De Bernard Antony à propos de la refondation du FN :
"Je ne suis nullement passéiste et fort peu nostalgique de toutes les phases de ma vie. Ce qui m’intéresse, c’est le devenir des choses, et d’abord de ce que la France et le monde seront pour nos enfants. Je ne me désintéresse donc pas des évolutions du Front National dont j’ai été jadis un responsable et surtout un militant fidèle et actif sans pour autant avoir jamais été un homme de parti inconditionnel de toutes les positions de son chef. Catholique, j’ai toujours abhorré le « furhër prinzip ».
La direction actuelle du Front National veut donc le « refonder ». Je m’interroge sur la signification de ce mot et le contenu que l’on peut bien vouloir lui donner. Je ne sais pas bien ce que « re-fondation » peut bien signifier. Architecturalement, cela peut signifier de déplacer des vieux murs sur de nouvelles excavations ou alors de construire des murs nouveaux sur d’anciennes fondations. C’est ce que l’on a fait dans la reconstruction de Rhodes, de Varsovie ou de Babylone.
Pour ce qui est de la « refondation » du Front National, cela signifie-t-il donc de le réajuster sur ses fondamentaux initiaux ou au contraire de donner à sa réalité d’aujourd’hui d’autres fondements ? La différence n’est pas mince. Comme aurait chanté Dalida : « Qui vivra verra ».
Si l’on interroge l’immense histoire de l’Église catholique, on vérifiera que l’on y a procédé tout au long des siècles soit à la création de nouveaux ordres, soit à des « réformes » c’est-à-dire de nouvelles branches greffées sur l’ancien tronc (ex : « Cisterciens » chez les Bénédictins ou « Carmes déchaussés » dans l’ordre du Carmel).
On verra donc ce que l’on entend au Front National par l’annonce d’une « re-fondation ». S’agira-t-il d’une réaffirmation des idées et valeurs du corpus doctrinal des années 1980-90 ou d’une rénovation de leur présentation ou encore d’un changement significatif ? Quid du respect de la vie ? Quid d’une Europe nouvelle ? Quid d’une autre organisation administrative du territoire ? Quid sur le plan social et syndical ?
D’autant qu’à Toulouse, Marine Le Pen a martelé à l’adresse des militants que c’était à eux d’apporter les idées de la refondation. Somme toute, le Front National comme les synodes de l’Église de François se met à l’heure de la dynamique des groupes ! Et bien sûr, sans manipulation…
Quoi qu’il en soit, si le changement de dénomination semble fortement suggéré, il semble improbable que la refondation soit voulue au point de rompre avec la marque Le Pen !"