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culture et histoire - Page 1861

  • Mouvement de masse et guerre de l'information

    Christian Harbulot sur Infoguerre  tire quelques enseignements des mouvements de foule contre le mariage pour tous.

    « C’est la première fois dans la jeune Histoire de la société de l’information que l’expression publique dans la rue est articulée avec autant d’efficacité et d’efficience que l’usage offensif d’Internet par le biais des réseaux sociaux. »
    Polémia

    Le mouvement contre le mariage pour tous a réactualisé une problématique qui était considérée comme obsolète depuis la disparition progressive des vagues d’agitation gauchistes dont le point culminant fut les événements de mai 1968. Plusieurs enseignements sont à tirer dès maintenant de cette nouvelle phase de relance de pratiques subversives, initiées cette fois-ci par des forces de la société civile majoritairement positionnées à droite de l’échiquier politique.

    Les événements actuels sont dominés par deux modes d’action très imbriqués : la manifestation de rue et l’activisme des réseaux sociaux sur Internet. Il nous a semblé intéressant de rapprocher ces deux notions dans le décryptage des événements liés au mouvement contre le mariage pour tous. Jusqu’à présent, la combinaison de ces deux modes d’action était très factuelle et ne débouchait pas sur une dynamique durable d’ampleur nationale, voire internationale. C’est la première fois dans le jeune Histoire de la société de l’information que l’expression publique dans la rue est articulée avec autant d’efficacité et d’efficience que l’usage offensif d’Internet par le biais des réseaux sociaux.

    L’imbrication du mouvement de masse dans la toile

    L’analyse des événements actuels fait ressortir une combinaison innovante de l’art de la manifestation de rue (conçu entre le XIXe et le XXe siècle) avec les nouvelles techniques de prise de parole (sites Internet, blogs, pages Facebook), par les Smartphones (SMS, prise d’images et de vidéos) et Twitter.

    L’usage subversif de la manifestation de rue est l’un des produits des révolutions françaises (1789, 1830, 1848). Il devint par la suite un des actes marquants du militantisme propagé par les courants marxistes et libertaires. Au XXe siècle, cette tactique est reprise par les courants révolutionnaires russes et instrumentalisée par les Bolcheviques. La succession des expériences révolutionnaires dans l’Europe des années 1930 élargit son utilisation aux courants de pensée d’extrême droite (Marche sur Rome des fascistes italiens, défilés des SA du parti nazi allemand, manifestation des Croix de feu et des Ligues nationalistes le 6 février 1934 à Paris). Mais la théorisation de cette tactique est réalisée par Mao Tsé Toung qui l’intègre dans une notion plus large de portée stratégique : la notion de mouvement de masse, colonne vertébrale de la pensée du courant maoïste lors de la Révolution culturelle officialisée en 1966 (mobilisation de fractions de la jeunesse chinoise contre certains dirigeants et cadres du Parti).

    Dans la praxis révolutionnaire, la notion de mouvement de masse est mise en avant pour vérifier l’écho des thèses révolutionnaires et souligner leur impact au sein du peuple. Sans mouvement de masse, le combat révolutionnaire est une démarche d’avant-garde qui ne trouve pas sa légitimité historique. Contre toute attente, le mouvement contre le mariage pour tous de 2012/2103 s’est peu à peu imposé sur la scène politique en prenant appui sur la force de la mobilisation des manifestants dans la rue. Cette montée en puissance d’un mouvement de masse n’est pas simplement le résultat d’un phénomène de bouche à oreille et de répercussion de l’impact des manifestations dans les médias (note 1). Elle résulte d’une campagne d’action très soutenue à partir des réseaux sociaux. La dimension prise par ce buzz sur Internet est une des clés pour comprendre le maintien de la mobilisation, l’augmentation graduelle du nombre de manifestants et la capacité d’organisation tous azimuts de manifestations ciblées dans plusieurs zones urbaines du territoire. Cette propagation d’un courant d’idées (que d’aucuns estiment divisé, mais rappelons pour les profanes que les courants révolutionnaires étaient divisés quels  que soient les contextes historiques) est d’autant plus surprenante qu’elle n’émane pas d’un centre de commandement longtemps positionné à l’avance (note 2). Aucun parti de l’opposition ne s’attendait à l’ampleur de cette vague protestataire. Il en est de même pour les partis au pouvoir. L’analyse de ce syncrétisme entre des méthodes d’agit-prop traditionnelles et de pratique offensive du web nous semble illustrer de manière très didactique les critères de guerre de l’information par le contenu. La notion de guerre de l’information par le contenu est théorisée au sein de l’Ecole de guerre économique (note 3) qui a déjà publié de nombreux articles sur le sujet (note 4).

    Un syncrétisme des techniques offensives de management de l’information

    Les méthodes d’agit-prop initiées par le collectif contre le mariage pour tous sont un condensé de multiples pratiques déjà employées par des mouvements protestataires dans le passé mais enrichies par une créativité propre à ce mouvement :

    L’intérêt de ce mouvement est la démultiplication des opérations militantes qui rappellent  le principe du slogan maoïste: « Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine ». Si, comme tentent de le démontrer les journalistes Abel Mestre et Caroline Monnot du quotidien Le Monde, des pratiques militantes de nature idéologique se sont greffées dans la dynamique militante, leur influence reste très circonscrite à des cercles périphériques à un mouvement de protestation multidimensionnelle. Les dissidents du Printemps français prônent la radicalisation politique des opposants au mariage gay par le biais d’un site Internet et d’un compte Twitter. Cet activisme principalement virtuel use de symboles tels que le graphisme agressif du poing tendu qui voisine étrangement avec la référence apaisante au pacifisme de  Gandhi. Les initiatives des groupuscules d’extrême droite ont elles aussi pour l’instant une portée marginale et se limitent à des manœuvres de galvanisation de la foule en marge des manifestations nocturnes, à des blocages de la circulation et à des collages d’affiches sur des permanences du Parti socialiste ou sur un site parisien qui accueillait l’Inter-LGBT (Lesbiennes, Gay, Bi, Trans). La présence du mouvement religieux Civitas dans des manifestations collatérales n’a pas non plus changé l’orientation première du mouvement.

    Les « opérationnels » du mouvement contre le mariage pour tous sont à l’origine d’un syncrétisme entre des techniques subversives de propagande et des méthodes propres au monde de l’intelligence économique ou des ONG. Pour ce qui concerne l’intelligence économique, ce mouvement a ouvert la voie à une forme de démocratisation du lobbying qu’aucun cabinet de conseil spécialisé dans le domaine ne serait en mesure d’égaler. En revanche, la cartographie et la traçabilité des prises de position des parties prenantes réalisée au niveau des parlementaires est la reproduction typique d’une technique de plus en plus usitée par les agences de communication et les structures spécialisées dans la communication d’influence. L’un des points forts du mouvement est la manière de pousser les autorités dans leurs contradictions, à l’image du refus de la préfecture de police de communiquer les images de la manifestation du 24 mars.
Les techniques de pression psychologique sur des leaders d’opinion ou des responsables politiques sont comparables à celles pratiquées par les acteurs de la société civile. Des ONG comme Greenpeace, figure emblématique des défenseurs de l’environnement, ont systématisé ce type de mode d’action pour faire parler d’elles dans les médias et accroître leur notoriété.

    C’est notamment le cas des techniques de harcèlement épistolaire ou téléphonique  (courriers envoyés à tous les parlementaires, communications téléphoniques répétées auprès des responsables de la préfecture de police ou de la mairie de Paris (cf. polémique sur la pelouse du Champ-de-Mars). La tentation de pratiques de désobéissance civile comme le projet de campagne de vider les livrets, les appels à forcer le traitement manuel de la déclaration de revenus ou de contrepouvoir électoral (composition de listes électorales aux prochaines élections municipales) sont le prolongement possible de cette nouvelle forme de stratégie de la tension informationnelle.

    Le mouvement contre le mariage pour tous n’a pas encore de centre de commandement politique digne de ce nom comme le laissent pressentir les déclarations parfois confuses et contradictoires de l’une des port-parole improvisée, Virginie Tellenne. Il a fait preuve en revanche d’une organisation logistique d’une efficacité remarquable compte tenu du caractère spontané de son développement au cours des derniers mois. La gestion financière des manifestations (note 5) et l’organisation de la venue d’une telle masse de manifestants impliquent un suivi de nature quasi militaire. La logique d’entraide des manifestants est le point novateur de ce savoir-faire dans la mesure où la capacité de mobilisation se mesure aussi par les propositions de covoiturage, d’hébergement, de babysitting, de parrainage financier pour aider des familles à manifester. Le service de sécurité dirigé par le jeune militant Albéric Dumont a démontré lui aussi une certaine maîtrise de la situation dans la mesure où il a su réunir et structurer plusieurs milliers de bénévoles répartis selon les tâches à accomplir : gilet jaune pour l’accueil des participants, gilet rouge pour la sécurité, gilet vert pour la logistique. Le dialogue permanent entretenu avec les services de police a été un gage de réussite qui n’est pas cependant un chèque en blanc pour l’avenir.

    Une pratique intensive mais parfois déficiente de la guerre de l’information

    L’une des particularités du mouvement contre le mariage pour tous est le recours systématique à tous les ressorts de la société de l’information. Le système interne de pilotage du pôle web est un travail militant de nature quasi professionnelle par la qualité du suivi de l’actualité, de la veille sur les prises de parole amies et hostiles, de la relation entretenue avec la presse internationale. La cellule presse a réussi à sensibiliser des journalistes étrangers et une partie de la population sur la tendance des médias français à pratiquer l’omission, l’autocensure ou la dépréciation de la force du mouvement.

    La création de centaines de sites et de blogs sur Internet (note 6) est une des preuves de la particularité de cette mobilisation dont la presse ne rend compte qu’avec une parcimonie pour le moins surprenante. Chaque antenne régionale du mouvement contre le mariage pour tous dispose d’un blog, d’une page Facebook et d’un compte Twitter. Les flux informationnels qui transitent par ces relais virtuels ont des objectifs bien précis :

    • Sensibilisation des internautes ;
    • Préparation des manifestations ;
    • Diffusion de preuves par prises de photographies lors des manifestations ;
    • Diffusion des témoignages ;
    • Communication des sondages en ligne ;
    • Campagne de résonance sur les réseaux sociaux (cf. htag #floppourtous).

    Certains activistes du web mènent aussi des attaques informationnelles :

    • Recueil de témoignages sur les dérives liées au mariage homosexuel (échec dans l’éducation d’enfants élevés par des couples homosexuels) ;
    • Diffusion de photos chocs extraites de manifestations en faveur du mariage gay et nuisibles à leur image ;
    • Attaque ciblée contre Pierre Bergé (note 7) et Jean Pierre Michel.

    Mais cet activisme du net a ses limites tactiques comme le démontre l’incapacité des organisateurs du mouvement à exploiter une des erreurs grossières commises par le ministère de l’Intérieur. Lors de la manifestation du 24 mars à Paris, des photos ont été prises de plusieurs  policiers en civil brandissant des matraques télescopiques en acier trempé. La scène est intéressante car lorsqu’on la visionne, on constate que les policiers armés de ces matraques ne sont pas menacés par des manifestants et qu’ils ont une attitude provocatrice. Ils mettent ensuite leur brassard police et se réfugient derrière un rideau de CRS. Le collectif qui organise la manifestation a la preuve visuelle de ce qu’on appelle une provocation policière. Il se contente de diffuser les photos compromettantes sur le web mais ne les exploite pas dans la polémique qui va suivre. La matraque télescopique est une arme dangereuse qui peut provoquer des coups mortels lorsqu’ils sont portés sur la tête d’un individu. Cette arme n’a donc pas sa place dans une opération de maintien de l’ordre. Les questions posées au ministre de l’Intérieur auraient pu être très gênantes sur ce point (note 8) car elles contrebalançaient son argumentation non démontrée par des photos sur la présence d’éléments agressifs de groupes d’extrême droite aux abords de la Place de l’Etoile. 
Au niveau stratégique, la guerre de l’information menée par les opposants au mariage pour tous est pour l’instant un échec (la loi est votée et le Conseil constitutionnel reste un recours plus qu’aléatoire). Les défenseurs du mariage gay ont joué sur la défense des minorités alors que les opposants se sont battus pour le maintien des valeurs. En termes de guerre de l’information, la résonance des pour reste encore plus forte que celle des contre.

    Limites et dépassements du mouvement

    Les opposants au mariage pour tous n’ont pas trouvé les éléments de langage pour renverser le rapport de forces. Il leur fallait pour atteindre un tel but aller sur un autre terrain que celui du respect ou du maintien des valeurs morales. Le changement de société impulsé par la dynamique anglo-saxonne (théorie du gender, remise en cause de notre définition des droits de l’homme, non-respect de la propriété intellectuelle et des données personnelles, recherche sur l’optimisation du consumérisme par la disparition de la différence entre les sexes) est la toile de fond de ce non-débat stratégique. Sur ce point précis, le mouvement contre le mariage pour tous est piégé par son origine idéologique. La relation avec les Etats-Unis et dans une certaine mesure la survie de l’empire américain est le sujet tabou de la droite française. La solitude du général De Gaulle pour tenter de trouver une troisième voie reste dans toutes les mémoires. L’incapacité de dire non à l’influence culturelle du modèle américain sur la France et l’Europe est le caillou dans la chaussure qui bloque toute capacité d’optimiser la guerre de l’information actuelle pour la traduire politiquement dans un mouvement de masse de nature réellement stratégique. Si le recul provisoire du gouvernement sur la procréation assistée peut apparaître comme une concession faite à ce mouvement de masse, il n’est une fois de plus que de portée tactique.

    La manifestation du 26 mai prochain est-elle l’arbre qui cache la forêt ? Les retombées du mouvement contre le mariage pour tous sont déjà très perceptibles au sein de l’Eglise catholique. La Conférence des évêques de France fortement marquée par la crise de société issue des événements de mai 68 doit faire face à l’émergence d’une nouvelle génération de chrétiens qui sont à la recherche de valeurs spirituelles moins matérialistes. Il ne s’agit pas à priori d’un courant contestataire mais d’un renouveau de la pratique religieuse qui prend de plus en plus en compte les grands débats de société.

    Christian Harbulot
    Directeur de l’Ecole de guerre économique
    Infoguerre
    29/04/2013  http://www.polemia.com

    Notes

    Note 1 : La plupart des médias ont minoré le chiffre des manifestants dès la manifestation du 17 novembre 2012 et ce n’est qu’à partir de la manifestation du 24 mars que la polémique a été évoquée dans les médias sur le comptage des manifestants à partir des photos prises par hélicoptère par les services du ministère de l’Intérieur.

    Note 2 : Le mouvement contre le mariage pour tous est né d’une volonté spontanée de personnes, d’individualités et de groupes animés par des convergences de vue en opposition au mariage pour tous. La création d’un collectif Lamanifpourtous issu du Manifeste pour l’humanité durable regroupe plusieurs associations de confessions différentes mais à majorité chrétiennes.

    Note 3 : L’Ecole de guerre économique est aujourd’hui à la pointe de l’étude de la guerre de l’information par le contenu. Cette légitimité acquise à travers des travaux de recherche menés depuis seize ans vient en appui aux réflexions plus conventionnelles du monde universitaire et complète les vides laissés par des institutions verrouillées par les contraintes gouvernementales. Ce positionnement original nous incite aujourd’hui à faire un état des lieux de la démarche méthodologique multidimensionnelle qui transparaît dans les pratiques militantes du mouvement contre le mariage pour tous.

    Note 4 : Articles publiés par l’EGE sur la guerre de l’information par le contenu :

    • Christian Harbulot, Note sur la guerre des perceptions, CSFRS, avril 2013.
    • Christian Harbulot, Le piège technologique de la cyberguerre, Nouvelle Revue de géopolitique, numéro de janvier-février-mars 2013.
    • Christian Harbulot, De la guerre de l’information aux cyberconflits, dossier réalisé par le CSFRS pour Enjeux les Echos, mars 2012.
    • Christian Harbulot, Les démocraties occidentales face à la guerre de l’information, Nouvelle Revue de géopolitique, automne 2011.
    • Christian Harbulot et Patrice Lefort-Lavauzelle, article « Une démocratie peut-elle mener une guerre de l’Information ?», revue Défense, septembre 2011.
    • Christian Harbulot, « Les guerres de l’information » dans l’ouvrage Management stratégique de la concurrence, coordonné par Frédéric Leroy et Saïd Yami, Dunod, 2009.
    • Christian Harbulot, « Le rôle de l’information dans les conflits asymétriques » pour les Cahiers n°12 du Collège de l’Enseignement Supérieur de l’Armée de Terre (CESAT), avril 2008.
    • Christian Harbulot et Philippe Baumard, article «La maîtrise de l’information dans les conflits asymétriques », dans Bulletins d’études de la marine, 2007.
    • Christian Harbulot et Didier Lucas, article « Comment résister aux attaques par l’information ? »,  dans l’ouvrage d’Alice Guilhon et Michel Henri Bouchet, Intelligence économique et gestion des risques, Editions Pearson, juin 2007.
    • Christian Harbulot, « De la légitimité de la guerre cognitive », Revue de l’Institut de recherches stratégiques, janvier 2005.
    • Christian Harbulot, « La France et l’Europe face à l’américanisation de l’arme de la connaissance », revue Conflits actuels, mars 2004.
    • Christian Harbulot et Didier Lucas, La Guerre cognitive, ouvrage collectif de l’Ecole de guerre économique, Lavauzelle, février 2002.
    • Christian Harbulot, La guerre de l’information du faible au fort, numéro spécial de la revue Panoramiques, avril 2001.
    • Christian Harbulot, « Frappes informationnelles sur Internet », numéro d’été de la revue Pouvoirs, 2000.
    • Christian Harbulot, Didier Lucas et Alain Tiffreau, Gestion des risques dans le cadre d’une déstabilisation par l’information, étude commanditée par l’Adit, 1999.
    • Christian Harbulot et Pascal Jacques Gustave, « Manœuvre médiatique et compétition économique », revue Enjeux atlantiques, décembre 1998.
    • Christian Harbulot, « Intelligence économique et guerre de l’information », Revue Mars, troisième trimestre 1999.

    Note 5 : Selon les organisateurs, la manifestation du 24 mars a coûté  près de 700.000 euros. 550.000 euros ont été récoltés par des dons de particuliers.

    Note 6 : exemple de sites créés dans la mouvance du mouvement contre le mariage pour tous :

    http://huonsnosministres.fr/
    http://www.printempsfrancais.fr/
    http://www.deputespourtous.com/
    http://www.senateurpourtous.com
    /
    http://www.lamanifpourtous.fr/fr/
    http://www.homovox.com
    http://lecampingpourtous.fr/
    http://democratiepartout.tumblr.com/
    http://www.laissez-nous-voter.org/
    http://www.referendum-officiel.fr/
    http://www.we-facile.fr/

    http://www.mairespourlenfance.fr/
    http://www.tous-pour-le-mariage.fr/
    http://www.lesmusulmanspourlenfance.com/
    http://lamanifdesjuristes.free.fr/
    http://www.enmarchepourlenfance.com/
    http://enfantsjustice.wordpress.com/
    http://www.derapages.org/
    http://www.tousenpriere.com/
    http://hommen-officiel.tumblr.com/

    Note 7 : Pierre Bergé a été au centre d’un certain nombre de polémiques et a lui-même tenu des propos très controversés dans ce débat.

    Note 8 : Une question au gouvernement aurait pu être posée à l’Assemblée nationale par un député de l’opposition (la mission de ces policiers en civil, la nature de l’autorité qui leur avait donné l’ordre de porter des matraques télescopiques, et la raison pour laquelle ils avaient sorti cette arme alors qu’ils n’étaient pas en situation de légitime défense).

  • Les 40 ans de la Fédération du Rhône : discours de Bruno Gollnisch

     

    Discours de Bruno GOLLNISCH à l’occasion des 40 ans de la Fédération du Rhône du Front National

    Bien Chers Amis,

    bruno-gollnisch-jean-marie-le-penQue de chemin parcouru depuis les temps héroïques ou fut fondé le Front National, à l’initiative de celui qui est aujourd’hui notre président d’honneur, et que nous avons tant de plaisir à accueillir aujourd’hui !

    La Fédération du Rhône du Front National, ce ne fut d’abord que quelques militants, acceptant de donner leur nom à ce qui n’était encore qu’une formation politique marginale, ultime sursaut d’une Droite Nationale écrasée par ses défaites et par la puissance des partis dominants.

    Patriotes ayant préféré résister en France plutôt qu’à Londres, et proscrits pour cette raison, combattants ayant compris avant tous les autres le caractère diabolique du système bolchevique, vrais résistants de droite à la conquête allemande, dont l’héroïsme avait été occulté par la propagande marxiste, défenseurs de l’Empire français conçu comme une fraternité de peuples divers mais unis par la communion aux valeurs de notre civilisation française, trahis en Indochine comme en Algérie,  artisans, commerçants, travailleurs indépendants écrasés de fiscalisme et de bureaucratie, jeunes gens dont je fus, dressés en 1968 contre l’odieuse imposture marxiste qui avait gangrené l’intelligence française, l’enseignement, les média, la recherche, les arts, les lettres, l’université : ils n’étaient cependant qu’une poignée quand ils auraient du, déjà, être des millions !

    Le Front National, en France ce n’était encore que peu de chose : 0.74 % à l’élection présidentielle de 1974, lors de laquelle, par une cassette magnétophonique, envoyée de Kyoto au Japon où je terminais à l’époque ma thèse de droit international, j’adjurais ma famille de voter pour le candidat Le Pen et non pour quelque autre candidat conservateur, comme le Maire de Tours, Jean Royer, honorable certes, mais ne présentant pas les mêmes états de service à la défense de la Nation.

    Impossibilité de toute candidature à l’élection présidentielle de 1981, du fait du quintuplement des parrainages exigés ! Appareil réduit ici à quelques correspondants dont firent partie notamment le garagiste Serrière, M. Berthemy de Villeurbanne, également membre de l’association pour la Défense de la Mémoire du Maréchal Pétain. Flambeau du Rhône qui fut repris brièvement par M. Dumez, par notre ami Pascal Marion, et par Mme Germaine Burgaz, alors dépêchée en mission depuis la Drôme. Elle avait su par Marie-France Stirbois, ma camarade de faculté de Nanterre dans les infernales années 1968 et suivantes, et par Roger Holeindre dont nous fréquentions à Paris le « Bivouac du Grognard », pour y trouver une ambiance différente de celle que nous imposait à l’université M. Cohen Bendit et ses complices, qu’un jeune universitaire devenu par le hasard des carrières Professeur de Japonais, puis Doyen de Faculté à Lyon, était un ami. Elle vint donc me chercher, en manque de personnalités pour accueillir au Palais des Congrès aujourd’hui détruit les assises du FN, qui faisaient suite au premier succès des campagnes de Dreux, d’Auray, et du 20eme arrondissement de Paris. Ces quelques campagnes électorales laissaient présager un renouveau de la Droite Nationale, après l’échec du libéralisme avancé de Giscard d’Estaing et la prise du pouvoir en 1981 par la gauche socialo communiste.

    « Nous voudrions que vous acceptiez de siéger à la tribune aux cotés de Jean-Marie Le Pen », me dit-elle. Honneur redoutable, et dont les conséquences sur ma vie professionnelle ne pouvaient guère, au moins à court terme, être très favorables. D’où les conseils d’abstention des amis et collègues bien intentionnés, qui paradoxalement achevèrent de me décider. Et nous voici partis pour la grande aventure : soirée enthousiaste et enthousiasmante, ou l’on sentait poindre le réveil de la France française. « Quelles qu’en soient les conséquences », dis-je à Jean-Marie Le Pen, « cela valait le coup » !

    Mon apparition cette soirée me valut la « Une » de Lyon-Figaro, et l’intérêt d’autres média s’interrogeant sur les ralliements d’intellectuels. Mais tout restait à faire. Jean-Pierre Stirbois, alors Secrétaire Général, et Jean-Marie me sollicitaient, dans la foulée, d’assumer la responsabilité de la Fédération du Rhône, qui comptait à l’époque 15 adhérents. J’objectais que la direction d’une faculté de 2000 étudiants où l’on enseignait 27 langues, comportant  une centaine d’enseignants ou d’intervenants de toutes catégories et une dizaine de personnels administratifs ne me laissait guère de loisirs. On sollicita en conséquence un autre professeur –ce qui prouve que même à l’époque, ils n’étaient pas tous mauvais !- Aimé Grand, principal de collège à Francheville, que sa situation empêchait d’apparaître publiquement, cependant que j’étais censé apparaître dans la sphère publique : relation avec les média, les journalistes, les autorités, etc.

    C’est dans ces conditions que notre binôme entreprit de structurer véritablement notre fédération : de réconcilier le petit noyau initial frappé par quelques dissensions, puis de l’élargir par la recherche méthodique de correspondants dans tous les secteurs et par l’élargissement du nombre de ses adhérents. Pour cela la recette était simple : une réunion tous les 2 jours, et même quelquefois tous les jours. Réunion publique dont l’audience était variable. Je me souviens d’une soirée pluvieuse à Saint-Genis Laval. Il y avait une seule personne dans l’assistance ; notre responsable voulait annuler. Je maintins la réunion, et l’on fit l’adhésion à la sortie. Il n’y avait pas à l’époque l’ombre d’un financement public de la vie politique, et les partis institutionnels se finançaient par une corruption massive et quasi officielle. Quant à nous, il fallait faire avec les moyens du bord. Je me souviens de mes premiers collages, avec Francis Rognon, le long de la Montée de Choulans. Il était beaucoup plus expérimenté que moi !

    C’est dans ces conditions que nous avons mené nos premières grandes batailles électorales : celle des européennes de 1984, qui furent toutes en butte aux attaques haineuses des gauchistes et de leurs complices. Faute de salle, nous avions loué un immense chapiteau, sous la pluie, fourni par l’ami Albert Rosset. Mais le feu faisait plus que couver, et la flamme nationale embrasait l’horizon politique. Récemment arrivé dans l’appareil, bien que militant depuis mes plus jeunes années, je considérais comme élégant de laisser la place sur la liste à ceux qui s’étaient officiellement engagés avant moi. Je revendiquais et j’obtins la 81eme et dernière place sur la liste européenne, qui put envoyer 10 élus à Strasbourg et Bruxelles, à la stupéfaction générale. J’ai conservé un souvenir ému de la soirée que Jean-Marie organisa à Saint-Cloud pour célébrer ce succès.

    Les cantonales sui suivirent furent notre baptême du feu local, nous réussîmes à pourvoir tous les cantons vacants, avec un tract unique, en noir et blanc, de demi format : et comme slogan : « Ne votez pas pour nous »… si vous êtes satisfaits de la situation actuelle. A l’intérieur, une carte du département du Rhône et la photo des candidats que nous présentions sur les divers cantons. Je choisis moi-même de porter le fer à Vaulx-en-Velin, ville tenue par la municipalité communiste dirigé par M. Kapievic, beau-frère de M.Krasuki, alors leader national de la CGT, que je décrivais comme les deux seuls Polonais à être encore communistes, cependant que la ville était une enclave soviétique dans le département du Rhône. Je ne croyais pas si bien dire.

    Nos affiches collées la nuit, étaient imperturbablement arrachées par les services municipaux, y compris ce qui est grave, sur les panneaux officiels en aluminium, méticuleusement passés à la ponceuse, de telle sorte qu’on pouvait s’y regarder le matin comme dans un miroir. Mes seuls soutiens locaux étaient un agent de Police, sa compagne portugaise et deux harkis intrépides. A la grande fureur des communistes, nous obtiendrons plus de 20% des voix.

    La bataille suivante fut celle des législatives. En 1986, nous n’avions  sur le papier  aucune chance d’être élus, du moins, selon les commentateurs avisés et les politologues diplômés –il n’était pas encore question, quelques mois auparavant, de rétablir le système proportionnel. Avec Jean-Pierre Reveau et à l’issue d’une campagne aussi exaltante qu’épuisante, dont se souvient certainement l’ami Serge Voyant, à l’époque notre chauffeur et ange gardien bénévole, nous fumes élus député du Rhône (avec 13% des suffrages)  à la stupéfaction générale. Le FN  faisait ainsi  une entrée  fracassante à l’Assemblée Nationale en mars avec 35 députés. Le même jour, j’étais élu Conseiller Régional Rhône Alpes  en compagnie de 13  autres candidats frontistes, sur l’ensemble de la Région.

    Ce succès éclatant brisait aussi partiellement l’omerta médiatique imposée par nos adversaires politiques, qui refusaient notre présence dans les débats et soirées électorales, menaçant de les quitter si nous y étions invités. Telle était notamment l’attitude de tous les leaders politiques locaux : Michel Noir pour le RPR, Fiterman pour le PC, Poperen pour le parti socialiste. Il me fallut menacer d’invasion les locaux de France 3, et passer à l’acte en y amenant 500 de nos militants le soir même de l’élection, devant le bâtiment des Cuirassiers, pour que les portes s’ouvrent enfin devant Jean-Pierre Reveau et moi-même, pénétrant dans ce cénacle comme le shérif pénètre dans le saloon où se trouvent les malfrats afin de les en chasser.

    Après deux ans d’une intense activité parlementaire, la réforme électorale voulue par Jacques Chirac pour nous éliminer, et la dissolution de l’Assemblée Nationale décidée par F. Miterrand au lendemain de sa réélection, contrairement à ses promesses les plus solennelles, firent disparaître notre groupe de l’Assemblée Nationale. C’était le but. Je dus à la confiance de Jean Marie Le Pen et du bureau politique dont j’ étais devenue membre, d’entrer l’année suivante au Parlement Européen, où nous continuons à nous battre avec acharnement pour la défense des libertés nationales et de l’identité française.

    Entre temps, nous avons pu entrer dans les Conseils municipaux, modestement dès les élections municipales de 1989, de façon plus importante en 1995, où cependant notre représentation lyonnaise était artificiellement minorée, par l’effet pervers de la Loi dite PLM, qui ne nous donna que 2 conseillers municipaux sur 72, alors que notre audience électorale aurait du nous en donner au moins 10. Mais deux élus FN se font entendre comme vingt, ainsi d’ailleurs que l’a reconnu le regretté Raymond Barre, qui peu avant sa mort, et au grand dam des bien pensants du politiquement correct, rendit hommage à mes qualités d’opposant. Honneur à celui qui, bien qu’adversaire politique, n’a pas ajouté sa pierre à ma lapidation médiatique quand tant de hyènes et de faux témoins se précipitaient à ce qu’ils croyaient être la curée.

    Mais ces succès requerraient le renforcement constant de notre implantation. Nous pûmes fort heureusement bénéficier souvent pour nos points de presse et réunion de bureau, dans un premier temps de l’hospitalité de la brasserie « Le Delta », dont le propriétaire, M. Gorry avait été un officier Algérie Française. Nous pûmes également bénéficier de l’hospitalité bienveillante d’autres établissements. Je pense à ce bar tabac populaire du 9ème arrondissement, voué à la démolition, dont la gérante s’appelait Vénus, et derrière le comptoir de laquelle se trouvaient nos photos et nos affiches, courage dont fit preuve également notre ami Emmanuel Roman dans son établissement de la Chaumière à Saint-Priest.  Leur hospitalité précéda celle que nous offrit également en diverses occasion M. Max Blache, dans son excellent établissement de l’Auberge Savoyarde. Ayant enfin recueilli quelque sous, nous pûmes ouvrir une première permanence, rue Marietton, dans un modeste 2 pièces d’un immeuble vétuste voué à la démolition, permanence tenue avec dévouement et ponctualité par Mme Jeanne Marie Pons, rapatriée d’Algérie, et qui connaissait mieux que quiconque le prix inestimable des patries perdues.

    Notre croissance aidant, nous nous installâmes au 10 rue du Plat, derrière la Place Bellecour, dans un bel immeuble 19ème, et dans des locaux repeints bénévolement pour la circonstance par notre ami Cruz, peintre en bâtiment. Puis, la fédération s’étant agrandie sous l’impulsion de celui qui m’avait succédé au secrétariat départemental, Denis de Bouteiller, nous nous installâmes 51 cours de la République à Villeurbanne, avant que de constituer, grâce au concours de nombreux adhérents, une société civile immobilière qui put faire l’acquisition d’un imposant local à Satonay Camp, où Jean-Paul Henry put déployer ses talents de maquettiste pour la préparation de nos documents.

    Notre excellente organisation nous permit de remporter plusieurs succès, notamment lors des élections régionales de 1998 qui, compte tenu du caractère proportionnel de la représentation, nous firent envoyer au Conseil Régional pas moins de 35 élus de Rhône Alpes, dont 10 du département du Rhône, nous plaçant ainsi en situation d’arbitres de la politique régionale. On vit bien à cette occasion que ceux des conservateurs ou libéraux du RPR et de l’UDF, qui d’ailleurs n’avaient rien conservé et rien libéré, mais nous avaient témoigné un mépris constant, étaient prêts à venir solliciter notre appui dans l’espoir de conserver leurs places. Une aide que nous étions prêts à leur apporter en Rhône-Alpes comme ailleurs, mais à la condition bien sûr, qu’ils acceptent de satisfaire, au moins pour partie, les exigences légitimes de nos électeurs.

    Hélas, les aventures humaines présentent rarement un progrès linéaire. Il y a des échecs, des épreuves, des revers, des trahisons. Comme toutes les autres en France, notre fédération fut éprouvée par la désastreuse scission de 1998, dont les fallacieuses promesses avaient séduit plusieurs cadres. Il fallait reconstruire et nous nous mîmes à la tache. Sous l’énergique impulsion de Liliane Boury et avec l’aide de Jacques Berjon, notre ancien conseiller régional, qui mit gracieusement une chambre à notre disposition, nous entreprîmes de reconstituer la fédération. Puis nous reprîmes le contrôle de la Société civile propriétaire du local, ayant regagné la majorité des adhérents à la légitimité de notre action. Mais Sathonay était devenu trop grand et trop cher. Par un coup d’audace, nous décidâmes de faire l’acquisition d’un ancien restaurant thaïlandais en faillite, petit local bien situé à Perrache, cours de Verdun au centre de Lyon, bientôt agrandi par l’acquisition du tènement voisin, cependant que, grâce à la gestion avisée du gérant Pierre Terrier, nous pûmes enfin vendre Sathonay sans qu’aucun des associés de la SCI en soit lésé. Je tiens à rappeler à ce sujet que la Fédération du Rhône, depuis 20 ans, sollicite ses conseillers régionaux de verser chaque mois une contribution importante qui s’ajoute à celle qu’ils versent à notre siège national, et qu’ils s’en acquittent alors même que leur situation personnelle ou familiale justifierait qu’ils conservent pour eux leur indemnité d’élu. Une indemnité qui parfois ne compense que partiellement la perte qu’ils subissent sur le plan professionnel.

    La Fédération du Rhône en revanche n’a pas souffert de la campagne interne pour la succession de Jean Marie Le Pen à la tête du Front national puisque, candidat moi-même à cette fonction, je me suis incliné devant la décision de la majorité des adhérents de notre mouvement, faisant passer sans états d’âme la défense de nos convictions et l’unité de notre mouvement avant toute ambition personnelle.

    D’autres épreuves aussi sont venues de l’extérieur. J’ai mentionné nos réunions publiques, presque systématiquement attaquées par les nervis de l’extrême gauche, chaleureusement encouragés par les Cambadelis, Mélenchon et autres. Quel contraste entre l’absence totale de réaction médiatique à ces violences systématiques que nous avons subies, et le concert de pleureuses que l’on entend aujourd’hui au motif que les militants opposés à l’infâme mariage homosexuel ont chahuté à Nantes la militante du lesbianisme et de l’extrême gauche Caroline Fourrest!

    Ici, on a  même été jusqu’à poursuivre judiciairement ceux qui n’avaient fait que se défendre contre l’agression, comme nos amis Renault André et Bruno Valls, assaillis à Thizy en pleine campagne électorale par une bande de magrébins multi-récidivistes, et faisant l’objet de la part du Tribunal de Villefranche sur Saône d’une extravagante condamnation heureusement très réduite en appel, pour le seul crime de s’être défendus.

    Je passe sur les persécutions professionnelles que je ne suis spas le seul à avoir subies, et de quelle façon ! Que ce soit à l’occasion du montage de Carpentras, contre tant de militants innocents, ou sous prétexte d’imposer à toute force une lecture de l’histoire dont les contours ne sont cependant jamais définis avec précision comme le recteur Morvan à mon encontre, heureusement condamné pour atteinte à la présomption d’innocence puis pour injure, et enfin débarqué de ses fonctions, sans que soit réparé pour autant le préjudice dont il avait été à l’origine. Persécutions, humiliations, dictature morale du politiquement correct… Du plus humble de nos militants, au plus en vue de nos dirigeants, que d’épreuves, que d’humiliations, que de difficultés professionnelles, mais aussi parfois conjugales ou familiales. Et que dire des dégradations répétées de notre permanence, du cours de Verdun, à laquelle le Préfet de Police du Rhône à cependant refusé ne serait-ce que l’installation d’une caméra de vidéo surveillance, au motif qu’elle nous permettrait d’apercevoir la rue, c’est-à-dire le domaine public. Où va-t-on en effet, si l’on peut photographier les voyous qui s’en prennent à vous !

    Aujourd’hui, la fédération du Rhône est dirigée avec sérieux et compétence par un homme d’une grande valeur morale et politique, qui est aussi un ami, Christophe Boudot. Il avait beaucoup à apprendre ; il a déjà beaucoup appris. Je vous demande avant de vous interroger, sur ce que nous n’avons pas encore été capables de faire, ou sur ce que vous souhaiteriez que nous fassions –ce qui est légitime en soi- de reconnaître avec bienveillance tout ce qu’il a déjà fait.

    Je n’oublie pas, cela va sans dire, tout ceux qui ont participé à notre combat, leurs efforts, leurs dévouements,  leurs sacrifices, souvent très grands. J’en ai déjà cité quelques uns. Je sollicite par avance votre indulgence car je ne puis les citer tous. Ils sont en effet des centaines. Que dis-je, des milliers ! Je voudrais cependant ajouter à ceux que j’ai déjà cités nos anciens conseillers régionaux : Marie Christine de Penfentenyo (et son époux le Colonel de Penfentenyo, militant toujours ardent aux tâches les plus humbles), Jean Pierre Barbier, notre élu du Beaujolais, Albert Rosset, mais aussi ceux qui ont tenu leur place dans la fédération à un titre ou a un autre : Georges Labouche, le Docteur Hubert Barral et son épouse Jacqueline à Sainte Foy, Jean Colas à Saint Symphorien , Christian Saint Martin et Guy Danière à Caluire, Gérald et Jacqueline Massot à la Croix-Rousse, la famille Starck et Maurice Ligoud à Saint-Priest, Patricia Chicard, Maurice et Mathilde Depierre, dans le 8eme arrondissement, où leur a succédé le Professeur Morin, M. et Mme Jacques Montégu, M. et Mme Jean Berthier à Charbonnières, M. de Laborie à Saint Genis Laval, Paul Genoux à Bron, M. et Mme Massot, nos avocats Maître Nivière et Alain Chevalier, MM. Gérard Derréal et Henri Venard, collaborateurs de notre journal de fédération…Et bien sûr ceux et celles qui depuis longtemps déjà ont assumé ou assument les travaux de notre permanence et de notre secrétariat : Isabelle Ové devenue l’épouse de notre ami Hugues Petit, Corinne Morel, Magdeleine Veyret, Bernard Jaouen, Agnès Henry, Nathalie Caternet.

    Notre DPS, si nécessaire surtout au début pour la protection de nos activités et de nos personnes fut structuré par Daniel Falcoz, Alain Staville puis Jérôme Guigue en s’assurant le concours de militants fidèles et courageux tel Harry Bréant, et bien d’autres…

    Vous me permettrez aussi, sans pouvoir les citer tous de rendre hommage à ceux qui nous ont quittés, et dont le souvenir demeure cher à nos cœurs :
    -    Noël Simian, agriculteur, homme de la terre et de l’esprit ;
    -    Bernard Degardin, notre veilleur de la rue du Plat ;
    -    François Taveau, le gentleman de Charbonnières ;
    -    Jospeh Ledant, trésorier scrupuleux, rapatrié d’Algérie et responsable du Cercle des Combattants ;
    -    Jacques Berjon, grand seigneur qui ne séparait pas le combat temporel du spirituel ;
    -    Roger Revellin, lui aussi conseiller régional, ancien maire adjoint de Mostaganem, Maire de Saint Laurent de Mure,
    -    Elizabeth, de Saint-Roch dite Babette ;
    -    Le jeune Molina, colleur d’affiches ;
    -    Roxane Chevalier, jeune militante du FNJ, fille de notre ami Alain Chevalier ;
    -    Gilbert Durand de Villeurbanne ;
    -    Le docteur René Morel, du 6ème arrondissement ;
    -    Serge Morin de Meyzieu ;
    -    Le Colonel Yves de Régis et son épouse Annick ;
    -    Jacques Merle, père de Virginie Merle, plus connue sous le nom de Frigide Barjot ;
    -    M. Rabah Bennouar, de Rilleux ;
    -    Georges Henry, ancien marin puis para d’Indochine et père de nos amis Jean-Paul et Agnès,
    -    Le Professeur Philippe Bret, neuro-chirurgien exceptionnel, membre de notre Conseil Scientifique ;
    -    Abel Boudon, ancien bijoutier de Lyon,
    -    André Blanc, qui me conduisit durant de nombreuses années, et me rendit bien des services ;
    -    Jean-Louis Lallier de Vaulx en Velin ;
    -    Le Colonel Leprêtre ;
    Tout récemment encore, Danika Petkovic, Conseillère Municipale de Vénissieux d’origine Serbe, prématurément ravie à l’affection des siens, tout comme Nicolas Florès, de Francheville, que nous avons accompagné hier pour son dernier voyage.

    Si j’ai cité les anciens, et plus encore les disparus, ceux qui sont aujourd’hui en pointe dans notre combat actuel, ne m’en voudront pas. Ils savent ; vous savez, qu’autre est celui qui sème, autre est celui qui moissonne, et que nos modestes existences ne sont qu’un maillon dans l’immense chaîne des épreuves, des sacrifices, mais aussi des succès, qui sont nécessaire au triomphe de notre juste cause. En ce qui me concerne, des circonstances personnelles et l’exercice de mon mandat européen me contraignent à regret à m’éloigner quelque peu de la région lyonnaise. C’est provisoirement une distance matérielle, mais pas morale.

    Aujourd’hui, une part chaque jour croissante de nos compatriote ouvre les yeux –enfin !- sur la décadence de notre pays, et aspire plus ou moins confusément à un renouveau. C’est à ce renouveau, c’est à cette renaissance, que le Front National est ordonné. C’est à ces nobles idéaux que la Fédération du Rhône doit prendre toute sa part, sous le vieux cri de ralliement des Lyonnais : En avant ! en avant Lyon le Melhor ! Longue vie à la Fédération du Rhône, Vive le Front National ! Vive la France !

    http://www.gollnisch.com

  • Historiographie de Droite L'avènement du "cinquième état" ?

    article paru à l'origine dans le magazine "Il Borghese" daté du 24 juillet 1969,  tiré du recueil"Phénoménologie de la subversion" aux éditions de "L'Homme Libre". 

                L'historiographie est l'un des domaines où les éléments de Droite sont désavantagés par rapport à la Gauche marxiste et communiste. Avec le matérialisme histographique ou dialectique, le marxisme fournit une vision globale de l'histoire qui ne se réduit pas à considérer des éléments particuliers, les guerres, les mouvements ethniques, les conflits nationaux, mais qui essaie de découvrir un mouvement d'ensemble fondamental par rapport auquel tout cela est secondaire, en distinguant, dans ce mouvement, des phases précises. Parce qu'elle est fondée sur la matérialité, la simple économie, les formes simplement sociales et productives et les classes en tant que classes uniquement économiques (car, comme on le sait, tout le reste ne serait que "superstructure"), cette conception est fausse et grotesque. Pourtant, on ne peut pas lui dénier le mérite d'avoir essayé de déterminer un sens universel de l'histoire qui puisse par ailleurs servir de fondement à toute une idéologie et à tout un activisme de gauche. 

                La Droite, en revanche, s'en est trop souvent tenue à une vision épisodique de l'histoire, qui n'est fréquemment qu'une "histoire nationale" ou une division temporelle schématique en plusieurs époques, en dehors de certaines interprétations spéculatives inopérantes et plus ou moins arbitraires comme celles de la philosophie hégélienne et néo-hégélienne. Il existe pourtant un modèle que la Droite pourrait opposer à celui du marxisme, qui possède même un caractère d'évidence et d'exhaustivité tout différent. En dehors des anticipations partielles qu'on peut retrouver G.B.Vico et aussi chez O.Spengler, il a été tracé par certains écrivains traditionnels contemporains, qui l'ont exprimé presque dans les mêmes termes, indépendamment les uns des autres, comme s'ils avaient saisi des significations qui "sont dans l'air". 

                Sous un certain rapport, cette conception concorde avec la conception marxiste en ce qui concerne le mouvement historique d'ensemble ; mais, tandis que le marxisme donne à ce mouvement le sens d'une évolution, d'un progrès, dont la conclusion serait l'avènement d'une société et d'une civilisation communiste sur terre, l'autre conception lui donne le sens d'une involution croissante, dont il considère la dernière phase, glorifiée par le marxisme, comme un effondrement final. 

                On  considère que cette involution comporte quatre phases principales, et le mouvement peut être défini comme celui de la "régression des castes". Le point de repère est la structure hiérarchique plus ou moins commune aux plus grandes sociétés traditionnelles dominées par les représentants d'une autorité spirituelle ou sacrée, suivis par une aristocratie guerrière, une bourgeoisie possédante et, enfin,  la classe laborieuse ou servile. En Inde, la répartition en castes (il faudrait sans doute mieux dire : en "classes fonctionnelles", étant donné que le terme de "caste" évoque quelque chose de rigide et de stéréotypé) était la reproduction classique de cette articulation hiérarchique, que, par ailleurs, nous retrouvons aussi en Occident : outre le modèle de l'Etat tracé par Platon ( qui reflétait partiellement des constitutions qui existaient effectivement), on peut mentionner le Moyen Âge lui même, qui était articulé en quatre Ordres : clergé, noblesse féodale, bourgeoisie et artisanat. 

                Il est important de noter qu'il ne s'agissait pas d'une superposition de classes économiques, mais bien d'une articulation qualitative définie par des vocations différentes, des fonctions différentes, des intérêts différents, des modes de vie différents, auxquels pouvaient même correspondre un droit différent, une éthique différente, et, dans certains cas (hors d'Europe), des cultes différents, tout cela dans un ensemble ordonné complémentaire et harmonieux, car l'idéal était que chacun exercât une fonction correspondant à sa nature. 

                Or, le spectacle que nous offre le développement de l'histoire est celui d'une régression du type de société et des intérêts prédominants de l'un à l'autre des plans qui définissaient ces classes fonctionnelles. En effet, pour l'Occident, l'époque des sociétés dominées par les représentants d'une autorité spirituelle (l'expression de "théocratie" est toutefois assez vide et stéréotypée) remonte presque à la préhistoire et au mythe, les derniers prolongements de ces sociétés sont les "monarchies de droit divin". On descend donc d'un niveau et on arrive à une société dominées par l'aristocratie guerrière, dont les idéaux sont désormais l'honneur, la fidélité, l'éthique virile, plutôt qu'une sacralisation générale de l'existence (comme au premier stade). C'est le cycle des grandes dynasties européennes. Nouvelle descente : avec les révolutions, principalement avec la révolution française, avec la première ère industrielle et le capitalisme, on assiste à l'avènement du tiers Etat en tant que ploutocratie ; il n'y a plus de rois de l'esprit ou du sang, mais des rois du charbon, de l'acier, de la finance. Avec la troisième Internationale, le marxisme et le communisme, on descend au dernier degré de l'ancienne hiérarchie traditionnelle, c'est le début de l'avènement du "quatrième état" comme classe laborieuse et demos collectivisé, avènement préparé par la démocratie et par les diverses tendances "sociales". 

                Corrélativement, l'idéal est désormais celui de la dernière caste, le travail. C'est le quatrième Etat qui lutte actuellement pour la domination du monde et revendique l'avenir devant ce qui reste de l'hégémonie (stigmatisée comme "impérialisme") du "tiers Etat", représentant de la société "bourgeoise", capitaliste et ploutocratique. 

                C'est ainsi que se présente, du point de vue d'une historiographie de Droite, le "sens", c'est-à-dire la direction de marche, de l'histoire, au-delà des contingences. C'est une régression qui, à l'évidence, ne concerne pas seulement les articulations sociales, mais qui s'accompagne du passage d'une vision du monde et de la vie à un autre. Il s'agit d'un effondrement. Le sommet s'abaisse, la base s'élargit, jusqu'au nivellement et à la domination du collectif, sous des formes organisées et totalitaires (comme dans les Etats marxistes), mais aussi sous des formes spontanées en marge de la technocratie. 

                Maintenant, il serait à se demander si le mouvement s'arrête au quatrième Etat, s'il n'existerait pas des signes de l'émergence d'un "cinquième Etat". Un tel "Etat" n'a pas son pendant dans la hiérarchie traditionnelle ; il ne peut être rapporté qu'à une sorte de sous-sol, aux éléments informes, déchaînés, et, en quelque sorte, infra-humains, qui étaient endigués dans les ordres traditionnels, dans lesquels ils subsistaient à l'état latent. Mais, quand les digues sont rompues, ce substrat peut émerger dangereusement à la limite des formes régressives de la dernière phase, la quatrième. Die herraufkunft des fünften Standes (l'avènement du cinquième Etat), c'est précisément le titre d'un livre qu'avait publié H.Berl, dans l'entre-deux-guerres. Bien qu'il soit écrit avec exaltation (l'auteur était dans un sanatorium et se dit "attaqué par la fièvre" à chaque page), il ne manque pas d'idées attestant une sorte de clairvoyance hallucinée. Depuis lors, les symptômes sur lesquels Berl avait attiré l'attention, symptômes sporadiques du début de l'émergence d'un "Cinquième Etat" par les fissures du "système" existant ( il songeait au gangstérisme américain et particulièrement à certains aspects "démoniques" du bolchevisme), se sont multipliés, et c'est pourquoi sa thèse pourrait même fournir un fil conducteur pour interpréter divers phénomènes qui vont se généralisant. 

               Sous ce rapport, il ne faut pas se référer au monde des nations déjà marxisées, où les contrôles   totalitaires préviennent dans une large mesure des explosions de ce genre. L'exception pourrait éventuellement être la Chine des gardes rouges maoïstes, où l'on voudrait perpétuer ce climat des phases frénétiques de toute révolution dans lequel il y a effectivement un affleurement en quelque sorte "démonique" des forces inférieures (J. De Maistre a écrit des pages classiques là-dessus). Il faudrait plutôt se référence à ces pays occidentaux où les contrôles se sont relâchés, le principe d'autorité est nié et, parallèlement, le phénomène de la délinquance et de la violence prend des dimensions préoccupantes. De plus, il faut envisager les aspects importants des "contestations" qui se développent insidieusement, quand elles ont le caractère d'un déchaînement anarchique et d'une furie destructrice. 

                En effet, nous considérons que ceux qui cherchent des alibis aux aspects prédominants de ce qu'on appelle la "contestations globale" se méprennent, car ce qui est essentiel, ce n'est pas de dire "non" à tel ou tel des aspects de la société moderne (plus ou moins celle du "tiers Etat", par exemple, comme "société de consommation"), mais de savoir au nom de quoi on dit "non" et on se révolte. Qu'une grande partie de ce mouvement contestataire soit instrumentalisée par la subversion marxiste, c'est là ce qui est évident ; plus ou moins directement, ce sont les vieux thèmes de la politique sociale anticapitaliste marxiste qui servent d'éventuelle justification. Quant au type de l'"anarchiste de Droite", c'est-à-dire celui qui dit "non" à la "société technocratique de consommation", au "système" et à tout le reste, au nom de la conception hiérarchique, articulée et qualitative de la société dont nous avons parlé plus haut, en la reformulant d'une manière adéquate, il n'existe presque pas. Il s'agit beaucoup plus souvent, au contraire, de manifestations d'un anarchisme sans bannière, chaotique, sauvage, pour lequel tout le reste n'est qu'un prétexte. Dans ce cas, on pourrait parler d'un réveil et d'une émergence du sous-sol informe, rebelle, destructif, encore plus inférieur que le "quatrième Etat" : ce qui favorise cette émergence, c'est le fait qu'un cycle se clôt conformément au "sens de l'histoire" (le vrai), et que la vie a perdu toute véritable signification. 

                Si sommaires qu'ils soient, ces points de repère peuvent peut-être offrir un intérêt pour celui qui veut étudier sans peur dans le beau monde où nous vivons.

    Julius Evola http://agedefer.over-blog.net

     

  • Réflexions sur la Révolution de Charles Maurras

    Lorsque Charles Maurras se lance dans la vie publique et commence à mûrir sa pensée politique, cela fait juste cent ans que la Révolution a éclaté. En 1889, il atteint vingt et un ans, il vote pour la première fois, et c'est pour un candidat boulangiste, le juif Alfred Naquet !
    Au cours du siècle écoulé, la critique de la Révolution a été faite par les penseurs les plus divers. Les uns, Joseph de Maistre, Louis de Bonald, se placent d'un point de vue principalement religieux, et opposent les vérités de la Foi à la "Raison" déifiée par les révolutionnaires. D'autres adoptent un point de vue positiviste, tels Auguste Comte et Ernest Renan. D'autres encore, comme le sociologue Frédéric Le Play et l'historien Hippolyte Taine, s'attachent empiriquement à analyser les faits, leurs causes et les conséquences
    La synthèse
    Charles Maurras réalise la synthèse de ces divers courants. Il écarte les préoccupations métaphysiques. Son souci est de trouver une base d'accord entre tous les Français sur un événement – la Révolution – qui a engendré de profondes divisions dans le pays. Maurras adopte la méthode de Taine qui, le premier, a étudié la Révolution d'une façon scientifique.
    La pensée de Maurras sur la Révolution est particulièrement développée dans ses Réflexions sur la Révolution de 1789 parues en 1948 aux Éditions des Îles d'Or. Chez le même éditeur Maurras a publié un autre ouvrage très dense, L'Ordre et le Désordre, les idées positives et la Révolution, dont cette rubrique a déjà traité (cf. A.F. 2000 du 28 juillet 2005).
    Recherchant les causes de la Révolution, Maurras dénonce le mouvement des "Lumières" qui s'est développé au cours du XVIIIe siècle et qui a gagné progressivement toutes les élites de la société d'Ancien Régime. Il dénonce les « idées suisses » développées par « le misérable Rousseau ». Il observe au XVIIIe siècle une défaillance de l'intelligence française qui rejette alors les traditions, les valeurs qui font la force des sociétés et qui vont être balayées par un individualisme sans frein, ferment d'anarchie.
    La défaillance de l'autorité
    Les hommes du XVIIIe siècle ont été grisés par les progrès des connaissances et se sont laissés emporter par leur orgueil en envoyant promener les cadres intellectuels qui avaient jusqu'alors gouverné la pensée.
    Maurras souligne le rôle de la franc-maçonnerie et celui des sociétés de pensée, ce dernier mis en lumière par Augustin Cochin (cf. L'A.F. 2000 du 3 février 2005). Il ne sous-estime pas non plus le rôle de l'Angleterre et des agitateurs à sa solde.
    Cependant, il s'attache surtout à analyser le comportement de l'autorité face à cette entreprise subversive. Cette autorité a été défaillante. Louis XVI était lucide et plein de bonne volonté, mais il n'a pas fait son métier de Roi. Il était en effet contaminé par les idées nouvelles. Face à la subversion, il ne faut pas hésiter à user de la force, même si l'on doit faire quelques victimes. En saisissant les occasions favorables pour faire preuve d'énergie – elles se sont présentées – Louis XVI aurait sauvé et la France et son trône.
    Ainsi, si la Révolution l'a emporté, « la cause fut intellectuelle et morale. L'anarchie triompha parce qu'elle était convaincue qu'elle était le vrai, le juste, le beau ; l'autorité tomba parce qu'elle professait sur l'anarchie les opinions de l'anarchie... »
    À la décharge de Louis XVI, on peut avancer que le malheureux roi – dont Maurras célèbre les éminentes qualités morales – n'a guère trouvé de soutien autour de lui. Il a été trahi de toutes parts. Les idées nouvelles avaient pénétré l'esprit de la plupart des élites et il n'existait pas – en dehors de quelques écrivains – de courant intellectuel sur lequel le Roi eût pu s'appuyer.
    Maurras montre, après Taine, qu'il y a un enchaînement logique dans les différentes phases de la Révolution et il revient souvent sur cette idée. Un engrenage a entraîné la France, en l'espace de dix ans, de 1789 à 1799, de l'anarchie libérale au despotisme napoléonien, en passant par la Terreur. « De l'individualisme absolu à l'État absolu, la chaîne est logique », écrit-il. Au nom d'une liberté abstraite et de la souveraineté de l'individu, l'État révolutionnaire va combattre les libertés concrètes. Il veut en effet créer un homme nouveau, une nouvelle société à base d'individualisme. Il en viendra ainsi à vouloir exterminer tous ceux qui restent marqués par l'ordre ancien, et même ceux qui n'en sont que suspects.
    Des "patriotes" cosmopolites
    Maurras passe en revue les principaux événements de la période 1789-1791 et leur donne leur signification profonde : le vote du 23 juin instituant le vote par tête au lieu de la tradition du vote par groupes : la représentation populaire change alors de nature. Le 14 juillet, en abattant la Bastille on a abattu les défenses de l'État, sans pour autant supprimer l'arbitraire. La folle nuit du 4 août s’est déroulée aux dépens du tiers-état, plus encore que de la noblesse et du haut-clergé par suite de la disparition des libertés collectives. La perte des libertés professionnelles a entraîné le règne de l'or et l'oppression des ouvriers. Le 26 août, la Déclaration des Droits de l'Homme fut l'affirmation d'un « droit divin de l'individu ».
    Maurras critique aussi la conception que les jacobins ont du patriotisme. Pour eux, l'appartenance à la patrie repose sur la seule volonté des citoyens ; elle tend ainsi à se confondre avec l'adhésion à une idéologie. La Révolution était au fond cosmopolite.
    Maurras tire en fin de compte un bilan largement négatif de la Révolution. Elle a conduit à la guerre civile et à vingt-trois ans de guerre étrangère qui ont saigné le pays. Dans l'ordre politique et moral, elle a été désastreuse. Les idées révolutionnaires imprègnent encore l'enseignement, les grands médias et la législation. Elles ont pénétré chez beaucoup de gens de "droite" qui n'osent les combattre. Mais pour Maurras « toutes les espérances flottent sur le navire d'une contrerévolution » (Pour un jeune Français).
    Pierre PUJO L’Action Française 2000 du 6 au 19 octobre 2005
    * Éd. des Îles d'or, 1948

  • Édito : Le Printemps avec Jeanne

     

    Le mardi 23 avril 2013, le pays légal, contre le pays réel, a dissocié le mariage légal du mariage réel. A légalisé une parodie, qui restera une parodie en dépit du vote du parlement, en dépit de la décision du Conseil constitutionnel, en dépit de l’écharpe ministérielle des maires qui s’y livreront.

     

    Même s’ils peuvent officiellement proclamer un mensonge, il n’est en effet dans le pouvoir d’aucun parlement ni d’aucune cour suprême ni d’aucun maire de changer la nature des choses et le sens des mots. Tous les régimes totalitaires s’y sont essayé et ont paru, dans un premier temps, y réussir. Mais la force bienfaitrice de la vérité a toujours fini par reprendre le dessus. Il en a été ainsi des mensonges communiste et national-socialiste. Il en sera de même du mensonge libéral-libertaire, qui a surgi en mai 68 avant d’infester progressivement toute la classe politique. Le PS et l’UMP, en tant qu’appareils – demeurent quelques individualités respectables –, sont sur la même longueur d’onde. C’est pourquoi une UMP victorieuse ne reviendra jamais sur le texte — Copé et Fillon ont déjà prévenu.

    Triste premier anniversaire pour la France, donc, que celui de l’élection de François Hollande. Non que nous fassions au président de la république le reproche de n’avoir pas su résoudre en douze mois les graves difficultés auxquelles le pays est confronté depuis des décennies. Même s’il l’avait voulu, il ne l’aurait pas pu. Non, ce que nous lui reprochons, c’est d’avoir aggravé ces difficultés. Et de l’avoir fait délibérément, en poursuivant sur tous les plans, par soumission à l’idéologie mondialiste, la politique libérale-libertaire de son prédécesseur, dont la logique conduit à la mort de la nation et à la dissolution de la société. C’est, enfin, de tout oser, avec un cynisme qui dépasse l’entendement.

    Ainsi, le lendemain même de l’adoption par l’Assemblée nationale du « mariage pour tous », il a, dans un courte déclaration, osé appeler les Français à « l’apaisement » lui qui, depuis plusieurs mois, n’a cessé de les diviser pour complaire à un lobby ultra-minoritaire aux desseins hégémoniques. Il a osé leur demander de « se concentrer sur l’essentiel », lui qui, la veille, avait fait adopter une loi qui s’attaque à la cellule de base de la société. Il a osé invoquer un « ordre républicain » compatible avec le droit de manifester, lui qui a couvert et continue de couvrir de sa « haute » autorité mensonges d’Etat et violences policières. Il ose ainsi diviser et jouer l’homme du rassemblement ; se soumettre aux caprices délirants de ses commanditaires et enjoindre les Français de se consacrer désormais au relèvement du pays ; en appeler aux sacro-saints principes républicains et transformer Paris en un vaste commissariat de police pour manifestants pacifiques, sous les applaudissements des anciens combattants de Mai-68, devenus, à l’âge de l’incontinence, les soutiens inconditionnels des CRS après les avoir jadis qualifiés de SS ! Si bien que, à la demande du député italien Luca Volontè, la France — une humiliation qu’elle doit à Hollande — est sommée de répondre devant le Conseil de l’Europe des graves violations des droits de l’homme commises à l’encontre des défenseurs de la famille par les forces du désordre républicain qui, sous l’autorité de Manuel Valls, ont agi en véritables barbouzes, agressant volontiers des femmes et des jeunes filles, Belkacem, ministre déléguée au droits des femmes se rendant, par son silence, complice de ces exactions.

    Pourtant, le seul bilan économique, politique et social de cette première année suffirait déjà à condamner le pouvoir. Face à l’aggravation du chômage, des déficits et de la désindustrialisation (Florange ou Aulnay-sous-Bois n’étant malheureusement que des exemples particulièrement criants), face à celle, consentie ou voulue, de l’insécurité et de l’immigration, la gauche ne répond que par des rodomontades contre-productives à l’égard d’une Allemagne arrogante sans se donner les moyens de ses (fausses) ambitions affichées : la relance de la croissance. Ces moyens, pourtant, on les connaît : ils sont avant tout politiques — une renégociation des traités européens, en vue notamment de mieux protéger les frontières de l’UE —, monétaires — une remise en cause de la politique de la BCE : 12, 1% de chômeurs dans la zone euro, un record ! — et diplomatiques — porter la parole des pays soumis aux diktats berlinois. L’UMP condamne la germanophobie supposée du PS, mais c’est pour de mauvaises raisons : une soumission de principe à la collaboration franco-allemande hors de laquelle il n’y aurait point de salut. Or rien dans la politique du gouvernement ne vient démentir cette soumission de principe, bien au contraire. Les critiques à l’égard de l’Allemagne sont à usage interne et Angela Merkel le sait. Le pouvoir socialiste est entièrement solidaire de la politique allemande, comme l’a montré la récente affaire chypriote. Loin de chercher à se donner les moyens de remettre en cause à plus ou moins long terme l’hégémonie allemande sur l’Europe, il tourne le dos à toute politique ayant pour visée l’indépendance de la France, grâce à une sortie, là aussi à plus ou moins long terme, de la prison bruxelloise, dont Berlin est devenu le geôlier.

    Quant aux menaces pesant sur la défense, la parution, lundi 29 avril, du Livre blanc les confirme. Hollande poursuivant la politique désastreuse de Sarkozy, l’armée perdra encore 24 000 postes entre 2016 et 2019 ! Certains esprits niais se réjouissent du ralentissement de l’hémorragie alors qu’il faudrait l’arrêter pour redonner à notre armée les moyens de ses ambitions, qui sont tout simplement celles d’une nation libre ! Cela supposerait évidemment des choix budgétaires moins démagogiques — un audit, par exemple, de l’éducation nationale, premier poste budgétaire, s’impose — et plus économes — l’Europe nous coûte cher tant en dépenses directes qu’en impact des choix de Bruxelles et de Francfort. Quant à la politique étrangère de Hollande, contraint, par sa propre indécision, d’intervenir au Mali aussi tardivement que dans la précipitation, le pouvoir ne remet par ailleurs nullement en cause sa soumission atlantiste, comme le montre la confirmation de notre ancrage dans l’OTAN ou la politique d’idiot utile des Etats-Unis que mène, après Sarkozy en Libye, Hollande en Syrie... Un atlantisme qui se confirme aussi sur le plan de la langue, avec la remise en cause de l’ordonnance de Villers-Cotterêts et la violation de la Constitution, que serait l’adoption du projet de loi Fioraso, qui ferait de l’anglais, à égalité avec le français, la langue de l’enseignement supérieur en France. On peut d’ores et déjà être certain que l’UMP approuvera ce passage au tout-anglais — l’anglais, c’est « moderne » —, qu’elle appelle de ses vœux depuis des années. N’oublions pas non plus de mentionner la suppression du Capes de lettres classiques qui traduit la haine des socialistes pour la culture et nos racines.

    Le régime des partis continue ainsi de dissoudre la France. Certes, comme l’ont montré les manifestations des six derniers mois, les Français sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à zapper les partis. Non plus à marcher à leurs côtés, mais à passer à côté d’eux. Avant, demain, espérons-le, de se passer d’eux. Nous ignorons, pour l’heure, si Mai-68 aura le quarante-cinquième anniversaire qu’il mérite : un Mai-2013 plein d’espérance, dont le symbole est cette petite fille que Péguy a su si bien nous dépeindre. Une petite fille non pas achetée en kit en Belgique mais née d’un père et d’une mère.

    En attendant, c’est une jeune fille, Jeanne d’Arc, qui nous réunira les 11 et 12 mai prochains, à Paris. Pour la renaissance de la France.

    François Marcilhac - L’AF n° 2862

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  • 7 août 1946 : mieux que Robespierre

    Le 7 août 1946 est publié au Journal officiel le discours de Pierre-Henri Teitgen, garde des Sceaux, qui, évoquant l'épuration en cours, a déclaré à la Chambre : « Vous pensez sans doute que par rapport à Robespierre, Danton et d'autres, le garde des Sceaux qui est devant vous est un enfant. Eh bien, si l'on en juge par les chiffres, ce sont eux qui furent des enfants ! » Cette vaniteuse revendication est destinée, dans l'esprit de celui qui la fait, à réaffirmer sans ambiguïté sa détermination : il faut éliminer, physiquement et moralement, les nationalistes. Le démocrate-chrétien Pierre-Henri Teitgen poursuit en effet ceux-ci de sa haine depuis toujours. Il a tout fait dans le cadre du mouvement de résistance de Combat, pour éliminer, contrairement au fondateur de Combat, Henri Frenay, toute référence nationale dans les thèmes de propagande diffusés par la résistance. Son itinéraire comporte, à vrai dire, des zones d'ombre. Arrêté par la police allemande le 6 juin 1944, il a réussi à s'échapper dans des circonstances demeurées mystérieuses. C'est peut-être une raison supplémentaire pour afficher un fanatisme répressif sans faille contre les vaincus de 1944/1945.
    Elu député MRP d'Ille-et-Vilaine aux deux Assemblées nationales constituantes (1945/1946), Teitgen est devenu ministre de la Justice et donc, à ce titre, chargé de couvrir de l'autorité de l'Etat les exactions en tous genres commises par les épurateurs lancés à la chasse aux « fascistes » (étiquette commode adoptée, sous la pression communiste, pour, désigner à la vindicte publique les nationaux et nationalistes de toutes nuances.)
    L'épuration a été programmée dès 1943, à Alger, par le Comité français de libération nationale dont de Gaulle a pris le contrôle, après avoir évincé Giraud (pourtant l'artisan de la libération de la Tunisie). Le 21 octobre, une ordonnance organise la future répression contre tous ceux qui, de près ou de loin, ont servi ou simplement approuvé l'Etat français du maréchal Pétain. Des juridictions exceptionnelles sont mises en place, en juin et juillet 1944, par le commissariat à la justice du gouvernement provisoire, sous la direction du MRP François de Menton : cours de justice, dans le cadre des départements, chambres civiques et Haute Cour (pour le « gros gibier »). Ces juridictions, représentant une épuration officielle n'entrent, en fait, en fonction qu'en octobre 1944. Ce qui a laissé de longues semaines à une épuration sauvage : une « justice populaire » autoproclamée a constitué des « cours martiales » et « tribunaux militaires » qui décrètent des dizaines de milliers de condamnations et font procéder, en toute impunité, à des exécutions en dehors des normes de la plus élémentaires légalité. Il faut y ajouter les exécutions sommaires, c'est-à-dire les assassinats, perpétrés par des éléments «incontrôlés», couverts par les Comités départementaux de la libération. Ceux-ci ont pour mission officielle  « l'anéantissement des agents de l'ennemi ». Une formule qui ouvre la voie aux interprétations les plus sanguinaires.
    Entre le 26 août et le 1er octobre 1944 il y eut 600 000 à 700 000 personnes arrêtées sans mandat et incarcérées, dans des conditions souvent ignobles. Et il y a tous ceux dont les restes gisent encore en des lieux anonymes. L'oubli ? Le pardon ? Ni l'un ni l'autre.
    P V National hebdo du 3 au 9 août 1995

  • L'empire lance une nouvelle attaque contre la diversité culturelle

    Il s’agit de la négociation demandée à l’Union européenne (UE) par les Etats-Unis d’Amérique (EU) d’un accord bilatéral de libre échange.

    Derrière cet intitulé apparemment anodin, se cache la volonté de l’empire, d’assurer la domination sans partage de ses industries culturelles, notamment cinématographiques de ses Majors, par la soumission de l’UE aux règles de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) qui n’admettent pas l’exception culturelle.

    Si les Etats-Unis obtenaient entière satisfaction, ils auraient enfin leur revanche triomphale sur la France, le Québec, l’OIF, principaux promoteurs de la convention UNESCO du 20 octobre 2005.

    Convention bête noire des Etats-Unis, contre laquelle ils avaient été les seuls, avec leur indéfectible allié Israël, à voter.

    Convention contre laquelle ils ont continué à lutter avec acharnement - par accords bilatéraux de libre échange imposés à des Etats faibles signataires de ladite convention UNESCO (Maroc, Cambodge, et plusieurs autres...) pour effacer leur grave défaite diplomatique et promouvoir leurs énormes intérêts financiers en ce domaine.

    Si l’UE acceptait les conditions états-uniennes, c’est la France qui souffrirait le plus gravement de cette soumission, car elle a toujours su jusqu’à ce jour exempter de ces règles impériales ses propres industries culturelles, notamment la belle vitalité de sa création et de sa distribution cinématographiques, d’autant plus gênante pour les Majors que les protections et subventions françaises contribuent, par les coproductions, à tenir la tête hors de l’eau des cinémas européens, africains, et autres, qui n’ont pas su protéger leur cinéma de la domination des Etats-Unis.

    Malheureusement, les Etats européens membres de l’UE ont délégué à celle-ci, à la Commission de Bruxelles, leurs pouvoirs de négociation avec l’OMC et avec les Etas-Unis en matière d’accords touchant au dogme intangible de la concurrence libre et non faussée. La négociation au nom des Etats européens est donc menée par le "Commissaire européen" compétent, actuellement M. Karel de Gucht. Or, dans leur grande majorité, les Etats européens ont déjà renoncé à vraiment protéger leurs industries culturelles, ou sont prêts à le faire pour obtenir un accès plus large de leurs produits au marché états-unien dans les autres domaines. La France en est donc hélas réduite à faire le siège de partenaires européens a priori mal disposés, et de ce Commissaire qui adhère pleinement à l’idéologie dominante, et dont le pouvoir de négociation et de conviction sera faible en ce qui concerne la défense de l’ex-"exception cultuelle française".

    La France elle-même est divisée sur ce sujet, et nos gouvernements, depuis quelques années, ne sont pas a priori hostiles à l’empire anglo-saxon ni à son relais bruxellois. Heureusement, le monde culturel français semble se mobiliser et exercer les pressions nécessaires. La résolution jointe du Sénat en est la première manifestation officielle. Cette démarche ne peut que recueillir le soutien très actif de nos associations de promotion du français et de la Francophonie.

    Albert Salon - Avenir de la Langue Française

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  • Les Fêtes celtiques et les trois fonctions

    Nous prendrons pour point de départ les quatre fêtes canoniques irlandaises telles qu’elles sont énumérées et décrites dans les textes médiévaux :

    Samain (« réunion, assemblée ») au premier novembre ;
    Imbolc (« lustration ») au premier février ;
    Beltaine (« feu de Bel ») au premier mai ;
    Lugnasad (« réunion de Lug ») au premier août.

    Il importe de remarquer que ces quatre fêtes ne portent pas d’autre nom, que leur nom est limité à l’Irlande sans être transposable à une quelconque fête continentale et qu’il n’y a aucun terme spécialisé en irlandais pour désigner la « fête » proprement dite. Le terme usuel, irlandais féil, gallois gwyl, breton gouel, est un emprunt au latin vigilia et ne sert à désigner que la fête d’un saint dans le calendrier liturgique chrétien. Pour les fêtes profanes, il faut se contenter de l’irlandais feasta et du breton fest (qui sont des emprunts, direct ou indirect, par l’intermédiaire de l’anglais, au vieux français feste). Le gallois a un autre mot : gwledd « banquet ».

     Nous vous renvoyons, quant à la description générale, à tout ce qui a été dit dans Les Druides (éd. 1986, p. 231-262) et dans La Civilisation celtique (éd. 1990, p. 160-163) et dans Les fêtes celtiques (éd. 1995). La répétition serait superflue. Mais nous insisterons ici sur l’aspect trifonctionnel des quatre fêtes celtiques lequel est très clairement implicite.

    Samain, au 1er novembre, marque le début de la saison sombre, clôt la période d’activité militaire et marque le début de l’année. C’est la fête collective de toute l’Irlande puisque la présence de chacun est obligatoire sous peine de mort ou de sanction grave. Elle est l’occasion de cérémonies religieuses et officielles mais le principal moment en est un banquet auquel participent toutes les classes de la société. N’appartenant, ni à l’année qui se termine ni à celle qui commence, Samain est en dehors du temps chronologique et se situe de ce fait dans le mythe, sans idée de durée, c’est-à-dire en réalité dans l’éternité: des événements mythiques se produisent sans interruption ni discontinuité d’une Samain à l’autre, ce qui explique que les gens du sid puissent intervenir dans les affaires humaines ou laisser des hommes pénétrer dans le sid, voire les y inviter ou les y emmener. Avec la participation des druides, de la flaith ou noblesse guerrière et des gens du peuple, la fête est explicitement totale et trifonctionnelle. Elle a été remplacée dans le calendrier chrétien par la Toussaint et la fête des morts. C’est la seule fête celtique dont nous ayons la dénomination gauloise correspondante: Samonios dans le calendrier de Coligny. Le sens étymologique du nom est « réunion ».

    Imbolc est, au 1er février, en dépit de tentatives étymologiques aberrantes, la fête de la « lustration » après toutes les souillures de l’hiver. Elle est très peu attestée dans les textes parce qu’elle a pratiquement disparu pour être remplacée par l’immense folklore de sainte Brigit, comprise en cette occurrence comme l’accoucheuse de la Vierge. Elle correspond aux Lupercales latines ou fêtes de février. C’est typiquement la fête de la troisième fonction productrice et artisanale. 

    Beltaine « feu de Bel » est, au 1er mai, la fête du feu et des maîtres du feu et des éléments atmosphériques, les druides. Fête sacerdotale par excellence, elle indique le début de la saison claire et aussi le commencement de l’activité guerrière. Il n’y a pas d’équivalence continentale attestée mais, dans toute l’Europe, y compris l’ancien domaine celtique, le folklore de mai est immense et varié. C’est surtout celui qui a été le plus difficilement christianisé.

    Lugnasad ou «assemblée de Lug» est, au 1er août, la fête royale par définition intrinsèque, en particulier celle du roi régulateur et « centre » de la société humaine. Cela explique les jeux, les concours de poésie et les assemblées de toutes sortes qui en marquent le déroulement. Mais le roi est toujours et en toutes circonstances, en tant que détenteur du pouvoir politique, le représentant le plus éminent de la classe guerrière. Le folklore a fait de Lugnasad une fête agraire à cause de sa position dans le calendrier mais c’est un glissement tardif et l’attribution à Lug de la fête résulte de sa position centrale dans le calendrier. L’équivalent gaulois, récupéré par la politique romaine du début de l’Empire, porte le nom latin de Concilium Galliarum ou « assemblée des Gaules ». 

    Ces quatre fêtes ont en commun d’être décalées de quarante à quarante-cinq jours sur la date calendaire normale. Deux d’entre elles, Samain et Belteine, comportent des sacrifices et des cérémonies religieuses en même temps que des assemblées administratives et politiques. Elles ont toutes survécu et laissé des traces importantes dans le folklore irlandais. Samain a été récupérée par l’Église pour la fête des morts et de la Toussaint, cependant que le folklore de mai est resté très important dans toute l’Europe occidentale.

    Pour aller plus loin :

    1

    • Christian-J. Guyonvarc’h et Françoise Le Roux, Les fêtes celtiques, Ouest France, 1995

    2

    • Philippe Walter, Mythologies chrétiennes, Imago, 2003.

    Cattos  http://www.propagandes.info
     Source :  http://lecheminsouslesbuis.wordpress.com

  • Le chemin vers le « mariage » des homosexuels a été pavé par Rousseau

    Ie partie : La philosophie grecque et le réalisme d'Aristote 

    Un remarquable article sur les questions philosophiques qui sous-tendent l’affaire du « mariage » des couples de même sexe vient d’être publié par le site australien MercatorNet. Son auteur est Robert R. Reilly, ancien membre de l’administration de Reagan, spécialiste des affaires internationales et de l’islam. La deuxième partie sera mise en ligne la semaine prochaine.
    Il s’agit de comprendre, en effet, ce qui sépare fondamentalement les partisans et les adversaires du « mariage pour tous », et de préciser les notions de nature et de « contre-nature » de manière à mieux aborder les débats, les conflits et pire qui vont se multiplier dans les mois qui viennent.

    Cette première partie aborde la philosophie classique et réaliste. La deuxième montrera comment Rousseau – et les « Lumières » – ont modifié le sens du mot nature. – J.S.

    Inéluctablement, le problème des droits « gay » dépasse largement la question des pratiques sexuelles. Il s’agit, comme l’a proclamé la militante homosexuelle Paula Ettelbrick, de « transformer le tissu même de la société (…) et de réaménager de manière radicale la manière dont la société considère la réalité ».
    Etant donné que notre perception de la réalité est en jeu dans ce combat, la question suivante se pose inévitablement : quelle est la nature de cette réalité ? Est-elle bonne pour nous, en tant qu’êtres humains ? Correspond-elle à notre nature ? Chaque partie dans ce débat prétend que ce qu’elle défend ou propose correspond à la nature.
    Les adversaires du mariage des couples de même sexe disent qu’il est contre-nature ; ses partisans affirment qu’il est « naturel » et que donc ils y ont « droit ». Mais les réalités visées par chaque camp ne sont pas seulement différentes, mais opposées : chacune est la négation de l’autre. Que signifie véritablement le mot « nature » dans ce contexte ? Les mots peuvent être les mêmes, mais leurs significations sont directement contradictoires, selon leur contexte. Il est donc d’une importance vitale de comprendre les contextes plus larges où ils sont utilisés, et les visions plus larges de la réalité dont ils font partie, puisque le statut et la signification du mot « nature » seront décisifs pour la suite.
    Revoyons donc brièvement comment la loi naturelle voit la « nature » et les distinctions qu’une vue objective de la réalité nous permet de faire par rapport à notre existence en général et à la sexualité en particulier. Le point de départ doit être que la nature est ce qui est, indépendamment de ce que quiconque désire ou abhorre. Nous en faisons partie, et nous y sommes assujettis. Elle ne nous est pas assujettie. Ainsi nous verrons comment, une fois le statut objectif de la nature perdu ou renié, nous perdons la capacité de posséder une quelconque véritable connaissance de nous-mêmes et de la manière dont nous devons être en relation avec le monde. Cette discussion pourra sembler parfois un peu décalée par rapport aux questions qui nous préoccupent directement, mais elle ne l’est pas. Elle en est le cœur et l’âme. Sans elle, le reste de notre discussion n’est plus qu’une bataille d’opinions.
    L’ordre de l’univers – les lois de la nature d’Aristote
    Il existe deux anthropologies de base, profondément différentes, derrière les visions de l’homme en compétition au cœur du conflit sur le mariage des homosexuels. Pour comprendre la notion originelle de « nature », nous nous tournerons vers ceux qui ont commencé à employer le terme dans la Grèce classique, et plus spécialement Platon et Aristote. Pour présenter l’antithèse de cette manière de comprendre les choses, nous nous tournerons ensuite vers Jean-Jacques Rousseau, qui a vidé – éviscéré – le mot de son sens traditionnel au XVIIIe siècle et lui a donné sa connotation moderne. L’anthropologie plus ancienne est aristotélicienne, qui affirme que l’homme est par nature un animal politique dont l’unité de base sociétale est la famille. La plus récente est rousseauiste, qui affirme que l’homme n’est pas un animal politique et que la société, quelle qu’en soit la forme, lui est fondamentalement étrangère. Ces deux anthropologies disparates présupposent, à leur tour, deux métaphysiques radicalement différentes : l’une est téléologique ; l’autre n’est pas téléologique, ou est anti-téléologique. Une fois de plus, la première trouve ses racines chez Aristote, la seconde chez Rousseau. Ces deux écoles de pensée fournissent des perspectives philosophiques commodes et nécessaires au sein desquelles il est possible de comprendre les utilisations des mots « naturel » et « pas naturel » tels qu’ils sont employés aujourd’hui de manières diverses par les partisans et les adversaires des actes homosexuels et du mariage des homosexuels.
    La découverte de la nature a été d’une très grande portée, s’agissant du premier produit de la philosophie. L’homme a, pour la première fois, déduit l’existence de la nature de l’observation de l’ordre de l’univers. La régularité avec laquelle les choses se produisent ne pouvait pas s’expliquer par une répétition due au hasard. Toute l’activité de la nature semblait guidée par un but, par des fins vers lesquelles les choses doivent se mouvoir. Avant cette découverte, dans le monde ancien pré-philosophique, l’homme était immergé dans des représentations mythologiques du monde, des dieux et de lui-même. Ces récits mythopoétiques ne faisaient pas de distinction entre l’homme et la nature, ou entre la convention et la nature. Un chien remuait la queue car ainsi font les chiens. Les Egyptiens peignaient des couleurs vives sur leurs cercueils car ainsi faisaient les Egyptiens. Il n’y avait aucune manière de faire la différence entre les deux car le mot « nature » n’était pas disponible dans le vocabulaire du monde pré-philosophique.
    Selon Henri Frankfort dans Avant la philosophie, c’est Héraclite qui le premier à saisi que l’univers est un tout intelligible et que, par conséquent, l’homme est capable d’en comprendre l’ordre. Si cela est vrai – et seulement si c’est vrai – la quête de l’homme pour trouver la nature de la réalité devient possible. L’idée même de « nature » devient possible. Comment cela pouvait-il se faire ? Héraclite disait que l’univers est intelligible parce qu’il est gouverné par la « pensée », ou la sagesse, et qu’il en est le produit. S’il est le produit de la pensée, alors on peut le saisir en pensant. Nous pouvons savoir ce qu’il est parce qu’il a été fait par le logos. Nous pouvons avoir des pensées à propos de choses qui sont elles-mêmes le produit de la pensée.
    Pour autant que nous puissions le savoir, Héraclite et Parménide ont été les premiers à utiliser le mot logos pour nommer cette « pensée » ou cette sagesse. Logos signifie évidemment l’intelligence qui est derrière le tout intelligible. C’est le logos qui rend le monde intelligible aux efforts de la philosophie, c’est-à-dire de la raison. Dans Timée, Platon écrit : « Maintenant la vue du jour et de la nuit, et des mois et des révolutions des ans, ont créé le nombre, et nous ont donné une conception du temps, et le pouvoir de chercher la nature de l’univers, et de cette source, nous avons tiré la philosophie, et aucun plus grand bien n’a jamais été donné par les dieux à l’homme mortel, ni ne le sera jamais. » Par la raison, disait Socrate, l’homme peut parvenir à savoir « ce qui est », c’est-à-dire la nature des choses.
    Aristote enseignait que l’essence ou la nature d’une chose est ce qui fait qu’elle est ce qu’elle est, et pourquoi elle n’est pas autre chose. Il ne s’agit pas d’une tautologie. Tandis que le gland se développe pour devenir un chêne, il n’y a aucun moment sur la trajectoire de sa croissance qui le verra se transformer en girafe, ou en autre chose qu’un chêne. Parce qu’il a la nature d’un chêne. En parlant de loi naturelle, en ce qui concerne les choses vivantes, nous voulons désigner le principe du développement qui fait d’une chose ce qu’elle est et, si les conditions idoines sont réunies, ce qu’elle deviendra lorsqu’elle s’accomplit ou atteint sa fin. Pour Aristote, « La nature cherche toujours une fin. » Cet état final est son telos, son but, ou la raison pour laquelle elle existe. Dans la création non-humaine, ce dessein se manifeste soit par l’instinct, soit par la loi physique. Chaque être vivant a un telos vers lequel il se meut à dessein. Chez les plantes ou les animaux, cela n’implique aucune volition consciente de soi. Chez l’homme, si.
    Tout ce qui opère contrairement à ce principe dans une chose ne lui est pas naturel. « Pas naturel », en ce sens, veut dire ce qui agit contre ce qu’une chose deviendrait si elle opérait selon son principe de développement. Par exemple, un gland deviendra un chêne sauf si ses racines sont empoisonnées par une eau très acide. On pourrait dire que l’eau acide n’est « pas naturelle » au chêne, ou contraire à sa « bonté ».
    Le terme « téléologique », appliqué à l’univers, implique que tout a un but, et que ce but est intrinsèque à la structure des choses elles-mêmes. Il y a ce qu’Aristote appelle l’« entéléchie », « avoir sa propre fin à l’intérieur de soi-même ». Le but de la chose lui est intrinsèque. Ces lois de la nature ne sont alors pas l’imposition de l’ordre depuis l’extérieur par un commandant en chef, mais une expression de l’ordre qui vient depuis l’essence même des choses, qui ont leur propre intégrité. Cela signifie également que le monde est compréhensible parce qu’il opère sur une base rationnelle.
    C’est par leurs natures que nous pouvons savoir ce que sont les choses. Autrement, nous n’en connaîtrions que des spécificités, sans pouvoir reconnaître les choses selon leur genre et leur espèce. En d’autres termes, nous aurions seulement l’expérience de ce morceau de bois-ci (un arbre), par opposition à ce morceau de bois-là (un autre arbre), mais nous ne connaîtrions pas le mot « arbre » ni même le mot « bois » parce que nous ne connaîtrions l’essence ni de l’un, ni de l’autre. En fait, nous ne connaîtrions rien.
    La nature est aussi ce qui permet à une personne de reconnaître une autre personne en tant qu’être humain. Que signifie la nature humaine ? Elle signifie que les êtres humains sont fondamentalement les mêmes dans leur essence même, qui est immuable et, au plus profond, que l’âme de chaque personne est ordonnée au même bien ou à la même fin transcendants. (Cet acte de reconnaissance est le fondement de la civilisation occidentale. Nous avons toujours, depuis, appelé barbares ceux qui sont soit incapables de voir une autre personne comme un être humain ou qui refusent de le faire.) Aussi bien Socrate qu’Aristote ont dit que les âmes des hommes sont ordonnées au même bien et qu’il existe donc un seul critère de la justice qui transcende les critères politiques de la cité. Il ne doit pas y avoir un critère de la justice pour les Athéniens et un autre pour les Spartiates. Il n’y a qu’une justice et cette justice est au-dessus de l’ordre politique. Elle est la même en tout temps, en tout lieu, pour tous.
    Pour la première fois, c’est la raison qui devient l’arbitre. La raison devient normative. C’est par la raison – et non par les dieux de la cité – que l’homme peut discerner entre le juste et l’injuste, entre mythe et réalité. Agir de manière raisonnable ou faire ce qui est en accord avec la raison devient le critère du comportement moral. On voit l’une des expressions les plus hautes de cette connaissance dans L’Ethique à Nicomaque d’Aristote.
    Comme l’a exprimé un universitaire spécialiste des classiques, Bruce S. Thornton : « Si l’on croit, à l’instar de nombreux philosophes grecs depuis Héraclite, que le cosmos reflète une sorte d’ordre rationnel, alors le mot “naturel” désignerait un comportement conforme à cet ordre. On pourrait alors agir de manière “non naturelle” en se laissant aller à un comportement qui subvertirait cet ordre ainsi que son but. » Se comporter conformément à la nature signifie donc agir de manière rationnelle. De manière concomitante, se comporter de manière non naturelle veut dire agir de manière irrationnelle. Cette notion de la réalité exige le règne de la raison.
    Raison et moralité
    Tout cela concerne l’homme seul parce qu’il est le seul à posséder le libre arbitre. Il peut choisir les moyens pour atteindre sa fin ou choisir de contrarier sa fin en tous points. C’est évidemment pour cela que les lois « morales » ne sont applicables qu’à l’homme. Ces lois morales sont ce que signifie la loi naturelle par rapport à l’homme. Que l’homme puisse défier la loi morale n’amoindrit en rien la certitude que celle-ci continue d’opérer. En réalité, un homme ne viole pas tant la loi que la loi ne le brise s’il la transgresse. Bref, lorsque nous parlons de la nature de l’homme, nous signifions l’ordonnancement de l’être humain vers certaines fins. C’est le fait d’accomplir ces fins qui rend l’homme pleinement humain.
    Quelle est la fin de l’homme ? Dans l’Apologie, Socrate dit qu’un « homme bon à quoi que ce soit… doit seulement considérer si, en faisant quelque chose, il fait bien ou mal – s’il joue le rôle d’un homme bon ou mauvais… ». La République affirme que « l’idée du Bien… ne se perçoit qu’avec effort ; et lorsqu’elle est vue, on en déduit aussi qu’elle est l’auteur universel de toutes choses belles et justes, parent de la lumière et seigneur de la lumière dans ce monde visible, et source de la vérité et de la raison dans le monde intellectuel ». Depuis Socrate, nous avons appelé la fin de l’homme « le bien ». Cette fin porte en elle-même une suggestion de l’immortalité car, comme le dit Diotima dans le Symposium : « L’amour aime que le bien soit possédé pour toujours. Et donc il s’ensuit nécessairement que l’amour est de l’immortalité. »
    Le bien de l’homme, nous dit Aristote, est le bonheur. Cependant le bonheur n’est pas ce que nous en disons, mais seulement cette chose qui, par notre nature, nous rendra véritablement heureux. Puisque la nature de l’homme est fondamentalement rationnelle, le bonheur consistera en la connaissance et en la contemplation du bien ultime. (Ce bien, nous disent les théologiens, est Dieu.) Aristote explique que l’on n’atteint le bonheur qu’à travers des actes vertueux : la répétition des bonnes actions. Les actions sont considérées comme bonnes ou mauvaises, naturelles et pas naturelles, par rapport à l’effet qu’elles produisent sur la progression d’un homme vers sa fin.
    Donc, c’est par la nature que nous en venons à comprendre le bon usage des choses. La très grande importance de cela pour le thème qui nous préoccupe est que, puisque les fins des choses leur sont intrinsèques, l’homme n’a pas le loisir de les inventer, mais seulement de les découvrir par l’usage de sa raison. Il peut alors choisir de conformer son comportement à ces fins par une vie de vertu, ou les contrarier par une vie dans le vice. Il peut choisir de devenir pleinement humain, ou de se déshumaniser. Cependant, s’il fait ce dernier choix, il ne se le présentera pas en ces termes. Comme l’a dit Aristote, il doit percevoir ce qu’il choisit comme bon s’il doit pouvoir le choisir. S’il choisit de se rebeller contre l’ordre des choses, il se présentera ce choix à lui-même non comme favorable au désordre, mais comme favorable à l’ordre – mais un ordre d’une autre sorte. Il va, comme nous l’avons dit, rationaliser : le vice devient la vertu.
    C’est vers la construction de cet autre type d’« ordre », de cette réalité alternative, que nous allons maintenant nous tourner. L’un de ses architectes modernes fut Rousseau.
    Robert R. Reilly
    Suite de cet article la semaine prochaine.
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