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économie et finance - Page 672

  • Cyber-espionnage : les États sont les plus grands pirates

    En 2013, les intrusions malveillantes motivées par l’espionnage provenaient pour 49% de Chine et d’autres pays d’Asie orientale, mais les pays d’Europe orientale, notamment russophones, ont été soupçonnés dans 21% des cas. précise l’opérateur américain Verizon Communications dans son rapport annuel “Data Breach Investigations Report”.

    Le piratage informatique à des fins d’espionnage se développe rapidement. Des groupes comme des services officiels de certains pays d’Europe de l’Est y jouent un rôle croissant, montre l’une des plus importantes études annuelles sur le sujet.

    Ainsi en 2013, les intrusions malveillantes motivées par l’espionnage provenaient pour 49% de Chine et d’autres pays d’Asie orientale, mais les pays d’Europe orientale, notamment russophones, ont été soupçonnés dans 21% des cas, précise l’opérateur américain Verizon Communications  dans son rapport annuel “Data Breach Investigations Report”.

    Les tentatives d’espionnage ont triplé

    Ces deux régions se classent de très loin en tête de l’échantillon étudié, dans lequel plus de la moitié des données détournées l’ont été à des victimes établies aux Etats-Unis.

    En revanche, dans environ 25% des cas, l’origine géographique de l’intrusion n’a pas pu être déterminée, précisent les auteurs de l’étude.

    Si le nombre total d’incidents identifiés comme étant des tentatives d’espionnage a triplé à 511, cela s’explique en majeure partie par le fait que le rapport sur 2013 prend en compte de nouvelles sources. Mais il reste en hausse sur la base des seules sources utilisées l’année précédente, précise Bryan Sartin, l’un des enquêteurs de Verizon.

    Les États sont les espions dans 87% des cas

    L’étude attribue 11% des cas d’espionnage informatique à des organisations criminelles organisées et 87% à des Etats.

    Dans certains cas, des organisations criminelles cherchaient sans doute à revendre les données détournées à des Etats ou à des concurrents des entreprises prises pour cible, explique l’étude, menée avec Intel, McAfee, Kaspersky Labs, d’autres sociétés privées et des administrations publiques.

    “Nous assistons à un début de rapprochement entre le crime organisé classique et l’espionnage“, résume Bryan Sartin, selon lequel cette tendance devrait se poursuivre.

    La Tribune

    http://fortune.fdesouche.com/337117-cyber-espionnage-les-etats-sont-les-plus-grands-pirates#more-337117

  • Libération des otages : l’indécente mise en scène !

    Qui va croire qu’aucune rançon n’a été versée ?   

    Des journalistes français ont été enlevés par des islamistes dans la zone contrôlée par les rebelles en Syrie. Après de longs mois de captivité très éprouvante, ils ont été libérés et ont retrouvé leurs familles. Chaque Français doit en éprouver une grande joie et être touché par l’émotion des retrouvailles. Mais la mise en scène présidentielle de leur accueil sur le sol national m’a profondément choqué. À travers les images destinées à émouvoir, à attirer la sympathie pour les otages – ce qui se comprend – mais aussi pour les responsables associés à cette libération, on pouvait mesurer l’abaissement inouï de notre pays.

    Il y a d’abord l’ambiance générale. On étale la sentimentalité comme une vertu. On pleure, on s’épanche, on embrasse. Un grand pays devrait faire preuve de plus de dignité, d’une plus grande retenue dans l’émotion, d’une plus grande fermeté à l’encontre des preneurs d’otages. Exhiber ainsi sa faiblesse, c’est accroître la tentation pour tous les ravisseurs potentiels du monde, de commencer ou de recommencer tant l’opinion publique est sensible à ces enlèvements, notamment lorsqu’il s’agit de journalistes, dont les médias, par une solidarité compréhensible, vont sans cesse rappeler la situation.

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  • La grogne de l’armée française et des familles de militaires face aux déficiences et restrictions budgétaires

    France Info s’est intéressé à la grogne des militaires français déployés en Centrafrique: matériel déficient, conditions de vie difficiles. Les témoignages se font via les mères et épouses de militaires, qui s’expriment sur Facebook. On apprend ainsi que des véhicules sans blindage circulent dans des zones sensibles. Pour se protéger, les militaires font avec les moyens du bord: gilets pare-balles ou sacs de sable. Mais ce n’est pas tout : les véhicules blindés tombent régulièrement en panne, les pièces de rechange n’arrivent pas ou tout simplement il n’y a plus d’argent. Des journalistes ont corroboré ces allégations et ont été témoins de ces pannes fréquentes. Quant aux conditions de vie, les douches sont insuffisantes ou bien encore les tentes sont sans climatisation, les vêtements ne tiennent pas. Aux questions des journalistes, l’état-major préfère botter en touche, parlant d’une amélioration par rapport à la rusticité des premiers moments de l’opération Sangaris. Quant aux familles, elles se demandent où passe l’argent de leurs impôts, estimant que leurs maris ou fils ont droit à un meilleur matériel et des conditions de vie décentes.

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  • Qatar : les filières de l’esclavage moderne (vidéo)

    Du Népal au Qatar, enquête exclusive sur le drame humain de l’esclavage moderne. Pourquoi des jeunes partis en bonne santé meurent en si grand nombre sur les chantiers de la Coupe du monde de football 2022.

    L’ex-ambassadrice du Népal à Doha a dénoncé une “prison à ciel ouvert” et dans un rapport publié en novembre 2013, Amnesty International décrit une situation proche de l’esclavage.

    La Confédération syndicale internationale estime que si les conditions de vie et de travail ne changent pas, plus de 4 000 ouvriers pourraient mourir d’ici la Coupe du monde de 2022.

    http://vk.com/video190796324_168224084

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Les États-Unis font le choix de l’agriculture biologique

     Alors que le Sénat français vient d’adopter une loi sur l’agriculture qui laisse la part belle au productivisme agricole, les Etats-Unis ont adopté en mars une nouvelle loi de programmation agricole, le « Farm Bill ». Elle réduit les avantages accordées aux grandes cultures agro-industrielles et ouvre franchement la porte à l’agriculture bioloqique.

    Certes l’agriculture industrielle et le recours massif aux OGM ne sont pas remis en question. Mais, pour la première fois depuis le début du XX° siècle, les cultures de fruits et de légumes, et surtout le bio en général, sont à la fête. Les environnementalistes américains, peu enclins à se déclarer contents, ne cachent pas leur satisfaction. Tout en rouspétant que ça aurait pu être mieux…

    Des cadeaux, le secteur du bio en a reçu son compte, on va détailler cela plus loin. Mais il y a surtout, dans ce « Farm Bill » (loi sur l’agriculture), l’abandon des traditionnelles subventions gouvernementales aux seuls céréaliers. Cet ancien système garantissait à ces derniers un prix minimum pour leur récolte, indépendamment de la quantité plantée ou du cours des produits sur le marché mondial.

    Les Républicains, à droite de l’échiquier politique, accusaient ce programme de fausser le marché libre. Les Démocrates lui reprochaient de pousser les fermiers à cultiver des produits inutiles ou mauvais pour la santé.

    Il aura fallu presque trois ans à tout ce monde, rodé au sabotage politique depuis l’élection d’Obama, pour s’entendre sur un système de remplacement des subventions, négocié avec la participation des grandes associations environnementales et de santé publique.

    Les sommes colossales qui étaient dévolues aux subventions vont servir à aider les fermiers – tous, même les producteurs de fruits, de légumes, de poules, de lapins, d’écrevisses… – à souscrire des assurances contre les intempéries, les mauvaises récoltes, les variations des cours du marché, ces assurances étant garanties par l’Etat.

    Les lobbies écologistes – le mot n’a rien de honteux là-bas – ont été associés aux négociations menées par le Congrès. Avec le soutien du secrétaire d’Etat à l’Agriculture, Tom Vilsnack, qui avait pris son poste en 2009 en claironnant qu’il voulait que « les fermiers préservent la nature », ils ont obtenu que l’accès aux assurances soit conditionné à de bonnes pratiques agricoles.

    Voici comment la National Wildlife Federation (Fédération nationale pour la vie sauvage) se félicitait en mars de l’adoption du Farm Bill : « On peut applaudir la clause qui permet l’accès aux assurances gouvernementales aux seuls fermiers respectant des règles précises de travail du sol, de protection des zones humides et des zones vulnérables comme les prairies. Cette clause va contribuer à protéger des millions d’hectares contre l’assèchement, l’érosion, et la dégradation des ressources en eau. » Plus généralement, la loi régule plus sévèrement l’usage des produits phytosanitaires.

    « C’est une victoire exceptionnelle », confirme Aviva Glaser, spécialiste des politiques agricoles à la National Wildlife Federation. « Il aurait été impossible d’obtenir cela il y a encore quelques années. » Evidemment, les environnementalistes auraient voulu davantage, par exemple que les plans de protection des prairies naturelles s’appliquent à l’échelle des Etats-Unis, et non dans quelques Etats seulement. « Le Farm Bill n’est pas idéal, mais c’est quand même un sacré progrès pour la préservation de la nature », ajoute Glaser.

    Les producteurs de bio, regroupés dans une myriade d’associations plus ou moins militantes, partiellement fédérées sur le plan national au sein de la National Sustainable Agriculture Coalition, ont en janvier accueilli avec réserve le Farm Bill : « La loi contient du bon et du moins bon. Elle prévoit l’investissement de 1,2 milliards de dollars sur cinq ans dans des programmes innovants destinés aux jeunes agriculteurs, à la production locale, à l’agriculture biologique, au développement rural, et à des cultures jusqu’à présent restées dans les limbes [fruits et légumes, ndlr].

    La loi conditionne les assurances sur les récoltes à des normes de préservation de l’environnement, et nous prémunit contre toutes sortes de compétitions injustes. Mais en dépit de ces avancées certaines, la loi échoue à réformer les avantages accordés aux grosses exploitations. »

    Quelle est donc la situation du bio dans le paysage américain ?

    Le 21 mars dernier, le quotidien en ligne Farm Futures, qui suit l’actualité économique du secteur agricole, dressait l’état des lieux de l’année 2011, à partir d’un rapport du secrétariat d’Etat à l’Agriculture (USDA) :

    • 1 million 255 000 hectares de terres cultivées certifiées bio
    • 931 000 hectares de pâturages certifiés bio

    La surface des terres cultivées en bio, souligne le site, ne permet pas une bonne évaluation comparative de la valeur relative des produits, dans la mesure où fruits et légumes ne nécessitent pas autant de surface que les céréales. « Un exemple : en 2011 les fruits et légumes ont représenté 43 % des ventes de bio aux Etats-Unis, mais seulement 16 % des terres cultivées en bio. »

    Les terres cultivées en bio représentent en gros 0,7 % de la surface agricole globale. Un infime pourcentage des produits américains emblématiques – 0,3 % du maïs, 0,2 % du soja, 0,6 % du blé – sont cultivés en bio.

    La consommation de bio est cependant en hausse constante aux Etats-Unis. Elle entraine une hausse régulière du nombre d’exploitants agricoles qui décident de se convertir au bio ou de s’installer en bio. Rien qu’en 2013, 763 exploitants supplémentaires ont obtenu la certification – une augmentation de 4,2 % par rapport à l’année précédente. Selon la USDA, l’industrie agroalimentaire compte désormais 18 513 fermes et entreprises certifiées bio, un accroissement de 245 % par rapport à 2002.

    Le Farm Bill ne pouvait faire abstraction du poids croissant du bio dans les modes de vie américains. Le ministre Tom Vilsnack le rappelait le 20 mars : « Avec des ventes au détail estimées à 35 milliards de dollars l’an dernier, l’industrie du bio représente une opportunité économique exceptionnelle pour les fermiers, les éleveurs et les communautés rurales. »

    La National Sustainable Agriculture Coalition salue les avancées apportées par le Farm Bill :« L’agriculture bio est correctement servie par la nouvelle loi. Le programme de certification va recevoir 11,5 millions de dollars par an – contre 5 millions auparavant – ce qui permettra de couvrir les coûts annuels des fermiers. Les fonds pour la recherche scientifique sur le bio sont maintenus au niveau de 20 millions par an. »

    Des dotations auxquelles s’ajouteront quelques dizaines de millions destinés à l’amélioration des technologies, la collecte de statistiques, à la commercialisation et à l’accès aux assurances.

    Finalement, y a-t-il des laissés-pour-compte dans ce Farm Bill, ou bien a-t-il été tricoté pour satisfaire tout le monde ? Le magazine à la mode Modern Farmer, très apprécié par la communauté bio et éthique, identifie quelques perdants :

    •  Les usines à lait géantes : comme les gros céréaliers, elles perdent leurs subventions et sont soumises au nouveau système d’assurances conditionnées à des pratiques correctes. Les petites exploitations accueillant moins de 200 vaches – la plupart bio, de fait – sont favorisées.
    •  Les conditionneurs de viande : ils sont désormais obligés d’indiquer l’origine géographique des bêtes sur l’emballage. Rien à voir avec les détails exigés en France, mais il s’agit d’un progrès considérable, qui va limiter le trafic d’animaux importés et de viandes mélangées.
    •  Les défavorisés, les pauvres, les nécessiteux de l’Amérique, qui touchent des bons alimentaires (food stamps) avec lesquels ils peuvent se fournir en alimentation dans les supermarchés et marchés fermiers, ainsi qu’acheter des graines pour leur potager.
    • Le Supplemental Nutrition Assistance Program (SNAP), qui existe depuis 1939, placé sous la responsabilité de la USDA, se voit amputé de 8 milliards de dollars sur les dix prochaines années. Le SNAP représente tout de même 80 % du Farm Bill total, lequel représente un total de 956 milliards de dollars à dépenser sur cinq ans.

    Reporterre

    http://fortune.fdesouche.com/336825-les-etats-unis-font-le-choix-de-lagriculture-biologique#more-336825

  • Bonnets rouges : l’heure de la répression

    Le Système a attendu que l’ambiance se calme un peu pour sévir contre les « Bonnets rouges », ces révoltés bretons, dont les manifestations ont coïncidé avec la série de destruction des portiques écotaxes.

    Onze militants sont ainsi jugés ce mardi au tribunal correctionnel de Rennes pour « association de malfaiteurs » et « destruction » d’un portique écotaxe.
    Huit d’entre eux ont été écroués dans l’attente de leur comparution, a annoncé le parquet dimanche. Ils risquent dix années d’emprisonnement. Une manifestation de soutien s’est déroulée lundi 21 avril 2014 devant le palais de justice de Rennes.
    Toucher le Système n’aime pas qu’on le touche au porte-feuille.

    http://www.contre-info.com/bonnets-rouges-lheure-de-la-repression

  • Chronique de livre: Vincent Cheynet "Décroissance ou décadence"

    Vous avez aimé la lecture de JC Michéa ? Alors vous aimerez la lecture de cet ouvrage singulier de Vincent Cheynet, rédacteur en chef du journal « La Décroissance ». Découvert au hasard de la lecture d’un article (lire ici), je l’ai acquis en même temps que « L’effondrement des sociétés complexes » de Joseph Tainter et « La guerre des monnaies » de Hongbing Song. Je ne peux d’ailleurs que vous conseiller ces deux autres ouvrages en plus de celui que je chronique en ce jour. En effet, aucune analyse politique ne peut aujourd’hui se dispenser d’une analyse économique, mais aussi d’une réflexion sur deux questions liées : les ressources et l’environnement (pour ne pas dire l’écologie).

    Premier élément notable, qui est une (bonne) surprise, de l’ouvrage qui nous intéresse ici, l’auteur se réfère à un certain nombre de publications des éditions « Le Retour aux Sources » avec qui le réseau MAS coopère. Nous pouvons ajouter à cela les ouvrages de Serge Latouche, penseur emblématique de la décroissance, de Jacques Ellul pour (entre autre) la critique de la société technicienne, l'illusion politique, les nouveaux lieux communs, de JC Michéa pour la critique du libéralisme (capitalisme), de la modernité et de la « gauche » et Joseph Tainter pour L’effondrement des sociétés complexes. L’auteur introduit d’autres auteurs dont, pour ma part, j’ignorais l’existence mais qui paraissent apporter une réflexion intéressante, je pense à Dwight MacDonald pour Le Socialisme sans le progrès (1946), Cédric Biagini, qui a écrit entre autreL’Emprise numérique. Comment Internet et les nouvelles technologies ont colonisées nos vies (2012) ou encore Ivan Illich et Bernard Charbonneau (ami de Jacques Ellul). Liste non exhaustive…

    Deuxième élément notable, l’auteur épingle tout le monde et exerce une critique de tous les partis, tous les bords, tous les auteurs ainsi que les milieux militants qui possèdent tous en leur sein des tares qui confinent d’ailleurs souvent à la pathologie. Ainsi vous observerez autant une critique d’Alain de Benoist, Laurent Ozon ou Alain Soral que de Jean-Luc Mélenchon, de Nicolas Hulot, des « écologistes », de la « gauche », des libéraux-libertaires, etc… Rien ne nous oblige à abonder dans le sens de l’auteur, cela va de soi, mais cela sous-entend que nous lisons quelqu’un à l’esprit clair et aux idées réfléchies et mûries et non un énième ersatz de pensée juvénile écolo-gauchiste.

    Troisième élément notable, le nombre assez impressionnant de sujets qui nous rapprochent : éloge de la verticalité, du rôle du père, de la famille, du Beau, de l’honneur, de la solidarité, de la mesure grecque ou encore le rejet de la « gauche » bobo, les libéraux-libertaires, du bougisme, du positivisme, du scientisme, de la démagogie, de l’argent-roi, de la presse du système … ce à quoi nous pouvons ajouter une position qui pourrait sembler iconoclaste sur l’austérité qui trouvera surement un écho chez certains camarades adeptes de l'ascétisme.

    La thèse centrale de l’ouvrage, pour ainsi dire, exprimée en quatrième de couverture, consiste à fustiger l’idéologie de l’illimité, et ses corollaires: le productivisme, le progressisme, le positivisme.... Pour l’auteur, le capitalisme repose sur la croissance illimitée. Le refus des limites serait une manifestation (de l’idéologie) de la croissance. Pour lui l’accumulation du Capital analysée par Marx correspond à la croissance et notre société est le produit de la croissance, de l’idéologie de l’illimité qui se manifestent dans le fonctionnement de notre société. « L’expansion de l’illimité est un fait anthropologique total » (p.119) «Soit l'inverse de la tradition gréco-latine pour laquelle l'hubris, la démesure, demeurait la faute majeure. » (p. 36) Par ailleurs, l'absence de limites conduit fatalement à l'indifférenciation. Ainsi l’auteur développe l’idée que le mariage homosexuel est un avatar de cette idéologie capitaliste de l’illimité, d’une société qui refuse non seulement les limites économiques mais refuse aussi de poser et d'accepter des limites biologiques, physiques ou sociales, de dire « non ». (pages 87-102). Il poursuit ici l’idée selon laquelle c’est la limite et le « non » qui permettent à l’être humain (à l’individu) de se construire (p.35-47). «La décroissance, c'est dire non. » (p.36) Les frustrations sont nécessaires pour parvenir à l’âge adulte, pour bâtir une société adulte et constituer un quelconque corps social. A ce titre, certains chrétiens seront positivement surpris par la proximité entre la pensée de l'auteur et certaines de leurs conceptions. C’est le refus des limites, incarné superbement par les libéraux-libertaires qui contribue au délitement de l’humanité et de toute forme de société. Il rejoint en cela l’analyse communément acceptée dans la plupart des milieux dissidents selon laquelle la gauche « libérale-libertaire » porte le même projet que la « droite » affairiste, que tout cela forme un tout, un système. La philosophie de l’auteur est plutôt opposée à Jacques Attali, son nomadisme et ses états-hôtels…

    A la fin de l’ouvrage l’auteur poursuit : «  L’immobilité et le silence sont devenus subversifs, car ils sont une incitation à réfléchir à notre condition. » (p. 177) En effet, dans une société qui fait l’apologie du bougisme, du festivisme, de l’agitation, du bruit ou de la vitesse à grand renfort de publicités et d’incitation à la consommation, rester chez soi dans le silence devant un bon ouvrage est presque devenu un acte authentiquement révolutionnaire (remarque personnelle). A ce titre le chapitre « QUE FAIRE ? » qui clôt son livre, débute par une citation de Dwight MacDonald, à méditer : « S’il est encore trop tôt pour définir ce qu’un radical pourrait FAIRE […] nous pouvons conclure sur quelques idées plus concrètes sur ce qu’il pourrait ÊTRE. Quelles sont les attitudes caractéristiques du radical en politique ? On pourrait les esquisser en cinq traits : 1. Le négativisme , 2. L’absence de réalisme, 3. La modération, 4. La limitation, 5. Le souci de soi. »  (p. 174) C’est chacun de nous qui porte en lui la capacité à changer le monde par sa façon de vivre, sa façon de consommer, etc… et ce quels que soient les sujets. Certains connaissent la célèbre citation de Jean Mabire « Nous ne savons pas si nous changerons le mondemais nous savons que le monde ne nous changera pas » et bien cette maxime est vraie seulement si nous faisons un travail sur nous-même. Nous devons changer par nous-même pour ne pas être changé par le monde. C’est pour cela que ce qu’on attend d’un militant ce n’est pas de la posture, mais un véritable travail sur lui-même. « L’habit de fait pas le moine » disaient nos grand-parents… De fait l’auteur écrit quelques pages incisives sur l’austérité, dont je vous conseille vivement la lecture (pages 162 à 173, 11 pages à lire, ça prend 10 à 15 minutes). Combattre l’esprit bourgeois, c’est combattre l’esprit d’accumulation, le toujours plus, la consommation à outrance, le gaspillage, vivre au dessus de ses moyens, etc… et donc aussi admettre qu'une bonne partie du peuple est totalement intégrée dans le système.

    D’autres sujets pourront soulever une véritable réflexion chez vous, comme par exemple la critique du survivalisme de Piero San Giorgio. Si Vincent Cheynet valide les analyses de l’auteur suisse, il rejette le principe des BAD, jugées individualistes et conformes à la mentalité anglo-saxonne, matrice du capitalisme (ce en quoi je suis parfaitement d’accord). Pour l’auteur on ne pourra s’en sortir que collectivement, par la force du groupe (je suis également d’accord sur ce point) et non en jouant la carte solitaire qu’il considère comme une manifestation de l’esprit capitaliste (pages 142-143).

    Vous lirez également des pages très amusantes sur l’art contemporain, que l’auteur passe au vitriol, y voyant une parfaite illustration de l’idéologie de l’illimité et de l’anti-conformisme devenant lui même un conformisme. Je me permets de vous citer deux extraits, pour le plaisir de lire :

    « Il ne faut pas comprendre « l’art » contemporain comme de l’art mais comme le symptôme le plus flagrant d’une société malade » (p. 123) Ou encore « Je demeure à penser qu’à l’aune de l’art contemporain, notre époque est terrifiante ». (p. 124)

    Dans cette partie, l’auteur dégomme au passage la musique techno avec une bonne citation de Cédric Biagini issue de Techno, le son de la technolopole : « A un monde de plus en plus industrialisé, déshumanisé, où triomphe la tyrannie technologique, il fallait nécessairement une bande-son : la techno ». (p. 121) Amusant de lire ça et de voir tous les prétendus anticapitalistes « bouger » sur la techno hardcore en prenant des produits chimiques (ils parlent eux-mêmes « d’acides ») dans les « rave-parties », terminologie angliciste très révélatrice. Mais les kékés de boîtes ou les gosses de riches avec leur projet X ne valent pas mieux. C’est toute une société qui a basculé dans le Néant et le Laid. Quand on refuse les limites, on finit forcément par tomber. Certaines barrières, comme celles que l’on trouve en haut des phares, ne sont pas là pour entraver notre liberté, mais pour nous protéger.

    L’auteur aborde bien d‘autres sujets, mais je pense en substance avoir livré quelques grandes lignes de son ouvrage, sans en révéler forcément toute la teneur. Un livre qui doit figurer dans les bibliothèques, qui apporte une véritable réflexion et aidera tout militant dissident ou radical à se construire et qui peut aussi contribuer à aiguiller les structures qui cherchent à s‘opposer au système libéral, notamment grâce à la profession de foi et à quelques propositions de l'auteur. Le tout pour 12 euros, c'est-à-dire un peu plus qu’une place de cinéma. On déplorera simplement que Vincent Cheynet refuse tout dialogue avec ce qu’on pourrait nommer les « décroissants de droite » comme Alain De Benoist, mais il l’a énoncé lui-même, dire « Non » et poser des limites est nécessaire. Pour ma part, je ne pense pas que ce soit au sein de notre petite sphère dissidente, d’où qu'elle soit, que nous devions nous dire « Non », mais c’est au Leviathan capitaliste qui est en train de nous tuer que nous devons nous opposer en proposant un modèle alternatif. Peut-être qu’un jour Vincent Cheynet franchira le Rubicon…

    Jean/C.N.C

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/04/21/chronique-de-livre-decroissance-ou-decadence-de-vincent-cheynet.htmlLire ou relire:

    Chronique de livre: Jacques Ellul, Anarchie et christianisme

    Chronique de livre: Jean-Claude Michéa, La double pensée

    Analyse: Le libéralisme réellement existant d'après Michéa (Scriptoblog)

    Analyse: Lordon progressiste, Michéa conservateur (Boreas)