En poignardant l'empereur Caracalla, le 8 avril 217, le centurion Martialis espérait sauver cette grandiose construction qu'était l'Empire romain. Il faisait aussi œuvre pie, en vengeant l'honneur outragé des grands ancêtres, ces Romains durs à la tâche, ardents au combat et fidèles à la patrie. Car l'empereur éliminé était un outrage vivant aux traditions des fils de la Louve.
Ce Caracalla était, en effet, fils de l'empereur Septime Sévère, Africain de souche punique né à Leptis Magna, et d'une Syrienne dont le père était grand-prêtre du Baal d'Emèse. Significativement. Caraccalla avait, à l'imitation de Septime Sévère, peuplé le Sénat romain d'Africains et d'Orientaux. Ainsi, alors même que le Sénat, privé de pouvoirs réels, n'était plus qu'un symbole, il y avait bien volonté hautement symbolique de couper l'Empire de ses racines latines en peuplant la vénérable assemblée d'une foule cosmopolite. Rome, décidément, n'était plus dans Rome.