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géopolitique - Page 852

  • Syrie : violence, pauvreté, enlèvements…et l’aide de l’AED

    « Nous nous sommes habitués à l’horreur du quotidien ». C’est ainsi que l’archevêque d’Alep des Arméniens catholiques, Mgr Boutros Marayati, décrivait à l’Agence Fides la situation vécue par les habitants d’Alep.  « Et nous percevons qu’il existe une déformation de toutes les informations », continuait-il, devant les renvois de balle permanents entre les forces de l’ordre et les rebelles armés.

     

    Les chiffres, signes des effets collatéraux du conflit, sont dramatiques:
    - 700 000 émigrés (principalement Turquie, mais aussi Liban, Egypte, Jordanie, Irak)
    - 3 millions de réfugiés à l’intérieur du pays (la plupart ont tout perdu )
    - 80% de la population dans l’incapacité d’aller travailler.
    - 70% de la population vivant sous le seuil de pauvreté.
    - manque de pétrole, de mazout, de pain, d’eau, de couverture etc…

    Le 19 février 2013, un chrétien arménien a été abattu à bout portant par des terroristes qui, l’ayant arrêté et fouillé pour son nom de famille, l’ont criblé de balle à l’endroit de la croix qu’il portait autour du cou.
    Le 9 février, trois prêtres ont été séquestrés à Alep et Damas. En date du 21 février 2013, nous sommes toujours sans nouvelle. Il s’agit du prêtre arménien-catholique Michel KAYAL, du prêtre grec-orthodoxe Ishaac MAHFOUD et du prêtre grec-catholique Hassan TABARA.
    La suite sur le site de l’AED

  • La France lève son veto à l’ouverture d’un chapitre des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne

    BRUXELLES (NOVOpress via le Bulletin de réinformation) - La France accepte d’ouvrir à Bruxelles un nouveau chapitre des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. En effet, Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères (ci-dessus),  a confirmé à son homologue turc Ahmet Davutoglu que la France allait lever son veto à l’ouverture des négociations sur la politique régionale.

    http://fr.novopress.info

  • La Russie et l’Europe à la croisée des chemins ? Par Alexandre Latsa

    La visite du président de la république française François Hollande à la fin de ce mois de février 2013 [Ndlr : les 27 et 28 février] à Moscou arrive dans un contexte très spécial concernant les relations France/Russie, tout autant que les relations Russie/Europe et les relations Russie/Occident en général.

     

    Depuis la fin des années 90 et la chute de l’empire Soviétique, et surtout depuis le début des années 2000, l’interaction entre la Russie et les pays de l’union Européenne, ainsi qu’avec l’Occident en général a été croissante. La volonté de rapprochement de la Russie vers l’Occident ayant été l’une des grandes orientations de la politique étrangère du Kremlin depuis 1991, soit depuis maintenant 22 ans, c’est à dire l’âge de la jeune fédération de Russie.

    Sur ce plan, la politique russe est restée inchangée et stable et la volonté de rapprochement avec l’Ouest et surtout l’Europe n’a pas été que théorique. Elle a donné lieu à des actes très importants, que l’on pense à l’adhésion au conseil de l’Europe en 1996, à l’adhésion au G8 en 1997, à la proposition de la Russie de rejoindre la famille occidentale dans la lutte contre le terrorisme en 2001, à la création du Conseil Russie/OTAN en 2002 ou encore aux propositions russes de création d’une architecture européenne de sécurité en 2008.

    Durant la période récente, la Russie n’a cependant pas concentré toute sa géopolitique extérieure vers l’occident et a pris beaucoup d’initiatives en direction de son étranger proche et de la zone Asie/Eurasie.

    La Russie a participé à la constitution de la CEI (1991), une entité intergouvernementale comprenant 15 républiques postsoviétiques, mais aussi à la constitution de la Communauté économique eurasiatique en 2000 et de l’OTSC en 2002, regroupant Russie, Biélorussie, Arménie, Kazakhstan, Kirghizistan et Tadjikistan. Un projet de fusion des deux dernières entités étant envisagé, au sein de l’OSCE, pour qu’elle remplace peut être à terme la CEI. Enfin la Russie a contribué à la création de l’Union Douanière Eurasiatique, qui regroupe la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan, confirmant sa volonté d’intégration régionale en Eurasie, au sein de l’espace postsoviétique. De plus, en 2001, soit un an après la création du conseil Russie/Otan, la Russie a aussi contribué à la création de l’Organisation de Shanghai avec la Chine, une organisation militaire intergouvernementale, qui peut être vue comme un pendant régional et asiatique de l’Otan.

    La volonté russe de recherche de compromis militaires hors Occident et hors Otan prend toute sa dimension au fur et à mesure que les relations Russie/Otan elles se détériorent, face à l’incapacité qu’ont les américains de sortir d’une logique post guerre froide et de la politique de “containment” à l’Est de la Russie. Une politique dont les conséquences se matérialisent aujourd’hui à travers la crise du déploiement du bouclier anti-missile en Europe de l’est.

    La volonté russe de recherche de compromis militaires hors Occident et hors Otan prend toute sa dimension au fur et à mesure que les relations Russie/Otan elles se détériorent, face à l’incapacité qu’ont les américains de sortir d’une logique post guerre froide et de la politique de “containment” à l’Est de la Russie. Une politique dont les conséquences se matérialisent aujourd’hui à travers la crise du déploiement du bouclier anti-missile en Europe de l’est.

    Paradoxalement, alors que la crise de 2008 a mis en évidence les disfonctionnements du système économique occidental, l’interaction économique Europe-Russie s’est renforcée, la relation Europe-Russie ayant créé des interdépendances croissantes. La Russie qui est sortie rapidement de la crise économique de 2008 se retrouve en position de force face à une Europe affaiblie, dont les acteurs économiques voient maintenant la Russie comme le marché le plus dynamique ou exporter et investir. En face, l’Europe est devenue le principal client de l’énergie russe, cette interdépendance étant matérialisée par les projets South Stream et North Stream. Mais alors que la Russie va présider le G20 cette année, G20 dont le sommet aura lieu en Russie, il semble que la tentation russe, face au modèle européen ne soit plus aussi importante qu’avant.

    Comme le soulignait récemment Fedor Loukianov, en face de la croissante interdépendance économique entre la Russie et l’Europe, un problème de modèle commun semble se dessiner, dont les principales pierres d’achoppement sont la morale globale et le problème du modèle de société. Le malentendu est profond, l’UE souhaite imposer à la Russie une conception sociétale que celle-ci rejette, arguant qu’elle est souveraine et différente. Cette rupture morale entre une Russie conservatrice qui connaît un retour du fait religieux et une Europe au contraire très libérale-libertaire pourrait bien entrainer un malentendu croissant entre la Russie et les pays européens.

    C’est peut être à cause de cette incompréhension croissante que la Russie cherche à limiter sa dépendance de fournisseur envers l’UE et projette de réaliser en Asie-Pacifique 22% à 25% de ses exportations pétrolières et 20% de ses exportations de gaz d’ici à 2020, pendant que l’Agence Internationale de l’Energie estime que la Russie réalisera 30% des exportations vers l’Europe à ce moment là.

    Un rééquilibrage stratégique essentiel dont on peut imaginer qu’il affaiblira la potentielle emprise de l’UE sur une Russie, qui se liera sans doute plus activement à l’Asie, ce continent dans lequel se situe, il ne faut pas l’oublier, 75% du territoire russe.

    Alexandre Latsa http://fr.novopress.info

    Source : RIA Novosti.

    ** Alexandre Latsa est un journaliste français qui vit en Russie et anime le site DISSONANCE.

  • Terre des hommes nouveaux

     

     

    Le Front National semble bien souvent adopter la ligne « Lugan » quant aux questions de politique africaine. Ce faisant, nous abondons plus du côté "mainstream" que nous le pensons.

    Dans le conflit débordant le Mali, on parle (Jmlp sur Bfm le 18/01/13) de s’allier aux Touareg (guerrier farouche de race blanche peu islamisé ?), et on pourfend le Qatar à juste titre sans doute, mais, le même Qatar où Robert Ménard fut Directeur pour la Liberté de l'Information ?
    Le même Ménard et ses fameux mécènes (Dans une déclaration à la presse à Béziers, Robert Ménard se vante d’avoir de nombreux mécènes depuis sa période ONG sans frontières) avec lequel Marine prépare un coup d'Union des Droites aux municipales, selon la bonne vieille ligne atlantiste du Club de l’Horloge dont les liens avec celui qu’il convient d’appeler désormais, Bob, Bob Ménard, ne sont plus à démontrer ?


    De même que Marine ne joue pas innocemment avec le terme "islamiste", "péril vert" assez explicite au regard de la carte ci-dessus quand on adopte un certain point de vue sur l'Afrique.
    Où est-il question d'islam dans toute cette tartufferie, il s'agit de fric avec lequel les Américains corrompent les maffias qui se donnent un signe de ralliement pour faire mauvaise figure.
    Les dirigeants qatari et leur abonnement aux putes et au fric sont-ils des musulmans ? Ils ont l'aval de leur protecteur américain.
    Que serait donc un islamiste ?
    Un homme qui est né dans l'islam comme nous naissons dans la religion catholique et qui préfère la Jeep qu'on lui offre en cadeau bonus s'il prend les armes, les pétro narcotico dollards et le job offerts par les Américains avec l'argent du Qatar plutôt que de se faire descendre par ses coreligionnaires qui auront fait ce choix ?

    Et que pense Lugan de ces Touareg pas avec les Touareg, un coup chez les islamistes contre l'Aqmi, tout contre, un coup avec l'armée malienne, puis contre, avec les complicités des maliens avec les uns et les autres, pour ne rien dire des contacts algériens ?

    Le mouvement islamiste Ansar dine, "l'Armée de la religion", est dirigé par Iyad Ag Ghaly, principal artisan de la prise de Kidal, dont il est originaire. Celui qui fut le principal chef de la rébellion touareg des années 1990, aurait subi l'influence de prêcheurs salafistes pakistanais il y a une dizaine d'années, selon Pierre Boilley, directeur du Centre d'études des Mondes africains (CEMAF).
    Un autre dirigeant touareg, le colonel Elhadj Ag Gamou, "était resté sous uniforme de l'armée malienne en raison de ses différents avec Iyad Ag Ghaly", selon Jean-Philippe Rémy, spécialiste de l'Afrique au Monde. A la chute de Kidal, il a fait défection et a rejoint le MNLA.
    Au sein d'Aqmi, on trouve quelques Touareg, essentiellement des chômeurs.
    Comme quoi, le fric déjoue déjà le plan "ethnie".
    Ansar Dine et le MNLA ont combattu ensemble contre l'armée dans des localités du nord-est, Tessalit, Aguelhok et Kidal ces derniers mois. Mais une lutte de leadership existe entre eux. Une fois atteinte la limite sud du secteur revendiqué sous le nom d'Azawad par les Touareg, leurs intérêts vont diverger: le MNLA revendique un Etat touareg dans le Nord tandis qu'Ansar Dine se bat pour l'instauration de la charia dans la totalité du territoire malien.
    Mokhtar Belmokhtar a été vu "de plus en plus aux côtés de Iyad Ag Ghaly", le dirigeant d'Ansar Dine. Mokhtar Belmokhtar, surnommé "Belawar" (ou "Louar", le Borgne), est l'un des vétérans d'Aqmi qui opère depuis ses bases du nord du Mali dans tout le Sahel.
    Outre les armes ramenées de Libye à la chute du régime Kadhafi , les moyens matériels des rebelles proviennent en partie des rançons récupérées lors des échanges d'otages, mais aussi de divers trafics dont celui de la drogue. "La drogue vient d'Amérique du Sud (cocaïne) ou du Maroc (haschich)", selon Christophe Ayad du Monde. Et son convoyage bénéficiait, selon lui, de "complicités dans les douanes, l'administration et l'armée" malienne.
    La grille ethniciste de Lugan est bien simpliste.
    Lugan méconnaît l'humain, il applique une grille ethniciste dans tous les cas de figure.
    Pour Bernard Lugan, tout est toujours ethnique, et en France aussi sûrement.
    Comme si les hommes d'une ethnie ou d'une autre, ne pouvaient être corrompus de la même manière et pour les mêmes intérêts, par l'argent.
    Comme si les hommes d'une ethnie ou d'une autre, ne pouvaient s'entendre, pour s'allier ou à l'inverse contrer, tant anciens (Français) ou néo colonialistes (Usa, à moins qu‘il ne faille parler d‘Areva, Goviex, Global Uranium, Gazprom, Niger Ressources, Niger Uranium, Paladin, Eads, Veolia) en regardant leur intérêt individuel ou même, le cas échéant, celui de l'Afrique.
    Quand on connaît Lugan, on sait qu'il y a des Tutsis absolument Tutsis, et des Hutus absolument Hutus (avec sans doute une préférence pour les Tutsis, élite sociale et moins négroide), et quand on connaît des Rwandais, ils ne connaissent que des Rwandais, ils parlent tous la même langue et partagent la même culture, et sont partiellement biologiquement mélangés.
    Selon l’historien Gérald Prunier, spécialiste de l’Afrique des Grands Lacs, « il s’agit de deux groupes, probablement d’origines ethniques différentes si l’on remonte au XIIIème ou au XIVème siècle mais depuis longtemps biologiquement partiellement mélangés et culturellement homogénéisés ». Les deux groupes partagent d’ ailleurs une même langue, le Kinyarwanda. Les termes « Tutsi » et « Hutu » auraient en fait à l’origine été utilisés pour décrire le statut social d’un individu, le premier terme désignant une personne possédant de nombreuses têtes de bétail et le second identifiant une personne soumise à l’autorité d’un plus puissant. Par extension, les deux termes ont permis de distinguer l’élite de la majorité des gens ordinaires.

    Si l’identification des pasteurs tutsis comme détenteurs du pouvoir et des cultivateurs hutus comme sujets était déjà fixée à l’arrivée des Européens à la fin du XIX siècle, il est manifeste que les colonisateurs successifs, l’Allemagne et la Belgique, ont joué un rôle crucial dans l’imposition de ce différencialisme. Conformément aux théories en vogue dans l’Europe du début du XX siècle, les colonisateurs ont appliqué la notion de race aux catégories sociales Tutsi et Hutu.

    Considérant les Tutsis, sur base d’ indices anthropométriques, comme plus proches des Européens, le colonisateur belge s’est reposé sur cette « minorité supérieure » pour administrer le territoire rwandais, lui réservant l’exclusivité des postes à responsabilité. À partir des années 1930, les Belges procèdent à des recensements. Les Rwandais sont invités à déclarer le groupe auquel ils appartiennent. Les statistiques donnent les chiffres suivants : 85 pour cent de Hutus, 14 pour cent de Tutsis et 1 pour cent de Twas. Ce « fichage ethnique » allait « couler dans le béton » la partition de la société en trois catégories, avec les conséquences que l’on connaît sur le cours de l’histoire du minuscule pays africain.

    Comme partout encore aujourd‘hui, on peut toujours raviver et s'appuyer sur de vieux clivages pour attiser les situations, ce qui ne manque jamais d’être le cas lorsque l‘on veut déstabiliser un pays.

    Alors, phénomène de marge de part et d’autre du Sahel qui au passage, regorge d’Uranium, de pétrole, de gaz, de diamants, d’eau (le désert a révélé des nappes phréatiques évaluées à 6 milliards de m3 d'eau) ? Quand il s'agit de chefs Touareg ?
    Et ensuite de complicités entre les laïcs, rebelles et/ou gouvernementaux et les dits religieux ?
    La constante, c'est la complexité, pas le schéma binaire et manichéen de Lugan.
    Mais il est évident que cette lecture ethnique plaît aux idéologues d'extrême-droite qui enferment chacun dans un tel déterminisme.
    Il plaît surtout en double-couche pas même forcément compatibles et donc cohérentes, quand l'on veut absolument embarquer dans la galère d'extrême-droite, qu'il soit question d'islamisme quand ces questions sont instrumentalisées et que les véritables causes sont ailleurs.
    En Afrique comme ailleurs, ce sont les multinationales contre les peuples.
    En Afrique comme ailleurs, l'oligarchie industrialo financière s'assoit (dans tous les sens du terme, prend appui et/ou écrase) sur des petits groupes dont elle a intérêt à attiser les dissensions.
    En Afrique comme ailleurs, les grands groupes ont les moyens d'acheter la guerre civile et les milices privées.
     

     http://www.youtube.com/watch?v=mgbWewhv0hA
    http://www.youtube.com/watch?v=ZRpxn8svQ_A

    http://orianeborja.hautetfort.com

  • Tunisie : fin des illusions, par Champsaur

    tunisie,ben ali,chokri belaidL’assassinat de l’avocat Chokri Belaid, deux ans quasiment jour pour jour après les révoltes contre Ben Ali, son clan et son système, incite à relire comment ces évènements ont été perçus et rapportés (sottement baptisés révolution du jasmin … ?). Nous n’avons pas été la majorité à être réservés, voire soupçonneux, voire à ne pas croire une seconde qu’un parti se réclamant ouvertement de l’islam allait préserver l’embryon de sécularisation péniblement greffée depuis Habib Bourguiba.

    Il est édifiant de relire les retours romancés, les spéculations purement intellectuelles, les rêveries autour de la laïcité (on tremble quand on sait que personne ne sait définir le mot en français), repris en chœur selon le mode d’une réaction chimique qui diverge.

    Deux années sont un intervalle calendaire très court à l’échelle d’évènements géopolitiques. Ce qui montre que le ferment est bien présent, et ne demande pas beaucoup de temps pour s’échauffer. L’islam a pris très rapidement le contrôle du pays, et c’est un exercice futile de chercher des indices contraires. Nos intellectuels germanopratins durent se rendre à l’évidence : le Monde du 24 Octobre 2012, « La transition politique est en panne ».

    Arrêtons-nous à ce qu’écrivait Chokri Belaid peu de temps avant son assassinat: « Quand on les laisse prêcher la violence dans les mosquées et les universités de Tunis… s’adonner à la violence… s’accaparer les prières du Vendredi… prononcer leurs discours incendiaires pour inciter à la zizanie, aux assassinats, aux blasphèmes, à la discorde entre nous, et à la négation de notre identité tunisienne … on oublie qu’ils ne savent rien de la Tunisie ! … Cela nous mène à offrir une légitimité à l’entité sioniste en tant qu’État juif. L’État n’est plus que religieux ! Nous ne pouvons plus parler ni de patrie, ni d’union ! Nous ne sommes plus affiliés ni à la patrie, ni à la citoyenneté, ni à l’équité ! Nous ne sommes plus fidèles à nos pays ! Nous ne pouvons plus penser « Al dine lil’Lah wal watan lil’jamih » [La religion pour Dieu et la patrie pour tous] ! Observez où tout cela nous a déjà menés aujourd’hui. Observez notre jeunesse délibérément égarée ; le responsable de cet égarement étant « un gouvernement mêlé à certaines transactions », transactions qui sont la cause de la transformation des maisons de Dieu en lieux d’endoctrinement. Et, c’est notre peuple qui en paie les frais aujourd’hui ! De jeunes adolescents, sans éducation, sans savoir, et sans expérience. Il a suffi d’une « fatwa » lancée par un individu installé sous un « climatiseur » en Orient, en Arabie saoudite, ou au Qatar, capitale de la normalisation avec l’entité sioniste, pour que nos enfants, la chair de notre chair, aient à en payer les frais !»

    Nous n’en sommes pas les auteurs. Et la Tunisie n’est pas loin de la France … Nous ne pouvons que revenir aussi aux propos de Mezri HADDAD, archives sur le site de lafautearousseau

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Pays du goulag levant (ex-USA): L’humiliation du congrès devant le lobby israélien…

    Nous avons traduit ici le dernier article du Dr. Paul Craig Roberts qui nous le rappelons, est un ancien secrétaire aux finances du gouvernement républicain de Ronald Reagan (parti républicain). Son analyse interne de la situation politique yankee est de prime importance, car on ne peut pas lui reprocher de faire de « l’anti-américanisme primaire », argument tellement classique de la pensée unique pré-formatée à usage des lobotomisés du système, que c’en est devenu un poncif du genre. Roberts dénonce et fustige la dérive totalitaire de son pays et cela doit sans aucun doute lui remuer les tripes que de dire et écrire cela. Nous ne partageons pas ses idées politiques, ni sa conception de la société (il est un des pères des « reaganomics », branche néolibérale d’inepties économiques), mais c’est tout à son honneur que de reconnaître ces dérives et d’essayer de l’intérieur, de corriger ce qu’il pense pouvoir l’être.

    D’autre part, tout ce qui se passe outre-atlantique finit par arriver chez nous avec quelques rames de métro de retard… Sarkozy avait mis la France au diapason du pays du goulag levant, Hollande poursuit la fuite en avant larbiniste d’état et l’inféodation à l’empire, à preuve la politique néo-coloniale en vigueur. Rien ne peut se faire en notre nom… si nous le décidons ! Pour les accrocs du « patriotisme », c’est par là que le patriotisme passe: par refuser de ramper devant les intérêts particuliers des cartels. L’assemblée nationale n’étant depuis belle lurette qu’une annexe des conseils d’administration du CAC40 et de la City de Londres, nous confirmons que voter est bien faire le jeu de l’oligarchie et renoncer à son mandat souverain populaire.

    Boycott du vote et des intérêts particuliers, dilution du pouvoir dans le peuple, autogestion et confédération des communes libres sont nos armes pour vivre enfin et arrêter de survivre au gré des humeurs de nos oligarques criminels et eugénistes.

    Qu’on se le dise ! – Résistance 71 –

    L’Amérique encore humiliée : Un peuple colonisé

    Dr. Paul Craig Roberts, le 17 Février 2013

    url de l’article original:

    http://www.paulcraigroberts.org/2013/02/17/america-shamed-again-a-colonized-people-paul-craig-roberts/

    ~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~ 

    Les Américains ont été humiliés à maintes reprises par leurs représentants élus qui ont répétitivement et avidement rampés devant des intérêts particuliers et ont trahi le peuple américain. Mais aucune attitude honteuse préalable ne peut rivaliser avec l’attitude des membres républicains du sénat dans l’audition de la confirmation de poste du ministre de la défense Chuck Hagel.

    Quarante sénateurs républicains ont mis en évidence que non seulement ils refusent de mettre leur service à la nation devant leur service à Israël, mais qu’ils ne veulent pas non plus mettre leur service à la nation sur le même pied d’égalité que leur service à Israël. A la honte de tout citoyen américain, les républicains ont démontré devant le monde entier qu’ils ne sont qu’une entité subsidiaire possédée par le lobby israélien (le lobby israélien n’étant pas leur seul maître; ils sont en effet aussi possédés par de puissants groupes d’intérêts tels que Wall Street et le complexe militaro-industriel).

    L’attitude la plus embarassante provint du veule Lindsey Graham, qui, tout en démontrant sa totale inféodation en rampant sur le ventre devant le lobby israélien, défia Hagel de nommer une seule personne au congrès qui a peur du lobby d’Israël.

    Si j’avais été Hagel, j’aurai laissé tombé ma nomination et aurai répondu: “Vous, sénateur Graham et vos 40 collègues veules et lâches.” En fait Hagel aurait pu même répondre: le congrès dans son entièreté incluant Rand Paul qui prétend être différent mais qui ne l’est pas.

    La véritable question est la suivante: Qui au congrès des Etats-Unis, n’a pas peur du lobby d’Israël ?

    Le boulot de porte-flingue fait à l’encontre de Hagel est motivé par la peur de ce lobby.

    Le pire des affronts peut-être jamais infligé par les repésentants du peuple américain à l’armée américaine fut la couverture totale de la mission d’attaque par air et par torpille du navire américain USS Liberty en 1967. L’attaque israélienne a echoué à couler le USS Liberty mais tua ou blessa la vaste majorité de son équipage. Les survivants furent ordonnés de la fermer et il s’écoula 12 ans avant que l’un d’eux ne se décide à parler et révéla ce qu’il se passa ce jour là (James Ennes, , Assault On The Liberty). Même pas l’amiral Thomas Moorer, chef des opérations navales et chef d’état major des armées, ne put obtenir de Washington de révéler les faits.

    Les faits sont maintenant bien connus, mais aussi loin qu’est concernée Washington, ce ne sont que lettres mortes. L’évènement dans sa totalité a été évacué dans un univers parallèle.

    Pourquoi les sénateurs républicains détruisent-ils Hagel pour Israël ?

    La réponse est que, lorsque Hagel était lui-même un sénateur, il refusa de se laisser intimider par Israël et son lobby et déclara: “Je suis un sénateur des Etats-Unis et non pas un sénateur israélien”, En d’autres termes, Hagel perpétra l’interdit; il a dit qu’il représentait les intérêts des Etats-Unis, pas ceux d’Israël. La position de Hagel implique le fait que les intérêts des deux nations ne sont pas identiques, ce qui constitue une hérésie.

    La seconde partie de la réponse vient du fait que Hagel ne pense pas que ce soit une bonne idée pour les Etats-Unis de commencer une guerre avec l’Iran ou même pour les Etats-Unis de permettre à Israël de le faire. Mais une guerre des Etats-Unis avec l’Iran est ce que le gouvernement israélien et ses agents néo-conservateurs ont essayé d’imposer au régime Obama. Israël veut se débarasser de l’Iran parce que l’Iran soutient le Hezbollah au Liban Sud, empêchant ainsi Israël d’annexer ce territoire et ses ressources aquifères et aussi parce que l’Iran soutient le Hamas, la seule organisation palestinienne qui essaie de s’opposer au vol complet de la Palestine par Israël, et ce bien que l’Iran n’ait jamais suppléé le Hamas avec de l’armement.

    Les deux organisations qui s’opposent à l’expansion territoriale d’Israël, le Hezbollah et le Hamas, représentent un grand nombre d’Arabes. Quoiqu’il en soit, les deux sont déclarées, sur les ordres d’Israël, des “organisations terroristes” par le ministère des affaires étrangères américain très servile, qui de toute évidence dans la réalité, devrait être appelé ministère des affaires étrangères israélien puisqu’il ne met jamais les intérêts des Etats-Unis avant ceux d’Israël.

    En d’autres termes, Hagel ne s’est pas couché. Il n’a pas dit combien il adore Israël et comment ce serait un honneur pour lui que de sacrifier tout autre intérêt à ceux d’Israël, combien il avait attendu toute sa vie pour avoir enfin la chance de servir Israël en tant que ministre de la défense des Etats-Unis.

    Hagel n’est pas un opposant à Israël; il a simplement dit “je suis d’abord un Américain”. De fait son manque de veule soumission est inacceptable pour le lobby israélien, qui l’a déjà étiqueté d’ “antisémite”.

    Lindsey Graham par contraste, a tout ce qu’il faut pour être le choix parfait de ministre de la défense US pour Israël.

    Graham se couperait en quatre pour servir le lobby israélien. Il mettrait les holàs et se comporterait avec un maximum de servilité envers une puissance étrangère dans son effort d’humilier le président des Etats-Unis et son nominé, un ancien combattant et un ancien sénateur qui pense tout simplement que le congrès des Etats-Unis et la branche exécutive devraient faire passer avant tout les intérêts des Etats-Unis.

    Le leader de la majorité au sénat, Reid, a utilisé les règles du sénat pour maintenir la candidature de Hagel en vie. Si Lindsey Graham réussit à faire le sale boulot du lobby israélien, il aura mis en échec le président américain et offert cette défaite au premier ministre israélien, qui a désavoué le president des Etats-Unis pour ne pas avoir suivi Israël dans ses plans d’attaque de l’Iran.

    Les Américains sont un peuple colonisé. Leur gouvernement représente des puissances coloniales et leurs intérêts: Wall Street, le lobby israélien, le complexe militaro-industriel, les cartels de l’agro-alimentaire, pharmaceutiques, de l’énergie, des mines et du bois.

    Deux représentants élus du peuple américain qui ont réellement essayés de représenter le peuple, Ron Paul et Dennis Kucinich, ont trouvé que le gouvernement représentatif est un endroit inhospitalier pour les quelques-uns qui essaient de représenter les intérêts du peuple américain.

    Tout comme Ron Paul, Dennis Kucinich et Gerald Celente, je me situe du côté de nos pères fondateurs qui s’opposèrent à l’intrication de l’Amérique dans des guerres étrangères. Dans un effort de prévenir cette intrication, la pères fondateurs avaient donné le pouvoir de déclarer la guerre au seul congrès des Etats-Unis Au fil des ans, le congrès a graduellement cédé son pouvoir au président jusqu’au moment où il n’y a plus ce pouvoir au congrès. Le président peut maintenant commencer une guerre n’importe où, n’importe quand, simplement en déclarant que ceci n’est pas une guerre mais “une action militaire cinétique limitée en durée et en action”. Il peut tout aussi bien utilisé un autre vocabulaire qui n’a aucun sens.

    Dans les quelques premières années du XXIème siècle, la branche exécutive des Etats-Unis a envahi deux pays, violée la souveraineté de cinq autres au cours d’opérations militaires et a établi des bases militaires en Afrique afin de contrecarrer la pénétration économique de la Chine sur le continent et de sécuriser les ressources naturelles pour les Etats-Unis et les entreprises européennes, augmentant ainsi les chances de plus de guerres futures. Si les républicains réussissent à bloquer la confirmation de Hagel comme ministre de la défense, le projet de guerre avec l’Iran sera propulsé de l’avant.

    En abdiquant son pouvoir de guerre, le congrès des Etats-Unis a totalement perdu le contrôle des fils de la bourse. Alors que la branche exécutive cache de plus en plus d’informations à la vue et à la scrutinité des comités de surveillance du congrès, le congrès devient de plus en plus affaibli. Alors que la dette de guerre de Washington s’envole exponentiellement, l’attaque de Washington sur le filet de sécurité social va s’intensifier. Les institutions gouvernementales qui donnent les services aux Américains vont reculer alors que de plus en plus d’argent des impôts est dirigé vers les coffres des intérêts spéciaux et des intrications étrangères.

    La connexion précaire entre le gouvernement américain et les intérêts de ses citoyens est en train d’être totalement rompue.

    http://resistance71.wordpress.com/

  • Obama élu des minorités ethniques et de l'oligarchie financière

    Carl Hubert a réalisé une fine analyse des élections américaines pour le Bulletin de réinformation de Radio Courtoisie. Nous en donnons connaissance ici à nos lecteurs. Les grandes tendances apparues en 2008 sont confirmées sinon amplifiées. La classe moyenne blanche est prise en tenaille. Polemia

    Premier enseignement : Obama élu par les minorités ethniques

    Les derniers sondages donnaient les deux candidats à l’élection présidentielle américaine au coude à coude, certains envisageant même le scénario de l’égalité quasi parfaite de score entre Barack Obama et Mitt Romney. Ce dernier scénario n’a pas eu lieu. A ce stade du décompte, Obama emporte 303 grands électeurs contre 206 à Mitt Romney. Il est vrai qu’en termes de voix populaires, c’est-à-dire le premier degré électif dans un tel système de suffrage indirect, Romney semble devancer le vainqueur. Qu’est-ce qui a donc permis la victoire d’Obama ?

    Le taux d’abstention est resté modéré et les minorités ethniques ont voté à nouveau massivement en faveur d’Obama. Les non-Blancs, qui constituaient 24% du corps électoral en 2008, représentent désormais 26%. Cette augmentation, qui s’explique par l’immigration et par une croissance naturelle plus forte, a clairement avantagé Obama.

    Dans le détail, selon des sondages commandés par CNN et le New-York Times, 93% des Noirs ont voté Obama, de même que 71% des Hispaniques et 70% des Juifs. De leur côté, les Blancs ont voté à 59% pour Romney.

    Ces valeurs sont proches de celles de 2008 mais montrent quand même un renforcement de la ségrégation électorale : les Hispaniques et les Asiatiques ont été plus nombreux qu’en 2008 à voter démocrate. Ce n’est toutefois pas le cas des Noirs et des Juifs, sans doute déçus par la présidence Obama. De même, les Blancs sont de plus en plus nombreux à voter républicain.

    La fracture raciale et ethnique n’est pas la seule clé du scrutin mais reste la principale. Il faut en effet tenir compte du vote religieux : les catholiques conservent une certaine tradition démocrate, même quand ils sont blancs ! Cette tradition semble toutefois en voie de s‘estomper : cette année, presque la moitié des catholiques ont voté républicain. Le facteur ethno-racial semble donc être plus que jamais un élément de poids dans la sociologie américaine.

    Deuxième enseignement : les élections aux Etats-Unis consacrent la victoire de l’oligarchie américaine

    L’élection présidentielle américaine fut la plus chère de l’histoire du pays. On estime le coût total de cette campagne de 2012 à 5,8 milliards de dollars (*), soit 10% de plus qu’en 2008. Plus d’un million d’écrans publicitaires ont été diffusés à la télévision américaine, une hausse de 40% par rapport à celle de 2008.

    Le poids de l’argent dans le système électoral américain s’explique par le fait que les Etats-Unis font reposer massivement le financement des campagnes électorales sur les dons privés. L’oligarchie américaine tient donc les rênes du jeu politique, comme l’illustrent les ingérences du financier Warren Buffet au sein des démocrates, et des pétroliers Koch ou du casinotier Adelson chez les républicains. Depuis janvier 2012 et le vote par le Congrès d’une loi réformant le financement de la campagne, les candidats ont la possibilité d’avoir recours de manière illimitée aux dons des entreprises privées.

    Des entreprises prennent position ouvertement mais, à vrai dire, ce sont souvent les mêmes qui furent successivement les financeurs de Barack Obama et de Mitt Romney. La banque d’investissements Goldman Sachs, traditionnel soutien des démocrates, qui avait versé plus de 1 million de dollars pour la campagne d’Obama en 2008, a également déboursé 1,8 million de dollars pour Mitt Romney. Le candidat républicain a reçu des fonds de la part des établissements Bank of America et Morgan Stanley, tandis que Obama était financé par l’Université de Californie, Microsoft et Google.

    Quoi qu’il en soit, être élu sans le soutien des donateurs privés est mission impossible.

    Perspectives du retour à la réalité : les Etats-Unis se rapprochent du fond de l’impasse financière

    Les intérêts financiers à l’œuvre dans l’élection présidentielle américaine avaient une préoccupation commune. Ils l’ont fait partager aux deux candidats, à Obama au premier chef. Il s’agit d’éviter l’effondrement de l’empire monétaire et financier américain. Un des premiers mots de Mitt Romney, après avoir reconnu sa défaite, a d’ailleurs été de plaider pour une entente entre démocrates et républicains, sur la « falaise budgétaire » qui attend les Etats-Unis.

    Bien que les Etats-Unis semblent en meilleur point que les Européens, comme ils ont réussi à le faire croire aux opinions publiques occidentales, ils sont à la merci d’une menace budgétaire et financière. Il est vrai que la croissance américaine est supérieure à la croissance européenne – du moins selon les statistiques officielles, contestées par le site internet shadowstats.com ; ces contre-experts estiment en effet que le produit intérieur brut américain est surestimé de 30%.

    Incontestés sont en revanche les chiffres du déficit budgétaire – 7% en 2012 – et de la dette publique. Cette dette dépasse 100% du PIB et va bientôt atteindre le plafond qui a été fixé par la loi en 2011. Or, que se passera-t-il lorsque ce plafond sera atteint, en février prochain ?

    Démocrates et républicains devront trouver un accord, associant économies budgétaires et hausses d’impôts, pour accompagner la seule solution vraiment envisagée : la hausse du plafond d’endettement, pour permettre aux Américains de s’endetter encore plus !

    Dans son livre intitulée La Fin du dollar, Myret Zaki dénonce la bulle spéculative qu’est devenu le dollar : la monnaie américaine est dopée à la planche à billets, aux statistiques biaisées et à la spéculation du secteur financier anglo-saxon. Obama et ses alliés de circonstance auront clairement pour mission d’éviter que cette bulle spéculative n’éclate, quitte à allumer de nouveaux contre-feux en relançant les attaques spéculatives contre l’euro.

    Carl Hubert, Pierre Montcalm et Noël Petit
    Bulletin de réinformation
    Radio Courtoisie
    8/11/2012  polemia

    Note :

    (*) D’après Eric Chavrou, de France Culture

  • La guerre du Zoulouland (1879) (partie 1)

    Dans la seconde moitié du XIXème siècle, l’empire britannique était implanté en Afrique Australe, et à l’origine plus particulièrement au Cap, récupéré sur les hollandais à l’occasion des guerres napoléoniennes. Au nord de la nouvelle colonie du Cap se trouvaient des régions colonisées depuis déjà longtemps par des émigrants hollandais, protestants, et d’ailleurs profondément biblistes, bien connus sous le nom de « Boers ».

    Dans les années 1840, les Boers, population d’agriculteurs, ressentirent à ce point la pression des anglais s’installant de plus en plus, qu’ils quittèrent la pointe australe, et commencèrent à remonter vers le Nord-Est au cours de ce qui fut connu sous le nom de « grand Trek ». Cette migration, qui resta dans l’esprit collectif de ces gens comme une sorte de nouvelle fuite d’Egypte (toujours l’imprégnation bibliste) les amena géographiquement jusqu’aux rivières Tugela et Blood river (la bien nommée …) et humainement au contact d’un peuple qui avait développé depuis les années 1807 une formidable puissance locale : les Zoulous. Le contact en question fut chaleureux, c’est le moins que l’on puisse dire, d’où par exemple le nom de la fameuse blood river, que nous verrons évidemment jouer un rôle lors la guerre de 1879.

    Les boers ne faisaient pas que passer leur temps à lire la bible ; ils avaient aussi des fusils et savaient s’en servir, et ils avaient bien l’intention de protéger les femmes et les enfants. Ils développèrent rapidement, face au danger zoulou, une technique de protection efficace : le laager, cercle de chariots permettant de créer une zone défensive. En cela les Boers, comme les pionniers américains de la même époque, avaient été amenés à mettre au point avec les moyens du bord, en l’espèce leurs moyens de transports, une tactique de défense s’avérant tout à fait valable. L’habitude en resta en cas de souci ; elle fut conseillée aux officiers anglais en 1878/1879, entendue par Lord Chelmsford, mais pas mise en pratique pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons.

    Au milieu des années 1870, l’empire britannique est en pleine période expansionniste. En Inde, les Anglais ont subi un épouvantable désastre en 1842. En Egypte, le contrôle du royaume est dorénavant acquis. La présence française est chassée de facto suite à la guerre de 70. A la suite d’un accord financier avec le Khédive, l’Angleterre prend en 1875 le contrôle du canal tout neuf, essentiel pour elle, puisqu’il permet de créer une liaison beaucoup plus rapide vers le Raj (l’empire des Indes) qu’en passant par le Cap. En Afrique du Sud, les Anglais remontent irrésistiblement vers le Nord.

    D’Egypte vers le sud, du Cap vers le Nord : la route du Cap au Caire, permettant de contrôler à terme toute la façade orientale de l’Afrique face à l’océan indien entre dans les esprits de White Hall. L’objectif est fondamentalement géostratégique au sens le plus global et mondialisant du terme, comme quoi nous n’avons en réalité rien inventé. Mais deux obstacles vont se présenter rapidement. Au Soudan se développe à l’orée des années 1880 un phénomène étrange et encore très mal appréhendé, qui est à bien des points de vue l’ancêtre direct de l’islamisme moderne.

    Au sud, au-delà des Boers alors quelque peu anesthésiés, se trouvent les zoulous et leur royaume, qui bloquent toute progression vers l’actuelle Tanzanie. Ces deux bouchons devront sauter, d’une manière ou d’une autre. Le reste sera une question de patience, de courage et de détermination. Le hasard y aura aussi sa part, puisque l’apparition imprévue des allemands en afrique orientale recréera un bouchon que seule la guerre de 14 permettra de faire sauter à son tour.

    Au sud de l’Egypte, l’apparition brutale des armées mahdistes provoquera une situation de crise intense, dont l’apogée sera la mort de « Chinese » Gordon à Khartoum en 1884, et qui ne verra son terme qu’en 1897, lorsque Kitchener descendra le Nil à la tête de son armée anglo-égyptienne. Mais ceci est une autre histoire … Au nord de la colonie du Cap se trouvent trois territoires : les républiques boers d’Orange et du Transvaal, et le territoire du Natal, qui tombe pour sa part sous contrôle anglais à la fin des années 1870.Un lieutenant-gouverneur est nommé.

    En Angleterre, les aléas de la politique amènent aux affaires Lord Carnavon en qualité de ministre des affaires étrangères (secretary of state), convaincu du bien-fondé de la politique d’expansion impériale. Il dépêche comme gouverneur général, au Cap, sir Henri Bartle Frere. Ce dernier, compétent et rassis, ayant oeuvré aux Indes, appelle à lui Frederick Thesinger, plus tard Lord Chelmsford, officier général d’expérience, ayant également servi aux Indes. Ces deux hommes vont sceller le sort du royaume zoulou et, bien involontairement, mettre en péril celui du gouvernement qui les a nommé … Le courage et l’efficacité des guerriers zoulous, dont l’organisation militaire et sociale est bien connue, ont parfois pu faire penser que les anglais avaient réagi face à ce qui pouvait sembler un danger.

    Mais revenons un instant sur cette organisation, unique en son genre en Afrique. La société zoulou a été totalement militarisée entre 1807 et les années 1830 par un chef de guerre exceptionnel, Shaka. Shaka a littéralement « spartiatisé » le peuple de son royaume, dont la population pratique l’élevage et la chasse … puis la chasse à l’homme. Le peuple zoulou est constitué d’éléments sous le contrôle de barons locaux, à cette différence que les « indunas » sont nommés par le roi et révocables à merci. Cette population, regroupée dans des villages ou « kraals », est sur-militarisée. Les tranches d’âge sont scindées en fonction de leurs capacités militaires pour les hommes, et les femmes connaissent la même classification. Aucun jeune guerrier ne peut se marier s’il n’a pas d’abord tué un ennemi. Les mariages, qui sidèreront les missionnaires, sont des mariages de masse au cours desquels plusieurs centaines de combattants épousent les mères de leurs futurs … successeurs au combat.

    Les hommes sont répartis par régiments, ou « impis », reconnaissables sur le champ de bataille par les couleurs des boucliers. Les régiments sont formés par tranche d’âge, les jeunes formant la seconde ligne de bataille et attendant l’ordre de charger en restant assis, le dos au combat, pour leur éviter le stress du combattant. Les indunas sont de véritables généraux, commandant chacun plusieurs impis. La tactique de bataille est d’une efficacité extrême, et se nomme « les cornes du bufle », équivalent zoulou des « ailes de la grue » des armées chinoises et japonaises médiévales : pendant que le centre bloque l’ennemi, les ailes prononcent très rapidement un mouvement enveloppant et l’encerclement se termine par l’anéantissement de l’adversaire.

    Les zoulous ont détruit ou repoussé toutes les populations africaines qu’ils ont affronté. Seuls les Boers, à la Blood river, sont parvenus à stopper leur charge, s’attirant alors autant d’hostilité que de respect de la part des Indunas. Ces impis ne sont donc pas a priori à prendre à la légère, d’autant qu’ils représentent une masse de l’ordre de 40 000 hommes, et l’on comprendrait que le Haut-Gouverneur, à Pietermartizburg, en ait conçu une inquiétude légitime.

    Les textes d’époque, rapports et correspondances, donnent pourtant une vision un peu différente. En effet, au-delà de l’intérêt géostratégique évident que j’ai évoqué, ce sera moins la puissance potentielle des impis zoulous qu’un comportement jugé complètement sauvage, et donc dangereux de ce fait, qui constituera essentiellement le cadre du discours britannique. En d’autres termes, face aux violences que les Zoulous font subir à leurs voisins, et accessoirement à leur propre peuple, l’empire se devra d’agir, dans le cadre d’une ingérence humanitaire. Pas de chance pour Bernard Kouchner, lui non plus n’a rien inventé … les Anglais, déjà dans les années 1870, lançaient des opérations de projection militaire dans le but de mettre fin à des gouvernements jugés illégitimes parce que immoraux.

    J’évoque les rapports et correspondances : la lenteur des communications amènera aussi une situation aujourd’hui invraisemblable : Lord Carnavon, dans sa correspondance avec Sir Bartle Frere, sachant qu’il est toujours en retard de plusieurs semaines sur la situation du terrain, n’ose plus au bout d’un moment donner le moindre ordre politique. La situation va s’en ressentir pendant tout l’été et l’automne 1878 : Bartle Frere et Chelmsford, son bras armé, finissent par ressentir l’impression que c’est à eux de créer l’évènement. Pourtant Londres les met en garde, mais pas spécifiquement contre une intervention potentielle en zoulouland : la seconde guerre anglo-afghane est en gestation. Dans quelques mois, les colonnes expéditionnaires anglaises vont s’engager dans les passes de Kyber, d’où une situation endémique de crise internationale avec l’Empire russe. L’Angleterre ne désire pas a priori voir se créer deux crises simultanées sur deux continents différents, nécessitant la dispersion des forces dans des conditions de transports qui sont celles de l’époque.

    Au cours de l’été 1878, Lord Chelmsford et son état-major commencent à préparer intensivement la concentration des unités nécessaires à l’opération d’invasion. Des demandes pressantes de renforts sont adressées au War Office, qui enverra deux bataillons en renfort. L’on fera appel à la fin de l’année à la marine : un navire fournira une brigade navale de 160 hommes. L’on fait aussi appel aux contingents locaux. Ils sont assez nombreux, mais d’effectifs réduits. Tous ne répondront pas à l’appel, et Lord Chelmsford aura fort à faire pour compléter une cavalerie trop peu nombreuse pour éclairer ses colonnes. Pourtant le danger zoulou n’est pas qu’une légende. Lorsque l’offensive anglaise apparaitra certaine, les Boers du Transvaal enverront un petit commando de 40 hommes, mais surtout armeront les milices frontalières, car eux savent à qui l’on va s’adresser. Les officiers impériaux, eux, l’ignorent presque totalement, ou sont intoxiqués par leur propre expérience africaine lors des guerres cafres. Ils envisagent certes la masse humaine que peuvent représenter plus de 20 000 guerriers et plus, mais n’en imaginent pas un seul instant, et la rapidité de déplacement, et surtout la capacité tactique.

    Comment ces gens équipés de sagaies, si nombreux soient-ils, pourraient-ils constituer un danger réel pour une armée moderne ? Or, les impis zoulous, équipés de leurs boucliers et de leur « iklwa » qui est plus un glaive à la romaine qu’une sagaie, sont d’une rapidité de déplacement phénoménale : ces guerriers n’avancent au moins qu’au trot en pleine savane, et sont capables de parcourir près de 40 km par jour quand les lourdes colonnes anglaises, accompagnées de leurs chariots de ravitaillement, auront du mal à en faire six … Cette sous-estimation va amener des décisions tactiques fatales de découplage des colonnes impériales, se séparant au lieu de rester groupées.

    Pourtant Lord Chelmsford et ses officiers ne sont pas des imbéciles. Ils prennent des renseignements, étudient pendant plusieurs mois ce que l’on sait de l’armée zouloue, et prennent leurs dispositions en conséquence, a priori. Il est donc décidé d’envahir le Zoulouland selon trois axes de progression. Cependant que deux colonnes latérales entreront dans le territoire, chacune forte de près de 2 000 hommes, Chelmsford s’engagera avec une colonne centrale de près de 2 500 hommes au coeur du Zoulouland.

    Lord Chelmsford a trop confiance en ses fusiliers et ses canons. Il disperse son armée d’invasion et, pire, va disloquer volontairement sa propre colonne. Fondamentalement, si l’on reprend à tête reposée les évènements qui vont amener à la bataille d’Isandhlwana, l’on constate tout simplement … la supériorité tactique des Indunas zoulous sur le général anglais. Le nombre et la détermination fera le reste. Un Induna, après la guerre, dira : « à Isandhlwana, vous nous avez donné la bataille, vous vous êtes séparés par paquets ».

    Divine surprise pour le commandement zoulou, qui va alors attaquer du très fort au très faible, mais n’épiloguons pas !

    Contre l’avis du lieutenant-gouverneur Bulwer, au Natal, qui refuse toute mise en défense du territoire et veut éviter à tout prix des prises de position que les zoulous pourraient juger hostiles, Sir Bartle Frere et Lord Chelmsford vont de l’avant. Fin décembre 1878, Bartle Frere envoie un premier ultimatum au roi Cetshwayo, suite à une violation au demeurant mineure de la frontière du Natal, dans le cadre d’un règlement de compte au sein du Kraal de l’Induna Sihayo. Début janvier, le pas est franchi par un second et dernier ultimatum, dont les termes sont simples : l’armée zouloue doit être démobilisée. Autant briser net l’armature sociale du royaume. Cetshwayo ne répond même pas. Il avait réagi fort intelligemment au premier mémorandum anglais en faisant remarquer qu’il était curieux de vouloir de l’extérieur lui imposer ses méthodes de gouvernement. Avec un grand sens de l’à propos, le roi zoulou avait demandé pour quelle raison lui-même irait à Londres dire à la reine Victoria comment gouverner ses peuples. Il a aussi réagi en mobilisant les impis, et il n’a pas eu tort…

    L’ultimatum était clair : sans réponse positive le 12 janvier, les hostilités étaient déclarées. Les trois colonnes d’invasion s’ébranlent. Chelmsford, en quelque sorte, est en train d’enserrer la totalité du royaume en pratiquant la tactique zouloue des cornes et du poitrail. La différence majeure est que ses cornes sont si éloignées qu’en aucun cas elles ne pourront soutenir son poitrail, la colonne centrale qu’il commande personnellement, avec directement sous ses ordres le colonel Glynn et le lieutenant-colonel Pulleyne. En théorie, tout est prévu, puisque deux colonnes supplémentaires ont été créées, l’une pour protéger les abords du Transvaal, et l’autre, sous le commandement du colonel Durnford, formée de cavaliers, a pour rôle de protéger le Natal et accessoirement les arrières de la colonne centrale. L’ensemble du dispositif regroupe plus de 14 000 hommes. Si cette masse de combattants, avec son artillerie, s’était trouvée en un seul lieu et un seul moment face aux impis, la messe eut été sans doute rapidement dite pour les zoulous.

    Mais Chelmsford et ses officiers ont voulu trop bien faire, parce qu’ils voulaient aussi protéger les territoires frontaliers. Le 20 janvier, depuis la mission de Rorke’s Drift, la colonne principale traverse la Tugela et entre en Zoulouland. Des combats périphériques sont menés vers le kraal de Sihayo, déserté de ses combattants. L’absence de ces derniers n’attire pas l’attention de l’état-major anglais. Dans la matinée du 21, la colonne prend position, une excellente position en soi, au pied du fantastique Kopje d’Isandhlwana.

    Il se prête aussi parfaitement au déploiement d’un camp militaire composé d’environ 2 500 combattants, et de plus de 300 chariots. Dans la foulée, des unités du Natal Native Corps sont poussées plus loin vers le nord. Elles vont rencontrer des zoulous épars mais combatifs. Leurs commandants vont en prévenir Lord Chelmsford, qui décidera alors de partir les soutenir avec la moitié des unités dont il dispose à Isandhlwana. La batterie d’artillerie qui l’accompagne est scindée en deux unités : quatre canons suivent, deux restent au camp.

    Chelmsford fait aussi parvenir l’ordre au colonel Durnford, à Rorke’s drift, de venir conforter la position d’Isandhlwana avec ses cavaliers. L’opération est « en tiroir » et bien conçue en soi, mais le problème fondamental est que, depuis trois jours, le général anglais n’a plus aucune visibilité quant au déploiement des impis zoulous. Plus aucune information ne lui est parvenue depuis celle lui indiquant un regroupement général des zoulous en direction d’Ulundi, le kraal royal. Le drame sera court. Tout s’est passé, selon les témoignages des officiers anglais, entre 10h00 du matin et 15h00. Dans ce laps de temps, l’armée de la reine va connaître l’un de ses plus grands désastres, et aussi l’un de ses plus grands combats.

    Des années plus tard, des survivants zoulous se souviendront encore avec émotion, de combattant à combattant, du courage formidable des casques blancs, qui se feront tuer sur place pour la plupart. Il y aura des tentatives de repli, mais pas d’effet de panique des malheureux fantassins totalement surclassés, et massacrés comme « effacés de la surface de la terre » par la charge zouloue. Mais nous sommes en début de matinée, et Lord Chelmsford rejoint le colonel Glynn, qui s’avance vers le nord.

    http://histoire.fdesouche.com

  • Les Serbes sont persécutés ? On s’en fiche !

    C’est le genre d’info qui passe inaperçue. L’ambassadeur de Serbie en Russie s’exprimait à propos des négociations d’adhésion de son pays à l’Union européenne. Il a expliqué que Belgrade était disposée à accorder une plus large autonomie au Kosovo mais qu’il ne reconnaîtrait en aucun cas son indépendance.

    L’occasion de rappeler que le Kosovo n’est pas reconnu par l’ensemble de la communauté internationale et n’est toujours pas membre des Nations Unies. Bien au contraire, ce « pays », cet État tout à fait artificiel, reste une zone de très haute tension au cœur même de l’Europe. Une terre musulmane où la minorité serbe fait l’objet de discriminations, d’incessantes vexations, souvent violentes. De récentes profanations de tombes orthodoxes à l’explosif se sont déroulées dans l’indifférence générale de la communauté internationale. Comme si la barbarie devait toujours être mise sur le dos du même camp…

    Patrick Weber - La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net

  • Syrie : le droit international, obstacle à toute intervention occidentale

     

    Aux Etats-Unis, de plus en plus nombreuses sont les voix qui s’élèvent en faveur d’une intervention en Syrie. Les bellicistes se posent la question : comment contourner la charte des Nations Unies ?

    syria-embleme.jpgLa guerre civile syrienne pourrait bien se transformer en un conflit armé international. En effet, la semaine dernière, l’aviation militaire israélienne a lancé une attaque contre le pays voisin et a détruit un convoi militaire qui apportait soi-disant des armes aux milices du Hizbollah au Liban. Les médias syriens en revanche affirment qu’un centre de recherches militaire a été frappé dans la province de Damas.

    La Russie s’est déclarée “très préoccupée” et demeure un des rares alliés du pouvoir syrien de Bechar El-Assad. La Russie condamne l’action d’Israël, posée comme “violente et contraire au droit international”. Le ministère russe des affaires étrangères: “Si cette information se voit confirmée, alors nous avons affaire à des attaques non provoquées contre des objectifs situés sur le territoire d’un Etat souverain”. Ce serait une entorse à la charte des Nations Unies et, de ce fait, cette action serait “inacceptable”, poursuit la note du ministère russe des affaires étrangères.

    La charte des Nations Unies acquiert une importance décisive dans le processus en cours en Syrie. D’une part, cette charte ne légitimise la violence armée contre un Etat souverain uniquement si celui-ci est l’agresseur; d’autre part, seul le conseil de sécurité peut prendre des mesures de rétorsion contre un Etat membre de l’ONU, par exemple en envoyant des troupes ou en imposant une zone d’exclusion aérienne. Mais comme la Russie et la Chine disposent du droit de veto au conseil de sécurité de l’ONU et ne souhaitent plus voir se rééditer le scénario libyen, où une alliance occidentale, avec l’appui de quelques pays arabes, a d’abord, sous de fallacieux prétextes humanitaires, décrété une zone d’exclusion aérienne puis a délibérément détruit des installations militaires et participé à l’élimination du détenteur du pouvoir, Mouamar el-Khadafi. Moscou et Beijing, qui gardent en tête ce gâchis libyen, ne voteront donc aucune mesure de rétorsion contre la Syrie. Ce qui amène une fois de plus les Etats-Unis dans l’impasse. Et pourtant, de plus en plus de voix s’élèvent aux Etats-Unis en faveur d’une intervention militaire en Syrie.

    Le 26 septembre 2012, Michael Doran (de la “boîte-à-penser” Brookings Institution) et Max Boot, à l’époque conseiller du candidat républicain à la présidence Mitt Romney, écrivaient dans une tribune libre du “New York Times” qu’il y avait cinq bonnes raisons d’intervenir en Syrie. Première raison: une intervention américaine contre Damas réduirait l’influence de l’Iran dans les pays arabes. Deuxième raison: une telle intervention empêcherait une extension du conflit. Troisième raison (mais qui relève davantage du voeu pieux que de l’analyse objective): la formation et l’armement de partenaires fiables issus de l’opposition syrienne créerait “un bastion contre des groupes extrémistes du genre Al-Qaïda”. Quatrième raison: grâce à “la puissance déployée par l’hegemon américain, les relations avec des alliés clefs comme le Qatar et la Turquie pourraient s’améliorer”. Seule la cinquième raison invoquée mentionne comme but de l’opération “l’élimination des entorses épouvantables aux droits de l’homme commises en Syrie”.

    Le 8 janvier 2013, John B. Bellinger, dans les colonnes du “Washington Post”, émet quelques réflexions concrètes sur la façon dont une éventuelle intervention américaine en Syrie pourrait contourner le droit international. Bellinger, sous la présidence de George W. Bush, était conseiller auprès du ministère américain des affaires étrangères et travaille aujourd’hui pour le très influent “Council on Foreign Relations”. Dans son article, il se réfère d’abord à la nécessité d’unir toutes les fractions de l’opposition syrienne: “Si le conseil représentatif de l’opposition syrienne se montrait plus uni et pouvait ainsi représenter de jure la majorité des Syriens, tout en excluant les groupes terroristes et les autres extrémistes de ses rangs, le gouvernement américain pourrait en arriver à la conclusion qu’il serait légal et permis de fournir un appui militaire sur base de l’accord du Conseil (de l’opposition syrienne)”.

    Et au cas où d’autres Etats, comme par exemple la Chine et la Russie, s’opposeraient à ce projet au sein du conseil de sécurité de l’ONU, Bellinger garde une solution en réserve: “le gouvernement pourrait intervenir pour protéger les civils de manière limitée, sans se référer au droit international tout comme le gouvernement Clinton a participé en 1999 aux raids aériens de l’OTAN au Kosovo, pour protéger les Kosovars des actes cruels commis par les Serbes. L’intervention au Kosovo a été considérée par la plupart des théoriciens du droit international comme licite même si elle n’était pas conforme à la lettre du droit”.

    La Turquie, dont le territoire abrite désormais les missiles “Patriot” de l’OTAN, a toujours soutenu les rebelles syriens contre El-Assad, depuis le début du soulèvement, il y a à peu près deux ans mais elle refuse catégoriquement toute intervention occidentale, surtout américaine. Récemment, on a divulgué le protocole d’un entretien entre le ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu et son collègue qatari Hamad Ibn Djassim Ibn Djabir Al-Thani, entretien qui a eu lieu fin octobre 2011: “Nous sommes membres de l’OTAN mais nous ne voulons pas d’intervention étrangère. En tant que musulmans, qu’Arabes et que Turcs, nous ne voulons pas d’intervention occidentale en Syrie”. Les choses sont donc différentes en Syrie qu’elles ne l’étaient en Libye car, là, la Ligue Arabe avait donné le feu vert à l’intervention occidentale, remarquait Davutoglu.

    Le Qatar joue un rôle finalement fort douteux dans la guerre civile syrienne. Comme sa voisine plus puissante, l’Arabie Saoudite, le petit émirat du Golfe consacre une partie de ses revenus pétroliers au financement de groupes islamistes. Le Qatar finance ainsi les Frères Musulmans de Syrie qui ne se contentent pas de combattre le régime baathiste d’El-Assad mais ont forgé une alliance avec le “Front Al-Nousra”, une organisation qui entretient des liens avec Al-Qaïda. Au cours du mois de décembre 2012, les services américains avaient classé le mouvement “Al-Nousra” parmi les organisations terroristes, ce qui avait entrainé les protestations de l’opposition syrienne qui, par ailleurs, reçoit appui et soutien et des Etats-Unis et du Qatar...

    Dans ce contexte, le Qatar se montre incroyablement serein. Raison pour laquelle le journaliste palestinien Nicola Nasser écrit: “le silence du Qatar dans ce dossier peut être interprété comme un soutien aux protestataires (syriens) contre la décision américaine (de classer “Al-Nousra” parmi les organisations terroristes)”.

    Bernhard TOMASCHITZ; http://euro-synergies.hautetfort.com/

    (article paru dans “zur Zeit”, Vienne, Nr. 6/2013; http://www.zurzeit.at/ ).