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Emmanuel Macron sur l'Union européenne : tout sauf crédible
Analyse d'Hubert Cordat sur Réinformation :
"Mardi, à la Sorbonne, Emmanuel Macron était venu parler d’Europe, pour essayer de relancer un processus qui n’en finit plus de mourir – et d’abord dans l’esprit de ses habitants. Et son discours n’aura sans doute guère plus d’avenir, pour un certain nombre de raisons – et d’abord parce que c’était un discours faux. Le président de la République aura, au cours d’un discours-fleuve, proposé un certain nombre d’idées dont la réalisation pratique, dans son esprit, est en mesure de redonner du tonus à une Europe en panne. Le constat n’est plus un secret pour personne, et Emmanuel Macron veut prendre le taureau par les cornes pour se donner la stature d’un homme d’Etat. Alors, il multiplie, de fait, les propositions : force commune d’intervention européenne, fonds européen de défense, académie européenne du renseignement, force commune de protection civile, budget commun, taxe sur les transactions financières, convergence sociale et fiscale, élargissement du programme Erasmus pour que chaque jeune européen passe au moins six mois dans un autre pays, création d’universités européennes, renforcement du Parlement européen par des listes transnationales, nomination d’un ministre des finances de la zone euro, etc.
Cette rapide énumération mériterait sans doute d’être approfondie, chacun des dossiers ainsi évoqués dans le discours présidentiel méritant d’être précisé par des personnalités compétentes plutôt qu’asséné au service d’une idéologie, dont Emmanuel Macron se veut une espèce de prophète.
Le discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne
Pour autant, il y a au moins trois raisons pour lesquelles le propos d’Emmanuel Macron manquait singulièrement de réalisme. La première est que rien, dans son propos, ne portait la marque du renouveau susceptible de relancer l’Europe en panne. Ses prédécesseurs ont dû tordre leur nez de l’entendre se présenter en super-héros européen, alors que les mesures avancées font l’objet de discussions récurrentes depuis des années. Il faudrait au moins, pour qu’elles acquièrent plus de réalisme, en préciser la mise en œuvre. Si ses prédécesseurs n’y sont pas parvenus, ce n’est pas faute d’y avoir, eux aussi, pensé. Et Emmanuel Macron ne donne pas, malgré sa grandiloquence, le sentiment de pouvoir faire sinon mieux, du moins plus.
Quid de l’Allemagne ?
Deuxième difficulté pour Emmanuel Macron : le manque actuel de partenaires. On ne saurait faire, seul, une politique commune. Or les applaudissements serviles des media français devant « l’audace » (sic !) d’Emmanuel Macron, ou les tweets enthousiastes du très médiatique président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ne sauraient suffire à donner vie à l’ambition du président français. Car, tout le monde le sait, et Emmanuel Macron lui-même le souligne, il faut à l’Europe un moteur, à savoir le fameux couple franco-allemand. Or, si Angela Merkel a réussi, dimanche dernier, à conserver sa place, elle va devoir gouverner avec l’appui du parti libéral FDP dont les idées sur l’Europe ne correspondent pas à celles du partenaire français. Pour ajouter à la complexité de cette situation, l’arrivée de l’AfD en troisième position aux élections législatives allemandes, dimanche dernier, va obliger le chancelier à se garder de toute improvisation trop européiste, sous peine de donner encore du grain à moudre à un parti en pleine expansion.
Un faux sur l’Europe
Troisième point enfin, le manque de souffle. Il ne suffit pas de multiplier les instituions et comités Théodule pour éviter la débâcle européenne. Surtout quand le discours sur l’Europe ne semble guère plus prometteur que les propos que le président réserve aux seuls Français. Ceux-ci manifestent d’ailleurs assez clairement un désintérêt grandissant pour Bruxelles, qui a trop montré que sa vision était trop éloignée de celle des peuples qu’elle voudrait dominer. Macron peut pointer du doigt l’ennemi nationalisme. Les Français ont surtout l’impression que son rêve les entraîne très loin, trop loin d’une terre à laquelle ils sont attachés : la France. Il ne suffira pas, pour les faire changer d’avis, de falsifier l’histoire, en essayant de leur faire croire que l’Union européenne est la fille de l’Europe. Bruxelles et ses commensaux se sont trop séparés des racines européennes pour que l’équation leur paraisse encore crédible…"
par Michel Janva
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La Commission européenne veut faire concurrence aux passeurs
Le commissaire européen chargé de l’immigration, le Grec Dimitris Avramopoulos, qui déclarait à Genève le 6 mars dernier que « les Vingt-Sept auront besoin à l’avenir de six millions d’immigrés », cherche à combler la baisse du nombre d’immigrants illégaux arrivant par la Libye. Il a présenté mercredi un plan pour « réinstaller » en Europe au moins 50 000 personnes depuis l’Afrique du Nord et la corne de l’Afrique. « L’Europe doit montrer qu’elle est prête à partager la responsabilité avec les pays tiers », a soutenu le commissaire européen, « les personnes qui ont un vrai besoin de protection ne doivent pas risquer leur vie ni dépendre des passeurs ».
Ce qu’on appelle « réinstallation » ne doit pas être confondu avec la « relocalisation » des immigrants clandestins déjà arrivés en Italie et en Grèce, et que l’on voudrait redistribuer dans toute l’UE selon un système de quotas. La « réinstallation » consiste à faire venir les demandeurs d’asile directement depuis des pays hors-UE.
A ce jour, 23 000 ont été ainsi « réinstallés » depuis des camps de réfugiés situés en Turquie et au Moyen-Orient, et la Commission voudrait maintenant étendre ce système alors que l’Italie vient seulement de réussir, en coopération avec le gouvernement de Tripoli, à mettre à mal le service de navette gratuite pour immigrants illégaux qu’assuraient les ONG européennes avec la bénédiction de Bruxelles et de Berlin (les deux tiers de ces ONG opérant en Méditerranée centrale sont allemandes). Le porte-parole de la Marine libyenne a même annoncé cette semaine que tout bateau d’ONG européenne s’approchant sans autorisation à moins de cent milles nautiques des côtes de la Libye serait désormais séquestré.
La Commission cherche donc à « court-circuiter » (sic) les passeurs, mais aussi les autorités libyennes et italiennes, par un système de « réinstallation », alors même que le système de « relocalisation » de 160 000 demandeurs d’asile en deux ans s’est soldé par un échec puisque, à l’expiration du délai en ce mois de septembre, seuls 29 000 demandeurs d’asile avaient été « relocalisés » depuis la Grèce et l’Italie, sans compter qu’une bonne partie de ces 29 000 immigrants ont déjà disparu dans la nature après avoir été envoyés dans un pays qu’ils n’avaient pas choisi.
Parallèlement, la Commission européenne, par la voix du Grec Avramopoulos, a constaté mercredi qu’il fallait accélérer les expulsions car, au niveau européen, seul un tiers des déboutés du droit d’asile quittent effectivement l’UE. C’est mieux que la moyenne française, mais cela reste une incitation à l’immigration illégale. La Commission propose d’améliorer les procédures d’expulsion, mais si M. Avramopoulos veut encore six millions d’immigrés rapidement, on sent bien que cette proposition n’est qu’un leurre.
Le désastre migratoire provoqué par les politiques européennes a bien entendu mis à mal l’espace Schengen, et la proposition, également avancée mercredi par la Commission, de permettre aux Etats membres de prolonger jusqu’à trois ans les contrôles « provisoires » aux frontières n’est rien d’autre qu’un constat d’échec.
Olivier Bault Article paru dans Présent daté du 29 septembre 2017
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ORDONNANCES TRAVAIL : EMMANUEL MACRON SIGNE-T-IL LE DÉCLASSEMENT SOCIAL DES FRANÇAIS ?
Le travailleur français se trouve pris en tenaille entre un grand patronat antinational et le dumping social des pays est-européens de l’Union européenne
La semaine dernière a vu la signature en grande pompe, devant les caméras, des ordonnances relatives au droit du travail par le Président Macron, singeant narcissiquement le modèle américain. Tout le monde aura pu constater l’absence d’opposition politique sérieuse sur ce sujet majeur, y compris dans le camp patriote.
Silence d’autant plus condamnable que ces ordonnances portent en elles les germes d’une remise en cause profonde d’un certain État social qui, bien qu’issu du contexte particulier de l’après-Deuxième Guerre mondiale, avait accompagné la reconstruction du pays puis son entrée dans la mondialisation économique en maintenant au profit des travailleurs français un socle de garanties minimales.
En effet, les ordonnances viennent encore fragiliser un peu plus la hiérarchie des normes, principe fondamental de l’ordre public social, en permettant aux accords d’entreprise de déroger et de s’imposer aux accords de branche – y compris dans un sens défavorable – dans un nombre élargi de domaines (durée du travail et recours aux heures supplémentaires, 13e mois, primes d’ancienneté, etc.). Ce phénomène d’inversion de la hiérarchie des normes, amorcé par nos élites politiques il y a une quinzaine d’années, s’inscrit dans un mouvement plus général de libéralisation du marché du travail (à l’efficacité discutable) qui, faisant l’économie d’une réforme équilibrée et réfléchie dans l’intérêt de tous, a pour seul but de satisfaire les intérêts patronaux les plus pressants et de soumettre la France aux contraintes issues de la mondialisation et de l’intégration européenne, sans cesse plus invasive. Il marque néanmoins un net recul de l’État dans le dialogue social, dont il était pourtant devenu un acteur expérimenté.
Autre mesure marquante, la barémisation et le plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse. S’il faut reconnaître que les jugements des tribunaux prud’homaux pouvaient parfois être extravagants (car politisés), les cours d’appel assuraient toutefois une fonction régulatrice : il n’est ici question que de « flexibiliser » le marché du travail en fluidifiant les licenciements, au mépris des droits des salariés et des principes juridiques élémentaires (en vertu desquels l’on doit en principe être indemnisé de l’intégralité du préjudice subi).
Une autre mesure, moins médiatisée mais ô combien symbolique, relève quant à elle d’une véritable trahison sociale : c’est celle du changement du périmètre d’appréciation des difficultés d’une entreprise en cas de licenciement économique. Désormais, les difficultés économiques seront appréciées au niveau du territoire national français uniquement, et non plus au niveau mondial, sauf en cas de fraudes. Nouveau dispositif proprement scandaleux quand on connaît la propension des grandes groupes multinationaux à localiser artificiellement de la dette en France, en raison notamment d’une fiscalité contraignante.
Le travailleur français se trouve ainsi, aujourd’hui, pris en tenaille entre un grand patronat antinational, désireux de faire reculer l’ordre public social (primauté des accords d’entreprise, soutien objectif à l’immigration pour exercer une pression à la baisse sur les salaires, etc.), et le dumping social des pays est-européens de l’Union européenne, prime à la délocalisation dans une économie minée par le coût du travail.
Les nationaux et patriotes se doivent de réinvestir le champ social pour faire face à ces défis !
http://www.bvoltaire.fr/ordonnances-travail-emmanuel-macron-signe-t-declassement-social-francais/
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Tempête rouge : le succès de l’intervention russe en Syrie
La Presse Internationale a, dans sa grande généralité, assez peu communiqué sur ce que l’on peut appeler le succès de l’intervention militaire russe en Syrie[1]. Et même si l’intervention du Corps expéditionnaire russe n’est pas terminée, force est de constater que tant sur le plan politique que sur le plan militaire, la copie rendue séduit à plusieurs titres. L’opération qui visait à « sauver » le Président Bachar al-Assad a clairement touché son but en assurant à l’homme de Damas non seulement une plausible victoire mais surtout l’assurance de sa gouvernance à court terme; sur le plan militaire, les Russes n’ont pas fait les choses à moitié en éradiquant l’Etat Islamique des axes principaux de la Syrie comme d’une majeure partie du terrain qu’il occupait. Outre ces bénéfices directs, la Russie renforce sa stature d’Etat avec lequel le monde doit – désormais – compter.
De la crise libyenne à celle de Syrie.
Pour comprendre cette intervention qui a commencé officiellement le 30 septembre 2015, il est nécessaire de remonter aux événements survenus en Libye (2011) qui avait vu une Russie dupée, en complet désaccord avec les Etats membres de l’OTAN qui avaient transformé une résolution « de bonne intention » en un passeport d’intervention. « Une bonne résolution a été transformée en un chiffon de papier pour couvrir une opération militaire inutile », affirmait Dmitri Medvedev le 20 juin 2011 dans une interview au Financial Times. Après avoir été compréhensive des crises du « Printemps arabe », la Russie va ensuite se démarquer irréversiblement de la communauté internationale, estimant que « le caractère exclusivement humanitaire de la résolution 1973 » a été transformée de manière « inacceptable » en permettant de « violé(r) le mandat donné par le Conseil de Sécurité ».
Dès lors, la Russie n’entend plus laisser faire et refuse l’idée qu’on puisse changer de l’extérieur le régime de Damas. Pour Moscou, le départ de Bachar al-Assad est une ingérence sans fondement. Alliée de longue date à la Syrie, la Russie a bien entendu de nombreux avantages à lui venir en aide: déjà à l’époque de la guerre froide, l’URSS coopère économiquement et militairement avec elle; son libre accès au port de Tartous lui donne un point d’appui matériel et technique d’une haute valeur stratégique en Méditerranée (accord de 1971); enfin, en intervenant au profit d’un allié, elle supprime un champ d’actions supplémentaire aux forces des Etats de l’OTAN qui ne rêvent que d’encerclement de la Russie..
« Cette opposition totale sur cette question est un autre facteur explicatif de la politique (de Poutine), un chercheur américain allant jusqu’à estimer que « le jour où le président Obama a déclaré le 18 août 2011 que “le temps était venu pour le président Assad de partir”, faisant du changement de régime une priorité officielle des États-Unis, la fenêtre pour un terrain commun avec la Russie aux Nations Unies s’est complètement fermée »[2] indique Anne de Tinguy[3]
Le 30 septembre 2015, à la télévision russe, Vladimir Poutine s’exprime sur l’intervention en Syrie: « Le seul moyen de lutter efficacement contre le terrorisme international – en Syrie comme sur les territoires voisins – […] est de prendre de vitesse, de combattre et de détruire les combattants et les terroristes sur les territoires qu’ils contrôlent et de ne pas attendre qu’ils arrivent chez nous. »
Stratégie aérienne et faible engagement terrestre.
Si l’’intervention russe est un succès, par-delà le faible effectif engagé sur le terrain, il n’en reste pas moins vrai qu’il est aussi le résultat d’une volonté politique à choisir ses alliés comme à nommer ses ennemis. Et pour le coup, la Russie a été clairvoyante comme courageuse à désigner, dans ce bourbier syrien constitué d’une mosaïque de belligérants, ceux qu’elle voulait clairement combattre, bien au-delà des combines internationales aux enjeux pour le moins sibyllins et ce, avec le concours d’une Armée Syrienne (AAS) visiblement tout à fait capable à manœuvrer sur son terrain.
Au niveau des moyens engagés, le format étonne :les forces aériennes russes ont aligné 70 aéronefs[4] – sur les 1600 dont dispose le pays – et les forces terrestres 4 à 5000 hommes[5] – sur les 750 000 hommes de la Fédération de Russie – ont été déployés en Syrie (dont la fameuse 810e Brigade d’Infanterie de Marine) auxquels on peut rajouter quelques unités de Forces Spéciales (Spetsnaz), une dizaine de chars et quelques batteries LRM (Lance-Roquette Multiple) pour l’artillerie sans oublier les drones. Ainsi, la stratégie russe était axée sur une option clairement aérienne évitant pour le coup l’hypothétique enlisement, souvent synonyme de coûts humains élevés, dont les armées soviétiques avaient fait les frais en Afghanistan comme en Tchétchénie quelques décennies auparavant. Quant à la « productivité » de cette opération, elle relève de la quasi-excellence.
« Malgré la densité engagée, le coût d’emploi (environ 3 millions d’euros/jour) peut être comparé à l’action de l’opération française Chammal au Levant (1 200 hommes et environ 15 aéronefs, un million d’euros/jour) et qui, pour n’évoquer que le volet appui aérien, représente une moyenne de 6 sorties aériennes (dont une frappe/jour pour 33 pour les Russes). Au regard des résultats obtenus, il est incontestable que les Russes ont une « productivité » opérationnelle très supérieure à celle des Américains ou des Français.».[6]De plus, comme le souligne Michel Goya « la brigade aérienne a été engagée dans plusieurs dizaines d’opérations combinées, à un rythme très élevé (1 000 sorties mensuelles en moyenne) rendu possible par la proximité des bases de la ligne de contact, comme Hmeimim en premier lieu (à 25 km au sud de Lattaquié) Shairat ou Tiyas près de Palmyre ».
Une redoutable efficacité.
A l’actif des Russes, l’intervention a considérablement réduit les forces rebelles et ce, dès l’année 2015, accentuée avec la prise d’Alep en décembre 2016 comme de l’axe autoroutier M5 ou la « route de Damas » qui traverse le pays de la Jordanie jusqu’à Homs en passant par Alep et Damas, ainsi que l’aéroport de Deir ezzor, assiégé par l’Etat Islamique. Cette semaine encore, c’est Maadan, une des dernières localités aux mains de l’EI au Sud de Raqqa qui a été reprise par les troupes syriennes. Cependant quels constats est-il permis de faire après deux ans d’intervention[7]? Comme l’explique à nouveau Michel Goya, l’essentiel des pôles de résistance ont basculé à un moment ou à un autre pour disparaître.
« Il n’y a plus que deux pôles territoriaux rebelles arabes sunnites cohérents en Syrie : la partie de l’Euphrate syrien encore tenue par l’Etat islamique et surtout la province d’Idlib, aux mains d’une coalition de factions dominée par Hayat Tahrir al-Sham (ex-Jabhat al-Nosra). Les autres forces rebelles sont désormais éclatées et servent souvent de supplétifs àd’autres acteurs par ailleurs concurrents, comme la Turquie, le Parti de l’union démocratique kurde (PYD), la Jordanie, Israël ou les Etats-Unis. Encore une fois, cette évolution est largement le fait de l’intervention russe qui lui donne aussi un poids diplomatique particulier tant sur le théâtre lui-même, où la Russie sert d’intermédiaire avec quasiment tous les acteurs locaux ou extérieurs et sur la scène internationale. D’un point de vue tactique, ces espaces disputés sont essentiellement urbains, parfois montagneux, et toujours difficiles à conquérir surtout pour des forces disponibles en manœuvre offensive, et relativement peu nombreuses de part et d’autre. On a donc assisté à des opérations extrêmement fragmentées et à des batailles d’autant plus lentes que la motivation des défenseurs était forte ».
Pour conclure et même si la bataille n’est pas encore finie, on peut allègrement dresser un constat très positif de l’intervention russe en Syrie. Avec des effectifs réduits et un engagement de matériels certes intensif mais somme toute rationné, les Russes ont réussi un pari qui, par l’intelligence et l’intensité des actions, s’est transformé en victoire. Et même si la victoire militaire est essentiellement russe, on peut en attribuer les effets politiques à Moscou comme à Damas qui n’en n’attendait pas plus de son fidèle allié. Et force est de constater qu’avec une feuille de route cohérente –et je dirais loyale-, les Russes ont acquis une autorité qui, des Occidentaux en passant tous les belligérants locaux, laissera pour longtemps l’empreinte d’une redoutable efficacité.
Ch.Mihaïlovitch Tripetzky
[1] Voir l’excellent article de Michel GOYA in« La voie de l’épée »
[2] Charap 2013 p. 37‑39
[3] Anne de Tinguy : « La Russie face aux révoltes libyennes et syriennes »
[4] Composés essentiellement de bombardiers tactiques Sukhoi-34, de chasseurs multi rôles Sukhoi-30 et Sukhoi-35, complétés d’hélicoptères Mi-24 PN, MI-35M et Kamov-52
[5] Russia’s Syria operation cost over $460 million — Putinhttp://tass.com/politics
[6] Michel Goya in « La voie de l’épée »
[7] Le nombre de tués russes est officiellement de 23 militaires et 17 employés civils de sociétés privées.
http://www.medias-presse.info/tempete-rouge-le-succes-de-lintervention-russe-en-syrie/80743/
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En Marche - Insoumis : l’opposition choisie - Journal du vendredi 29 septembre
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Anne-Marie Le Pourhiet : « Nous vivons dans une société bâillonnée où s’exerce la tyrannie des minorités
FIGAROVOX/ENTRETIEN – Pour le professeur de droit constitutionnel, certains volets de la loi actuellement en débat à l’Assemblée menacent la liberté d’expression.
LE FIGARO. – L’une des mesures adoptées par les députés prévoit d’étendre le principe de l’inéligibilité aux personnes condamnées pour racisme, antisémitisme ou homophobie. Est-ce une bonne chose?
Anne-Marie LE POURHIET. – Toute personne sceptique qui critique ou émet un jugement de valeur sur des mœurs, des comportements, des cultures ou des croyances est immédiatement considérée comme coupable du délit de « phobie ». Cet amendement n’est qu’une nouvelle étape dans la tyrannie des minorités.Non seulement nous vivons dans une société bâillonnée où l’on ne peut déjà plus critiquer un individu ni un groupe sans risquer de se faire traîner en correctionnelle par des associations de militants vindicatifs et sectaires, mais ceux-ci voudraient en outre que les personnes condamnées sur le fondement de lois scélérates extorquées à un législateur complaisant soient interdites d’exercer un mandat public.
Dans l’intitulé de l’amendement, il est affirmé que ces délits « portent atteinte aux valeurs républicaines qu’un élu se doit de partager ». Ces « valeurs républicaines » ont-elles un contenu juridique ?
Les « valeurs républicaines » sont aujourd’hui invoquées à tort et à travers pour justifier n’importe quoi. Avoir été condamné pour « propos sexistes » ou bien être hostile au mariage pour tous ou à l’ouverture des frontières sera bientôt considéré comme « antirépublicain » ! Il me semble que l’une des valeurs cardinales de la Révolution française est justement la liberté d’expression, qui ne consiste sûrement pas à formuler seulement des opinions bienveillantes !
Les valeurs républicaines, historiquement, ce sont la laïcité, l’unité de la Nation et l’égalité des citoyens devant la loi. Le b.a.-ba de la Révolution française, c’est le refus des droits des groupes et des corporations au profit des droits de l’individu libre de toute appartenance. Le multiculturalisme normatif est directement contraire aux valeurs républicaines et le droit pénal prend le chemin inverse des principes républicains en sanctionnant systématiquement les offenses aux communautés. Cela a commencé en 1972 avec la loi Pleven très mal rédigée, puis le mouvement s’est accéléré à partir des années 1980 avec la multiplication des catégories protégées et surtout l’habilitation des associations militantes à se constituer partie civile pour les délits de presse. On a ainsi privatisé l’action publique et soumis les médias, les intellectuels et les citoyens à la menace permanente de censure et de procès pour délits d’opinion.
L’antiracisme militant établit un continuum entre violence verbale et symbolique et passage à l’acte. N’est-ce pas problématique d’un point de vue juridique ?
C’est insensé. Ce n’est pas parce que je trouve gênante la mendicité de certains Roms sur les trottoirs que je vais me mettre à les agresser. Le Christ peut sans doute dire à ses ouailles « Aimez-vous les uns les autres », mais un législateur républicain et libéral ne peut pas interdire aux citoyens de ne « pas aimer » tel individu, tel groupe, telle religion, tel comportement ou telle culture. On ne peut pas interdire aux gens de porter un jugement de valeur sur les mœurs d’autrui, ni de hiérarchiser les comportements. Chacun a le droit de penser ce qu’il veut et de dire ce qu’il pense. Le problème est que les « groupes d’oppression » (selon l’expression de Philippe Muray) ont obtenu la multiplication de lois pénales tendant à réprimer ce qu’ils appellent des « phobies ». On veut nous forcer à apprécier le foulard islamique et le burkini, nous obliger à approuver le mariage gay, nous contraindre à accueillir avec le sourire des milliers de migrants, nous imposer de regarder les Jeux paralympiques et d’admirer le football féminin. Nous sommes sommés de considérer que tout est équivalent (au sens étymologique d’égale valeur) au nom de la « non-discrimination ». Et pour être bien sûr que nos assemblées politiques ne comporteront que des moutons dociles bêlant dans le sens du « progrès », on va rendre inéligibles tous les condamnés pour cause de « mal-pensance ».
Assiste-t-on à un retour du « politiquement correct » ?
Un « retour » ? Cela fait près de trente ans que nous nous enfonçons dans la dictature politiquement correcte. L’arsenal répressif ne cesse de s’alourdir, sans compter la multiplication des officines parallèles chargées de nous mettre au pas (CSA, Défenseur des droits, Commission consultative des droits de l’homme, Haute Autorité de ci, Observatoire de ça…) et les insupportables instances prêchi-prêcha du Conseil de l’Europe. Nous croulons sous les normes de contrôle social et les institutions de censure. Et nous avons même le droit à des pétitions sur les réseaux sociaux tendant, par exemple, à faire retirer l’attribution d’un prix à un auteur au motif qu’il serait contre le mariage gay et donc « homophobe » ou à faire sanctionner une chaîne de télévision pour avoir laissé passer dans un jeu une séquence « stigmatisante pour les malades mentaux » ! Le premier réflexe face aux imperfections de la société est l’interdiction. Désormais tout conflit, tout désaccord doit se terminer au tribunal. Au lieu de laisser s’exprimer le pluralisme et la contradiction particulièrement chère aux juristes (audi alteram partem = écoute l’autre partie), l’on ne songe qu’à faire taire la dissidence.
La France devient-elle l’une des démocraties les plus répressives en matière de liberté d’expression ?
Si les Etats-Unis ont été précurseurs en matière de « politiquement correct », le Premier Amendement à la Constitution de Philadelphie et la jurisprudence pointilleuse de la Cour suprême protègent efficacement les citoyens américains contre toute répression pénale de la liberté d’opinion. Chez nous, même le Conseil constitutionnel a renoncé à protéger la liberté d’expression. Hormis le délit de négation des « génocides reconnus par la loi », il a laissé passer toutes les lois liberticides. La liberté et le pluralisme sont en train de disparaître du pays de Voltaire. C’est irrespirable.
Anne-Marie Le Pourhiet 28/07/2017
Source : Le Figaro, chronique du 28 luillet 2017