Un sujet qui déchaîne les passions, la question des territoires perdus de la République, une équipe d'universitaires qui recherchent avant tout l'objectivité et l’information, un livre formidable, comme il en paraît peu sur le sujet, un livre dans lequel la méthode universitaire est à la recherche de la vérité.
On connaît peu l'islamisme. Un collectif dirigé par Bernard Rougier, professeur à la Sorbonne nouvelle-Paris III, a entrepris de nous restituer son histoire, de montrer ses liens avec des organisations extrémistes nées dans la Péninsule arabique (Arabie Saoudite et Yémen), mais aussi en Afghanistan, en Egypte, au Soudan et qui fonde Al Qaïda, ou au Maghreb. « Le dispositif de rupture [qui opère la différence entre islam et islamisme dans une vie] prend appui sur plusieurs espaces de sociabilités, au croisement de l'affectif et du cognitif, du symbolique et du matériel ». De quels espaces parle-t-on ? À Toulouse, tout simplement, il cite les marchés du Centre ville mais on peut ajouter les salles de sport, les terrains de foot, les commerces halal ou spécialisés et bien sûr les mosquées, en particulier les mosquées salafistes ou d'une autre façon les mosquées fréristes. Chacune a son obédience et son style de prédication. L'objectif est de réfléchir sur la pratique de l'islam ensemble, car, comme le dit Bernard Rougier, « la pensée islamiste est une pensée socialisée au sens donné par Augustin Cochin » qui vise avant tout h «un contrôle social de la norme ». Les mosquées, les équipes de foot, les commerces servent avant tout à socialiser la norme, en opposant les pratiques du bon islam et les mauvais islams.
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