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écologie et environnement - Page 204

  • Mondialisation et Développement durable

    La mondialisation n’est pas une fatalité ou l’expression d’une loi naturelle irrépressible. Elle est résultat d’une conception du monde imaginée par les pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique - les “Pilgrim Fathers” - qui fuirent une Europe belliqueuse pendant le XVIIème siècle pour construire un monde de paix en Amérique. Depuis la Seconde guerre mondiale qui a permis aux Etats-Unis de s’imposer comme hyperpuissance, leurs héritiers appliquent cette politique dont la finalité est de créer le Paradis perdu sur terre. Jamais, il n’y a eu si peu de morts par guerre qu’aujourd’hui (1). Le monde est en paix. Ceci est le résultat de la politique américaine favorisant par tous les moyens l’interdépendance économique des régions du monde. Le libéralisme, association de la démocratie et du capitalisme, en est la philosophie politique de référence.
    Mais, l’individualisme, pivot de la démocratie, et le développement économique comme horizon politique et moral ont une contrepartie : la crise écologique. La menace sur la civilisation libérale n’est plus exogène, mais endogène. Le concept permettant de surmonter cette menace est le Développement durable, dernier avatar de la philosophie politique dominante. Le modèle civilisationnel fondé sur le développement économique n’est, cependant, pas remis en question.

    Après avoir exposé les circonstances de l’apparition de la notion de Développement durable, ce texte évoquera les racines et les étapes aboutissant à l’hyperpuissance américaine pour conclure sur les conséquences géopolitiques.

    Le développement économique comme seul horizon politique

    L’offre politique dans les pays occidentaux, pour autant qu’elle paraisse diversifiée, n’en est pas moins très homogène. Toute la classe politique s’accorde sur la nécessité de soutenir le développement économique comme panacée à tous nos maux. Quelques dixièmes de prévision de croissance en moins et l’avenir s’assombrit. Chômage, pauvreté, déficits divers, intégration, délinquance, etc. sont solubles dans le développement. De nombreuses divergences existent sur les conditions de réalisation de cette croissance et sur son usage, mais nul aujourd’hui ne la remet en question. “Plus de croissance” est le ‘credo’ de tous.

    C’est à l’issue de la Seconde guerre mondiale que l’Europe, puis le monde dans son ensemble, connaissent un développement démographique et économique sans précédent. Comme le souligne Lester R. Brown (1996), il est difficile aujourd'hui de bien mesurer le simple ordre de grandeur de la croissance démographique. Les personnes nées avant 1950 auront vu durant leur vie une croissance démographique plus forte que celle des 4 millions d'années passées depuis que nos premiers ancêtres se sont tenus debout. L'économie mondiale progresse encore plus vite. La valeur de la production totale est passée de 4 billions de dollars en 1950 à plus de 20 billions en 1995. En 10 ans, de 1985 à 1995, elle a augmenté de 4 billions de dollars, davantage que des débuts de la civilisation jusqu'en 1950. Entre 1900 et 2000, le Produit intérieur brut (PIB) mondial a été multiplié par plus de treize en monnaie constante, alors qu’au XIXème siècle il avait été multiplié par un peu moins de sept. De 1900 à 1950, le taux de croissance moyen fut d’environ 1,5 %, ne dépassant guère celui du siècle précédent. De 1950 à nos jours, il atteint 3,3 % en moyenne malgré un ralentissement sensible à partir de 1973. Les Etats-Unis assurent 40 % du PIB des dix-sept pays capitalistes les plus avancés.

    Les pays qui sont maintenant en voie d'industrialisation se développent beaucoup plus rapidement que par le passé, car ils peuvent tirer parti de l'expérience et de la technologie de ceux qui les ont devancés. La croissance économique en Extrême-Orient a été en moyenne de 8 % au cours des dernières années. Entre 1991 et 1995, l'économie chinoise s'est développée au rythme ahurissant de 57 %, ce qui a relevé de plus de la moitié le revenu par tête de sa population. Tous les Chinois ne partagent pas pour autant cet engouement pour la croissance débridée. Ainsi Pan Yue, le vice-ministre chinois de l’environnement, a envisagé que "le miracle sera bientôt terminé", craignant qu’une catastrophe écologique induite par cette croissance ne brise cette belle envolée (2).

    La crise écologique

    Quelques chiffres, issus des travaux de L. Brown, permettent de mesurer l’impact du formidable développement économique et démographique sur les ressources naturelles et l’environnement en général. Comme la population a plus que doublé depuis le milieu du XXème siècle et que la taille de l'économie a presque quintuplé, la demande de ressources naturelles a augmenté à un rythme phénoménal.
    Depuis 1950, les besoins en céréales ont triplé. La consommation de produits de la mer a plus que quadruplé, l'usage de l'eau a triplé de volume, de même que la demande de viande de bœuf et de mouton. La demande de bois de chauffage a triplé; celle de bois de construction a plus que doublé et celle de papier a été multipliée par six. L'emploi des combustibles fossiles est quatre fois plus important et les émissions de carbone ont augmenté en proportion.
    Cet accroissement en spirale de la demande humaine de ressources commence à dépasser la capacité des systèmes naturels de notre planète et, à l'échelle du monde, l'économie attaque les fondations sur lesquelles elle repose. Les dommages causés à l'infrastructure écologique de la terre apparaissent sous la forme de zones poissonneuses qui se vident, de niveaux hydrostatiques qui s'abaissent, de forêts dont la superficie se réduit, sous la forme d'érosion des sols et d'assèchement des lacs, de vagues de chaleur qui diminuent les récoltes et de la disparition d’espèces animales.

    De plus, les bienfaits de cette rapide croissance mondiale n'ont pas été également répartis. Les conditions d'existence de près d'un cinquième de l'humanité sont restées pratiquement inchangées au niveau de la subsistance. En conséquence, le rapport entre le revenu du cinquième le plus riche et le cinquième le plus pauvre des différents pays est passé de 30 à 1 en 1960 à 61 à 1 en 1991. Cette crise de l’environnement est donc doublée d’une crise sociale car les transferts technologiques vers des pays à faible niveau de développement induisent des croissances démographiques phénoménales de personnes inintégrables dans le modèle qui a contribué à les générer. Les populations d’Afrique noire sont les premières concernées par ce constat. L’exclusion sociale devient une variable irréductible consubstantielle à un modèle reposant sur la compétitivité économique des individus et des collectivités.

    Cette crise de l’environnement se caractérise par le constat de la finitude de l’écosphère, alors que les développements qu’elle supporte sont exponentiels depuis plusieurs décennies. L’effet ciseau est redouté, car le jour où ce développement se heurtera aux limites écosystémiques de la planète alors, commencerait une véritable crise écologique que les deux modèles qui ont structuré le monde moderne, - le libéral, le socialiste -, n’ont pas envisagée.

    L’émergence du Développement durable

    Face à la volonté de conforter le modèle actuel en y intégrant la dimension environnementale dans une première étape, puis sociale dans une seconde, la notion de développement, assimilée à la croissance du PIB, s’est transformée en Développement durable. Cette notion devenue incontournable est désormais inscrite dans les grands textes organisant nos sociétés. Ainsi, la Constitution européenne prévoit à son article I-3 alinéa 3: "L’Union œuvre pour le développement durable de l’Europe fondé sur une croissance économique équilibrée....". Plus proche de nous, les lois constitutionnelles du 1er mars 2005 ont adossé à la Constitution française une Charte de l’environnement dont l’art. 6 précise que: "Les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable. A cet effet, elles concilient la protection et la mise en valeur de l’environnement, le développement économique et le progrès social".

    C’est avec les travaux de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement (Commission Brundtland) que le terme de Développement durable, lancé en 1980, fut popularisé en 1987 puis élevé au rang de mission planétaire par la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED) réunie à Rio de Janeiro en 1992. C’est un véritable bilan de l’état de la planète qui fut entrepris par ce groupe à partir des données fournies par les grandes institutions internationales. Le travail, rendu en 1987, fit l’objet d’une publication destinée au grand public éditée sous le titre "Our Common Future".
    La Commission Brundtland définit le Développement durable comme celui "qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs". Elle a noté que sa définition contenait deux concepts clés: les besoins qui désignent "en particulier les besoins essentiels des populations démunies de la planète", et les limites qui désignent "celles imposées par l'état de la technique et l'organisation sociale, à l'aptitude de l'environnement à répondre aux besoins présents et futurs".
    La définition de la Commission Brundtland ne porte donc pas seulement sur la durabilité aux différents sens du terme, mais aussi sur l'équité entre les habitants actuels de la planète et entre les générations successives. La Commission identifie comme principaux instruments: "une croissance économique plus rapide dans les pays industriels et en développement, une plus grande liberté d'accès au marché pour les produits des pays en développement, des taux d'intérêts moins élevés, un transfert technologique accru, et une augmentation significative des flux de capitaux, aussi bien à des conditions préférentielles qu'aux conditions du marché".

    Nécessité incontournable pour les uns, nouvelle utopie ou mode passagère pour les autres, il est désormais illusoire d’exprimer un propos sans se référer au “Développement durable”. Pour les pionniers de l’environnement, cette notion témoigne de la victoire de leurs idées, mais en constitue aussi une menace car, alors que la critique écologiste portait sur un modèle civilisationnel fondé sur la croissance économique, le Développement durable reprend à son compte cette ambition, mais en lui adjoignant les préoccupations qu’ils ont exprimées. Il est donc l’objet d’attaques de mouvements radicaux dénonçant la mystification de la notion de développement qui, en changeant de moyen d’expression, reste toutefois un développement dangereux pour l’environnement. Au Développement durable, ils opposent la décroissance soutenable, c’est à dire celle qui améliore l’environnement, mais ne dégrade pas le niveau de confort des personnes. Un auteur comme Gilbert Rist (2001) a été jusqu’à souligner la dimension quasi-religieuse de la politique actuelle menée par tous les pays et tous les courants politiques en la qualifiant de "mythe du développement". Pourquoi alors tout focaliser sur le développement par lequel nos maux seraient solubles ?

    Malgré quelques voix isolées, le constat est sans appel. Le modèle qui domine la planète repose sur la démocratie et le développement, piliers de la Modernité. Francis Fukuyama dans "La fin de l’Histoire", a exprimé l’idée que l’effondrement de l’Union soviétique comme système politique antagoniste au capitalisme, fut l’événement marquant la fin de l’Histoire dans la mesure où rien ne serait désormais en mesure de s’opposer à un modèle libéral à vocation universelle. Les Etats-Unis en sont la référence absolue et le garant. Aujourd’hui, la mondialisation économique est l’ultime étape engagée par ces derniers pour étendre ce modèle à l’ensemble de la planète. La thèse avancée par ces lignes est que loin d’être l’expression d’une volonté dominatrice, cette politique repose sur la certitude que cette mondialisation permettra de réaliser sur terre le Paradis dont les hommes ont été chassés. La mondialisation économique est l’expression d’un messianisme politique. Le but est louable: créer les conditions d’une paix durable sur terre. Comment ? En disloquant les empires autarciques et en unissant les peuples et les personnes par des liens économiques indissolubles. Depuis 1945 et la victoire des Etats-Unis d’Amérique, ce modèle s’impose.

    Le Mayflower et le messianisme américain

    En 1620, des immigrants issus de l’Angleterre, transportés par le Mayflower, débarquent sur les côtes américaines. Là, loin d’une guerre de Trente ans qui s’achèvera en 1648 avec le Traité de Westphalie, ces réformés issus de l’élite commerçante veulent créer sur ce nouveau continent une civilisation en rupture avec l’ancien monde. Ils cherchent à réaliser l’ambition de l’ancien Testament inscrite dans la Genèse, 9: "Dieu bénit Noé et ses fils, il leur dit:“Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre. Vous serez craints et redoutés de toutes les bêtes de la terre et de tous les oiseaux du ciel. Tout ce qui remue sur le sol et tous les poissons de la mer sont livrés entre vos mains. Tout ce qui remue et qui vit vous servira de nourriture comme déjà l’herbe mûrissante, je vous donne tout (...). Soyez féconds et prolifiques, pullulez sur la terre (...)". Cette civilisation se construit contre une nature que Dieu a laissé subsister en Amérique pour permettre à ces héritiers du peuple élu de réaliser la volonté divine qu’une Eglise européenne compromise n’a pu faire. L’esprit de la Réforme est là: construire le Paradis sur terre, donc s’extraire d’un monde de violence, de maladie et d’une nature hostile.
    Ces réformés fuient aussi un monde dominé par l’esprit guerrier. Bourgeois et commerçants, ils refusent cette éthique guerrière qui oblige les hommes à investir le métier des armes pour exister. S’il doit y avoir une aristocratie, elle sera commerçante et non plus guerrière. La réussite ne se mesurera plus à l’aune des conquêtes ou des batailles gagnées, mais à l’enrichissement des uns et des autres. Ils laissent en Europe une noblesse belliqueuse qui va continuer à guerroyer jusqu’au 8 mai 1945. Cette posture n’empêche pas de faire la guerre et d’utiliser la force, mais celle-ci n’est plus une fin, seulement un moyen.

    Les tractations menées par Benjamin Franklin (1706-1790) pendant la Guerre d’indépendance américaine (1777-1783) sont révélatrices de cet état d’esprit(3). Appelant les Canadiens français à se joindre aux insurgés américains contre les Anglais, avec l’appui de la Couronne de France, B. Franklin leur propose de devenir un Etat inclus dans la fédération naissante. Ceux-ci, satisfaits des droits accordés par la Couronne anglaise, refusent de s’engager dans ce conflit. Au lieu de faire une nouvelle guerre, B. Franklin, pragmatique, aurait envisagé de les acheter aux Anglais, comme James Monroe (1758-1831) le fera avec la Louisiane des Français en 1803.

    L’isolement politique et l’acquisition de la puissance économique

    Quelques années plus tard, la double menace d’une intervention européenne pour secourir l’Espagne menacée dans ses possessions américaines, et les progrès russes le long de la côte du Pacifique, donnent au Président James Monroe l’occasion d’affirmer les principes de sa politique. Dans son message au Congrès du 2 décembre 1823, il confirme la neutralité américaine mais en étend le champ d’application à l’ensemble du continent, Nord et Sud. Il rejette toute velléité d’intervention armée : “Nous ne voulons pas nous immiscer dans les querelles des puissances européennes, la neutralité nous paraît un devoir. En revanche, elles ne doivent pas intervenir aux dépens de colonies qui ont proclamé leur indépendance. Aux Européens le vieux continent, aux Américains le nouveau.”. Avant la formulation de la doctrine Monroe, une autre disposition avait été adoptée dans la Constitution du 17 septembre 1787 pour éviter qu’un Européen devienne Président des Etats-Unis. Une condition nécessaire pour prétendre à cette fonction est d’être né sur le territoire américain.

    Protégée des séismes récurrents de l’Europe, l’Amérique va se concentrer sur son développement économique. Alors qu’en 1820, le Royaume-Uni et la France dominent l’économie mondiale représentant environ 40 % du PIB des pays les plus avancés, les Etats-Unis rattrapent et dépassent ces deux puissances pendant le XIXème siècle. En 1910, les 470 milliards de dollars de PIB (dollars 1990) des Etats-Unis sont à comparer aux 190 du Royaume-Uni. L’Allemagne, à la troisième place avec 120 milliards de dollars de PIB, dépasse de peu la France.

    En devenant une puissance économique, les Etats-Unis sont aussi devenus une puissance politique unie. La Guerre de sécession (1861-1865) qui fit environ 700.000 morts participa à cette cohésion. Cette première guerre industrielle préfigure les conflits du XXème siècle. La conquête de l’Ouest achève l’unité de la nation.

    L’utilisation de la puissance : de 1917 à 1991

    En 1917, c’est conscient de sa force que l’Amérique réintègre le jeu européen pendant la Première guerre mondiale. Tout en fournissant aux Alliés l’aide matérielle, militaire et morale qu’ils réclament, le Président Thomas W. Wilson (1856-1924) s’efforce de s’emparer de la direction politique de la coalition. Son programme définit les termes d’une nouvelle diplomatie. Il l’impose et obtient la création d’une Société des Nations (S.D.N.). Celle-ci doit assurer la paix dans le monde. A l’issue de cette première étape, fort de la puissance économique de son pays qui a rendu les puissances victorieuses débitrices de l’Amérique, T. W. Wilson a imposé à l’Europe un droit des nationalités. Les empires austro-hongrois et turc disparaissent.

    Mais les rancœurs européennes sont loin d’être apaisées. L’Angleterre craint une domination de la France sur le continent. L’Allemagne rumine une défaite qu’elle n’accepte pas. La Russie sombre dans une guerre civile qui ne cessera qu’avec la fin de la Seconde guerre mondiale. L’Italie n’accède pas au statut auquel elle aspire. Tout est réuni pour prolonger un état de guerre durable. L’Amérique ne soutient ni les uns, ni les autres. Après la Conférence internationale de Locarno de 1925, l’Allemagne rejoint la Société des Nations. Le plus important de ces traités établissait le maintien du statu quo concernant les frontières franco-allemande et belgo-allemande sous la garantie de l’Angleterre et de l’Italie. Les Français sont abandonnés par leurs anciens alliés face à une Allemagne qui a déjà commencé son réarmement.

    Tout recommence en 1939

    Les Etats-Unis vont alors profiter de cette nouvelle guerre européenne pour affaiblir définitivement les belligérants. Dans une première étape, l’aide, très limitée, dispensée à la France et à la Grande Bretagne aboutit à l’effondrement de la première qui sort du jeu des grandes puissances en juin 1940. La Grande Bretagne bénéficie d’un surcroît d’assistance ainsi que la Russie soviétique jusqu’au moment où cette dernière sera certaine de sa victoire finale sur les forces de l’Axe. Pour éviter que les Russes n’aillent jusqu’à Paris, comme Alexandre Ier le fit en 1814, les Américains interviennent au cœur du continent européen en envahissant la France et une partie de l’Europe centrale. En juin 1944, les Russes étaient déjà près de la Prusse orientale et savaient la guerre gagnée. Conscients du jeu américain, ces derniers craindront une alliance entre les Alliés et les forces de l’Axe, ce qui se produisit effectivement, mais après la capitulation de l’Allemagne nationale-socialiste.

    Après la Seconde guerre mondiale, l’Amérique triomphe sur le sol européen et dans le Pacifique par sa contribution phénoménale à l’effort de guerre. Mais cet investissement est avant tout économique et industriel. Ses pertes humaines ont été relativement faibles - 350.000 morts- en comparaison des douze à trente millions (?) de Chinois, des vingt millions (?) de Soviétiques ou des 8 millions d’Allemands. Malgré l’incertitude sur le nombre des victimes, la guerre aurait fait au moins quarante millions de morts en Europe et 60 millions dans le monde. L’Europe meurt aussi de faim. Alors qu’un Américain dispose de 3.000 calories par jour, un Français n’en reçoit que 1.135 et un Italien, moins de 1.000.

    A l’issue de ce conflit planétaire qui a opposé des empires (Royaume-Uni, URSS, Chine et France) à des états-nations (Allemagne, Italie, Japon), eux aussi à la recherche d’empire, le premier modèle triomphe, mais deux concurrents sont relégués au rang de puissances régionales, le Royaume-Uni et la France. Il ne reste en Europe qu’une Russie soviétique épuisée par quatre années de batailles, ayant supporté largement l’effort de guerre allemand. Subissant une guerre économique et diplomatique que lui imposèrent les Etats-Unis, - guerre qu’elle n’avait pas les moyens de mener-, celle-ci implosa en 1991. Il ne reste aujourd’hui que l’empire chinois. Les empires français et anglais ont disparu. Les velléités allemandes, italiennes ou japonaises à en acquérir un ont échoué.

    En attendant l’effondrement de l’empire russe, l’Amérique réorganise les puissances vaincues: l’Allemagne, le Japon, l’Italie, la France, certaine que l’Angleterre et la Russie ne disposent plus des moyens pour imposer leurs volontés. Parmi les projets de l’Administration américaine: couper la France en deux comme l’Allemagne. Mais la perspective de la Guerre froide et l’opposition de Winston Churchill (1874-1965) qui ne souhaitait pas que le Royaume-Uni se retrouve seul face à la Russie soviétique, aboutissent à un abandon de cette idée.

    L’économie comme facteur de paix

    Après avoir empêché ou dépecé des empires, un autre aspect de la politique américaine fut d’imposer son modèle par un soutien financier indispensable aux Européens.

    C’est en 1947 que le secrétaire d’État George C. Marshall propose un plan qui porte son nom. Annonçant que la politique américaine n’est dirigée «contre aucune doctrine ni aucun pays, mais contre la faim, la pauvreté, le désespoir et le chaos», le gouvernement américain propose de fournir aux Européens les ressources dont ils ont besoin. Cette proposition s’adresse à tous, y compris la Russie qui la refusera. Le 16 avril 1948 est instituée l’Organisation européenne de coopération économique (O.E.C.E.) dont l’une des tâches fut de distribuer l’aide prévue par le plan Marshall. En 1960, l’O.C.D.E. (Organisation de coopération et de développement économiques) lui succède.

    Une autre action est de favoriser l’interdépendance économique des principaux facteurs de trouble en Europe par la création de la Communauté européenne Charbon-Acier (CECA) qui réunira la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg.
    L’initiateur de cette fédération européenne fondée sur l’économie est Jean Monnet (1888-1979), haut fonctionnaire français très imprégné de culture américaine. Après avoir œuvré au sein de la S.D.N. qu’il quitta en 1923, il revint aux affaires privées et fonda notamment la Bank of America. Il participa aussi à l’organisation de l’économie de guerre des Etats-Unis. C’est lui qui rédige la déclaration faite par Robert Schuman, le 3 mai 1950, dont le but fut de placer la production française et allemande de charbon et d’acier « sous une haute autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe ». Par le traité du 18 avril 1951, la Communauté européenne du charbon et de l’acier (C.E.C.A.) naquit, catalyseur de ce qui deviendra l’Union européenne d’aujourd’hui. Cette dernière est donc d’inspiration américaine.

    Le but de ces ensembles économiques est de créer de telles interdépendances que la guerre devient une aberration, l’espérance de gain en cas de conflit étant inférieure à la certitude de perte. La défaite de l’URSS et la fin de la Guerre froide permettent l’extension du modèle à l’ensemble de la planète. Mais paradoxalement, alors qu’il est appliqué par l’Amérique, ce dernier s’inspire d’une philosophie politique conçue en Europe.

    Le libéralisme

    Tout a été dit, tout a été écrit sur l’émergence et la vocation du libéralisme. C’est avant tout une doctrine économique dont le marché est le lieu d’expression. Mais c’est aussi une philosophie politique dont la liberté de l’individu est la pierre angulaire. Le marché et la démocratie en sont les deux piliers. Une politique libérale a donc vocation à les consolider et à les développer. Elle s’appuie sur une dimension de la philosophie naturelle qui s’enracine dans la pensée occidentale au XVIIIème siècle: l’économie. La Révolution française qui conclut le siècle des Lumières marque le début de l’Ere moderne en s’opposant à l’ancienne conception du monde héritée de siècles d’histoire reposant sur le prince et le prêtre. Le commerçant remplace les deux.

    Cette philosophie doctrinale et le messianisme américain vont s’associer car, il y a dans ces deux sphères la volonté de réaliser un monde harmonieux, à l’image du monde des cieux, domaine de Dieu. En 1683, Isaac Newton (1642 - 1727) énonce les lois de gravitation et synthétise les résultats et réflexions de Copernic, Galilée et Kepler. En dehors des aspects purement techniques à l’origine de ce que les épistémologues qualifient de Science moderne, le travail de Newton et de ses prédécesseurs impose l’idée d’un monde ordonné, harmonieux, fait à l’image et par un Dieu doté des mêmes vertus. Au contraire, le monde de hommes est fait de bruits, de cataclysmes, de guerres et de fureur. La philosophie naturelle se développe alors avec comme propositions fondamentales du paradigme qui s’élabore, l’ordre et l’harmonie.
    Un extrait de l’œuvre de Carl Von Linné (1707-1778) montre à quel point la Science moderne a postulé cet ordre. Dans ses “Aménités académiques”, Linné écrit que "Par économie de la nature, on entend la très-sage disposition des Etres Naturels, instituée par le Souverain Créateur, selon laquelle ceux-ci tendent à des fins communes et ont des fonctions réciproques". La notion d'économie de la nature exprime un souci théo-téléologique qui domine toute la pensée scientifique moderne. La main du créateur a fait un monde ordonné, mais aux manifestations trompeuses. La science a pour vocation de dévoiler cet ordre caché. Le pouvoir politique a comme mission de respecter cet ordre; donc les hiérarchies naturelles entre et au sein des sociétés humaines. Le protestantisme redonne alors vigueur à la mission d’un peuple élu qui doit éclairer l’humanité moins favorisée. Ce projet politique se développe aux Etats-Unis.

    Toute la philosophie naturelle, qui devient science au XIXème siècle, se développe à partir de ce postulat que ce soit dans les sciences de la nature ou dans les sciences de l’homme. Rompant le pacte passé avec l’Eglise se réservant la conduite des affaires humaines en laissant aux philosophes l’étude de la nature, l’économie comme philosophie peut alors s’épanouir. C’est une philosophie de la nature appliquée à l’homme. L’idée fondamentale est la réalisation de l’harmonie à partir d’une rupture avec l’économie du Salut de l’ère chrétienne dont la pauvreté est la condition. Mais, force est de constater que les phénomènes observés sont rarement en accord avec la théorie. La faute à qui ? Pas à Dieu ou à la Nature, mais aux hommes qui méconnaissent les vraies lois qui devraient conduire leurs affaires. Le libéralisme va trouver dans le marché, le moyen de réaliser cette harmonie.

    Deux auteurs sont incontournables pour en saisir l’esprit. Adam Smith (1723-1790), l’initiateur, va ouvrir le voie en s’appuyant sur les réflexions des physiocrates français. Alfred Marshall (1842-1924), réalisera la synthèse des réflexions des continuateurs d’A. Smith, synthèse sur laquelle s’appuie et se réfère toute l’économie moderne d’essence libérale. Mais en existe-t-il une autre qui puisse revendiquer ce statut depuis que la théorie socialiste a sombré dans le sillage de l’URSS ?

    Dans son œuvre principale, "Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations" publié en 1776, Adam Smith établit la doctrine du libéralisme économique. Il a comme objet d’étude la révolution industrielle anglaise qui conférera à cette nation une suprématie pendant les XVIIIème et XIXème siècle sur sa vieille rivale, la France. L’intérêt privé est le moteur de l’économie dont la finalité est l’harmonie. Il revient aux institutions politiques de garantir une libre concurrence s’exerçant dans le cadre du marché.

    La propriété, consacrée par le Code civil de 1804 en France, est la garante de la démocratie et de la liberté. Notons qu’un Français, Léon Walras (1834-1910) est reconnu par ses pairs comme celui qui est l’origine de la notion d’équilibre général en économie. Il s’est voulu le Newton de l’économie, ce que Joseph A. Schumpeter (1883-1950) lui reconnut (Blaug, p. 728): "Pour ce qui est de la théorie pure, Walras est, à mon avis, le plus grand des économistes. Son système d’équilibre économique qui réunit la qualité de la création révolutionnaire avec la qualité de la synthèse classique est la seule œuvre d’un économiste qui puisse supporter la comparaison avec la physique théorique". Il est vrai que Léon Walras a couvert Newton d’éloges dans son ouvrage de référence “Eléments d’économie pure” (1874) montrant par des propos dithyrambiques que l’économie a comme références la mécanique céleste et l’analyse mathématique.

    L’apport de Marshall intéresse les spécialistes et ne nécessite pas de développement dans ces lignes. Un auteur comme Joan V. Robinson (1903 - 1983) a reproché à ce dernier une défense béate du capitalisme s’épanouissant dans une Amérique protestante.

    Le modèle américain : de l’éthique guerrière à l’éthique commerçante

    Pour un Européen, un nouvel impérialisme a succédé aux impérialismes déclinants de l’Eurasie. C’est le jeu de l’histoire. Pour un Américain, puisant sa vision du monde dans l’esprit des puritains, il réalise le dessein de Dieu qui lui a confié un territoire et l’énergie pour le développer et ainsi pouvoir guider l’humanité vers un monde meilleur. L’espérance messianique du judaïsme se réalise avec les protestants américains que Dieu a élus pour conduire le monde selon des valeurs bourgeoises: le travail, la prospérité, la paix. Les producteurs doivent diriger et non plus être au service des castes guerrières; c’est l’esprit de la Révolution française dont le Code civil organise les rapports humains non plus sur la naissance ou la valeur guerrière, mais sur la propriété et les intérêts privés.

    En 1945, sûre de sa victoire finale malgré la singularité de la Russie soviétique, l’Amérique peut enfin annoncer son projet. Cette politique va, depuis cette époque, être réalisée par toutes les Administrations, qu’elles soient démocrates ou républicaines. Dans son discours d’investiture du 20 janvier 1949, Harry Truman (1884-1972) expose le plan réservé à l’Europe, puis au monde, dont le Plan Marshall-OCDE et la CECA-Union européenne figurent parmi les réalisations les plus abouties. Ses propos sont sans équivoque :

    “ Quatrièmement, il nous faut lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et de notre progrès industriel au service de l'amélioration et de la croissance des régions sous-développées. Plus de la moitié des gens de ce monde vivent dans des conditions voisines de la misère. Leur nourriture est insatisfaisante. Ils sont victimes de maladies. Leur vie économique est primitive et stationnaire. Leur pauvreté constitue un handicap et une menace, tant pour eux que pour les régions les plus prospères. Pour la première fois de l'histoire, l'humanité détient les connaissances techniques et pratiques susceptibles de soulager la souffrance de ces gens.

    Je crois que nous devrions mettre à la disposition des peuples pacifiques les avantages de notre réserve de connaissances techniques afin de les aider à réaliser la vie meilleure à laquelle ils aspirent. Et, en collaboration avec d'autres nations, nous devrions encourager l'investissement de capitaux dans les régions ou le développement fait défaut (...).

    Notre but devrait être d'aider les peuples libres du monde à produire, par leurs propres efforts, plus de nourriture, plus de vêtements, plus de matériaux de construction, plus d'énergie mécanique afin d'alléger leurs fardeaux (...).

    Avec la collaboration des milieux d'affaires, du capital privé, de l'agriculture et du monde du travail de ce pays, ce programme pourra accroître grandement l'activité industrielle des autres nations et élever substantiellement leur niveau de vie (...).

    L'ancien impérialisme - l'exploitation au service du profit étranger- n'a rien à voir avec nos intentions. Ce que nous envisageons, c'est un programme de développement fondé sur les concepts d'une négociation équitable et démocratique (...).

    Une production plus grande est la clef de la prospérité et de la paix. Et la clef d'une plus grande production, c'est une mise en oeuvre plus large et plus vigoureuse du savoir scientifique et technique moderne (...).

    Seule la démocratie peut fournir la force vivifiante qui mobilisera les peuples du monde en vue d'une action qui leur permettra de triompher non seulement de leurs oppresseurs mais aussi de leurs ennemis de toujours: la faim, la misère et le désespoir.

    C'est sur la base de ces quatre principaux trains de mesures que nous espérons contribuer à créer les conditions qui, finalement, conduiront toute l'humanité à la liberté et au bonheur personnels”.

    Conclusion

    L’Amérique, puissance dominante, a réussi à imposer son modèle, certaine que celui-ci est le seul à garantir la paix par l’imbrication des intérêts économiques. Souvent raillée avec condescendance par les élites françaises ou anglaises fières de leur antériorité, la diplomatie américaine, depuis 1917, a presque réalisé son ambition: casser les empires autarciques, éliminer l’éthique guerrière au profit d’une éthique commerçante.

    La mondialisation est le prolongement de cette politique volontaire. Celle-ci et la croissance économique qui lui est associée ne sont donc pas des phénomènes naturels irrépressibles, mais le résultat d’une conception philosophico-religieuse du monde. Le Développement durable en est la dernière version susceptible de limiter les conséquences de la crise écologique et sociale comme facteurs endogènes de déstabilisation du modèle libéral.

    La mondialisation n’est donc pas une fatalité contre laquelle on ne peut rien, contrairement au message des partis libéraux ou socialistes qui la soutiennent. Elle est le résultat d’une politique dont on peut accepter ou refuser les buts.

    Frédéric Malaval

    16/05/2005
    © POLEMIA


    Bibliographie :

    Bertier Guillaume de, “Les titans du capitalisme américain”, Plon, 1992
    Blaug Mark, “La pensée économique”, Economica, 1999
    Brown Lester R., "L’état de la planète 1996", Economica, 1996
    Encyclopédie Universalis: Marshall (plan), Europe (histoire de l’idée européenne), Monnet J., Libéralisme, Etats-Unis
    Fukuyama Francis, "La fin de l’histoire et le dernier homme", Flammarion, 1992
    "Histoire des pensées économiques", Sirey, 1988
    Kissinger Henry, "Diplomatie", Fayard, 1996
    "L’empire américain", Les collections de l’Histoire n°7, février 2000
    "Mille ans de croissance économique", l’Histoire n°239, janvier 2000
    "Our Common Future", Oxford University Press, New-York, 1987
    Rist Gilbert, "Le développement - Histoire d’une croyance occidentale", Presses de Sciences Po, novembre 2001
    Tocqueville Alexis de "La Démocratie en Amérique", 1835
    Vallaud Pierre, "La Seconde guerre mondiale", Ed. Acropole, 2002
    Weber Max, "L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme", 1905

    Notes :

    1: Rapport de l’OMS, octobre 2002, cité par « Le Monde » du 10/09/04, Lettre de Polémia, Automne 2004.
    2 : Nouvel Observateur p.47, 7-13 avril 2005.
    3 : cette anecdote est mentionnée dans le musée du Château Ramezay de Montréal.

  • Biodiversité : la chimère en croissance

    La chimère de la biodiversité est une petite sœur jumelle de celle du réchauffement et lui ressemble étrangement.
    Elle a rassemblé du 18 au 29 octobre 2010 pour une grande parlotte à Nagoya au Japon les plus hauts dirigeants de 193 pays qui s'y sont succédé avec des milliers d'experts venus à grand renfort de C02 ! Un accord a été obtenu avec difficulté pour faire avancer la chimère. L'exemple plutôt douteux du GIEC était couramment invoqué afin d'essayer de consolider l'ensemble.
    L'arme de la terreur fut manipulée sans vergogne. Les dauphins du Mékong meurent. En 2050 les requins auront disparu. Il s'ajoute que les albatros, splendides oiseaux océaniques dont l'envergure peut atteindre jusqu'à 3,5 mètres, sont très menacés. Tous les experts annoncent que la population mondiale du tigre a chuté de 95 % seuls 4 000 spécimens résistent encore dans la nature. Avec le réchauffement nous serons cuits selon les experts. Si nous ne portons pas remède à la supposée disparition des espèces, la vie sur terre deviendra impossible et si des mesures totalitaires au niveau des États ne sont pas prises, il faudra dans l'urgence chercher une planète de rechange (sic). Pour donner une apparence scientifique à tous ces cauchemars, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), qui est au centre du dispositif, rêve de chiffrer la valeur des écosystèmes afin que les décisions étatiques les prennent en compte. La pyramide de l'édifice statistique nécessaire pour faire ces calculs sans fondement fait frémir. Sans attendre et sans rire, des experts arrivent d'ores et déjà à chiffrer à 23 500 milliards d'euros par an les services rendus par la nature, soit la moitié du PIB mondial.
    LA COMPLEXITE EFFROYABLE DU PROJET
    Une différence existe cependant avec la grande sœur du réchauffement, car les adorateurs de la grande sœur sont arrivés à simplifier les objectifs : l'ennemi à abattre est le C02, devenu l'objet d'une haine universelle, légale et commerciale. Pour la biodiversité, la complication est extrême ce qu'au Japon même les plus fidèles ont dû admettre.
    Des interrogations redoutables en effet se présentent. Faut-il reconstituer les espèces telles qu'elles étaient en 1900, ceci au risque d'une histoire incertaine à explorer ? Faut-il protéger les espèces telles qu'elles sont en octobre 2010 ? Faut-il protéger la totalité des espèces ? Nous nous trouvons devant une tâche évidemment impossible car le Créateur a disposé des centaines de millions d'espèces dont une toute petite partie simplement est connue ; le début de l'exploration des abysses sous-marins nous découvre des horizons infinis.
    En outre, des découvertes permanentes dévastent les statistiques déjà fausses par nature. Il ne resterait plus, paraît-il, que 50 000 à 60 000 orangs-outangs vivant à l'état sauvage dont 80 % en Indonésie et 20 % en Malaisie. Or une colonie de plusieurs milliers d'individus fut découverte à l'est de Bornéo. Ces nouvelles ont fourni l'occasion à la presse de préciser que ces animaux partagent avec les êtres humains plus de 98 % de leurs génome ; c'est un coup de chapeau donné en passant à l'évolutionnisme, autre chimère à la mode, mais laissons cette presse à ce cousinage douteux. Cela montre en même temps l'impossibilité absolue de compter les animaux et l'effet de ruine provoqué par le simple comptage.
    LES INTÉRÊTS EMBUSQUES
    Comme dans toute chimère mondialiste, les intérêts qui poussent à l'extension sans limite du cauchemar sont considérables et étroitement soudés. La secte des écolos s'y prélasse avec délices. En France, avec l'effacement provisoire du funambule Borloo, Mme Nathalie Kosciusko-Morizet est ministre de l'Écologie, du Développement durable (sic), des Transports et du logement. Dans son sillage et jusqu'au niveau local ainsi que dans les ONG subventionnées se trouvent une foule de fonctionnaires, para-fonctionnaires ou experts s'enrichissant soit modestement soit grassement sur la bête si l'on ose dire. Des homologues existent partout dans le monde : cela fait éventuellement dix millions de fonctionnaires embarqués pour la magnifique croisière.
    Un seul exemple : en France il existe partout des personnes payées pour compter les oiseaux (sicissime) ; au demeurant, c'est un travail fort sympathique qui se passe dans la nature et évite de s'ennuyer dans un bureau ; c'est moins dangereux que de compter les orangs-outangs. La complication est forte, car quoi de plus fugace qu'un oiseau ? Mais justement d'autres intérêts arrivent pour faciliter la tâche ; pour compter ce qui est impossible à recenser, il faut du matériel et d'autre part des consultants qui travaillent à la méthode ; une fois le matériel créé et la méthode bâtie, des formateurs surviennent : que de marché juteux !
    L'EFFET DE RUINE
    Cet effet arrive comme toujours dans toute activité publique et par les mêmes canaux.
    D'abord les immenses sommes d'argent dérobées par la force fiscale aux peuples bien conditionnées en vue de financer ce cirque mondialiste génèrent de la pauvreté par une succession de mécanismes bien connus.
    Ensuite surviennent des dégâts collatéraux pour faire plaisir à des membres de la secte plus actifs que d'autres. Le coût du TGV pour Marseille a été  majoré  à 'époque pour protéger un unique couple d'aigles de Bonnelli, dont, au demeurant, il n'est pas sûr que la trace ait été retrouvée. À cette fin, le trajet a été modifié et le chantier   fut   interrompu   à   plusieurs reprises. Il a fallu aussi complaire aux castors et, notons bien la précision, aux plobates cultripèdes qui sont, comme tout le monde ne le sait sans doute pas, de rarissimes crapauds. Puis arrive l'effet habituellement destructeur des réglementations publiques, telle Natura 2000. C'est une directive européenne qui depuis 1992 établit partout des zones rurales où aucune activité n'est autorisée, sauf accord des bureaucrates de Bruxelles. Le prétexte est de défendre précisément cette biodiversité. La France a proposé 800 zones représentant 5 % du territoire. À ce titre, des camarades des chauves-souris ont voulu sévir dans une commune parce qu'un quart des chauves-souris prétendues rares avaient élu domicile dans une caverne se trouvant sur son territoire. La directive a pour effet de paralyser ou de ralentir toute nouvelle activité, sauf accord du préfet, dans les territoires malheureusement visés. De ce fait, elle génère chômage et paupérisation.
    L'HOMME EST-IL DE TROP ?
    Voici une autre ressemblance avec la grande sœur jumelle. L'homme serait de trop dans la nature, idée voisine de la culture de mort et de la propagande pour l'adoration de la déesse terre-mère, dénommée Gaïa.
    Que faire dans tout ce tumulte ?
    Pour échapper à la ruine et aux tendances totalitaires des écolos, il faudrait reconnaître et diffuser sans cesse que l'homme n'est pas capable de diriger les espèces et qu'il doit simplement dans le cadre de sa raison voisiner avec ces espèces telles qu'elles sont, tout en en tirant d'ailleurs le meilleur parti.
    À cette fin, laissons jouer le droit de propriété et son corollaire la liberté des contrats. Ceux qui aiment particulièrement les chauves-souris ou les tigres, ou les vipères peuvent très bien s'organiser à leur propre échelle dans le cadre du droit naturel et sans nuire aux autres. De même les plus grands et plus beaux animaux peuvent être exploités librement avec parfois la création de fonds d'investissement. Si ces animaux risquent de disparaître, leur valeur augmentera et les propriétaires légitimes prendront les mesures adéquates.
    Il est important en terminant de constater que la quasi-totalité de la population aime la nature et peut fort bien s'en occuper dans la liberté et la variété des situations. Seuls les dirigeants écologistes peuvent être considérés comme des ennemis objectifs de la nature puisqu'ils veulent l'asservir à leur propre pouvoir ainsi qu'à leur richesse personnelle, tout en empêchant les autres de s'en occuper...
    Michel de PONCINS, Rivarol du 26 novembre 2010
    < micheldeponcins ©orange.fr >.

  • NDDL : l’aéroport risque d’inonder Blain

     

    Entre Blain et les Domaines, au cœur du futur projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes, il y a 15 km à vol d’oiseau. A priori, ce n’est pas une commune directement impactée par le projet, qui touche surtout Notre-Dame des Landes et Vigneux. Alors pourquoi l’aéroport présente un risque potentiel pour Blain ?

    La faute à l’eau – encore elle. Suivez le guide, bienvenue en Bretagne Zone Humide.

    L’emprise du projet d’aéroport est formée de 1600 hectares de landes, de vallons et de prairies. Ceux-ci forment un château d’eau qui porte sur deux bassins versants, la Loire et la Vilaine. D’ouest en est, aux abords de la ZAD, on trouve des ruisseaux qui se jettent dans l’étier de Cordemais et de là dans la Loire aval (communes du Temple, Cordemais), deux ruisseaux qui se jettent dans le Canal de Nantes à Brest en amont de Blain, celui de la Goujonnière et celui du Plongeon (communes de Fay, Notre-Dame des Landes, Blain), et deux qui se jettent dans l’Erdre, l’Hocmard, assez loin à l’est de la ZAD (communes de Grandchamp, Sucé, la Chapelle sur Erdre) et le Gesvres qui borde la ZAD au sud (Vigneux, Treillères, la Chapelle sur Erdre) avant de se jeter dans l’Erdre à la Jonelière, au nord de la commune de Nantes. L’Erdre se jette dans la Loire à Nantes et le Canal coule vers la Vilaine à partir du bief de partage du Bout de Bois (commune d’Héric), à 15 km à l’est de Blain.

    La ZAD : une éponge vitale

    Or, il se trouve que si les 1600 hectares de la ZAD doivent être prélevés pour faire l’aéroport, et donc bitumés ou bétonnés, ils doivent être remplacés à l’identique, par voie de compensation. Ce qui consiste à créer ailleurs des zones humides semblables. Impossible puisque 98% de l’emprise du projet est constituée de zones humides. D’où l’illégalité du projet faute de compensation quantitative de zones humides. Un recours a été introduit par deux associations qui contestent l’utilité de l’aéroport, l’ACIPA et la CédPA, pour non-respect par le projet des directives européennes sur l’eau, devant la chambre des pétitions du Parlement Européen. La pétition sera examinée fin mai et pourrait déboucher sur une condamnation de la France par le Parlement Européen. [...]

    La suite sur Breizh Journal

    http://www.actionfrancaise.net

  • Civilisations : Changer ou disparaître ?

    Le Dessous des Cartes” s’interroge sur l’avenir de notre civilisation et sa capacité à protéger son environnement. L’utilisation abusive des ressources naturelles ou “écocide” semble expliquer la chute de certaines civilisations, notamment les civilisations khmer et maya. À travers ces deux exemples, “Le Dessous des Cartes” s’interroge sur l’avenir de notre civilisation et sa capacité à protéger son environnement pour ne pas s’effondrer à son tour.

    http://fortune.fdesouche.com

  • On recherche écologistes responsables, sérieux, réalistes, consensuels…

    La générosité des socialistes n’a pas été récompensée. C’est ainsi qu’en Bretagne, les écologistes ont put hériter de deux députés (François de Rugy et Paul Molac) et de deux sénateurs (Ronan Dantec et Joël Labbé), alors que leur poids électoral – on a pu le vérifier lors de la récente élection présidentielle – n’excède pas 3% du corps électoral. A coup sûr, on peut les qualifier d’enfants gâtés. Pourtant leur comportement au Parlement ne ressemble en rien à l’attitude que l’on est en droit d’attendre des membres d’une majorité. A cet égard, il s’agit d’enfants indisciplinés. Avec Notre-Dame-des-Landes, c’est le bouquet doivent considérer les socialistes. A tel point que, si l’accord électoral PS-Verts était à renégocier – si on refaisait le match en quelque sorte -, il est probable, voire certain que les socialistes feraient moins preuve de « charité chrétienne » : les cadeaux seraient limités au strict minimum. Pour la Bretagne, François de Rugy, peut-être, mais c’est tout.

     

    À l’Elysée et à Matignon, on apprécie peu la plaisanterie. Si bien qu’en haut lieu, on se met à rêver d’une écologie débarrassée des Verts. Des « spécialistes en écologie », ça existe en dehors de la boutique EELV.  François Mitterrand avait déjà réussi cette manœuvre à la veille des élections régionales de 1992 : l’Elysée avait financé la mise sur orbite de « Génération écologie », un machin financé par le tandem Jean-Louis Borloo-Brice Lalande. Grâce aux listes présentées par Génération écologie, la progression des Verts avait été brisée aux élections régionales, l’électorat écologiste – ou qui se découvrait subitement écologiste car le PS n’était pas à la mode en cette période – s’était partagé entre les deux formations. Au conseil régional de Bretagne, il y avait donc un groupe Verts et un groupe Génération écologie. Celui-ci ne connut pas une carrière brillante car composé de gens venant de tous les horizons (par exemple anciens du RPR), souvent sans colonne vertébrale politique et très vaguement écologistes. Il ne fut donc pas très difficile à l’exécutif (Josselin de Rohan) de les débaucher, moyennant quelques pourboires, et de les amener à voter avec la majorité de droite.

     

    Des travaux d’approche sont donc en cours avec la sphère écologiste. Ne serait-ce que pour montrer aux élus et militants verts qu’ils ne possèdent pas le monopole de l’écologie, il est possible au gouvernement de trouver d’autres interlocuteurs…Mardi 4 décembre 2012 : Bernard Poignant, maire de Quimper, conseiller « spécial » du président de la République, reçoit à l’Elysée les rescapés de Génération écologie. Le dialogue est aisé à construire : « Que pouvez-vous faire pour les élections municipales de 2014 ? », « Et pour les régionales de 2015 ? », demande Poignant. Réponse des visiteurs : « On a besoin d’argent pour monter des listes… » (sous-entendu avec n’importe qui). « Je vais en parler au Président », rétorque Poignant dans son immense sagesse. Après tout, Génération écologie pourrait servir à récupérer une partie de l’électorat écologiste très désorienté depuis l’entrée au Gouvernement du tandem Duflot-Canfin. Sans parler des électeurs socialistes qui ne savent plus où ils en sont.

     

    Jeudi 6 décembre 2012 : Nicolas Hulot (photo) est nommé par François Hollande « envoyé spécial pour la protection de la planète ». L’ancien animateur de TF1 et président de la Fondation pour la nature et l’homme a précisé que cette « mission internationale en faveur de la préservation de l’environnement » était « bénévole »,  « suprapolitique » et « complémentaire de la diplomatie existante ».

     

    Il y a encore six mois, Bernard Poignant n’aurait pas reçu à l’Elysée le dernier quarteron de militants Génération écologie et Nicolas Hulot n’aurait pas été nommé « envoyé spécial ». Aux responsables d’EELV d’en tirer les conclusions qui s’imposent : ils ne sont plus en cour. Quant à Nicolas Hulot, il a quelques comptes à régler avec les Verts. Ils l’ont humilié gravement en lui préférant pour l’élection présidentielle la plus catastrophique de toutes les candidates, une certaine Eva Joly. Sans oublier la réception « chaleureuse » qui fut faite à l’homme d’Ushuaïa lors de sa visite à Notre-Dame-des-Landes, pendant la campagne pour les primaires écologistes : des militants excités lui balancèrent au visage un seau d’épluchures de pommes de terre ; ça ne s’oublie pas.

     

    Conclusion : si les Verts espèrent bénéficier de quelques subsides, ils peuvent attendre longtemps. Des hochets style « envoyé spécial » auraient certainement fait plaisir à quelques dirigeants qui n’ont pas le privilège d’être parlementaires. C’est raté.

     

    Paul Le Guern http://fr.novopress.info

     

    Article publié initialement sur Novopress Breizh.

  • L’Amérique (auto)destructrice

    L’Amérique (auto)destructriceLa récente tuerie, la dernière d’une longue série, de l’école primaire Sandy Hook, à Newtown, dans le Connecticut, qui a provoqué la mort de 27 personnes, dont 20 enfants, a suscité, outre une émotion bien légitime, les déclarations traditionnelles, que l’on s’attend à entendre dans de telles circonstances.
    Le lobby des armes à feu, incarné par la National Rifle Association, a encore une fois été dénoncé, mais l’on peut conjecturer qu’il n’y aura aucune suite à une mise en accusation, qui, pour autant, ne sert pas réellement à identifier le problème de fond qui mine la société américaine.
    Pour expliquer les aberrations qui prolifèrent comme une pandémie, et qui meurtrissent aveuglément des innocents au gré des caprices des tueurs, les commentateurs ont à leur disposition une mallette de notions passe-partout, qui, outre l’argument majeur des 200 000 000 d’armes qui se baladent de l’Atlantique au Pacifique, usent tout le lexique fourni en matière de sociologie, d’éducation, et surtout de psychologie. On met l’accent, avec raison, sur la déstructuration des personnes, sur les conflits qui détruisent les liens familiaux, sur la désocialisation des individus enfermés dans un monde intérieur peuplé des fantasmes virtuels de l’internet, sur la haine, la jalousie, le ressentiment qui empoisonnent des consciences perverties par la société du spectacle, de la marchandise, et de la réussite à tout prix, sur la disparition des inhibitions, des tabous moraux qui rendent les gestes meurtriers anodins, banals. Tout cela est vrai, mais peu sont ceux qui dévoileront la cause ultime de ce désastre : l’Amérique elle-même.
    Dans son passionnant ouvrage, « Stendhal et l’Amérique », Michel Crouzet a évoqué le désamour que l’auteur de Lucien Leuwen avait éprouvé pour la république américaine, après une période d’illusions démocratiques. Cette analyse d’un itinéraire que beaucoup connaîtront après avoir découvert la réalité du Nouveau Monde est en soi l’auscultation attentive d’une civilisation qui est la seule à avoir inventé, dans l’Histoire, une forme inédite de massacre, celui de ses propres enfants.
    Stendhal a bénéficié, en lecteur exigeant, de nombreux récits de voyageurs tels que Victor Jacquemont, Basil Hall, Mrs Trollope, Miss Frances Wright, Félix de Beaujour, Volney, dont certains étaient de ses amis, et tous, des écrivains capables de prendre une distance critique. Il n’est pas anodin que Mrs Trollope, par exemple, Anglaise émancipée s’il en est, passa l’Atlantique Wigh, pour revenir Tory !
    Stendhal, qui n’était pas réactionnaire, voyait dans l’Amérique, certes, le progrès, mais aussi la décadence, une régression de la civilisation. L’américanisme était l’avenir, mais il ne serait pour rien au monde devenu Américain. Le progressisme du Nouveau monde, extrémité occidentale de l’Europe, accentue la modernité, qui est arrachement à la sensibilité, jusqu’à son anéantissement. L’homo faber est avant tout l’homme destructeur. Si la volonté et le calcul y sont les instruments de sa liberté, elles servent aussi à maîtriser aussi bien l’être intérieur que la nature.
    Stendhal oppose l’homo americanus au Français, sociable, galant, léger et peu rentable, et surtout à l’Italien, dont la passion rentrée peut éclater en folie destructrice, mais néanmoins civilisatrice, pour peu qu’elle soit sublimée par l’éros et la beauté, ces frivolités essentielles de l’humain différencié. L’archaïsme italien favorise l’épanouissement individuel et collectif, tandis que la perfection politique des Etats-Unis les plonge dans une crise permanente.
    L’homme de raison des Lumières a porté dans ses bagages le progrès et l’ennui. Le négociant européen y est devenu roi. Dans le roman inachevé « Lucien Leuwen », le héros éponyme dit : « Prenez un petit marchand de Rouen ou de Lyon, avare et sans imagination, et vous aurez un Américain ». Un roi multiplié, plébéien, bassement calculateur, régnant sur un continent. Ce qui suffit à donner la mesure de la catastrophe historique que fut le triomphe des Anglo-saxons (Stendhal, à la suite de son ami anglais S. Sharpe, assure que « les Américains ne sont que la quintessence d’Anglais ») sur la terre des Amérindiens, et ce qu’elle fût devenu si les Français, qui s’occupaient plus de nouer des relations galantes avec les Indiennes que de bâtir une utopie biblique, avaient imposé leurs mœurs.
    Au lieu de quoi on eut une sorte d’in-civilisation, la société industrielle de l’Angleterre poussée à son paroxysme, dont les traits sont amplifiés : moralité hyperbolique, puritanisme, austérité, répression du désir, rentabilité, productivité, brutalité des rapports économiques et sociaux, exploitation de la force de travail. Une Angleterre sans sa culture aristocratique de la différence, au demeurant. « L’homme n’[y] est mû que par trois idées : l’argent, la liberté et Dieu ». Avec une prédilection pour la première.
    Ce qui pourra paraître paradoxal pour un contemporain est l’anti-rousseauisme de Stendhal. Il reprend, par l’idéologue Volney, les préjugés de Voltaire sur les « sauvages », qui, par nécessité, sont réduits à vivre misérablement, poussés par un besoin de subsistance précaire, sans imagination, sans dilapidation gracieuse des biens, qui est la condition indispensable pour que l’idée de luxe apparaisse, donc de plaisir, de raffinement, d’intériorisation du délice, et de la construction de rapports sophistiqués avec autrui. L’Indien est un barbare naturel, donc utilitariste. C’est pourquoi il est l’exact miroir de l’homme démocratique américain, uniquement préoccupé d’une économie matérielle d’accumulation des biens et de leur consommation mélancolique.
    La table rase qui a initié un monde nouveau, quelle qu’ait été sa violence originelle, qui subsiste cependant autant dans la conscience profonde du descendant de pionnier, que dans l’attachement épidermique à la possession d’armes à feu, a eu pour effet d’effacer toutes les origines, les personnalités, les véritables différences. L’Américain moyen ne déteste rien tant que la supériorité ou l’originalité. La Terre promise est un pré uniforme où paît le troupeau de Dieu. Le brassage recrée le désert. La masse oppresse, le jugement, le droit, le contrat deviennent le seul critère assurant un lien entre des atomes exilés.
    L’oppression du groupe est d’autant plus prégnant qu’elle n’est pas équilibrée par l’oisiveté cultivée, le loisir épicurien, la dilection gratuite, donc salvatrice. Hormis le travail et la prière, il n’y a rien. Ou tout, ce qui est la même chose. Il est même, et surtout, impossible de se rattacher à un passé, puisque le Nouvel Eden est à construire, et à universaliser. Le temps est à défricher, comme la frontière, et de façon violente. La forêt, la nature, les minerais, le territoire, les paysages, ne sont plus que des instruments de la puissance. Les voyageurs du XXème siècle ont été stupéfaits de découvrir combien le paysan américain, qui n’est plus un paysan, mais un spéculateur, ne s’attache ni à un lieu, ni à la beauté d’un endroit, ni même aux séductions existentielles qu’il offre : ils coupent tout, vendent, puis s’en vont. Le rapport à la nature y est brutal, irrespectueux. Les terres sont si nombreuses, si vastes, si étrangères, au fond, à l’identité des hommes qui en prennent possession, qu’il est vain de s’y arrêter, et, comme sur le Vieux continent, de les transformer en ces œuvres d’art que sont les paysages des nations européennes.
    Nous touchons là l’une des sources de la violence endémique qui mine la société américaine, et qui en fait une des civilisations les plus anormales de l’histoire humaine, une des raisons pour lesquelles elle parviendra peut-être à subjuguer les autres civilisations, à les détruire, et à anéantir, avec elles, l’humanité.
    Car si l’Europe s’est faite peu à peu, dans la longue durée, par une série de cultures conquérantes qui ont absorbé, sans les éradiquer, celles qui leur avaient succédé, des temps préhistoriques jusqu’au moyen-âge, la société américaine a supprimé tout ce qu’elle considérait comme le « mal », les Indiens, la culture européenne, le temps « mort », mais qui vit, pour instaurer ce qu’elle a toujours considéré come un destin manifeste, voulu par Dieu, sans distinction de la variété du monde et de la légitimité des autres visions du monde. En revanche, dès le néolithique, le terroir européen a pris forme, dans un équilibre sage et patient entre la nature sauvage et la nature domestiquée, entre la chasse, la cueillette et l’agriculture, entre la part libertaire de l’homme et sa portion sociale, perçue comme élévation vers une plus grande liberté, laquelle a toujours été perçue come une libération par rapport aux besoins biologiques de l’individu, donc des nécessités économiques. Cette prise en compte civilisationnelle des complexités humaines a produit le grand Art et l’amour fin, considérés comme des idéaux à atteindre par l’élite. L’esclavage réel n’est que celui de la rationalité instrumentale, qui ne donne que ce qu’elle vaut. L’homme se construit à partir de son affectivité, de sa sensibilité, de son monde intérieur, et de l’invention de nouvelles sensations, de tout ce qui éloigne du mécanique.
    Qui veut faire l’ange fait la bête. A vouloir en finir avec la corruption, à quoi l’Américain réduit l’oisiveté aristocratique, le luxe et les plaisirs de l’art et de l’amour, on finit par dénaturer l’homme, par le déshumaniser, par rompre avec ce qui le constitue en tant qu’être sociable, à conjuguer la froideur standardisante aux brusques explosions pornographiques et meurtrières, les deux d’ailleurs se rejoignant dans l’usage immodéré du calcul.
    Plutôt que la prolifération des armes à feu, que les journalistes et responsables politiques s’évertuent de combattre, comme si l’élimination de boutons sur la peau suffisait à faire disparaître une maladie, il vaudrait mieux se demander quelles sont les raison de fond d’un phénomène qui se répète, et s’amplifie. Toutes les règles drastiques de sécurité, et les tentatives d’éducation « civique », ne sont pas parvenues à prévenir un phénomène qui tend à se répandre partout où l’américanisation tend à déstabiliser les sociétés. De la Chine à la France, en passant par la Finlande ou l’Allemagne, la maladie gagne. Parfois, la pathologie s’adapte au terrain. En France, par exemple, il n’est pas rare qu’un père assassine femme et enfants avant de se donner la mort. Les modalités criminelles sont plus américanisées dans les pays du Nord, bien que la tuerie de Nanterre, le 26 au 27 mars 2002, nous ait livré un spécimen qui devrait réjouir le très californien groupe de « réflexion » Terra nova (tout un programme).Richard Durn apparaît en effet, par ses diplômes, son engagement dans le « camp du progrès », son ressentiment viscéral, comme un pur produit américanoïde.
    Du reste, tous ces tueurs appartiennent à la société hypermoderne. Non seulement parce qu’ils prennent la peine, comme dans les meilleurs scénarii hollywoodiens, de se déguiser en « guerriers » de la nuit, avec tenue noire commando et force armes automatiques, mais ils utilisent internet pour gonfler leur ego dans une geste pathétique et dérisoire de narcissisme aigu, et, si possible, de faire perdurer leur image, comme ils ont, eux-mêmes, pu s’inspirer de celle de leurs sinistres devanciers.
    Il est malheureusement certain que cette pathologie civilisationnelle va continuer de se mondialiser à mesure que le Nouvel Ordre mondiale s’universalise. Il est frappant, du reste, de noter que la tuerie de Newtown (dont le nom est révélateur) s’est produite dans une usine à éduquer, dans une école où plus de 600 enfants étaient rassemblés. La quantité, dans l’horreur, s’allie toujours avec l’atrocité, comme dans les abattoirs.
    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com

  • Pétrole, gaz de schiste, peut-on dire non ? - 21/09

  • 16 scientifiques : « Pas de panique sur le réchauffement... »

    Nous l'avions relaté en son temps. En septembre Ivar Giaever, Prix Nobel de Physique et figurant il y a quatre ans au nom des "groupies" d'Obama, démissionnait avec fracas de la Société Américaine de Physique dont il était un des membres les plus anciens. Il ne pouvait admettre le communiqué que celle-ci venait de faire paraître disant notamment : « C'est une évidence incontournable : le réchauffement climatique est en cours. Si aucune action décisive n'est entreprise des ruptures catastrophiques des systèmes écologique et physique de la terre, dan la santé et la sécurité humaine, surviendront probablement. Mous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre et commencer tout de suite ». Non seulement en dépit de ce que braille le GIECC il n'y a aucun consensus sur ce sujet mais de plus en plus de scientifiques s'inscrivent en contre et dénoncent les manipulations idéologiques qui se déroulent sous le prétexte de ce soi-disant réchauffement créé par les activités humaines. Beaucoup de scientifiques ne vont pas jusqu'à de telles extrémités et adoptent une position plus modérée. Seize d'entre eux, tous de grande renommée même si le média conformiste s'efforce de les dénoncer comme marginaux et dilettantes, ont publié le 27 janvier dans le Wall Street Journal une tribune libre intitulée : « Pas de panique sur le Réchauffement Climatique » niant qu'il puisse y avoir le moindre argument scientifique en faveur d'une décarbonisation de l'économie mondiale. Certes, n'étant pas spécialistes de ces choses nous ne nous prononcerons pas ici sur l'aspect purement scientifique mais nous revendiquons le droit de ne pas être dupes de cette escroquerie des « droits à polluer » qui depuis une dizaine d'années ont fait la fortune d'Al Gore et de quelques autres escrocs et ont permis à des multinationales d'arroser à peu de frais tous les petits malins des pays en voie de développement qui n'ont pas tardé à tirer partie de ce détournement. En voici la liste :
    Claude Allègre. J. Scott Amstrong fondateur de l'International Journal of Fore-casting. Jan Breslow, chef du laboratoire de Biochimie génétique du Rockefeller Center. Roger Cohen, American Physical Society. Edward David, National Academy of Science. William Happer, professeur de physique à Princeton. Michael Kelly, professeur de technologie à Cambridge. William Kinninmonth, ancien directeur de la recherche sur le Climat au Bureau Australien de Météorologie. Richard Lintzen, professeur de science atmosphérique au MIT. James McGrath, professeur de chimie à l'Université Technique de Virginie. Rodney Nichols, ancien président de l'Académie des Sciences de New York. Burt Rutan, ingénieur aérospatial, travailla sur Voyager et SpaceShipOne. Harrison Schmitt, astronaute Appolo 17, ancien sénateur. Nir Shaviv, professeur d'astrophysique à Hebrew University, Jérusalem. Henk Tennekes, ancien directeur du Service Royal de météorologie des Pays-Bas. Antonio Zichichi, président de la fédération Mondiale des Scientifiques, Genève.
    J. R. Rivarol du 3 février 2012

  • OGM : Comment une étude bidonnée par Monsanto a été validée par les autorités sanitaires

    La recherche scientifique menée par Gilles-Eric Séralini sur un OGM de Monsanto a été violemment critiquée dans sa méthodologie. Mais qu’en est-il des tests menés par les firmes elles-mêmes ? Un rapport montre les dissimulations et extrapolations bien peu scientifiques qui accompagnent l’évaluation du seul OGM autorisé à la culture en Europe, le Mon810. Des extrapolations reprises à leur compte sans vérification par les autorités sanitaires européennes.

    Avant d’être commercialisés, les OGM sont-ils vraiment évalués avec la plus grande rigueur scientifique, comme leurs promoteurs le prétendent ? Toute entreprise sollicitant une autorisation de mise sur le marché de son OGM doit produire une évaluation censée démontrée que sa semence transgénique est inoffensive. Ces analyses sont réalisées par des laboratoires que les entreprises de biotechnologie rémunèrent directement.

    Les autorités sanitaires qui étudient ensuite le dossier, comme l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA [1]), ne disposent ni de temps ni de crédits pour pratiquer leurs propres analyses. Elles se contentent donc de lire le dossier de l’entreprise et la littérature scientifique sur le sujet. D’un côté, la firme est juge et partie. De l’autre, des instances d’évaluation placent dans cette firme une confiance quasi absolue.

    Que doivent évaluer les experts ? Que l’OGM ne diffère pas d’une semence non transgénique dont l’utilisation commerciale a déjà été jugée sans risque. La firme va donc chercher à démontrer « l’équivalence en substance » : comparer les composants d’une plante transgénique (nutriments, protéines, glucides…) avec des plantes conventionnelles. Si les écarts enregistrés correspondent à des écarts connus entre variétés de la même espèce, la plante transgénique est considérée comme étant équivalente en substance, donc a priori inoffensive. L’évaluation se fait en deux étapes : une analyse comparative pour identifier des différences avec la plante non modifiée génétiquement, et une évaluation des impacts nutritionnels, sanitaires et environnementaux de ces différences.

    Le Mon810 « aussi sûr » qu’un grain de maïs conventionnel ?

    Concernant son maïs Mon810, Monsanto a affirmé en 2007 : « Comme il a été démontré dans ce dossier de renouvellement d’autorisation, Mon810 est équivalent à un maïs conventionnel à l’exception de sa protection contre certains papillons parasites ». Son OGM serait donc comparable à un banal grain de maïs « naturel ». Une affirmation « d’équivalence » que les autorités sanitaires européennes reprennent à leur compte : « Le maïs Mon810 est aussi sûr que ses équivalents conventionnels au regard de ses effets potentiels  », conclut l’EFSA en 2009. Une conclusion pour le moins hâtive…

    Problème : sur quels éléments démontrés scientifiquement repose cette affirmation ? Lorsque l’on teste la toxicité d’un produit, on extrait deux échantillons de rats d’une certaine lignée, et on regarde s’il est statistiquement raisonnable de penser que l’échantillon « essai » a été modifié par l’OGM par rapport à l’échantillon « témoin ». « Si quelque chose est vu (ici, une différence), cela existe. Si ce n’est pas vu, cela ne veut pas dire que ça n’existe pas, mais juste que, dans les conditions de l’expérience, on ne l’a pas vu », explique le biologiste Frédéric Jacquemart, président d’Inf’Ogm, une veille citoyenne d’information sur les OGM. Une absence de preuve n’est pas une preuve d’absence.

    Des extrapolations pas très scientifiques

    Affirmer que « le maïs Mon810 est aussi sûr que ses équivalents conventionnels » est donc une extrapolation sans preuves irréfutables. D’autant qu’aucun test d’équivalence n’a en fait été réalisé ! Un tel test nécessite des protocoles assez lourds à mettre en œuvre, avec un nombre de cobayes élevés, pour prouver l’innocuité du produit. Si le test ne s’appuie que sur un faible nombre de cobayes (des rats en l’occurrence), il s’agit en fait d’un test « de différence », visant à établir que sur tel ou tel aspect, l’OGM ne semble pas produire des effets différents qu’une banale graine. Mais cela ne prouve pas l’innocuité de l’OGM.

    Alors que le Mon810 est aujourd’hui cultivé en Europe, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a reconnu que 80 % des effets constatés lors des tests n’étaient pas significatifs ! Affirmer que le Mon810 est « aussi sûr » que les autres maïs est donc, au mieux, une extrapolation sans fondements, au pire, mensonger. Aucun effet toxique ne peut en fait être exclu. Cette extrapolation des résultats, qui rend un OGM équivalent à une autre semence, est sévèrement jugée par le biologiste Frédéric Jacquemart :« Lorsque deux populations sont comparées, les tests statistiques ne peuvent faire qu’une chose : réfuter, au risque statistique choisi près, une hypothèse ». On peut donc réfuter un risque précis, mais en aucun cas affirmer une absence totale de risques.

    Dissimulations et conclusions hâtives

    Dans son rapport intitulé « Expertise des OGM, l’évaluation tourne le dos à la science », l’association Inf’Ogm a ainsi pris le parti d’éplucher le dossier du Mon810. L’association dénonce une série considérable de dissimulations scientifiques dans l’étude de ce maïs insecticide. A commencer par l’entorse à une règle de base en méthodologie scientifique : trier les données pour les présenter de manière « avantageuse » plutôt que de les soumettre telles quelles.

    Dans le dossier de sa demande d’autorisation du Mon810, Monsanto fournit toute une littérature scientifique analysant différentes variétés et cultures de maïs (dont des analyses souvent anciennes, remontant avant 1982, dont la méthodologie est aujourd’hui dépassée). Si Monsanto ne constate pas de différence significative avec son OGM cultivé aujourd’hui, la firme estime que tout va bien. En revanche, lorsque des différences sont observées, elles sont présentées comme « non biologiquement significatives » ou « sans valeur informative » ! La comparaison n’est utilisée que lorsqu’elle sert les intérêts de Monsanto et permet de conclure à une composition similaire entre un maïs OGM et une plante témoin non génétiquement modifiée.

    Quand « similaire » devient « identique »

    « En se basant sur ces données, nous avons conclu que les grains du Mon810 et ceux du contrôle sont de composition similaires et sont représentatifs des grains de maïs actuellement sur le marché », assure la firme. Par dérive sémantique « similaire » devient ensuite « de composition équivalente », puis…« identique » ! Finalement, « on peut conclure que le Mon810 est aussi sain et nutritif que le maïs conventionnel »… Une conclusion qui excède de toute évidence la portée des données. « Si l’on ne prend en compte que les données qui soutiennent la conclusion souhaitée et qu’on néglige les autres, on aboutira fatalement à ce que l’on a envie de montrer », rappelle Inf’OGM. Si cette pratique est scientifiquement irrecevable, Monsanto semble particulièrement adepte de cet exercice.

    « Tout cela est validé par l’[EFSA] sans que cela ne fasse tousser personne », déplore Frédéric Jacquemart. Malgré des extrapolations non étayées, une faiblesse des tests, un tri des données, les conclusions de Monsanto quant à l’innocuité de son maïs Mon810 ont été reprises par des experts qualifiés d’agences officielles, censées être « neutres », comme l’Agence européenne de sécurité des aliments. Les recommandations de cette Agence concernant les méthodes statistiques à utiliser sont pourtant très claires, et parfaitement contradictoires avec les pratiques des firmes dépositaires d’un dossier de demande d’autorisation d’OGM. Le panel OGM de l’EFSA indique notamment que les deux tests, de différence et d’équivalence, doivent être faits. Elle met également en garde contre l’usage de données prises hors de l’expérience elle-même.

    Conflits d’intérêts

    Comment expliquer le laxisme de l’EFSA sur le dossier Mon810 ? Frédéric Jacquemart y voit une« parfaite mauvaise foi ». Cette Agence, censée être un organisme de contrôle indépendant, a été décriée ces derniers mois après la révélation de plusieurs conflits d’intérêt au sein de la structure. Un rapport de la Cour des Comptes publié le 11 octobre épingle l’EFSA pour sa mauvaise gestion des conflits d’intérêts.

    Deux ans plus tôt, l’Observatoire européen des entreprises (CEO) avait déjà apporté les preuves de liens entre plusieurs membres du conseil d’administration de l’EFSA et l’Institut international des sciences de la vie (ILSI, International Life Science Institute), financé par l’industrie agro-alimentaire (lire un précédent article). La présidente de l’EFSA avait été contrainte de démissionner de l’ILSI où elle siégeait comme membre du Conseil des Directeurs.

    Cette affaire a révélé la manière dont l’industrie des biotechnologies est parvenue à influencer les décisions de l’agence européenne en plaçant dans ses instances décisionnelles des personnalités scientifiques qui reprennent ses analyses et partagent ses objectifs. C’est pourtant sur la base des avis de l’EFSA que la Commission européenne prend les décisions d’autoriser ou non les OGM…

    Expertises : deux poids, deux mesures

    Les autres dossiers de demande d’autorisation d’OGM ne vaudraient en général pas mieux. Deux dossiers en cours d’instruction (la pomme de terre Modena et le maïs MIR604) [2] en vue d’autorisations dans l’UE ont fait l’objet d’avis plus que sévères par le Haut Commissariat aux Biotechnologies, souligne Inf’Ogm. Au même moment, l’étude du Professeur Gilles-Eric Séralini sur la toxicité du maïs transgénique NK603 et du Round up était jugée non valable scientifiquement par l’EFSA.

    « Alors que l’EFSA vient de réagir dans un délai ridiculement court à la dernière étude de G.-E. Séralini, en prétendant qu’elle n’avait aucune portée, cette agence ferait mieux de faire son travail sérieusement et de s’assurer que les dossiers de demande d’autorisation d’OGM sont réalisés avec la meilleure rigueur scientifique possible », juge François Veillerette, porte-parole de Générations Futures« L’EFSA n’est manifestement qu’une des instances qui fonctionnent comme des chambres d’enregistrement destinées à rassurer le public, au sujet des OGM, mais non à en assurer la sécurité », conclut le rapport d’Inf’Ogm.

    Les critiques formulées à l’encontre du protocole de Gilles-Eric Séralini pourraient concerner les protocoles de l’ensemble des dossiers déposés par les entreprises de biotechnologie pour obtenir les autorisations commerciales de leurs plantes génétiquement modifiées (PGM). Inf’OGM avait remis en 2011 au ministère de l’environnement une pétition pour demander la révision de l’évaluation de l’ensemble des PGM, autorisées et en cours d’autorisation. Une demande restée sans réponse à ce jour, du moins pour les 46 OGM autorisés en Europe.

    Sophie Chapelle pour bastamag

    Via les brinsdherbe  http://lesmoutonsenrages.fr/

  • BIODIVERSITE : LA CHIMERE EN CROISSANCE

    La chimère de la biodiversité est une petite sœur jumelle de celle du réchauffement et lui ressemble étrangement.
    Elle a rassemblé du 18 au 29 octobre 2010 pour une grande parlotte à Nagoya au Japon les plus hauts dirigeants de 193 pays s'y sont succédés avec des milliers d'experts venus à grand renfort de CO2 ! Un accord a été obtenu pour faire avancer la chimère. L'exemple plutôt douteux du GIEC était couramment invoqué afin d'essayer de consolider l'ensemble.
    L'arme de la terreur est manipulée sans vergogne. Les dauphins du Mékong meurent. En 2050 les requins auront disparu. Il s’ajoute que les albatros, splendides oiseaux océaniques dont l'envergure peut atteindre jusqu'à 3,5 mètres, sont très menacés. Tous les experts annoncent que la population mondiale du tigre a chuté de 95 %, seuls 4000 spécimens résistants encore dans la nature.
    Avec le réchauffement nous serons cuits selon les experts. Si nous ne portons pas remède à la supposée disparition des espèces, la vie sur terre deviendra impossible et si des mesures totalitaires au niveau des États ne sont pas prises, il faudra dans l'urgence chercher une planète de rechange (sic).
    Pour donner une apparence scientifique à tous ces cauchemars, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), qui est au centre du dispositif, rêve de chiffrer la valeur des écosystèmes afin que les décisions étatiques les prennent en compte. La pyramide de l'édifice statistique nécessaire pour faire ces calculs sans fondement fait frémir. Sans attendre et sans rire, des experts arrivent d'ores et déjà à chiffrer à 23 500 milliards d'euros par an les services rendus par la nature, soit la moitié du PIB mondial.
    LA COMPLEXITE EFFROYABLE DU PROJET
    Une différence existe cependant avec la grande sœur du réchauffement, car les adorateurs de cette nouvelle religion sont arrivés à simplifier les objectifs : l'ennemi abattre est le CO2, devenu l'objet d'une haine universelle, légale et commerciale. Pour la biodiversité la complication est extrême ce qu'au Japon les fidèles ont du admettre.
    Des interrogations redoutables se présentent. Faut-il reconstituer les espèces telles qu'elles étaient en 1900, ceci au risque d'une histoire incertaine à explorer ? Faut-il protéger les espèces telles qu'elles sont en septembre 2009 ? Faut-il protéger la totalité des espèces ? Nous nous trouvons devant une tâche évidemment impossible car le Créateur a disposé des centaines de millions d'espèces dont une toute petite partie, simplement, est connue ; le début de l'exploration des abysses sous-marins nous découvre des horizons infinis.
    En outre, des découvertes permanentes dévastent les statistiques déjà fausses par nature. Il ne restait plus, parait-il, que 50 000 à 60 000 orangs-outangs vivant à l'état sauvage dont 80 % en Indonésie et 20 % en Malaisie. Or une colonie de plusieurs milliers d'individus fut découverte à l'est de Bornéo.
    LES INTERETS EMBUSQUES
    Comme dans toute chimère mondialiste, les intérêts qui poussent à l'extension sans limite du cauchemar sont considérables et étroitement soudés. La secte des écolos s'y prélasse avec délices. La France a une secrétaire d'État à l'écologie (sic), Madame Chantal Jouanno. Dans son sillage et jusqu'au niveau local ainsi que dans les ONG subventionnées se trouvent une foule de fonctionnaires, para-fonctionnaires ou experts s'enrichissant soit modestement soit grassement sur la bête si l'on ose dire. Des homologues existent partout dans le monde : cela fait éventuellement dix millions de fonctionnaires embarqués pour la magnifique croisière.
    Un seul exemple : en France il existe partout des personnes payées pour compter les oiseaux ( sicissime) ; au demeurant, c'est un travail fort sympathique qui se passe dans la nature et évite de s'ennuyer dans un bureau ; c'est moins dangereux que de compter les orangs-outangs. La complication est forte car quoi de plus fugace qu'un oiseau ? Mais justement d'autres intérêts arrivent pour faciliter la tâche ; pour compter ce qui est impossible à recenser il faut du matériel et d'autre part des consultants qui travaillent à la méthode ; une fois le matériel créé et la méthode bâtie, des formateurs surviennent : que de marché juteux !
    L'EFFET DE RUINE
    Ce dernier arrive comme toujours dans toute activité publique et par les mêmes canaux.
    D'abord les immenses sommes d'argent dérobées par la force fiscale aux peuples bien conditionnées en vue de financer ce cirque mondialiste génèrent de la pauvreté par une succession de mécanismes bien connus.
    Ensuite surviennent des dégâts collatéraux pour faire plaisir à des membres de la secte plus actifs que d'autres. Le coût du TGV pour Marseille a été majoré à l’époque pour protéger un unique couple d’aigles de Bonnelli, dont, au demeurant, il n’est pas sûr que la trace ait été retrouvée. A cette fin, le trajet a été modifié et le chantier fut interrompu à plusieurs reprises. Il a fallu aussi complaire aux castors et, notons bien la précision, aux plobates cultripèdes qui sont, comme tout le monde ne le sait sans doute pas, de rarissimes crapauds.
    Puis arrive l'effet habituellement destructeur des règlementations publiques, telle Natura 2000. C'est une directive européenne qui depuis 1992 établit partout des zones rurales où aucune activité n’est autorisée, sauf accord des bureaucrates de Bruxelles. Le prétexte est de défendre précisément cette biodiversité. La France a proposé 800 zones représentant 5 % du territoire. A ce titre des camarades des chauves-souris ont voulu sévir dans une commune parce qu’un quart des chauves-souris prétendues rares avaient élu domicile dans une caverne se trouvant sur son territoire. La directive a pour effet de paralyser ou de ralentir toute nouvelle activité, sauf accord du préfet, dans les territoires malheureusement visés. De ce fait, elle génère chômage et paupérisation.
    L'HOMME EST-IL DE TROP ?
    Voici une autre ressemblance avec la grande sœur jumelle . L'homme serait de trop dans la nature, idée voisine de la culture de mort et de la propagande pour l'adoration de la déesse terre-mère, dénommée Gaïa.
    Que faire dans tout ce tumulte ?
    Pour échapper à la ruine et aux tendances totalitaires des écolos, il faudrait reconnaître et diffuser sans cesse que l'homme n’est pas capable de diriger les espèces et qu'il doit simplement dans le cadre de sa raison voisiner avec ces espèces telles qu'elles sont, tout en en tirant d’ailleurs le meilleur parti.
    À cette fin, laissons jouer le droit de propriété et son corollaire la liberté des contrats. Ceux qui aiment particulièrement les chauves-souris ou les tigres, ou les vipères peuvent très bien s'organiser à leur propre échelle dans le cadre du droit naturel et sans nuire aux autres. De même les plus grands et plus beaux animaux peuvent être exploités librement avec parfois la création de fonds d'investissement. Si ces animaux risquent de disparaître, leur valeur augmentera et les propriétaires légitimes prendront les mesures adéquates.
    Il est important en terminant de constater que la quasi-totalité de la population aime la nature et peut fort bien s'en occuper dans la liberté et la variété des situations. Seuls les dirigeants écologistes peuvent être considérés comme des ennemis objectifs de la nature puisqu'ils veulent l'asservir à leur propre pouvoir ainsi qu’à leur richesse personnelle, tout en empêchant les autres de s’en occuper… .
    Michel de Poncins  http://www.libeco.net