Et en plus, ça le fait rire !... |
De leur côté, les dirigeants maliens ont promis que l'aide serait bien utilisée. Ah bon ?...¢
Avec l’Express (posté par Marino) http://www.francepresseinfos.com/
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Et en plus, ça le fait rire !... |
Avec l’Express (posté par Marino) http://www.francepresseinfos.com/
Il y a 5 ans, le monde était secoué par une crise financière sans précédent. La promesse alors : une finance plus morale, des banquiers plus transparents et un consommateur mieux protégé.
Par Paul Jorion
Le salaire moyen au Bangladesh étant aujourd’hui cinq fois plus faible qu’en Chine, j’ai choisi de traduire dans mes conférences l’expression obscure “réformes structurelles de compétitivité” par “aligner les salaires français sur ceux du Bangladesh”, une phrase dont la signification est identique, mais présente l’avantage d’être comprise aisément par tous mes auditeurs.
En utilisant cette expression polémique, je ne pensais cependant pas qu’une actualité tragique en ferait à ce point résonner la pertinence.
Le 24 avril, l’effondrement à Savar, un faubourg de Dacca (Bangladesh), du Rana Plaza, un immeuble de huit étages rassemblant un grand nombre d’ateliers de confection aux conditions de travail dickensiennes, a causé la mort de plus de mille personnes, des femmes essentiellement.
A la vue d’étiquettes de marques familières mêlées aux corps sans vie au milieu des gravats, l’indignation est à son comble. La presse financière internationale n’est pas en reste : à de telles situations où des ouvrières et des ouvriers sont renvoyés dans des locaux en voie d’effondrement et aux issues de secours bloquées par une “police industrielle”, elle connaît la réponse. Son nom, affirme le Financial Times, c’est la syndicalisation, qui permet aux travailleurs de faire valoir leurs droits.
HAVRES FISCAUX
Tout occupés à échapper à l’enfer du monde rural pour découvrir la paix relative des ateliers urbains (migration qui en vingt ans a fait baisser la pauvreté de moitié), les Bangladais auraient négligé la protection qu’offrent les syndicats. Sans doute, mais peut-être ont-ils en mémoire le syndicaliste Aminul Islam, dont le cadavre portant les marques de sévices fut retrouvé l’année dernière abandonné sur une autoroute.
La révélation spectaculaire des conditions dans lesquelles est produit dans le tiers-monde notre low cost occidental modifiera-t-elle la philosophie de nos dirigeants ? Il en faudrait certainement plus, car nous vivons dans un monde où, si les individus sont encore ancrés dans une logique territoriale, les entreprises ont cessé de l’être depuis plus d’un siècle.
Par le biais de l’instrument juridique qu’est le “trust” anglo-saxon, les individus les plus fortunés, grâce à des montages fondés sur l’anonymat qu’autorisent les havres fiscaux, ont le moyen d’accéder à titre personnel au pouvoir dont disposent les transnationales : pouvoir économique, mais aussi pouvoir politique en raison du poids que l’argent permet d’exercer sur le mécanisme démocratique.
Dans le cadre actuel, la logique du moins-disant salarial est l’un des principes de base de l’économie de marché, à preuve l’indifférence des populations à l’annonce de ces “réformes structurelles de compétitivité”.
L’horreur de Rana Plaza restera-t-elle sans conséquences ? Rien n’est moins sûr cependant, car c’est la philosophie du “moins-disant” sous toutes ses formes qui se retrouve aujourd’hui sur la défensive, depuis que l’affaire Cahuzac a mis sur la sellette le moins-disant juridique et fiscal des havres fiscaux, et que l’inviolabilité qui faisait leur force s’est vue compromise dans la résolution de l’affaire de Chypre.
Si en effet les sommes déposées sur un compte dans un havre fiscal ont cessé d’y être en sécurité, c’est l’édifice entier qui s’effondre.
TALON D’ACHILLE
Et c’est là que se situe le talon d’Achille du moins-disant salarial : dans le fait que les opinions publiques sont désormais en rébellion ouverte contre la philosophie du moins-disant dans toutes ses manifestations.
Ce ne sont pas les dirigeants eux-mêmes qui ont mis le holà, mais la réprobation générale les a obligés d’installer des coupe-feu dans l’urgence pour contenir la vague d’indignation. Qu’on pense à la promptitude de la réponse, même si ce n’était pas une transparence voyeuriste que réclamait de la classe politique, l’opinion, mais, bien plus banalement, des gages d’honnêteté.
Le moins-disant juridique et fiscal a atteint le seuil de l’intolérable, parce qu’il instaure en régime idéal la piraterie que les grosses entreprises – transnationales de fait – exercent sur l’économie mondiale : prédation par elles des entreprises plus petites, quant à elles confinées de par leur taille sur le territoire national et contribuant seules par le versement de l’impôt aux frais de maintien de l’ordre commercial, ordre dont les transnationales bénéficient sinon gratuitement, du moins avec un rabais considérable.
Ces transnationales n’en voient pas moins le contribuable voler à leur secours en période de vaches maigres, pour régler non seulement leurs pertes économiques réelles, mais également leurs paris spéculatifs perdus, illustration tragique du principe de “privatisation des profits, socialisation des pertes”.
Le moins-disant salarial des “réformes structurelles de compétitivité” relève de la même logique exactement que le moins-disant fiscal : il s’agit là aussi, par la baisse des salaires, de maximiser la part de la richesse créée, qui passera en dividendes et en bonus extravagants que les dirigeants des plus grosses entreprises s’octroient à eux-mêmes.
L’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) a annoncé dans la journée que la France est entrée en récession, autrement dit que son Produit Intérieur Brut (PIB) a baissé pendant deux trimestres consécutifs. Celui-ci a en effet reculé de 0,2 % au quatrième trimestre, 2012 comme au premier trimestre de cette année.
Pour l’ensemble de l’année 2012, la croissance a été nulle. Cette stagnation s’explique par la baisse de la consommation des ménages, - 0,4 %, « deuxième baisse depuis l’après-guerre après celle de 1993 », précise l’INSEE, mais aussi par le recul des exportations, qui s’est d’ailleurs accentué au premier trimestre 2013.
L’Institut a d’autre part révélé que la perte du pouvoir d’achat des ménages en 2012 a été nettement plus forte que les 0,4 % qu’il avait initialement annoncés en mars. Le recul a en effet été de 0,9 %. Il faut remonter à 1984 pour trouver une baisse plus importante (- 1,1 %).
Pour l’INSEE, ce sont les mesures prises par le gouvernement pour tenter de diminuer le déficit public, et de satisfaire ainsi aux exigences de l’Union Européenne, qui explique cette baisse historique du pouvoir d’achat. De fait, ce déficit est passé de 5,3 % en 2011 à 4,8 % en 2012. Ce qui n’a pas empêché la dette publique de continuer à augmenter l’année dernière. Elle équivalait alors à 90,2 % du PIB, soit 1 833,8 milliards d’euros, contre 85,8 % un an auparavant.
Une chronique de Claude Lorne -
Motus sur la traite arabo-africaine, les chrétiens razziés et l’esclavage moderne
Le 12 mai, après ses deux prédécesseurs, François Hollande a battu sa coulpe – sur la poitrine des Français dont la quasi-totalité n’a en rien profité de la traite, au contraire des « dynasties bordelaises » (1), comme l’a rappelé le même jour Jean-Yves Le Gallou sur Polémia (2) – à l’occasion de ce nouveau « devoir de mémoire » pour ce qui a été qualifié de « crime contre l’humanité » dans la loi Taubira de 2005.
Mais pas un mot, bien sûr, de la traite négrière arabo-africaine, sujet d’ailleurs désormais tabou dans nombre d’ « écoles de la République » sous la pression des élèves et des parents musulmans ; et encore moins des « captifs d’Allah » : plus d’un million de chrétiens razziés de la Dalmatie à l’Ecosse par les Barbaresques entre le XVe et le début du XIXe siècle (3). Silence total également sur l’esclavage moderne pratiqué en France même par des résidents, voire des naturalisés, originalres du Maghreb, du Moyen-Orient ou d’Afrique noire. Bien que plus de cent vingt procès soient actuellement pendants de ce chef devant la seule Cour d’appel de Paris, pas question d’ulcérer par un rappel inopportun « ceux qui sont chez eux chez nous », et moins encore les richissimes investisseurs du Golfe arabo-persique.
De l’impudence du CRAN…
En revanche, le CRAN, Conseil représentatif des associations noires de France calqué sur le CRIF, Conseil représentatif des institutions juives de France, a parlé ou plutôt gueulé pour deux. Son nouveau président, le Martiniquais Louis-Georges Tin, a ainsi annoncé en fanfare avoir « assigné en justice la Caisse des dépôts et consignations, la banque d’Etat qui a joué un rôle considérable dans l’esclavage » et s’est ainsi rendue « complice de crime contre l’humanité » en encaissant « des sommes équivalant à 21 milliards de dollars » entre 1825 et 1946 en échange de l’indépendance de Haïti qui aurait ainsi été frappée d’ « une double peine » car « cette rançon a précipité Haïti dans une spirale infernale d’instabilité et de misère ».
En conséquence de quoi la CDC, qui se serait également « enrichie grâce à l’exploitation colonialiste », est sommée « d’abonder à hauteur d’au moins 10 millions d’euros un fonds de dotation pour financer des recherches », sans parler du montant des « réparations », avec intérêts cumulés.
L’agitateur Tin, par ailleurs militant homosexuel qui s’illustra dès l’Ecole normale supérieure en y créant l’association « Homonormalités » avant de diriger le Dictionnaire de l’homophobie (publié en 2003 aux Presses universitaires de France avec une préface de Bertrand Delanoë), n’oublie qu’une chose : la somme de 150 millions de francs-or que devait acquitter Port-au-Prince avait été fixée conjointement par le président haïtien Pétion et Charles X le 11 juillet 1825 en compensation de l’expropriation et de l’expulsion des colons français, consécutives à la déclaration unilatérale d’indépendance de l’île.
Cette somme, d’ailleurs ramenée par Louis-Philippe en 1838 à 90 millions de francs, ne paraissait pas extravagante. Haïti n’était-elle pas à l’époque la colonie française la plus riche de toute l’Amérique grâce aux immenses profits résultant d’une industrie sucrière très dynamique et de celle de l’indigo ?
… à l’hypocrisie de Christiane Taubira
Mais qu’importent ces « points de détail de l’histoire » ? Le camarade Tin, qui a été à bonne école, celle de « l’industrie de l’Holocauste » (dénoncée par Norman Finkelstein dans le livre éponyme, paru en 2001 aux éditions de La Fabrique), tient à ses indemnisations léonines et, sous couvert de corriger le tir, sa copine Christiane Taubira a aussitôt apporté sa pierre à la stèle de la « mémoire » en préconisant une gigantesque réforme foncière.
« Il faudrait envisager, sans ouvrir de guerre civile, des remembrements fonciers, des politiques foncières », expliquait le garde des Sceaux dans Le Journal du dimanche. « Il y a des choses à mettre en place sans expropriation, en expliquant très clairement quel est le sens d’une action publique qui consisterait à acheter des terres. En Guyane, l’Etat avait accaparé le foncier, donc là, c’est plus facile. Aux Antilles, c’est surtout les descendants des “maîtres” qui ont conservé les terres, donc cela reste plus délicat à mettre en œuvre. » Mais, ajoutait Mme le ministre en tablant sur la mauvaise conscience systématiquement instillée aux Français, « les temps sont mûrs pour faire cette politique intelligemment et de façon équitable… Cela fait dix ans que je le dis, je crois que c’est vraiment possible. »
Les Antilles et la Guyane menacées de « haïtisation » ?
En quelques décennies, du fait de la corruption, de l’impéritie, de l’incompétence et des rivalités sanglantes entre Noirs et Mulâtres, la si enviable prospérité de la « Perle des Antilles » ne fut plus qu’un souvenir et Haïti, indépendante depuis plus de deux siècles maintenant, est devenue l’un des Etats les plus pauvres du monde, ne subsistant, de manière végétative, que de l’aide internationale, des subventions des ONG et de l’argent envoyé au pays par des immigrés (au Canada, aux Etats-Unis et en France) dont l’exode est continu.
Les « descendants d’esclaves » antillais et guyanais menacés par la redistribution des terres souhaitent-ils vraiment connaître ce glorieux destin ? Et la grande bourgeoise Taubira elle-même qui, dans sa déclaration de patrimoine, faisait état de propriétés en Guyane, est-elle prête à morceler ses terres pour les offrir aux plus pauvres ?
Mais tout cela n’est que gesticulations même si, au final, celles-ci risquent de nous coûter très cher. Avec sa réforme foncière, le ministre de la Justice essaie de redorer son blason, bien terni en Guyane par sa défense du mariage gay auquel sont opposés presque tous ses compatriotes. Quant à Louis-Georges Tin, son coup d’éclat s’inscrit dans la sombre lutte qui se livre pour la direction du CRAN, entre ressortissants des Dom-Tom et Africains : un tel Black mic-mac (4) que Libération, caution antiraciste s’il en est, titrait le 6 mai sur « Le Cran à l’arrêt et à couteaux tirés ».
Un front noir plutôt fissuré
Dès l’annonce de l’assignation de la CDC, le pharmacien d’origine béninoise Patrick Lozès, ancien président du CRAN et aspirant à le redevenir, déplorait « cette dérive qui consiste à réduire la mémoire de l’esclavage à une transaction matérielle et à des considérations financières » et il condamnait solennellement « cette initiative intempestive » qui s’appelle « un rendez-vous manqué avec l’Histoire ». Et toc !
Cette polémique constitue le nouvel épisode d’un feuilleton dont le clou avait été précédemment la tentative de Madeira Diallo, « militant historique de la cause noire, qui s’était proclamé publiquement président du CRAN » en lieu et place de Tin. Du coup, ce dernier avait, selon Libération, « qualifié la manipulation de “coup d’Etat” et immédiatement saisi en référé le Tribunal de grande instance de Paris », lequel a rendu fin avril un arrêté « faisant défense » à Madeira Diallo d’usurper la présidence sous peine d’une astreinte de 100 euros par infraction constatée.
Pour M. Tin, le doute n’est pas permis : Diallo n’est que « l’homme de paille » de Lozès aujourd’hui menacé par une enquête de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) pour blanchiment et abus de confiance. Lui serait en effet reproché un détournement de subventions publiques, à concurrence de « 130.000 euros perçus entre janvier 2009 et août 2011 sur son compte », ainsi que des « virements de l’ordre de 240.000 euros versés sur le compte de sa société par World Children’s Fund » ; on se demande bien, d’ailleurs, quel était l’intérêt dans cette affaire de cette dernière organisation humanitaire internationale créée par Joseph Lam, un Chinois originaire de Hong Kong, la protection de l’enfance malheureuse ne figurant pas dans les statuts du CRAN.
Ces sommes ont-elles été détournées pour financer la (très éphémère) campagne de Lozès à la présidentielle de 2012 sous l’appellation « Allez la France »-sic ? En tout cas, on sait qu’une partie importante a été versée en 2007 à la Sofres pour « un coûteux sondage, dans lequel 56% des Noirs de France assuraient subir des discriminations ».
Voilà à quoi sert notre argent : à financer des opérations destinées à culpabiliser toujours plus les Français. Et tel est aussi l’objectif de Louis-Georges Tin : convaincre les descendants des « colonialistes français » qu’ils sont – et eux seuls – responsables et coupables de la faillite haïtienne et, d’une manière générale, de toutes les banqueroutes, disettes, guerres tribales et autres fléaux ravageant de manière endémique leurs anciennes possessions.
Claude Lorne http://www.polemia.com
16/05/2013
Notes :
(1) Titre d’une étude de Paul Butel parue en 1991 aux éditions Perrin. Parmi les fondateurs de dynastie : Jacques Adami, Alexandre Jacob, Jacob Azevedo, les frères Bethmann et Eschenauer, M. Hirschfeld, David et Moïse Gradis, la famille Journu-Kappelhoff, Edouard Kerstein, Jacob Mendès (ancêtre de Pierre Mendès-France), Edouard Weiss, etc.
(2) « Descendants d’esclaves ou descendants de maîtres d’esclaves ? »
(3) A quand une repentance pour les « captifs en Barbarie » ?
Giles Milton, Captifs en Barbarie, Petite Bibliothèque Payot, 2008 :
(4) Il ne faut voir aucun racisme dans cette expression : il s’agit du titre d’un film réalisé en 1986 par Thomas Gilou avec une kyrielle d’acteurs noirs dont Cheikh Doucouré, Sidi Lamine Diarra, Khoudia Seye.
La chaîne humaine organisée l’autre jour autour de Notre-Dame-des-Landes pour s’opposer à la construction du grand aéroport voulu par l’ancien maire de Nantes, aujourd’hui premier ministre, a été un beau succès, en particulier médiatique : elle a aussi confirmé que la mobilisation ne faiblit pas, désormais, face à un gouvernement que l’on sent et que l’on sait, lui, affaibli, en particulier dans l’Opinion publique et dans la rue qu’il ne maîtrise qu’à grand peine…
Alors que le front de « la Manif pour tous » est toujours ouvert et qu’il se fait pressant au point qu’aucun déplacement de ministre n’échappe à la présence d’opposants au mariage homosexuel et aux réformes dites sociétales, en attendant la manifestation du 26 mai qui s’annonce compliquée à gérer pour le Pouvoir en place ; alors que le front social pourrait bien se réveiller dans les semaines qui viennent sur la question des retraites, de leur réforme et de leur financement ; alors que la question toujours pendante de la sécurité s’invite dans les débats depuis Marseille et Paris (en particulier ces derniers soirs avec les images des échauffourées du Trocadéro et des pillages de magasins des Champs Elysées ; le gouvernement cherche à éviter l’ouverture d’un nouveau front, entre autres parce qu’il n’a plus les moyens humains et policiers d’y faire face, et qu’il s’inquiète de voir un nouveau Larzac poindre à l’horizon et dont il serait, cette fois, la victime…
Sur l'emplacement de l'aéroport en projet...
Pendant ce temps, Vinci, concessionnaire pour 55 ans de l’aéroport encore à l’état de projet, ne s’inquiète pas vraiment, et cela pour la simple et bonne raison que, construction ou pas, elle reste gagnante dans l’un ou l’autre des cas : si l’aéroport se fait, parce que la société en tirera quelques bénéfices ; si le projet n’aboutit pas, car l’Etat, en cas de dédit, « devra rembourser à Vinci les sommes investies et couvrir le manque à gagner, précise le contrat de concession. En clair, rembourser les sommes que les actionnaires entendaient toucher : 11 millions d’euros par an, selon le plan de financement détaillé dans les annexes du contrat. Sur cinquante-cinq ans, l’ardoise s’élèverait donc à 605 millions d’euros », comme le précise la revue Terraeco dans son numéro du mois de mai 2013. Un sacré piège financier dans lequel l’Etat s’est fourré lui-même… On comprend que M. Ayrault reste discret sur cette question et que M. Montebourg se soit emporté contre lui il y a quelques mois lors de l’affaire de Florange.
J’ai néanmoins l’intime conviction que cet aéroport ne se fera pas, et je partage celle-ci avec Jean-Jacques Bourdin qui, il y a quelques mois, prédisait sur RMC l’enterrement à venir de ce projet : trop d’obstacles se sont accumulé sur la route des promoteurs de cet aéroport à la fois trop coûteux (sur le plan financier comme, surtout, sur le plan environnemental) et déjà dépassé, à l’heure où les lignes rapides de chemins de fer et les surcoûts du kérosène dans les années prochaines (sommes-nous vraiment éloignés du « pic pétrolier » ?) se conjuguent pour rendre l’avion moins attractif pour les déplacements nationaux qui sont censés constituer une large part du trafic futur de l’aéroport projeté.
Par Agnès Rousseaux
Vivons-nous une simple crise passagère ou une profonde mutation du système ? Pour l’économiste René Passet, face à un pouvoir financier qui impose son tempo, les gouvernements font fausse route en raisonnant à court terme. Il n’est pas plus tendre avec les économistes, incapables d’analyser le monde autrement que par le prisme des marchés, un peu comme l’homme des cavernes ne concevait l’univers autrement que magique. Sa solution : une « bioéconomie », seul remède à la crise de civilisation. Entretien.
Basta ! : Notre manière de penser l’économie dépend de notre perception du monde. Et varie totalement en fonction des époques et du progrès technique. Dans votre dernier ouvrage, vous proposez de relire l’histoire économique à la lumière de ces mutations. Quelles sont les grandes étapes de cette longue histoire ?
René Passet [1] : Ceux qui voient le monde comme une mécanique, une horloge, ne considèrent pas l’économie de la même façon que ceux qui le voient comme un système énergétique qui se dégrade. Les mêmes astronomes, armés des mêmes instruments, ne perçoivent pas les mêmes choses dans le ciel, avant et après Copernic. Quand l’homme n’a que ses sens pour comprendre le monde, l’univers lui apparaît mystérieux.
C’est un univers qui chante, qui le nourrit, qui gronde aussi parfois. Des forces jaillissent de partout. Il pense que des êtres mystérieux et supérieurs le jugent, l’approuvent ou le punissent. Avant même le Néolithique, l’homme s’aperçoit que la plante dont il se nourrit pousse mieux dans les milieux humides. Ou que les déchets organiques favorisent la végétation. Il découvre ainsi les forces productives de la nature et les régularités du monde naturel. Cela va faire reculer les esprits, qui se réfugient sur les sommets des montages, comme l’Olympe.
Les dieux succèdent aux esprits, le monde mythique au monde magique. La civilisation grecque marque le basculement de l’esprit vers la conceptualisation. Un tournant décisif, le début d’une réflexion sur la nature des choses, avec la philosophie, science première. On passe ensuite des dieux au pluriel à un dieu au singulier. L’activité économique est encore une activité pour le salut des âmes, dans la perspective chrétienne. Si vous ne voulez pas finir vos jours dans les lieux infernaux, il faut vivre selon les préceptes économiques des théologiens.
Peu à peu la rationalité l’emporte, et la science se laïcise. Pour Descartes et Newton, le monde fonctionne comme une horloge. C’est dans cette société « mécaniste », que naît l’école libérale classique. Au 18e siècle, Adam Smith, qui était aussi astronome [2], propose une théorie gravitationnelle de l’équilibre : le prix du marché gravite autour du « prix naturel », qui est le coût de production de l’objet, exactement comme les astres gravitent autour du soleil.
Avec la machine à vapeur apparaît une nouvelle représentation du monde…
En 1824, le physicien Sadi Carnot découvre les lois de la thermodynamique : le principe de conservation et le principe de dégradation. Imaginez un morceau de charbon. Il brûle, mais ne disparaît pas : tous ses éléments constitutifs se conservent, répandus dans l’univers. Et s’il a produit du mouvement, jamais plus il n’en produira, car il est désormais déstructuré, « dégradé ».
A ce moment de l’histoire, on passe d’une représentation mécanique du monde à la société énergétique. Alors que chez Adam Smith, chez Newton, c’est l’équilibre – statique – qui compte, les lois de l’énergie sont des lois de probabilité. Quand on répand un gaz dans un volume, il va dans tous les sens, et le hasard fait qu’il se répand partout de manière homogène.
Au niveau de l’individu, il n’y a pas de déterminisme apparent, mais au niveau des grands nombres, les mouvements se compensent : ce sont les lois de probabilité. On change de causalité, et d’univers : le monde est en mouvement, comme le montre aussi Darwin. Au même moment dans l’histoire économique, Marx et les socialistes se mettent à penser non pas en terme d’équilibre mais d’évolution.
Ce passage d’une représentation mécanique du monde à la société énergétique a-t-il un impact sur la vie des idées ?
Le mouvement des idées part alors dans trois directions. Avec Léon Walras, qui invente « l’équilibre général » des marchés, c’est la loi de conservation qui prime. La deuxième loi, celle de la dégradation entropique, amène à la théorie de l’autodestruction du système capitaliste, par Karl Marx. Au fil du temps, le système entropique et le système capitaliste suivent un même cheminement, ils se dégradent, se désorganisent.
La loi de probabilité, on la retrouve chez Keynes [3]. Sa théorie est celle de l’incertitude radicale : les acteurs économiques agissent dans un monde incertain, dont ils ont une connaissance imparfaite. Une vision à l’opposé des analyses classiques sur la rationalité des marchés.
Vient ensuite le temps de l’immatériel et de l’information…
La société énergétique, celle de la grande industrie, fonctionne par l’accumulation de capitaux et le développement du secteur financier et bancaire. La vraie rupture entre les classes sociales apparaît. La société s’organise hiérarchiquement. Au début des années 1970 deux événements vont marquer un tournant important : la première crise du pétrole et la sortie du microprocesseur Intel. L’informatique pour tous, et nous voici dans la société informationnelle (dans le sens de « donner une forme »).
Dans cet univers, la force productive est l’esprit humain. Les modes d’organisation changent complètement. De l’entreprise au monde entier, l’économie est organisée en réseaux. Le monde se vit comme unité, en temps réel. On gomme le temps et l’espace.
Est-ce l’avènement de la financiarisation de l’économie ?
L’ordinateur nous a donné le moyen du contact immédiat et la logique financière nous pousse vers une économie de rendement immédiat. Avec la politique de libération des mouvements de capitaux dans le monde, on assiste à une concentration de capital, et à la naissance d’une puissance financière supérieure à celle des États. Avec des effets désastreux pour l’économie réelle.
Un exemple ? L’entreprise pharmaceutique Sanofi gagne des sommes colossales, licencie pourtant ses chercheurs et n’invente plus rien, depuis que son PDG est issu du secteur de la finance. La finalité ? Produire du dividende et non plus du médicament. On relève la barre de rentabilité, on externalise la recherche et pour le reste, on dégraisse. Les chercheurs sont désespérés, ils ne font plus leur métier.
« L’humanité est en train de résoudre son problème économique », disait Keynes, envisageant un avenir prochain où l’homme pourrait travailler trois heures par jour, grâce à l’augmentation de la productivité. Nous en sommes très loin… Avons-nous raté quelque chose ?
A toute époque, le progrès technique a pour effet d’augmenter la productivité du travail humain. La productivité accroît la quantité de valeur ajoutée. Mais la façon dont celle-ci est partagée dépend du rapport de force dans la société. Dans la vision fordiste, les intérêts des salariés et des entrepreneurs sont convergents.
Henry Ford le dit très bien : « Si vous voulez vendre vos bagnoles, payez vos ouvriers ». Progrès économique et progrès social vont alors de pair. Lorsque c’est le pouvoir de la finance qui domine, le dividende se nourrit de la ponction qu’il effectue sur les autres revenus.
La logique ? Réduire l’État, les salaires, le nombre de salariés, les protections sociales. L’augmentation de la productivité a été compensée par cette logique de la rémunération des actionnaires. Keynes a raison ! Et la semaine de 32 heures est aujourd’hui un des moyens pour rétablir le plein emploi. Keynes évoque aussi les risques psychologiques de cette évolution. Pour la première fois depuis sa création, l’homme devra faire face à son problème véritable : comment employer sa liberté arrachée aux contraintes économiques ?
Vous expliquez comment nous avons successivement fait tomber les barrières, entre espace terrestre et céleste avec Galilée, entre l’homme et l’animal avec Darwin, entre conscience et rationalité avec Freud. Que pensez-vous de cette nouvelle convergence qui s’opère, entre le vivant et la machine, avec les biotechnologies, dont vous décrivez l’importance dans votre ouvrage ?
Je ne crois pas à la fin de l’histoire, mais à la fin de l’homme. Avec les nanotechnologies et le concept « d’homme augmenté », on prévoit d’introduire dans notre sang des robots qui vont nous réparer. Et nous ne saurons bientôt plus quelle est la part humaine et quelle est la part robotique en l’homme. Nous aurons dans le cerveau des puces avec de la mémoire. Est-ce que la puce va appartenir à l’homme, ou bien le modifier ?
Lorsque je m’interrogerai, la réponse arrivera un peu plus vite. Mais est-ce vraiment moi qui répondrai, ou bien est-ce l’encyclopédie Universalis, à ma disposition dans mon cerveau ? Quelles seront les conséquences de tout cela ? L’homme se crée lui-même par les efforts qu’il fournit, en travaillant pour acquérir des connaissances, en transformant le monde, comme disaient Hegel ou Marx. S’il dispose de prothèses pour faire le travail à sa place, je crains que l’homme ne se diminue lui-même. Toute prothèse est atrophiante.
Vous n’êtes pas très optimiste…
Je suis très inquiet pour l’avenir de l’humain. J’ai peur qu’arrive, dans une humanité mécanisée, robotisée, un autre homme dont on ne saura plus très bien ce qu’il est. Le grand cybernéticien Alan Turing (1912-1954) a parié qu’aux environs de l’an 2000 on ne serait plus capable, dans une conversation téléphonique, de faire la différence entre un homme et un robot. C’est une autre limite, une autre frontière. Est-ce le sens de l’évolution ? Cela a-t-il une signification ? Je n’en sais rien.
Pouvons-nous maîtriser ces bifurcations de civilisation ?
Avons-nous maîtrisé les bifurcations précédentes ? Elles sont venues au fil de l’évolution, et nous les avons suivies. Nous ne les comprenons qu’après coup, et nous nous adaptons à une nouvelle normalité qui s’établit. Les gens les ont vécues comme la fin d’un monde, sans comprendre où allait le monde nouveau. Il faut prendre du recul pour voir qu’un autre monde est en train de naître. Nous vivons aujourd’hui une confusion entre crise et mutation. Nous mélangeons deux types de crises.
L’évolution est faite de ruptures et de normalité. La crise dans la normalité, c’est lorsque dans le système établi apparaissent des dysfonctionnements qui nous éloignent de la norme. C’est la crise au sens propre du terme, conjoncturelle. Le problème est alors de revenir à la norme. Si le sous-emploi est conjoncturel, on va essayer de rétablir le plein-emploi dans les normes traditionnelles, avec les moyens traditionnels.
Les crises de mutation, c’est passer d’un système à un autre. Et c’est ce que nous vivons aujourd’hui. Ce n’est pas une crise économique, mais une crise du système néolibéral. C’est la logique même du système qui a provoqué la crise des subprimes en 2008. Notre vrai problème est aujourd’hui de réussir la mutation. Or nous avons chaussé les lunettes de la crise du court terme.
Un exemple : rigueur ou relance ? Tous les gouvernements raisonnent dans une logique de court terme ! Le pouvoir financier impose sa vision du temps court. Cela fausse tout, nous raisonnons à partir d’une économie complètement tronquée.
Quelles en sont les conséquences ?
Dans le temps court, le salaire n’est qu’une charge pour les entreprises, et la protection sociale, une charge pour la société. L’impôt, c’est un prélèvement et rien d’autre. Si vous abordez le problème avec cette vision, cela vous amène forcément à la rigueur : il faut restreindre la dépense publique. Même si la crise ne vient pas de la dépense publique mais du secteur privé, en premier lieu des banques avec la crise des subprimes.
Il faut comprimer les salaires, travailler plus pour gagner moins ! Le résultat ? Un cercle vicieux. Le second effet apparaît dans un temps plus long : le salaire, c’est le support d’un revenu qui alimente la dépense de consommation. L’impôt, c’est le support de la dépense publique. Il ne se perd pas dans les sables du désert ! Toute cette dimension nous manque. Les gouvernements sont piégés dans cette logique de court terme, alors que le vrai problème est celui de la réussite de la mutation.
« L’homme des cavernes pouvait difficilement – à la lumière de son expérience – se faire une conception de l’univers autre que magique », écrivez-vous. Alors que les marchés sont aujourd’hui présentés comme des oracles, ne serions-nous pas capables de faire mieux que l’homme des cavernes ?
Dans une vision à court terme, la tendance est de défendre les structures existantes. Avec de très bonnes intentions, on s’enferme dans des contradictions totales. Les gouvernements mènent une politique de réduction des dépenses énergétiques, et de l’autre côté, n’acceptent pas la diminution du nombre de raffineries, qui découle de cette politique. Le problème n’est pas que les salariés des raffineries restent raffineurs, mais de les employer dans de nouvelles structures, et de voir quelles sont les structures nécessaires à la poursuite de la mutation.
En essayant de régler un problème de long terme avec des instruments de court terme, nous nous enfonçons de plus en plus dans la crise, à force de prendre des décisions à contre-sens. Au contraire, anticiper ces transitions, cette mutation, devrait pourtant inspirer non pas le discours des politiques, mais leur action. On se trompera forcément, mais par tâtonnement nous finirons par trouver la voie pour nous engager dans un cercle vertueux.
Vous définissez la science économique comme un « système de pensée nombriliste, clos sur lui-même, replié sur la contemplation inlassable des mêmes équilibres et des mêmes procédures d’optimisation ». De quelle science économique avons-nous besoin aujourd’hui ?
Lorsque j’ai publié mon livre L’économique et le vivant en 1979, les économistes m’ont dit : « Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Ce n’est pas de l’économie. » Depuis, beaucoup ont compris l’importance de la transdisciplinarité. Confrontés aux mêmes réalités, chaque discipline interroge le monde sous un angle différent. La nature de mes questions me définit comme économiste.
C’est le lieu d’où je questionne le monde, mais ce n’est pas une prison ! Si les chercheurs refusent de se hasarder dans les zones d’interférences, certains problèmes ne seront jamais abordés. C’est pourtant dans ces zones que se joue aujourd’hui la survie de l’humanité.
Comment recréer des espaces de réflexion interdisciplinaires ?
Il y a aujourd’hui des courants intéressants, comme celui des Économistes atterrés. On parle en ce moment de la reconstitution d’une structure qui ressemblerait à celle du Plan, avec une ambition de prospective. J’étais très favorable à la planification française, souple. Les objectifs des secteurs stratégiques – sidérurgie, transports, énergie,…– étaient définis au sein des Commissions du Plan, qui réunissaient des grands fonctionnaires, des intellectuels, mais aussi des syndicats ouvriers et patronaux. Une concertation sociale permanente.
C’est ce qui nous manque le plus aujourd’hui. De cette rencontre sortaient des objectifs, ensuite arbitrés par l’État. On n’avait pas besoin de faire des grands discours sur la concertation, on la faisait !
Vous défendez le principe de bioéconomie. En quoi cela consiste-t-il ?
Ce n’est pas une nouvelle branche de l’économie : c’est l’économie qui doit se faire bio. La destruction de la biosphère menace actuellement l’humanité. Et si on détruit la biosphère, cela ne sert à rien de disserter sur le Plan et l’avenir de l’humanité : il n’y aura pas d’avenir, pas d’économie. Le monde est arrivé à ce moment où il atteint et dépasse la capacité de charge de la biosphère. Toutes les conventions sur lesquelles était fondée l’économie sont remises en cause.
La nature était considérée comme inépuisable ? Elle devient un facteur rare que l’on épuise. Et c’est une des conventions fondatrices de l’économie qui disparaît. Quand on cherche la combinaison optimale de facteurs de production, ou de biens de consommation qui vont vous donner le maximum de satisfaction, on procède par substitution de biens. C’est la deuxième convention de base de l’économie : on optimise en substituant.
Cela n’est plus vrai aujourd’hui : quand vous atteignez les limites de la biosphère, certaines ressources ne peuvent plus être augmentés. La substituabilité disparaît. Troisième convention : « Le plus est le mieux » – c’est en consommant davantage que l’on accroît le bien-être. Nous atteignons aussi la limite où ce n’est plus vrai. Le paradoxe d’Easterlin montre que dans les nations les plus riches le bien-être et le revenu ne vont plus de pair. Il arrive un moment où la relation s’inverse carrément.
Comment l’économie peut-elle intégrer la question de la reproduction des ressources et du vivant ?
L’économie est faite pour optimiser – ce n’est pas un vilain mot !. Cela veut dire tirer le maximum de résultats, de choses positives, de satisfaction, à partir des moyens limités dont nous disposons. Mais elle doit intégrer ces stratégies d’optimisation (de production et de consommation) dans les limites des mécanismes de reproduction du système.
Par exemple les rythmes de reproduction des matières premières, des ressources renouvelables : « Voilà, on peut piocher dans les réserves jusque ce niveau, mais pas plus ». Ou des rythmes de prélèvement des ressources non renouvelables compatibles avec des perspectives de relève, de remplacement de ces ressources. L’économie retrouve alors sa vraie vocation : une science d’optimisation sous contrainte. Sans limites, il n’y a pas d’économie, car cela veut dire que l’on peut faire n’importe quoi !
Le système économique actuel peut-il s’adapter à cette contrainte ?
Certains économistes voudraient que l’économie soit une science qui prenne en compte toutes les contraintes, sauf celles de l’environnement ! Dans un système vivant, vous avez une finalité qui domine, c’est la finalité du système tout entier : maintenir et reproduire sa structure dans le temps, alors que les lois physiques, les lois d’entropie voudraient qu’il se désagrège. Cette finalité est supérieure à toutes les autres.
Dans une horloge, vous avez une seule loi, du ressort à la mécanique entière. C’est très différent dans le vivant : on fait un saut dans le vivant, en passant de la molécule à la cellule, c’est une autre logique qui s’applique. Et la logique de l’organe est différente de la somme des logiques des cellules. La pensée n’est pas la somme des atomes du cerveau.
En économie, c’est pareil. C’est le paradoxe de Condorcet : il faut un choix à un moment donné, la logique du tout n’est pas la somme des logiques particulières. On est loin de la « main invisible du marché » d’Adam Smith, qui transforme mécaniquement les intérêts individuels en intérêt général.
Vous parlez de « point critique », ce moment qui nous fait basculer dans un autre univers. Sommes-nous en train d’atteindre un tel point critique ?
Nous vivons une crise de civilisation, mais le dépérissement du système sera long, car trop d’intérêts sont en jeu. Pour l’univers de la finance, ce système n’est pas mauvais : quand tout va bien, il engrange les bénéfices, et quand tout va mal, la charge retombe sur la collectivité.
La faillite d’un paradigme n’implique pas qu’il disparaisse immédiatement. Il faut qu’une théorie concurrente soit prête à prendre la place, comme le dit l’historien Thomas Kuhn. Le point critique, c’est lorsqu’un écart évolutif, au lieu d’être ramené vers la moyenne, bifurque de manière totalement imprévisible vers une nouvelle voie d’évolution.
Tout progrès est ambigu, à la fois chance et péril. C’est nous qui choisissons. Le progrès technique nous donne actuellement la possibilité de gagner plus, de vivre mieux, de travailler moins. Et comme nous avons libéré la cupidité des hommes, avec la libéralisation du secteur financier, ce sont les effets pervers qui l’emportent. Ce qui devrait être un instrument de libération des hommes devient un moyen d’asservissement. L’homme devient la variable d’ajustement de l’augmentation des dividendes.
Tant qu’on n’aura pas tranché le nœud gordien du pouvoir de la finance, rien ne sera possible. Parce que le rapport de force agira toujours dans cette direction, et le côté pervers du progrès technique l’emportera toujours. Sous la pression des événements et des drames qui se multiplieront, serons-nous amenés à le faire à temps ? Sans cela, nous courrons à la catastrophe. Il faut continuer à alerter et à travailler dans ce sens.
Notes
A lire : René Passet, Les Grandes Représentations du monde et de l’économie à travers l’histoire, éditions LLL Les liens qui libèrent, 950 pages, 38 euros.
Notes
[1] René Passet, économiste spécialiste du développement et professeur émérite à la Sorbonne, a été membre du Groupe des Dix, constitué à l’initiative de Jacques Robin et de Robert Buron, au sein duquel il a travaillé avec des biologistes, des physiciens, des sociologues, des anthropologues, des informaticiens. Il a été le premier président du Conseil scientifique de l’association Attac.
[2] Auteur de l’ouvrage Histoire de l’astronomie.
[3] Qui a écrit un traité des probabilités avant de se pencher sur l’économie.
Il est certain qu’il y aura des dérives… Imaginez votre employeur apprend que vous êtes catholique et/ou patriote français, ce n’est plus qu’une formalité de vous mettre à la porte !
Lu sur bvoltaire.fr :
4 mai 2013, la loi sur « la sécurisation de l’emploi » a été votée au Sénat, par 169 voix contre 33. La fin du CDI et tout le monde s’en moque… Pas une manifestation dans la rue, nada ! Pas le moindre sénateur pendu non plus… Les moutons ne voient pas l’abattoir que l’on construit devant la bergerie.
Le CDI vous préservait des licenciements sauf en cas de « cause sérieuse et réelle ». En clair, à moins d’une faute grave ou d’une inaptitude au travail, la seule chose que pouvait tenter votre patron était de vous pousser au suicide comme chez France Télécom…
Aujourd’hui, le boss pourra vous virer pour avoir refusé de changer de poste, pour avoir refusé de changer de lieu de travail, y compris de l’autre coté de l’Hexagone… Ou simplement s’il vous juge« incompétent » !
Le CDI prévoyait l’impossibilité de baisser votre rémunération sans votre accord. Le boss pouvait demander. Certains ont essayé… Grâce à notre Sénat, refuser une baisse de salaire (jusqu’au SMIC) devient un motif valable pour vous faire pointer à Pôle emploi (article 18 de l’accord national interprofessionnel – ANI).
Finalement, c’est quoi cette… chose ? Rien de moins que la mise au pas de la France par la Commission européenne en matière de droit du travail et la destruction d’un acquis vieux de 20 ans. C’est l’échine courbée jusqu’à la brisure de vertèbres devant l’ultra-libéralisme. Un grand jour pour le MEDEF.
Comme d’habitude, les travailleurs ont été trahis par plusieurs syndicats (CFDT, CFE-CGC, CFTC) puisque cette loi n’est que la retranscription de l’ANI signé entre lesdits syndicats et le patronat le 11 janvier 2013. FO et la CGT l’ont refusé, encore heureux…
Chaque fois que les syndicats parlent des organisations patronales comme « des partenaires sociaux », c’est déjà joué. Dans 1984, la dictature décrite par Orwell utilisait des slogans comme: « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. » Tout aussi fort, le hollandisme révolutionnaire ajoute ceci : « La fin du CDI, c’est la sécurisation de l’emploi. »
Au Sénat, les communistes sont les seuls à avoir voté contre. Comme à son habitude, l’UMP a botté en touche, intrinsèquement lâche, en choisissant de s’abstenir. Il ne faudra pas les oublier ceux-là non plus, le jour du grand nettoyage au Kärcher de la scène politique. Comme à son habitude, c’est le PS qui s’y colle pour faire reculer les acquis sociaux…
Merci à Frederik http://www.contre-info.com
Pour la première fois depuis seize ans, un président français, dans la conjoncture de récession que l’on sait, était entendu hier par la Commission européenne au grand complet à Bruxelles. Avouant que « la situation économique est grave » et qu’ »il est probable (certain) que la croissance soit nulle en 2013″, François Hollande, fidèle à sa méthode Coué, a assuré que « nous avons passé le moment le plus difficile ». Il a promis de poursuivre les réformes exigées par les instances européistes. En échange du délai de grâce de deux ans pour ramener le déficit public en dessous de la barre des 3 %, il s’est engagé à obéir au président de la Commission, José Manuel Barroso, qui lui a intimé l’ordre d’ »enrayer (la) perte de compétitivité » de la France (qui ne le souhaite pas?), de » (mettre) à profit (ces deux années) pour accélérer les réformes structurelles. »
Bruxelles presse notamment la France de mettre urgemment en oeuvre la réforme des retraites -suggérant un départ à l’âge de 67 ans!- que le gouvernement Fillon avait lancé. Nous n’oublions pas que la gauche dans son ensemble, M. Hollande en tête, s’était levée comme un seul homme contre cette « réforme sarkozy-Fillon »…
Le gouvernement Ayrault a d’ailleurs envoyé le 30 avril dernier à la Commission européenne son « Programme national de réforme« . Si un proverbe arabe affirme qu’ »il faut toujours enrober la flèche de la vérité dans du miel« , le jugement sur ce calendrier de mesures n’avait pas été tendre. Le Commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, avait fait ce commentaire dédaigneux et désobligeant, utilisant a minima le langage diplomatique: « C’est un bon résumé de ce qui a été fait depuis un an, mais cela reste un peu faible sur le plan prospectif ».
Si la France s’enfonce dans le gouffre de la crise économique sociale mais aussi identitaire, le respect des oukases bruxelloises par les gouvernements français viennent trop souvent aggraver une situation dont sont coresponsables au premier chef, ne l’oublions jamais, la lâcheté, l’aveuglement et/ou le dogmatisme idéologique des partis qui se partagent le pouvoir dans notre pays.
le 14 mai, Eric Branca sur le site de Valeurs actuelles, rapportait une information qui est restée « confidentielle » en France « mais pas en Algérie ». Il évoque ainsi une décision rendue le 7 avril dernier par la Cour de Cassation réunie en assemblée plénière. celle-ci s’est appuyée sur la jurisprudence européenne, « qui interdit (…) aux Etats de réserver à leurs seuls nationaux le bénéfice de prestations démographiques spécifiques« . Mais aussi sur « l’accord euro-méditerranéen UE-Algérie du 19 décembre 2001″, « dont les termes sont directement transposables aux ressortissants du Maroc et de la Tunisie ayant signé les mêmes accords avec l’Union européenne. Et sans doute demain, à tous les Etats extra-européens avec laquelle la France a signé des traités analogues. »
Ainsi, »désormais, tout parent algérien installé en France pourra toucher des allocations familiales au titre de ses enfants, nés en Algérie, qui décideraient de le rejoindre. Et même (…) , si les enfants en question ont pénétré en France en dehors de toute procédure de regroupement familial. Ce qui s’applique naturellement, d’abord, aux enfants de pères polygames, puisque les autres peuvent, depuis l’institution du système, en 1976, bénéficier dudit regroupement ! Résultat : les hommes ayant épousé plusieurs femmes dans leurs pays vont pouvoir, sans contourner la loi française comme ils le faisaient jusqu’à maintenant (en faisant passer, par exemple, leurs compagnes pour des « mères isolées »), financer légalement le séjour en France de leur descendance. »
En 2010 est-il encore rappelé les services du ministère de l’Intérieur avaient recensé, hypothèse basse, 80.000 pères de famille dans la situation du célèbre franco-algérien Lies Hebbadj, à la tête d’un foyer « composé de quatre femmes et de douze enfants » -voir l’article publié sur notre blog sur cette affaire.
Bref, » à quoi bon menacer de poursuites les fraudeurs aux allocations familiales si la fraude elle-même n’existe plus ? La loi peut bien réserver le bénéfice de ces prestations aux enfants d’une seule épouse, tout se passera désormais comme si elle était abrogée… »
« A l’heure où le gouvernement s’apprête à revoir à la baisse les aides versées aux classes moyennes au titre de la politique familiale souligne M .Branca, on imagine l’effet d’aubaine pour des dizaines de milliers de candidats à l’immigration !«
Effet d’aubaine que les Français, eux, attendent toujours de cette Europe bruxelloise à laquelle notre classe politicienne a fait allégeance note Bruno Gollnisch et pour laquelle ils sont contributeurs net. Europe bruxelloise qui a pourtant contribué, à la fermeture de nos industries, à la baisse de la compétitivité de nos entreprises, à la baisse de notre niveau de vie, de notre pouvoir d’achat, à nous dépouiller de notre souveraineté et même, on le voit aujourd’hui, de notre identité.
En pleine campagne présidentielle l’année dernière le commissaire Européen Olli Rehn cité plus haut, donnait le sentiment de la caste européiste en expliquant que « l’union économique et monétaire devra être complétée par une intégration (politique et économique) plus profonde ou nous aurons à accepter une désintégration progressive de plus d’un demi-siècle d’intégration européenne »
Il semble bien au contraire constate encore Bruno Gollnisch, que c’est cette Europe là qui est directement responsable de la désintégration progressive de la prospérité, de l’identité européenne et de notre Europe des patries libres.