« Si légère est l’urgence, si calmes les sombres pétales de fer, nous qui avons franchi le Léthé » (Ezra Pound)
Messager ultime d’une certaine conscience occidentale de l’être, Dominique de Roux s’adresse à nous dans un style testimonial. N’écrivait-il pas que seules importent les œuvres qui témoignent d’une vérité agonisante ? Cependant, tout dans l’œuvre de Dominique de Roux n’est pas désespérance. Même si le monde dont elle capte les clartés dernières est perdu, irrémédiablement semble-t-il pour les vivants, la littérature, elle, est sauvée, et peut être salvatrice pour les héros, les morts, et ceux qui viendront et garderont mémoire des ombres qui cheminent à leurs côtés. Le silence qui nous entoure est un faux silence, comme l’on parlerait d’un faux-jour, la nuit n’est pas la Nuit mais une pénombre où se précisent les lames ardentes de nos prophéties.
Pour Dominique de Roux, la littérature n’est pas une distraction, ni une science mais, au sens christique, une passion. Il ne tient pas son lecteur pour un imbécile qu’il faut épater par un jargon scientiste, ni pour un crétin qu’il faut distraire en enfilant des anecdotes, mais pour un égal, faisant preuve ainsi d’une générosité imprudente et admirable : on ne cessa plus jamais de lui reprocher son « élitisme », – telle est la logique des censeurs modernes, de ces docteurs d’une théologie inversée qui n’accordent leur imprimatur qu’aux niaiseries, par définition inoffensives, et aux propagandes étayées du matérialisme universitaire.