Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

divers - Page 241

  • Un samedi à Paris : le témoignage d'un spectateur engagé. Partie 3 : La place de l'Etoile, ce champ de bataille...

    Je publie ci-dessous la troisième partie de mon témoignage sur les événements de samedi : après la charge des motos et l'éclatement du fort groupe de manifestants dans toutes les rues voisines, il est temps de remonter vers l’Étoile...

    Après une longue errance avec des petits groupes de gilets jaunes désorientés et agacés, harcelés par des forces de l'ordre visiblement aussi décontenancées que nous, avec des « en civil » casqués qui pointent leur sorte de tromblon noir vers les manifestants alors même que ceux-ci lèvent les mains vers le ciel en signe d'apaisement, je décide de remonter seul vers la place de l’Étoile d'où l'on entend la rumeur qui enfle régulièrement pour s'apaiser ensuite quelques minutes, comme pour mieux reprendre son souffle. L'avenue que j'ai déjà empruntée est encore plus dévastée que l'heure d'avant mais plus personne ne semble se soucier des voitures calcinées ou en cours de combustion : tout n'est plus qu'un immense grondement, comme une tempête sans pluie, et l'émeute semble maître du terrain, les forces de l'ordre ayant visiblement abandonné cette avenue, sauf au commencement des rues adjacentes. Là, les cars de police se tiennent les uns contre les autres, formant un barrage infranchissable et les policiers tiennent en joue des ennemis que je ne vois pas, sans doute derrière moi. Tout autour de moi, ça fume des cigarettes, ça discute, ça rigole, ça se moque, ça se repose aussi, et nombre de manifestants sont assis sur le pas des portes, un masque de papier autour du cou pour la plupart. Ici, beaucoup de jeunes, aux apparences très diverses, entre loden et blouson de cuir, tenue de ville ou de sport, parlant riche ou rural, voire banlieue. Des gens très différents qui, d'ordinaire, ne se croisent ni ne se parlent... Magie de l'émeute !

    Voici la place de l’Étoile, enfin ! Il n'y a rien qui empêche de l'atteindre, et elle semble même devenue le point de convergence de tous les groupes que j'ai croisés depuis le début de l'après-midi : viennent-ils par curiosité ou par envie d'en découdre ? Sans doute un peu des deux à la fois, car je sens une forte excitation parmi les gens qui m'entourent. J'écarquille les yeux, tant le spectacle est étonnant et a, même, un aspect dantesque : sur la place et particulièrement sur la chaussée, d'ordinaire couverte de voitures, c'est une véritable marée de gilets jaunes. Le midi, j'avais entendu à la radio qu'il y avait ici « 3.000 » casseurs : mais, à regarder tout autour de moi, j'ai du mal à imaginer que ce chiffre puisse être crédible ! Je suis au cœur de la tourmente, et pourtant, je ne sens aucune peur parmi les gens présents, que de la colère mêlée à l'odeur âcre des lacrymogènes, et une colère qui, là encore, n'a qu'un nom : Macron. Comme si, en quelques jours, celui-ci avait concentré sur son patronyme et sa personne tout le ressentiment accumulé depuis quarante ans, ces « quarante ans » que j'entends évoquer depuis mon arrivée par la plupart de mes interlocuteurs, même ceux qui sont loin d'atteindre cet âge. « Cela fait quarante ans que ça dure, il faut que ça cesse », revient régulièrement dans les propos des émeutiers comme des retraités au style soixante-huitard, des ruraux comme des citadins bretons (des voisins de là-bas !), de la jeune femme au keffieh palestinien comme de l'assistante maternelle. En somme, depuis Giscard d'Estaing... ou la première élection du parlement européen au suffrage universel ! En fait, ce « quarante ans » vaut condamnation d'un système qui dépasse ceux qui l'ont porté successivement aux plus hautes fonctions de l’État, et cela signifie un rejet des partis de gouvernement, de droite comme de gauche : terrible constat d'échec d'une présidence entamée il y a à peine 18 mois, débutée au Louvre et qui semble s'achever ce soir à l'Arc de Triomphe, dans les fumées et les cris... 

    Durant de longues minutes, je n'ose m'approcher de l'Arc que j'aperçois entouré d'un halo gris et qui, étrangement, me semble plus grand que dans mes souvenirs pourtant récents. Les combats sont visiblement très violents si j'en crois le nombre d'explosions qui retentissent, parfois trois ou quatre par minute. Sur la place, des vagues se succèdent, dans les deux sens, dans un aller-retour permanent et enivrant : des centaines, peut-être plus, de personnes courent, s'arrêtent d'un coup, et lancent vers des ombres lointaines moult projectiles avant que de refluer sous l'effet des grenades et, parfois, d'un canon à eau qui n'a pas assez de pression pour être efficace... Le sol est luisant, détrempé, et couvert de restes des munitions policières, des sortes d'étuis en plastique dur et gris, avec une extrémité rouge, mais aussi de bouchons noirs provenant sans doute des mêmes matériels. Quelques uns des manifestants, les derniers arrivés, se penchent pour les observer mais sans les ramasser, peut-être pour éviter des ennuis en cas d'interpellation.

    Je me retourne : les Champs Élysées sont là, tranquilles, illuminés des guirlandes rouges des décorations de Noël accrochés aux arbres de la plus belle avenue du monde. Je me rends compte alors que la nuit vient de tomber : je n'ai pas vu le temps passer ! L'impression est totalement surréaliste : les cars blancs de la police semblent rosés par les lumières de Noël, serrés les uns contre les autres comme une « tortue » de légions romaines. De ce côté-là, quasiment plus de bruit, à part quelques phrases chuchotées. Des badauds flânent le long des grilles policières ; un journaliste étranger, micro en main, s'adresse à une caméra en prenant un air de profonde désolation, et s'inquiète même lorsque je m'approche de lui... Je crois entendre le mot de « révolution » dans sa bouche, dans un sabir anglo-saxon apparemment destiné à un public arabe, si j'en crois l'inscription sur le manche de son enregistreur. En tout cas, il paraît totalement effaré par ce qu'il a vu, voit et verra s'il reste encore un peu !

    Enfin, je me décide à traverser la place pour constater de visu les dégâts qu'annoncent complaisamment les sites d'informations que je consulte sur mon téléphone portatif. Je ne prends pas la peine de courir car les forces de l'ordre paraissent fort éloignées de l'Arc, bloquant la plupart des accès à l’Étoile sans pour autant chercher à la reconquérir. Le spectacle sous l'Arc de Triomphe est absolument étonnant et donne une impression de bivouac improvisé et confus : des jeunes et des moins jeunes sont assis nonchalamment le long des murs tandis que, tout autour de la tombe du Soldat inconnu, une sorte de garde d'honneur des gilets jaunes veille au respect de l'endroit et du symbole, et que les gerbes et les couronnes de fleurs ont été redisposées auprès de la flamme qui, visiblement, vient d'être rallumée, comme tous les soirs. De temps en temps retentit une vibrante Marseillaise, mais qui ne motive guère quelques uns des occupants de l'endroit, très décontractés et plus enclins à préférer d'autres hymnes ou rythmes... Sur les murs, de multiples graffitis, de plus ou moins bon goût, et qui signalent une grande diversité d'opinions et de centres d'intérêt : ces dégradations, instinctivement, me choquent et, à bien y regarder, semblent ne pas avoir grand-chose à voir avec la protestation présente elle-même. Un grand « Fin de régime », sans signature politique, m'intrigue néanmoins : dois-je, ici, y reconnaître un de ses intersignes chers à Léon Daudet ?

    (à suivre)

    Jean-Philippe CHAUVIN

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Les Brigandes ont fait un tabac dimanche après midi à Rungis lors de la journée de Terre et peuple

    48257103_2374663832754854_221332429405683712_n.jpg

    Si l'on en croit l'applaudimètre, Les Brigandes ont donné un grand moment de bonheur au public nombreux de Terre et peuple

    Pierre Vial et la direction de Terre et peuple sont satisfaits de la Table-ronde qu'ils ont organisée ce dimanche à Rungis. Pourtant, compte tenu des événements qui se déroulent actuellement, ils avaient de bonne raisons d'être inquiets. Mais tout cela n'a pas empêché le public de venir beaucoup plus nombreux que d'habitude assister à ce rendez-vous annuel. Ce d'autant plus que la journée était agrémentée par un très attendu concert du groupe fétiche de la Droite nationale, les fameuses Brigandes qui a donné au public enthousiasme un concert de grande qualité. Aujourd'hui unanimement appréciées dans les milieux nationaux et identitaires, et cela malgré une mauvaise campagne de calomnies lancée par quelques  esprits chagrins il y a quelques années, Les Brigandes ont fait très fort, ce dont nous pouvons tous nous féliciter...

    Nous reviendrons dans les jours qui viennent sur cette belle journée qui marque indéniablement le grand retour de Terre et peuple sur la scène nationale...

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Si vous en avez assez de financer l'immigration avec vos impôts, il y a une solution...

    ... aidez Synthèse nationale en faisant un don défiscalisé pour défendre vos idées !

    2017 R HELIE RL.jpg
    Chers Amis,
    Depuis sa création, il y a maintenant 12 ans, Syn­thèse nationale occupe une place prépondérante au sein de la droite natio­nale, so­ciale, populaire et identi­taire. En effet, que ce soit dans la revue, à travers nos différentes publications ou lors de nos réunions (en particulier les Journées natio­nales et identitaires du mois d’octobre), nous avons toujours rassemblé, dans un souci d’efficacité, l’essentiel des compo­santes de notre famille.
    Dans le contexte qui est ce­lui que nous vivons actuelle­ment, une telle démarche trouve évidemment tout son sens. Au moment où une partie grandissante de notre peuple semble se réveiller, ce dont nous n’allons pas nous plaindre, il est du de­voir des forces nationalistes, au premier rang desquelles Synthèse nationale, de l’aiguiller.
    Nous l’avons rappelé à maintes reprises, le choix est simple. Soit on accepte le diktat de l’hyperclasse poli­tico-affairiste dominante, relayée par les mé­dias aux ordres, de dis­soudre notre nation et notre civilisation dans un vaste conglomérat aux dimen­sions planétaires, soit, comme c’est notre cas, on le refuse... Or, pour inver­ser les choses, il faut une prise de conscience popu­laire. Pour faire la révolu­tion, il faut une volonté révo­lutionnaire...
    Dans notre pays que l’on prétendait aseptisé, les pre­miers symptômes de la ré­volte apparaissent. Il y a quelques années, c’était avec la Manif pour tous ; aujourd’hui, ce sont les Gi­lets jaunes qui mobilisent. Qu’importe les motivations momentanées des uns et des autres, ce qui est impor­tant, c’est que nos compa­triotes réalisent enfin qu’ils ne sont plus maitres de leur destin et que notre commu­nauté nationale et ethnique est en train de dis­paraitre. Pour nous, qui de­puis si long­temps sonnons le toc­sin, c’est la preuve que notre combat n’a pas été inutile. Mais il reste encore beau­coup à faire...
    Voilà pourquoi, au nom de toute l’équipe, je m’adresse à vous tous qui êtes attachés à notre liberté et à notre identité et qui, à plusieurs reprises et sous différentes formes, avez ma­nifesté votre soutien à Syn­thèse nationale ces der­nières années. Vous avez pu apprécier, ne serait-ce qu’en consultant notre site quoti­diennement actualisé, le suivit et le développement de notre action. Cependant, tout cela à un prix.
    Certes, le nombre des lecteurs et abon­nés à nos revues (Synthèse nationale, les Cahiers d’histoire du nationalisme et Confrontation), les ventes des Bouquins de Synthèse, les adhésions à l’association des Amis et la fréquentation de nos réunions augmentent en permanence mais les rentrées ne suffisent pas pour équilibrer notre budget annuel. Même si, par la force des choses, nous avons appris à faire 1 euro avec 80 centimes... C’est toujours grâce à la générosité et au dévouement d’un tout petit nombre que nous franchis­sons cette douloureuse épreuve. 
    Synthèse nationale a donc, plus que jamais, besoin de votre aide à tous pour conti­nuer et amplifier son combat. Cela d’autant plus que, désormais, vous pour­rez déduire en partie votre don de vos impôts car, en raison de la pluralité de la presse, Synthèse natio­nale rentre dans la catégorie des organes de presse d’intérêt général (*). Ainsi, en nous aidant, vous avez la garantie que votre ar­gent ne servira pas à sub­ventionner les faiseurs de n’importe quelle ONG im­migrationniste et qu’il servira bel et bien à la cause qui nous est chère. 
    Une préci­sion qui a son im­portance tout de même : votre don devra être ré­alisé avant le 31 décem­bre 2018.
    Nous savons que nous pou­vons compter sur votre con­tribution pour faire tri­ompher vos convictions. Partout sur notre conti­nent les dogmes com­mencent à s’écrouler et les curseurs se déplacent dans notre sens. Ce n’est donc pas le moment de flancher... Par avance, merci à tous !
    Et, comme c’est l’usage chez les civilisés, je profite de cette circulaire pour vous souhaiter à tous, Chers Amis, un bon Noël et de bonnes réjouis­sances de fin d’année...
    Ro­land Hé­lie
    Di­rec­teur de Syn­thèse na­tio­nale
    Déduisez votre aide de vos impôts...
    (*) Chaque don permet une déduction fiscale à hauteur de 66%. À ti­tre d’exemple, pour un don de 100 euros, la déduction fiscale est de 66 euros. Ainsi, votre don ne vous coûte en réalité que 34 euros (un document vous sera adressé par notre secrétariat suite à la réception de votre don).
    Imprimez le document, cliquez ici

  • Entretien avec Pierre Vial, président de Terre et Peuple - Daniel Conversano, V.E - novembre 2018

  • Dimanche prochain, on se retrouve à Terre & peuple !

    2018 12 TP.jpg

    En savoir plus cliquez là

  • Un débat Corbière – Zemmour où il est question de la Révolution, de la Terreur, de Louis XVI, de la République et ... des Gilets jaunes !

    1292867706.jpg

    Peut-être ne pouvait-il être davantage que maire de Forcalquier. Et encore ...

    Où Éric Zemmour apparaît moins républicain que jamais, patriote comme toujours, d'esprit monarchique de plus en plus ...

    Et où Alexis Corbière rêve d'une révolution, d'une constituante, d'une VIe république et en fin de compte ... d'un chaos permanent.

    Où, encore Zemmour accuse clairement Castaner d'avoir sciemment laissé filer les violences de samedi dernier pour discréditer les gilets jaunes, ce qui ne prend pas, où enfin il voit dans leur mouvement une réaction de droite tandis qu'il accuse Corbière et les Insoumis de tentative géniale de récupération. Un débat qui va souvent au fond des choses et des idées qui nous concernent fondamentalement.  Bref, 48 passionnantes minutes !  LFAR    

     http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • JEUDI 6 DÉCEMBRE : NICOLAS GAUTHIER (BOULEVARD VOLTAIRE) INVITÉ DE L'ÉMISSION "SYNTHÈSE" SUR RADIO LIBERTÉS

    RL 91 2018 12 06 N GAUTHIER.jpg

    ÉCOUTEZ RADIO LIBERTÉS CLIQUEZ ICI

    LES PRÉCÉDENTES ÉMISSIONS CLIQUEZ LÀ

  • RAPPEL : jeudi 13 décembre, Lucien Cerise est l'invité des Amis franciliens de Synthèse nationale

    2018 11 AMIS SN L CERISE.jpg

     

    10

  • Un samedi à Paris : le témoignage d'un spectateur engagé. Partie 2 : "Paris brûle-t-il ?"

    Voici la deuxième partie de mon témoignage sur les événements du samedi 1er décembre à Paris. Une fois sorti des Champs Elysées, on entre dans une autre dimension de la manifestation... 

    Quelques minutes après, j'entreprenais de descendre l'avenue de Friedland, puisque l’Étoile nous était interdite. C'est un spectacle de désolation qui m'attendait : le trottoir disparaissait sous les gravats, les éclats de verre, les débris métalliques, et des grappes de manifestants s'agglutinaient le long des murs, semblant attendre une charge policière qui ne venait pas. Des voitures immatriculées « CD » étaient retournées ou éventrées : un riverain en pyjama, hilare, m'explique alors que ces véhicules appartiennent à des diplomates chinois, tandis que des badauds photographient la scène. Ce qui me surprend alors et me surprendra encore plus quelques heures après, c'est l'apparente indifférence des propriétaires de ces récentes épaves : elles resteront dans la même posture et à la même place des heures durant, bien au-delà de la nuit tombée. D'autres, sans plaque diplomatique et beaucoup moins rutilantes dès l'origine, elles aussi endommagées, seront incendiées par des casseurs même pas encagoulés et, pour au moins deux d'entre elles, bien des heures après leur première dévastation. 

    Un peu plus bas, d'énormes fumées envahissent la rue et surplombent les toits : « Paris brûle-t-il ? ». Aux carrefours, des voitures achèvent de se consumer, et il n'est pas quinze heures... D'autres s'enflamment encore, et les manifestants y semblent presque indifférents, dans une sorte de mélange de colère et de résignation devant ce qui se passe autour d'eux. Les gilets jaunes s'époumonent, et, dans le même temps, applaudissent les camions de pompiers qui arrivent parfois difficilement. Dans une rue, j'aperçois une petite Peugeot blanche qui commence à s'embraser, et je me précipite vers le camion rouge le plus proche pour prévenir de l'incendie qui commence juste, mais une barricade de bric et de broc flambe tout à côté tandis que de la banque voisine (une agence LCL) sortent aussi d'immenses flammes. Les forces de l'ordre prennent prudemment position tandis que les slogans hostiles à M. Macron se succèdent, parfois mêlés à d'autres appelant la police à rejoindre l'émeute... Étonnante situation, qui peut paraître assez paradoxale, de ces foules qui veulent changer de gouvernement et en appellent aux forces de l'ordre pour mener cette « révolution » ! Difficile ensuite de les traiter de « factieux », car ils ne remettent pas vraiment en cause « l'autorité » en tant que telle mais bien plutôt la légitimité de l'actuel locataire de l’Élysée.

    Je rejoins un fort groupe de manifestants, de vrais gilets jaunes et quelques jeunes « anarchistes » avec qui je discute sans cacher mon royalisme : cette sorte de discussion impromptue se reproduira près d'une vingtaine de fois dans l'après-midi et la soirée, et cela avec des gens très divers, des Bretons anciens Bonnets rouges au royaliste quinquagénaire sans étiquette partisane, des retraités (il y en avait beaucoup ce jour-là) de l’Éducation nationale aux mères célibataires et femmes de ménage, des jeunes militantes d'extrême-gauche aux vieux routards des combats syndicalistes, du partisan du Frexit opposé aux onze vaccins à ces couples d'amoureux qui cherchaient juste à échapper au désordre pour continuer leur promenade romantique... Les plus jeunes et les plus novices en manifestation croient que « c'est la guerre », et s'effraient en même temps qu'ils s'enivrent de la situation, revivant ce qu'ils ont vu à la télévision sous l'estampille « Mai 68 », entre autres. Non, ce n'est pas la guerre ; non, ce n'est pas la révolution, mais cela ressemble de plus en plus à une insurrection... 

    Dans une petite rue non loin de la barricade enflammée, des centaines de manifestants se réfugient après une charge des forces de l'ordre en criant des injures moins aimables à l'égard de celles-ci. Un jeune père de famille veut traverser le cortège avec sa petite fille, au moment où les grenades claquent au bout de la rue : je le lui déconseille avec le sourire, et je l'accompagne vers un endroit plus calme où il pourra attendre que les esprits se refroidissent un peu... Quelques minutes plus tard, dans cette rue étroite, se construit une barricade avec une baraque de chantier et du matériel hétéroclite, des planches, des tôles, etc. Mais la charge viendra d'ailleurs, de l'autre rue d'à côté : les manifestants refluent en désordre tandis que les riverains regardent et parfois filment la scène avec leur téléphone. Quelques explosions assourdissantes retentissent, et un épais nuage de fumée incommodante envahit les lieux, de celle qui fait fortement tousser et cracher, tandis que les yeux se mettent à piquer (et un peu plus, même) et à ruisseler. Je ferme la marche, marchant du pas lent de ceux qui n'aiment pas courir (ce qui m'est, d'ailleurs, impossible en ce moment), et tout d'un coup, je vois surgir du brouillard lacrymogène deux motos dont je discerne d'abord seulement les phares. Des motos ! Mais cela ne se peut pas, ou plus ! Depuis la mort de Malik Oussekine, en décembre 1986, et la dissolution des « voltigeurs », il n'y a plus, officiellement, de charges à moto, comme celles que j'avais connues en mai 1983, rue de Rennes, non loin de Montparnasse, lors des manifestations étudiantes (de droite...) contre la réforme universitaire du nom d'Alain Savary. Et pourtant, même si cela n'a été qu'une vision fugace, elle était bien réelle ! En fait, c'est de ces motos que semblent avoir été lancées les dernières grenades assourdissantes.

    Un peu plus loin, sur les marches d'un immeuble, un couple de jeunes manifestants, à mon avis plus « gauchistes » que « gilets jaunes », est recroquevillé, étouffant et pleurant. Je m'approche d'eux, et je pense qu'ils sont à peine sortis de l'adolescence : c'est leur première manifestation, et c'est leur baptême du feu, mais elle en est plus énervée que lui, moins virulent, presque timide. Visiblement, ils reviendront... Je les reverrai quelques heures après, marchant avec d'autres manifestants, jeunes aussi, et possiblement radicaux, mais pacifiques. Mais ils font partie de ces jeunes qui sont plus révoltés que révolutionnaires, et à qui notre société de consommation ne convient plus, et j'avoue partager leur dégoût de cette société-là qui, en définitive, n'est rien d'autre qu'une « dissociété » hautement discutable et contestable qui privilégie la quantité plutôt que la qualité et qui sacrifie l'avenir à l'immédiate jouissance éphémère et addictive. Ont-ils lu Illich, connaissent-ils Bernanos, et Georges plutôt qu'Antonin ? Je n'en sais rien, mais je constate que le vieux royaliste que je suis ne semble pas trop les effrayer, peut-être parce que je crois les comprendre et que, d'une certaine manière, je retrouve en eux, et sous d'autres atours (vestimentaires et sans doute idéologiques), ce que j'ai été jadis, jeune...

    (à suivre)

    http://nouvelle-chouannerie.com/