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  • Afghanistan : l’insurrection qui vient (2ème partie) – Par Gilles-Emmanuel Jacquet

    Le retrait des troupes de l’ISAF [en français, Force internationale d'assistance et de sécurité, FIAS] et ses conséquences telles que le transfert complet des responsabilités en matière de sécurité aux forces afghanes, la situation sécuritaire, politique et sociale du pays, la corruption endémique ainsi qu’une présence sans cesse réaffirmée des Talibans laissent entrevoir un avenir sombre pour l’Afghanistan.

    Sentiments populaires : espoirs déçus, lassitude et résignation

    Si ces abus ont pu renforcer un fort sentiment de lassitude au sein de la populations afghane, cette dernière ne perçoit pas nécessairement le conflit et les enjeux en présence de manière binaire ou simple. Des facteurs comme l’appartenance ethnique, le parcours de vie (guerre, exil, origine urbaine ou rurale, niveau d’éducation, etc…), le statut social, l’expérience au contact d’étrangers et des réalités économiques ou politiques du nouvel Afghanistan entrent en jeu de manière complexe. L’incertitude de la population quant à son avenir est forte et celle-ci se sent souvent prise en otage par un gouvernement corrompu et une présence militaire étrangère devenus aliénants ainsi que par les anciens seigneurs de guerre et les Talibans, responsables des tragédies et malheurs des trois décennies passées. Cet apparent désespoir et l’aspect militaire ou sécuritaire du conflit (qui bénéficie d’une grande couverture médiatique) ne doivent pas masquer ses causes ou aspects historiques, politiques, identitaires, sociaux et économiques ainsi que les réalités humaines [120]. Le conflit en Afghanistan ne se résume pas à une approche binaire ou manichéenne et l’ensemble de ces éléments interagissent de manière complexe, donnant souvent l’impression d’être un cercle vicieux dont il est peu aisé de sortir. La reconstruction et le développement du pays sont cruciaux et ne peuvent s’inscrire dans une perspective de court terme : la fermeture des équipes provinciales de reconstruction de l’ISAF a été une mauvaise nouvelle mais on ne doit pas oublier qu’avant et après 2014, les efforts les plus soutenus ont été et resteront ceux fournis par les différentes agences ou programmes de l’ONU, certains États étrangers et de nombreuses ONG afghanes ou étrangères [121].

    La perception de la population à l’égard de la présence étrangère est à l’image de son bilan, complexe et parfois paradoxal. On peut reconnaître certains bienfaits du changement de régime et de la présence étrangère tout en étant lassé, désespéré ou hostile face à certains de ses aspects et face aux réalités du nouvel Afghanistan. De nombreux Afghans sont révoltés contre des abus ayant été commis par des soldats étrangers ou le gouvernement mais aussi contre les attentats, actes terroristes ou attaques menés par les Talibans : de janvier à octobre 2012, 2300 civils afghans ont perdu la vie et dans la plupart des cas les responsables sont les insurgés [122]. La population afghane est la première victime du conflit et l’année 2012 ne l’a pas épargné. Le 6 juin 20 civils furent tués par des attaques kamikazes dans la province de Kandahar [123]. Le 14 août des attentats similaires coûtèrent la vie à 48 personnes et en blessèrent 130 dans les provinces de Nimroz et Kunduz [124]. Le 26 octobre, 41 personnes furent tuées et 56 autres blessées par un kamikaze devant la mosquée de Maimana (province de Faryab) [125]. Le 23 novembre la capitale provinciale du Wardak fut touchée par une attaque suicide des Talibans ôtant la vie à deux civils et en blessant 90 autres [126].

    Durant le « surge » initié par Barack Obama et au cours des trois dernières années le Helmand a vu le déploiement de plusieurs dizaines de milliers de Marines et a connu de terribles combats. La reconquête de certaines régions comme les districts de Marja et Nad Ali – d’anciens bastions talibans – a permis d’améliorer le contexte sécuritaire local (routes mieux entretenues et plus sûres qu’auparavant) et en apparence la vie des populations locales mais ces dernières sont pourtant peu optimistes [127]. De nombreux anciens, paysans, instituteurs et fonctionnaires locaux restent mécontents à l’encontre du gouvernement afghan et sont convaincus qu’après le retrait des troupes étrangères, les Talibans reviendront car les forces de sécurité afghanes ne pourront pas sécuriser la région [128]. Les 6500 Marines déployés dans le Helmand (21000 l’année dernière dans cette province et celle de Nimroz) feraient face à des Talibans affaiblis: ces derniers en seraient réduits pour le moment à menacer certains habitants et à envoyer des mollahs radicaux prêcher le Djihad dans certaines mosquées afin de recruter de nouveaux combattants [129].

    Le mécontentement des populations locales à l’encontre du gouvernement de Kaboul est fort: ce dernier est vu comme hypocrite et étant à l’origine de la corruption qui gangrène le pays [130]. La politique anti-drogue et à géométrie variable de Hamid Karzaï est particulièrement critiquée par les paysans du Helmand (qui fournit environ 40% de l’opium dans le monde): la production et le trafic d’opium continuent alors que les fermiers qui y renoncent se plaignent de ne recevoir aucun soutien de la part des autorités locales [131]. Ces dernières sont aussi fréquemment accusées de profiter de la production et du trafic d’opium [132]. Haji Atiqullah, chef de la puissante tribu pachtoune des Barakzaï, a expliqué que suite au « surge » des forces américaines le contrôle du gouvernement central s’est étendu à un nombre croissant de districts du Helmand (aucun avant le « surge ») mais a jouté que « les forces afghanes ne pourront pas tenir cette région, à moins que les étrangers n’arrivent à se débarrasser de la corruption au sein du gouvernement afghan, ainsi qu’au niveau des districts et des provinces » [133].

    La paupérisation des paysans du Helmand pourrait les pousser à cultiver de nouveau le pavot et à chercher la protection de groupes insurgés ou criminels : Marja pourrait ainsi rapidement retrouver son statut de centre du trafic d’opium qu’elle avait perdu suite au « surge » [134]. Un ancien dénommé Ahmad Shah a ainsi expliqué à Alissa Rubin que « Des millions et des millions de Roupies pakistanaises étaient échangées chaque jour au bazar. Les gens étaient si riches qu’en quelques années un paysan pouvait se permettre d’acheter une voiture. (…) Nous avons fait partie des efforts d’éradication menés par le gouvernement mais s’ils avaient pu fournir au fermier une compensation, nous aurions pu justifier notre acte. Mais le gouvernement a échoué à nous fournir une compensation et à moins qu’il le fasse, les gens se retourneront contre nous ou rejoindront l’insurrection, et seront contre le développement, comme ils le furent sous les Talibans » [135]. En dépit des programmes financés par des pays étrangers, de nombreux paysans n’arrivent pas à subvenir aux besoins de leurs familles et se remettent à cultiver le pavot. Les efforts déployés afin de lutter contre ce trafic et de saper le financement des Talibans semblent être vains: les champs de pavot ont été déplacé dans des zones semi-désertiques et les fermiers s’adonnant à leur culture sont désormais protégés par les insurgés [136].

    Le « surge » a cependant permis d’améliorer les routes ainsi que la sécurité des transports, ce qui a eu pour effet de redonner un certain souffle aux activité économiques et marchés locaux [137]. A Marja, le « surge » avait aussi permis l’embauche de 1400 villageois chargés par les Marines d’assurer une fonction sécuritaire mais ce fut temporaire et un millier d’hommes sont désormais au chômage : poussés par la pauvreté, ces derniers pourraient se rapprocher de groupes criminels ou talibans [138]. Ce problème s’est trouvé accru par la fermeture de 21 postes avancés et le renvoi par le Ministère de l’Intérieur afghan de la centaine de policiers qui les occupaient [139].
    Dans le Helmand, les Talibans ont pu être affaiblis par le « surge » mais ils continuent de contrôler la grande zone désertique de l’ouest et le gouvernement peine à s’affirmer dans certains districts du nord [140]. Dans les faits, si le nombre d’actes de violence a décliné d’un peu plus de 50% de 2011 à 2012 dans les districts de Marja, Garmsir et Sangin; celui-ci était en 2012 dans les provinces du nord à un niveau au moins égal à celui de 2011 [141].

    Quand les Talibans s’en prennent aux écolières

    Depuis quelques années le nord de l’Afghanistan n’est plus épargné par les attaques talibanes. Les insurgés entendent montrer qu’ils sont partout chez eux et aptes à frapper toutes les cibles qui représentent de près ou de loin l’autorité du gouvernement de Kaboul. Les Talibans ont diversifié leur mode opératoire et n’ont pas hésité à s’en prendre à plusieurs reprises à des enseignants ainsi qu’à des écolières. Ces actes qui ont choqué une partie de la population afghane et ont sérieusement écorné l’image des Talibans ne sont pas marginaux. Le 22 juin 2012, 100 étudiantes de l’école Hazrat Imam Zada Yahya (province de Sar-i-Pul) sont tombées malades suite à un possible empoisonnement et le 23 juin, le même incident frappait 94 élèves féminines de l’école Sorkhak à Sar-i-Pul [142]. Une « substance ou un gaz toxique » a été dispersé dans les salles de classe de cette école et a causé de nombreuses nausées, maux de tête, fièvres, éruptions et vertiges parmi les jeunes filles [143].

    Cet incident est le dixième de ce type depuis avril 2012 et des actes similaires se sont produits dans les provinces du Takhar, de Khost, Bamyan, Kaboul et du Nangarhar [144]. Le 17 avril 2012 une douzaine d’étudiantes de l’école Dabiristan de Rustaq (Takhar) sont tombées malades après avoir bu de l’eau mais les analyses menées suite à cet incident ne purent prouver que cette eau avait été empoisonnée [145]. Le 23 mai, 8 jeunes filles du collège Bibi Hajera de Taloqan (Takhar) ainsi que trois de leurs professeurs et un membre du personnel étaient hospitalisés suite à ce qui semblait être un empoisonnement [146]. Quatre jours plus tard ce bilan s’élevait à 40 étudiantes empoisonnées et au cours de la même semaine, entre 74 et 120 fillettes de l’école Aahan Draaw subirent le même sort [147]. Le 2 juin, deux douzaines d’écolières et de collégiennes de l’école Bashir Abad de Taloqan furent à leur tour empoisonnées et hospitalisées [148]. Le jour suivant, dans le district de Farkhar (Takhar), l’intoxication de 65 jeunes filles du collège Nahid Shahid mena à l’arrestation de quatre suspects dont une femme d’origine pakistanaise [149]. Le 5 juin, 60 écolières du district de Rustaq (Takhar) furent également empoisonnées et les forces de sécurité afghanes procédèrent à l’arrestation de 11 suspects dont un chef de groupe en raison de leur possible implication dans cette vague d’attaques sournoises [150].

    Une guerre civile imminente ?

    La guerre civile est un des scénarios possibles. Il suffit de se souvenir du retrait de l’Armée Rouge en 1989 et de la manière dont les Moudjahidines se sont combattus afin d’entrevoir comment une nouvelle guerre civile pourrait éclater. Celle-ci pourrait dans un premier temps opposer les forces gouvernementales et des milices à des forces talibanes élargies. L’intégration des Talibans au processus politique, loin d’apaiser ce possible conflit, pourrait au contraire l’aggraver en accélérant l’apparition de groupes armés anti-talibans ou opposés au nouveau pouvoir mis en place. Les factions afghanes susceptibles de combattre reposeront sur les lignes de fracture religieuse, ethnique et clanique : ainsi pourront apparaître des factions pachtounes rivales (ce qui est déjà le cas au sein du mouvement taliban ou des milieux pachtounes loyalistes), des factions ouzbèkes, turkmènes, tadjikes et hazaras. Comme par le passé chacun de ces groupes recevra un soutien étranger que ce soit de pays voisins (Pakistan, Iran, Inde, anciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale, Chine) ou plus lointains (Qatar, Arabie Saoudite, États Unis, Russie) et ceci contribuera à une intensification ainsi que complexification du conflit : l’Iran pourra soutenir les persanophones comme les Tadjiks ou les Hazaras chiites, le Pakistan continuera de soutenir les Pachtounes, l’Inde se rangera aux côtés des groupes non-pachtounes ou hostiles au Pakistan alors que la Russie, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan se poseront en protecteurs des Tadjiks, Ouzbeks et Turkmènes. Il ne faut pas oublier que ces lignes de fracture n’ont pas toujours été nettes dans le passé et qu’il pourrait en aller de même à l’avenir : durant les années 90 et plus particulièrement après l’instauration de leur régime, les Talibans n’ont pas été uniquement soutenus par de nombreux Pachtounes mais aussi, pour raisons religieuses, par certains Aymaqs et Tadjiks [151].

    Le clivage ethnique et religieux reste cependant un facteur de conflit important et chaque communauté se souvient des atrocités commises à son encontre durant la guerre civile des années 90 ou sous le régime des Talibans. Les Hazaras n’ont pas oublié le massacre des leurs dans le quartier d’Afchar-Mina à Kaboul par les miliciens wahhabites de Sayyaf et celui de 400 de leurs semblables par les Talibans à Yakaolang ainsi que les longues humiliations passées. Les Pachtounes ont encore à l’esprit la manière dont le général ouzbek Abdul Rashid Dostom dynamitait des fagots humains et écrasait avec ses blindés les prisonniers pachtounes dans la forteresse de Shebergan. Le clivage religieux s’est aussi exprimé durant les années 90 par les attaques visant les Hazaras, les combats opposant le Hezb-e Wahdat chiite au Ittihad-e Islami sunnite de Sayyaf ou aux combats opposant divers groupes sunnites entre elles (ex. : Dostom à Hekmatyar, Massoud à Hekmatyar) [152].

    En 2007 le contentieux opposant les nomades Kuchis aux Hazaras et portant sur l’utilisation de pâturages (des éléments ethniques et religieux sont aussi à prendre en compte) dégénéra en un conflit armé persistant de nos jours. Le 26 mai 2012 des Kuchis attaquèrent et brûlèrent des maisons et écoles du district de Behsud où les Hazaras sont majoritaires (province du Nangarhar) [153]. Le 3 juin 2000 Kuchis équipés d’armes automatiques et de RPG s’en prirent à la vallée de Kajab (province du Wardak) qui est principalement peuplée de Hazaras [154]. L’armée afghane dut intervenir et ces affrontements causèrent entre 3 et 11 victimes, la destruction d’une mosquée, de 4 magasins et de 19 habitations ainsi que la fuite massive des villageois hazaras [155]. En mai Karzaï avait rencontré des représentants hazaras et à la mi-juin, l’envoyé spécial adjoint de l’ONU Nicholas Haysom rencontrait à son tour le gouverneur du Wardak ainsi que des délégués kuchis et hazaras afin de tenir des pourparlers de paix dans la ville de Maidan Shar [156].

    L’histoire de l’Afghanistan a aussi montré qu’il existe de manière profonde un clivage entre un monde rural traditionnel et un monde urbain un peu plus sensible aux influences modernes ou étrangères (mais aussi entre les zones montagnardes tribales des Pachtounes et le pouvoir central de Kaboul). Il faut noter que le sentiment religieux s’est renforcé au sein de la population et est devenu plus fort que par le passé, notamment en milieu urbain et à plus forte raison si on prend comme référence les années 60, 70 et 80 qui virent l’existence d’une certaine classe moyenne éduquée et même d’une élite laïque [157]. Le poids des traditions et du religieux s’est accru en milieu urbain pour des raisons liées à l’évolution générale du contexte politique afghan mais aussi suite à un exode rural important (la population de Kaboul a longtemps été de quelques centaines de milliers d’âmes et les infrastructures de la ville ainsi que la topographie pouvaient accueillir idéalement 1 million d’habitants ; Kaboul compte désormais dans les 5 millions d’habitants).

    De nombreux Afghans ne veulent pas revivre les horreurs du passé, notamment la jeunesse éduquée, et beaucoup pensent que l’aggravation de ces divisions pourraient mener au démembrement de leur pays, ce qui serait perçu comme une catastrophe (au cours des siècles récents, aucun empire n’a jamais pu démembrer l’Afghanistan mais il est vrai que l’Empire britannique a pu cependant annexer les territoires tribaux de Peshawar – le Pachtounistan – suite aux traités de Gandamak en 1879 et établir la fameuse « ligne Durand » suite au traité conclu avec le monarque afghan Abd-ur-Rahman en 1893). Face à ces risques de division on peut opposer l’existence d’un fort patriotisme voire nationalisme parmi les Afghans s’exprimant par un respect profond du drapeau, de l’histoire du pays mais aussi par la foi islamique. Le problème ici est plutôt de savoir comment chaque communauté définit elle-même ces éléments, une possible identité afghane et surtout le rôle et poids politiques qu’elle souhaite exercer ou que d’autres groupes voudront bien lui laisser exercer.

    Conscients de leur force, du contexte afghan, de la perception de ce conflit en Occident et du retrait imminent des forces de l’ISAF, les Talibans ne sont pas pressés de négocier et ont décidé de mener une guerre d’usure. Celle-ci repose en partie sur l’infiltration des forces de sécurité et des institutions afghanes afin de saboter et décrédibiliser le projet politique porté par Hamid Karzaï et ses alliés étrangers [158]. Après le retrait des troupes de l’ISAF « les Talibans renforceront leur emprise sur le sud du pays et utiliseront les revenus tirés de l’opium afin de financer une potentielle guerre civile contre les villes où le pouvoir du gouvernement vacille » [159]. Le Secrétaire à la Défense Leon Panetta avait récemment affirmé que les attentats et les actes de félonie commis récemment par les Talibans étaient des actes désespérés mais Ismaïl Khan et d’autres anciens chefs de l’Alliance du Nord pensent au contraire que le « surge » initié par Washington n’a pas permis d’améliorer la situation sécuritaire en Afghanistan [160].

    Les attaques du 15 avril 2012 à Kaboul imputées à des Talibans soutenus par le réseau Haqqani et visant le parlement, le quartier général de l’ISAF et plusieurs ambassades (notamment celles de Grande Bretagne, Allemagne et Russie) [161], celles de l’automne 2012 contre le quartier diplomatique de Kaboul ou de l’hiver 2012 contre le quartier général de la Police des Frontières à Kaboul (quartiers de Wazir Akbar Khan et Darul-Aman) ne sont pas un baroud d’honneur mais des actes qui, au-delà de leur but symbolique, ont montré la capacité des insurgés à frapper le coeur du pouvoir de manière très organisée et coordonnée. Des attaques furent simultanément lancées par les Talibans dans les provinces du Logar, de la Paktya et de Nangarhar [162]. Le 21 juin ce fut au tour d’un hôtel de Qarga (environs de Kaboul) et de ses clients d’être la cible des insurgés: l’affrontement dura 20 heures et coûta la vie à au moins 22 personnes [163]. La veille une attaque kamikaze contre un convoi de l’ISAF à Khost avait coûté la vie à 25 personnes (dont 3 soldats de l’ISAF) et et en avait blessé 30 [164].

    Pour être tout à fait juste et honnête on ne peut pas considérer le « surge » ou les opérations anti-talibanes comme des coups d’épée dans l’eau dans la mesure où l’action militaire de l’ISAF ou de l’ANA a affaibli de manière sérieuse mais non-décisive les insurgés. L’offensive de la mi-mai 2012 visant 300 Talibans dans le Farah permit d’en éliminer 20 (6 soldats périrent) et le 2 juin les troupes de l’ISAF et de l’ANA en éliminèrent 26 autres [165]. Une dizaine de jours plus tard des combats et une frappe aérienne de l’ISAF permirent la suppression de 20 autres insurgés dans le district de Sangin (province du Helmand) [166].

    Le 28 juin deux villages du district de Kamdish (Nouristan) furent attaqués par quelques centaines d’insurgés et provoqua l’intervention des forces de sécurité afghanes : un des villages fut entièrement brûlé et l’affrontement coûta la vie à 8 civils, 6 policiers mais aussi 25 Talibans (parmi lesquels quelques ressortissants pakistanais) [167]. Les frappes aériennes menées en août par l’ISAF dans le Kunar ont eu un impact certain sur les forces talibanes locales : le 3 août 18 Talibans étaient neutralisés dans le district de Watapur, le 7 ce fut au tour de 12 autres terroristes (dont la moitié d’origine pakistanaise) dans le district de Marwara puis le 18, à celui de 52 insurgés dans le district de Chapa Dara [168].

    Le 28 septembre une opération anti-talibans de 6 jours fut lancée dans le Wardak et permit l’élimination de 30 Talibans, parmi lesquels 5 de leurs commandants [169]. Le 15 octobre une attaque aérienne de l’OTAN tua 17 insurgés (dont 15 étaient vraisemblablement originaires du Pakistan) dans la province de Ghazni [170]. En décembre 2012 le Logar fut le théâtre d’une imposante traque menée par plus de 1000 soldats et débouchant sur l’élimination et la capture de nombreux combattants talibans [171]. Sur le court terme l’importance de ces opérations et leur impact sur la guerrilla talibane ne doivent pas être sous-estimés mais dans le long terme et en prenant en compte le retrait de 2014 ainsi que ses conséquences politiques, on peut clairement douter de leur caractère ou effet décisif.

    L’hypothèse d’une guerre civile et le scénario catastrophe qui l’accompagne sont devenus extrêmement plausibles dans la mesure où un rapport militaire confidentiel adressé l’année dernière aux commandants des troupes de l’ISAF a confirmé ces sombres perspectives. Compilant les résultats de 27 000 interrogatoires menés en 2011 sur 4000 prisonniers talibans par des militaires américains sur la base de Bagram, ce document intitulé « State of the Taliban » évoque le fait que des membres des forces de sécurité afghanes ont vendu leurs armes et véhicules aux insurgés, ont échangé des renseignements avec ces derniers et auraient même conclu des accords de cessez-le-feu ponctuels ainsi qu’en prévision de l’après-2014 [172]. Le gouvernement pakistanais et l’ISI seraient toujours autant liés aux Talibans dont ils connaissent le moindre chef et les moindres activités [173].
    Le degré d’infiltration des forces de sécurité afghanes est tel que le rapport signale de nombreux cas de « coordination ponctuelle, de partage d’informations ou même occasionnellement d’intégration des forces de sécurité afghanes aux opérations des Talibans » [174]. Les cessez-le-feu informels conclus avec les soldats ou policiers afghans ainsi que les promesses de soutien de long terme faites par ces derniers ont fait que « Les Talibans sont absolument confiants dans leur capacité à vaincre les forces de sécurité afghanes » [175]. La stratégie cruciale, les efforts et les fonds mis en œuvre par l’OTAN en vue de son retrait en 2014 seraient ainsi progressivement sapés: des détenus talibans ont affirmé que des membres de l’ANA et de l’ANP auraient même vendu du matériel militaire provenant de pays occidentaux [176]. Le rapport indique que le bazar de Miranshah (capitale du nord-Waziristan, dans les zones tribales pakistanaises) avait été »inondé de manière croissante par des fusils, pistolets et armes lourdes vendus par les forces de sécurité afghanes »: « Les véhicules et armements étaient à l’origine acquis seulement sur le champ de bataille. Ils sont désormais régulièrement vendus ou donnés par les forces de sécurité afghanes [177].

    Enfin, ce document confidentiel a montré que les Talibans sont très confiants. Ces derniers affirment avoir surmonté le « surge » d’Obama, pouvoir défaire les forces de sécurité gouvernementales afghanes après 2014 et considèrent leur retour au pouvoir comme inévitable: « Contrairement aux années précédentes les détenus sont devenus plus confiants non seulement dans leur potentiel, mais aussi dans la justesse de leur cause » [178]. Les Talibans ne croient pas en une issue au conflit qui serait négociée et sont intimement convaincus que Hamid Karzaï ainsi que ses alliés du nord « ont délibérément prolongé le conflit afin de récolter l’aide étrangère et de soumettre les tribus pachtounes du sud » [179].

    Les Talibans savent que le temps et le pourrissement du système jouent pour eux. En dépit de leur refus officiel de discuter avec Washington et le gouvernement de Karzaï, certains chefs Talibans ont accepté de rencontrer des officiels américains à Doha (Qatar) à la fin du mois de janvier 2012 et un autre processus de négociations s’est en parallèle tenu en Arabie Saoudite [180]. Les Talibans ont ouvert une représentation à Doha [181] mais sont peu empressés de faire avancer ces négociations avant le retrait total des forces étrangères d’Afghanistan [182]. Les Talibans avaient ainsi déclaré en Janvier 2012 qu’aucun processus de paix ou négociation n’avaient été mis en place, particulièrement avec les États Unis : les représentants des insurgés mirent en revanche l’accent sur l’établissement de mesures de confiance et demandèrent à Washington de relâcher 5 détenus talibans [183]. Ces négociations échouèrent en mars et en novembre les Nations Unies imposèrent des sanctions à l’encontre du réseau Haqqani qui fut aussi inscrit sur une liste noire [184]. Un porte-parole du gouvernement afghan ajouta que le réseau Haqqani ne remplissait pas les conditions ou critères suffisants afin de participer au processus de négociations [185].

    La méfiance et le scepticisme quant à ces négociations sont généralisés, plus particulièrement au sein des Tadjiks et Hazaras [186]. Les Hazaras se souviennent encore amèrement du régime taliban et des persécutions qu’ils subirent en raison de leur foi chiite et de leur appartenance ethnique. Les discussions entamées avec les Talibans par Washington et en parallèle par Kaboul ont été âprement critiquées par les Tadjiks, Ouzbeks et Hazaras qui ont décidé de former une sorte de front commun [187]. Moins sceptique ou pessimiste que le leader hazara Mohammed Mohaqiq, le tadjik Ahmad Zia Massoud (dirigeant du Front National Afghan et frère de feu le Commandant Ahmad Shah Massoud) ne croit pas qu’un accord puisse être trouvé avec les Talibans mais pense cependant qu’une plus grande participation doit accompagner les négociations en vue d’une paix [188].

    Ces négociations n’ont mené à rien de significatif (si ce n’est l’implication croissante du Qatar et de l’Arabie Saoudite) et à la fin du mois de décembre 2012, le Pakistan relançait son propre processus de négociation en libérant 8 Talibans dont le Mollah Turabi, l’ancien bras droit et ministre de la justice du Mollah Omar (18 autres Talibans avaient été relâché plus tôt au cours du même mois [189]. Au cours d’une rencontre tenue à Islamad en novembre 2012, des officiels afghans et pakistanais ont adopté une nouvelle stratégie visant à ce que « d’anciens officiels talibans libérés avec la stature de Turabi servent d’émissaires, ouvrant la voie à des pourparlers de paix entre le gouvernement de Hamid Karzaï et la direction talibane actuelle » [190]. Ce processus initié par le chef des forces armées pakistanaises Ashfaq Kayani a permis un rapprochement entre les autorités afghanes et pakistanaises mais a aussi fait des émules en Europe: une rencontre semi-secrète organisée par un »think tank” français s’est tenue dans les environs de Paris en décembre 2012 [191]. Cet événement a réuni des représentants du gouvernement afghan et plus particulièrement du Haut Conseil pour la Paix ainsi que des membres de l’opposition, comme les Talibans ou des cadres du Hezb-e Islami mais là encore, aucune avancée n’a été faite [192]. La seule surprise est venue récemment de Gulbuddin Hekmatyar qui, dans une entrevue accordée au Daily Telegraph, a proposé un plan de paix en dix points et appelé tous les acteurs présents ainsi que les Afghans à s’unir et mettre fin à leurs disputes afin de trouver une solution viable au conflit [193].

    L’autre élément préoccupant dans la perspective d’une guerre civile imminente est constitué par les milices entretenues par certains officiels et le réarmement de certains seigneurs de guerre : Ismaïl Khan, l’homme fort de Herat, et le Conseil des Moudjahidin local ont soutenu la formation et le réarmement de milices anti-talibanes composées d’anciens moudjahidin chargés de prendre le relais des troupes de l’ISAF après 2014 [194]. Ce fait traduit la difficulté voire l’incapacité des forces afghanes à mener de manière autonome et avec succès leur mission anti-insurrectionnelle. De telles milices villageoises (les « arbaki ») ont une grande utilité tactique voire stratégique mais elles perpétuent aussi la problématique des groupes armés, de leur contrôle et de leur financement. Ces milices d’autodéfense peuvent sécuriser certains villages et certaines zones mais l’absence d’encadrement peut les mener à certaines dérives (trafics, exactions) et leur faire jouer un rôle de facteur aggravant dans la perspective d’une guerre civile imminente. Les efforts qui ont été consacré par l’ISAF et l’État afghan à la récupération d’armes et au désarmement des milices auront été ainsi plus ou moins vains.

    Les autorités de Kaboul ont souhaité réaffirmer leur autorité face à l’Émir de l’Ouest qui occupe aussi le poste de Ministre de l’Eau et de l’Energie. L’État afghan est juridiquement le seul habilité à procéder à la vente, à l’achat et à la distribution d’armes ainsi qu’au recrutement de soldats (la création de compagnies privées locales de sécurité est cependant un moyen de contourner ces dispositions légales et de se doter de milices ayant une apparence de légalité): les services de renseignement afghans ont arrêté certains suspects et les autorités de Herat se sont empressées de condamner officiellement les activités du Conseil des Moudjahidin [195]. Ismaïl Khan a ajouté que d’autres seigneurs de guerre étaient en train de procéder au réarmement de leurs milices [196] : au-delà de la lutte contre les Talibans, ces groupes armés joueront aussi un rôle dans la lutte pour le pouvoir et leur apparition traduit l’accroissement des rivalités existant au plus sommet de l’État (l’ancien seigneur de guerre ouzbek et général de l’Alliance du Nord, Abdul Rashid Dostom s’est ainsi fait récemment l’avocat d’une refonte totale du système et l’établissement d’un vrai multipartisme) [197].

    L’Émir de Herat a déclaré en novembre 2012 que les moudjahidin devraient recevoir plus de poids et de responsabilités car après avoir sauvé le pays de l’URSS, ils pourraient le sauver à nouveau des « conspirations étrangères » : « Ils [les étrangers] ont récolté toutes nos armes, notre artillerie et nos tanks, et les ont mis au rebut. A la place, ils ont amené des filles néerlandaises, des filles françaises, des filles de Hollande (sic), ils ont amené des soldats occidentaux à la peau blanche, ainsi que des soldats américains à la peau noire, et ils ont pensé qu’en faisant tout cela ils nous amèneraient la sécurité mais ils ont échoué » [198]. La radicalisation ou l’hostilité d’une partie des élites afghanes n’est pas un phénomène nouveau. Avant de tenir ces propos et d’appeler les moudjahidin à expulser par la force les étrangers d’Afghanistan, Ismaïl Khan avait déjà déclaré en 2009 que « Le destin des Américains en Afghanistan sera pire que celui des Russes » [199]. L’homme fort de Herat a souvent affirmé qu’il combattrait à nouveau les Talibans si ces derniers reprenaient le pouvoir mais son propre gendre a rejoint dernièrement les insurgés [200].

    Si l’Afghanistan arrive à échapper à une guerre civile généralisée, il n’en restera pas moins affecté par un conflit de moyenne intensité et sera toujours confronté à plusieurs problématiques critiques comme le développement socioéconomique du pays, une corruption endémique, les clivages ethniques et religieux, le besoin d’une indépendance et unité nationales fortes, le poids du passé et l’influence des pays voisins (Iran, Pakistan, Inde, ex-républiques soviétiques d’Asie Centrale, Russie, Chine mais aussi la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et dans une moindre mesure les Émirats Arabes Unis) ou occidentaux. Quelle que soit l’issue du conflit ou du processus de négociations, il semble peu probable qu’un régime totalement semblable à celui mis place en par les Talibans durant la seconde moitié des années 90 soit instauré. Il est tout autant improbable qu’un régime démocratique et libéral de type occidental voit le jour en Afghanistan dans les prochaines décennies. L’implication du Pakistan, de l’Arabie Saoudite et du Qatar en Afghanistan, la situation sécuritaire et politique du pays ainsi que l’intégration progressive de certains groupes talibans au processus de négociations pourrait mener à moyen terme à l’apparition d’une sorte de régime non plus traditionnel ou conservateur mais clairement fondamentaliste. L’Afghanistan ne reviendrait pas nécessairement à sa situation des années 90 (guerre civile généralisée, misère galopante, sous-développement, prohibition de la musique ou du chant, des images, etc.) mais pourrait au contraire conserver un certain niveau d’activité économique et des apparences de « modernité » coexistant avec une société restée traditionnelle et des institutions devenant très conservatrices voire fondamentalistes (pour ne pas dire néo-talibanes).

    Dans le meilleur des cas l’Afghanistan pourrait ressembler à l’Iran d’aujourd’hui (si on ne prend pas en compte la distinction chiite-sunnite et leurs différences religieuses) mais il est plus probable qu’il se réfère au modèle pakistanais ou à celui représenté par les monarchies pétrolières du Golfe (la prospérité et la stabilité en moins bien que le pays regorge de ressources). La diversité de l’Islam afghan et l’indépendance du pays est menacée à la fois par les radicaux Déobandis du Pakistan et les Wahhabites du Golfe Arabo-Persique (l’influence iranienne ne s’exerce quant à elle que sur les Hazaras chiites voire les Qyzylbashis dans le domaine religieux, sur les Tadjiks au niveau culturel et sur l’ouest du pays): il est très peu probable que le pays connaisse à nouveau un système et une société semblables à ce qu’il a connu de Zaher Shah à Mohammed Najibullah. Pour l’Afghanistan le sens de l’Histoire semble désormais aller dans la direction empruntée par la Tunisie, l’Égypte ou la Libye après le Printemps Arabe. Ainsi au printemps 2012 des affiches ont fleuri dans différents quartiers de Kaboul (certaines étaient visibles dans les environs de Bagh-e Bala et de l’hôtel Intercontinental) et celles-ci invitaient les Afghans à soutenir la lutte des rebelles syriens (ce qui est assez préoccupant compte tenu du fait que les quelques Afghans combattant en Syrie sont engagés du côté des groupes armés fondamentalistes). Ces affiches ne provenaient pas d’une association démocrate ou d’une ONG défendant les Droits de l’Homme dans la mesure où elles comportaient une forte connotation religieuse. Enfin, à côté du drapeau afghan et de celui des insurgés syriens on pouvait voir ceux de la Turquie, du Qatar, de l’Arabie Saoudite.

    Gilles-Emmanuel Jacquet http://fr.novopress.info

    À propos de l’auteur
    Titulaire d’un Master en Science Politique de l’Université de Genève et d’un Master en Études Européennes de l’Institut Européen de l’Université de Genève, Gilles-Emmanuel Jacquet s’intéresse à l’Histoire et aux Relations Internationales. Ses champs d’intérêt et de spécialisation sont liés aux conflits armés et aux processus de résolution de ces derniers, aux minorités religieuses ou ethnolinguistiques, aux questions de sécurité, de terrorisme et d’extrémisme religieux ou politique. Les zones géographiques concernées par ses recherches sont l’Europe Centrale et Orientale, l’espace post-soviétique ainsi que l’Asie Centrale et le Moyen Orient.

    Source : Realpolitik.tv.

    Notes
    [120] Pour une excellente analyse et mise en perspective de toutes ces problématiques, voir Pierre Micheletti, Afghanistan, Gagner les cœurs et les esprits, Presses Universitaires de Grenoble / RFI, 2011
    [121] Pour un témoignage très intéressant sur l’action humanitaire en Afghanistan et les réalités humaines voir Catherine Dufour, Amitiés Afghanes, Fayard, 2011 ; sur les réalités humaines voir Asne Seierstad, Le libraire de Kaboul, JC Lattès, 2002 et Anne Nivat, Les brouillards de la guerre, Dernière mission en Afghanistan, Fayard, 2011
    [122] Conflict Barometer 2012, Heidelberg Institute for International Research Conflict (HIIK), 2012, p.103
    [123] Ibid.
    [124] Ibid.
    [125] Ibid.
    [126] Ibid.
    [127] Alissa J. Rubin, « In Old Taliban Strongholds, Qualms About What Lies Ahead », The New York Times, 08/01/2013
    [128] Ibid.
    [129] Ibid.
    [130] Ibid.
    [131] Ibid.
    [132] Ibid.
    [133] Ibid.
    [134] Ibid.
    [135] Ibid.
    [136] Ibid.
    [137] Ibid.
    [138] Ibid.
    [139] Ibid.
    [140] Ibid.
    [141] Ibid.
    [142] « 94 more Afghan schoolgirls reportedly poisoned in Sar-i-Pul », The Long War Journal, 24/06/2012
    [143] Ibid.
    [144] Ibid.
    [145] Ibid.
    [146] Ibid.
    [147] Ibid.
    [148] Ibid.
    [149] Ibid.
    [150] Ibid.
    [151] Voir Rory Stewart, En Afghanistan, Albin Michel, 2009.
    [152] Voir Jean Christophe Notin, La guerre de l’ombre des Français en Afghanistan (1979-2011), Paris : Fayard, 2011, pp 436-448
    [153] Conflict Barometer 2012, Heidelberg Institute for International Research Conflict (HIIK), 2012, p.103
    [154] Ibid.
    [155] Ibid.
    [156] Ibid.
    [157] Voir l’excellent ouvrage de Michael Barry, Le Royaume de l’Insolence, L’Afghanistan (1504-2001), Flammarion, 2002
    [158] Stuart Ramsay, « Afghanistan: Green On Blue Attacks Rising », 08/01/2013
    [159] Ibid.
    [160] Bill Roggio, « Afghan minister says warlords are rearming militias as NATO forces leave », The Long War Journal, 01/11/2012
    [161] Conflict Barometer 2012, Heidelberg Institute for International Research Conflict (HIIK), 2012, p.103
    [162] Ibid.
    [163] Ibid.
    [164] Ibid.
    [165] Ibid.
    [166] Ibid.
    [167] Ibid.
    [168] Ibid.
    [169] Ibid.
    [170] Ibid.
    [171] Ibid.
    [172] Ben Farmer, « Afghan soldiers ‘co-operating with the Taliban and signing ceasefire deals », The Telegraph, 01/02/2012
    [173] Ibid.
    [174] Ibid.
    [175] Ibid.
    [176] Ibid.
    [177] Ibid.
    [178] Ibid.
    [179] Ibid.
    [180] Nick Paton Walsh, « Afghan officials, Taliban may hold talks in Saudi Arabia », CNN, 30/01/2012
    [181] Angus McDowall, « Saudi Arabia cautious on possible Afghan talks », Reuters, 31/01/2012
    [182] « No truce, says Afghan Taliban » UPI, 30/01/2012
    [183] Ben Farmer, « Afghan soldiers ‘co-operating with the Taliban and signing ceasefire deals », The Telegraph, 01/02/2012
    [184] Conflict Barometer 2012, Heidelberg Institute for International Research Conflict (HIIK), 2012, p.103
    [185] Ibid.
    [186] Rob Taylor et Mirwais Harouni, « Afghan Hazara leader skeptical of Taliban peace », Reuters, 30/01/2012
    [187] Ibid.
    [188] Ibid.
    [189] Jim Maceda, « Is peace really in the air in Afghanistan? », NBC News, 02/01/2013
    [190] Ibid.
    [191] Ibid.
    [192] Ibid. et Conflict Barometer 2012, Heidelberg Institute for International Research Conflict (HIIK), 2012, p.103
    [193] Jim Maceda, « Is peace really in the air in Afghanistan? », NBC News, 02/01/2013
    [194] Sajad, « Ismail Khan distribute illegal weapon in Herat province », Khaama, 08/11/2012
    [195] Ibid.
    [196] Bill Roggio, « Afghan minister says warlords are rearming militias as NATO forces leave », The Long War Journal, 01/11/2012
    [197] Rob Taylor et Mirwaïs Harouni, « Afghan Hazara leader skeptical of Taliban peace », Reuters, 30/01/2012
    [198] Bill Roggio, « Afghan minister says warlords are rearming militias as NATO forces leave », The Long War Journal, 01/11/2012
    [199] Paul Sperry, « Afghan Allies, Now even top officials in the Kabul government vow to kill Americans », The New York Post, 29/12/2012
    [200] Ibid.

  • Les rebelles s’en prennent au patrimoine culturel syrien

    On pouvait malheureusement s’y attendre. Les sites archéologiques syriens sont le point de mire des rebelles. Le patrimoine culturel de la Syrie, héritage d’une histoire millénaire, est la partie la plus vulnérable mais aussi la plus attrayante pour les destructeurs du pays arabe. Complètement indifférents à la valeur qu’ont les sites et les pièces de collection aux yeux des Syriens mais aussi pour les personnes un tant soit peu civilisées, les rebelles sont en train de faire des ravages pour en tirer quelque profit. L’Irak a été pillé en son temps sous l’œil complice des troupes d’occupation. C’est désormais au tour de la Syrie. « Certains jours nous sommes des combattants et d’autres, nous sommes archéologues », déclare ironiquement dans un entretien au Washington Post un jeune rebelle de 27 ans originaire de la ville d’Idlib. Comme lui, d’autres rebelles interrogés par le quotidien d’Outre-Atlantique ont admis la contrebande d’antiquités, officiellement pour financer leur lutte contre le gouvernement de Bachar el-Assad.

    Toujours selon le Washington Post, des dizaines d’œuvres ont disparu en quelques mois à peines. Pis, certaines sont irrémédiablement endommagées. Parmi les objets volés, une statue en or datant de l’époque araméenne (VIIIème siècle avant l’EC) provenant du musée d’Hama et désormais inscrite sur les tablettes d’Interpol. Plus grave encore, des mosaïques byzantines de la cité romaine d’Apamée, près d’Alep, ont été retirées au bulldozer.

    Ceci n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg, et quand on sait tout ce que la Syrie recèle en matière de patrimoine (Palmyre, les châteaux des croisés, les sites pré-phéniciens, les villes de Damas et Alep, etc.), on peut facilement imaginer que les contrebandiers y trouveront leur compte.

    Il existe, selon le Washington Post, de véritables équipes de fouilles composées de jeunes dont la mission est de trouver dans les sites archéologiques de l’or, des statuettes, des mosaïques, et tout ce qui peut avoir une valeur marchande, fut-ce au prix d’irréparables déprédations. La destination principale des œuvres volées est la Jordanie, où la contrebande est favorisée par le flux quotidien de quelque 2.000 réfugiés. « Tous les jours, nous sommes contactés pour acheter de l’or syrien, des mosaïques syriennes et des statuettes syriennes », a confirmé un antiquaire d’Amman. « Damas est vendue ici à Amman, pièce par pièce ».

    La contrebande syrienne rappelle ce qui est survenu durant l’invasion de l’Irak par les États-Unis, car la Jordanie était également considérée comme un point de passage obligé pour les trésors volés. « Il est encore trop tôt pour comparer la situation en Syrie avec ce qui s’est passé en Irak », a dit Nayef Al Fayez, ministre du tourisme et des antiquités de Jordanie, « mais quand il y a des problèmes de sécurité, les sites archéologiques en sont les premières victimes. Et nous nous attendons à ce que ces événements se multiplient ».

    L’UNESCO n’a pas été en mesure pour le moment de quantifier l’ampleur des pillages et des détériorations du fait de la difficulté d’accéder aux sites historiques dans un pays en proie à des attaques terroristes. Le krak des chevaliers, l’un des plus beaux châteaux inscrit au patrimoine de l’humanité, a été exposé à des tirs et à des bombardements. Les anciens souks d’Alep sont partis en fumée et la ville de Bosra, jadis capitale de la province romaine d’Arabie, a subi également d’importants dommages.

    « Les gens peuvent nous condamner et nous traiter de voleurs », commente Abou Majed, un déserteur âgé de 30 ans qui dirige les chemins de la contrebande dans le sud du pays, « mais parfois, on doit sacrifier le passé pour garantir le futur ». Du fanatisme à la barbarie, il n’y a qu’un pas.

    Martin Capitaine http://www.voxnr.com

  • Science sans conscience n'est que ruine de l'homme

    Lorsque la science se met au service du Meilleur des mondes, elle détruit l'humanité.
    « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme », écrivait déjà Rabelais. Et cette ruine de l'âme fait la ruine de l'Homme. Comme l'écrit Jacques Attali dans un article dont Monde et Vie a précédemment rendu compte(1), les progrès techniques découlent des « valeurs » sur lesquelles se construit sous nos yeux le Meilleur des mondes « et s'orientent dans le sens qu'elles exigent ». Autrement dit, ils se mettent au service de ces prétendues valeurs (dans certains cas, car il ne s'agit pas ici de refuser le progrès scientifique en soi mais l'usage qui peut en être fait). À cet égard, Attali constate une progression de la pilule à la gestation pour autrui (GPA), autrement dit les mères porteuses, en passant par la procréation médicalement assistée (PMA). De la séparation de la sexualité et de la procréation, nous en arrivons en effet au divorce de la procréation et de la maternité.
    Attali prévoit l'émergence à terme d'une « humanité unisexe », où des individus quasiment similaires, nantis pour les uns d'ovules, pour d'autres de spermatozoïdes, les mettront en commun pour faire naître des enfants, « seul ou à plusieurs, sans relation physique, et sans même que nul ne les porte. »
    Science-fiction ? Reportons-nous à ce qu'écrivait dans l'un de nos récents numéros(2) le docteur Jean-Pierre Dickès : « on travaille actuellement à ce que l'on appelle une ectogenèse, un développement de l'embryon hors du sein maternel. L'utérus artificiel est devenu une réalité. » Dans le même article, le docteur Dickès évoquait aussi ; les travaux du docteur Craig Venter visant à créer un nouveau génome humain, ou encore la possibilité de « réaliser » (selon son expression) un enfant à partir du génome de deux femmes : il existe déjà dans le monde une trentaine d'enfants qui ont deux mères biologiques et le procédé est en cours de validation en Angleterre, précisait-il.
    Le clonage humain est au bout du même chemin scientifique : pourquoi ne pas reproduire son double et accéder ainsi à une contre-façon de cette immortalité, à laquelle l'homme aspire mais dont Dieu seul était le maître jusqu'à présent ?
    Cette vieille tentation luciférienne de la créature qui voudrait prendre la place du Créateur, ce rêve prométhéen, ne seraient-ils pas enfin, grâce à la science, à portée de main ? Le diable a endossé une blouse blanche ; et l'homme se rêve dieu.
    Quand on touche à la génétique, une autre tentation se fait rapidement jour, celle de l'eugénisme. Si l'homme devient son propre créateur, pourquoi ne se créerait-il pas parfait et tout-puissant ?
    Pour y parvenir, on commencera par éliminer les éléments défectueux, d'abord par le « dépistage » du handicap dans le sein maternel et l'avortement - mais rapidement, de manière moins archaïque, par la procréation artificielle et le tri génétique.
    L'enfant choisi sur catalogue
    Là encore, l'expérience est en cours et le progrès en marche. Aux États-Unis, où 1 % des bébés sont « produits » par PMA, existent déjà des cliniques telles que le Fertility Institute à Los Angeles, dirigé par le docteur Jeffrey Steinberg. Sur les 800 femmes qui y eurent recours à une fécondation in vitro (FIV) en 2009, écrit un journaliste du Monde Magazine qui y a réalisé un reportage(3), « 700 étaient en parfaite santé et auraient pu avoir un enfant de façon naturelle. Elles ont décidé de subir cette intervention coûteuse, contraignante et peut-être risquée dans un seul but : choisir le sexe de leur bébé. » Aux États-Unis, en effet, « le diagnostic génétique des embryons réalisé à l'occasion d'une FIV est légal quelles que soient les motivations des futurs parents. Trois jours après la fécondation de l'ovule, on prélève une cellule de l'embryon pour examiner son code génétique. » Reste à choisir à la carte : fille ou garçon ? Coût total de l'opération : 25 000 dollars.
    Mais pourquoi s'en tenir au sexe de l'enfant ? Le docteur Steinberg a voulu proposer aux parents de choisir aussi la couleur des yeux de leur progéniture, mais une polémique déclenchée par les médias l'a obligé à y renoncer. Provisoirement, sans doute... Car il se prend à rêver : après tout, « depuis la nuit des temps, les parents rêvent d'avoir des enfants vigoureux, beaux, intelligents. Ils sont prêts à tous les sacrifices pour les aider à réussir dans la vie. »
    Le docteur Zeringue exerce lui aussi dans une clinique californienne, où il propose aux couples un forfait à coût réduit (12 500 euros tout de même) pour pratiquer une FIV.
    Pour pouvoir pratiquer ce « hard discount » de la fécondation in vitro, il a imaginé de promouvoir le don d'embryons surnuméraires offerts par les couples ayant déjà eu un enfant grâce à la PMA, et même de créer lui-même des embryons dans sa clinique - j'ai failli écrire : sa cuisine -, à partir de dons de sperme et d'ovules. « La clinique devient ainsi propriétaire des embryons, qu 'elle peut ensuite revendre, explique un article paru sur le site internet du consulat de France à Atlanta. Les futurs parents ont la possibilité de sélectionner leur embryon selon le profil de chaque donneur (taille, couleur des yeux...). Une fois que la clinique a réuni plusieurs couples s'accordant sur la même "combinaison" sperme/ovule, elle obtient alors par FIV une dizaine d'embryons (comme dans une FIV classique) qu'elle va ainsi répartir à travers les différents couples, chacun obtenant 2 ou 3 embryons provenant de la même fécondation. (...) Cependant, en faisant le choix de passer par cette clinique, les parents, qui payent moins cher, acceptent d'avoir un enfant avec lequel ils n 'auront aucun lien génétique et qui aura sûrement plusieurs frères et sœurs biologiques dans d'autres familles. » Mariages et incestes possibles à la clef...
    Au bout du compte, le Meilleur des mondes recrée l'homme en le réduisant à la matière ; il n'est toujours pas parvenu à le doter d'une âme.
    Hervé Bizien monde & vie 19 mars 2013
    1.Monde et Vie n° 872, mars 2013
    2.Monde et Vie n° 871, février 2013
    3.Yves Eudes, La clinique des bébés sur mesure, Le Monde Magazine, juillet 2007

  • Les cartels mexicains bénissent la mondialisation

    CIUADAD VICTORIA (NOVOpress) – La police mexicaine vient de découvrir, près de la ville de Ciudad Victoria, neuf cadavres dépecés dans une camionnette immatriculée dans le Texas (Etats-Unis). Un crime sans doute inhérent à la guerre des cartels de la drogue mexicains pour le contrôle du trafic des stupéfiants aux Etats-Unis. Ces deux derniers mois, plus de 100 personnes ont été tuées à Ciudad Victoria dans cette guerre des gangs.

    Dimanche, des hommes armés ont cette fois attaqué deux bars de la ville de Guadalajara (ouest du Mexique), tuant également cinq personnes. Si le nord du Mexique enregistre le plus de victimes de la violence générée par le crime organisé, Guadalajara, deuxième ville du pays, compte plus de 70 000 morts dans tout le pays depuis décembre 2006. Pour Télérama.fr, ce bain de sang est directement lié à la mondialisation. Le site évoque le travail d’Ed Vulliamy. Ce journaliste au Guardian estime que « la signature en 1994 de ­l’Alena, l’Accord de libre-échange nord-américain, en supprimant les droits de douane et le contrôle des marchandises, se révéla une couverture parfaite, un vrai cadeau, pour les cartels. Leur trafic se démultiplia du jour au lendemain ». Phénomène qui n’épargne pas l’Europe, confrontée à une immigration massive et à des trafics multiformes : drogues, armes, prostitution.

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  • Nouvelles sécuritaires internationales

    [Êtes-vous intéressé par avoir de temps en temps un point, comme ci-dessous, sur l'actualité de la sécurité internationale et du renseignement ? N'hésitez pas à nous le dire par courriel ou en commentaires.]

    Syrie : d’après le New York Times, les pays arabes et la Turquie, assistés par la CIA, ont très largement renforcé ces derniers mois leur aide militaire à la rébellion syrienne. Plus de 160 avions transportant du matériel militaire ont en effet atterri dans les aéroports situés près d’Ankara en Turquie et les aéroports jordaniens. La Turquie aurait, toujours selon le New York Times, supervisé la plupart de ces transferts d’aide aux insurgés et également transféré les armes dans des camions à destination de la Syrie.

    ► Syrie : l’Iran forme des milices dans l’éventualité de l’après-Assad. Cette faction appelée «l’Armée du peuple» (Jaych al-Chaabi), est composée de cinquante mille hommes environ, des Syriens pour la plupart, issus des minorités chiite, comme les Iraniens, ou alaouite, comme le président Bachar el-Assad, que tous ces supplétifs ont pour objectif immédiat de protéger face aux rebelles sunnites, qui cherchent à renverser le pouvoir à Damas.
    Ces combattants ont été choisis parmi les Comités de défense populaire ou les chabihas, ces milices engagées aux côtés d’une armée qui ne peut plus combattre tous les fronts de la rébellion en même temps. Les meilleurs ont été entraînés par des membres du Hezbollah libanais et de la Force al-Qods, la branche extérieure des gardiens de la révolution iranienne, de plus en plus présents en Syrie pour soutenir Assad. (Source et détails)

    Corée du Sud  : quelques 48 700 ordinateurs et serveurs ont été endommagés lors de l’attaque informatique qui a visé le 20 mars plusieurs banques et chaînes de télévision sud-coréennes dont la KBS, la maison-mère de KBS WorldRadio. Les attaques provenaient d’adresses IP dans
    quatre nations dont les États-Unis et plusieurs pays européens.

    Palestine occupée : l’affaire dite du prisonnier X pourrait commencer à voir un début d’explication. Le magazine allemand Der Spiegel affirme cette semaine que Ben Zygier avait trahi deux Libanais travaillant pour le Mossad en donnant leurs noms au Hezbollah. Ce serait à cause de ce retournement inexplicable que Ben Zygier aurait été arrêté par les Israéliens et placé en détention préventive au secret et dans le quartier de haute sécurité de la prison de Ayalon.

     

    Arabie saoudite : le ministère saoudien de l’Intérieur a officiellement accusé 18 personnes arrêtées récemment d’être en lien avec les services de renseignement iraniens. Au nombre de ces 18 personnes figurent un Iranien et un Libanais qui, selon la version de Riyad, collectaient des informations sur les sites vitaux saoudiens en échange d’argent et au profit du renseignement d’un pays étranger et le ministère croit bon d’ajouter que ce pays est bien l’Iran. Les Saoudiens continuent d’interroger les membres du prétendu réseau et de prendre les mesures juridiques qui s’imposent.► Corée du Nord : Kim Jong-un, le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée, a ratifié un plan d’attaque par sa force de missiles stratégiques en réaction au survol de la péninsule coréenne par des bombardiers furtifs américains B-2, a annoncé vendredi l’agence de presse officielle nord-coréenne KCNA. « Le moment est venu de régler les comptes avec les impérialistes américains au vu de la situation » rapporte l’agence de presse citant les propos de Kim Jong-un. Ce dernier a ratifié le plan de frappe sur les États-Unis visant le continent, Hawaï et Guam, ainsi que sur la Corée du Sud, en cas de provocation téméraire, d’après l’agence de presse.

    http://www.contre-info.com

  • Étienne Chouard : “Nous sommes impuissants à régler nos problèmes”

  • Olivier Delamarche : « Il faut que le mouton se tienne tranquille »

    Olivier Delamarche, du groupe Platinium Gestion, le 02 avril 2013 sur BFM Radio, met les points sur les i, dans l’émission “Intégrale Placements“, face à Guillaume Sommerer et Cédric Decoeur.

    « C’est beaucoup plus facile de tondre quelqu’un qui ne bouge pas, que quelqu’un qui est en pleine panique – Restez tranquilles le temps qu’on aiguise les couteaux et qu’on vous tonde – Suicidons-nous très vite, ça règlera les problèmes. »

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Les traités de Westphalie, genèse du Droit international

    Comme tous les écoliers de France,  nous avons retenu que les Traités de Westphalie (1648) avaient mis fin à la Guerre de trente ans entamée par la Défénestration de Prague en 1618, et qu’ils  accordaient à la France les Trois Évêchés : Metz, Toul et Verdun, aux dépens du Saint Empire Romain Germanique. Mais examinons les choses plus en détails car il s’agissait en fait de bien plus que cela.

    Ces traités sont constitués de plusieurs accords signés entre les parties aux différents conflits :

    • le 30 janvier 1648, à Münster, le traité entre l’Espagne et les Provinces-Unies, mettait fin à la guerre de Quatre-Vingts Ans.
    • le 24 octobre 1648, à Münster, le traité entre la France et le Saint-Empire, mettait fin à la guerre de Trente Ans, complété par l’acte de cession à la France des trois évêchés de l’Alsace, de Brisach et de Pignerol par l’Empire et par celui de la cession de l’Alsace à la France par l’Empereur Ferdinand III et les archiducs d’Autriche, Charles, Ferdinand et Sigismond.
    • le 24 octobre 1648, à Osnabrück,  mettait aussi fin à la guerre de Trente Ans.
    • le 2 juillet 1650, à Nuremberg, les deux conventions entre le Saint-Empire et la France, et entre le Saint-Empire et la Suède, relatives à l’exécution de la paix.

    Ces traités furent la base de l’organisation de l’Allemagne jusqu’à la suppression du Saint-Empire romain germanique en 1806.

    Hélas, la plupart des manuels scolaires omettent de signaler que c’est à l’occasion de leur signature que le droit international vit le jour.

    L’objet de cet article n’est pas de décrire le déroulement fort complexe de la Guerre de trente ans (1618- 1848) où de multiples conflits opposèrent le camp des Habsbourg d’Espagne et du Saint-Empire germanique, soutenus par l’Église catholique romaine, aux États allemands protestants du Saint-Empire, auxquels étaient alliées les puissances européennes voisines à majorité protestante, Provinces-Unies et pays scandinaves, ainsi que la France qui entendait réduire la puissance de la maison de Habsbourg sur le continent européen. Mais il faut retenir que ce fut la plus épouvantable tuerie de tout le 17ème siècle au cours de laquelle plusieurs millions d’hommes, de femmes et d’enfants perdirent la vie.

    La démographie de l’Europe étant gravement atteinte, les belligérants recherchèrent donc les voies et moyens d’éviter le renouvellement de tels massacres. Les négociations de ces traités furent fort longues (de 1644 à 1648), car il fallait instituer de nouveaux modes de relations entre États, afin limiter les guerres et renforcer « le droit des gens ». 

    Dans son ouvrage « Les Six livres de la République » publié en 1576, le grand jurisconsulte français, Jean Bodin (1529- 1596) avait exposé sa réflexion sur les affaires publiques « res publica » et sur les pouvoirs du roi, aboutissant à une première théorie juridique de la souveraineté : « La souveraineté est le pouvoir absolu et perpétuel de l’État, ce qui est le plus grand pouvoir de commandement. L’État, en la personne du monarque, disait-il, était suprême à l’intérieur de ses territoires, indépendant de toute haute autorité, et légalement égal aux autres États. »

    De son côté, le Hollandais Hugo Grotius avait publié en 1623 un ouvrage intitulé « De Jure Belli et Pacis », proposait de constituer une « société mutuelle » entre les nations, c’est-à-dire une organisation internationale, jetant ainsi les bases d’un code de droit international public. Leurs réflexions devaient guider les négociateurs de ces traités pour aboutir à ce qu’il est convenu d’appeler depuis « le système westphalien », introduisant les concepts directeurs des relations internationales modernes :

    • l’équilibre des puissances, c’est-à-dire que tout Etat, petit ou grand, à la même importance sur la scène internationale (Voir ci-après, par exemple ci après l’article CXXII du traité de Munster, en vieux français).
    • l’inviolabilité de la souveraineté nationale  (Voir ci-après, l’article CXII du Traité.).
    • le principe de non-ingérence dans les affaires d’autrui (Voir ci après, l’article LXIV du Traité).

    Depuis les traités de Westphalie, un acteur nouveau succède au morcellement du pouvoir entre villages, duchés, comtés : l’État moderne. Le monde s’organise entre États dont la souveraineté doit être respectée par les États limitrophes en vertu de la conception westphalienne de la frontière. Les relations internationales deviennent interétatiques et les frontières respectées garantissent la paix.

    Ces traités marquent l’émergence de la souveraineté absolue des États comme un principe fondamental du droit international.

    L’Europe devient un ensemble d’États, disposant de frontières précises et reconnues par les autres, sur lesquels le prince ou le monarque exerce sa pleine et entière souveraineté. Parmi les caractéristiques de ces États modernes figurent la constitution d’armées permanentes et l’expression par les élites du fait national. La langue y apparaît comme un facteur d’unité.

    Les principes westphaliens contribuèrent par la suite à l’émergence de l’idée de Nation, puis au 19ème siècle ainsi qu’au principe des nationalités où chaque État National disposait, à l’intérieur de ses frontières d’une indépendance assortie de la plus grande forme de souveraineté possible avec son armée, sa monnaie, sa justice, sa police et une économie lui permettant de vivre en dépendant au minimum des autres États.

    Plus tard, l’article 1er de la Convention de Montevideo du 26 décembre 1933, sur les Droits et Devoirs des États, introduira quatre éléments essentiels : « Pour un être souverain, un État doit disposer : d’une population permanente, d’un territoire défini et d’un gouvernement opérationnel et la capacité  d’entrer en relation directe avec les autre États ».

    Il ajoutait une clause fondamentale:

    L’existence politique d’un État est indépendante de sa reconnaissance par les autres États.

    Horrifiée, sans doute, par cette disposition jugée trop westphalienne à son goût, des lors qu’elle ouvrait la voie à l’émergence de multiples nouveaux États grands ou petits, l’Organisation des Nations Unies s’empressa d’introduire les notions de « souveraineté interne » et « souveraineté externe » de sorte que, pour être souverains, non seulement les États devront avoir en plus la capacité d’exercer leur pouvoir sur les populations à l’intérieur de leur territoire sans aucune contrainte extérieure, mais aussi , ils doivent bénéficier d’une reconnaissance externe en tant qu’État souverain par les autres États qui composent le système international.

    Le droit des gens (Jus gentium) ou droit international public

    Issu des traités de Westphalie, ce droit  régit les relations entre les sujets de ce système juridique, qui sont les États, les organisations internationales.

    Un sujet de droit international est assujetti à ce droit et doit pouvoir s’en prévaloir. À l’origine, l’État était le seul sujet du droit international, mais cette conception est révolue, car depuis 1815, les États ont ressenti la nécessité de se grouper en organisations internationales  qui peu à peu vont atteindre le statut de sujets de droit. Ainsi, l’ONU l’est devenue de même que l’Union Européenne et autres aux autres organisations internationales comme sujets de droit dérivé.

    L’introduction du droit d’ingérence dans les relations internationales

    Hélas, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la multiplication des traités entre les États du monde occidental tendirent à fait disparaître les principes westphaliens en en  développant considérablement leur interdépendance militaire, économique et financière.

    À la fin de la guerre froide, les États-Unis d’Amérique, gros consommateurs d’énergie et de matières premières, soucieux d’étendre leur hégémonie sur l’ensemble de la planète pour s’en procurer au meilleur compte, prirent conscience que l’interdiction westphalienne du droit d’ingérence contrariait leurs desseins.

    Il leur fallait trouver le moyen de contourner l’alinéa 7 de l’article 2 de la Charte de l’ONU : « Aucune disposition de la présente Charte n’autorise les Nations Unies à intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un État », reprenant le très westphalien article 8 de la Convention de Montevideo, qui prévoyait l’interdiction de l’ingérence dans les affaires intérieures d’un État.

    S’appuyant sur les réflexions de personnages tels que le philosophe Jean-François Revel en 1979,  et de Bernard Kouchner,  il fut imaginé un nouveau droit dit « Droit d’ingérence »,  qui est la reconnaissance du droit qu’ont une ou plusieurs nations de violer la souveraineté nationale d’un autre État, dans le cadre d’un mandat accordé par une autorité supranationale.

    Fantastique invention qui permettait :

    • d’abolir les principes westphaliens,
    • d’introduire la notion de supranationalité,
    • d’intervenir sur le territoire de tout État même contre le gré de celui-ci,
    • d’instaurer une gouvernance mondiale sous l’égide d’organisations internationales ad hoc,
    • d’asservir les États les plus faibles à un ou plusieurs États plus forts.
    • d’asseoir l’hégémonie des États-Unis d’Amérique.

    L’organisation internationale ad hoc, aux  mains des États-Unis d’Amérique était toute trouvée : l’ONU. Il ne restait plus qu’à trouver les prétextes. Facile :

    • Les USA dépêchent dans l’État cible à déstabiliser une équipe de la CIA.
    • Cette équipe, s’appuyant sur une opposition existante ou à créer au régime en place, y développe un « Front de Libération Nationale » ou équivalent.
    • Elle l’équipe de l’armement voulu et le renforce d’effectifs le plus souvent puisés dans la mouvance islamique.
    • Grâce aux mass média qu’elle contrôle, elle inonde l’opinion publique d’informations et d’images le plus souvent truquées accablantes pour le gouvernement en place.
    • Il ne reste plus qu’à faire voter par l’ONU une « résolution » permettant aux forces armées d’un ou de plusieurs Etats, de venir soutenir le jeune Front de Libération Nationale afin d’abattre le régime en place.

    Ce système a remarquablement fonctionné pour  les interventions d’ingérence, en Roumanie, eau Kosovo, en Afghanistan,  en Irak, au Darfour, en Côte d’Ivoire, en Lybie, en Syrie, etc…

    Le Droit des Banquiers substitué au droit des gens

    Disposant de la « légalité » issue de la résolution ad hoc de l’ONU, les forces armées détachées sur place détruisent un maximum d’infrastructures, telles que centrales de production d’énergie, usines, ponts, routes, etc…de sorte que la paix revenue, les entreprises américaines se partagent les juteux contrats de reconstruction. Le nouvel homme fort du régime, la plupart du temps mis en place par les « libérateurs » ne voyant aucun inconvénient à ce que ces contrats soient attribués de préférence à ces derniers. Les États-Unis contrôlent alors cet État, sa population et ses ressources.

    Ces dispositions sont pilotées en sous mains par les grande banques, le plus souvent américaines. Elles  prêtent aux deux belligérants imposant au vainqueur d’honorer les dettes du vaincu. Elles financent les lobbys militaro-industriels engagés dans le conflit et s’arrangent pour que celui-ci dure aussi longtemps que possible.

    Ainsi les banques gagnent à tout les coups !

    La prééminence du Droit des Banquiers sur le Droit des Gens fut institué en Europe par le traité de Maastricht de 1992 par l’introduction d’une monnaie unique en gérée par une banque centrale  européenne indépendante des gouvernements des Etats Membres conformément à l’article 108 de ce traité.

    Article 108

    « Dans l’exercice des pouvoirs et dans l’accomplissement des missions et des devoirs qui leur ont été conférés par le présent traité et les statuts du SEBC, ni la BCE, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions ou organes communautaires, des gouvernements des États membres ou de tout autre organisme. ».

    Tous les traités européens, depuis lors, n’ont fait que renforcer ces dispositions avec comme conséquences l’appauvrissement des populations assujetties à cette monnaie unique et  leur complète soumission  à un nouvel esclavage au profit des banquiers.

    Ce ne sont plus les États qui contrôlent les banques, mais les banques qui contrôlent les États.

    Cette évidence éclate maintenant partout au grand jour et encore tout récemment dans l’île de Chypre.

    L’objectif de Mayer Amschel Rothschild, fondateur de la dynastie des banquiers Rothschild :
    « Laissez moi produire et contrôler l’émission de la monnaie d’un Etat, et je me moque bien de qui peut y faire les lois » est atteint !

    Conclusion

    Le système westphalien ici décrit démontre à l’évidence, que celles ceux qui, en France comme ailleurs, s’en réclament, c’est-à-dire les patriotes et les souverainistes, sont les militants de la paix ! Ce sont eux qui constituent l’avenir des nations du monde. C’est pourquoi les mass média aux ordres s’acharnent à soit les contredire par des mensonges éhontés, soit à les faire taire.

    Pour assurer la paix dans le monde, les principes wesphaliens doivent être rétablis !

    L’Histoire montre en effet qu’aussi longtemps que ces principes ont été respectés, le monde (c’est à dire l’Europe au départ puis l’ensemble de la planète à partir du 19e siècle) connut globalement la stabilité. Mais lorsqu’ils ont été  abandonnés par un État ou un ensemble d’États, des conflits monstrueux se produisirent de nouveau.

    Nombreux sont les historiens qui estiment  que  c’est en violant les principes westphaliens, pour y substituer une sécurité collective, que le traité de Versailles de 1919 fut à l’origine de la seconde guerre mondiale.


    C’est pourquoi j’invite tous les patriotes et souverainistes français et d’abord la jeunesse française à entrer en Résistance.

    Je les invite s’allier à la jeunesse d’Europe et à celle du reste du monde, pour combattre par tous les moyens afin que soient restaurés partout les principes westphaliens basés sur le respect imprescriptible de la souveraineté et de l’indépendance des États.

    Car il y va, non seulement de l’absolue nécessité de retrouver leurs libertés, leur façon de vivre, le type de société auquel ils aspirent, d‘échapper à ce nouvel esclavage, mais aussi et surtout de celle de préserver leurs biens, leurs vies et celle de leur descendance, qui sont, nous le voyons bien aujourd’hui, physiquement menacées.

    En ce qui me concerne, je demeure à leur disposition pour les y aider, jusqu’à ce que me manquent ou les forces ou la vie.

    Patriotes Français !

    Le vent de l’espoir se lève ! Il nous rapporte la France ! Il nous rapporte la Liberté !

    Bernard CHALUMEAU http://www.lebreviairedespatriotes.fr


    Extraits du traité de Müntser du 24 octobre 1648

    CXXIII.

    Que néanmoins la paix conclue demeure en force et vigueur, et que tous ceux qui ont part à cette transaction, soient obligez de défendre et protéger toutes et chacunes des loix ou conditions de cette paix contre qui que ce soit sans distinction de religion ; et s’il arrive que quelque point en soit violé, l’offensé tâchera premièrement de détourner l’offensant de la voye de fait en soumettant sa cause à une composition amiable, ou aux procédures ordinaires de la justice.

    CXVII.

    Et qu’au reste tous leurs droits et privilèges en ce qui regarde le spirituel et le temporel, dont ils ont joui avant ces troubles, leur soient conservez ; sauf toutefois les droits de souverainteté avec ce qui en dépend pour chacun de ceux qui en sont les Seigneurs.

    LXIV.

    Et afin de pourvoir à ce que dorénavant il ne naisse plus de differens dans l’état politique ; que tous et chacun soient tellement établis et confirmez en leurs anciens droits, prerogatives, privileges, libre exercice du droit territorial, tant au spirituel qu’au temporel, seigneuries, droits regaliens, et dans la possession de toutes ces choses en vertu de la presente transaction , qu’ils ne puissent jamais y être troublez de fait par qui que ce soit, sous aucun pretexte que ce puisse être.

  • François Hollande et la guerre : Honni soit qui Mali pense !

        Quand un grand ponte de l’establishment doit descendre dans l’arène se colleter avec ses acolytes c’est qu’il y a de l’eau dans l’essence, dit-on par ici. Le citoyen Dominique de Villepin, ex-commis de la ploutocratie de Paris, particulièrement guerrière ces temps-ci, a publiquement pris parti contre l’aventure militaire française au Mali. L’ex-ministre Dominique de Villepin, héritier de l’ère Raffarin, rentier de l’ère Chirac et prostré de l’ère Sarkozy, s’est commis d’un écrit plein de finesse et d’hypocrisie. Son propos, tout de fil blanc cousu, va comme suit: Ne refaites pas les erreurs du passé et apprenez de vos billevesées, bande de demeurés –… Non, la guerre ce n’est pas la France déclame-t-il.
        Tout cela coule de source ma foi. L’impérialisme français arrogant, revanchard et pédant, après avoir été complice dans la destruction de la Serbie, du Kosovo, de l’Afghanistan, de Djibouti, de la Côte d’Ivoire, de la Libye, de la Syrie, de la Somalie, s’attaque aujourd’hui au Mali… pensant probablement que, la proie étant plus démunie, le chacal (ou le Rafale!) en aura vite fini.
        Dominique sait d’expérience l’engrenage de la dépendance à la souffrance (des peuples néo-colonisés) et il le dit d’un air déconfit : « Tirons les leçons de la décennie des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en Libye. Jamais ces guerres n’ont bâti un État solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes, les États faillis, la loi d’airain des milices armées. Jamais ces guerres n’ont permis de venir à bout de terroristes essaimant dans la région. Au contraire, elles légitiment les plus radicaux. Jamais ces guerres n’ont permis la paix régionale. Au contraire, l’intervention occidentale permet à chacun de se défausser de ses responsabilités. Pire encore, ces guerres sont un engrenage. Chacune crée les conditions de la suivante. Elles sont les batailles d’une seule et même guerre qui fait tache d’huile, de l’Irak vers la Libye et la Syrie, de la Libye vers le Mali en inondant le Sahara d’armes de contrebande. Il faut en finir.» (1).
        Que de sagesse ! Notez que monsieur de Villepin ne dit pas que les impérialistes français devraient s’abstenir de s’immiscer dans les affaires intérieures de leurs néo-colonies d’Afrique; en effet, ce n’est pas ce que l’ex-candidat à la candidature suprême préconise. Il dit simplement que l’espionnage, le magouillage, la manipulation des pions dans la région, quelques strapontins et quelques valises diplomatiques bien garnies sont plus payantes que force ni que rage.
        La recette militaire a été essayée sans succès, elle n’a donné que révoltés enragés, destruction des infrastructures, famine chez les futurs esclaves salariés à bientôt exploiter, moins d’affaires, moins de ressources minières à exproprier  et moins de marchés à s’emparer. Pourquoi ne pas tenter la solution toute de diplomatie emberlificotée ?
    Lisez plutôt : «Il faut aussi une dynamique régionale, en mobilisant l’acteur central qu’est l’Algérie et la CEDEAO en faveur d’un plan de stabilisation du Sahel. Il faut enfin une dynamique politique pour négocier en isolant les islamistes en ralliant les Touaregs à une solution raisonnable. (…) Telle est la responsabilité de la France devant l’histoire.» (2). Autrement dit, faire faire la guerre de la «mère patrie» par les soldats des néo-colonies. Africains contre africains pour le bien des métropolitains.
        Les pontifes français sont prompts à charger leur nation des missions du trublion que personne pourtant ne souhaite leur voir assumer. Bien entendu quelques «mécréants» diront que les intérêts de la France au Mali sont plus immédiats, plus sonnants et trébuchants et plus pressants que le ponte ne veut bien l’avouer. Ces éternels palabres africains où le maître doit à la fin, de toute façon, donner de la cravache et du goupillon, ne garantissent nullement que les pillards pourront conclure leur larcin.
         « L’intervention française, baptisée « Opération Serval », du nom d’un félin africain, a été décidée après que les islamistes d’Ansar Edine eurent pris plusieurs positions dans le sud du pays, notamment la région de Komma, et menacé de prendre la capitale Bamako, et donc d’avoir un contrôle total du pays (ce qui aurait placé cette organisation – qui est sous le contrôle dont on ne sait qui dans la région – en position de force pour les négociations de la cession du butin de radiation. NDLR). »
        « Une situation qui posait un problème à la France, non pas pour les raisons «humanitaire» si chères à Bernard Kouchner et autres BHL de ce monde, mais plus vraisemblablement parce que la société Areva, groupe industriel français spécialisé dans les métiers du nucléaire, en particulier l’extraction de minerai d’uranium, bataille depuis plusieurs années pour obtenir l’exploitation de quelques 5,000 tonnes de minerai qui se trouvent à Faléa, une commune de 21 villages et 17,000 habitants, située dans une région isolée à 350 kilomètres de Bamako, capitale du Mali. » (3).
        Ah si tous ces politiciens, ces militaires et ces terroristes-djihadistes à leur solde – le problème avec les mercenaires djihadistes c’est qu’ils se vendent au plus offrant et que comme les soldats ils sont sans foi ni loi – seule l’odeur de l’argent les fait changer de camp; si tous ces gens avaient entendu le chaman du Nord Mali que nous avons interviewé récemment : « Mes frères, déclara le sorcier malien, croyez-vous que le nouveau Président puissant, ce monsieur Hollande de France, tirera leçon des massacres afghan et irakien et syrien et libyen ? Aucunement, et nous les attendons bientôt avec leurs armées et leur équipement de mort, venir engraisser les ploutocrates obséquieux qui tiennent lieu de Président-polichinelle à Bamako notre capitale, entouré de son armée de pacotille en guenille, toujours prête à faire feu sur les paysans maliens, à violer les femmes et à recruter leurs enfants-soldats. »
        Et le vieux marabout de conclure assis dans sa case de l’Azawad envahi : « Que tous ces preux demeurent chez eux parmi les leurs en pleurs et qu’ils laissent le malien palabrer avec le malien, le noir discuter avec le blanc, le Touareg avec le Bambara, le Bobo et le Dogon. Qu’ils laissent le chrétien africain négocier avec le musulman africain et qu’ils nous laissent en paix. Tous ces étrangers ont assez saccagé nos contrées pour ne pas insister et blesser davantage notre fierté. Dites au Président à Paris, fils de colonialistes proscrits, ce monsieur Hollande «socialiste», de ne plus s’en faire : nous Maliens nous saurons régler cette affaire sans détruire la terre-mère qui nous appartient. » (4).

    La France hors du Mali !
    L’Afrique aux Africains !

    Robert Bibeau http://www.esprit-europeen.fr

    Source : http://www.mecanopolis.org/

    Notes :
    (1) Non, la guerre, ce n’est pas la France. 12.01.2013. http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Villepin-Non-la-guerre-ce-n-est-pas-la-France-585627
    (2) Non, la guerre ce n’est pas la France. 12.01.2013. http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Villepin-Non-la-guerre-ce-n-est-pas-la-France-585627
    (3) Spencer Delane. L’intervention militaire française au Mali. Mécanopolis. 13.01.2013. http://www.mecanopolis.org/?p=26739
    (4) Légende du nouvel an au Mali 5.01.2013. http://www.partisadi.net/2013/01/legende-du-nouvel-an-au-mali/

  • Fraude fiscale: « l’extension du tabou sur la finance fantôme »

    Était-il louable de maintenir en fonction le ministre du Budget, en dehors même du principe légitime de la présomption d’innocence, alors que ce dernier, tout en en affirmant dans ces discours officiels qu’il entendait faire cracher les mauvais payeurs et que les Français devaient se serrer la ceinture,   était accusé par le site  Mediapart  depuis plusieurs mois de détenir des comptes bancaires à l’étranger afin de s’y livrer à du « blanchiment de fraude fiscale » ?  Cette question le chef de l’Etat et son Premier ministre auraient été inspirés de se la poser il y déjà bien longtemps, avant l’ouverture d’une enquête par  le parquet de Paris cette semaine, bref, avant qu’ils  décident  de se priver le 19 mars des services de Jérôme Cahuzac. D’autant que cette mise à pied tardive accrédite de facto toutes les mauvaises rumeurs,  voire les convictions des journalistes ayant mené les investigations qu’ils estiment accablantes pour l’ex ministre du Budget, car apportant la preuve que ce dernier aurait menti.

     Autre question centrale, le  gouvernement savait-il depuis un mois et demi que le ministre du budget détenait comme Mediapart l’affirme et comme M. Cahuzac le dément formellement, ses fameux  comptes bancaires dits « offshore » à Singapour et en Suisse ?  C’est en effet à cette date que le ministre de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici, a refusé de rendre public la réponse des autorités  helvétiques à sa demande de précisions sur la réalité de la possession par  son  ami et  collègue socialiste de ce compte suisse…

     Nous le savons, le gouvernement  cherche de l’argent…principalement  dans la poche des classes moyennes qui n’en  peuvent, plutôt que de s’attaquer réellement à la fraude sociale qui coûte à l’Etat et partant,  aux contribuables, plusieurs dizaines de milliards d’euros; plutôt que d’en finir avec la folle politique d’immigration de peuplement  (73 milliards d’euros pris chaque année dans la poche des Français). Pour ne rien dire des gras et gros  fromages républicains, divers  et variés, servant à  caser et nourrir  les copains, les élus, les associations amies,  à Paris comme en province…

     Mais pour en revenir à la fraude fiscale proprement dite, les croisades verbales initiées en leur temps par le PS, et notamment en s’en souvient par  Arnaud Montebourg, alors député,  contre les paradis fiscaux,  ne sont plus guère  d’actualité depuis l’arrivée de M Hollande à l’Elysée qui là aussi, met ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy. Il est urgent de ne rien faire et vive la sociale !

     Grand reporter à La Croix , Antoine Peillon a publié au Seuil il ya  tout juste un an  une enquête remarquable,  « Ces 600 milliards  qui manquent à la France » consacrée à se sujet. Dans son livre, il s’arrête longuement sur l’affaire Bettencourt et  principalement  sur  la manière dont la banque suisse UBS jouerait  « un rôle leader  dans l’évasion fiscale en France » des (très) grosses fortunes… avec une impunité qui laisse songeur.

     M. Peillon  tire la sonnette d’alarme sur des pratiques qui ont de lourdes conséquences pour tous les Européens.

     « Pour les spécialistes, affirme-t-il,  l’évasion fiscale pèse très lourd sur les finances publiques : les avoirs dissimulés au fisc français sont presque de l’ordre de toute la recette fiscale annuelle du pays. Ils représentent même presque cinq fois le produit de l’impôt sur le revenu en 2010. » « La recette fiscale totale (recettes nettes du budget général) de la France en 2010, est de 267,2 milliards d’euros. Celle de l’impôt sur le revenu est de 54, 7 milliards d’euros, toujours en 2010 »

     « Or les avoirs français placés sur des comptes non  déclarés en Suisse ne dorment pas (…), ils produisent de substantiels dividendes, grâce à leur placement presque systématique dans des fonds d’investissements  domicilies principalement au Luxembourg. »

     « Cette masse considérable d’avoirs et de dividendes  non déclarés, qui avoisine 10% de la richesse privée des nations européennes, fausse lourdement les comptes internationaux de toute la zone euro. « Selon  le Boston Consulting Group »et le très jeune économiste parisien  « Gabriel Zucman (prix de la fondation Eni Enrico Mattei en 2011),  en 2010, pas moins de 2275 milliards d’euros n’entrent pas ainsi dans les comptes de l’Europe, ce qui génère des distorsions importantes dans les statistiques mondiales et dégrade  gravement la qualité des politiques économiques de l’Union européenne et des Etats ».

      M. Zicman dénonce le fait que « pour l’Europe, cela produit l’idée absurde que cette région est pauvre, endettée vis-à-vis de pays émergents comme la Chine, alors qu’elle est encore la plus riche de la planète ! Si la richesse manquante, revenait à sa source on améliorerait beaucoup l’impôt et cela contribuerait à résoudre de façon substantielle les problèmes de financements publics. Cela fait partie des solutions à la fameuse dette publique ! »

      Il  évoque ainsi  « le rapport  annuel sur la corruption dans le monde  publié par l’association Transparency International (le 1er décembre 2011),  (qui) estimait que les difficultés économiques de la zone euro sont  en partie liées à l’incapacité de pouvoirs publics à lutter contre la corruption et l’évasion fiscale qui comptent  parmi les causes principales de la crise. »

     Même s’il s’agit de relativiser ce jugement en ce que la zone euro nous apparaît plus largement et pour  bien  d’autres raisons  comme une zone économique non viable,  l’auteur n’utilise pas la langue de  bois pour souligner pus largement  les pratiques des partis dits de gouvernement.

     « Le gouvernement  expliquait-il, évite la cruelle épreuve du contrôle fiscal et, pis encore, d’enquêtes plus poussées sur d’éventuels compte offshore à celles et ceux qui paient, en liquide si possible, leur cotisation au parti politique  qui à l’heur d’être au pouvoir. (…) ».

     « Cette sorte d’immunité, éventuellement couverte par le secret défense, s’est progressivement révélée si constante, si puissante, voire si risquée à dévoiler que j’en arrivais parfois à douter que je vivais dans une République digne de ce nom. Au profit de qui ? Oui, à qui profite l’évasion fiscale, en France ? A qui profitent les 590 milliards d’euros d’avoir placés à l’abri du fisc, en Suisse, au Luxembourg, à Singapour, dans les îles Caïmans et autres paradis fiscaux, et les au moins 30 milliards d’euros qui manquent, en conséquence, chaque année, aux finances publiques ?  Au-delà même de ces « Français fortunés qui utilisent quelque 150 000 comptes non déclarés en Suisse selon le ministère de  l’Economie et des Finances (…). »

     « Ce sont les mêmes qui, pourtant,  poursuit-il, ont vu aussi leur charge fiscale allégée de 77, 7 milliards d’euros entre 2000 et 2010, du fait de la réduction de l’impôt sur le revenu (selon le rapport d’information du député UMP Gilles Carrez du 30 juin 2010) pour les plus hautes tranches, l’évaporation de l’impôt sur la solidarité sur la fortune (environ 2 milliards d’euros de manque à gagner pour les finances publiques en année pleine à partir de 2012), la mise en œuvre du fameux  bouclier fiscal  après 2007 (plus de 600 millions d’euros soustraits au fisc chaque année), la réduction des droits de succession et de donation (quelques 2, 3 milliards d’euros chaque année) ; Sur la base de calculs peu contestables, le journaliste Samuel Laurent a même estimé à 71 milliards d’euros les cadeaux fiscaux du quinquennat de Nicolas Sarkozy.»

     Si l’on peut tout à  fait  juger comme Bruno Gollnisch  qu’une fiscalité écrasante (confiscatoire), trop lourde, génère de nombreux effets pervers et s’avère au final contre-productive, comment ne pas être d’accord avec Antoine Peillon quand il relève, qu’au-delà même de la question du poids de l’imposition, «c’est surtout l’immunité judiciaire presque totale dont bénéficient les évadés fiscaux  de haut vol qui pose la plus grave question.»

     « Lors des G20 les appels rituels à la rigueur budgétaire, à la réduction de la dette et…à la liquidation des paradis fiscaux » sont de mise. « Mais chaque fois j’ai constaté que la diplomatie imposait, in fine, l’extension du tabou sur la finance fantôme.»

     «Ainsi, à la veille du G 20 de Londres, par exemple, Jersey, Guernesey et l’île de Man disparaissaient, comme par enchantement, de la  liste grise  des territoires fiscalement « non coopératifs » établie par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ; de même depuis 2010 (…) l’organisation internationale Tax Justice Network s’étonnaient que le Liechtenstein, le Luxembourg, la Suisse, l’Etat américain du Delaware ou la City de Londres ne figurent plus dans les listes noires ou grises de l’OCDE, alors que ce réseau d’associations indéniablement compétent en matière de paradis fiscaux considère toujours ces pays comme des centres offshore (entités juridiques créées dans un autre pays que celui où se déroule l’activité génératrice d’une richesse, afin d’optimiser la fiscalité ou la gestion financière de ces capitaux)  toxiques ».

     « De même,  le Comité catholique contre la faim et le développement-Terre solidaire (CCFD) dénonce  (…) l’impact humanitaire dramatique de l’évasion fiscale qui prive, selon cette association, les pays en voie de développement de 600 à 800 milliards d’euros,  soit près de dix fois l’aide  au développement octroyés par l’ensemble des pays riches »…

     « La lecture du mémoire Gabriel Zucman m’a convaincu écrit encore  Antoine Peillon, que la fraude et l’évasion fiscales sont un facteur majeur de la crise économique du monde ». « Il y était  démontré, scientifiquement, que 8% de la richesse financière des ménages du monde entier sont détenus dans des paradis fiscaux (soit 6000 milliards d’euros en 2011))  et qu’ « un tiers de cette richesse mondiale manquante est géré en Suisse.»

     Facteur majeur peut être, principal certainement pas.  Mais cette enquête révèle au plus haut point les duplicités de ce  monde de la finance internationale et mondialisée, qui au-delà des cas particuliers traités ici, constate le président de l’AEMN,  asservit les peuples et les nations. Et ce  sans que les partis euromondialistes au pouvoir ne combattent vraiment, et pour cause, ce Système qui les protège et les nourrit si bien…

    http://fr.aemn.eu