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Europe et Union européenne - Page 1033

  • Islande : “Nous avons laissé les banques faire faillite”

    Olafur Ragnar Grimsson, président de l’Islande est interviewé en marge de la conférence de Davos à propos du renouveau de l’économie Islandaise. Son programme a été simple : laisser les banques faire faillite, investir dans l’innovation et la haute technologie.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • L’UE veut pouvoir contrôler la presse et les journalistes de plus près

    Le site d’information britannique The Telegraph rend compte d’un rapport d’experts de « haut niveau » qui préconise d’instaurer un contrôle accru des médias par instances de supervision nationales qui rendraient compte à la Commission. Un rapport commandité suite au scandale « News of the World ».

    (…)

    Le rapport établit notamment que « tous les pays de l’UE devraient disposer d’un conseil indépendant des médias« , conseil qui devraient « disposer de réels pouvoirs de sanction comme le fait d’imposer des amendes, d’ordonner la diffusion d’excuses publiques ou le retrait du statut de journaliste« .

    L’article du Telegraph consacré à ce rapport recommande également que les conseils des médias nationaux répondent à un certain nombre de standards européens et que la Commission soit la garante du respect de ces standards.

    Une perspective qui donne visiblement du grain à moudre aux conservateurs (connus pour leur euroscepticisme outre-Manche).

    Ainsi le député conservateur britannique Douglas Carswell a-til déclaré que ce rapport illustre « le genre d’état d’esprit que je m’attendrais à rencontrer en Iran pas en Occident. Cette idée loufoque nous en dit un peu plus quant au futur de la réglementation de la presse. Elle laisse entendre que le projet européen est finalement incompatible avec la notion d’une société libre« . 

    RTBF.be via http://www.fdesouche.com/

    Le rapport en question,

  • L’Europe, la géopolitique et Pierre Béhar par Maximilien MALIROIS

    Les Éditions Desjonquères publient en 1990 le premier essai de Pierre Béhar, intitulé Du Ier au IVe Reich. Permanence d’une nation, renaissance d’un État. Agrégé d’allemand, professeur de littérature et de civilisation allemandes, enseignant aux universités de Sarrebruck, Metz et Paris-VIII, cet universitaire français interroge l’histoire de l’Allemagne à la lumière de la réunification de 1990 dans des frontières nouvelles. Celle-ci donnera-t-elle naissance à un futur Reich tant il est vrai que la conjonction de son poids démographique et de son dynamisme économique inquiéterait ses voisins ? Béhar y répond négativement. Il considère que le chancelier Kohl vient plutôt de donner à l’Allemagne l’adéquation tant désirée entre la nation, le peuple et l’État. Cependant, du fait de sa position géographique, l’Allemagne redevient l’« État du Milieu » de l’Europe et reprend son rang de puissance régionale à part entière.

    Entre-temps, le bloc soviétique implose. Son effondrement abasourdit les Européens de l’Ouest qui se voient confrontés avec le retour explosif d’épineuses questions nationales gelées par cinquante ans d’internationalisme prolétarien ! Paraît alors L’Autriche-Hongrie, une idée d’avenir. Dans ce nouveau livre, Pierre Béhar dénonce le meurtre de l’Empire des Habsbourg par les vainqueurs de la Grande Guerre. Il salue aussi la clairvoyance de l’historien royaliste et libéral Jacques Bainville qui avait vu le danger des traités de paix dès 1920.

    L’héritage des traités de 1919

    En détruisant l’Autriche-Hongrie qui n’était pas une construction politique parfaite (loin de là…) et en chassant les Habsbourg, les Alliés de l’Entente ont durablement déstabilisé un ensemble régional. Le principe des nationalités à disposer d’elles-mêmes ne peut s’y appliquer intégralement sans qu’au préalable, on rectifie des frontières supposées intangibles et on garantit le droit des nombreuses minorités ethniques, linguistiques et religieuses. Pragmatique, la dynastie autrichienne avait exercé une autorité supranationale consolidée par l’histoire qui fût reconnue et respectée par les peuples du Danube et des Balkans. L’idée démocratique associée au nationalisme le plus chauvin excite au contraire les antagonismes nationaux. Livré à lui-même, chaque peuple se cherche alors un protecteur et s’aligne sur la grande puissance continentale du moment (la France dans les années 1920, l’Allemagne dans les années 1930 et 1940, l’U.R.S.S. et les États-Unis entre 1945 et 1991, l’O.T.A.N. depuis 1991). Ces alignements successifs ne font que renforcer les tensions entre peuples voisins et rivaux et contribuent à accroître la déstabilisation du Sud-Est européen.

    Puis, avec Une géopolitique pour l’Europe, Pierre Béhar étend ses réflexions à l’Eurasie. Voulant répondre indirectement à Francis Fukuyama, prophète de la “ Fin de l’Histoire ”, il entrevoit que les bouleversements en cours aussi bien à l’Est (fin des démocraties populaires et éclatement des fausses fédérations) qu’à l’Ouest (émergence d’un marché commun européen) modifient radicalement la donne politique continentale. D’un ton assez optimiste, l’auteur expose un ambitieux projet géopolitique pour les peuples européens et eurasiens. Or, dans Vestiges d’empires, il semble abandonner ce dessein paneuropéen pour un constat pessimiste et désabusé. Aux incertitudes exaltantes du début des années 1990 succède le désenchantement de la fin de la décennie. Les guerres balkaniques et caucasiennes ont fait leur œuvre sanglante. L’euroscepticisme à l’Ouest a ralenti une construction européenne elle-même en proie aux soubresauts néo-jacobins et séparatistes régionaux ainsi qu’aux empiétements constants d’une administration technocratique et d’un marché qui se veut global. En pleine mondialisation, les nations européennes s’affirment plus que jamais vivaces alors qu’elles subissent parallèlement une perte majeure de légitimité. L’Europe, terre natale des nations, tente désespérément de s’unir, mais celles-ci semblent dans leur intimité s’y refuser. Bref, c’est le cercle vicieux !

    Pour la très grande Europe

    Les considérations géopolitiques de Pierre Béhar sont séduisantes car exemptes d’idéologie quelconque. « La géopolitique n’est autre que la politique nécessitée par les contraintes de la géographie, souligne-t-il. Celle imposée à l’Europe est claire. » La construction européenne ferait bien de prendre en compte le facteur géographique plus souvent que les indices macro-économiques. Mais comment Béhar conçoit-il l’Europe ? Il réfute la vision habituelle qu’il juge erronée. « Si l’on prétend [la] définir par la tradition judéo-chrétienne, on obtient une définition de celle-ci qui englobe les Américains et les Néo-Zélandais, mais qui exclut les Albanais et les Bosniaques. » L’Europe n’est qu’un sous-ensemble d’un espace plus vaste qui comprend aussi bien les Russies et la Sibérie que le monde turc : l’Eurasie. Pour qu’il soit efficace d’un point de vue géopolitique, Béhar pense qu’au nom de l’équilibre européen, il faut accepter l’adhésion de la Turquie dans l’Union européenne ! Pour lui, toute l’histoire ottomane, puis turque, est européenne, et les Turcs sont appelés à devenir, un jour ou l’autre, pleinement des Européens. Il est l’un des premiers à voir qu’« il est essentiel pour l’Europe qu[e la Turquie] soit le contrefort et son prolongement vers l’Asie centrale ». Il ajoute qu’Ankara dispose de plusieurs options géopolitiques. Soit elle rejoint l’Union et, en retour, l’Europe s’ouvrirait le vaste marché touranien des république d’Asie centrale et pourrait se constituer un glacis protecteur contre les pressions arabes, iraniennes, pakistanaises et chinoises. Soit Ankara se rapproche d’une Russie anti-occidentale et « eurasiste » (voie nationaliste), se recentre vers le monde arabo-musulman (voie néo-ottomane) ou bien devient « le promontoire d’un monde touranien hostile à l’Occident en général, à l’Europe en particulier » (voie pantouranienne), ces trois dernières possibilités étant assez complémentaires sous certaines conditions.

    Au « réalisme » spatial s’ajoute une conception originale chez un universitaire du temps historique. La chute du mur de Berlin et la fin de l’URSS ont stupéfié les observateurs qui ne s’y attendaient pas, d’où leur profond trouble. Toutefois, Béhar atténue, tant « il est vrai que, même si elle vient s’inscrire dans un cycle assez nettement défini, la crise à laquelle se trouve confrontée l’Europe semble, dans sa nature, radicalement neuve. Elle ne l’est en réalité que dans la mesure où, dans sa conscience historique, l’Europe moderne ne trouve pas de précédent à cette situation ».

    Maastricht ou la soumission

    Rédigés au moment de la discussion du traité de Maastricht, les livres donnent une vision stimulante d’une véritable Europe politique. Mais l’auteur craint que Maastricht « divise une Europe occidentale qui ne l’était pas, et exclut durablement l’Europe centrale de la famille européenne. Se fondant sur des critères économiques, ce traité instaure implicitement une Europe à quatre degrés » les États riches, les moins riches, les pauvres et les indigents avant de préciser : « C’est une des grandes spécialités de la “ construction européenne ” que de faire les choses en dépit du bon sens ». Ses objections convergent ici avec la critique des souverainistes nationaux. Par ailleurs, il remarque que loin d’atténuer la méfiance française envers l’Allemagne, Maastricht l’a attisé. Cela explique les atermoiements européens au cours de la guerre en Bosnie-Herzégovine. La longue inaction des chancelleries françaises et britanniques se comprend par le désir secret de limiter la pénétration allemande dans la région et par la « représentation inconsciente que les musulmans sont moins chez eux en Europe que les chrétiens, même si ces musulmans – Bosniaques, mais aussi Albanais – font partie des plus anciens peuples d’Europe, convertis au XVIIe siècle à l’Islam ».

    Revenant sur le processus de construction de l’Union européenne, P. Béhar critique sévèrement le parti-pris économiste. Avant d’imposer une monnaie unique, il faut créer un marché, instaurer une fiscalité et développer une économie adaptées. Et avant de s’atteler aux tâches économiques, il importe de donner à l’Europe un cadre militaire et diplomatique commun, ce qui signifie favoriser l’intérêt général des Européens. « Une armée commune, un projet de stratégie commun n’ont de sens que si l’on se met d’accord sur des intérêts politiques communs à défendre. On défend alors des intérêts, une vision d’ensemble. » Or le caractère que prend l’Europe dans la seconde moitié des années 1990 inquiète Béhar.  La réintégration subreptice de la France dans le giron de l’O.T.A.N. détruit toute velléité de défense européenne souveraine. « Un ensemble politique qui n’a plus les moyens d’assurer lui-même sa propre sécurité se dépossède des moyens d’une politique étrangère indépendante, qu’il se constitue en fédération, en confédération ou en tout ce que l’ingéniosité de ses légistes et de ses technocrates pourra bien inventer. Et cette démission, il faut le souligner, n’anéantit pas l’indépendance de la seule “ Union européenne ”, mais de l’Europe entière. » Cette lâcheté inacceptable aliène durablement les intérêts propres de l’Europe. En outre, elle affaiblit les Européens qui risquent finalement de perdre leur sécurité et leur liberté. « Il ne faut pas s’en remettre [aux Américains] pour la construction de l’avenir européen, martèle-t-il. C’est une attitude qui [le] fatigue que d’accepter de jouir de droits et de refuser les devoirs qui permettent d’accéder à ces droits. »

    Béhar se montre sans indulgence envers la diplomatie calamiteuse de François Mitterrand qui nia les évidences de l’après-9 novembre 1989. L’aveuglement et/ou la frilosité du Président fit perdre à la France l’occasion unique de prendre la tête des nations européennes libérées. Déçues des atermoiements français, celles-ci se tournèrent vers l’Allemagne ! Conscient de l’importance des liens franco-allemands dans le mécano européen et estimant qu’« il n’est plus possible de réfléchir dans les cadres de pensée qui ont donné naissance aux traités de Westphalie », Béhar suggère des propositions détonnantes et révolutionnaires.

    Le rôle européen manqué de la France

    Dans un premier temps, considérant que si l’Allemagne est la grande puissance économique, dans « un autre domaine, en revanche, la France [lui] est supérieure : celui des armes ». Avant même la dissolution du Pacte de Varsovie (1991), il proposa que la France « prenant acte de l’immense élargissement de l’Europe, ne devait-elle pas replier à l’intérieur de ses frontières ses forces basées en Allemagne, mais les étendre aux territoires européens, offrant à la Pologne et à la Hongrie, qui précisément s’efforçaient de se rapprocher pour leur sécurité de l’Europe occidentale, de les stationner sur leur   sol ». Attention, Béhar insista beaucoup pour que ce déploiement vers l’Est fût élaboré en concertation avec les onze autres membres de la C.E.E. afin qu’il ne fût pas compris comme un moyen de restaurer une quelconque prépondérance française. Par cette action spectaculaire, « il s’agissait de concevoir une politique européenne équilibrée, dans laquelle aucun État – donc pas l’Allemagne, mais pas non plus la France – n’exerçât de prépondérance, et de mener la politique de la France dans le cadre et en fonction de cette politique conçue aux dimensions de l’Europe. La France, se gardant de prétendre pour elle-même à aucune hégémonie, devait d’une part aider les nations à recouvrer la liberté et à s’associer comme elles le désiraient, bref œuvrer à un nouvel équilibre européen interne; elle devait d’autre part mettre ses armes stratégiques et tactiques au service de la défense de l’ensemble européen » et en rendant, par une politique navale ambitieuse, l’Europe maîtresse de ses espaces maritimes.  En effet, « si la politique de la France a un avenir, conclut-il, c’est aux dimensions européennes » car la géographie et l’histoire ont fait de la France « une sorte de microcosme de l’Europe. Le Nord du pays est de culture flamande, l’Est de tradition germanique; les mondes normand et celtique de l’Ouest le rattachent aux îles britanniques; la Navarre est la porte de l’espagne et la Provence celle de l’Italie. Tous les mondes culturels, qui sont autant de visages de la culture européenne – le nordique et le méditerranéen, le continental et l’insulaire – se rencontrent en France pour s’y unir. Les autres cultures sont des variations de la culture européenne; la culture française est la synthèse de ces variations. Elle est la seule qui entretienne des relations avec la majorité des autres, permettant à chacune des autres d’une certaine façon de se reconnaître en elle – ce qui explique une part de son rayonnement passé : de toutes les cultures d’Europe, la culture française est la plus européenne. De la civilisation du vieux continent, elle est comme le point d’orgue. »

    La Confédération paneuropéenne

    Malheureusement, les événements prirent un tour différent. Alors, devant les risques d’une domination continentale depuis Berlin, Pierre Béhar traça une construction européenne alternative susceptible de concilier les constantes géopolitiques et les identités nationales. A la filandreuse Confédération européenne de F. Mitterrand, il opposa un modèle calqué sur l’exemple amélioré de l’Autriche-Hongrie. Pourquoi ? Parce que la Double-Monarchie est « cette grande survivance du passé [qui] semble aujourd’hui presque prophétique : une sorte de modèle de confédération pour l’Europe du XXIe siècle. Mais, dans une Europe des nationalités où l’Allemagne et l’Italie venaient de réaliser leur unité, elle paraissait un vivant anachronisme ». La Confédération paneuropéenne comprendrait non seulement des États, mais surtout et essentiellement des fédérations régionales d’États. Par le biais de ces fédération (balkanique, danubienne, nordico-scandinave, balte, atlantique, latine), il s’agirait de « créer des ensembles homogènes capables de faire entendre leur voix clairement en Europe ». Au sein de la Confédération, la fédération danubienne exercerait un rôle très important puisque « c’est autour de l’axe Vienne – Budapest que doit se reconstituer l’Europe centrale. Il doit être un élément essentiel de l’équilibre de l’Europe future ». Il va de soit que cette conception de l’Europe accorde le primat au politique. Pierre Béhar conteste sévèrement l’idéologie néo-libérale.

    Cette Confédération paneuropéenne serait neutre ou, pour le moins, libérée de l’emprise américaine. À plusieurs reprises, Béhar exprime son hostilité envers l’O.T.A.N. Cependant, son attitude devient contradictoire après le déclenchement des nouvelles guerres balkaniques. S’il prend successivement la défense des Croates, des Bosniaques, puis des Kosovars, il se montre excessivement hostile à la Serbie. Après la signature des accords de Dayton, il regrette que ce soit, une nouvelle fois, une puissance non-européenne qui s’ingère dans les conflits du continent pour les régler.

    L’Europe indépendante n’en demeure pas moins d’une urgente actualité primordial et une ardente nécessité. « Nous continuons de parler de parler de “ France ”, d’« Allemagne », d’« Angleterre », d’« États-Unis » ou de “ Russie ” comme aux plus beaux jours du XVIIIe siècle, sans nous rendre compte que ces mots représentent des forces dont les rapports de proportion se sont inversés. […] Aux dimensions du monde, seule compte l’Europe comme un tout. Il n’est pas actuellement en Europe de plus sûre façon de trahir les intérêts de sa patrie que de rester enfermé dans le cadre de pensée national ». P. Béhar insiste donc dans ses texte sur l’importance d’une géopolitique qui doit considérer le fait européen, les réalités nationales et la mondialisation qu’il faudra bien accommoder au risque sinon de périr. Pierre Béhar, parce qu’il est aussi historien, croît en l’Europe des peuples car « le sort des civilisations est toujours entre leurs mains. Les sentences qu’elles subissent ne sont prononcées que par elles-mêmes. Aussi sont-elles toujours justes ». Voilà un écrivain d’une espèce rare : un souverainiste… européen !
    Maximilien Malirois http://www.europemaxima.com/

    Bibliographie
    Les phrases citées proviennent des livres et articles ci-dessous. Nullement exhaustive, cette petite liste se veut surtout indicative.
    I – Les ouvrages
    • Du Ier au IVe Reich. Permanence d’une nation, renaissance d’un État, Paris, Éditions Desjonquères, coll. « Le bon sens », 1990.
    • L’Autriche-Hongrie, une idée d’avenir. Permanences géopolitiques de l’Europe centrale et balkanique, Paris, Éditions Desjonquères, coll. « Le bon sens », 1991.
    • Une géopolitique pour l’Europe. Vers une nouvelle Eurasie ?, Paris, Éditions Desjonquères, coll. « Le bon sens », 1992.
    • Vestiges d’empires. La décomposition de l’Europe centrale et balkanique, Paris, Éditions Desjonquères, coll. « Le bon sens », 1999.
    • Les langues occultes de la Renaissance. Essai sur la crise intellectuelle de l’Europe au XVIe siècle, Paris, Éditions Desjonquères, coll. « La mesure des choses », 1997.
    II – Les articles
    • « Faute d’une âme. Déficiences européennes » (pp. 81-87), Futuribles, Paris, juin 1995.
    • « Problèmes éternels de l’éternelle Russie » (pp. 12-23), Géopolitique, n° 54, Paris, été 1996.
    • « Entre l’Empire et l’État national. Naissance d’une nation » (pp. 33-36), Enquête sur l’histoire, n° 20, Paris, avril-mai 1997.
    • « Luther et la Réforme » (p. 37), Enquête sur l’histoire, n° 20, Paris, avril-mai 1997.
    III – Un entretien
    • « Prospective européenne : leçons d’histoire » (pp. 45-60), Futuribles, Paris, mai 2000.
    • Paru dans L’Esprit européen, n° 6, printemps-été 2001. http://www.europemaxima

  • Hitler leur sert encore

    Hitler : l’éternel retour. Le phénomène s’accélère à mesure que s’éloigne dans le temps  la seconde guerre mondiale, il se passe rarement une semaine en France depuis vingt ans, sans que le totalitarisme nazi ne soit évoqué dans les médias  au détour d’une émission, d’une fiction, d’un  documentaire, d’un reportage,  d’un entretien. Quant à la survivance de cette idéologie en Europe, concentrée dans quelques groupuscules « folkloriques » de quelques dizaines d’individus,   peuplés d’indicateurs de police,  d’illuminés   manipulés et sans soutien dans l’opinion,  elle est elle aussi grossie exagérément,  mise  en exergue régulièrement au travers d’enquêtes sensationnelles dans les magazines,   et bien  sûr  dans le cinéma hollywoodien  ou les téléfilms dont  le   service public  à le secret.  Le  traumatisme  majeur de la dernière grande guerre civile européenne,  son cortège de monstruosités, de massacres  et de persécutions, n’explique pas à lui seul ce pilonnage. Nous le savons,  la reductio ad hitlerum  visant  tous les défenseurs  des identités et des souverainetés nationales, des valeurs traditionnelles,  reste une arme efficace de diabolisation. Elle entend   rendre infréquentables et illégitimes les courants patriotiques. Une  démonisation  de l’adversaire politique qui est d’ailleurs le ressort de tous les totalitarismes…Stigmatisation qui touche ainsi  en premier lieu les opposants au   totalitarisme bruxellois, lequel n’est jamais que  l’aboutissement du  rêve d’une Europe supranationale… dirigée par l’Allemagne…ça ne vous rappelle rien ?  Bruxellois qui entendent  interdire aux Européens toute manifestation d’une fierté nationale, toute  volonté de préserver leurs racines. Dénoncer  les ravages de l’idéologie mondialiste,  aimer son peuple, défendre l’authentique  civilisation européenne,  c’est de  facto être  suspect de crypto fascisme. Tout sursaut identitaire doit donc être frappé d’infamie, et les Européens qui entendent le rester sont invités à faire leur autocritique et à se laisser « châtrer » sans moufter…

     Mort en 45, Hitler reste un épouvantail commode, mis à toutes les mauvaises sauces. Chevalier de la Légion d’honneur, officier des Arts et Lettres,  le metteur en scène et propriétaire du Théâtre du rond point, qui abrita notamment la   pièce crapoteuse  Golgota Picnic, Jean-Michel Ribes a d’ailleurs fait  sensation  en invitant le chancelier allemand  dans le débat sur le mariage et l’adoption  pour les couples homosexuels.

       Lundi 28 janvier sur  RTL Soir, dans l’émission de  Marc-Olivier Fogiel,  le citoyen Ribes a violemment attaqué Frigide Barjot qui  défendait  une conception traditionnelle de la filiation. Argument massue, il a  éructé que  « le papa et la maman ça a donné Hitler »… Cela a aussi « donné » Jean-Michel Ribes, mais nous sommes priés d’admirer la finesse et l’intelligence du raisonnement. Pour faire bonne mesure, M. Ribes   a  fait un parallèle, comme le délicat Pierre Bergé avant lui,   entre ce qu’il croit être le retour de  l’homophobie  et l’antisémitisme… ça ne mange pas de pain.

     Au-delà de cet épisode consternant, qui prouve la pauvreté navrante des arguments de prosélytes du mariage gay, l’anniversaire de l’arrivée au pouvoir d’Hitler, il y a 80 ans, le 30 janvier 1933,  a été utilisé à plein. Les faiseurs d’opinions  ont abreuvé les foules  de commentaires sentencieux établissant comme de bien entendu un parallèle entre la geste hitlérienne et l’émergence de courants « populistes » en Europe,  qui seraient animés des mêmes  pulsions coupables plus ou moins inavouables …

     En Belgique, Jean-Pierre Jacqmin, directeur de l’info à la RTBF,  a mis en place hier  la 30 janvier  une « journée Hitler » dont le but pédagogique était d’expliquer  que la Bête  est  toujours tapie dans l’ombre  prête  à bondir et à asservir les peuples d’Europe. D’ailleurs,  invité à expliquer pourquoi les représentants des  partis et mouvements nationaux  sont interdits d’antenne sur « sa » chaîne » il confesse que « ce  cordon sanitaire a une raison d’être ». «  Il répond à l’obligation que nous avons à la RTBF d’être responsables des propos qui sont tenus et qui ne peuvent pas être en contradiction avec les lois contre le racisme, la xénophobie, la discrimination, les genres (sic), etc. Et quand nous avons l’impression que ce genre de dérapage est possible, notamment avec l’extrême droite, nous jouons notre rôle d’éditeur responsable et nous ne les prenons pas en direct. »

    Un « principe de précaution », si nous suivons la logique de ce monsieur, qui commanderait  d’interdire purement  et simplement les Mouvements patriotiques et la possibilité pour ces derniers de se présenter aux élections. Cette  tentation  là, est  toujours présente prévient Bruno Gollnisch,  et elle est étudiée, il faut le savoir, par les plus hautes instances européistes…

     Bien sûr, pas de grand débat sans grand sondage et le quotidien gratuit Métro a publié ce matin celui de l’ Ifop.  Les sondeurs « ont posé aux Français une question radicale, inscrite dans cette perspective historique : Croyez-vous possible qu’un mouvement politique se réclamant du nazisme arrive un jour au pouvoir dans un pays européen, comme Hitler en Allemagne en 1933 ? Le résultat interpelle : un tiers des personnes interrogées (34%) répond par l’affirmative. Qu’ils expriment du pessimisme, de l’inquiétude ou de la vigilance par rapport aux mouvements d’extrême-droite, c’est une part non négligeable qui juge que le ventre dont est sorti la Bête pourrait encore être fécond, estime Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop.

    Se voulant plus rassurant, le spécialiste de l’extrême-droite, Jean-Yves Camus, ne cite par Bertold Brecht comme M. Dabi, mais  reprend une formule de Louis-Ferdinand  Céline en affirmant que «  l’histoire ne repasse jamais les plats.  Il y a des différences fondamentales (entre les années 30 et la situation actuelle, NDLR)  ne serait-ce que parce qu’il existe aujourd’hui une législation contre le racisme et l’antisémitisme . S’il note qu’il faut s’inquiéter de la montée en puissance de partis néo-fascistes comme Jobbik en Hongrie (étiquette rejetée catégoriquement par cette formation et dont le programme ne s’apparente en rien à celui du fascisme des années trente, NDLR)  ou Aube dorée en Grèce, le chercheur à l’Iris qualifie leur capacité à arriver au pouvoir de  pratiquement inexistante ». Alors pourquoi tant de battage ?

    Et  bien parce que « La crainte que les gens expriment, c’est en réalité celle de l’arrivée au pouvoir de partis populistes et xénophobes. Et là, l’affaire est déjà jouée d’avance puisque des formations de ce type ont déjà accédé au gouvernement. Parti de la Liberté de Geert Wilders aux Pays-Bas, FPÖ autrichien du temps de Jorg Haïder, Ligue du Nord en Italie, Silvio Berlusconi vient de susciter un tollé en rendant hommage à MussoliniCes mouvements auprès desquels peut-être rangé le FN ont enregistré des succès électoraux ces dernières années. De quoi faire redoubler les vigilances.»

    Bref, à écouter nos spécialistes,  les gens craignent le retour d’Hitler parce que des mouvements qui ne sont dans leur essence ni  totalitaires, ni  fascistes, ni héritiers de l’hitlérisme  sont  demain en position d’arriver au pouvoir…chercher l’erreur !

     Dans ce concert d’avertissements  solennels, laissons le mot de la fin à Benjamin Abtan,  président du Mouvement antiraciste européen – European Grassroots Antiracist Movement (EGAM), ancien conseiller «Droits de l’Homme et Société Civile» de Bernard Kouchner et ancien président de l’UEJF. Dans une lettre ouverte à la chancelière Angela Merkel  et publié par le Nouvel Obs, il félicite cette dernière « pour le travail d’histoire et de mémoire », mais  il agite les fantasmes d’une Europe rongée par la haine vis-à-vis des minorités.

    Il  exige que «  l’Allemagne, comme tous les pays de l’UE, (remette) au cœur de son discours européen la promotion et le développement de la démocratie, en particulier la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. » Soit le «  projet civilisationnel que porte l’Europe, fondé sur la Paix, la démocratie, l’Égalité, et le dépassement des identités particulières en une identité collective plurielle et diverse »

    M. Abtan,  précisait sa vision de l’Europe « plurielle et diverse », dans les colonnes du Monde  au lendemain du 22 avril dernier.  Avec  « 17,90 %, avrtissait-il,  le score du Front National au premier tour de l’élection présidentielle résonne comme un coup de tonnerre aux oreilles de tous ceux qui sont attachés aux valeurs de la démocratie, en France comme en Europe ». Il appelait   les «démocrates européens à agir vigoureusement» pour que le score de Marine Le Pen  soit relégué «au rayon des mauvais souvenirs anachroniques». « Avec près de 80 % de participation, l’extrême droite rassemble derrière elle le plus grand nombre de Français depuis la Collaboration, d’où sont issus les fondateurs du FN, et donne au 22 avril 2012 un relent nauséabond de 21 avril 2002 » affirmait sans crainte du ridicule ce militant.  Comme disait Joseph  Goebbels, en grand  maître de la propagande, « plus c’est gros plus ça passe » ?

     La solution pour arracher la mauvaise herbe européenne ? Notre antiraciste de choc la donne, à savoir  la poursuite d’une « immigration extra-européenne (qui)  a contribué à donner à notre continent son plus beau visage, celui du métissage des cultures (…). Il est grand temps que les dirigeants politiques européens démocrates s’adressent à leurs concitoyens pour leur parler de ces bouleversements, à l’instar de Bill Clinton expliquant dans les années 1990 au peuple américain qu’il n’y avait plus de majorité ethnique ou religieuse dans le pays et traçant des perspectives de vivre ensemble pour une Amérique transformée. Il leur faudra expliquer, avec pédagogie et clarté, que nous ne pouvons bénéficier de la démocratie et d’un haut niveau de protection sociale sans les apports de l’immigration. Nous avons besoin de plus d’immigration si nous ne voulons sacrifier ces deux autres éléments qui fondent l’identité européenne. »

     Benjamin Abtan a au moins le mérite d’énoncer clairement  l’alternative   posée entre deux conceptions du devenir de la France  et de l’Europe; en dernier ressort les Européens ont encore la possibilité de choisir…avant qu’il ne soit trop tard.

    http://www.gollnisch.com

  • La politique et ses méandres...

    La politique et ses méandres... Marx faisait remarquer en son temps que si les hommes faisaient l’histoire, ils ne savaient pas l’histoire qu’ils faisaient. S’il était possible d’algébriser la politique, ce serait probablement par l’intermédiaire des mathématiques du chaos ou des équations de la turbulence. Auquel cas, c’est à un système non fermé, c’est à dire à un ensemble d’équations moins nombreuses que le nombre d’inconnues que nous serions confrontés : irrésoluble. Il est tant de paramètres qu’il est humainement impossible de tous les prendre en compte. Spinoza, quant à lui, contestait le libre arbitre pour de nombreuses raisons ; à titre d’exemple, il considérait que l’homme y croyant, le faisait parce qu’il avait une opinion bien trop haute de lui-même : infatuation. Spinoza, aussi, considérait que si, par exemple, nous étions confrontés à trois choix, nous choisirions alors, celui qui nous semblerait au présent le meilleur. Cependant, ce à quoi mène chacune de ces trois voies sur le long terme, nous ne le savons pas. Par voie de conséquence, il nous est impossible de savoir exactement laquelle de ces trois voies est réellement la meilleure. Après tout, Maurras, qu’on l’apprécie ou non, fustigeait la politique du pire ; or, force est de constater que le pis en 1939 était d’oeuvrer pour la victoire allemande qui finit pourtant par advenir. Et Maurras alors de célébrer ce qu’il appela la divine surprise...

    C’est ainsi qu’à moins de faire preuve d’autisme, récitant un cathéchisme appris par coeur comme le font le plus souvent les militants d’extrême gauche – Le communisme est grand et Marx est son prophète - , il est particulièrement difficile de choisir une voie de façon à obtenir, politiquement, ce que nous souhaitons. Ainsi, fallait-il faire voter Hollande, Sarkozy, ou rester indifférents, lors du second tour des élections présidentielles, cela, nous ne le savons. Il est un aspect de la politique suivie en occident dont on ne peut pourtant douter : bien des voyants sont désormais au rouge. Ainsi par exemple, la paupérisation va croissant. Ainsi, les Etats Unis, s’ils n’ont pas été proclamés en situation de banqueroute, ne le doivent qu’au statut très particulier du dollar. Autre aspect, l’occident est désormais en recul ; encore une fois pour des raisons économiques, mais aussi en terme d’engagement militaire. En l’espace d’une dizaine d’années, on a vu l’occident chuter. Ainsi en Afghanistan où l’échec est patent. Ainsi en Irak, pays dont les occidentaux n’ont su faire une démocratie libérale. Ainsi en Syrie, même si la messe n’est pas encore dite, où la tentative de déstabilisation a échoué. Il n’est donc pas impossible, même si nos contemporains dans leur majorité ne le perçoivent pas, que nous assistons à une modification radicale de la localisation du centre de gravité mondial.

    Ceux qui sont de ma génération (un demi-siècle) et qui appartiennent à ce que l’on appelle souvent la mouvance ont vu leur jeunesse monopolisée par l’affrontement entre Est et Ouest. L’impérialisme communiste, depuis 1917, fut une réalité qu’on ne pouvait contester. Je me souviens d’ailleurs qu’étudiant, j’avais affiché sur le mur situé devant mon bureau de travail, une carte du monde dont j’avais colorié au feutre en rouge les pays tombés dans l’escarcelle que l’on imagine, avec en noir la date correspondante. L’idée qui prévalait à l’époque, était que le monde allait nécessairement tomber entre les mains d’un des deux protagonistes. On sait ce qu’il advint : à partir de 1990, ce fut fini, et du mur de Berlin, et plus généralement du rideau de fer. Et les analystes de proclamer la victoire définitive de l’occident, au point que Fukuyama n’hésita pas à postuler la fin de l’histoire. C’était il y a une vingtaine d’années et depuis, il faut bien avouer que l’histoire s’est vengée. Afghanistan, Irak, Syrie bien sur, mais aussi alliance objective entre pays pourtant différents idéologiquement comme par exemple la Russie, le Venezuela, l’Iran, la Syrie ou la Chine : est-on bien certain dans de telles conditions que l’opposition Est/Ouest est aujourd’hui dépassée ? Rien ne me semble moins sur... La chance qu’ont désormais les opposants au Système combattu, c’est donc de pouvoir compter sur certains pays qui, même si on n’est nullement obligés d’acquiescer à l’idéologie qu’ils véhiculent, font opposition à l’établissement d’un nouvel ordre mondial étendu à l’échelle planétaire, dont on peut assez facilement prévoir, que sans aucune opposition extérieure, il aurait vocation à devenir totalitaire.

    Bien évidemment, par occident, je n’appelle ni la féodalité pour laquelle j’ai toujours eu de la sympathie, ni les ordres de chevalerie sachant les valeurs qu’ils véhiculaient. Je vois l’occident, et notamment son maître d’oeuvre, les Etats Unis, tel qu’il est et non tel que je souhaiterais qu’il soit.

    Je ne veux nullement embarrasser le lecteur en évoquant les subtilités de la pensée hegelienne – la phénoménologie de l’esprit m’apparaissant autrement plus complexe que la critique de la raison pure – mais il est un point de vue chez ce penseur du début du XIX ème siècle qui n’est pas inintéressant. Bien avant Spengler avec son déclin de l’occident, bien avant Paul Valery indiquant que les civilisations sont elles aussi mortelles, Hegel considère que le processus historique est mû successivement par certains pays qui, lorsqu’ils ont atteint leur acmé, constituent le moteur de l’histoire, avant de retomber dans l’anonymat : qui méconnaît les V ème et IV ème siècle grecs ? Qu’est ce que la Grèce aujourd’hui ? Aussi bien le Portugal que les Pays bas, à l’époque appelés Provinces Unies, ont été des acteurs majeurs à leur grande époque, cela à l’échelle planétaire. Qui se soucie d’eux aujourd’hui ?

    Je comprends très bien que ma prose peut embarrasser ceux là même qui ne jurent que par la France et l’Europe, personnalités dont je suis bien entendu proche, bien esseulées au milieu de Français ou d’Européens qui n’ont que faire des intérêts supérieurs. Très franchement, je suis entièrement convaincu qu’on ne fait pas l’histoire avec des consommateurs. Et Dieu merci qu’il en soit ainsi ! Les viets partis à l’assaut de Dien Bien Phu évoluaient pieds nus et peu nourris. Les Palestiniens ne disposent nullement d’une armée moderne. Seule la Foi, ou l’Esprit pour reprendre Hegel, peuvent faire la différence.

    En conséquence, j’estime que ceux qui se réclament de l’opposition radicale, se doivent d’apporter leur soutien aux quelques pays dont on sait qu’ils sont peu nombreux, notamment la Russie. Je suis persuadé que les océans indien et pacifique remplaceront dans les prochaines décennies l’atlantique. Je pense que le continent de demain sera l’Asie, là où justement la Russie a accès. Accrochons donc notre wagon à Saint Pétersbourg afin de nous régénérer et de nous offrir un avenir digne de ce nom. Quant à ceux qui refuseraient de s’investir au profit des quelques pays présentant une alternative au motif qu’ils ne coïncident pas avec leur culte d’une certaine histoire très ponctuelle, d’ailleurs qu’ils n’ont pas même connus, et qui est désormais obsolète, laissons les se comporter en enfants gâtés qu’ils sont ; d’ailleurs le ménage a été fait... Alain Rebours

    http://www.voxnr.com

  • Bouclier antimissile en Europe : éternel sujet de tensions entre Washington et Moscou

    Bouclier antimissile en Europe : éternel sujet de tensions entre Washington et Moscou

    MOSCOU (NOVopress) – Le problème de la défense antimissile reste le principal sujet d’irritation dans les relations entre Moscou et Washington. « La Russie est toujours ouverte au dialogue », a déclaré mercredi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

    « Il reste des sujets d’irritation, et la défense antimissile en est le principal, mais nous sommes toujours ouverts à la poursuite du dialogue », a souligné le chef de diplomatie lors d’une conférence de presse consacrée au bilan de 2012 en politique extérieure russe.

    Celui-ci précise que les américains persistent à créer leur système ABM, Anti-ballistic Missile, sans prendre en compte les arguments de la Russie et tout en refusant de donner à Moscou la garantie que ce dispositif ne sera pas dirigé contre le potentiel nucléaire russe. Condition nécessaire à toute entente et à l’application par le Kremlin des mesures définies par le traité START, qui prévoyait une réduction du nombre d’armes nucléaires. 

    Rappelons que lors du sommet Russie-OTAN, en novembre 2010, Moscou et Washington avaient prévu de coopérer dans l’application commune de ce traité et dans le domaine de la défense antimissile européenne. Cependant, les parties n’ont jamais réussi à s’entendre sur l’architecture du futur bouclier.

    D’autres sujets de discorde sont apparus entre les deux ex-protagonistes de la guerre froide, avec notamment en 2009, l’affaire Sergueï Magnitski, avocat russe employé par un cabinet juridique américain et mort dans une prison russe. En réaction, les Etats-Unis avaient interdit de visas une soixantaine d’officiels russes.

    Depuis, la tension monte entre les deux pays dont les visions du monde semblent si différentes.

    Julien Lemaire http://fr.novopress.info

    Crédit photo : Missile Defense Agency, USA via Wikipédia (cc).

  • Au temps des dérivatifs

    En ce début d'année le gouvernement Hollande-Ayrault a pris, peut-être sans en mesurer vraiment l'impact, une voie trop connue. Il retrouve ici la trace, comme effacée dans le sable des ignorances historiques, de toutes nos républiques successives et corrompues.

    N'ayant réussi dans les 8 premiers mois de son règne à n'agir sur aucun des problèmes du pays qu'il administre, il en crée de nouveaux par autant de diversions. Loin de rassembler les Français, il s'emploie à les diviser encore plus.

    Certes, en annonçant le 11 janvier qu'il s'engouffrait au Sahel dans un Afghanistan de proximité, l'improbable chef de guerre de l'Élysée ne pourra plus être surnommé Flanby. On ne se représente plus le souriant cochon rose Porcinet. Le bénéfice qu'en retire son image de marque ne saurait en être négligé.

    Voici l'armée française de nouveau confrontée directement à ce même adversaire qu'elle a combattu pendant 10 ans à Kaboul. Il se profilait déjà dans les opérations du Tchad depuis 25 ans ; il s'est emparé de la Somalie et du Soudan, mais on l'a encore négligé dans l'affaire de Libye, etc.

    L'avenir dira si la stratégie de reprise des villes sans destruction des forces ennemies répond durablement à un but de guerre qui, sauf erreur, reste à définir.

    On sait malheureusement, dès maintenant, que les moyens militaires ne sont toujours pas prévus à la hausse. Cette lancinante question revenait sur le tapis dès l'intervention de Benghazi en 2011. Mais, comme on a pu l'observer ni la loi de finances de 2012 sous Sarkozy, ni celle de 2013 sous Hollande n'ont daigné y répondre. Depuis 50 ans on rogne les budgets de la défense nationale. La tendance ne s'interrompt pas, elle s'aggrave.

    Certes, en ouvrant la boîte de Pandore de la loi Taubira on déchire à nouveau le pays sur un bon vieux clivage culturel. Il remonte presque à la révolution de 1789, à la haine de la gauche pour l'héritage chrétien et pour l'ordre naturel des sociétés. Il contraint littéralement tous les adversaires de la décadence à se raidir, à refuser que l'État et l'Utopie préemptent une fois de plus les évolutions de la société civile. Tout refus d'affronter ce débat placerait les défenseurs des libertés dans une situation fausse.

    La question cruciale se concentrera sur le droit à l'adoption. Or, on doit rappeler, à cet égard, qu'aucun pays au monde n'accepte à ce jour d'exporter ses orphelins sur la base de dossiers présentés par des couples de cette nature. Le "droit à l'adoption" ne pourra donc s'exercer qu'à l'intérieur de l'Hexagone. Or, dans les départements, les administrations sociales sont amenées à répartir la rareté des enfants adoptables. Et les DDASS sont tenues d'arbitrer en considérant l'intérêt de ceux-ci et non les désirs des familles d'accueil. Il en résultera donc de nouvelles discriminations arbitraires et de scandaleuses tensions.

    Faudra-t-il les reprocher à David Cameron ou à Angela Merkel ?

    Certes depuis le traité de Maastricht négocié en 1991, rédigé par les Français, aucun rafistolage n'est venu corriger vraiment les failles de sa conception. Ses problèmes institutionnels rendent aujourd'hui l'Union européenne illisible. Le poids des États la rend ingouvernable.

    Mais le problème fondamental que l'Europe va devoir résoudre, dans un futur proche, ne se situe ni en Europe du Sud, ni en Grande Bretagne, encore moins en Allemagne : il touche au premier chef la France.

    Dans un entretien donné au Wall Street Journal en février 2012, l'actuel gouverneur de la Banque centrale européenne, que l'on présente désormais comme le sauveur du continent et de sa monnaie faisait observer que la cause principale de la crise venait de la faillite du "modèle social européen". 

    Quel pays souffre de cette pathologie plus que la république jacobine ?        

    Depuis 10 ans, en effet, le coût annuel de sa prétendue protection sociale est passé de 295 milliards d'euros à 467 milliards, cependant que ses prestations se dégradent d'année en année. Une fois payées les cotisations de base et les mutuelles, la part restant à la charge des particuliers augmente. Idem pour l'assurance vieillesse dont les réformes successives ne donnent même pas lieu à une prise de conscience de la nocivité du système de répartition institué en 1941. 

    Faut-il en accuser David Cameron et Angela Merkel ?

    Les difficultés de la France viennent d'abord de son étatisme envahissant, de ses féodalités syndicales dominées par la CGT et de l'incapacité de sa classe politique à réduire la part que les dépenses publiques détournent de la richesse produite par la société civile : 56 %.    

    Dans ces montants figurent au premier chef celles de la fameuse loi de financement de la sécurité sociale. Elle surpasse le budget de l'État. Ce monstre juridique a été inventé par la réforme constitutionnelle aberrante votée en 1996, destinée à légitimer le plan Juppé.

    L'échec et le coût de celui-ci ne peuvent être imputés  ni à David Cameron ni à Mme Merkel.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

  • Europe : Les jeunes générations sont-elles perdues ?

    A chaque crise sérieuse, on se lamente sur le sort des jeunes qui ne trouvent pas de travail et que l’on qualifie de “génération perdue”. Mais de telles générations, il y en a eu d’autres dans l’histoire et à chaque fois, elles s’en sont sorties, écrit , un chroniqueur polonais.

    Ils devaient être notre espérance, mais ils sont devenus un fardeau. Plus de 400.000 jeunes Polonais sont sans emploi. Et peu en parlent autrement que sous le terme de “génération perdue”. Le fléau concerne l’ensemble du continent européen, mais demeure particulièrement grave dans le Sud.

    Selon les données d’Eurostat, publiées en octobre, le taux de chômage des moins de 25 ans atteint 27,8 % en Pologne, contre 55,9% en Espagne, 57% en Grèce et 36,5% en Italie. Même dans un pays aussi riche que la France, un jeune sur quatre est sans emploi.

    Des statistiques biaisées

    De telles statistiques impressionnent, mais elles prêtent aussi à confusion. Elles ne prennent en compte que ceux qui travaillent ou ne travaillent pas, laissant ainsi de côté tous ceux qui étudient, font des stages professionnels, voyagent, ou ne travaillent pas par choix. De ce point de vue, le concept NEET, mis en place par l’Organisation mondiale du travail, paraît mieux adapté pour mesurer le phénomène du chômage de jeunes.

    Quand on quantifie les personnes qui ne travaillent pas, n’étudient pas et ne sont pas en formation (No Employment, Education, Training – NEET), il s’avère qu’elles représentent 15,5 % des Polonais âgés de 15 à 29 ans. Bien sûr, c’est toujours trop (une augmentation de 22 % depuis le début de la crise), mais ce n’est plus qu’une personne sur six, et non plus une sur deux, qui se retrouve réellement “sans perspectives”.

    Comment parler d’une génération perdue, quand cinq jeunes sur six suivent un parcours sensé ? Ce n’est guère différent dans le reste de l’Europe. Le taux de NEET est de 23 % en Grèce et de 21% en Espagne. Et dans des pays comme les Pays-Bas et l’Autriche, il tombe à 5-8 % seulement.

    Jeunes, sans emploi mais pas sans avenir

    Paradoxalement, une telle proportion de jeunes parmi les chômeurs peut être source d’espoir. L’exemple de l’Espagne est très éloquent à cet égard. L’explosion du chômage dans ce pays résulte moins de la récession que de la réforme du marché du travail menée par le Premier ministre Mariano Rajoy.

    “Grâce aux mesures mises en oeuvre, les employeurs peuvent licencier bien plus facilement, mais quand la conjecture est plus favorable, ils n’hésiteront pas à réemployer”, estime Jorge Nunez du CEPS (Centre for European Polcy Studies) à Bruxelles. Avant les réformes de Rajoy, les sociétés espagnoles devaient négocier les changements dans les contrats de travail avec les syndicats de branche, et non au niveau des entreprises.

    En dépit de cette réglementation stricte, héritée de l’époque de Franco, une fois la prospérité retrouvée, les entrepreneurs espagnols ont repris systématiquement le risque de recruter de nouveaux employés. Après l’adhésion à l’UE en 1986, le taux de chômage chez les jeunes a été divisé par deux en trois ans, en tombant à 18 %. Les jeunes Espagnols sortiront-ils cette fois la tête de l’eau aussi rapidement ?

    Zsolt Darvas, de l’Institut Bruegel, à Bruxelles, explique : “Une chose est sûre, il s’agit de la génération la mieux formée dans l’histoire de ce pays. Grâce aux réformes de Monsieur Rajoy, l’économie espagnole a rapidement gagné en compétitivité : le commerce extérieur du pays enregistrait, il y a encore 5 ans, un déficit de 11 % du PIB. Depuis, il connaît un excédent commercial équivalant à 2 % du PIB”.

    Un choc salutaire

    La Pologne est dans une situation comparable. Notre pays a déjà connu deux vagues de “ générations perdues” en 1992/1993 et 2002/2003, et en vit une troisième à l’heure qu’il est. Même en s’appuyant sur les statistiques pessimistes du GUS (Office centrale de statistiques), on s’aperçoit que le chômage touche aujourd’hui deux fois moins de jeunes Polonais de moins de 25 ans qu’en 1995. Le niveau de formation est un autre atout de l’actuelle “génération perdue”. La Pologne a aujourd’hui cinq fois plus d’étudiants qu’en 1990, et le pourcentage d’actifs diplômés de l’enseignement supérieur est aujourd’hui 2,5 fois supérieur.

    Les périodes de crise ont toujours été pour la Pologne un temps de restructuration profonde de son économie. Depuis 2008, la productivité de notre travail a augmenté de 20%. Le développement d’industries et de services innovants, telles que l’électronique de pointe, les recherches moléculaires ou la production de composants automobiles de haute qualité, attirent les grandes entreprises qui délocalisent leur production du Sud vers l’Est de l’Europe, et notamment la Pologne.

    On pourrait dire qu’un taux de chômage élevé est en quelque sorte le prix à payer pour améliorer la compétitivité polonaise, gage d’une supériorité durable sur ses rivaux dans les années à venir. En attendant, selon les données d’Eurostat, notre productivité – plus de deux fois inférieure à celle de l’Allemagne – n’a atteint l’année dernière que 57 % de la moyenne européenne.

    Le modèle allemand

    L’Allemagne reste clairement un exemple de l’impact efficace des réformes du marché de travail sur l’amélioration des perspectives d’emploi des jeunes. Le chômage y est à son plus bas niveau depuis la réunification du pays : non seulement le chômage des jeunes (12 %), mais également celui de l’ensemble de la population (5,4 %), et l’on se dirige progressivement vers le plein emploi. Pourtant, il y a dix ans, avant les réformes de Gerhard Schröder, l’Allemagne était considérée comme “l’homme malade de l’Europe” en termes de marché du travail.

    “Nous devrions tout d’abord nous inspirer du système de formation professionnelle allemande. Les perspectives des jeunes dépendent en partie d’eux-mêmes et de leur capacité à adapter leurs projets à la réalité du marché”, explique Katinka Barysch du Center for European Reform, basé à Londres.

    De nombreux signes laissent espérer aux jeunes Polonais et Européens que le pire est derrière eux. Même si l’année 2012 s’est achevée dans le marasme économique, l’UE a évité le pire : la désintégration de la zone euro et l’effondrement de l’Union. Aussi peu croyable que cela semble aujourd’hui, dans deux ou trois ans, ce sont bien de jeunes actifs extrêmement compétents qui pourront dicter leurs conditions d’emploi aux employeurs, et non l’inverse.

    Press Europ  via http://fortune.fdesouche.com

  • Traité de L’Élysée Et Malthus fut naturalisé allemand

    Il y a cinquante ans fut signé le traité de l'Elysée, censé formaliser la réconciliation franco-allemande. Chacune des deux parties bénéficiait alors d'une économie au poids comparable... Mais Berlin s'est depuis émancipé du statut auquel Paris avait cru pouvoir le cantonner.
    Allons-nous vers une rivalité démographique des grands pays d'Europe occidentale ? Le croisement des courbes nationales de natalité donne à l'horizon 2050 la République fédérale ex œquo avec le Royaume-Uni à 74 millions d'habitants, suivis de la France à 71 millions. Malgré la continence allemande, ce bloc des trois "grands" fera 43 % de l'Union européenne actuelle et écrasera littéralement le reste, l'Italie stagnant à 61 millions. Les projections au-delà ne sont pas vraiment sérieuses. Il est probable que le sous-continent sera gouverné par ce triumvirat qui agrégera quelques "clients" pour s'imposer en toutes circonstances aux autres partenaires et aux débris de la Commission européenne. Reste le dosage.
    Un nain politique
    Le traité de l'Elysée, dont nous fêtons le jubilé le 22 janvier, organisait une collaboration franco-allemande dans les domaines culturel et politique, dont il ne subsiste que le décor et des sourires forcés. L'époque était au miracle économique d'un nain politique coupé en trois par les hasards de la victoire alliée, miracle que récompensait la grande puissance morale du monde en lui octroyant la parité sur le pavois des chefs. C'était avant le Mur ou plus précisément avant le chancelier Kohi. Avec un sens aigu de la manœuvre qui, disait Napoléon, est un art tout d'exécution, le chancelier peu disert fit l'Anschluss de sa sœur orientale à la barbe des Alliés, se transporta à Berlin, et mit quelques semaines à formuler une garantie sur la frontière Oder-Neisse qui le séparait de l'ex-Prusse orientale. Le nain était mort. Nous étions en 1990, Mitterrand régnant, la France ne savait comment accepter cette surprenante émancipation ; outre-Manche, Margaret Thatcher y était carrément hostile. Pour le bien de l'Alliance, avant que la nouvelle République fédérale ne poursuive sa marche au soleil levant, les Occidentaux sauvèrent les apparences en se retirant de Berlin et les Soviétiques acceptèrent une montagne de deutschemarks pour se taire. Le traité de l'Elysée entrait au musée des traités. Malgré l'illusion d'une collaboration renouvelée en façade à chaque alternance politique qui aurait dû faire s'interpénétrer les deux peuples, les Français jugent mal l'Allemagne actuelle, qui, il est vrai, n'est pas leur destination favorite de vacances. L'ogre menaçant dont les chars marchaient à l'eau du robinet n'existe pas, le pays s'est transformé. Rentré en lui-même, libéré de toute diplomatie, il s'inscrit dans une problématique mondiale où son industrie excelle mais qui lui dicte beaucoup de préventions quant au destin d'une planète finie surexploitée. Aussi l'Allemand ne fait-il pas d'enfants. La « contrainte morale » exprimée par Malthus d'un juste apportionnement des ressources et des besoins obtenu par la continence maritale des défavorisés est généralisée à tous dans l’Allemagne actuelle : quel avenir pour nos enfants sur une planète surpeuplée en proie aux guerres asymétriques et aux revanches de tous ordres, et lourdement pénalisée par le réchauffement climatique que nous avons provoqué ? À vue d'homme, aucun !
    Darwinisme
    D'où l'intérêt de l'Allemand pour les prescriptions malthusiennes du Club de Rome (halte à la croissance !), pour réduire l'empreinte carbone dès le niveau individuel (succès des Grunen), pour ne pas surpeupler son morceau de Terre, en contrepartie de quoi les activités maintenues doivent viser en tout l'excellence des procédés, seule garantie écologique à la fin. Et se croisent ici les deux théories, malthusienne et darwiniste : l'avenir est limité aux meilleurs, les autres disparaissent. Le chancelier Gerhard Schrôder était exactement sur cet axe quand il lança son Agenda 2010 qui rehaussait le niveau qualitatif des productions allemandes à moindre coût (en libérant les salaires et en délocalisant sur ses marches orientales les opérations élémentaires) sans hésiter à couper dans la dépense publique affectée au confort social pour dégager de la finance. Ceci fut fait en droite ligne de la critique malthusienne des Poor Laws anglaises : « Un homme qui est né dans un monde déjà possédé, s'il ne peut obtenir de ses parents la subsistance qu'il peut justement leur demander, et si la société n'a pas besoin de son travail, n'a aucun droit de réclamer la plus petite portion de nourriture, et en fait il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n'y a pas de couvert vacant pour lui. Elle lui commande de s'en aller, et elle mettra elle-même promptement ses ordres à exécution. » (Thomas Malthus, Essai sur le principe de population, 1798).
Travailler pour manger... On dit les pauvres plus malheureux aujourd'hui en Allemagne qu'en France. Les variations dans la perception du non-bonheur rendent la comparaison difficile, mais il est paradoxalement vrai aussi que le chancelier actuel, Angela Merkel, brille au firmament des sondages de popularité, ce qui laisse accroire que l'apportionnement des ressources précité est accepté à l'aune des disponibilités acquises plus qu'à celles présagées par la démagogie. Le piteux état des finances des pays latins ne pousse pas les classes pauvres à la revendication irresponsable. C'est sans doute cette conscience civique qui est la plus large fracture entre nos deux pays. Il reste une dignité à l'Allemand que nous avons perdue dans le moulinage continu de nos revendications sociales à compte d'autrui. Il est bien fini le temps de nos objurgations, déjà vaines jadis. Nous sommes devenus "la Grande Nation" dans l'opinion publique qui se rit de voir annuler un contrat d'armement franco-saoudien par Daimler-Benz, propriétaire des châssis ! Dans aucun domaine, l'Allemagne ne nous fait de "cadeau" et sa concurrence fut rude, parfois à la limite de la déloyauté lorsque, par exemple, Siemens donna la technologie TGV de première génération aux Chinois pour contrer Alstom en Chine où la firme française disposait de positions trop solides à son goût. De même voit-on l'État allemand pénétrer les conseils d'administration du groupe EADS pour casser le monopole aéronautique toulousain. Et la liste s'allonge.
    Décrochage
    Que subsiste-t-i! du concept originel au jubilé du traité de l'Elysée ? Cette visite obligée à la belle-mère chaque année dont il ne sort rien que des communiqués rédigés par avance que personne ne lit, et du Champagne pour tout le monde. Le traité de l'Elysée fut signé par le président Charles De Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer le 22 janvier 1963 à Paris. Cette réconciliation formelle fut préparée dès le retour au pouvoir du général De Gaulle, alors que les deux économies étaient comparables et que le nouveau franc français, issu de la dévaluation de décembre 1958, valait 0,855 mark allemand, (l'ancien franc était à la parité de cent pour un). L'année 1960 sera le point d'origine de toutes les comparaisons franco-allemandes. Cinquante ans plus tard, le franc vaut 0,298 mark (- 65 %) et on le dit surévalué ; le retard de notre PIB est de 30 %. L'Allemagne a reconstruit son économie à la taille qu'elle avait à la Belle Époque relativement aux autres, et elle a rénové tous les Lànder orientaux récupérés en ruines en 1990. Ses comptes sont aujourd'hui à l'équilibre avec un commerce extérieur "triomphant". À l'inverse, nous subissons les trois déficits majeurs (budgétaire, commercial et social), écrasés que nous sommes par un Léviathan étatique qui saigne le pays comme les médicastres de Molière leur patient ! Les comparaisons seraient cruelles et déplacées lors de la célébration du cinquantenaire, mardi prochain à Berlin. On s'y taira.
    Catoneo Action Française 2000 du 17 janvier au 6 février 2013