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culture et histoire - Page 2008

  • De tout et de rien

    Chauprade
    J’ai lu, avec un peu de retard, sur le site realpolitik.tv, sous le titre « Où vont la Syrie et le Moyen Orient ? », une très intéressante analyse de géopolitique œuvre d’Aymeric Chauprade.
    J’y relève principalement deux idées.
    Tout d’abord Chauprade ne croît pas au peak oil car il est un tenant de « la thèse dite abiotique de l’origine du pétrole, c’est-à-dire que le pétrole n’a pas pour origine la décomposition des dinosaures dans les fosses sédimentaires mais qu’il est un liquide abondant qui coule sous le manteau de la terre, qu’il est fabriqué à des températures et des pressions gigantesques à des profondeurs incroyables, et que par conséquent ce que nous extrayons est ce qui est remonté des profondeurs de la terre par fracturation du manteau. »
    Ensuite, il estime qu’« on ne peut pas exclure qu’Israël se découple de l’Occident pour se rapprocher d’un axe Russie/monde chiite hostile à la Turquie et aux monarchies pétrolières. » Si cela devenait une réalité, tous ceux qui sont sur un axe pro-Israël version néo-cons (style Riposte laïque) se trouveraient floués.

    Svoboda
    Le site Investig’action consacre un intéressant dossier aux élections législatives ukrainiennes et au succès de Svoboda (de 0,36% des voix en 2006, ce parti est passé à un peu plus de 10% en octobre dernier, récoltant 37 sièges sur 450 au Parlement. Cette percée est beaucoup plus forte à l’Ouest, en Galicie, dont les grandes villes votent Svoboda à plus de 30%.).
    Malgré la lourdeur de l’analyse « antifasciste », bien des informations recoupent ce que les NR affirment depuis de nombreuses années concernant Svoboda : il s’agit d’un parti orange-brun avec lequel les partis « démocrates », occidentalistes et libéraux unies au sein de la plateforme d'opposition Batkivchtchina (« Patrie »), dirigée par l'ex-Première ministre Ioulia Timochenko, ont signé un accord sur la formation d'une coalition au sein du parlement ; il s’agit aussi d’un parti anti-eurasiste qui participe au jeu diplomatique des pays occidentaux en Ukraine qui est de faire échec au projet de Poutine de créer une union économique entre la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan et l'Ukraine. Svoboda pouvant servir d’aiguillon à un front de tous les partis d’opposition contre l’actuel président Viktor Ianoukovitch, « marionnette du Kremlin », et pour un « choix européen », c'est-à-dire anti-russe. Le leader de Svoboda vient du reste de confirmer que son choix était « l’Europe ».
    Il convient donc d’affirmer clairement et de bien le faire savoir : Svoboda, dont les dirigeants sont proches de Bruno Gollnisch, n’est pas « des nôtres », tout au contraire, il défend des positions qui font de lui un ennemi géopolitique.
    Une anecdote signifiante pour clore sur ce point, le responsable des relations internationales de ce parti Taras Osaulenko a été récipiendaire d’une bourse de recherches de... l'OTAN ! Tout est dit.

    Pour Noël, je garde mon argent
    J’ai reçu d’une association du nom d’Entraide Solidarité une invitation à soutenir, à l'occasion des fêtes de Noël, « Dix figures de la résistance européenne ».
    L’idée serait excellente, s’il s’agissait vraiment de résistants.
    Or, pour plusieurs d’entre eux, ce n'est absolument pas le cas.
    L’un n’est rien de plus qu’un provocateur, un autre s’est surtout illustré par ses violences contre les nationalistes qui ne partagent pas ses vues et un troisième, du nom de Tommy Robinson, leader de l'English defense league, est bien connu pour l’organisation en Grande-Bretagne de manifestations sous des drapeux qui répouissent les néo-cons mais qui n’ont rien à voir avec l’Europe, ainsi que pour ses affiches qui réussissent le tour de force d’être la fois favorables au multiracialisme et à l’islamophobie.
    Conclusion : je garderai mon argent et je vous conseille de faire de même.

    Pierre Lanoe http://www.voxnr.com

  • 5 décembre : honneur aux soldats, bravo à l’UNC-UNCAFN

     

    5 décembre : honneur aux soldats, bravo à l'UNC-UNCAFN dans Blois guerre-dalgerie50 ans après, les combattants n’ont pas oublié.
    Sous un vent violent qui annonçait la neige, plus de trente drapeaux d’anciens combattants (dont celui du CNC, tenu par Emile Berlu ) étaient présents pour cette belle cérémonie du 5 décembre au monument aux morts de Blois. Une foule nombreuse se pressait autour des vétérans de cette guerre que la gauche veut commémorer le 19 mars et non le 5 décembre.

    Le président de l’Union Nationale des Combattants (UNC), Claude Roullier, a clairement et vigoureusement rappelé que la France a réalisé en Algérie une magnifique pacification avec une œuvre scolaire, sanitaire et culturelle exceptionnelle dans un pays qui n’existait pas avant notre arrivée. Il a insisté sur le refus des Anciens Combattants de la perpétuelle repentance que la gauche mondialiste exige de nos compatriotes qui ont fait leur devoir. Le FLN tuait des familles entières quand la France protégeait nos supplétifs et nos Harkis.
     dans HistoireEnfants massacrés par le FLN. « Oublier les cas individuels » ? Jamais.
    Le Préfet, arrivé en retard mais engoncé dans sa langue de bois, a parlé de l’entente nécessaire avec l’Algérie, de « l’oubli des cas individuels » pour ne penser qu’à l’histoire de nos enfants. Encore un qui a appris son histoire dans les manuels de la FNACA et qui est prêt à battre sa coulpe comme François Hollande.

    Tout est lié, le passé et le présent, le voyage officiel que doit entreprendre le chef de l’Etat en Algérie, les 19 et 20 décembre prochain, s’annonce sous les auspices les plus calamiteux pour la France.
    Après avoir fait acte de repentance voici peu, avec la reconnaissance controversée de la « sanglante répression » qui aurait été commise lors des manifestations parisiennes du 17 octobre 1961, François Hollande s’apprête à offrir à l’Algérie qui n’a rien demandé, les clés de la ville d’Alger remises par le dey Hussein à l’armée française après la capitulation militaire de la ville, le 5 juillet 1830.
    Le Front National sait regarder l’avenir en face mais il ne peut non plus oublier le passé qui conditionne notre présent. Si l’action de la France avait été aussi catastrophique en Algérie, des milliers d’Algériens ne se presseraient pas dans les consulats de France en Algérie pour obtenir des visas Si les banlieues s’islamisent c’est parce que la gauche mondialiste et la droite apatride sont prêtes à remettre les clés de la France à force de repentance et révisionnisme historique.
    Aux côtés de nos Anciens nous saurons nous y opposer.

    Miguel de Peyrecave

    A noter l’absence du député, du maire et du président du Conseil général qui étaient remplacés par des seconds couteaux. La date du 5 décembre ne doit pas leur plaire.

    fn41.unblog.fr

  • Bonne fête de saint Nicolas !

     

    Aujourd’hui, c’est la Saint Nicolas, évêque de Myre (Anatolie du sud-ouest). Un grand saint populaire aussi bien en Occident qu’en Orient, et dont est inspiré le très laïc « Père Noël » qui l’a largement remplacé.
    Les miracles attribués à saint Nicolas sont si nombreux qu’il est le saint patron de nombreuses corporations ou catégories tels que les enfants, les navigateurs, les prisonniers, les avocats, etc. Il est connu pour avoir notamment ressuscité trois enfants tués par un boucher.

    La Saint-Nicolas est une fête principalement tournée vers les enfants. C’est une tradition vivace dans plusieurs pays européens (du Nord et de l’Est). En France c’est surtout au Nord et Nord-Est (en Flandre française, dans les Ardennes, en Franche-Comté, en Alsace où elle est fortement ancrée, et en Lorraine dont saint Nicolas est le saint patron).
    Les traditions diffèrent selon les régions. Un trait commun à ces célébrations est la distribution de cadeaux ou friandises aux enfants par

    un homme déguisé selon une certaine image de Saint Nicolas.

    Saint Nicolas – Évêque et Confesseur
    Saint Nicolas, surnommé le Grand, est aussi populaire en Orient qu’en Occident. Sa personnalité a été transformée par la légende. Encore jeune homme, il aurait jeté discrètement des aumônes par une fenêtre pour sauver l’honneur de trois jeunes filles; ce fait est rappelé de nos jours par la fête enfantine où l’on attribue à la générosité de saint Nicolas les cadeaux trouvés sous la cheminée. Dieu le glorifia par des miracles sans nombre, et l’Église, en raison du pouvoir qu’il avait sur le feu, nous fait demander d’être par son intercession préservés du feu de l’enfer. Après avoir renoncé à de grandes richesses, il fut élu archevêque de Myre, il prit part au concile de Nicée, où fut condamné l’arianisme. Il mourut en 324. Ses reliques sont conservées à Bari (Italie).
    Le culte de saint Nicolas se répandit en Occident à l’époque des Croisades.
  • Marc. Eemans ou l'autre versant du surréalisme

    eemansLa conversion de Marc. Eemans [1907-1998] au Surréalisme est contemporaine de celle de René Magritte et de ses amis. Elle s'est faite entre 1925 et 1926. À cette époque Marc. Eemans avait à peine 18 ans, alors que Magritte était son aîné de quelque 9 à 10 ans.

    C'est grâce à la rencontre de Geert Van Bruaene, alors directeur du Cabinet Maldoror en l'Hôtel Ravenstein, que le jeune Marc. Eemans a été intié à la poésie présurréaliste des Chants de Maldoror et c'est également alors qu'il entra en contact avec Camille Goemans et E.L.T. Mesens qui allaient bientôt devenir ses compagnons de route avec Paul Nougé, René Magritte, André Souris, Paul Hooremans et Marcel Lecomte, dans l'aventure du premier groupe surréaliste belge, groupe où ils furent bientôt rejoints par Louis Scutenaire qui, à l'époque, se prénommait encore Jean.

    Certains historiens du Surréalisme en Belgique ont estimé qu'à ses débuts, Marc. Eemans, en tant que peintre, n'était qu'un épigone, un imitateur de René Magritte, mais, qu'il n'y a pas eu imitation, tout au plus chemin parallèle, ce qui s'explique aisément, car il fut une époque où le Surréalisme vivait dans l'osmose de l'air du temps.

    Pour s'en convaicnre, il suffit d'ailleurs de consulter la petite revue Distances, éditée à Paris par Camille Goemans en 1928, à laquelle collabora Marc. Eemans. Ajoutons-y au même titre ses dessins à la plume dans le mensuel Variétés, paraissant à la même époque à Bruxelles.

    D'ailleurs, Marc. Eemans alla bien vite prendre définitivement un chemin tout autre que celui de René Magritte et de ses compagnons de route, à l'exception de C. Goemans et de Marcel Lecomte. Nous en trouvons un témoignage irréfutable dans un album paru en 1930 aux éditions Hermès, fondées par Goemans et lui-même et au titre bien significatif ! Eemans s'y révèle comme un adepte moderne de ce que Paul Hadermann, professeur à l'Université Libre de Bruxelles, a appelé le « trobar clus de Marc. Eemans » d'après le terme provençal propre aux troubadours et Minnesänger qui pratiquaient jadis une poésie hermétique “close”, accessibles aux seuls initiés. Cet album intitulé Vergeten te worden (Oublié de devenir) compte « dix formes linéaires influencées par dix formes verbales ». Il est paru initialement en langue néerlandaise, mais une réédition, avec traduction française et une introduction du prof. Hadermann, à laquelle nous venons de faire allusion, en est parue en 1983.

    93034310.jpgLa coloration du Surréalisme propre à Marc. Eemans est dès lors nettement affirmée. Ce Surréalisme s'est fortement éloigné de celui de René Magritte que Salvador Dali a qualifié un jour d'« A.B.C. du Surréalisme ».

    Tandis que les options des membres de ce que Patrick Waldberg a appelé plus tard la « Société du Mystère » se sont trop souvent orientées vers les facilités d'un certain “néo-dadaïsme” au dogmatisme sectaire à la fois “cartésien” et “gauchisant” en lequel la contrepèterie se le dispute à l'humour noir et rose, voire au “prosaïsme” petit-bourgeois (le chapeau melon et la pipe, de Magritte !), Marc. Eemans, lui, accompagné en cela par C. Goemans et M. Lecomte, s'est orienté derechef vers un autre versant du Surréalisme fort proche de l'Idéalisme magique d'un Novalis et du Symbolisme de la fin du siècle dernier.

    Ce Surréalisme, que les historiens du Surréalisme en Belgique semblent ignorer ou plutôt passer sous silence, répond en quelque sorte à l'appel à « l'occultation» lancé par André Breton dans son Second manifeste du surréalisme (1930). Rappelons d'ailleurs à ce propos à quel point Breton a été profondément touché par le Symbolisme, au point que Paul Valéry a été son témoin lors de son premier mariage et qu'en 1925, voire plus tard encore, lui-même ainsi qu'Éluard et Antonin Artaud se sont révélés comme des admirateurs inconditionnels du poète symboliste Saint-Pol-Roux. La filiation du Romantisme au Surréalisme via le Symbolisme est d'ailleurs évidente, aussi Alain Viray a-t-il pu écrire qu'« il y a des liens entre Maeterlinck et Breton », à quoi nous pourrions ajouter qu'il y en a également entre Max Elskamp et Paul Eluard, tandis que l'ex néo-symboliste Jean De Bosschère a viré étrangement, vers la fin de sa vie, vers le Surréalisme, un certain Surréalisme il est vrai.

    Quoi qu'il en soit, l'art que Marc. Eemans a pratiqué, dès sa vingtième année, est ce que l'on pourrait appeler un “Surréalisme ouvert”, détaché de tout sectarisme et de cet esprit de chapelle cher aux surréalistes qui se considèrent de “stricte obédience”. Dès lors la question se pose : Marc. Eemans est-il encore surréaliste ? Mais en fait qu'est-ce qu'une étiquette ? What is a name ? En tout cas, Eemans a déclaré un jour, lors d'une enquête de la revue Temps Mêlés qu'il ne serait pas ce qu'il est sans le Surréalisme…

    Parlons plutôt de la revue Hermès que Marc. Eemans fonda en 1933 avec ses amis René Baert et C. Goemans (c'est ce dernier qui en rédigea toutes les “Notes des éditeurs”). C'était une revue d'études comparées en laquelle poésie, philosophie et mystique furent à l'honneur. Y collaborèrent activement e.a. Roland de Reneville (un transfuge du «Grand jeu» et auteur d'un Rimbaud le Voyant), le philosophe Bernard Groethuysen, l'arabisant Henri Corbin ainsi que le poète Henri Michaux qui en devint le secrétaire de rédaction. Revue surréaliste ? Oui ou non, et nous croyons même que le mot “surréalisme” n'y a jamais figuré… Par contre y furent publiées les premières traductions en langue française de textes des philosophes Martin Heidegger et Karl Jaspers. Y collabora également le philosophe franças Jean Wahl tandis qu'y figurèrent des traductions de textes poétiques ou mystiques flamnds, allemands, anglais, tibétains, arabes et chinois, sans oublier l'intérêt porté à des poètes symbolistes, pré-symbolistes ou post-symbolistes.

    En somme Hermès pratiqua un « Surréalisme occulté » qui a retenu l'attention d'André Breton, mais aussi l'indifférence, si ce n'est l'hostilité de certains membres de la Société du Mystère. Notons à ce propos que Breton a toujours préféré le “merveilleux” au “mystère”, en prônant surtout le recours à la magie, sans toutefois pouvoir se soustraire à la tentation d'une magie de pacotille, celles des voyantes et des médiums. Du côté d'Hermès, au contraire, il y eut toujours le souci d'un hermétisme davantage tourné vers l'austère éthique propre à tout ce qui relève de la “Tradition primordiale”. Mais ne l'oublions pas : le Surréalisme d'André Breton et de ses amis n'a jamais pu se défaire d'un certain “avant-gardisme” très parisien en lequel le goût de l'étrange, du bizarre à tout prix, de burlesque provocateur et de l'exotimse forment un amalgame des plus pittoresques fort éloigné des préoccupations profondes de Marc. Eemans et de ses amis de la revue Hermès. Chez lui surtout prévaut avant tout la soumission à des mythes intérieurs nés de ses fantasmes. Il y a chez lui une gravité qui l'a conduit à une incessante quête de l'Absolu. En témoignent aussi bien ses peintures que ses écrits poétiques. Comme l'a écrit Paul Caso (Le Soir, 26-28.XII.1980) : « On doit reconnaître l'existence de Marc. Eemans et la singularité d'un métier qui a choisi de n'être ni claironnant, ni racoleur. Il y a là un poids d'angoisse et de sensibilité ».

    Jean d'Urcq, Nouvelles de Synergies Européennes, 1999.

    http://www.archiveseroe.eu

  • 17 millions de victimes de la traite musulmane


    Entretien avec Jacques Heers
    A partir du VIIe siècle, les musulmans ont pratiqué une traite esclavagiste touchant à la fois les Européens et les Africains. Agrégé et docteur en histoire, Jacques Heers a été professeur des universités et directeur du département d'études médiévales à la Sorbonne. Il a consacré plusieurs ouvrages à l'esclavage médiéval en Méditerranée, aux Barbaresques et aux négriers en terre d'islam (1), qui viennent d'être réédités. Autant dire que nul n'est mieux placé que lui pour parler de la traite musulmane.

    Le Choc du mois : Y -a-t-il une spécificité de la traite musulmane ?
    Jacques Heers : Il y en a deux. Son importance quantitative, d'abord. Les conquêtes musulmanes ont été d'une ampleur et d'une brutalité inédites. Et puis le fait que les musuhnans ont ajouté une dimension religieuse à l'esclavage, en distinguant très nettement le «fidèle», de «l'infidèle». En résumé, la théorisation du djihad et l'expansion territoriale musulmane aboutissent effectivement à l'apparition d'une forme d'esclavage tout à fait spécifique.
    Même si certains exégètes affirment le contraire, le Coran tolère parfaitement l'asservissement des «chiens de mécréants». Confrontés à la question cie l'esclavage, les docteurs de la loi rendaient en général le même verdict : le prisonnier infidèle doit demeurer esclave, même s'il se convertit aussitôt ; c'est la punition de sa mécréance passée. En revanche, le captif musulman, même ramené «chargé de chaînes» doit immédiatement retrouver la liberté.
    Théoriquement, le Coran interdit de réduire un musulman en esclavage, mais en pratique, les exceptions abondent, pour des raisons plus ou moins légitimes : les victimes sont de « mauvais musulmans », etc.

    Quand apparaît la traite musulmane ?
    Dès la naissance de l'islam, au VIIe siècle! Mahomet et ses fidèles possédaient des esclaves. C'était toutefois une pratique courante, durant toute l'Antiquité. Il n'est pas étonnant que les peuples orientaux, au cours du Haut Moyen Age, la perpétuent à leur bénéfice.

    Au début de l'hégire, les esclaves sont essentiellement blancs...
    Comment les musulmans se procurent-ils leurs esclaves ?
    Essentiellement par la guerre. Les « cavaliers d'Allah » conquièrent, asservissent ou convertissent les populations cles Balkans, d'Asie Mineure et d'Europe. Ils ramènent d'immenses cohortes de prisonniers, hommes et femmes. On a vu des Sarrasins mener des razzias jusque dans les Alpes, au IX' siècle ! En 997, le calife al-Mansur, qui régnait sur l'Espagne arabo-musulmane - al Andalous - mena une interminable razzia dans les royaumes chrétiens du nord de la péninsule. Il s'enfonça jusqu'au cœur de la Galice, laissant Saint-Jacques-de-compostelle en ruines.
    Toujours en Espagne, au XII' siècle, des flottes musulmanes croisent sur les côtes de Galice et, au petit matin, lancent des attaques sur les villages de pêcheurs. En Méditerranée, sur un autre front, les musulmans, maîtres de la Sicile, lancent des chevauchées contre les grands monastères et sur les routes de pèlerinage vers Rome. Ailleurs, les pirates musulmans ravagent les côtes du Languedoc ou de Toscane avec des flottes atteignant parfois cinquante galères ! Et chaque guerre apporte son lot de captifs, qui sont aussitôt convoyés pour être vendus sur les marchés, de l'Espagne au Maghreb et jusqu'en Orient...

    Il y a une réelle préférence pour les esclaves blancs...
    Les musulmans ont pratiqué la traite des Noirs, mais dans les premiers temps de l'hégire, l'ère d'expansion islamique, les esclaves étaient essentiellement des Blancs. Laissez-moi vous citer le savant Ibn Haukal, qui affirmait, au temps de l'Espagne arabo-musulmane que « le plus bel article importé d'Espagne sont les esclaves, des filles et de beaux garçons qui ont été enlevés dans le pays des Francs et dans la Galice. Tous les eunuques slaves qu'on trouve sur la terre sont amenés d'Espagne et aussitôt qu'ils arrivent, on les châtre. Ce sont des marchands juifs qui font ça ». Le géographe Ibn al-Fakih, lui, racontait que « de la mer occidentale, arrivent en Orient les esclaves hommes, romains, francs, lombards et les femmes, romaines et andalouses ».

    Quand la traite musulmane cesse-t'elle en direction de l'Europe ?
    Elle s'est considérablement réduite lorsque les Arabes ont passé le Sahara pour aller razzier l'Afrique noire. Mais elle a très vite repris, dès les années 800, avec la piraterie. Elle s'intensifie en 1517, lorsque Alger, véritable nid de pirates, tombe aux mains des Turcs. La guerre de course fait alors partie intégrante du plan de conquête de la Méditerranée par les Ottomans. L'esclavage des chrétiens, méthodiquement mené, redouble.
    Dans le même temps, les Barbaresques assiègent Rhodes en 1522 et Malte en 1565. S'ils perdent Rhodes en 1523, les chevaliers de Malte repoussent les musulmans en 1566. L'ordre de Malte devient une véritable sentinelle de la Méditerranée. Ses marins font régner la terreur chez les musulmans et pratiquent eux-mêmes l'esclavage ! Ils jouent un rôle clef dans la bataille de Lépante en 1571, qui marque le grand coup d'arrêt aux incursions musulmanes en Europe.

    En 1888, à Médine, 5.000 esclaves sont vendus dans l'année
    Mais les musulmans poursuivent la traite des chrétiens en Afrique noire...
    Exact. Il y a trois grandes routes de traite. La première mène en Afrique de l'Ouest sahélienne, où le commerce des esclaves fait traditionnellement partie des échanges transsahariens. La deuxième passe par la mer Rouge et le Soudan. En Arabie, en 1888, sur le seul marché de Médine, l'on peut vendre 5 000 esclaves par an. La troisième traite se passe sur la côte d'Afrique de l'Est, où Zanzibar devient le plus grand marché d'esclaves au monde.
    La première traite est la plus longue et occasionne de nombreuses pertes. Elle passe par l'Egypte, dont les musulmans sont devenus maîtres, et le Sahara. Elle est d'abord faite de razzias, puis, à partir du IX' siècle, repose sur la conquête de royaumes noirs et le négoce avec les marchands d'esclaves.

    Quelles sont les principales cibles ?
    Le royaume chrétien d'Ethiopie. Les Egyptiens l'attaquent en passant par la vallée du Nil. Les Arabes traversent la mer Rouge. A l'ouest, les Marocains osent une traversée de cent jours de marche après Marrakech, dont au moins la moitié à travers le Sahara.
    Le retour est un enfer. Le Niger, le Sénégal et le Mali sont également touchés ... Des forbans musulmans lancent des razzias le long des côtes de l'océan Indien avec des boutres - de rapides voiliers. Dans les royaumes islamiques du Soudan, les chasses aux esclaves mobilisent chaque année de forts partis de cavaliers. Ils repèrent les villages les plus intéressants et partent par petits groupes. Ils montent des chameaux de race, s'approvisionnent en eau, marchent la nuit et attaquent au petit matin. Les opérations devant être rentables, ils évitent les lieux trop bien protégés et n'attaquent qu'à coup sûr. Une fois maîtres du terrain, ils massacrent les faibles et les vieillards pour n'emmener que les malheureux en état de servir.
    Pour être honnête, il faut ajouter que des négociants sont aussi sur les rangs, car des rois noirs, près du Tchad par exemple, les informent du lancement des grandes chasses aux esclaves. Ils vont s'installer dans les villages, en attendant - à leurs frais - le retour de l'expédition.

    Comment les esclaves sont-ils traités ?
    Très mal, car ils sont gratuits et en grand nombre. Contrairement à la traite atlantique, il n'a pas fallu négocier avec des rois esclavagistes. Il a suffi de tuer ceux qui se défendaient !
    Sur la route de leur captivité, les esclave vivaient un enfer. La traite occasionne des pertes terribles tant dans leurs rangs que dans ceux des convoyeurs. Les plus faibles sont abandonnés sans pitié. Les témoignages sont horribles : les hommes et les femmes meurent de soif, en sont parfois réduits à ouvrir la panse des animaux pour y trouver de l'eau. Les esclaves malades ou affaiblis sont abandonnés en route à une mort certaine. Des négociants expliquent tranquillement à leurs associés, restés en Arabie qu'il a fallu, ici où là, égorger quatre femmes «fanées» et émasculer deux enfants pour ne pas perdre de temps dans le désert et préserver la cargaison. A l'arrivée, selon la difficulté de la traversée, les survivants sont vendus avec une marge de 200 à 300 %. C'est une façon de compenser les pertes.

    De quoi se compose une cargaison d'esclaves ?
    Essentiellement des jeunes femmes, blanches ou noires. Des enfants et des hommes solides. Ne restent que les personnes en bonne santé. Les autres sont morts en route. En chemin, pour ècouler les «cargaisons»: plus vite, certains campements se transforment en marché, où les grossistes viennent faire un premier choix. Puis on arrive dans les grandes places, comme Zanzibar ou Bagdad. Les acheteurs peuvent examiner leur marchandise, regarder les dent, l'élasticité d'une poitrine, constater si une jeune femme est vierge ou déflorée, mesurer la vivacité intellectuelle ou la force physique d'un esclave, son adresse...
    Le Caire est un gigantesque marché, où l'on trouve toute sorte de captifs. Au XIX' siècle, Gérard de Nerval, dans son voyage au Caire(2), raconte comment plusieurs marchands «basanés» l'abordent pour lui proposer «des Noires ou des Abyssiniennes»...

    Que deviennent les victimes ?
    Elles servent sur les chantiers publics ou au service d'un maître.

    A la Bourse aux esclaves, les négriers spéculent
    Il y a également les bagnes ?
    Là, c'est l'époque des Barbaresques et des Ottomans. Alors qu'à Bagdad ou au Caire, on trouve une majorité d'esclaves noirs, les bagnes d'Alger ou de Tunis comportent surtout des Blancs. Ils maintenaient à eux seuls toute l'activité économique locale : les chantiers navals, les fabriques, les commerces ... Alors que les villes d'Egypte achetaient aux caravaniers du désert des milliers d'esclaves venus d'Afrique, les cités corsaires du Maghreb s'épargnaient ces dépenses, grâce à la guerre.
    Une fois la part du sultan mise de côté, les captifs des Barbaresques passaient directement de l'entrepont du navire au marché. Des négociants les mettaient aux enchères, à la criée. Ceux visiblement inaptes aux travaux de force, mais dont on espère tirer une bonne rançon, valent jusqu'à sept fois un homme valide. Les Turcs et les Maures spéculent quotidiennement sur la valeur de leurs esclaves. Faut-il acheter ou vendre? C'est un peu une Bourse avant l'heure...

    Comment vivaient ces esclaves ?
    Le plus souvent en groupes, logés dans les bagnes - sept, rien qu'à Alger. A Tunis ou Tripoli, ils portaient plus de dix kilos de fers. Les esclaves en terre d'islam n'avaient pas le droit de fonder une famille et n'avaient pas ou peu d'enfants. Pour des raisons très simples : le grand nombre d'eunuques, l'interdiction faite aux femmes de se marier et une mortalité très élevée.
    Les conditions de vie étaient épouvantables. Les captifs étaient battus à la moindre occasion, dormaient dans de pauvres hamacs, pendus les uns au-Dessus des autres. Ils souffraient du froid en hiver, de la chaleur en été, de l'humidité et des vermines en toute saison.

    Et l'hygiène ?
    Pas d'hygiène, puisqu'ils devaient payer leur eau ! Elle leur servait essentiellement à boire. Il leur était impossible de se laver régulièrement, encore moins de laver les hardes leur servant de vêtements ... Vous imaginez que, rapidement, les frottements de tissus crasseux sur les peaux sales provoquaient des irritations, des furoncles et de nombreuses maladies, qui concourraient à la mortalité.

    Et le travail ?
    Le matin, à peine nourris, ils partaient vers les chantiers ou les demeures de leurs maîtres, leur atelier ou leur boutique. Les mieux lotis - une minorité - étaient loués à des diplomates chrétiens : ils menaient alors l'existence d'un domestique européen.
    La condition la plus difficile, d'un certain point de vue, était celle des femmes et des enfants. Les femmes avaient généralement un sort misérable, exposées à la vente comme des bêtes, forcées de servir, en butte à tous les abus, parfois prostituées pour le compte de leur maître... Contrairement aux légencles des Mille et Une Nuits, les récits des musulmans tranchent avec les textes des juifs et des chrétiens par le nombre d'histoires et de remarques salaces sur les « qualités », sexuelles des femmes.

    Des esclaves chrétiens sont brûlés vifs à Alger !
    Etait-il possible de fuir ?
    Difficilement. Certains captifs acceptaient de servir de mouchards en échange de menus arrangements. La surveillance était assez stricte et les punitions terribles. Un texte raconte qu'à Alger, « lorsqu'un chrétien était pris à fuir, (le sultan Hassan Pacha) le faisait saisir par ses esclaves et brûler vif en leur présence; il faisait bâtonner les autres jusqu'à la mort, et leur coupait lui-méme les narines ou les oreilles, ou faisait exécuter ce supplice devant lui ». D'autres subissaient la bastonnade, les galères ou on les envoyait aux carrières de pierres, où les travaux étaient particulièrement pénibles...

    Comme Cervantès...
    Cervantès illustre parfaitement votre question sur les possibilités d'évasion(3). Il a été prisonnier durant cinq ans. Il a tenté une première évasion en subornant un garde. Celui-ci n'honora pas son engagement. Direction : les carrières! En 1577, il fit une deuxième et une troisième tentatives, mais fut toujours pris et passa en tout dix mois aux chaînes, dans un cul-de-basse-fosse. Ses comparses furent pendus ou empalés. Les autres eurent les oreilles tranchées. A la quatrième tentative, il échoua encore! Il ne fut libéré que contre une rançon importante, grâce à l'action des ordres mercédaires, ces chrétiens qui achetaient les esclaves ou s'y substituaient !

    Quand cesse l'esclavage musulman ?
    Mais il existe encore ! La colonisation de l'Afrique au XIXe siècle a mis un terme que l'on croyait définitif à l'esclavage musulman. Mais celui-ci a repris avec la décolonisation. La traite musulmane, qui a duré mille deux cents ans, perdure, au Soudan par exemple.

    Connaît-on les chiffres estimés de la traite ?
    Les historiens travaillant sur l'esclavage musulman se heurtent à une désespérante absence de sources. Les registres fiscaux de Zanzibar sont les seuls répertoriés de nos jours mais ils ne remontent pas au-delà de 1850.
    Les estimations moyennes se situent à un minimum de 17 millions de victimes. Mais c'est ignorer les « chiffres noirs » très importants : où sont passées les victimes mortes durant le voyage, les opérations dont on ne sait rien, les caravanes perdues dans le désert ou en mer ? Sans compter les esclaves européens que l'on « oublie » de comptabiliser et les Africains tués lors des razzias : défenseurs ou « inutiles », qui étaient des bouches inutiles à nourrir. Faut-il ou non les intégrer au bilan de la traite orientale ?
    Propos recueillis par Patrick Cousteau
    ____________
    1. Les Négriers en terre d'islam. La première traite des Noirs, VIl-XVI siècle, Perrin, 2003 (rééd. Perrin, coll. Tempus, 2008).
    Les Barbaresques, la course et la guerre en Méditerranée, XIV-XVI siècle, Perrin, 2001 (rééd. Perrin, coll. Tempus, 2008).
    Voir aussi le livre tiré de sa thèse de doctorat; Esclaves et domestiques au Moyen Age dans le monde méditerranéen, Hachette, 1981 (rééd. 2006).
    2. A lire dans le Voyage en Orient, de Gérard de Nerval, que viennent opportunément de rééditer en collection Folio les éditions Gallimard.
    3. Pour en savoir plus, lire ; Le Captif. Extrait de Don Quichotte, de Cervantès, préface de Jacques Heers, éditions de Paris, 2006.
    Source : le Choc du Mois - Juin 2008

  • À quoi bon la "nouvelle droite" ? (arch 2010)

    Quelques réponses à des contradicteurs

    Quelques pistes pour une évaluation
            Lorsqu'on parle de la "nouvelle droite" (ND), il est de bon ton dans la vaste nébuleuse d'une "gauche" qui va des sociaux démocrates aux groupuscules marginaux de la frange "extrémiste", de dire qu'elle est un mouvement d'idées dangereuses, inacceptables dans la mesure où elles remettent en cause l'égalitarisme républicain et l'antiracisme officiel qui s'est greffé dessus depuis quelques décennies. La même position a été adoptée par la droite libérale qui ne diffère plus guère aujourd'hui de ses adversaires politiques hormis sur des nuances de priorités et de style (et encore, si l'on pense à la passerelle dorée qui réunit désormais un Dominique Strauss-Kahn à un Nicolas Sarkozy…).
        Donc, d'un côté comme de l'autre, on écarte sommairement ce laboratoire de pensée en disant qu'il n'est que l'habit neuf d'une très vieille tentation fasciste (ou nazie) dont il faut se défier à tout prix au nom des "valeurs" (républicaines, judéo-chrétiennes, humanistes, laïques… selon le biais que l'on souhaite donner à l'idéologie hégémonique).
        Le problème avec un tel procès d'intention est que l'on se prive d'une réflexion critique qui permettrait, au moment où l'idéologie dominante s'estompe et sombre dans le nihilisme abyssal de notre "ère du vide" (G. Lipovetsky), qu'on s'interdit d'ouvrir d'autres perspectives incitant à une refonte radicale des dogmes décrépits de la modernité sur la conception de l'homme, des communautés, de la famille, de la culture, de la transcendance, du mythe, du politique, de la nature, de l'art, du travail, etc. Mais ce problème n'est pas celui de la ND qui, au contraire, semble se sortir renforcée, grandie de cette condamnation à la dissidence.
        L'impensée médiatique théâtralisée qui occupe les plateaux de télévision et les chroniques en vue de quelques médias-dinosaures en train de péricliter doucement, finira tôt ou tard par être prise pour ce qu'elle est : un entassement de discours creux et de querelles stériles totalement déconnecté avec la réalité. Les illusionnistes feront sans doute recette encore quelques temps puisque l'esprit du temps les y encourage, mais déjà on voit poindre un autre style, plus percutant, efficace lorsque, par exemple,  Frédéric Taddei invite de vrais penseurs, de vrais critiques sur le plateau de "Ce soir où jamais" où, occasionnellement, la ND trouve aussi sa place. On entrevoit l'ouverture encourageante, quoique encore très étroite et menacée par la censure conformiste, de débats authentiques sur les enjeux réels de nos sociétés recomposées et désorientées. Toutefois, la ND n'a pas attendu qu'on lui fasse une place sur ce genre de tribune pour se mettre à l'œuvre. Sa spécialité étant la réflexion de fond, elle se passe volontiers, et même volontairement, d'une trop grande exposition aux feux de la rampe qui la pousserait à galvauder sa pensée, à en faire une marchandise intellectuelle comme une autre.
         C'est à travers la force de réflexion des grands dossiers abordés par ses revues (Éléments, Krisis, Nouvelle École et leurs consœurs européennes), à travers les nombreux livres qu'elle écrit ou inspire, les conférences-débats abordés par les associations qui la représentent qu'elle apparaît comme un défi sérieux à l'impensée active, voire activiste, qui nous tient lieu d'idéologie. Et l'on peut constater, au bout d'une quarantaine d'année d'activités, que sa puissance de réflexion n'a pas sensiblement diminuée, que la demande intellectuelle de ses thématiques reste forte et que des convergences fécondes se sont établies avec des penseurs venus d'autres horizons (comme le philosophe italien Costanzo Preve, ou en France l'universitaire Claude Karnoouh, pour citer deux compagnons de route venus de la gauche).
        L'une des plus virulentes critiques de la nouvelle droite provient de ladite "extrême droite", dont certains partisans sont eux-mêmes issus de ses rangs ou l'ont côtoyée pendant quelques années.
        On entend fréquemment dire par certains déçus, aigris, que la stratégie "métapolitique" avait pour objectif la conquête du pouvoir politique au moyen de la maîtrise préalable du pouvoir culturel. Ce à quoi la ND aurait renoncé, se complaisant dans un intellectualisme de tour d'ivoire, sans prise sur la réalité, sans rapport avec les enjeux d'aujourd'hui.
        Outre, la mauvaise foi foncière qui consiste à rabaisser Alain de Benoist et ses amis — pour qui les connaît vraiment — au rang des intellectuels qui ne cherchent qu'à se faire plaisir en empilant les élucubrations logomachiques d'une raison raisonnante les unes sur les autres, à l'instar d'une certaine intelligentsia déréalisante fustigée naguère par notre ami Jean Cau, cette critique ignore la solution de continuité (reconnue par Gramsci) qui sépare l'agitation culturelle de l'activisme politique. S'il existe de nombreux recoupements et passerelles entre les deux champs d'activités accréditant l'importance d'une guerre culturelle au sens gramscien, on ne saurait les confondre ni attendre de résultats homéotéliques dans l'un lorsqu'on pratique l'autre. Il suffit d'avoir en tête l'aboutissement "hypercapitaliste" de la révolution culturelle maoïste pour comprendre la vanité des critiques adressées en l'occurrence à la ND. D'entrée de jeu celle-ci s'est voulue société de pensée et d'influence, ni plus  ni moins, n'en déplaise à certains de ses adhérents ou proches au tempérament activiste et à nombre de ses adversaires qui se sont longtemps fait des illusions sur son pouvoir de transformation politique.
        Où sont aujourd'hui les déçus de la ND qui prétendaient que celle-ci avait renoncé, trahi ses objectifs originels par ambition personnelle ou par recherche de la facilité ? Où en sont les grandes ambitions de ceux qui prétendaient fonder un "GRECE bis" ? Qui ici se fait plaisir : ceux qui continuent le combat ingrat de la production et de la diffusion d'idées susceptibles d'influer sur l'esprit du temps  ou ceux qui n'ont d'autres ressources que les tribunes — de papier et de planches — où sont scandés d'année en année les mêmes slogans contre les ennemis désignés (souvent d'ailleurs les premières victimes, les exploités, les boucs-émissaires du système hégémonique) que ces cris de rage n'atteindront même pas ?
        Suivant ce filon passablement épuisé, l'économiste Marc Rousset, qui a récemment animé une soirée-débat du GRECE pour présenter son livre (La nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou) critique la position exprimée dans un récent n° d'Éléments selon laquelle, ce qui menace l'identité des Européens, beaucoup plus que les actuels flots migratoires et l'installation massive d'immigrés allogènes dans nos contrées, c'est la transformation des peuples européens en marchandises du système à broyer les peuples. Selon lui, "Le véritable et plus grave  danger  pour les Français qui se définissent avant tout comme des Européens de langue française, c’est bien l’inacceptable phénomène migratoire extra-européen car il porte atteinte, au-delà des risques évidents de guerre civile et à une difficile politique du retour, d’une façon irréversible, à l’identité européenne, à la substance ethnique du peuple français. Le système économique, lui, pourrait  être adapté et changé sans trop d’encombres du jour au lendemain ! (fin du libre échange, mise en place de la préférence communautaire, mise en place d’un capitalisme volontariste industriel). L’immigration au contraire, engage la patrie charnelle du peuple français" (*1)
        Certes, les pressions migratoires actuelles contre un continent dont la population vieillit vite et qui peine à atteindre le seuil de reproduction nécessaire à la survie de ses peuples sont l'un des phénomènes les plus graves affectant notre vieille Europe en déclin. La ND en général, L'Esprit Européen en particulier, en sont tout à fait conscients. Mais à partir de cette conscience partagée Nous divergeons sur ce qu'il faudrait faire pour combattre ce phénomène et toutes les autres redoutables tendances au déclin de nos peuples européens. Lui pense que nous devrions renoncer à l'action métapolitique que nous animons — et qui nous anime — depuis une quarantaine d'années, qui nous a donné une image de marque parmi les dissidences de qualité dans la durée, pour rejoindre les partis, les tribuns qui ont vainement tenté pendant toute cette période de combattre une dérive  propre au système et à l'esprit (partagé par une  vaste majorité de nos concitoyens, que cela nous plaise ou non) d'une société de consommation sans feu ni lieu. Système aussi fort que les murs d'une prison, contre lesquels on ne blesse que soi-même en se contentant de hurler et en se cognant aux murs. Système plus fort encore que la prison puisqu'il bénéficie de l'esprit de servitude volontaire d'une majorité des croyants, des adeptes enthousiastes, passifs ou réticents, du libéralisme conquérant. La ND précisément, ne partage pas cette servitude. Elle n'accepte pas de se mouvoir dans le champ politique parce qu'elle a compris qu'il est verrouillé dans une large mesure, et que c'est sur le plan des idées que se mènent aujourd'hui les batailles décisives. La véritable trahison serait de revenir en arrière, à l'époque où le "nationalisme", quoique déjà rudement battu en brèche, faisait encore sens face à l'universalisme des grands blocs. Cette époque est révolue et les enjeux ont radicalement changé.
        Ceci dit, on ne peut que recommander à M. Rousset et à ceux qui l'approuvent de faire ce qui correspond à leurs priorités et à leurs compétences. Qu'ils entrent en politique. Mais avant de donner des leçons d'intelligence et de courage à la nouvelle droite, ils devraient apprendre à discerner les effets des causes. Car s'il y a mise en branle de vastes flux migratoires sur toute la planète depuis fort longtemps, si les frontières sont devenues poreuses, si de puissants réseaux de passeurs épaulés par des lobbies économiques et politiques organisent facilement ce trafic humain, si les immigrés trouvent gîte et couvert, emploi et assistance avec l'approbation tacite des populations indigènes, c'est bien parce que le pourrissement a commencé par la tête…             C'est par un changement d'état d'esprit que la situation pourra, éventuellement, se renverser, certainement pas par le changement de priorités économiques et politiques qui paraît si facile à M. Rousset et qui nous est promis sans résultats notables à la veille de chaque élections.
        Passons vite sur ces critiques superficielles et répétitives venant de ceux qui n'ont jamais tenté de comprendre de l'intérieur, les motivations d'une école de pensée. Il y en a d'autres, comme celles de M. Bruno Wieseneck dans Le choc du mois (juillet 2010, qui, soit dit en passant est l'une des meilleures livraisons de ce magazine depuis longtemps). L'auteur, tout en reconnaissant que la ND n'est pas morte ("que lirait-on ?" interroge-t-il en recommandant aux ouailles de la droite catholique d'en prendre de la graine), affirme qu'elle a échoué parce qu'en développant sa thématique de recours au paganisme, elle s'est coupée de la droite catholique, nuisant à la consolidation d'une vaste "droite nationale", etc. Là encore on attribue à la ND une vocation (de fédérateur des droites radicales) qui n'est pas la sienne, et on insinue qu'elle aurait pu renoncer aux recherches païennes qui lui ont conféré une bonne part de son originalité sans y perdre son âme… Encore un qui ne voit la ND que de son clocher, rejoignant ce qu'un dissident de la ND, décidé à se lancer en politique voici une vingtaine d'années aux côtés de l'archi-catholique Bernard Antony, appelait le "compromis nationaliste". On chercherait en vain le résultat d'un tel compromis aujourd'hui : chacun a repris ses billes pour jouer dans son coin et personne n'a rencontré la gloire, semble-t-il… Toujours est-il que la ND ne souscris plus à aucune version du nationalisme depuis fort longtemps (*2) et qu'elle n'a jamais été encline au compromis —autre que rhétorique—, outil utile en politique, mais corrupteur  de toute pensée audacieuse qui ne ne doit jamais reculer devant les conséquences de ses conquêtes aventureuses.
        Justement, la recherche sérieuse de ce que peuvent signifier aujourd'hui lesdites valeurs et les symboles païens, l'étude, avec le grand Georges Dumézil et ses héritiers, parmi lesquels nos amis du GRECE Jean Varenne et Jean Haudry, de la structure idéologique commune aux traditions indo-européenennes et la diffusion de ces travaux extraordinaires dans des cercles plus vastes et moins abscons que les cénacles scientifiques où ils mijotaient, leur commentaire et leur analyse  récurrents, constituent une image de marque de la ND, allant jusqu'à dresser contre elle une coterie d'inquisiteurs qui l'ont accusé sans preuve de faire de la récupération.         Fallait-il y renoncer, tout comme au défrichement de l'immense champ d'étude du paganisme philosophique et littéraire, pour quelques dérisoires compromis politiques comme le suggèrent B. Wieseneck et quelques autres ? La question, autant que je sache, ne nous a jamais effleuré.
        Autre thème de prédilection : l'ethno-différencialisme (voir Wikipedia) ou ethno-pluralisme, perspective qui permet de prévoir l'éclatement et la recomposition hiérarchisée des sociétés multi-ethniques qui nous sont encore présentées aujourd'hui sous le jour des utopies humanistes comme une évolution naturelle vers le métissage universel et heureux. Claude Lévi-Strauss adhérait lui aussi à ce pessimisme culturel raisonnable, parce que raisonné (*3).     Des chercheurs comme l'ethno-psychiatre Tobie Nathan et le sociologue Hugues Lagrange, dont le récent ouvrage, Le déni des cultures "s'arrache en librairie" en ce moment même (*4) s'inscrivent dans cette féconde vision du monde appelée à s'étendre et à mettre à mal les dernières illusions universalistes. Notons en passant que nous avons-là en puissance la plus formidable critique de la dérégulation migratoire et du déracinement catastrophique encouragé par les sociétés libérales. Les gesticulations politiques pour la défense de la "race blanche" contre les "envahisseurs", la pseudo guerre des mondes ou des civilisation avec lesquelles l'Occident démoralisé tente de rameuter ses troupes font bien piètre figure là-contre.
        Nous pourrions continuer longtemps à faire le tour des thèmes, de l'audace conceptuelle, de la vulgarisation intelligente apportée par la nouvelle droite au cœur de la pensée faible (molle, disait Jean Cau) qui caractérise notre époque. Mais cela est déjà fait par ailleurs (notamment dans le récent n° d'Éléments consacré au sujet, mais aussi dans le Liber Amicorum dédié à Alain de Benoist, etc.) et cet article, qui se voulait un modeste plaidoyer en défense contre quelques assaillants peu scrupuleux, est déjà trop long.
        Resterait à faire le bilan concret et sans complaisance des (faibles) forces, des fragiles piliers humains sur laquelle cette grande aventure repose. Il faudrait souligner l'impérieuse nécessité de renouvellement des figures de proue, appelées à succomber comme nous tous sous les coups de la faucheuse entropie; encourager l'arrivée de jeunes générations de penseurs et sonder les moyens à mobiliser pour ce faire; révaluer les médias de la ND, toujours remarquables mais qui ne perdraient rien à se renouveler… Mais c'est un autre chapitre. Et puisque l'intendance à toujours suivi, tant que le cœur y est, on devine qu'elle ne nous laissera pas tomber dans ce si grand moment historique.
        Je termine avec cette réflexion lumineuse d'Alain de Benoist, si nécessaire dans l'obscurité de nos tristes empoignades démagogiques, à propos de l'''ennemi principal". Elle est citée comme paradigmatique par Costanzo Preve qui estime, en guise de compliment, qu'elle pourrait émaner "d'un héritier extrémiste du gauchisme le plus radical du xxe siècle" !
    " L'ennemi principal est à la fois le plus nuisible,et, surtout, le plus puissant. C'est aujourd'hui le capitalisme et la société de marché sur le plan économique, le libéralisme sur le plan politique, l'individualisme sur le plan philosophique, la bourgeoisie sur le plan social, et les États-Unis sur le plan géopolitique. L'ennemi principal occupe le centre du dispositif. Tous ceux qui, dans la périphérie, combattent le pouvoir du centre devraient être solidaires. Mais ils ne le sont pas." (*5)
        N'y a-t-il pas là un appel au combat et à l'unité sans précédent pour les jeunes générations confrontées au chaos généré par cet ennemi protéiforme, autrement plus dangereux que les pauvres hères qu'il met en mouvement vers l'exil et jette les uns contre les autres, autrement plus forts que les théocrates de tout poil qui vocifèrent contre lui partir de cette périphérie où nous végétons nous aussi, et dont une grande politique ne peut qu'espérer, quelque jour, un sursaut, un élan unitaire pour crever, extirper la tumeur centrale qui nous ronge ?
    Jacques Marlaud http://www.esprit-europeen.fr
    *1 Marc Rousset, "Immigration extra-européenne et identité : Les erreurs de la Nouvelle droite et de l’Eglise catholique romaine" (publication ?)
    *2 nous publierons prochainement une vigoureuse critique du nationalisme datant d'une bonne quinzaine d'années
    *3 cf. notre article Claude Lévi-Srauss méconnu : http://esprit-europeen.fr/portraits_levistrauss.html
    *4 Le Figaro, 27 septembre 2010
    *5 Citation de Costanzo Preve, "Point de vue d'une autre rive", Éléments n° 136, juillet-septembre 2010

  • NATIONALITÉ ET IDENTITÉ

    Les symboles français disparaissent les uns après les autres. Il n'y a plus de monnaie nationale et les savants et artistes que l'on célébrait ont disparu des billets. La France, fière autrefois d'être une puissance spatiale, s'est diluée dans l'idée européenne. Grâce à l'Europe, les chômeurs français seront appelés des chômeurs européens, tout comme les assistés...
    Il reste comme symbole national l'équipe de football avec des difficultés d'identification pour certains. Tout va de plus en plus vite puisque le terme black-blanc-beur qui caractérisait l'équipe de France en 1998 est dépassé au fur et à mesure que l'équipe de France devient de plus en plus foncée. Le stade est le dernier endroit où le délire nationaliste est autorisé et même le bienvenu.
    Après la victoire des Grecs en coupe d'Europe, il a été proposé à l'entraîneur allemand de cette équipe d'obtenir la nationalité grecque. Le sport est le dernier endroit où les nations peuvent avoir encore l'impression d'exister en tant que telles. La définition de la nationalité liée à l'identité a resurgi après la position d'Ariel Sharon qui a invité les juifs vivant en France à émigrer en Israël.
    Le sujet tabou pour un Français de savoir si les juifs sont avant tout Français ou juifs a été abordé avec toute la brutalité caractéristique d'Ariel Sharon. Il y a répondu sans détours. « Ils sont avant tout juifs ». La définition de la nationalité pour le juif est donc d'une clarté totale. La nationalité, la religion, la langue, la race (même au sens vague) ne font qu'UN. On a là une définition encore plus absolue que l'allemande au temps du troisième reich. En tout cas, si les juifs ont le droit d'être inquiets démographiquement pour la survie du peuple juif, ce droit est dénié au peuple français dont la caractéristique est de ne pas exister sur le plan juridique. En France, tout individu d'où qu'il vienne est sujet de droit La préférence nationale considérée comme un crime ici est la règle en Israël. Tout ceci est la négation même de l'existence du peuple français. Dans les faits, tout immigré qui vient en France obtient dans un délai très court la nationalité française. Cette définition ou non-définition du fait français a été imposée de façon idéologique par la gauche et reprise par la droite libérale au pouvoir. Il y a pourtant une perception historique du peuple français qui ne correspond hélas pas au droit actuel. La France a été peuplée d'Ibères, de Ligures, de Celtes et Germains qui se sont unis au cours des millénaires pour s'appeler Gaulois et ensuite Français, tout ceci en adoptant la culture gréco-latine sous une forte influence chrétienne.
    Depuis trente ans, on a cherché à détruire cette donnée historique. Ariel Sharon, qui a le mérite du parler cru, estime à 10% le nombre de musulmans vivant en France. Il fallait un étranger pour le dire. Les livres de géographie australiens estiment à huit millions les musulmans vivant dans notre pays, c'est-à-dire 13 ou 14%. A ceux-ci il faut ajouter les Africains chrétiens ou autres...
    Des nouveaux immigrants par leur agression envers les juifs vont donc chasser une partie des habitants plus anciennement Installés dans notre pays. Ce sera ensuite sans doute au tour des Français chrétiens ce qui est déjà le cas dans certains endroits Robert Badinter a été choqué par les propos d'Ariel Sharon qui sont selon lui une insulte pour la république. On ne dit plus France car cela fait grincer les dents de certains. Il est vrai que Robert Badinter a au moins la reconnaissance du ventre puisque la république l'a grassement rémunéré au cours de sa vie. Sa réaction souligne aussi que beaucoup de juifs n'ont aucun intérêt économique à quitter la France. Partiront sans doute de jeunes juifs non encore installés et sans avenir en France ce qui donnera quelques milliers de personnes.
    Après toutes ces années de matraquage anti-raciste et de manifestations monstres souvent organisées par des Français d'origine juive, voilà où en est arrivée la France. Le paradoxe consiste en ce que la communauté qui fut la plus favorable à l'immigration massive en France, pour des raisons diverses, croyant peut-être que cela la protégerait, en est pour le moment la première victime.
    L'idéologie des droits de l'homme, véritable machine de guerre à détruire le peuple français, montre tous ses effets pervers. Crève la France, pourvu que triomphent les droits de l'homme.
    PATRICE GROS-SUAUDEAU

  • [Paris] cercle d’étude : l’initiation à la pensée d’Action Française vendredi 7 decembre

    L’école de pensée qu’est l’Action Française ouvre ses portes trois vendredis par mois pour la tenue du cercle des étudiants animé par Pierre de Meuse pour les parties initiation et application de la pensée d’AF.. C’est l’occasion d’apprendre les bases ou de se refamiliariser avec la pensée nationaliste maurrassienne !

    RDV 18h

    10 rue Croix des Petits Champs Paris 1er (2ème étage)

    Métro : Palais Royal - Musée du Louvre.

    Renseignements : etudiants.paris@actionfrancaise.net


    http://www.actionfrancaise.net

     
  • AQMI n’est-elle qu’une organisation terroriste ?

     

    Présentation de la situation actuelle dans la zone sahélo-saharienne

    La conjoncture confuse au Mali ainsi que l’enlèvement des otages occidentaux fait partie maintenant de l’actualité quotidienne. Ces évènements ont permis de faire la lumière sur la situation chaotique de l’espace sahélien, une zone sous-administrée et sous-défendue qui a permis, notamment après la crise malienne et libyenne, la prolifération d’organisations criminelles et terroristes comme AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique).
    François Hollande a même confirmé l’hypothèse d’une intervention militaire dans la région, mais est-ce vraiment la solution ? Comment éradiquer une nébuleuse qui sévit dans une zone que l’on nomme le nouvel Afghanistan ? AQMI dispose-elle d’une structure définie ? Quelle sont ses relations avec d’autres nébuleuses comme « Anssar eddine » ou le front Polisario ? Et quelles sont ses sources de financement et les manipulations possibles derrière ?

    La zone sahélo-saharienne constitue une large étendue désertique dotée d’une faible densité de population et de frontières incontrôlables.

    Ces éléments  géographiques couplés à une instabilité politique dans le nord-Mali ont permis la création de « zones grises » complexes qui permettent la prolifération de la nébuleuse AQMI.
    D’autant plus que la région est devenue une plaque tournante du trafic de drogue international : l’héroïne arrivant de l'est de l'Afrique et la cocaïne de l'ouest – se rejoignent désormais dans le Sahara, empruntant de nouveaux itinéraires à travers le Tchad, le Niger et le Mali.
    Nous assistons donc à une hybridation des mouvements terroristes et des milieux criminels, ce qui permet à AQMI de se servir de ce réseau pour se financer et recruter ses troupes.
    Plus au nord, Le mouvement séparatiste du Polisario qui est en nette décomposition depuis quelques années verse de plus en plus dans le crime organisé ; l’islamisme radical et l’exploitation des filières d’immigration clandestine. On ne peut que se poser des questions sur les liens occultes entre l’organisation et AQMI, d’autant plus que suite à la réunion internationale de Bamako le 19 octobre, des combattants du mouvement se sont dirigés vers GAO afin d’aider AQMI face à l’offensive imminente de la communauté internationale.
    Si l’on rajoute à cela la prise de pouvoir de la milice djihadiste « Ansar Eddine » au nord Mali, nous assistons à une combinaison de facteurs géopolitiques créant un cocktail explosif dans la région, et permettant à AQMI de tisser sa sphère d’influence dans la zone, soulevant des inquiétudes dans l’ensemble de la région et en Europe.

    Marge de manœuvre d’AQMI

    Mais qu’est-ce que réellement qu’AQMI ? S’agit-il d’un ordre politico-religieux armé comme le Hezbollah au Liban opérant auprès des populations sahéliennes ? Leurs activités et  leur organisation tendent à démontrer le contraire.

    AQMI est en réalité une structure mafieuse totalement hétérogène, constituée de différents membres  ayant généralement des intérêts divergents. Ces membres sont principalement des anciens combattants algériens du GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat), couplés à des unités touaregs et mauritaniennes.
    L’ensemble de ces composantes  s’adonne à des activités criminelles afin de se financer tout en n’ayant aucune stratégie ou projet politique. Certes, il y a le discours légitimiste derrière mais celui-ci ne sert qu’à masquer une organisation n’ayant aucun enjeu défini mais cherchant simplement à tirer profit du chaos sahélien.
    Le financement des opérations de déstabilisation d’AQMI dans le Sahel est issu de divers trafics : Racket d’immigrés clandestins, armes, véhicules et médicaments.
    La source de financement principale reste néanmoins le trafic de drogue. En effet depuis plus de 8 ans les cartels de la drogue d'Amérique latine utilisent l'Afrique comme plaque tournante et base arrière de leur trafic de cocaïne vers l'Europe. AQMI se sert de ce réseau et des flux transitant afin de déstabiliser les états dans la région.
    L’autre source de financement principale correspond aux enlèvements d’occidentaux travaillants dans la zone, ce qui permet de donner une visibilité médiatique à la nébuleuse et de demander des rançons en échange.
    Enfin les différents évènements géopolitiques survenus dans la région permette de nourrir la nébuleuse, comme la guerre en Lybie qui a permit à AQMI de se fournir en armes mais aussi de recruter ses troupes parmi des combattants soudanais ou des séparatistes du Polisario.

    Quelles solutions face à la montée d’AQMI ?

    Face aux activités terroristes d’AQMI qui transforment la région en nouvel Afghanistan, quelles solutions se profilent afin d’éradiquer cette menace ? La première est une intégration régionale de l’Afrique du nord, région doté de ressources stratégiques.
    L’une des clés de résolution de cette équation complexe est donc la normalisation des relations entre la Maroc et l’Algérie sur le conflit du Sahara.  Cela permettra de développer une relation bilatérale entre les deux pays, et ainsi construire une base de réflexion solide sur les aspects sécuritaires de la région.
    D’un autre côté, il s’agit de ne pas se focaliser sur un ennemi fantôme (AQMI) dans un premier temps, mais de réfléchir plutôt à des stratégies de reconstruction politique et économique des pays de la région sahélienne, en luttant contre la pauvreté et l’explosion démographique dans ces pays.
    Une fois ces éléments intégrés, une coopération internationale pourrait alors naître afin d’éradiquer l’ensemble des trafics qui pullulent dans la région, et ainsi couper à la source le financement d’AQMI l’affaiblissant petit à petit et la conduisant à imploser par la suite.

    Ali Moutaib http://www.infoguerre.fr

    Bibliographie

    • « Zone sahélo-saharienne : les connexions entre le terrorisme et le trafic de drogue débattues à Dakar », Al Bayane
    • « Drogue, contrebande, terrorisme : Trois maux qui menacent la région Sahélo-saharienne et inquiètent la Communauté internationale », Maghreb Arab Press, 24/10/12
    • « Afghanisation de la région sahélo-saharienne », Israel-flash, 11/06/2012
    • Aymeric Chauprade, « Sahara, le risque des «zones grises», L’économiste, 06/10/06
    • Mehdi Taje, “Situation au Sahel Sahara et acteurs extérieurs”, Realpolitik.tv, 09/10/12
    • Craig Whitlock, « U.S. expands secret intelligence operations in Africa », Washington Post, 14/06/12
    • Alain Antil, « L’Afrique et la guerre contre la terreur », Politique étrangère 2006/3, Automne, p. 538-591
    • Jean-Luc Peduzzi, «Physionomie et enjeux des trafics dans la bande sahélo-saharienne”, Ifri, 2010
    • « Le désert de tous les dangers : des français dans le piège du sahel », 2012, [Programme TV] M6