oumma, mais aussi des centres d’endoctrinement et de formation à la guerre civile… déjà, des mosquées corses servent de salles de sports de combat.
    Une grave question se pose : jusqu’où allons-nous descendre dans l’abjection et le reniement de nos valeurs et de notre histoire ?

    Docteur Bernard Plouvier Synthese Nationale :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EuyZVFpkylzDPrsdrZ.shtml

  • Du carton plein d’Orlando à la loi Travail : Michel Foucault présent ! par Thierry DUROLLE

    À la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, la désormais célèbre « Nouvelle Droite » se postait en première ligne du combat des idées. Ses animateurs avaient compris toute l’importance d’un tel combat mais surtout le fruit de ses victoires. En effet, le camp d’en face qui avait, comme souvent à l’époque, un coup d’avance, comptait une pléthore de penseurs et théoriciens ayant pignon sur rue.« Putain » de Saint Foucault. Archéologie d’un fétiche de François Bousquet, rédacteur en chef-adjoint de la revue Éléments, dans une démarche quasi-« zemourienne » de « déconstruire les déconstructeurs » s’attaque à l’un des penseurs les plus représentatifs de la gauche libérale-libertaire en la personne de Michel Foucault.

    L’influence de Michel Foucault est considérable bien qu’elle s’exerce principalement dans le domaine du sociétal : comment ne pas penser au lobby LGBT, à la théorie du genre ou à la défense des minorités lorsque l’on parle du chef de file de la « French Theory » ? On ne sait plus si Foucault et son œuvre sont le reflet de la société actuelle ou si c’est la société actuelle qui est le reflet de l’homme et son œuvre. Ce dernier est sujet à une véritable fascination de la part de certains : un « putain » de saint pour les uns, un « putain » de damné pour les autres, à commencer par l’intéressé lui-même… Instable, changeant, toujours sur la brèche, l’homme fut comme au centre d’un vortex à l’allure de chaos primordial : « Le sens flotte sans accrocher au réel, victime de sa propre entropie. Cela s’appelle le chaos. Le jeune Foucault y succomba. » Dans son esprit tout est chamboulé, tout est renversé, inversé; la seule norme c’est l’anomie, serait-on tenté de croire. « Au moment où l’ethnologie allait chercher aux antipodes de l’Autre de la rationalité occidentale, lui le découvrait dans les asiles et les maisons d’arrêt. L’Autre, le Tout Autre, l’altérité radicale – le rebut de la société, dans lequel il célébrait le retour du refoulé dionysiaque. » Cet univers où se mêle surveillance et punition, est « de l’ordre de la névrose obsessionnelle » chez Foucault. Son leitmotiv ? « Jouir sans entraves mais le corps entravé » comme le formule si bien François Bousquet.

    L’auteur de Surveiller et Punir effectua par la suite un virage néo-libéral, « sujet si sensible qu’elle donnera naissance, après sa mort, à un courant négationniste parmi ses disciples ». Ce tournant néo-libéral coïncide chez Foucault avec sa période « américaine » où il écumera les bars queer de San Francisco. Émerveillé par le pays de l’Oncle Sam, « un Nouveau Monde qui ne brûle plus ses sorcières, mais les transforme en stars hollywoodiennes ». Son évolution est en réalité somme toute logique : la détestation des limites est l’axiome indépassable du libéralisme, qu’il soit économique ou sociétale. Les limites, « il les détruit toutes, au rouleau compresseur de la dérégulation, inexorablement. Peu importe qu’elle affranchisse les plus riches de leurs obligations ». Ainsi  éprouve-t-il « une phobie pour le Léviathan étatique ». En fin de compte le libéralisme pour Foucault « se présente comme le plus prometteur des chantiers : terra incognitaexpérimentale et bouillon de culture hostile à tout encadrement, toute restriction, tout principe de précaution »; il lui offre sur un plateau d’argent « une promesse d’atomisation sociale, d’insécurité culturelle, de désordre. Entropie et chaos – il ne pouvait rêver mieux. Foucault retrouve dans ce système et ces vertus de “ destruction créatrice ” schumpétérienne l’équivalent économique du travail de destruction-déconstruction qu’il mène dans le champ philosophique. Un mélange détonnant débridée, de déconstructionnisme échevelé et de constructivisme forcené ».

    Comprendre l’œuvre de Foucault constituera une aide précieuse lorsqu’il faudra opérer à l’autopsie du monde dans lequel nous vivons. Nous pouvons cependant observer les dégâts qu’elle a déjà provoqués, mais aussi les levées de boucliers salutaires. Ce pamphlet est un pavé de plus balancé à la gueule des rejetons de Foucault, mais un pavé en marbre de luxe, taillé avec précision, aérodynamique et qui ne manque pas sa cible. François Bousquet, nous le savions déjà, est quelqu’un de grand talent; son style est un véritable régale. Il n’est ni  prétentieux, ni timide mais toujours limpide, concis, et subtil. Une prose d’escrimeur. On se régale certes, mais on apprend aussi beaucoup de choses sur cet homme complexe que fut Michel Foucault. « Putain » de Saint Foucault. Archéologie d’un fétiche est aussi efficace qu’un AR-15, plus facile à dissimuler en boîte de nuit et tout aussi puissant, voire plus !

    Thierry Durolle

    • François Bousquet, « Putain » de Saint Foucault. Archéologie d’un fétiche, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2016, 105 p., 15 €.

    http://www.europemaxima.com/

  • Gueniffey : « Robespierre incarne de façon chimiquement pure l'idée de la table rase »

    Nous l'avons déjà évoqué, dans Lafautearousseau :  Danielle Simonnet, coordinatrice du Parti de gauche, a récemment formulé le vœu qu'une rue de Paris porte le nom de Maximilien de Robespierre. Mais qui était-il ? Dans un intéressant entretien donné à Figarovox [20.06], l'historien Patrice Gueniffey souligne, notamment, la responsabilité que le révolutionnaire porte dans la Terreur.  LFAR

    Quelle place Robespierre occupe-t-il dans la mémoire républicaine ?

    Le consensus républicain sur la Révolution française, au début de la IIIe République, s'est fondé sur l'exclusion de Robespierre du Panthéon des grands hommes de la décennie 1789-1799. Cette interprétation, forgée par les Thermidoriens dès le lendemain de la chute de Robespierre, a été popularisée par les manuels scolaires canoniques (Lavisse, Malet et Isaac) de la Belle Epoque. La IIIe République acceptait tout de 1789 à la chute des Girondins (juin 1793), et triait dans la période qui commence en juin 1793. Elle acceptait Danton et Carnot, qui représentaient la défense nationale, et refusait Robespierre, qui incarnait la guerre civile et la Terreur. Par ailleurs, le culte de l'Etre suprême cher à l'Incorruptible était suspect aux yeux de ces anticléricaux. C'est à l'occasion du centenaire de la Révolution, en 1889, qu'est érigée la statue de Danton place de l'Odéon à Paris. Le représentant de cette sensibilité parmi les historiens de l'époque, c'est Alphonse Aulard.

    Pourtant, Clemenceau et Jaurès revendiquaient « l'Incorruptible » ?

    Oui, mais l'un était radical et l'autre socialiste, donc beaucoup plus à gauche que les « pères fondateurs » de la IIIe République (Jules Ferry, Jules Grévy, Jules Simon, etc.). Après eux, le PCF va batailler pour réintégrer Robespierre dans la mémoire glorieuse de la Révolution. L'historien Albert Mathiez est l'interprète de cette thèse à l'université. Il célèbre l'Incorruptible en raison même de la Terreur, instrument, à ses yeux, de l'égalité sociale projetée par Robespierre. Et il est vrai que celui-ci préconisait un impôt progressif sur le revenu, idée qui révulsait jusqu'aux Montagnards respectueux de la propriété privée.

    Les pétitionnaires qui demandent une rue Robespierre à Paris reprennent donc une revendication classique des communistes ?

    En effet, mais sans l'assumer. Le PCF, du temps de sa puissance, réclamait une rue Robespierre à Paris (il y en a, et même une station de métro, dans les anciens bastions communistes) en se fondant sur son action, laquelle incluait la Terreur. Aujourd'hui, leurs épigones demandent une rue Robespierre en alléguant qu'il n'était pour rien dans la Terreur. C'est le paradoxe: ces pétitionnaires rabaissent le rôle historique de l'Incorruptible afin de le défendre. Ils le rapetissent pour le rendre plus présentable. En somme, c'est une réhabilitation de la Terreur qui n'ose pas se revendiquer comme telle, avec des arguments sommaires. Une sorte de Nuit Debout appliquée à l'interprétation de la Révolution.

    Sur le fond, Robespierre était-il responsable de la Terreur ?

    Robespierre est l'un des responsables, parmi d'autres, de la Terreur qui a débuté en 1793. A l'époque, d'autres (Fouché, Tallien, Barras), envoyés en mission en province, sont beaucoup plus directement responsables de massacres. En revanche, Robespierre est le principal responsable de la Terreur pendant la période qui va de l'exécution de Danton en avril 1794 à sa propre chute en juillet. La loi du 22 Prairial (10 juin 1794), la plus terroriste de la Révolution, est son œuvre et inaugure la Grande Terreur. Elle supprime les rares garanties procédurales encore accordées aux accusés. Et le tribunal révolutionnaire n'a qu'une alternative: l'acquittement ou la mort. Dès lors, la guillotine fonctionne à une cadence exponentielle. Jusqu'alors, les partisans de la Terreur l'avaient justifiée par les circonstances exceptionnelles (la nécessité de punir les ennemis intérieurs et extérieurs). A partir de Prairial, et par la volonté directe de Robespierre, la Terreur devient consubstantielle à la Révolution. La Terreur n'a plus d'objectif précis ni de fin assignée. Son objectif est de paralyser toute opposition, mais elle multiplie aussi les adversaires de Robespierre, qui ont peur pour leur tête. C'est une période où il n'y a plus ni lois ni règles. Le seul enjeu, pour les conventionnels, c'était de rester en vie.

    Diriez-vous que la Grande Terreur a été une expérience proto-totalitaire ?

    Oui, cette période a vu l'invention du phénomène idéologique tel qu'on le verra ensuite dans d'autres révolutions. Du reste, Lénine s'en est inspiré pour élaborer sa théorie de la conquête du pouvoir et de la terreur comme instrument au service de la révolution. Pour que l'hécatombe se transforme en un massacre sans exemple dans l'histoire, il ne manquait rien: il y avait une idéologie, une rhétorique du bouc émissaire, la paranoïa révolutionnaire, le culte du chef (l'Incorruptible), des comités, des tribunaux d'exception, un système de surveillance et de délation généralisé. Il ne manquait qu'une chose: le parti. Les jacobins, malgré leurs efforts, n'ont jamais réussi à former un parti homogène et centralisé. Heureusement. Ce qui fait le grand intérêt de Robespierre, c'est précisément la responsabilité, en grande partie, de la Terreur. Il incarne, d'une façon presque «chimiquement» pure, l'idée moderne de la révolution et de la table rase.  

    Grand historien de la Révolution française et de l'Empire, Patrice Gueniffey, ancien élève de François Furet, est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Parmi ses ouvrages qui ont le plus marqué figure « La Politique de la Terreur. Essai sur la violence révolutionnaire, 1789-1794 » (Fayard, 2000) . Son dernier livre, « Bonaparte » (Gallimard, 862 p., 30€), a reçu le grand prix de la biographie historique 2013.

    Guillaume Perrault

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/