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culture et histoire - Page 1861

  • Un exemple de lutte culturelle

    Keith Haring, importateur en France des graffitis étatsuniens.

    Si Keith Haring, ce médiocre artiste contemporain, barbouilleur prolixe, trivial et primaire, actuellement étalé sur les murs du Musée d’art moderne de la ville de Paris (1), reste dans la mémoire de l’histoire de l’art officiel et subventionné, ce sera grâce à un court article paru dans le magazine Beaux Arts Magazine du mois de mai (2). Parva sed apta !… court mais bon, puisque l’article peint en quelques lignes le portrait idéal de l’artiste modèle, de l’icône à révérer et à imiter si l’on veut s’attirer les bonnes grâces de la critique conforme et du juteux et gras marché. Suivez le guide ! A.L.

     

    Au commencement le petit Keith n’a pas été verni puisqu’il a subi « une enfance passée à dessiner, à l’étroit dans une petite ville américaine de Kutztowm ». Pensez donc, le pauvre gamin a dû apprendre les règles bourgeoises du dessin sous la férule d’un trivial professeur de province qui devait sans doute lui demander d’être à l’heure et de respecter les maîtres : quelle misère, ça nous rappelle les heures les plus sombres !

    Heureusement, Keith était doué et la férule castratrice n’a pas réussi son coup puisque ses « études d’art (…) le mènent à l’invention de sa calligraphie si personnelle ». Effectivement, notre prodige réinvente la lettre bâton creuse, ce qui est un apport déterminant à l’histoire de l’écriture : Champollion en est encore tout retourné.

    Ensuite, il y a « la découverte de ses aînés Alechinsky ou Dubuffet », un parrainage substantiel qui résume bien l’essentiel de la riche histoire de l’évolution artistique de l’humanité…

    « Puis, les années euphoriques dans un New York vivant au rythme des night-clubs et du graffiti, où son homosexualité peut s’affirmer librement. » Là, chapeau bas, on touche au sublime, circulez, il n’y a rien à dire sous peine de poursuites.

    « Et enfin la consécration, les grandes commandes à travers le monde entier, les engagements humanitaires. » Evidemment Keith n’est pas un cuistre, il partage la manne financière éclairée qui reconnaît en son œuvre une pierre utile à la décomposition créatrice d’un autre monde. Ah la belle âme ! Elle méritait bien d’être entourée par « les amis célèbres, les soirées déjantées ».

    Mais, hélas, c’est toujours les meilleurs qui s’en vont les premiers : « la tragédie du sida, la disparition brutale. (…) »

    « Et la fin d’une époque mythique (…), mélange de liberté explosive et de fausse insouciance (…), des années incarnées par un art généreux, populaire et complexe. » Là, nos deux journalistes auteurs de ce sublime portrait moderne et édifiant nous emportent dans un tourbillon politico-philosophique maniant l’art du paradoxe et du… foutage de gueule !

    Bravo encore, vous aurez bien amusé la galerie !

    Antoine Laroc

    Notes :
    (1) Exposition Keith Haring, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 19 avril 2013 – 18 août 2013.
    (2) Article du magazine Beaux Arts Magazine (mai 2013, page 42), « Keith Haring, icône des années 1980 », par Florence Guillaume et Mahaut Bourgeois.

  • Le Bréviaire des patriotes - Entretien avec Olivier Perceval : « La destinée d’un pays comme la France se joue sur le temps long »

    Olivier Perceval est le Secrétaire Général de l’Action Française.

    L’Action Française est un mouvement royaliste « animé par une double préoccupation : elle entend préparer la restauration de la monarchie et, dans l’attente du retour du roi, œuvrer pour la défense de l’intérêt national. »

    Pouvez-vous nous présenter, en quelques lignes, l’Action Française ?

    C’est une vieille dame. Très brièvement, l’Action Française était à l’origine une revue patriotique et républicaine devenue quotidienne et monarchiste sous l’influence de Charles Maurras , au début du siècle précédent, porteuse des idées du mouvement d’Action française (ligue, camelots..). Elle a dominé intellectuellement toute la première moitié du 20eme siècle et s’est écroulée sous deux coups de boutoirs terribles, d’abord la condamnation par l’Eglise en 1926 et ensuite la seconde guerre mondiale qui la vit se diviser entre pro et anti Vichy.

    Aujourd’hui nous sommes dans une phase de nouveau départ, où les acteurs du passé ont pratiquement disparus et les passions sont retombées. Nous prônons la pensée de Maurras mais avec le regard à la fois bienveillant et critique que pouvait avoir un Pierre Boutang par exemple.

    Ne pensez-vous pas que les liens de parenté entre les différents souverains européens sont un obstacle au seul intérêt national ?

    Je ne crois pas. S’ils peuvent renforcer une entente et accroitre les capacités de négociation d’une nation à l’autre, l’expérience des capétiens montre avec la construction du « pré carré » qui s’est établi en particulier contre les ambitions de l’Empire austro-hongrois, que leur volonté politique n’a nullement été altérée par les liens familiaux des royautés d’Europe.

    Toute la subtilité de cette parentèle est qu’elle donne peu ou prou des limites aux débordements guerriers tels que nous avons pu les voir exploser après la révolution, guerres totales, guerres mondiales. La haine de l’ennemi au sang impur.

    Quel regard portez-vous sur Henri VII, comte de Paris, duc de France et actuel chef de la Maison de France ? [...]

    La suite sur Le Bréviaire des Patriotes

    http://www.actionfrancaise.net

  • Vincent Peillon nous fait la morale !

    par Stéphane Blanchonnet *

    Le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, a annoncé qu’un cours de "morale laïque" serait dispensé dans l’ensemble du système scolaire, de la maternelle au baccalauréat, dès la rentrée 2015.

    Dans la foulée du vote de son projet de loi sur la « refondation de l’école » et à l’occasion de la remise du rapport qu’il avait commandé à Alain Bergounioux, Laurence Loeffel et Rémy Schwartz, Vincent Peillon a donné de nouvelles précisions sur sa "marotte", l’instauration d’un cours de morale laïque dans l’ensemble du système scolaire, de la maternelle au baccalauréat. Ce nouvel enseignement, qui ne sera pas une nouvelle discipline et fera donc appel aux professeurs des matières existantes, aura toutefois des horaires dédiés (il ne sera pas simplement ajouté aux contenus des programmes des différentes matières) et fera son apparition à la rentrée 2015. C’est du moins ce qu’affirme M. Peillon dans un con-texte où il paraît peu probable que lui-même ou le gouvernement auquel il appartient puisse seulement passer l’année !

    Un machin de plus

    Avant de passer à une critique de fond de l’intérêt de cette morale laïque, on peut faire remarquer que ce nouvel objet pédagogique non identifié (OPNI ?) vient s’ajouter à une longue liste de "machins" (ECJS, aide individualisée, TPE...) qui viennent alourdir un temps scolaire que l’on veut par ailleurs raccourcir, et réduire la part réservée aux enseignements disciplinaires, donc au véritable savoir. On peut aussi s’amuser de voir un nouveau ministre pressé comme tous ses prédécesseurs de "laisser sa trace" dans les programmes ou encore de voir un socialiste surfer assez démagogiquement sur la vague du retour à un certain ordre moral (extérieur et superficiel) qui avait porté au pouvoir Nicolas Sarkozy en 2007 et qui traverse incontestablement l’opinion comme le montrent toutes les enquêtes. Sur le fond, la morale laïque est une impasse : dans le moins pire des cas (on n’ose dire le meilleur !), elle se résumera à une sorte de plus petit dénominateur commun ("la civilité" mais pas la belle, la grande politesse française, dont la galanterie est la fine fleur et qui repose sur des distinctions que l’idéologie dominante assimile à autant de discriminations) ; dans le pire des cas, elle redeviendra l’arme de guerre civile anti-religieuse qu’elle était au début du XXe siècle.

    À la différence qu’hier, en attaquant le catholicisme et non l’islam, elle était aussi un crime contre les fondements de la civilisation française. Maurras décrivait ainsi la mise en œuvre de ce crime dans un remarquable texte de 1928 (paru dans l’Almanach de l’Action française et disponible sur maurras.net) : « Oui, nous payons des prêtres, et de véritables congrégations de prêtres et de docteurs, dans les écoles normales primaires, pour entretenir cette religion d’État contre l’État.  » La différence étant que les prêtres et les docteurs laïcs d’aujourd’hui ne véhiculent plus ce que le Martégal appelait joliment « ce stoïcisme germanique de Rousseau et de Kant », une morale abstraite, déracinée mais une morale tout de même ! On lui a substitué une moraline libérale-libertaire, sorte de hideuse tambouille dont les ingrédients sont des résidus de pensée soixante-huitarde mêlés au politiquement correct importé d’Amérique, le tout assaisonné d’une pincée de féminisme du genre...

    Embrigadement

    Maurras dans son texte de l’almanach soulève d’autres aspects de la question : l’obligation faite à tous les Français de financer cet embrigadement des esprits et l’inégalité entre les enfants du peuple, contraints d’ingurgiter la propagande laïciste, et les "fils de famille" qui peuvent y échapper en payant : « Du point de vue de la justice, il suffit pour con-damner cette école que, enseignant la doctrine de quelques-uns, elle soit payée par tous et obligatoire pour tous, en particulier pour ceux qui n’ont aucun moyen de se défendre contre ses inventions, ses conjectures, ses frénésies et ses fanatismes. » En attendant le retour d’un État légitime qui aura pour finalité la perpétuation de notre civilisation française et non son éradication, il convient d’insister sur ce dernier point en militant, par exemple, pour l’amélioration de la situation des écoles hors contrat, voire pour l’instauration du chèque scolaire.

    Stéphane Blanchonnet - L’Action Française n°2862 - www.a-rebours.fr

    * Stéphane Blanchonnet, président du comité directeur de l’Action française, est spécialiste des questions de société.

  • 7 mai 1954 : la chute de Diên Bien Phu

    « Le Soldat n'est pas un homme de violence. Il porte les armes et risque sa vie pour des fautes qui ne sont pas les siennes. Son mérite est d'aller sans faillir au bout de sa parole tout en sachant qu'il est voué à l'oubli » (Antoine de Saint-Exupéry)
    Diên Bien Phu, le « grand chef-lieu d'administration frontalière », est habité par les Meos, rudes montagnards qui cultivent le pavot et font commerce de l'opium, et par les Thaïs qui travaillent les rizières de la vallée et font du petit élevage. Cette localité, à la frontière du Laos, est reliée au reste du pays par la route provinciale 41 qui va jusqu'à Hanoï située à 250 kms et vers la Chine. C'est une cuvette de 16 kms sur 9 entourée de collines de 400 à 550 mètres de hauteur et traversée par la rivière Nam Youm.
    Au début de l'été 1953, l'Indochine entre dans sa 8ème année de guerre. Le Vietminh, très mobile, se meut avec facilité sur un terrain qu'il connaît parfaitement. Son corps de bataille est de surcroît numériquement très supérieur à celui du corps expéditionnaire français et bénéficie, en outre, de l'aide sans réserve de la Chine libérée de son action en Corée depuis la signature de l'armistice, le 27 juillet 1953. C'est dans ce contexte, que le 7 mai 1953, le général Navarre se voit confier le commandement en chef en Indochine en remplacement du général Salan. Navarre avait un grand principe : « On ne peut vaincre qu'en attaquant » et il décidera de créer à Diên Bien Phu une base aéroterrestre pour couper au Vietminh la route du Laos et protéger ainsi ce pays devenu indépendant. Quand les responsables français décident d'investir la cuvette de Diên Bien Phu, ils savent pourtant que des forces régulières vietminh importantes de la division 316 du régiment 148 et du bataillon 910 occupent solidement la région depuis octobre 1952. Qu'à cela ne tienne ! L'endroit paraît idéal au commandant en chef. Il est un point de passage obligé pour le Vietminh qui ne pourra que très difficilement le contourner... De plus, il bénéficie d'un aérodrome aménagé durant la Deuxième Guerre mondiale par les Japonais tandis que le fond de la cuvette est une véritable plaine de plus de 100km2 qui permettra l'emploi des blindés. Par ailleurs, le commandement français considérait en cet automne 1953 que le Vietminh, vu l'éloignement de ses bases, à 500 kms de Diên Bien Phu, ne pourrait entretenir dans le secteur que deux divisions maximum... Il en conclut donc qu'il ne pourrait mener que de brefs combats en ne disposant, en outre, que d'une artillerie limitée qu'il sera aisé de détruire par les canons du colonel Piroth, qui s'était porté garant.
    L'occupation de la cuvette fut fixée le 20 novembre 1953. Elle fut baptisée « opération Castor ». Ce sera le plus important largage de parachutistes de toute l'histoire de la guerre d'Indochine. Vers 11h du matin, les deux premiers bataillons sont largués : le 6e Bataillon de Parachutistes Coloniaux du commandant Bigeard et le 2e Bataillon du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes du commandant Brechignac. Puis arriveront : le 1er Bataillon de Parachutistes Coloniaux, deux batteries de 75 sans recul du 35e RALP, une compagnie de mortiers de 120 et une antenne chirurgicale. Le lendemain, les légionnaires du 1er Bataillon Etranger de Parachutistes sauteront ainsi que le 8ème Bataillon de Parachutistes Coloniaux, des éléments du génie et le PC de l'opération (général Gilles, lieutenant-colonel Langlais avec 25 hommes). Le 22 novembre, le 5e Bataillon de Parachutistes vietnamiens est largué à son tour. Au soir du 22 novembre 1953, il y aura 4 195 hommes dans la célèbre cuvette. Durant près de quatre mois, les soldats français vont aménager la cuvette en camp retranché. Les petites collines entourant le camp prennent le nom de Gabrielle, Béatrice, Dominique, Eliane, Anne-Marie, Huguette, Claudine, Françoise, Liliane, Junon, Epervier et enfin Isabelle.
    L'offensive vietminh débute dans la soirée du 13 mars 1954 par une intense préparation d'artillerie (près de 9 000 coups) visant particulièrement Béatrice et Gabrielle. Le combat du tigre contre l'éléphant commençait : le tigre tapi dans la jungle allait harceler l'éléphant figé qui, peu à peu, se videra de son sang et mourra d'épuisement.
    Le point d'appui Béatrice est écrasé par les obus de canons et de mortiers lourds. Pendant plusieurs heures il reçoit des milliers d'obus. Les abris, n'étant pas conçus pour résister à des projectiles de gros calibre, furent pulvérisés. La surprise est totale dans le camp français. Malgré un combat acharné et sanglant, au prix de lourdes pertes de part et d'autre, Béatrice, tenue par la 3/13e Demi-Brigade de la Légion Etrangère, commandée par le commandant Pégot, fut enlevée par les Viets en quelques heures. Un malheureux concours de circonstance favorisa cette rapide victoire vietminh : les quatre officiers, dont le lieutenant-colonel Gaucher, responsables de la défense de Béatrice furent tués dès la première heure par deux obus qui explosèrent dans leur abri. En une nuit, c'est une unité d'élite de la Légion qui est supprimée. Nul n'a imaginé un tel déluge d'artillerie. La contre-batterie française se révèle inefficace. Le Viêt-Minh utilisant une énorme capacité en bras, a pu creuser des tunnels en travers des collines, hisser ses obusiers et s'offrir plusieurs emplacements de tir sur la garnison sans être vu. Des terrasses furent aménagées et dès que les canons avaient fini de tirer, ils regagnaient leur abri. De ce fait jamais l'artillerie française ne fut en mesure de faire taire les canons Viêt-Minh, pas plus que les chasseurs-bombardier de l'aéronavale.
    Dans la soirée du 14 mars, Gabrielle, défendue par le 5/7 Régiment de Tirailleurs Algériens, subit un intense et meurtrier pilonnage d'artillerie. À 5h, le 15 mars, le Vietminh submerge la position, dont les défenseurs ont été tués ou blessés. L'artillerie ennemie - que l'on disait inefficace - fait des ravages parmi les combattants sans que l'on puisse espérer la réduire au silence. Conscient de cet échec et de sa responsabilité, le colonel Piroth, responsable de l'artillerie française, se suicidera dans la nuit du 15 au 16 mars en dégoupillant une grenade.
Cependant, la piste d'aviation, bien que pilonnée quotidiennement - mais aussitôt remise en état - permettait l'arrivée régulière des renforts. Ce pilonnage s'intensifiant, les atterrissages de jour devinrent impossibles et les appareils durent se poser de nuit dans les pires conditions. Bientôt il fallut renoncer complètement et les assiégés se retrouvèrent, dès lors, isolés du reste du monde. À noter que le 28 mars, l'avion devant évacuer les blessés de la cuvette, endommagé au sol, ne put décoller. L'infirmière convoyeuse de l'équipage, Geneviève de Galard, était à bord. Elle restera jusqu'à la fin parmi les combattants.
    Le général vietminh Giap, afin de s'infiltrer plus facilement dans les défenses françaises, fit alors intervenir des milliers de coolies dans le creusement d'un réseau de tranchées, véritable fromage de gruyère, menant aux divers points d'appui. Le 30 mars, après une préparation d'artillerie très intense et l'infiltration des viets par ces tranchées, Dominique 2 et Eliane 1 furent prises. Cependant, les parachutages français continuaient encore dans la plus grande confusion. La superficie de la base aéroterrestre ayant été réduite et les liaisons avec les points d'appui encore tenus par les soldats français devenant impossibles, ces « volontaires du ciel » exposés aux feux directs de l'ennemi, connaissaient des fortunes diverses. Certains atterrissaient directement chez l'ennemi, d'autres étaient morts en touchant le sol, d'autres étaient perdus... tandis que le ravitaillement parachuté faisait la joie du Vietminh en améliorant son ordinaire.
    Du 9 au 11 avril, une nouvelle unité de légion, le 2e Bataillon Etranger de Parachutistes, est largué dans des conditions déplorables et engage aussitôt une contre-attaque sur la face est. Il est en partie décimé. Les rescapés fusionnent alors avec les restes du 1er BEP reformant une unité sous les ordres du commandant Guiraud. Le 4 mai ont lieu les derniers parachutages d'hommes provenant du 1er Bataillon de Parachutistes Coloniaux tandis que les Viets intensifient encore leurs bombardements faisant intervenir les fameuses orgues de Staline, aux impacts meurtriers en rafales, provoquant d'énormes dégâts dans les abris minés par les pluies quotidiennes d'avril. La cuvette disparaît dans des nuages de boue soulevée par les obus.
    Dans la soirée du 6 mai, c'est le déchaînement de l'artillerie viet et de toutes les armes dont elle dispose. Dans le camp agonisant, c'est l'apocalypse. Tout ce qui est inflammable prend feu ; les abris s'effondrent, les tranchées s'écroulent, la terre se soulève. La mort frappe sans interruption. À 23h, les taupes vietminh, après avoir creusé un tunnel de 47 mètres de long, déposent sous Eliane 2 une charge d'une tonne de TNT puis se ruent à l'assaut. La résistance des défenseurs est héroïque ; ils refusent de se rendre et luttent jusqu'à la mort. Une poignée de survivants arriveront à se replier sur Eliane4 afin de poursuivre le combat. À l'aube du 7 mai, Dominique et Eliane sont tombées. Les tranchées sont jonchées de cadavres et de blessés des deux camps. Alors que le Colonel de Castries vient d'être promu général, à 10h du matin, les Viets finissent d'investir les Eliane. Du côté français, il n'y a plus ni munitions, ni réserve d'hommes mais les sacrifices continuent...
    Le général Cogny adresse un dernier message au général de Castries, souhaitant qu'il n'y ait ni drapeau blanc, ni capitulation. « Il faut laisser le feu mourir de lui-même pour ne pas abîmer ce qui a été fait » précise-t-il. L'ordre de cessez-le-feu tombe à 17h. Après destruction de tout le matériel et de tout le ravitaillement, le PC de Diên Bien Phu adresse son ultime message à Hanoi à 17h50 : « On fait tout sauter. Adieu ! » Quelques minutes plus tard, les viets font irruption dans le PC du général de Castries. Un drapeau rouge à étoile d'or est planté sur le PC français. Diên Bien Phu est tombé mais n'a pas capitulé.
    Durant cette bataille, le corps expéditionnaire français comptera 3 000 tués et un nombre très important de blessés. 10 300 seront faits prisonniers mais les effroyables conditions de détention des camps Vietminh sont telles que seulement 3 300 d'entre eux reviendront de captivité. Le 21 juillet 1954, les accords de Genève mettront fin à cette guerre.
    « Le Courage est un embrasement de l'être qui trempe les Armées. Il est la première des vertus, quelle que soit la beauté des noms dont elles se parent. Un soldat sans Courage est un Chrétien sans foi. Le Courage est ce qu'il y a de plus sacré dans une Armée. Nul n'a le droit de troubler ses sources limpides et fécondes. »
    José CASTANO. Rivarol du 13 mai 2011

  • Notre Civilisation, détricotée au "forceps".

    Notre civilisation est un corpus de coutumes, de cultures, d’apprentissages pour ce qu’il en est, par exemple, de l’agriculture, des arts selon les canons du beau, du bon et du juste et qui évoluent strates après strates, siècles après siècles.

    Toutes civilisations s’appuient sur la tradition qui est à son tour poussée par les siècles, telles les vagues de l’océan. Elle se forge au fil de l’expérience , de la connaissance et progresse vers le haut pour ne pas dépérir et se flétrir ainsi qu’une branche qui meurt. L’axe de ses valeurs, tronc immuable, plonge ses racines dans l’apprentissage de chacun et comporte ainsi un lien avec le cosmos, dans la part insondable de l’âme et de l’esprit de chaque être, dont la somme a forgé notre civilisation judéo-chrétienne.

    Or en ces instants nous subissons plus que nous ne le vivons l’action de scarabées, les Lucanes Cerf-Volants. Ils grignotent, grignotent le tronc de notre civilisation qui bientôt pourrait s’effondrer en poussière, et nous n’y pouvons rien, puisque ces scarabées sont sourds, aveugles et muets.

    La modernité actuelle devient triste, laide et asphyxiante. Peu s’y reconnaissent et attendent encore le "miracle". Le progrès, le mondialisme ont métamorphosé nos existences et ne servent qu’une caste de plus en plus riche tandis que les "ilotes" qui produisent ces richesses deviennent de plus en plus pauvres, exploités à mort, ce qui ne semble susciter aucun intérêt. Au final ils sont engloutis par un chômage devenu incontrôlable...

    Le progrès pour le progrès, la société de consommation, la civilisation du kleenex jetable engendrent des "bulles" monstrueuses qui nous éclatent à la figure et fissurent les liens sociaux, économiques et même politiques, puisque ces derniers ne peuvent prendre de décision sans en demander la permission à des instances supérieures coupées de toute réalité humaine et tenus en sous main par des groupes d’intérêt, des lobies financiers et industriels confondus. Alors le monde politique perd toute humanité et bien trop souvent, pour ce qui nous concerne, le sens du service de la France et des Français.

    Les gens de la rue, les peuples de France ressentent et commencent à comprendre ce qui se passe, ils réagissent en s’abstenant de voter, ce qui n’est pas la meilleure façon de répondre à la privation des libertés, ou bien manifestent pacifiquement dans la rue leur rejet et se font traiter de fachos... Tandis que les élites politiques, médiatiques, économiques et financières continuent de se chamailler sur des sujets qui n’intéressent que leur propre vanité de paraître. Peut être nous faudra-t-il plonger au fond des "écuries d’Augias"pour pouvoir les nettoyer comme le fit Hercule, le demi dieu révéré par les anciens Grecs.

    En attendant ce moment, la France soufre. Deviendrons nous orphelins de ce pays que nous aimons tant et qui risque d’être dilué par la tourmente. Souvenez vous du poète Joachin du Bellay , momentanément à Rome sous la "renaissance" qui écrivait sa nostalgie par ce poème qui commençait ainsi :"plus me plaît mon petit Liré que le mont Palatin". Plus proche de nous Charles Trenet chantait :"Douce France, cher pays de mon enfance", et Charles Peguy, grand écrivain, immortalisait la magnifique cathédrale de Chartres qui se mirait au loin dans les blés de la Beauce...

    Lorsqu’un enfant va naître il se retourne dans le ventre de sa mère. Bientôt il quittera un monde protégé et clos pour s’affronter au monde. Demain il nous faudra opérer ce terrifiant retournement pour construire ce nouvel avenir qui dépendra de nous tous Françaises et Français, mais aussi de tous les peuples de la Terre. Non pour construire un monde identique et encore plus terrifiant, celui d’un Occident opposé à un Orient dans lequel l’humanité aura abdiqué de toutes ses libertés, un monde gouverné par le Grand Ordinateur, régi par le Ministère de l’Amour Programmé, ou du Ministère de la Bonne Conduite qui surveillera vos faits et gestes d’esclaves jusque dans votre salle de bains.

    Ainsi que le disait Malraux le visionnaire, le XXI° siècle sera "spirituel" ou ne sera pas. Je précise que le spirituel dont il est question n’a rien à voir avec quelque religion que ce soit. Pour inventer l’avenir il ne suffit pas d’abolir les ordres établis, il faudra rétablir une nouvelle société à partir des racines anciennes qui,elles, demeurent pérenne et, sans pour autant, faire retour en arrière, telle me parait devoir être la nouvelle équation.

    Nous somme dans ce moment "M" où nous avons encore les pieds dans un marécage boueux, mais peut-être déjà la tête et l’esprit clair. A la "Renaissance" le mot couillu désignait l’Homme bien fait dans sa tête, dans son corps et dans son âme, comme un beau chêne pouvait être feuillu. Aujourd’hui le mot couillon a avilit ce terme pour le transformer en insulte infamante. N’oublions pas que la politique, comme l’économie sont faites pour l’Homme et non l’inverse.

    Une cathédrale ne se construit pas à partir de sa clef de voute, mais bien sûr par sa base et plus précisément en orientant la pierre angulaire. Ce monument doit être édifié selon la divine proportion ainsi que nous l’indique Léonard de Vinci. Les Pyramides et le Parthénon sont toujours la pour nous le rappeler

    L’Histoire nous rappelle que la France a su s’extraire de situations terribles : guerres de religions, guerres meurtrières, génocides fratricides sanglants. Je me sens fier de la France, je suis au côté de mes compatriotes qui, au sortir de l’épreuve, ont su faire preuve d’intelligence, d’un immense courage et de solidarité pour se redresser afin de vivre libres et laisser vivre.

    Henri Comte de Paris Duc de France - IMRF

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  • Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville.

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    Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville.

    Parce que "d'un tel esprit, à qui était inné et toujours présent LE PARFAIT, aucun vestige n'est sans prix : tout vaut, tout compte..." écrit Maurras, dans sa Préface aux Lectures, recueil publié juste après la mort de Bainville, et composé d'articles sur des sujets très variés, écrits chaque mois dans La Revue universelle, en alternance avec Henri Massis...

    Parce que, comme le dit Abel Bonnard, "...Comment auraient-ils vieilli, ces écrits du Sage, puisque la sagesse est de dire précisément à propos des choses qui passent des choses qui ne passent pas ?"

    Mais aussi parce que, tel qu'on est, on voit, on croit, on imagine les autres : si Jacques Bainville a écrit de Paul Bourget - à propos de son livre Sensations d'Italie - qu' "il fait des lecteurs reconnaissants"; et s'il a écrit de Gaston Boissier - à propos de ses Promenades archéologiques - qu'il avait "l'érudition intelligente", c'est tout simplement parce que lui-même, Jacques Bainville, était un familier, un pratiquant au quotidien de l'érudition intelligente, et qu'il faisait chaque jour, lui, Jacques Bainville, des lecteurs reconnaissants; c'est parce que ces deux grandes qualités lui étaient familières, intimes, qu'il savait les reconnaître chez les autres...

    Pour ces raisons, et tant d'autres encore, voici un Album qui n'a d'autre prétention que d'offrir à ceux qui ne le connaissent pas une première approche d'une étoile incontesté de l'Intelligence française, stupidement ignorée et bannie par les tenants de l'Histoire officielle du Système idéologique qui nous gouverne, et par une Université qui ne s'honore pas en ne donnant pas à celui qui la mérite avec une telle évidence, la place qui lui revient : l'une des toutes premières, sinon la première....

    Avec notre Album Mistral, cet Album Bainville a toute sa place dans la catégorie "Maîtres et témoins", référence au titre de l'ouvrage de Maurras, "Maîtres et témoins de ma vie d'esprit".
    Si Bainville ne fut pas un "maître" pour Maurras - qui le reconnaissait, cependant, "maître" en ses domaines - historique, économique, diplomatique... - Bainville fut bien, de toute évidence, "témoin" de la vie d'esprit de Charles Maurras :
    "...Au bon temps, nous nous voyions tous les jours..." écrit celui-ci, dans la préface émouvante des Lectures, livre publié juste après la mort de Bainville; une préface dans laquelle apparaît, d'une façon profondément humaine et aux accents bouleversants, l'amitié profonde qui unissait les deux hommes.....

    Illustration : Collection particulière Hervé Bainville, portrait de Jacques Bainville par Marie-Lucas Robiquet; couverture de "Jacques Bainville, La Monarchie des Lettres, Histoire, Politique et Littérature", Edition établie et présentée par Christophe Dickès, Bouquins, Robert Laffont (1.149 pages).

    http://lafautearousseau.hautetfort.com

  • Rencontre avec la responsable des « Christian Women Against Femen »

    VARSOVIE (NOVOpress) - Depuis leur apparition en Ukraine en 2008, les militantes « féministes » des FEMEN font preuve d’un activisme débridé (qu’elles appellent sextrémisme) pour défendre le « droit des femmes » ou s’attaquer aux religions (on se souvient notamment de leur action consistant à découper à la tronçonneuse une croix chrétienne en soutien aux Pussy Riots russes).

    Ces derniers mois, les Femen ont également voyagé essaimé en Europe de l’Ouest et ouvert un local à Paris (au vu du salaire moyen ukrainien, il est toutefois peu probable que le local soit financé par les seules cotisations des militants ukrainiennes), et agressé violemment les manifestants contre le mariage et l’adoption « pour tous ».

    Diverses réactions en opposition aux Femen sont apparues, notamment sur Internet, avec un groupe Facebook « Muslim Women Against Femen ». Une autre initiative vient de naître en Pologne : « Christian Women Against Femen », qui a également lancé sa page Facebook. A sa tête, Maria Piasecka-Łopuszańska, 26 ans et mère de deux enfants, qui dirige également un mouvement féminin patriotique (Kobiety dla Narodu). Nous l’avons interrogée.

    Maria Piasecka-Łopuszańska, responsable des « Christian Women Against Femen »

    Maria Piasecka-Łopuszańska, responsable des « Christian Women Against Femen »

    Novopress : Pourquoi avoir lancé le groupe des « Christian Women Against Femen » ?

    Maria Piasecka-Łopuszańska : Les Femen usurpent le droit d’être le porte-voix des femmes et d’évoquer leurs préoccupations. Dans les faits, leurs actes et leurs modes d’action sont une insulte pour les femmes du monde entier. Elles insultent nos croyances et notre Église, et nous ne voulons pas rester passives face à ces agressions radicales contre la chrétienté.

    Nous voulons aussi réveiller les consciences quant aux différences naturelles entre l’homme et la femme. De surcroit, les Femen desservent profondément la cause des femmes : manifester nues pour dénoncer la pornographie est totalement illogique !

    Il était urgent de montrer le contraste entre la propagande et la surreprésentation médiatique des Femen et la réalité. Pour cela, Internet est un outil formidable et accessible à tous. Nous avons donc crée notre page Facebook, qui en une semaine était déjà suivie par plus de 3000 personnes. C’est déjà davantage que bien des pages nationales des Femen, et nous comptons bien progresser rapidement pour détrôner la page officielle des Femen.

    Les Femen sont devenues célèbres par le biais d’actions spectaculaires. Envisagez-vous des actions de rue pour vous faire entendre ?

    C’est envisageable, mais nous gardons le privilège de vous en faire la surprise le moment venu ! Pour le moment, nous devons agréger un maximum de soutiens de par le monde. Par la suite, nous pourrons faire usage de tous les outils de communication et d’action.

    Pour le moment, des centaines de femmes de plusieurs dizaines de pays nous ont envoyé des photos avec un « message » pour les Femen. C’est une première étape, qui en annonce d’autres.

    Shame on you Femen, un message sans ambiguïté

    Shame on you Femen, un message sans ambiguïté

    Vous dirigez le mouvement patriotique des « Femmes pour la Nation » (Kobiety dla Narodu). Pouvez-vous nous le présenter ? Quels sont ses buts ?

    En Pologne, le mouvement féministe est maladroit : il s’en prend à la maternité, à la famille, à la religion et à la patrie, soit tous les éléments qui structurent et donnent de la force aux femmes !

    Nous avons donc décidé de réagir en créant Kobiety dla Narodu, qui est dirigé par des femmes de sensibilité nationaliste. Nous n’entendons bien évidemment pas nous référer aux organisations féminines et « féministes » occidentales, mais aux organisations féminines patriotiques qui ont existé aux 19ème et 20ème Siècles en Pologne et qui regroupaient notamment des femmes issues de familles d’agriculteurs et de propriétaires terriens.

    Nous voulons défendre l’indépendance des femmes et leur participation active au débat public. Nous nous battons pour que les jeunes mères de famille soient soutenues, et pour la libre expression de notre attachement au catholicisme et à l’amour de la patrie.

    Nous sommes bien évidemment différentes des « féministes » dans la mesure où nous sommes pour la vie, que nous combattons la pornographie et que notre encadrement n’est pas constitué d’homosexuelles. L’objet de notre activité est également de préserver notre identité et notre culture, et non pas de lutter pour une hypothétique et douteuse « révolution sexuelle ».

    Avez-vous établi des contacts avec d’autres associations féminines ?

    Oui tout à fait. Dès l’origine, l’initiative des Christian Women Against Femen a été conjointement entreprise part les militantes de Kobiety dla Narodu et par les jeunes militantes du Jobbik hongrois.

    En l’espace de quelques jours seulement, nous avons déjà établi des contacts avec des femmes du monde entier : en France, en Italie, en Croatie, mais aussi au Mexique, au Liban, en Indonésie, au Brésil, et dans bien d’autres pays encore.

    Ces dernières années, plusieurs femmes comme Marine Le Pen, Krisztina Morvai ou Pia Kjærsgaard sont devenues des figures majeures de mouvements patriotiques en Europe. Comment l’expliquez-vous ?

    Phénomène déjà apparu avec Margaret Tacher. De nos jours, les femmes participent à la vie politique et au débat public sans que cela ne choque qui que ce soit. Mais l’erreur serait de croire que les femmes ne s’orientent que vers des formations gauchistes ou libérales.

    Les médias polonais ne sont pas pas habitués à voir des femmes s’engager dans des mouvements patriotiques, qui semblent surpris de voir des femmes soutenir ce qu’ils appellent parfois, et faussement, « la cause des hommes ». Il nous incombe donc de montrer la voie et de tordre le cou à leurs idées reçues.

    Le Ruch Narodowy (Mouvement National), un mouvement patriotique polonais nouvellement créé

    Le Ruch Narodowy (Mouvement National), un mouvement patriotique polonais nouvellement créé

    Votre association fait partie du Ruch Narodowy (Mouvement National), un mouvement patriotique polonais nouvellement créé par Robert Winnicki. Quels sont ses objectifs ? Quelle place y auront les femmes ?

    A l’heure actuelle, le Ruch Narodowy ne se définit pas comme un parti politique, mais comme un mouvement social. Nous voulons créer une lame de fond patriotique en Pologne et permettre aux différentes structures nationalistes éparpillées de se rapprocher au sein d’une même plateforme. Notre plus grand événement est l’organisation d’une marche nationale le 11 novembre (date de la reconstitution de l’État polonais en 1918), qui a rassemblé en 2012 près de 100.000 participants.

    Il n’y a pas de « rôle des femmes » particulier dans le Ruch Narodowy : nous sommes autant patriotes que les hommes, c’est tout autant notre cause et notre patrie que nous devons défendre. Le patriotisme est une valeur universelle : je peux difficilement imaginer un tel mouvement se construire sans femmes !

    Une guerre déclarée officiellement par les « Femen Germany »

    Une guerre déclarée officiellement par les « Femen Germany »

    Un mot de conclusion ?

    Nombre de nos militantes ont coutume de dire que nous sommes en guerre. En effet, nous sommes en guerre (qui nous a d’ailleurs été déclarée officiellement par les « Femen Germany »). Et les femmes ont leur rôle à jouer dans cette guerre : elles ont vocation à coopérer avec les hommes, et non à les imiter ou à vouloir se substituer à eux.

    http://fr.novopress.info

  • Ecouter Roger Holeindre et discuter avec lui

    www.congres-nationaliste.fr

  • Les classiques de la culture européenne – Servitudes et grandeurs militaires, Alfred de Vigny

    Ce qui est mémorable est «digne d’être conservé dans les mémoires des hommes» dit Le Robert. Celle des Français, en ce début de siècle, semble de plus en plus courte. Dans le seul domaine littéraire, des auteurs tenus pour majeurs par des générations de lecteurs sont tout simplement tombés aux oubliettes. Pas seulement des écrivains anciens, de l’Antiquité, du Moyen Age, de la Renaissance ou des Temps modernes mais aussi des auteurs proches de nous, disparus au cours du XXème siècle.

    Cette suite de recensions se propose de remettre en lumière des textes dont tout « honnête homme » ne peut se dispenser. Ces choix sont subjectifs et je les justifie par le seul fait d’avoir lu et souvent relu ces livres et d’en être sorti enthousiaste. Ils seront proposés dans le désordre, aussi bien chronologique que spatial, de manière délibérée. A vous de réagir, d’aller voir et d’être conquis ou critique. En tout cas, bonne lecture !

    *** Les quatre précédents “MEMORABLES” sont Thomas Hardy – Le Maire de Casterbridge,  Charles de Coster – La légende d’Ulenspiegel au pays de Flandre et ailleurs, Liam O’Flaherty – Insurrection et Alphonse de Châteaubriant – La Brière.

    Servitudes et grandeurs militaires, Alfred de Vigny

    Avec Lamartine, Alfred de Vigny (1797-1863) est probablement le moins lu des romantiques français, du moins aujourd’hui. Sa vie est parcourue de succès sans suite, de désillusions, d’échecs. Toutes les misères et les coups bas de la vie littéraire qu’il rechercha parfois puisqu’il brigua cinq fois l’Académie française. A sa réception, en 1846, il se fit étriller par le comte Molé, pur représentant et même cacique du juste milieu louis-philippard. Pour Molé, il incarnait l’aristocrate respectueux de son lignage, imbu de valeurs qui lui étaient étrangères – au tout premier rang, l’honneur que Vigny définissait comme « la pudeur virile ».

    Et Vigny était insupportable car il n’était pas de son temps : « J’appartiens à cette génération née avec le siècle, qui, nourrie de bulletins par l’Empereur, avait toujours devant les yeux une épée nue, et vint la prendre au moment même où la France la remettait dans le fourreau des Bourbons. »

    A 17 ans, alors qu’il prépare Polytechnique au lycée Napoléon, il assiste à l’occupation de Paris par les coalisés autrichiens, prussiens et russes. De famille royaliste, pour plaire à sa mère qui lui a enseigné la fidélité au souverain « légitime », il entre dans l’armée. Il n’en tirera qu’ennui et amertume. La grandeur est passée, il ne reste plus que la servitude d’autant moins supportable que l’armée, la chose militaire sont passées de mode. Vigny reste sous l’uniforme jusqu’en 1821. De son « inutile amour des armes » il tire son chef d’œuvre, ce « Servitude et grandeur militaires » paru en 1835.

    Il se compose de trois récits, Laurette ou Le Cachet rouge, La Veillée de Vincennes, La Vie et la mort du capitaine Renaud ou La Canne de Jonc. Trois contes pour illustrer, pour nourrir une réflexion sur la guerre qui a marqué son enfance : « Vers la fin de l’Empire, je fus un lycéen distrait. La guerre était debout dans le lycée, le tambour étouffait à mes oreilles la voix des maîtres, et la voix mystérieuse des livres ne nous parlait qu’un langage froid et pédantesque (…). Lorsqu’un de nos frères, sorti depuis quelques mois du collège, reparaissait en uniforme de housard et le bras en écharpe, nous rougissions de nos livres et nous les jetions à la tête des maîtres. »

    Dans « Lorette », le narrateur accompagne Louis XVIII en fuite vers la Belgique alors que Napoléon, évadé de l’île d’Elbe, accourt pour reprendre le pouvoir. Il croise un vieil officier accompagné d’une femme qui lui raconte l’« histoire du cachet rouge ». Commandant du brick « Le Marat » en 1797, il a conduit un jeune déporté à Cayenne avec ordre d’ouvrir les instructions secrètes du Directoire une fois en mer. C’est l’ordre de fusiller le prisonnier pour lequel il s’est pris d’affection. Il obéit mais promet de s’occuper de sa femme qui l’a accompagné. Le proscrit passé par les armes, la fureur du commandant éclate : « La pauvre République est un corps mort ! Directeurs, Directoire, c’en est la vermine ! Je quitte la mer ! » Jusqu’à sa mort à Waterloo, le commandant veillera sur Lorette devenue folle.

    Dans le second récit, un vieil adjudant d’artillerie vit ses dernières années de service au fort de Vincennes. Ses souvenirs conduisent le narrateur à décrire la vie de paria, de réprouvé du soldat de métier. Pour la société civile, il n’est qu’un matricule et elle lui dénie toute humanité. Par pudeur, il la dissimule : « Les choses se passent ainsi dans une société d’où la sensibilité est retranchée. C’est un des côtés mauvais du métier des armes que cet excès de force où l’on prétend toujours guinde son caractère. On s’exerce à durcir son cœur, on se cache de la pitié, de peur qu’elle ne ressemble à la faiblesse ; on se fait effort pour dissimuler le sentiment divin de la compassion, sans songer qu’à force d’enfermer un bon sentiment on étouffe le prisonnier. »

    Le capitaine Renaud est habité par le sentiment de l’honneur, le respect de la parole donnée. Il sert l’Empire jusqu’à la fin. Il vit la guerre comme une passion : « C’est une sorte de combat corps à corps contre la destinée, une lutte qui est la source de mille voluptés inconnues au reste de hommes, et dont les triomphes sont remplis de magnificence ; enfin c’est l’amour du danger. »

    Mais la guerre est biface, Mars et Bellone, l’autre divinité qui incarne davantage ses atrocités. En 1814, durant la campagne de France, le capitaine Renaud a mené l’assaut d’un bivouac endormi de soldats russes. Ils ont été égorgés et parmi eux un tout jeune homme que Renaud a voulu épargner mais qu’il a tué avec son sabre en le recueillant blotti contre lui. Le jeune Russe avait une canne de jonc que Renaud gardera toute sa vie jusqu’à ce 27 juillet 1830 où un autre enfant, un gamin des rues, le blesse mortellement, durant cette journée de barricades :

    « La guerre est maudite de Dieu et des hommes mêmes qui la font et qui ont d’elle une secrète horreur, et la terre ne crie au ciel que pour lui demander l’eau fraîche de ses fleuves et la rosée pure de ses nuées. »
    Ce qui ne fait pas de Vigny un pacifiste, loin de là. Mais il a parfaitement vu le passage d’une guerre encore codifiée qui ne vise pas à anéantir l’adversaire à une guerre totale aux « cruautés froides ». Le passage de l’une à l’autre étant le fait de la Révolution française. D’où, chez cet aristocrate cette interrogation ultime : « Que nous reste-t-il de sacré ? » et sa simple réponse : l’honneur.

    Jean-Joël Bregeon pour Novopress Breizh http://fr.novopress.info

    * Alfred de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, Folio, 1992.

  • L’éloquence chez les Gaulois

    La vulgate historique nous dit que de nos ancêtres gaulois, il ne reste rien. La langue, les coutumes, tout aurait été balayé en deux ou trois siècles par Rome, et remplacé par une culture purement gréco-latine.

    Si je prends une carte de France et que je la compare aux frontières de la Gaule antique telle que décrite par César, je vois pourtant, non une ressemblance, mais plutôt une gémellité quasi-parfaite.

    Objection, me diront certains, la Gaule de Vercingétorix comprenait la Belgique et la Suisse. Certes ; mais tout le monde sait bien que Suisses et Belges francophones ne sont rien d’autre que des Français que des événements historiques, qu’il ne nous appartient pas de relater ici, ont un jour séparé de la mère-patrie. La langue française est en même temps le marqueur d’une appartenance culturelle séculaire et une part essentielle de cette culture. Nous pouvons en conclure que les Gaulois actuels sont tout simplement les Européens de langue maternelle française. La Belgique wallonne risque fort, d’ailleurs, de retourner à la France d’ici peu.

    Quant à la Suisse germanophone et à la Belgique néerlandophone, qui faisaient aussi partie de la Gaule antique, il nous suffira de préciser qu’elle n’ont été germanisées que pendant les invasions barbares. On nous dit que les Francs et autres peuplades d’outre-Rhin ont toujours été extrêmement minoritaires en Gaule, ce qui est vrai, mais on devrait préciser que, dans les régions frontalières du monde germanique, ce n’est pas simplement à la prise du pouvoir politique par quelques bandes d’aventuriers que nous avons assisté, mais à l’arrivée brutale de peuples entiers, qui ont soit chassé, soit submergé les autochtones dont l’identité celtique s’est effacée par dissolution ethnique.

    La partie de la Suisse et de la Belgique actuellement francophones sont celles qui, à l’époque du déferlement venu d’outre-Rhin, étaient restées majoritairement gauloises.

    Cette objection étant éclaircie, et sans oublier d’autres exceptions comme la Corse, conquise ultérieurement, cette analogie ethno-géographico-linguistique évidente nous oblige à considérer la Gaule comme source du peuple ayant donné à la France son identité, et à constater qu’il n’y a aucune rupture profonde entre le peuple gaulois et le peuple français, du moins jusqu’à des événements migratoires récents qui tendent à remplacer définitivement la conception ethnique du mot « Français » par une définition juridique et contractuelle.

    Depuis très longtemps, nous vivons sur un mensonge : la croyance qu’une nation peut abandonner tout socle ethnique historique pour n’être plus qu’un club politique, l’adhésion de peuples venant de tous les coins du monde à deux ou trois grands principes abstraits devant suffire à assurer leur insertion dans la société humaine d’origine.

    Le mot « France » symbolise à lui seul ce mensonge.

    En 1792, pendant une de ces périodes incertaines ou il suffit d’un rien pour que l’histoire bascule dans un sens ou dans un autre, plusieurs pétitions furent adressées à la Convention pour que la France reprenne le nom de Gaule. Voilà par exemple celle du citoyen Ducalle :

    « CITOYENS ADMINISTRATEURS,

    Jusques à quand souffrirez-vous que nous portions encore l’infâme nom de Français ? Tout ce que la démence a de faiblesse, tout ce que l’absurdité a de contraire à la raison, tout ce que la turpitude a de bassesse, ne sont pas comparables à notre manie de nous couvrir de ce nom.

    Quoi ! Une troupe de brigands (les Francs conquérants) vient nous ravir tous nos biens, nous soumet à ses lois, nous réduit à la servitude, et pendant quatorze siècles ne s’attache qu’à nous priver de toutes les choses nécessaires à la vie, à nous accabler d’outrage, et lorsque nous brisons nos fers, nous avons encore l’extravagance bassesse de continuer à nous appeler comme eux !

    Sommes-nous donc descendants de leur sang impur ? À Dieu ne plaise, citoyens, nous sommes du sang pur des Gaulois !

    Chose plus qu’étonnante, Paris est une pépinière de savants, Paris a fait la révolution, et pas un de ces savants n’a encore daigné nous instruire de notre origine, quelque intérêt que nous ayons à la connaître. »

    « Il est deux qualités, disait César, plus importantes que tout pour les Gaulois : bien se battre et bien parler. » Cette dernière assertion, au vu de notre histoire, semble se vérifier. L’éloquence fut, jusqu’à nos jours, un élément tout à fait central dans la façon dont de grands hommes surent s’imposer.

    Remontons beaucoup plus loin dans le temps, au IIe siècle de notre ère. Un Grec, Lucien de Samosate, se trouve, en terre gauloise, face à une représentation d’Ogmios, équivalent selon lui d’Hercule. Ogmios a bien les attribut d’Hercule : couvert d’une peau de lion, il porte à la main droite une massue, dans la gauche un arc, à ses épaules un carquois. Mais, alors qu’Hercule est chez les Grecs un personnage jeune et musclé, Ogmios a l’apparence d’un vieillard décrépit.

    Plus étrange encore : le bout de la langue d’Ogmios est percé par de petites chaînettes, qui relient le dieu gaulois à une multitude d’hommes aux oreilles attachées par ces liens. Le dieu marche en entraînant ces hommes derrière lui, tout en se retournant vers eux pour exhiber un large sourire, alors que ceux-ci, loin de paraître contraints, le suivent avec un bonheur visible.

    À ce stade, Lucien de Samosate se trouve dans le brouillard le plus complet quant à la signification de cette scène. Voyant son désarroi, un Gaulois, parlant le grec, lui donne la clef de cette allégorie :

    « Je vais vous donner le mot de l’énigme, car je vois bien que cette figure vous jette dans un grand trouble. Nous autres, Celtes, nous représentons l’éloquence, non comme vous, Hellènes, par Hermès ! Mais par Hercule, car Hercule est beaucoup plus fort. Si on lui a donné l’apparence d’un vieillard, n’en soyez pas surpris, car seule l’éloquence arrive dans sa vieillesse à maturité, si toutefois les poètes disent vrai : “ L’esprit des jeunes gens est flottant mais la vieillesse s’exprime plus sagement que la jeunesse. ” C’est pour cela que le miel coule de la bouche de Nestor et que les orateurs troyens font entendre une voix fleurie de lis, car il y a des fleurs du nom de lis si j’ai bonne mémoire. Ne vous étonnez pas de voir l’éloquence représentée sous forme humaine par un Hercule âgé, conduire de sa langue les hommes enchaînés par les oreilles ; ce n’est pas pour insulter le dieu qu’elle est percée. Je me rappelle d’ailleurs que j’ai appris chez vous certains ïambes comiques : “ Les bavards ont tous le bout de la langue percé. ” Enfin, c’est part son éloquence achevée, pensons-nous, qu’Hercule a accompli tous ses exploits et par la persuasion, qu’il est venu à bout de tous les obstacles. Les discours sont pour lui des traits acérés qui portent droit au but et blessent les âmes. Vous-mêmes dites que les paroles sont ailées. »

    Cette conception gauloise de l’autorité est le contraire exact de la conception romaine ou islamique, où seul la trique et la promesse d’avantages matériels peuvent entraîner des millions d’hommes à la suite d’un seul.

    Relisons Camille Jullian : « L’action de Vercingétorix était à la fois plus limitée et plus vaste que celle d’un dictateur militaire. Elle était d’abord tempérée par les rapports permanents avec les chefs supérieurs des cités confédérées ; il n’était pas dans la nature des Gaulois d’obéir sans condition et sans discussion au général qu’ils avaient élu même à l’unanimité [...] Il fallait, avant les questions importantes, que Vercingétorix les réunit en conseil ; il fallait, après l’événement, qu’il rendit compte de ce qu’il avait fait [...] »

    Vercingétorix, en charge non pas d’un « État », mais de tribus totalement indépendantes qui avaient décidé de se coaliser autour de lui contre l’envahisseur, devait sans cesse prouver qu’il était le plus apte à les mener à la victoire. Les Gaulois le suivirent parce qu’ils reconnurent aussi en lui un idéaliste qui ne cherchait aucun intérêt personnel, qui avait décidé de lier irrévocablement son destin à celui de son peuple. C’est d’ailleurs en toute logique qu’il finit, cinq ans après la reddition d’Alésia, étranglé comme une bête dans une prison romaine.

    Vercingétorix employa, pour fédérer autour de son nom la majorité des tribus gauloises, deux armes, le courage et l’éloquence, qui confirment parfaitement le propos de César.

    par André Waroch http://www.europemaxima.com