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  • Croire ou ne pas croire en la rééducation des terroristes

    Bernard Plouvier 

    Depuis trois millénaires et demi - d’abord avec Akhenaton-Aménophis IV, 14 siècles avant notre ère, puis avec Zoroastre 7 siècles plus tard, enfin avec Jésus de Nazareth -, on nous assure que la création serait belle et bonne, puisqu’étant issue d’un dieu bon… même si un dieu mauvais ou des anges dévoyés devenus démoniaques l’auraient pervertie.

    En Europe occidentale, il fallut attendre le XVIIe siècle après J.-C. pour généraliser cette autre croyance absurde : l’agressivité humaine serait le fruit de la peur et de l’ignorance. En conséquence, depuis le milieu du XVIIIe siècle, une invraisemblable quantité de réformateurs optimistes se sont proposé d’éduquer les humains, puis de les rééduquer après un passage à la délinquance ou au crime.

    Pourtant, il existe à peu près autant d’observateurs du monde animal et de son soi-disant chef d’œuvre, l’Homo sapiens sapiens, qui, après de longues études et de saines réflexions, ont considéré que l’avidité, la jalousie et la joie de nuire à autrui étaient des facteurs bien plus puissants que la peur et l’ignorance pour expliquer la haine, les pulsions meurtrières, la méchanceté gratuite, toutes choses qui trouvent un moderne apogée dans le terrorisme islamique, actuel sommet de l’agressivité de la bête humaine, ayant détrôné le marxisme au hit-parade de la nuisance suprême.

    De fait, en dépit d’une alphabétisation générale (du moins en zones occidentales), malgré de fabuleux progrès scientifiques et techniques, le XXe siècle de l’ère si mal dénommée « chrétienne » fut sans conteste le plus sanglant et le plus inhumain de l’histoire humaine. On reconnaît volontiers que la préhistoire semble avoir été assez sordide, mais l’on connut, à compter de 1914, de nombreux exemples de cannibalisme et de tortures immondes, et l’on en vint même à redonner une actualité aux génocides bibliques. Le XXIe siècle, à peine entamé, s’avère pire encore, par l’agitation de millions de sous-doués qui veulent imposer à l’humanité la barbarie et l’obscurantisme musulmans.

    L’éthologie comparée nous enseigne que ni le rire ni la guerre intra-spécifique [au sein de la même espèce] ne sont le propre de l’homme… tant pis pour Aristote et une foule d’auteurs ignares. Anéantissant impitoyablement une multitude d’œuvres de profonds penseurs béats (philosophes, sociologues, économistes, éducateurs, psychologues, sans oublier les imposteurs de la psychanalyse), l’histoire humaine des deux derniers siècles nous apprend que la rééducation des grands criminels autant que celle des petits délinquants est statistiquement illusoire.

    Un terroriste n’est pas un « fou d’allah » ou de n’importe quels autres divinités ou cultes politiques. C’est soit un psychotique délirant (en langage populaire, un fou dangereux), soit un psychopathe, incapable d’agir efficacement dans une société, et d’autant plus avide de sentir sa toute-puissance s’exercer sur des proies, faciles parce que désarmées, soit un sociopathe, un tueur en série qui procure à sa haine sociale l’alibi d’une soi-disant noble cause, religieuse ou politique.  

    Le terrorisme est en soi un acte de guerre. C’est l’expression la plus achevée de la haine envers l’humanité dans son ensemble ou envers une société particulière. C’est le summum de la joie de nuire à un prochain anonyme, pour des fanatiques politiques ou religieux, mais aussi pour d’innombrables petites frappes incultes, passées de la délinquance et du crime de droit commun à la féérie activiste.

    Ne pas y répondre de façon appropriée est la pire erreur que l’on puisse commettre : c’est encourager à la récidive. Par leur faiblesse dans la réaction à la barbarie islamique, les adultes d’Europe occidentale et scandinave sont grandement fautifs, mettant en danger la jeune génération de souche européenne qu’ils ont pourtant le devoir de protéger. Il n’est qu’une réponse au terrorisme : l’élimination radicale des acteurs, des inspirateurs et des complices.

    En outre, comme l’unique cause actuelle de terrorisme en Europe est l’islam djihadiste, les Européens de souche doivent organiser le grand retour en terres de charî’â des musulmans. L’adage « Chacun chez soi » demeure le fondement d’une société saine. Le dogme « un continent  = une race » doit demeurer la règle, les amateurs de brassage racial ayant le très vaste continent des Trois Amériques pour assouvir leur penchant.

    Les européens doivent abandonner, sans regret ni esprit de retour, la dangereuse absurdité d’une amélioration des mentalités humaines, parallèle aux progrès scientifiques et techniques, ainsi que l’illusion grotesque de la rééducation possible des canailles et des crapules. L’homme, produit de sa génétique, demeure moralement inchangé depuis la préhistoire, comme demeurent immuables les comportements de toutes les autres espèces animales.

    Qui est génétiquement programmé pour être une canaille ou une crapule peut résister à la tentation du passage à l’acte, grâce à ses facultés de libre-arbitre et de transcendance, devenant un saint. Mais s’il cède une fois à la part pourrie de son programme génétique, il récidivera dès qu’il en aura la possibilité.

    Un saint est un personnage admirable, mais il n’en est pas moins une exception. L’assassin, le terroriste, le violeur, le trafiquant de drogues et d’armes sont les équivalents humains de la bête féroce, mais en pire, car l’homme (c’est un terme générique « qui embrasse la femme »… enfin pas tous et pas toutes) est doté d’une intelligence et d’une inventivité, donc d’une malfaisance, bien supérieures à celles des autres espèces animales.

    Une fois admises ces notions, il faut en tirer toutes les conséquences.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2016/08/02/croire-ou-ne-pas-croire-en-la-reeducation-des-terroristes-5832783.html

  • Les entreprises françaises sont les plus taxées d'Europe

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    Source

    Philippe Carhon

  • André Gérin : « La France est gangrenée par l’islamisme »

    « La France est gangrenée par l’islamisme » écrit André Gerin, ancien député-maire (PCF) de Vénissieux (Rhône), dans une lettre à François Hollande qu’il lui a expédiée le mardi 26 juillet, alors qu’un « nouvel attentat barbare de l’État islamique était en train d’avoir lieu à Saint-Etienne-du-Rouvray ». C’est cette lettre que nous publions ci-dessous dans son intégralité.

    Monsieur le Président de la République, Cher François,

    J’ai écouté attentivement vos interventions lors du soutien que vous avez exprimé en direction des familles des victimes de l’attentat de Nice et plus largement au peuple niçois. C’est en ma qualité de communiste et républicain que je me permets de réagir car je considère que l’heure est grave.

    Dans votre discours, vous avez appelé la France « à faire bloc », en leur assurant que « l’exécutif ne céderait pas face à une guerre que le terrorisme nous livre ». Cet appel ne sera entendu que si vous affichez votre détermination et votre fermeté pour lutter contre le terrorisme. Les Français veulent avoir la certitude que le gouvernement met tout en œuvre pour les protéger. Jusqu’à ce jour, le peuple a fait preuve d’une infinie patience, d’un remarquable sang-froid face à la barbarie et aux violences quotidiennes qui traversent notre pays. Mais jusqu’à quand cette patience va-t-elle durer ? Notre démocratie est en danger. Le délitement de la société que l’on a tous constaté, contient des germes de guerre civile. Il ne faut pas non plus exclure un séisme d’une ampleur inconnue que la crise politique et sociale peut provoquer.

    Un big-bang politique s’impose de toute urgence. C’est une initiative inédite qui vous appartient et dont vous pouvez avoir l’autorité. Elle doit être solide et durable sur cinq ans sur la question du terrorisme, avec la mise en commun d’un diagnostic partagé et l’apport de réponses politiques prépondérantes. Vous avez d’ailleurs franchi un premier pas lorsque vous avez remercié la gauche comme la droite d’avoir voté le prolongement de l’état d’urgence. Notre pays vit une terrible épreuve. C’est peut-être l’occasion pour vous, Président de la République, de réunir, sans a priori, toutes les forces politiques républicaines. Un geste fort qui permettrait de créer une réelle dynamique. Car un diagnostic vital de la situation de notre pays est obligatoire.

    Gauche comme droite doivent nécessairement changer leur logiciel et sortir de leur condition partisane tellement surannée et rejetée par la majorité des électeurs. Il ne faut pas que se reproduise le spectacle minable qu’une partie de la droite nous a servi au lendemain de l’attaque terroriste de Nice, tellement obnubilée par les élections de 2017. Le Parti socialiste avait eu des agissements analogues lors des attentats de Montauban et de Toulouse en 2012.

    Les Français, durement éprouvés, en ont plus qu’assez de la vie politique telle qu’elle fonctionne dans notre pays. Le moment est donc venu d’ébranler nos certitudes, nos dérisoires et ridicules querelles politiciennes.

    Nous le savons, l’ennemi est immergé au sein de la population et dans nos villes. Le terreau sur lequel les terroristes islamistes nourrissent leur violence est lié aux trafics de drogue, d’armes et à la misère endémique.

    Je l’affirme haut et fort : Oui la France est gangrenée par l’islamisme. Depuis les années 1990, nous savons où se loge la radicalisation qui s’est développée et n’a cessé de se renforcer. C’est dans les banlieues que les idéologies islamistes et salafistes se sont implantées. Cette période a connu l’arrivée en masse, d’anciens islamistes algériens du Front islamiste de salut, mais également celle du Groupe islamiste armé (GIA), époque où ils ont quitté l’Algérie en pleine guerre civile (Nice et ses environs sont apparus comme des destinations géographiques évidentes). Personne dans le Rhône, n’a oublié Khaled Kelkal, membre du GIA, impliqué dans plusieurs attentats meurtriers au cours de l’été 1995 dont celui du métro Saint-Michel – huit morts et 117 blessés.

    A partir de cette période, une véritable idéologie de rupture et de haine de la France s’est développée, pourrissant la tête de nos gamins et la vie de nos quartiers. Elle s’est insinuée tel un virus idéologique, communautariste, antisémite, complotiste, anti France et anti-blanc, diffusant en continu sa haine de la France. En 2004, j’ai fait expulser de France, l’imam Bouziane de Vénissieux, l’un des responsables salafistes au plan national. Rappelons-nous les trois semaines d’émeute en novembre 2005, sous influence des islamistes. Leur cible prioritaire : brûler des voitures et frapper les symboles de la République. 800 communes touchées. Des milliers de voitures incendiées et des centaines de symboles de la République visés.

    Reconnaissons-le honnêtement : Oui, il y a des territoires perdus de la République.

    Quand les ghettos sociaux deviennent des ghettos ethniques, le constat est clair : le quartier n’est plus black, blanc beur, c’est le communautarisme qui prédomine et la loi de la charia qui devient la norme dans l’espace public. Certes avec effroi, nous observons que ceux qui applaudissent les crimes et la barbarie à Charlie Hebdo, l’hyper casher et Nice, ont pour héros Kelkal ou Mérah.

    Certains de nos adolescents ne se considèrent pas comme étant français. Ils sont d’abord et avant tout musulmans. Ils l’affirment avec arrogance et nous distillent les discours préformatés et victimaires qui leur ont été inoculés. Ce sont les mêmes qui contestent violemment les cours d’histoire, de biologie ou de sciences naturelles. Dans de nombreux territoires de notre pays, sévissent enfermement et endoctrinement qui révèlent la dimension prégnante de l’islam politique.Cette emprise idéologique, culturelle et spirituelle est une entrave à l’intégration républicaine. Elle est toujours sous-estimée, voire ignorée et pèse lourdement sur la communauté musulmane.

    C’est cette chape de plomb idéologique qu’il faut faire sauter car elle nourrit l’amalgame. Avec l’islam instrumentalisé, sont mises en avant des revendications ethno-religieuses portées par des jeunes radicalisés, en voie de délinquance, qui deviennent la proie des salafistes.

    Monsieur le Président, nous ne pouvons plus tourner autour du pot quoi qu’il en coûte à notre confort personnel, intellectuel et politique avant que la société n’explose. Renforçons les mesures sécuritaires et militaires. Faisons-le sans état d’âme.

    Sortons de l’emprise de ceux qui opposent sécurité et liberté et de cet angélisme culpabilisant. Refusons sans ambages les postures désarmantes encore vivaces à gauche, relayées par des médias et des intellectuels, au nom de la culture de la tolérance et du doute, et condamnons les discours gauchistes anti-flics et anti-Etat qui écœurent les classes populaires, dégoûtées par ce catéchisme moral et anti raciste.

    Là-aussi, monsieur le Président de la République, le gouvernement ne doit pas transiger. Je pense que nous devons nous diriger vers une concorde nationale.

    Droite et gauche doivent s’unir face à cet impératif : assumer le diagnostic commun en définissant l’ennemi intérieur. C’est la seule manière de lutter contre la barbarie de l’idéologie islamiste. C’est ce qu’attend le peuple de France. De l’audace, du courage politique et de la fermeté.
    J’ai quelques propositions à vous soumettre :

    • Dans l’immédiat, le retour renforcé de l’autorité régalienne de l’Etat et la remise en cause du laxisme pénal. La hausse massive des budgets régaliens et de sécurité est prioritaire dès maintenant. Nous devons apprendre à vivre avec le risque terroriste pour renforcer la cohésion nationale.
    • Lorsque j’étais député, j’avais déposé le 11 mai 2005, la proposition de loi n° 2316 relative à la création d’un service civique national obligatoire, mixte, dès l’âge de 16 ans. C’est peut-être une idée à reprendre afin de renouer avec l’esprit du service militaire de conscription, en finir avec les cloisonnements et la ghettoïsation, recréer la cohésion autour de la Nation et faire revivre l’esprit patriotique.
    • La loi contre le port du voile intégral doit être appliquée. Il ne faut plus tergiverser sur ce sujet. Cela nécessite de véritables moyens dans les commissariats de police concernés mais aussi, d’impliquer directement les responsables du culte musulman dans leur coresponsabilité vis-à-vis de la loi républicaine.
    • Mettre hors d’état de nuire les terroristes potentiels, revoir la question des frontières nationales. Elles sont à réhabiliter en terme de protection. Par ailleurs, il y a obligation de retrouver la maîtrise des flux migratoires.

    J’ai la conviction qu’il nous faut franchir une étape sans précédent pour rétablir l’ordre républicain et redonner à l’État, son autorité et sa légitimité. Voyons ce qui se passe depuis le 14 juillet, voitures brûlées, caillassage, guet-apens, et ces jours-ci dans l’Oise, à Beaumont-sur-Oise et dans les environs. Pour moi il n’y a pas de hasard, tout se tient.

    Cette réalité enkystée dans la société depuis plusieurs décennies, entretient ce que j’ai coutume d’appeler une gangrène où tous les oiseaux de malheur, trafiquants et salafistes en profitent pour pourrir la vie et la République. Il faut en finir avec cette banalisation et appliquer la tolérance zéro. Cela va des incivilités, aux actes criminels, en passant par le non-respect de la loi, dans tous les lieux et pour tous les domaines.

    Voilà, monsieur le Président de la République, cher François, ce que je souhaitais vous exprimer suite à votre appel.

    Dites aux Français que vous avez confiance en eux, comme chef de guerre contre le terrorisme islamiste.

    Dites à nos concitoyens musulmans qu’ils doivent se mobiliser autour d’un islam spirituel compatible avec la République et contre ceux qui instrumentalisent leur foi, en dénonçant les intégristes, les idéologies salafistes et les frères musulmans.

    Affirmez votre détermination et votre fermeté. C’est un appel à la mobilisation de tous, de tous les instants afin de créer un grand mouvement populaire et citoyen pour un sursaut républicain et un réveil civique.

    Car nous avons tous mal à la France.

    Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, Cher François, l’expression de ma haute considération.

    André Gerin

    Texte repris du blog d’André Gerin

    http://fr.novopress.info/

  • Nicolas Sarkozy évoque le Grand remplacement

    Même s'il condamne officiellement Nadine Morano et ne veut plus entendre parler de Patrick Buisson, Nicolas Sarkozy semble avoir compris que la primaire et les présidentielles se gagneront sur les questions identitaires. Le Lab d'Europe 1 souligne les similitudes entre les propos de Nicolas Sarkozy et ceux de Jean-Marie Le Pen :

    "Aujourd'hui, vous additionnez l'Europe et les États-Unis, on est moins de 800 millions dans un monde de 7 milliards de personnes. Forcément, la civilisation européenne, qui s'est toujours vécue comme dominante, réalise qu'elle ne pèse désormais qu'à peine 10 % de la population mondiale. La civilisation européenne se sent devenue minoritaire. La démographie fait l'Histoire, et non le contraire. Voici ce qui explique notamment les interrogations européennes. L'axe du monde est clairement passé vers l'Afrique et l'Asie. Il nous faut réagir, ou on disparaîtra". [Nicolas Sarkozy, interview au Point le 5 août 2016]

    "Si l’on compare le chiffre de population de l’Europe que j’appelle "boréale", de Brest à Vladivostok, il y a 750 millions d’habitants. En face, 7 milliards. Ils ont 45 ans de moyenne en Europe, ils ont 20 ans de moyenne d’âge dans le reste du monde. La différence ne cessera de progresser, la misère de grandir dans tous ces pays et la pauvreté dans les nôtres. Des conflits très violents vont intervenir déclenchant des torrents migratoires de gens qui essayeront de fuir le désastre et qui considèrent que l’Europe est le radeau de la méduse qu’il faut gagner à tout prix. [Jean-Marie Le Pen, avril 2014]

    S'ils ne veulent pas se faire dépasser sur leur droite comme en 2007, Marine Le Pen et le FN devraient réfléchir à ce tweet de Droite nationale, antérieur aux propos de Nicolas Sarkozy :  

    Philippot, Marine Le Pen et la stratégie "apaisée" : ils ont piégé Sarkozy et la droite http://a.msn.com/01/fr-fr/BBv1whR?ocid=st 

    Philippe Carhon

  • [Revue de presse] Questions internationales #79 et 80: Le réveil des frontières, des lignes en mouvement

    2897454109.gifLa revue Questions internationales, éditée par la Documentation française propose un double numéro pour les mois de mai à août 2016 autour d'un sujet aussi important qu'épineux : les frontières. C'est en tout cas un sujet essentiel, la planète comptant 252 000km de frontières internationales terrestres d'après Michel Foucher, géographe, ancien ambassadeur et titulaire de la chaire de géopolitique appliquée au Collège d'étude mondiale.

    Le présent numéro est d'emblée à intégrer dans toute bonne bibliothèque tant il est vivifiant et loin de la propagande mainstream du petit milieu journalistique parisien et des réseaux qui financent les No Borders. Le dossier se structure autour de quatre grands thèmes : « De l'utilité des frontières », « Frontières et lignes liquides », « Quelques questions frontalières dans le monde » et « Définir et défendre les frontières en Europe ». A ces grands thèmes, la revue adjoint d'autres sujets dans sa rubrique « Question européenne », dont un article sur l'islam politique, une rubrique « Regards sur le monde » qui traite entre autre des défis sécuritaires et humanitaires en Jordanie et enfin une rubrique qui ne manquera pas d'intéresser certains de nos lecteurs avec « Les questions internationales à l'écran » autour de deux articles, « James Bond, géopolitique et cartographie » et « Franchir les frontières européennes au cinéma ».

    C'est donc un double numéro d'une très grande richesse et qui est marqué par un grand sérieux et une grande rigueur scientifique.

    A propos de l'islam politique, l'article « L'islam politique existe-t-il en Europe ? » (p.149 à 153), les auteurs, Samir Amghar et Khadiyatoulah Fall proposent une contribution autour des Frères Musulmans. Nous y apprenons par exemple la proximité de Marwan Muhammad, directeur exécutif du Collectif contre l'islamophobie en France, avec l'Open Society Institute de Georges Soros comme nous en avons parlé dans un précédent article.1 Ce qui pourrait accréditer la thèse d'une proximité entre l'entourage d'Hillary Clinton et les Frères Musulmans.

    Quant aux frontières, notion qui se distingue de celle de ligne, nous retiendrons quelques éléments  importants qui seront utiles à nos lecteurs.

    D'après le rédacteur en chef de la revue, Serge Sur qui est également docteur en droit et agrégé de droit public, auteur d'un très grand nombre d'ouvrages et d'articles traitant de questions d'actualité, des relations internationales et de géopolitique « le terme vise toute forme de séparation entre des espaces et, de façon métaphorique, tout type de coupure, spatiale ou non, y compris dans le royaume de l'imaginaire. » (p.4). Il ajoute dans cet article introductif intitulé « Lignes et frontières, tout bouge » : « Au sens plus restreint, celui du droit international, la frontière est une ligne, juridiquement construite, qui sépare deux ou plusieurs États souverains, ou un État d'un espace international ; ce qui est le cas de la mer territoriale. C'est dire qu'elle est intimement liée à l'existence de l’État et qu'il n'y a pas de frontière sans État. » (p.4). De fait que « Derrière la remise en cause de la frontière, sa cache celle de l’État et plus spécialement de l’État-nation. » (p.5). Remise en cause idéologique – l'auteur de l'article use du terme - appuyée par des constructions continentales (de type Union européenne), par la mondialisation et par la dynamique technologique (nous penserons spontanément au numérique).

    Pour Michel Foucher, dans son article « A quoi servent les frontières ? », « Les frontières internationales sont un périmètre de l'exercice de la souveraineté des Etats qui composent le système international et l'un des paramètres de l'identité des nations.[…] Un monde sans frontière ne serait pas vivable. » (p. 14)

    Quant à Paul Klötgen, maître de conférence à la faculté de droit, sciences économiques et gestion à l'université de Lorraine, il rappelle que « la notion de frontière est juridique. Le droit définit les frontières – lignes, zones, réseaux, groupes … - de manière souple et évolutive. […] elles [les frontières] délimitent – plus qu'un espace de souveraineté – un espace de juridiction au sein duquel pourra être dit – et imposé – ce qui est juste, droit et écarté ce qui ne l'est pas. » (p. 22).

    Autre approche intéressante, celle de Laetitia Perrier Bruslé, maître de conférences en géographie, membre du PRODIG (Pôle de recherche pour l'organisation et la diffusion de l'information géographique) à l'université de Lorraine. Son article, « La frontière comme construction sociale » motive son approche en précisant que « La frontière n'est pas une ligne intangible dans le temps et dans l'espace. Elle est aussi une construction sociale, modelée par les discours et les pratiques d'une pluralité d'acteurs, de l'Etat aux habitants de la frontière. » (p.51). Par exemple dans les discours qui définissent l'identité et l'altérité. « La frontière et l'identité sont dans une relation de co-production permanente, la première traçant les contours de la seconde, qui elle-même renforce la première. Elles sont reliées comme la poule l'est à l’œuf sans qu'on puisse dire laquelle précède l'autre. C'est dans le registre des représentations que se noue la symbiose, ce qui a été maintes fois souligné à propos de la construction de l'édifice Etat-nation-territoire. » (p. 52). Des éléments liés aux représentations, des barrières mentales, peuvent donc s'ajouter aux frontières juridiques des États. On reconnaît l'héritage de la géographie des représentations, en particulier la géographie des représentations mentales pour le cas présent, qui doit beaucoup à La région, espace vécu,d'Armand Frémont, paru en 1976.

    Les régions frontalières sont d'ailleurs particulièrement au cœur des enjeux liés aux frontières et comme le note Christophe Sohn, géographe, chercheur au Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER) dans son article « La frontière : un atout dans un monde globalisé », les frontières conduisent à « une intensification de l'urbanisation des régions frontalières et l'émergence de nouvelles formes de coopération et d'interaction transfrontalière. » (p.37). En un mot, la frontière est désormais une ressource. Une ressource dont peuvent tirer profit les États dans un contexte de mondialisation, ce dont ne se privent pas les deux grandes géants du capitalisme : les Etats-Unis et la Chine. Qqu'on songe au phénomène, désormais ancien, des maquiladoras à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Ces considérations appuient le propos de Michel Foucher page 15 : « Limite, la frontière est un lieu d'interaction ».

    C'est particulièrement l'article de ce dernier qui aura attiré mon attention, identifiant six lignes directrices dans la problématique frontalière contemporaine (la territorialisation des océans (ex : Arctique, Asie du sud-est), la persistance ou l'aggravation des tensions (Moyen-Orient, Afrique, …), le développement des pratiques de durcissement (Amérique du nord, Europe, Asie du sud), la poursuite de la délimitation (via par exemple la cour internationale de justice), la prégnance des questions migratoires et le désenclavement), quatre tendance à l’œuvre dans la longue durée (la réaffirmation des frontières internationales, terrestres et maritimes dans un monde d’États souverains, la permanence des enjeux de l'exercice des fonctions régaliennes de base, la remise en cause des statu quoterritoriaux par certains États et la multiplication des franchissements) ou encore quatre types de régimes de séparation frontalière (les barrières et murs installés dans les territoires disputés et ayant une fonction de sécurité et de délimitation pour mettre fin à une contentieux territorial (Line of control du Cachemire), les murs et barrières dans des territoires disputés être les États mais où persistent des tensions ethniques, démographiques ou politiques (Irlande du nord), les barrières issues d'un conflit militaire (ex : Chypre) et le durcissement d'un régime frontalier (exclaves de Ceuta et Melilla)).

    L'auteur conclut son article de la meilleure façon qu'il soit :

    « Objets géopolitiques par excellence – en tant que « du politique inscrit dans l'espace » -, les frontières servent à différencier le dedans du dehors et délimitent des appartenances. Le «  retour » des frontières – ouvertes mais maîtrisées – marque l'exigence du primat du politique et du symbolique sur le jeu déstructurant d'une globalisation économique sans limites.

    Et si un monde réputé sans frontières advenait, il deviendrait bien vite un monde borné. On peut se demander si la destruction des limites n'a pas pour résultat l'émergence d'une multitude de bornes nouvelles. Peut-être est-ce parce qu'il ne supporte plus les limites que l'homme moderne ne cesse de s'inventer des bornes. Auquel cas, il ferait l'échange de bonnes frontières contre les mauvaises. » (p. 21).

    Peut-on faire plus clair et plus limpide ? Michel Lussault avait déjà noté que la libre circulation des personnes avaient conduit à renforcer la gestion des flux dans certains lieux. La technique du queuing théorisée par les anglo-saxons dans les années 50 et le contrôle exercé sur les passagers aux aéroports en sont deux exemples2. En effet, comme l'indique Serge Sur dans son article introductif, la frontière apparaît souvent comme « contre-nature » alors que dans le même temps elle est un filtre avec une double dimension d'ouverture et de fermeture. La frontière est une protection (inviolabilité, intégrité et intangibilité – p. 9 et 10). La frontière est aussi gage de l'existence d'une identité, portant en elle l'image de l'enracinement, de la stabilité, de la pérennité de l’État. La disparition des frontières ne coïncide donc absolument pas avec une disparition des territoires, mais bien au contraire à la production de nouveaux territoires dont les limites peuvent échapper au droit. C'est aussi ce qui conduit à une dialectique entre la négation de la frontière et l'édification des murs. Le mur est un obstacle physique qui s'ajoute à un obstacle juridique, déjà existant, mais invisible. Face à une mondialisation productrice de territoires, les États peuvent avoir tendance à réaffirmer, par le mur, des territoires nationaux, aux frontières juridiquement reconnues par le droit international. État, nation et frontières vont ensemble comme on l'a dit. La France en est un parfait exemple puisque cette question de la frontière a pu conduire à la réalisation du pré-carré de Vauban, au mythe de l'hexagone ou à celui de la frontière rhénane.

    « En ces vases clos [dessinés par les frontières], la nation fermente »3 et comme le rappelle le dossier, même les pays issus de la décolonisation se sont appropriés les frontières et ont tous leur drapeau, leur hymne ou leur fête nationale. L'article de Vincent Hiribarren, maître de conférence en histoire de l'Afrique contemporaine au King's College de Londres, « Les frontières en Afrique subsaharienne » (p. 82 à 88) permet d'ailleurs de nuancer les approches partisanes et les clichés sur les frontières en Afrique.

    S'attachant aussi à traiter de nombreux autres sujets, dont le Donbass, la frontière russo-finlandaise, les frontières à l'heure d'internet, les frontières aériennes ou encore le nouveau découpage des océans, ce numéro est une très bonne remise à niveau et aussi une mise au point sur le sujet, loin des débats politiques et des clichés journalistiques.

    Jean / C.N.C.

    Notes :

    1 L’œcuménisme contre la nation et les Européens (http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2016/08/0... )

    2 L’Homme spatial. La construction sociale de l’espace humain (Seuil, 2007), De la lutte des classes à la lutte des places (Grasset, 2009) et L’Avènement du monde. Essai sur l’habitation humaine de la terre (Seuil, 2013).

  • Abracadabra, les chômeurs disparaissent

    Selon le Canard Enchainé, Pôle emploi aurait diffusé le 21 avril dernier à ses cadres une «instruction» indiquant la marche à suivre pour mettre 500 000 nouveaux chômeurs en formation d'ici fin 2016 - correspondant à l'objectif fixé par François Hollande - et ainsi faire baisser les chiffres des catégories A,B ou C, les plus regardées. Soit au total, 1 million de chômeurs en formation sur l'année.

    Michel Janva

  • Agriculture : c’est vraiment la crise

    L’année 2016 ne va pas rester dans les annales agricoles comme une année d’abondance. Elle le restera plutôt comme celle d’une année creuse et d’une année de crise, où la plupart des feux étaient au rouge. Les secteurs touchés ? Le porc, les céréales, le lait, la viande bovine, etc. Seuls les viticulteurs (ceux qui ont été épargnés par les orages de grêle) et quelques filières de qualité (labels) s’en sortent mieux.

    Les céréaliers réalisent, en moyenne et bon an mal an, entre 50 et 80.000 euros de revenus (avant impôt). Ils devraient en perdre la moitié cette année. Non seulement la récolte de céréales (blé dur, blé tendre, orge d’hiver et de printemps) en France est catastrophique mais en plus la surproduction des autres pays, concurrents directs de la France (États-Unis, Canada, Ukraine, Russie) font chuter les cours mondiaux du blé. Ainsi, à la Bourse de Chicago, les cours du blé américain étaient, le 4 août, proches des plus bas niveaux constatés depuis dix ans. À Paris, les prix sur Euronext sont en deçà de 170 euros la tonne. Les intempéries de mai-juin ont eu raison de la floraison et du remplissage des grains et ont favorisé la prolifération de maladies et des ravageurs. En France, le rendement attendu est en baisse de 30 %. « Du jamais vu depuis 1986 », selon le ministère de l’Agriculture.

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  • Revue de presse, un entretien avec Jean-Louis- Harouel : Pour combattre l'islamisme,en finir avec la religion des droits de l'homme

    Par Alexandre Devecchio

    FIGAROVOX

    1er aout 2016 

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Faut-il adapter l'Etat de droit pour vaincre la menace terroriste ? Dans un entretien fleuve, l'historien du droit et auteur de Les droits de l'homme contre le peuple, Jean-Louis Harouel (*) répond aux questions du FigaroVox.

    Après l'attentat de Nice qui a fait plus de 80 morts et l'assassinat sauvage d'un prêtre en pleine messe de Saint-Etienne-du-Rouvray par des islamistes, le débat politique porte désormais sur la question de l'Etat de droit. C'est justement le thème de votre livre: Les droits de l'homme contre le peuple …

    De fait, alors que les droits de l'homme sont la seule identité que nos gouvernants veuillent bien aujourd'hui revendiquer pour la France, ils sont devenus depuis quelques décennies une véritable religion séculière obsédée de non-discrimination et destructrice des nations, qui handicape mortellement notre pays dans sa confrontation avec l'islam de masse installé sur son sol. Longtemps niée par les responsables politiques au pouvoir, cette situation catastrophique est enfin reconnue sous l'effet brutal des récents massacres commis au nom de l'islam.

    Dans un entretien au Monde, Nicolas Sarkozy affirme : « Si les démocratie ne défendent pas les citoyens, les citoyens se défendront de la démocratie ». L'Etat de droit est supposé protéger les Français. Aujourd'hui paradoxalement les met-il en danger ?

    N'en déplaise à Nicolas Sarkozy, ce qui est en cause ici, ce n'est pas la démocratie, mais au contraire un déficit de démocratie, dont il est d'ailleurs lui-même largement responsable. La démocratie libérale consiste dans la souveraineté du peuple combinée avec les libertés publiques garantissant les citoyens contre d'éventuels excès d'autorité des gouvernants. Or, aujourd'hui, ce n'est plus le peuple qui est souverain, ce sont les dogmes de la religion des droits de l'homme, mortifère pour les peuples européens.

    La fonction de la démocratie est d'assurer à un peuple la maîtrise de son destin, de son territoire, de son identité, de son contenu humain, de ses grands choix de société. Or, sur tous ces points, si l'ont met à part la Grande-Bretagne, il y a belle lurette que les peuples d'Europe occidentale ne sont plus en démocratie, à la notable exception du peuple helvétique.

    De manière fallacieuse, ce que l'on baptise maintenant démocratie, c'est le règne de la religion séculière des droits de l'homme dont les diktats souvent délirants sont imposés aux peuples européens — via leurs élus et leurs gouvernants sans consistance — par la bureaucratie de Bruxelles et par les divers juges nationaux et supranationaux auto-investis d'une fonction prophétique leur permettant de «découvrir» sans cesse de nouveaux «droits fondamentaux» aux effets pro-catégoriels, destructeurs de ce qui reste de cohésion, de sécurité des personnes et des biens, et de valeurs de durée dans les sociétés européennes.

    C'est parce qu'on a traité les peuples européens en mineurs sous tutelle incapables de savoir ce qui est bon pour eux que l'on a laissé se développer une présence islamiste aussi massive, que notre arsenal juridique est aussi inadapté à la réalité et que les autorités françaises sont aujourd'hui si désemparées face au déchaînement de la violence djihadiste. En conséquence, le retour à la protection des citoyens passe par le retour à une démocratie véritable.

    Dans votre livre, vous sous-entendez que les islamistes se servent des droits de l'homme pour mieux accroître leur influence en Europe et singulièrement en France. Comment ?

    Longtemps, les droits de l'homme se sont confondus dans la pratique avec les libertés publiques des citoyens au sein des États-nations démocratiques. Avec le passage à la religion séculière des droits de l'homme, il y a eu à partir du milieu du siècle dernier un véritable changement de nature qui se marque dans la langue anglaise par l'antithèse rights of man/human rights, dont le second terme a correspondu en France à ce qu'on appelle les «droits fondamentaux», notion introduite dans les années 1970 et dont les grands bénéficiaires sont les étrangers. L'islam en a profité à plein pour installer en France, au nom des droits de l'homme et sous leur protection, la civilisation musulmane, ses mosquées et ses minarets, ses modes de vie, ses prescriptions et interdits alimentaires, ses comportements vestimentaires, voire ses règles juridiques en violation du droit français: mariage religieux sans mariage civil, polygamie, répudiation unilatérale d'une épouse par le mari, etc.

    À travers une foule de revendications identitaires téléguidées par eux, les milieux islamistes et notamment l'UOIF (Union des organisations islamiques de France) ont instrumentalisé les droits de l'homme pour appesantir leur contrôle sur les populations originaires du nord de l'Afrique et les contraindre au respect de l'ordre islamique, faisant en particulier tout leur possible pour empêcher les jeunes nés en France — auxquels nous avions commis l'erreur d'attribuer massivement la nationalité française — de devenir sociologiquement des Français.

    Dans un communiqué transmis au journal Corse Matin, le mouvement clandestin nationaliste, FLNC, menace les islamistes radicaux d' « une réponse déterminée» et estime que l'État français aurait «si un drame devait se produire chez nous (...), une part importante de responsabilité ». Que cela vous inspire-t-il ?

    Une certaine inquiétude, car des représailles privées n'arrangeraient sans doute rien, bien au contraire. En même temps, cette mise en garde montre que la force du sentiment identitaire donne à un groupe une combativité indispensable pour gagner une guerre. Or, de manière tragique pour la France, tout a été fait depuis un demi-siècle pour y détruire le sentiment identitaire, pour y interdire tout amour du pays, toute fierté d'être français. Les jeune générations n'ont entendu parler que de culpabilité de la France, de repentance, d'amour de l'autre jusqu'au mépris de soi. Notre Éducation nationale est non seulement médiocre et déculturée: elle impose sur le mode de la propagande une éducation anti-nationale.

    Tous les jeunes Français devraient savoir que l'élément fondateur de l'identité européenne a été historiquement son ancrage dans la chrétienté et son refus obstiné de basculer dans le monde islamique. L'Europe n'a pu exister et avoir le destin brillant qui fut le sien durant des siècles que grâce à son rejet farouche de l'islam. C'est ainsi qu'elle a pu s'arracher aux conceptions théocratiques — dont relève l'islam — et construire non sans peine cette disjonction du politique et du religieux qu'on appelle en France laïcité, dont l'origine se trouve dans la célèbre parole christique : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».

    L'ancien président de la République propose d'adapter l'Etat de droit. Le risque n'est-il pas d'aller trop loin ? Comment placer le curseur entre préservation des droits individuels et nécessité de nous défendre collectivement ?

    Le problème est que nous ne sommes plus dans le cas d'un État-Nation culturellement homogène, qui est l'organisation politique d'un peuple. Il y a eu pour une part importante changement de peuple. Si bien que la «communauté nationale» dont on nous rebat les oreilles n'est plus qu'une fiction. La vérité est que trop souvent, sur le territoire de la France, nous sommes deux peuples, deux civilisations face à face. Et il est légitime que le peuple autochtone préserve sa survie en restant maître de son pays.

    Certains proposent la mise en place d'un «Guantanamo à la française». On ne peut pas dire que cela a été une réussite pour les Etats-Unis, même d'un strict point de vue sécuritaire…

    Une chose est sûre: un groupe humain ne peut pas se battre efficacement contre un ennemi implacable en tolérant dans son sein la présence d'éléments par lesquels il est en droit de craindre d'être combattu de l'intérieur. Pendant la Seconde guerre mondiale, à la suite de Pearl Harbour, les États-Unis avaient enfermés dans des camps leurs ressortissants d'origine japonaise. La chose est aujourd'hui très critiquée au nom des droits de l'homme, mais dans le contexte de l'époque, elle a paru indispensable et légitime.

    Il y a en outre d'autres pistes telles que l'incrimination de comportements hostiles, les condamnations pour intelligence avec l'ennemi, trahison, l'interdiction de séjour sur le territoire national, la déchéance de nationalité (pas seulement pour des bi-nationaux), le retour à la mort civile, l'expulsion. Il faut pour cela passer outre aux interdits de la Cour européenne des droits de l'homme qui refuse qu'on puisse faire un apatride. À quoi on peut au demeurant rétorquer que les islamistes méprisent les nations particulières et ne se réclament que de la nation musulmane mondiale: l'oumma.

    Le succès de l'islamisme, notamment auprès de jeunes qui sont nés en France, révèle une profonde crise de civilisation. Si à court terme la réponse sécuritaire peut-être une solution, sera-t-elle suffisante à long terme ? Que faire ?

    Il y a effectivement deux problèmes distincts: d'une part l'horreur spectaculaire des massacres perpétrés par des djihadistes ; et d'autre part le processus silencieux et occulté de la conquête islamiste dont je fais état dans Les droits de l'homme contre le peuple. Il ne fait pas de doute que dans le projet islamiste, l'Europe occidentale est redevenue une terre à prendre, une proie pour l'islam. Les islamistes pensent que le moment est venu pour les musulmans de reprendre une conquête de l'Europe occidentale rejetée il y a un millénaire par la vigoureuse résistance des Européens. Professeur d'histoire du Maghreb contemporain, Pierre Vermeren observe que de nombreuses mosquées créés en France ont reçu un nom évocateur de l'idée de la conquête par l'islam.

    Face à ce processus de conquête, le premier devoir des États européens est d'y mettre enfin un coup d'arrêt. L'Europe se doit de bloquer immédiatement l'immigration et la venue de réfugiés. Le devoir des dirigeants européens est de faire savoir que l'Europe ne peut pas accueillir un seul musulman de plus, vu la dangerosité pour elle de la présence islamiste, qu'il s'agisse des attentats ou de la mécanique conquérante. Les pays européens doivent dire clairement que les réfugié musulmans ont vocation à être accueillis par des pays musulmans, que c'est à l'Arabie saoudite et autres richissimes monarchies pétrolières de les accueillir, ou à défaut de financer leur accueil par d'autres États musulmans.

    Quant aux musulmans déjà présents sur le sol européen, il faut bien qu'ils aient conscience que, malgré la liberté des cultes pratiquée en Europe, l'islam politique n'y est pas légitime. Elle n'est pas légitime car elle est un système politique et juridique qui viole la disjonction du politique et du religieux qui fonde la civilisation européenne. Et elle n'est pas légitime à cause de son refus de la liberté de pensée, de l'infériorité qu'elle inflige aux femmes et aux non-musulmans, de la caution qu'elle apporte à l'esclavage, des appels à la violence qui figurent dans ses textes saints.

    Toutes ces vérités, les dirigeants européens ne sont certes pas prêts à les dire car la religion séculière des droits de l'homme leur défend de le faire. Et pourtant, ils y seront peut-être un jour acculés par la violence djihadiste.

    Tôt ou tard, interviendra sans doute un massacre encore plus terrible commis par des islamistes. Ce sera le massacre de trop. Et alors, les dirigeants français seront bien obligés la démolition des mosquées salafistes, la dissolution des organisations de cette mouvance, l'expulsion des prédicateurs étrangers, la construction de forteresses militaires pour contrôler les quartiers dominés par l'islamisme.

    Étrangement, la monstruosité même du terrorisme dont l'islamisme flagelle aujourd'hui la France lui permettra peut-être d'inverser le processus de la conquête islamique.

    (*) Agrégé des Facultés de droit, Jean-Louis Harouel est professeur émérite d'Histoire du droit à l'Université Paris Panthéon-Assas. Il vient de publier Les Droits de l'homme contre le peuple (éd. Desclée de Brouwer, 2016).

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