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économie et finance - Page 398

  • Notre-Dame-des-Landes: qui a le plus menti, finalement?

    L’annonce de l’abandon du projet d’aéroport du Grand Ouest a résonné comme une victoire des zadistes installés illégalement à Notre-Dame-des-Landes. Mais le mythe d’un retour à la nature cache des réalités moins reluisantes. Dix questions sur un abandon.

    Édouard Philippe a tranché, l’aéroport de Nantes-Atlantique sera agrandi. La zone d’aménagement différé de 1 600 hectares (ZAD, rebaptisée « zone à défendre »), gelés depuis les années 1970 dans la perspective d’un nouvel équipement, n’a plus de raison d’être. Les élus locaux, les quatre exploitants agricoles qui refusaient l’expropriation et les zadistes ont fait plier les pouvoirs publics. Reste maintenant à faire plier quelques faits, particulièrement têtus. Le tour en dix questions.

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  • Réforme de la SNCF : Macron ira-t-il jusqu’au bout ?

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    Par André Noël, journaliste ♦ Macron ira-t-il jusqu’au bout dans sa volonté de réformer la SNCF ? Cette volonté de réformer ce mastodonte ingérable et coûteux qu’est la SNCF traduit une bonne intention. Le premier ministre a raison de dire que cela ne peut plus durer : 45 milliards € de dettes qui augmentent de trois milliards € par an, sans compter les intérêts qui in fine seront réglés par le contribuable. Et dans une société où l’on ne parle que d’égalité et dont, par conséquent, on essaie, dans tous les domaines, d’extirper les inégalités, il est de plus en plus intolérable que le statut des cheminots soit à ce point exorbitant du droit commun appliqué aux autres salariés.

    Mais nous parlons d’intention ! Or, pour ce qui est de la SNCF, il y a toujours loin de la coupe aux lèvres, de l’intention à l’exécution. Macron ira-t-il jusqu’au bout ? Déjà, dès le début, sa réforme est a minima (voir ci-après.) Il paraît qu’il va négocier, via son ministre du travail.

    Si négociation il y a, et si elle n’est pas qu’un simulacre pour la galerie, un compromis avec les syndicats en sortira qui sera nécessairement en leur faveur et non pas à l’avantage du pouvoir qui devra « lâcher » quelque chose pour sauvegarder la « paix sociale. » Tous les autres présidents ont fini par reculer.

    Ne parlons pas de ceux qui n’ont jamais eu l’intention de changer quoi que ce soit, tels les Mitterrand et Hollande, mais des autres, c’est-à-dire Chirac et Sarkozy.

    Le premier, en 1995, Juppé étant son premier ministre, a dû abandonner la réforme des régimes spéciaux, dont celui des cheminots, devant la grève qui a immobilisé le pays pendant un mois ; le deuxième les a bien modifiés mais timidement. Il a préservé l’essentiel des avantages liés à ces régi-mes : calcul de la retraite sur les six derniers mois de salaire, système des bonifications ou « trimestres gratuits », octroi des pensions de réversion sans condition d’âge ni de ressources, etc. et cela pour faire passer l’allongement de la durée des cotisations progressivement de 37,5 à 41 ans.

    Et pour faire « bon poids » et désarmer la CGT, il a cru devoir ajouter d’autres « compensations » : échelons d’ancienneté supplémentaires, assiette du salaire liquidable élargie, prime de travail intégrée dans la prime de fin d’année, droit à retraite anticipée pour avoir élevé trois enfants étendu aux hommes. Si bien qu’à l’arrivée, la « réforme » Sarkozy coûte plus aux finances publiques qu’avant son adoption !

    Tout le monde est d’accord sur le diagnostic et sur le caractère intolérable de la situation, même si, à gauche, on ne le concède qu’en privé. Mais ce qui retient les uns et les autres de donner un coup de pied dans la fourmilière des privilèges injustifiés, c’est la grande crainte d’un nouveau « 1995 » qui se solda, un peu plus tard, par la défaite de la majorité RPR-UDF aux législatives de 1997 ; nous eûmes ainsi, sous Jospin, cinq ans d’un socialisme appliqué qui a accouché, en l’an 2000, de la calamiteuse réforme des 35 heures dont l’économie française pâtit encore 18 ans après son adoption.

    Macron n’est pas plus courageux que ses prédécesseurs. Il estime que le rapport de forces lui est favorable et que ce qu’il propose ne déclenchera pas une longue grève comme celle de 1995. Il n’a pas tort et ce pour plusieurs raisons.

    La principale est que le contexte politique a changé. Si nombre de Français se sont solidarisés avec les grévistes à l’époque – grévistes qui pourtant paralysaient leur liberté de circulation – c’est qu’ils étaient vent debout contre Chirac qui, non seulement, quatre mois après son élection, n’a pas tenu ses promesses de campagne mais aussi a fait exactement le contraire.

    Lors de sa campagne, pour se distinguer de son rival Balladur présenté comme le candidat des riches, il annonce qu’il va réduire la « fracture sociale » en faveur des plus démunis, en baissant l’impôt sur le revenu de 30% au cours de son septennat en commençant par une diminution de 5% dès son accession au pouvoir. Mais aussitôt, nommé premier ministre, Juppé fait voter par le Parlement un plan ayant pour objectif de réduire les déficits multiples.

    Le plan Juppé se traduit par une ponction massive sur les revenus des classes populaires. Les salariés, retraités, chômeurs et leurs familles étaient mis à contribution pour 82 milliards de francs de l’époque (12,6 milliards €) en prélèvements supplémentaires. Il faudra attendre Hollande en 2012 pour avoir un matraquage fiscal équivalent. Dans le plan Juppé il y avait donc la réforme des régimes spéciaux, dont celui de la SNCF, ce qui a mis le feu aux poudres. Sur le refus des cheminots est venu se greffer l’indignation des électeurs floués qui ont « fait grève par procuration. »

    Rien de tel aujourd’hui. La CGT est affaiblie, c’est la CFDT, aux élections professionnelles, qui est devenue le premier syndicat de France. Toutes les manifestations ont été des échecs et les militants sont échaudés ; ils n’ont pas réussi à faire reculer le pouvoir sur les lois El Khomri, sous Hollande, malgré de multiples démonstrations. Et les manifestations contre la réforme du Code du travail, il y a quelques semaines, n’ont mobilisé que des effectifs squelettiques. En plus, pour « riposter », les syndicats sont divisés sur la stratégie à suivre.

    La seule déconvenue engendrée par Macron qui arriverait peut-être à fédérer les mécontentements multiples ce serait la baisse du pouvoir d’achat. Mais la catégorie sociale la plus touchée susceptible d’entraîner les autres, c’est celle des retraités qui ne peuvent faire grève et descendent rarement dans la rue.

    Des réformes a minima, comme celles de ses prédécesseurs

    Comme les gouvernements précédents n’ont pas fait grand-chose, ce que présente celui d’Edouard Philippe apparaît, par comparaison, si ce n’est gigantesque, du moins important. Or, comme la réforme annoncée de l’assurance-chômage, sur laquelle nous allons revenir, il s’agit de mesures a minima pour la SNCF.

    La principale et la plus emblématique porte sur le statut des cheminots : plus aucun salarié ne sera embauché sous ce juteux et coûteux statut. « Aux nouvelles générations, aux apprentis, à tous ceux qui veulent s’engager dans la SNCF, nous disons qu’ils bénéficieront des conditions de travail de tous les Français, celles du Code du travail », a déclaré Edouard Philippe. Mais cela ne sera effectif pour tous les salariés de la SNCF que, lorsque les derniers embauchés sous statut seront retraités, à savoir dans une trentaine d’années, le temps moyen d’une carrière dans l’entreprise.

    En outre, le projet de réforme ne traite pas des retraites à la SNCF, donc des régimes spéciaux, qui est pourtant la principale inégalité. Le premier ministre a renvoyé la question qui sera examinée lors de la réforme globale des retraites promise pour 2019 après l’avoir été pour 2018.

    Or, comme nous l’avons déjà révélé dans votre Bulletin, Jean-Paul Delevoye, auquel le gouvernement a commandé un rapport sur cette réforme, a déclaré à propos des régimes spéciaux : « Il ne s’agit pas de signer la fin de quelque chose, nous voulons respecter le caractère identitaire de certains régimes de retraite : un cheminot est un cheminot, un gazier est un gazier. » Il n’est donc pas sûr que la réforme Macron sonnera le glas du régime spécial de la SNCF qui peut subsister sous une autre appellation et d’autres modalités de calcul, toujours plus avantageuses que celles applicables aux autres salariés.

    Pour ce qui concerne ce boulet que traîne la SNCF, c’est-à-dire 45 milliards € de déficit, là aussi, le gouvernement renvoie son traitement à plus tard. Si l’on a bien compris, pour faire baisser sa dette, le premier ministre attend que la SNCF engrange des bénéfices sous le double aiguillon de la concurrence et de son changement de statut juridique, après quoi l’Etat mettra la main au porte-feuille (en l’occurrence celui des contribuables, donc le nôtre) pour solder le reste. Edouard Phillipe n’a pas parlé de délai pour cela.

    A partir de 2021, des opérateurs privés pourront exploiter leurs trains sur le réseau ferroviaire français, conformément au calendrier imposé par l’Union européenne à la France pour libéraliser le secteur. Cette ouverture à la concurrence a été bénéfique aux consommateurs comme à France Télécom qui, devenu Orange, gagne de l’argent malgré trois autres compétiteurs. Cela est un peu moins vrai pour EDF-GDF, mais son bilan comptable est meilleur que, lorsqu’elle vivait sous le monopole, ayant mis fin à la spirale d’un déficit permanent.

    Cette ouverture à la concurrence est passée par un préalable pour ces sociétés, à savoir l’abandon du statut d’Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial (Epic) au profit de celui de sociétés anonymes à conseil d’administration. C’est ce qu’a annoncé Philippe pour la SNCF. La conséquence est importante. Une Epic est garantie par l’Etat qui, en dernière instance, est responsable de ses dettes. Devenue société anonyme, la SNCF ne pourra plus compter sur le filet de l’Etat.
    Cela devrait l’inciter, comme le fit France Télécom, à tout faire pour être rentable. On le voit, les sujets les plus cruciaux ne sont pas réglés par la réforme Philippe.

    André Noël 05/03/2018

    Source : Le Bulletin d’André Noël, Synthèse hebdomadaire du 5 au 11 mars 2018

    Crédit photo : Angélique Guerin [CC BY 2.0], via Flickr

    https://www.polemia.com/reforme-de-la-sncf-macron-ira-t-il-jusquau-bout/

  • International : la "folie" de Donald Trump pourrait être payante

    6a00d83451619c69e201b8d2e0ac80970c-250wi.jpgDe Pauline Mille sur RITV :

    "En décidant le transfert à Jérusalem de l’ambassade des USA en Israël, Trump a passé pour fou aux yeux des sages, qui ont aussi condamné ses menaces contre la Corée du Nord en août dernier. Aujourd’hui pourtant les deux Corée donnent des signes de paix, et Jérusalem pourrait être la capitale de deux Etats. [...]

    Rappelons au passage, sur ce dernier sujet, que la politique est l’art de peser les rapports de force, et que, rompant en visière avec la planète entière, Trump doit bien s’assurer quelques alliés. En outre, sur ce dossier précis, le provocateur fou pourrait bien avoir été sage. Il assure « préparer un accord de paix » au Proche-Orient, « le plus difficile ». Il ajoute : « Je pense que les Palestiniens veulent revenir à la table des négociations, mais s’ils ne le font pas, il n’y aura pas de paix, et c’est aussi une possibilité ». La phrase est typique de sa manière : Trump est un négociateur, pas du genre diplomate, mais businessman. Et il a placé la barre très haut en commençant par un symbole, situer la capitale d’Israël à Jérusalem. Cela lui permet maintenant une grande marge de négociation tant vis-à-vis des Palestiniens (il peut leur accorder beaucoup), que vis à vis des Israéliens (il peut leur demander beaucoup puisque l’une de leurs revendications principales est acquise, et avec elle la pérennité de l’Etat d’Israël).

    Cela n’est pas une conjecture, simple déduction logique de son comportement : le journal saoudien publié à Londres, l’Asharq al-Awsat, rapporte que, selon des sources diplomatiques arabes fiables à Paris, la vieille ville de Jérusalem serait placée dans le plan Trump sous « protection internationale ». Le futur Etat palestinien, que les Etats-Unis aideraient à créer, y aurait sa capitale. En échange, les Palestiniens abandonneraient leur revendication du droit au retour. La chose est énorme, et les Palestiniens crient à « la claque du siècle », jurant leurs grands dieux qu’il n’y aura « pas de capitale à Jérusalem », puisque « Jérusalem est la capitale » de la Palestine. Cependant, depuis des décennies que les négociations ne donnent rien, ce plan permet de revenir à un partage des terres et des symboles qui ressemble assez à celle d’avant la guerre des Six-jours, et pourrait donc, si les belligérants se lassent de poursuivre des chimères, déboucher sur une paix.

    Autre zone géopolitique hautement sismique, l’Extrême Orient chinois. Là aussi Donald Trump a été traité de « fou » par la très sage opinion mondiale quand, le huit août dernier, il a promis à la Corée du Nord et son dictateur Kim Jong Un le « feu et la colère » des Etats-Unis. Si la Corée du Nord continuait de « proférer des menaces envers les Etats-Unis », elle encourrait une réaction « que le monde n’a jamais vue jusqu’ici ». C’était la réponse du berger à la bergère, Kim ayant promis la veille de faire payer « un millier de fois » aux USA « le prix de leurs crimes » et de transformer Séoul, la capitale de la Corée du Sud, en « mer de flamme ». Par delà ces postures et ces prises à partie homériques se joue là-bas une partie diplomatique à deux étages où Trump le fou est sans doute beaucoup plus sage qu’on ne le croit.

    Premier étage, qui occupe presque tout le terrain médiatique, la Corée du Nord et son dictateur chouchou des réseaux sociaux. Avec l’aide de la Chine, elle se construit patiemment un arsenal nucléaire et les moyens de le transporter, dans l’Est asiatique d’abord. Si les experts disputent de la miniaturisation des bombes, donc de la capacité des ingénieurs coréens à les installer dans une fusée, des missiles ont été tirés, qui menacent non seulement le Japon et Corée du Sud, mais l’Asie du Sud-Est, menaçant la base militaire de Guam, que Kim a désigné pour cible. Lui aussi est un négociateur atypique. Les observateurs américains pensent que, tiré selon un autre angle, le missile Hwasong-14 coréen porterait jusqu’à 10.400 kilomètres, c’est-à-dire jusqu’à Los Angeles ou Chicago.

    Mais pour Trump, Kim n’est qu’un tigre en laisse. Celui qui tient la laisse est Xi-Jinping, et le véritable adversaire des Etats-Unis est la Chine. C’est pourquoi, fidèle à sa méthode, Trump a-t-il dès son arrivée renouée avec Taiwan, passé un accord naval avec l’Inde, rassuré ses alliés japonais, malais, indonésiens.L’expansionnisme chinois dans la région est patent : la Chine vient de lancer un porte-avion, multiplie les incidents aériens et navals avec le Japon en mer Jaune, renforce ses positions dans les Paracelse et les Spratleys, sans considérer les intérêts du Vietnam, des Philippines et des autres puissances régionales. C’est contre cette avance forte, permanente et accélérée que tente d’agir Trump. Il associe à sa démarche, outre l’Inde et la Russie, tous les Etats moins importants d’Asie que la Chine inquiète, de sorte que ce consortium force la Chine à pousser son protégé coréen à la retenue, ce qui fait entrer paradoxalement Trump dans un processus mondialisant.

    Il le fait à sa manière. Alors qu’ils ont multiplié guerres et sanctions au Proche-Orient contre un danger nucléaire qui n’existait pas, en Irak et en Iran, les Etats-Unis et l’Europe n’ont rien osé faire contre un danger nucléaire encore mineur mais certain en Corée du Nord. Trump a osé. En menaçant Kim, il veut donner un coup d’arrêt à l’expansionnisme chinois. Pour la première fois depuis 1950, les dirigeants de la Corée du Sud et de la Corée du Nord vont se retrouver fin avril pour un sommet historique dans la zone démilitarisée qui sépare leurs pays. Kim a déjà reçu une délégation sud-coréenne. Selon celle-ci, la Corée du Nord serait prête à discuter de sa dénucléarisation « si les menaces militaires contre le Nord disparaissent ». Trump juge ces nouvelles « très positives » et s’attribue le mérite de cette évolution. Il ne traite plus, pour l’instant, Kim de « fou » comme il le faisait auparavant. Il le croit désormais « sincère ». Les photos montrent un Kim « enjoué ». En mimant la guerre, Trump l’imprévisible a-t-il préparé la paix ?"

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Agro-industrie, malbouffe, cancer ! Fréquence Orages d'acier - 06/03/18

  • DANS LA GUERRE DE L’ACIER ENGAGÉE PAR TRUMP, QUE PEUT BIEN FAIRE JEAN-CLAUDE JUNCKER ?

    Dans la guerre commerciale engagée par le président Trump sur les importations d’acier, les réactions sont de deux ordres : à prétention scientifique d’une part ; et vindicatives d’autre part.

    Pour la prétention scientifique on trouve le FMI – on ne sera pas surpris car c’est le QG du mondialisme depuis 70 ans – qui a déclaré il y a deux jours que « les restrictions à l’importation annoncées par le président américain sont de nature à causer des dégâts non seulement hors des États-Unis mais encore à l’économie américaine elle-même, y compris à ses secteurs manufacturier et de la construction qui sont de gros utilisateurs d’aluminium et d’acier« . Ce jugement est dépourvu de rationalité : la majoration des prix des métaux n’affectera que la portion du prix de revient des produits manufacturés qui correspond à la matière première (moins de 6 %): l’impact sera non significatif sur le produit fini (+ 0,20 % environ du prix de revient brut).

    La presse mainstream, si dépendante (de vraies « Pravda libérales »), se croyant historienne, se réfère, elle, à la précédente tentative pour taxer les métaux importés. C’est le Huffpost qui rappelle, sentencieusement, qu’en 2002, G.W. Bush avait ordonné des taxes douanières de 8 à 30 % selon les catégories de métaux. L’Union européenne avait immédiatement déposé un recours devant l’OMC et publié une liste de produits américains frappés en rétorsion de droits de douane pouvant aller jusqu’à 100 % (jus de fruits, vêtements). Cette politique protectionniste avait provoqué la baisse du dollar, creusé les déficits du fait des réductions d’impôts alors également octroyées. L’OMC avait donné raison à l’UE et à sept autres pays, et le président américain avait supprimé ces droits de douane fin 2003 face à la menace de ses partenaires, autorisés par l’OMC à imposer des droits de douanes sur les produits américains (fruits et légumes, textiles, chaussures ou motos). Mais le président Trump, lui, ne s’inclinera pas devant les sanctions de l’OMC. Dès lors qu’il ne sera plus appliqué, le système est condamné.

    Mais il y a aussi les réactions vindicatives.

    Juncker, président de la Commission européenne, annonce préparer des contre-mesures visant des produits américains : « Nous allons mettre des barrières douanières sur les Harley-Davidson, sur le bourbon et sur les jeans Levis » (qui ne sont plus fabriqués depuis 2003 aux USA !… déclaration à la télévision publique allemande). L’Union européenne envisage d’alourdir les tarifs douaniers de 25 % sur environ 2,8 milliards d’euros d’importations provenant des États-Unis. « Ils vont apprendre à nous connaître« , fanfaronne Junker. « Nous aimerions avoir une relation raisonnable avec les États-Unis mais nous ne pouvons pas nous contenter de faire l’autruche.« (sic). Mais ce dimanche le président Trump a immédiatement menacé de taxer les automobiles (allemandes…). Vendredi, le président américain avait écrit : « les guerres commerciales sont justifiées et faciles à remporter ». Et il a raison : qui peut résister à la première économie du monde ? Et qui peut prétendre que le droit d’exporter est plus juste que le droit de sauver son être économique contre des importations mortifères?

    Les produits ciblés par l’Europe seraient certains types d’acier, des biens manufacturés, des produits agricoles. La liste définitive en sera présentée la semaine prochaine aux pays membres pour accord.

    La Commission européenne va également se joindre à d’autres pays pour contester la décision américaine devant l’Organisation mondiale du commerce (ORD de l’OMC). Mais ce type de recours peut durer dix ans : on se rappellera l’affaire du bœuf aux hormones et du Roquefort.

    Donald Trump est farouchement opposé aux carcans commerciaux multilatéraux. Il est bien capable de les détruire à lui tout seul. La France devrait suivre le brise-glace : c’est son intérêt. Ce nouveau contexte mondial permettra aussi de penser le nouveau traité européen, confédéral, « nationiste » et social, et d’y réintégrer le Royaume Uni.

    http://www.bvoltaire.fr/guerre-de-lacier-engagee-trump-bien-faire-jean-claude-juncker/

  • Candide ministre

    342775313.jpgGeorges Feltin-Tracol

    Pendant cinq mois et neuf jours, Yanis Varoufakis fut ministre des Finances du gouvernement grec de gauche radicale Syriza alliée aux souverainistes du parti des Grecs indépendants. Cet universitaire en économie à la double nationalité gréco-australienne accepte la demande d’Alexis Tsipras et veut renégocier la dette hellène auprès de l’Eurogroupe, du FMI, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne. Conversations entre adultes (Éditions Les liens qui libèrent, 2017, 526 p., 26 €) relate dans le détail ses nombreuses discussions.

    Cet ouvrage au sous-titre explicite, « Dans les coulisses secrètes de l’Europe », est passionnant. Il se lit comme un polar à la différence que les victimes sont bien réelles. Le peuple grec subit à la fois d’incessantes trahisons de la part de ses politiciens, et un véritable martyre. En homme de gauche humaniste, démocrate et progressiste, l’auteur découvre peu à peu que les dirigeants de Syriza sont bien avant leur accession au pouvoir en collusion étroite avec les banquiers cosmopolites et les oligarques hellènes.

    Certes, ce livre plaide en faveur de son auteur. Si les sociaux-démocrates allemands et les socialistes français en prennent pour leur grade, l’auteur refusant leur double langage : conciliant en privé et cassant en public, Varoufakis ose révéler l’inimaginable à propos du fonctionnement de l’Organisation de Bruxelles. Il ne s’explique pas en revanche quand et comment Tsipras a capitulé. Il découvre que le fameux Eurogroupe n’a aucune existence légale, ce qui ne l’empêche pas d’exercer un poids déterminant au point que son président d’alors, le ministre néerlandais Jeroen Dijsselbloem, fait taire le Commissaire aux Affaires économiques et financières, le Français Pierre Moscovici…

    Tout au long de ses semaines ministérielles, Yanis Varoufakis qui n’est pas partisan du Grexit, soumet aux créanciers d’Athènes plusieurs plans qui conviennent bientôt au FMI et à Washington. Or les usuriers de la Grèce agissent comme une véritable mafia et rejettent toute proposition acceptable afin de faire de la nation d’Homère un exemple punitif pour les autres Européens. Candide chez les hyènes, l’économiste-ministre découvre, stupéfait, les méandres absurdes des institutions européennes et les atermoiments des gouvernements des États-membres qui cherchent avant tout à cacher à leurs opinions publiques respectives qu’ils ont ont été dupés par les technocrates et autres bureaucrates attachés aux banksters internationaux.

    Les oligarchies politiques, financières et médiatiques appartiennent comme l’indique le titre original en anglais à l’« Établissement profond » européen. Celui-ci fomente contre ce ministre grec si atypique de violentes campagnes de presse diffamatoires. Yanis Varoufakis ne se bat pourtant pas seul. Il parvient à recruter des alliés parmi les anciens membres du FMI et chez des Anglo-Saxons (des conservateurs britanniques ainsi que des démocrates étatsuniens souvent proches du sénateur Bernie Sanders). Il ne dispose toutefois pas des pleins pouvoirs et voit son action superviser, puis saper par des ministres issus, eux, de Syriza. N’est pas Antonio Salazar qui veut !

    Conversations entre adultes prouve enfin que la crise de l’euro résulte principalement de l’absence initiale de tout contrôle politique effectif, car cela aurait supposé au préalable l’avènement d’une autorité fédérale réelle. Son récit confirme enfin qu’il sera très difficile à un mouvement politique non conforme de s’imposer face aux mailles serrées du Système. On le remarque déjà avec la Pologne en dépit de nombreuses relations nouées avec les milieux atlantistes.

    Il importe de lire Conversations entre adultes, surtout si l’on aspire à de hautes fonctions ou qu’on recherche une rupture fracassante avec le Système dominant. C’est un formidable avertissement.

    Bonjour chez vous !

    • « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°68, diffusée sur Radio-Libertés, le 2 mars 2018.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2018/03/04/candide-ministre-6031540.html

  • Migrants en France. Pas de RSA mais l’allocation pour demandeur d’asile (Ada)

    Depuis plusieurs semaines, on peut lire un peu tout et son contraire sur les réseaux sociaux, blogs et médias de la toile, concernant l’accès prochain des « migrants », c’est à dire des immigrés entrés illégalement en France, au RSA (le Revenu de Solidarité Active). Il n’en sera rien, et pas plus le 1er septembre prochain – avec la fin de l’Allocation temporaire d’attente – qu’aujourd’hui. Explications. 
    Depuis la vague migratoire importante qui a frappé la France ces dernières années – l’État se montrant totalement impuissant à maîtriser ses frontières ou à faire maîtriser celles de l’Europe (seule la Hongrie a pris le problème à bras le corps) – l’État français a lancé l’allocation pour demandeur d’asile. 
    En effet, avant la réforme fixée par la loi du 29 juillet 2015, les immigrés pouvaient se trouver dans deux situations et percevoir : 
    – l’allocation mensuelle de subsistance (AMS), s’ils étaient hébergés en Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA). 
    – l’allocation temporaire d’attente (ATA), s’ils ne bénéficiaient pas d’un hébergement d’urgence. 
    Au 1er novembre 2015, elles ont été supprimées et remplacées par une allocation unique : l’allocation pour demandeur d’asile. Voici ce que dit le site du service public à ce sujet : 
    En tant que demandeur d’asile, vous n’êtes pas autorisé à travailler avant un délai de 9 mois. Toutefois, si vous êtes majeur, une allocation pour demandeur d’asile (Ada) peut vous être versée. Le versement de cette aide est conditionné par le respect de certaines règles et son montant dépend notamment de votre situation familiale. 
    En tant que demandeur d’asile, vous pouvez bénéficier de l’allocation pour demandeur d’asile (Ada) si vous remplissez les conditions cumulatives suivantes : 
    • avoir accepté les conditions matérielles d’accueil qui vous ont été proposées par l’Office français de l’immigration et de l’intégration 
    • avoir au moins 18 ans, 
    • être en possession de l’attestation de demandeur d’asile, 
    • avoir des ressources mensuelles inférieures au montant du revenu de solidarité active (RSA). 
    L’allocation, versée en fin de chaque mois, débute à 6,80 euros par jour pour un homme seul (11,20 si il n’a pas eu de place d’hébergement proposée) et monte à 20,8 pour une famille de 5 personnes. Soit 204 euros minimum par mois pour une personne seule (336 si elle n’a pas d’hébergement proposé) et 624 euros pour une famille de 5 personnes. Elle est versée durant tout le temps du traitement des dossiers – ce qui est particulièrement long vu l’état de l’administration française. 
    Le RSA lui, se chiffre à 536 euros par mois pour une personne seule, et à 1341,95 euros pour un couple avec trois enfants. 
    En réalité, ce qui a pu faire dire que les migrants toucheraient le RSA au 1er septembre en lieu et place de l’allocation temporaire d’Attente (ATA) c’est justement la non prise en compte de la création de cette allocation spécifique pour demandeurs d’asile, qui ne touchent donc plus l’Ata pae ailleurs supprimée au premier septembre 2017. « Car effectivement, le décret n°2017-826 du 5 mai 2017 prévoit que seules les personnes percevant l’Ata au 1er septembre 2017 pourront continuer à en bénéficier (jusqu’à l’achèvement de leurs droits). À partir du 1er septembre 2017, il n’est plus possible de demander à bénéficier de l’Ata. L’accès au revenu de solidarité active (RSA), à la garantie jeune ou au parcours d’accompagnement contractualisé vers l’emploi et vers l’autonomie restent possible.» explique le site du service public. 
    Sont donc en réalité concernés par cette mesure au 1er septembre : 
    • les apatrides, 
    • les anciens détenus libérés, 
    • les salariés expatriés non couverts par le régime d’assurance chômage. 
    Pour les immigrés entrés clandestinement en France et obtenant le statut de demandeur d’asile, l’obtention de l’Ada sonne toutefois comme un jackpot, incomparable avec le RSA comme nous l’avons vu plus haut, mais incomparable non plus avec le salaire moyen dans les pays d’origine (même s’il faut prendre aussi en compte le coût de la vie) : ainsi, un Erythréen a un revenu moyen au pays de 38 dollars par mois – et peut passer, en Europe, à 204 euros (avec un hébergement en plus). Un Afghan a un salaire moyen de 48 dollars par mois. Une somme dérisoire en France, mais absolument pas dans ces pays, où ces montants sont connus
    Ainsi de facto, par les allocations proposées en France aux immigrés clandestins qui entament des démarches (demande d’asile) pour y rester, un appel d’air continu a été fabriqué. Appel d’air qui, en plus de fabriquer des tensions sociétales de plus en plus lourdes, déracine des peuples, et leur permet simplement d’être une armée de pauvres un peu plus riches que chez eux, en concurrence toutefois par la suite sur le marché du travail avec les autochtones, lorsqu’ils obtiennent le précieux sésame …

  • Politique magazine numéro de mars : « La France paysanne : une mort programmée »

     Un excellent numéro de Politique magazine, qui a le mérite de traiter - sujet ô combien important - du sort de la paysannerie française. Bien plus qu'un sujet économique ! Nous publierons dans les prochains jours les analyses d'Hilaire de Crémiers. LFAR

    Au sommaire de ce nouveau numéro :

    UN DOSSIER : Crise ou pas crise ? 

    CORSE : La double leçon

    SAHEL : La guerre continue

    Et aussi dans ce numéro…  54 pages d’actualité et de culture !

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    http://lafautearousseau.hautetfort.com/