Quelle est la signification des phénomènes météorologiques ? La période médiévale ne rompt pas avec la conception antique dominante d’un univers à la fois organisé et signifiant. La conception matérialiste et rationaliste d’un Démocrite (+ vers 370 av. J.-C.) reste en réalité marginale jusqu’au XVIIIe siècle : l’univers antique et médiéval n’est pas le résultat d’un simple jeu d’atomes, mais une totalité où se manifestent et s’affrontent acteurs et intentions. Les guerres n’ont pas plus d’effets sur le genre humain que les catastrophes apparemment naturelles, les affrontements seigneuriaux que les épidémies, les famines et les intempéries. Si le souverain décide de la guerre, n’est-il pas mû par ses passions ? Le vice peut être désiré, attisé par une force tierce et maligne. La témérité même peut être tolérée par Dieu pour le triomphe des gentils et l’accomplissement des saints, suivant la doctrine de saint Augustin (+ 430). Sous l’aiguillon du christianisme, l’Europe médiévale tend à rationaliser son expérience de la nature, des aspirations humaines aux manifestations météorologiques. La croyance en un Dieu unique et créateur du monde traverse les communautés. Une élite cléricale examine en son nom les mentalités communes tout en leur imposant une interprétation nouvelle.