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international - Page 730

  • « Interrompre ce processus sera une excellente chose »

    Marine Le Pen, invitée hier de la matinale d’Europe 1, a rappelé que l’euro, monnaie unique dont l’échec a été acté par « 140 économistes dont quatre ou cinq qui sont Prix Nobel d’économie » avait «  entraîné une augmentation spectaculaire des prix », « une baisse du pouvoir d’achat »,  un véritable «  dumping monétaire ». « (Selon le FMI) l’euro est sous-évalué de 6% pour l’Allemagne et sur-évalué de 15% pour la France, cela veut dire qu’il y a un différentiel de 21% de compétitivité du fait de cette monnaie unique. Cela nous tue ». Autre dogme des  Bruxellois qui refusent de voir la réalité économique et sociale quand elle ne valide pas leur idéologie supranationale, l’ultra libre-échangisme, cheval de Troie du mondialisme,  est lui aussi aujourd’hui battu en brèche dans la Mecque même  du capitalisme libéral, à savoir les Etats-Unis. Au début du mois, dans un entretien accordé au média suisse RTS, la candidate du FN à la présidentielle notait que « le Brexit et l’élection de Donald Trump, c’est le refus du laisser-faire, du laisser-aller et du laisser passer » , d’une « mondialisation qu’on nous avait présentée comme heureuse et qui en réalité est sauvage, qui entraîne des migrations massives, qui entraîne une désindustrialisation catastrophique et un bouleversement pour les peuples qui la subissent ».

    Ultra libre-échangisme auquel Donald Trump a donné un coup d’arrêt, qui en annonce certainement d’autres, en signant « lundi dans le Bureau ovale un document mettant fin à la participation des Etats-Unis au traité de libre-échange transpacifique (TPP». « Durant sa campagne, Donald Trump avait dénoncé un accord terrible et promis de s’en retirer au plus vite. L’administration Obama le présentait au contraire comme le nec plus ultra de tous les traités de libre-échange, car cet accord va bien au-delà de la simple levée des barrières douanières. Il prévoit aussi la levée de barrières non tarifaires, comme l’ouverture des appels d’offres nationaux par les pays membres aux entreprises étrangères sans avantages indus pour leurs propres entreprises publiques, ou encore le respect du droit du travail selon les normes de l’Organisation internationale du travail (OIT). De nombreuses ONG dénonçaient cependant les effets pervers d’un texte jugé opaque sur les droits des travailleurs, l’environnement, la perte de souveraineté ou encore l’accès aux médicaments ».

    Interrogé sur le site francophone  de Russia Today,  Bruno Gollnisch était invité à réagir le 23 janvier à cette décision du nouveau président des Etats-Unis. Nous reproduisons ici in extenso cet entretien.

    RT France : Donald Trump a ordonné le retrait des Etats-Unis de l’accord de partenariat transpacifique (TPP) signé par Barack Obama. Selon vous, quelles seront les conséquences politiques et économiques de cette décision ?

    Bruno Gollnisch : Cela montre que Donald Trump ne croit pas aux vertus du libre-échange à l’échelle mondiale. Les relations commerciales entre les nations sont une bonne chose, mais il doit y avoir, selon des intérêts nationaux, des mécanismes correcteurs qui s’appelaient autrefois les droits de douane. Ils permettent de compenser, par exemple, le dumping social que pratiquent un certain nombre de pays avec de très bas salaires et en privant des salariés de toute protection sociale, d’assurance maladie ou pension de retraite.

    Je crois que Donald Trump envoie un signal très fort, comme celui qu’il avait envoyé en prévenant Ford que si cette entreprise restait localisée au Mexique, les voitures fabriquées au Mexique et réimportées aux Etats-Unis payeraient des droits de douane élevés. Monsieur (Mark) Fields a immédiatement annoncé sa délocalisation. Je souhaiterais que ce soit la même politique que la France adopte, ce n’est pas une politique déraisonnable. Ce qui est à mon avis déraisonnable, c’est d’étendre au monde entier le libre-échange, des marchandises, des personnes et des capitaux, parce que cela a des effets destructeurs sur les prospérités, sur les niveaux de vie, sur les identités des peuples. Je crois qu’on assiste à une lutte entre le mondialisme et les identités nationales. Donald Trump se situe indiscutablement du côté des identités nationales.

    RT France : Est-ce qu’on doit s’attendre à la fin d’autres traités de libre-échange comme le TTIP (traité transatlantique) ?

    B.G. : Je l’espère vivement. Ce traité était en réalité très désavantageux pour des secteurs entiers de l’agriculture européenne, il ne présentait pas de garanties sur le plan sanitaire de la qualité des produits. J’aurais été de toute façon, avec beaucoup de mes collègues l’adversaire de ce traité, mais nous sommes minoritaires. Je pense que Donald Trump va interrompre ce processus, ce sera une excellente chose.

    RT France : A quelle réaction doit-on s’attendre de la part de la communauté internationale, notamment des pays censés faire partie du TPP ?

    B.G. : Sans doute des réactions très défavorables, des hurlements, des protestations. Mais le TTIP, par exemple, était à l’étape des négociations. Par conséquent, en droit international, il n’a aucune valeur obligatoire, car il n’a même pas été ratifié, pas signé. Il n’est obligatoire qu’à compter du moment où il est ratifié, et même à compter du moment où les ratifications ont été échangées entre les signataires.

    RT France : Pourquoi y aurait-il une réaction défavorable à la dénonciation d’un traité qui n’est même pas entré en vigueur ?

    B.G. : Ce sont des intérêts des mondialistes qui sont extrêmement puissants sur le plan d’un certain nombre de financiers qui contrôlent une grande partie des médias, et qui, par conséquent, s’en servent pour influencer l’opinion publique.

    https://gollnisch.com/2017/01/26/interrompre-processus-sera-excellente-chose/

  • Les médias du système veulent lutter contre la présidence Trump

    (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) : « La presse politique est composée des pires personnes que je n’ai jamais rencontrées » déclarait Donald Trump voilà quelques mois. Le jugement du nouveau président paraît en phase avec celui de ses concitoyens puisque seulement 40 % d’entre eux déclarent avoir confiance dans les médias.
    Sean Spicer, nouveau porte parole de la Maison Blanche, a vivement critiqué la couverture médiatique de l’investiture de Trump. 
    Il reproche une tendance à minimiser le succès populaire. Un succès dont témoigne par exemple le nombre de personnes ayant suivi l’investiture à la télévision. Les médias ont également eu une couverture biaisée des groupuscules anti-Trump, qui avaient justement pour objectif de faire échouer l’investiture en bloquant les accès à la cérémonie… La chaîne CNN est même allée jusqu’à évoquer en direct un possible attentat contre Trump, le jour de son investiture.

    De leur côté le New York Times, le Washington Post et NBC se positionnent comme de prétendus résistants face au nouveau pouvoir. CNN a choisi de ne pas diffuser la première déclaration à la presse du porte parole de Trump, décision saluée par la plupart des médias qui souhaitent un rôle « différent » durant la nouvelle présidence.

    Selon Vladimir Poutine, l’oligarchie américaine tente de déstabiliser la présidence Trump, pour saper sa légitimité et réduire sa capacité d’action. En marge d’une rencontre avec son homologue moldave, le président russe a qualifié d’« intox » toutes les polémiques concernant de prétendues frasques sexuelles de Trump en Russie. Poutine a en outre relevé que cette déstabilisation va d’abord contre les intérêts américains.

    http://fr.novopress.info/

  • Réseaux sociaux contre RT : une «fausse guerre contre fausses nouvelles»

    RT est devenu persona non grata sur les réseaux sociaux américains, visiblemet sans raison valable. D’après l’ex-agent du MI5 Annie Machon, il s’agit du «premier revers dans la guerre auto-proclamée contre les « fake news »».

    RT France : Facebook a – à tort – bloqué le compte de RT à cause de «droits d’auteur non acquis». A quel point le filtre médiatique du réseau social est-il sensible ?

    Annie Machon (A. M.) : C’est le premier revers dans la guerre auto-proclamée par Facebook contre les «fake news». Dans la foulée de la liste présentée par le site obscur propornot, incluant 200 médias du monde entier qui colporteraient de «fausses informations» en offrant une alternative aux entreprises médiatiques américaines – RT y figurait – Facebook et Google ont déclaré soumettre à une censure les médias figurant sur cette liste. Ils utilisent les droits d’auteur comme excuse pour censurer une chaîne d’information légitime et l’empêcher de couvrir les événements qui se passent dans le monde. Mais le reste du monde va les regarder sur d’autres chaînes sans aucun problème.

    RT France : Lors du Forum économique mondial à Davos, un représentant de Facebook a confirmé l’engagement pris par le réseau de s’attaquer au phénomène dit des «fausses nouvelles». Cela en fait-il partie ?

    A. M. : Cela en fait partie. Il n’y a pas que Facebook et Google qui ont dit qu’ils allaient se battre contre ces prétendues «fake news». L’Union européenne a également publié une directive au mois de novembre annonçant la création d’une agence pour traiter le problème des «fausses informations». Des pays comme la France ou l’Allemagne propagent déjà l’idée qu’il pourrait y avoir du piratage et des activités non démocratique lors de leurs élections cette année. Mais il est intéressant de voir que les droits d’auteur servent de prétexte pour exercer la censure. Depuis des années, je dis que les médias sont utilisés par les gouvernements comme des organisations mandataires.

    Il y a un combat en ce moment entre le président élu Donald Trump et les services secrets

    RT France : La suspension a été imposée sur le compte Facebook de RT avant l’investiture de Donald Trump et ne sera levée que le lendemain. Est-ce une coïncidence ?

    A. M. : Pas du tout. Comme je l’ai dit, c’est le premier revers de cette bataille – la fausse bataille contre les «fausses informations». Rappelons-nous comment ce concept de «fake news» est apparu : d’une manière ou d’une autre, les informations du Comité national démocrate ont été divulguées l’année dernière. Les gens ont reçu cette information et WikiLeaks l’a dit sans équivoque : «Il ne s’agit pas de piratage mais d’une fuite.» Cependant, les grands médias américains ont décidé que c’était un piratage russe et que la Russie avait piraté les élections américaines. Rien n’a été prouvé, sinon que certaines de ces choses étaient fausses et Barack Obama a renvoyé 35 diplomates russes avant Noël sans qu’il n’ait de preuve. Cette fausse guerre contre les «fausses nouvelles» est fondée sur un grand mensonge.

    RT France : Par ailleurs, RT a reçu une demande de la part de YouTube exigeant de leur faire savoir si certains de ses employés figuraient sur la liste des sanctions. Aucune justification n’a été donnée. Qu’est-ce qui pourrait motiver cela ?

    A. M. : Qui sait ? On tire les ficelles depuis les coulisses, surtout en Amérique. Les grandes entreprises médiatiques et d’internet y prouvent depuis des années qu’elles sont très fortement liées à l’Etat américain et aux services secrets. Nous le savons grâce aux révélations d’Edward Snowden. En Amérique, les agences de renseignement ont accès aux bases de données de tous les géants d’internet et des réseaux sociaux. Il y a un combat en ce moment entre le président élu Donald Trump et les services secrets.

    Annie Machon a travaillé pour le MI5, les services secrets britanniques, puis a démissionné à la fin des années 1990 aux côtés de David Shayler pour dénoncer l’incompétence des espions et les tentatives d’intimidation. Elle est à présent conférencière, écrivaine, commentatrice, militante politique et consultante en relations publiques.

    Source

    http://www.voxnr.com/7770/reseaux-sociaux-contre-rt-une-fausse-guerre-contre-fausses-nouvelles

  • Le monde va vers une crise financière majeure, bien pire qu’en 2008

    Menace d'une très lourde amende aux États-Unis - elle pourrait atteindre les 14 milliards de dollars pour son implication dans la crise des subprimes en 2007, Deutsche Bank fait depuis plusieurs mois les titres de l'actualité. Mais qui est cette banque auprès de laquelle le gouvernement allemand refuse - du moins officiellement - de venir en aide ? Pendant plus d'un siècle, rétablissement fondé par Adelbert Delbrück, étroitement lié aux fleurons industriels allemands, a régné en maître sur le capitalisme rhénan. Lorsque la Deutsche Bank a racheté Morgan Grenfeld en 1989 puis dix ans plus tard l'Américain Bankers Trust, elle s'est transformée en un fonds spéculatif géant (ou « hedge fund »). Sa division Global Market est devenue un pilier majeur de la banque. La Deutsche Bank se plonge dans le jeu des paris risqués et devient un des acteurs principaux des plus grands scandales financiers au monde : manipulation de taux, de devises ou de certificats de CO2, crédits "subprime", qui le rattrapent aujourd’hui avec la menace d'amende ci-dessus mentionnée.

    La qualité incertaine des bilans des services de cette banque liés aux activités spéculatives est la source première de l'inquiétude qu'elle suscite. Deutsche Bank, ce sont des pertes de 6,8 milliards d'euros et une capitalisation boursière qui a fondu de moitié depuis le début de 2016. Son action, qui valait 102 euros en 2007, n'en vaut plus que 12 actuellement. ; c'est aussi 72 000 milliards d'euros de produits dérivés, tels les « Coco Bonds) »(1) que Warren Buffet, l'investisseur le plus riche au monde, a déjà qualifiés « d'armes de destruction financière massive ».

    Le cas de la Deutsche Bank est emblématique de la situation financière internationale actuelle : la crise de 2008 n'a pas calmé les ardeurs spéculatives : c'est tout le contraire qui s'est passé. La dette globale des gouvernements, des entreprises, des ménages et ai monde financier a augmenté de - 57 000 milliards de dollars entre 2007 et 2014 pour atteindre 200 000 milliards de dollars, soit 286 % du PIB mondial (selon le cabinet Mac Kinsey), le tiers de cette augmentation étant imputable aux États. La valeur des actifs financiers dépasse 250 000 milliards de dollars tandis que les produits dérivés hors bourse - les OTC (cf. ci-après) dont les transactions se font directement entre les courtiers (traders) et pour lesquels il n'existe pas de comptabilité transparente - sont de l'ordre… de 630 000 milliards de dollars ! On estime que 40 % des transactions boursières aux États-Unis se font hors de la bourse contre 16 % en 2008. De même, les établissements traditionnels de dépôt ne représentent plus que 20 % des marchés de crédit.

    Quel est l'état des lieux et que peut-on envisager dans un avenir relativement proche ?

    Des réglementations toujours plus contournées

    Certes, depuis 2008, les Etats et les institutions officielles ont pris de multiples mesures d'assainissement. l'augmentation des fonds propres des banques afin de réduire les risques liés à leur exposition et tes tests de solvabilité sont tes plus connues de ces mesures. Plus de 14 000 mesures de régulation du secteur bancaire et financier ont été édictées le Dodd Franck Act voté en 2010 avec ses 2 300 pages dont l'objectif est de mettre de l’ordre dans la finance en est une pièce maîtresse ainsi que son annexe, la règle de Volker de 2010 visant à limiter les investissements spéculatifs (2) ; le ratio structurel de liquidité à long terme (NSFR) des accords Bâle III (3), Mifid II de 2014/16 (ou Directive des marchés d'instruments financiers révisée visant à réformer les marchés financiers dans l'Union européenne et à réguler les marchés de capitaux).

    Or l’activité financière et bancaire contourne de plus en plus les circuits réglementés elle se déplace vers des lieux et des pratiques pour le moins opaques, que l'on désigne sous l'appellation générique de « finance de l'ombre » (en anglais Shadow banking). Celle-ci représente, selon le Conseil de stabilité financière (CSF), organe créé par le G20 en 2009 pour surveiller les risques financiers, plus de 80 000 milliards de dollars d'actifs, soit plus que le PIB mondial estimé à 78 000 milliards de dollars.

    Par surcroît, ce secteur connaît une croissance supérieure au secteur bancaire traditionnel, visible et soumis aux règles officielles : plus de 30 % de progression entre 2007 et 2014. Il représente plus de 25 % du système financier, les banques traditionnelles voyant leur part réduite à 45 %, celle-ci diminuant sans cesse. En 2016, aux États-Unis, 75 % des crédits accordés aux entreprises le sont par des sociétés non bancaires : fonds spéculatifs, sociétés de leasing, sociétés d'assurances. En Europe, si les banques comptent encore pour les deux-tiers dans les fournisseurs de crédits aux entreprises, cette part ne cesse de diminuer, et cela rapidement.

    Cela signifie qu'une part croissante de l'endettement échappe aux règles bancaires édictées par les États et les organismes internationaux. Ces affaires sont traitées par des fonds spéculatifs spécialisés dans les activités de crédit, par des fonds de capital-investissement.

    En outre, ces crédits reposent sur du financement à court terme selon le mécanisme suivant les prêteurs empruntent sur le marché monétaire à des taux très bas puis investissent ces liquidités en gagnant sur la différence entre le coût de leur emprunt et les bénéfices de leurs placements. En outre, à côté des bourses officielles, apparaissent des bourses non réglementées - les dark pools - (ou fonds communs noirs), créées par de grandes banques et des sociétés de courtage pour des cercles d'investisseurs, au sein desquels s'échangent toutes sortes de produits financiers (actions, obligations, produits dérivés) de manière non transparente, c'est-à-dire sans publicité des prix annoncés d'achat et de vente.

    Autrement dit, la spéculation ne s'est jamais aussi bien portée que depuis la crise de 2008 née elle-même de pratiques spéculatives. Surtout, une part croissante de la finance échappe à toute régulation tout se passe comme si, au fur et à mesure que les États voulaient établir - sinon rétablir - leur autorité sur le monde de la finance, celui-ci se dérobait toujours plus. Plus les États imposent légalement des règles de prudence, plus l'activité financière déserte les circuits "officiels" Lorsque des contraintes réglementaires entravent l'expansion des marchés, les affaires émigrent dans des zones nouvelles, non réglementées. L'inventivité financière semble ne pas avoir de limites. Les seuls acteurs financiers qui sont sous contrôle sont comme toujours, les moins dangereux, les petites institutions bancaires qui n'ont pas les moyens, ou l'occasion, de se soustraire. Cela présente un accroissement considérable, quasi exponentiel, des risques qui pèsent sur l'économie réelle, sur les comptes des particuliers, des entreprises, surtout les petites et moyennes.

    La troubles connivence des autorités publiques

    Néanmoins, à l'origine de ces dérives, se trouvent les pouvoirs publics, en l'occurrence les banques centrales qui, en espérant relancer l'activité économique, pratiquent une politique de crédit gratuit et même, maintenant de crédit subventionné en ce sens que leurs taux d'intérêt sont négatifs : en clair, cela signifie que les emprunteurs ne paient plus de taux d'intérêt mais au contraire reçoivent des banques centrales de l'argent lorsqu'ils empruntent. Autant dire que ce jeu malsain ne pourra durer indéfiniment.

    Ce n'est pas tout : la mise en place des réglementations est anormalement longue. Certes, l'obstruction de groupes d'intérêts joue son rôle. Mais les organes de régulation trouvent un intérêt au développement de cette finance de l'ombre (fonds spéculatifs, sociétés de private equity liées aux précédents)(4). Selon le CSF, il s'agit d'une source de diversification des risques pour le système bancaire et cela offre une saine concurrence aux banques.

    L'inflation de crédit est telle que le fait de remonter les taux d'intérêt tant soit peu risque de provoquer une crise, comme lorsque la Réserve Fédérale américaine (FED a entre 2004 et 2007 relevé son taux directeur à plus de 5 %. Mais nous y reviendrons - c'est une pratique constante dans l'histoire financière lorsque ceux qui détiennent les leviers de la finance veulent provoquer une crise, ils laissent la spéculation se développer sur un fond de facilités de crédits puis, à un moment jugé propice, ils font remonter les taux, provoquant inévitablement une crise. Celle de 1929 a été provoquée ainsi par le relèvement des taux le 6 août 1929, l'effet se produisant en octobre.
    Par ailleurs, la lutte contre les paradis fiscaux, affichée par les différents États occidentaux, est antinomique du développement de cette finance de l'ombre puisque l'objectif de cette dernière est de rendre invisibles les traces de ces transactions. L'un concerne une sorte de marché noir boursier, l'autre concerne un marché noir fiscal il s'agit de rendre le moins identifiables possibles ces transactions et surtout leurs auteurs. En établissant les transactions dans des zones extra-territoriales, derrière des façades juridiques et des prête-noms, des fortunes entières échappent à tout contrôle et taxation de la part des États. L'évasion fiscale serait de Tordre de 30 000 milliards de dollars, selon Tax Justice Network (Le Monde, 04/04/2013).

    En outre, étant donné que les activités financières s'évadent dans un monde opaque, comment les autorités publiques peuvent-elles les réguler lorsque la plupart des informations nécessaires à cela leur échappent ?

    Depuis longtemps, le principe fondamental qui guide la finance est la spéculation, notamment en se finançant à court terme pour créer des produits à long terme. Les taux bas facilitent ce jeu pervers et dangereux. Tout cela ne peut que développer de manière vertigineuse ce que l'on appelle les « risques systémiques ». Mais quels sont les pratiques et les acteurs de cette dérive ? Nous allons maintenant donner quelques éléments de réponse.

    Les fonds spéculatifs

    Les fonds spéculatifs (FS.) sont des fonds ; d'investissement non cotés fondant leur activité sur la spéculation. Ils recherchent des rentabilités élevées et usent des produits dérivés(5) tout autant que de « l'effet de levier » (en anglais LBO Leveradge Buy Out), c'est-à-dire l'achat d'actifs ou de sociétés avec un maximum d'endettement et un minimum de fonds propres. Les fonds spéculatifs (ES) présentent l'intérêt d'offrir une diversification supplémentaire aux porte-feuilles "classiques" car leurs résultats sont en théorie déconnectés des performances des marchés d'actions et d'obligations réglementés. Or, avec les réglementations qui renchérissent et compliquent les transactions, les entreprises se financent de plus en plus sur ces circuits, au point que l'essor de la dette d'entreprises sous forme d'obligations a marginalisé le crédit bancaire, principalement en ce qui concerne la dette de faible qualité qui ne cesse de croître (cf., ci-après). Alors que les banques doivent reconstituer des fonds propres pour répondre aux nouvelles réglementations pour couvrir ; les risques de trading et de crédit, que la . spéculation est encadrée, les fonds spéculatifs (FS), qui n'ont pas ces contraintes, ont pu se développer à leur aise.

    De fait, depuis 2008, les fonds spéculatifs (FS) ont commencé à pratiquer l'activité bancaire. Certes, ce ne sont pas des banques dans la mesure où ils ne prennent pas de dépôts mais leur rôle s'y assimile. D'ailleurs, en 2008, ils avaient bénéficié des crédits des banques centrales tout comme les banques. Aujourd'hui, l'essentiel du crédit d'entreprise passe par rémission d'obligations sur le marché des capitaux, notamment aux États-Unis, la part du crédit bancaire, est passée de 25 % à moins de 10 % entre 1980 et 2014 tandis que celle des obligations est passée de 37 % à 59 % durant la même période. En Europe, cette part est descendue sous les 60 %. Les fonds spéculatifs (FS) sont ainsi devenus des créanciers majeurs des entreprises dans la mesure où ils achètent leurs titres et les gèrent pour le compte de celles-ci.

    Or, par l'importance des fonds investis et les risques pris dans leurs stratégies d'investissement peu ou pas réglementées, ils développent des risques potentiels élevés, d'autant plus qu'ils n'ont pas d'obligation de les publier seule une faible part de leur activité est connue lorsqu'elle passe par les circuits régulés.

    En fait, ils veulent bénéficier du statut bancaire sans en avoir les contraintes. Au-1 dace dans la prise de risque, informations proches du délit d'initiés font la force de ces fonds spéculatifs (FS). Parmi eux figure George Soros.

    Les activités de "Private equity"

    Plus encore, l'activité de conseil sur les marchés des capitaux est passée en grande partie des banques aux fonds traitant des affaires de private equity. Ceux-ci conseillent les opérations de fusion-acquisition. Les actifs de private equity sont de Tordre de 3 800 milliards de dollars (dont 2 800 milliards de dollars pour les fonds spéculatifs). Ils ont nom Blackstone, Carlyle, KKR (Kohlberg Kravis Roberts). On les retrouve dans le financement de la Silicon Valley, dans celui de Uber Technologies qui a défrayé la chronique avec ses taxis. Ce sont des fonds de capital-investissement qui jouent d'égal à égal avec les banques sans en avoir les contraintes. Les risques encourus sont élevés d'autant plus qu'ils ne peuvent se refinancer auprès des banques centrales.

    Jusqu'à présent, cela leur réussit.

    Blackstone, qui a racheté en 2015 le fonds immobilier Stratégic Hotels & Resorts, est devenu au fil de ses opérations le premier propriétaire immobilier des États-Unis à travers sa société Invitation Homes LP division. Ce même Blackstone a ainsi été au centre des opérations de restructuration de la dette à la suite de la crise de 2008. Alors que les banques se défaisaient des titres de dette douteux, les fonds spéculatifs (FS) les rachetaient pariant sur des revalorisations d'actifs futurs.

    Leur rôle s'est développé car les courtiers (traders) chevronnés des banques quittaient les salles de marché de celles-ci pour rejoindre les bureaux des fonds spéculatifs (FS) et cela, d'autant plus qu'ils bénéficient de rémunérations plus élevées. Leur souplesse et leur faculté d'adaptation les rendent beaucoup plus aptes à réagir à la volatilité de la finance. Mais, soi-disant "ennemis", tous sont en quelque sorte complices car les banques perçoivent de juteuses commissions versées par les fonds spéculatifs (FS) à travers leurs services de « prime brokerage » (courtage, prêts en LBO - levéraged buy-out, c'est-à-dire achats à effet de levier - etc.). Parmi ces fonds citons Blackrock, Citadel, Frallon Capital, Cerebus, le groupe Carlyle. En outre, ces groupes sont domiciliés pour les deux tiers dans les paradis fiscaux ou réglementaires, les « off shore » (les Caïmans, Guernesey, Des Vierges, Bermudes etc.).

    Leur recette consiste à lancer des paris conjointement longs pour les acheteurs et courts pour les vendeurs, ce qui leur permet de gagner lors des hausses comme des baisses de marchés. Ils peuvent avoir un levier îâe 9 (pour investir un dollar, ils empruntent 9 dollars. Aussi, lorsqu'ils ont une exposition de ! 30 000 milliards de dollars, c'est-à-dire un volume de 30000 milliards de pertes potentielles, ils gèrent en réalité 3 000 milliards de dollars. Blackrock (créé en 1988) gère plus de 4 600 milliards de dollars de fonds de placement, soit bien plus que le bilan des plus grosses banques !

    L'influence de certains fonds spéculatifs (FS) a également la capacité d'influencer les marchés car ils représentent environ 15 % des transactions sur Nyse Euronext et le London Stock exchange. Sur le marché de là dette d'entreprises en difficultés, ils représentent 80 à 90 % du courtage (ou trading) et le quart des échanges de la dette « High Yeld » (c'est-à-dire les emprunts risqués qui, en contrepartie, offrent un fort rendement). Sur le marché des dérivés de crédit, leur part atteint 55 % et 20 % sur le marché des bons du Trésor américain. Le risque potentiel est donc toujours plus grand.

    Evidemment, mises en danger, les banques ont réagi : elles ont développé des pratiques similaires, mais en usant de leur privilèges de banques ! Elles ont donc développé plus largement la spéculation...

    Signalons aussi les activités d’asset management (gestion de fonds privés et institutionnels et étant à l'origine des activités de gestion d'actifs immobiliers) gérés par des sociétés (Blackrock, Fidelity, Vanguard, Prudential Financial, Franklin Templeton, Northen Trust) aussi puissantes que les banques. Elles gèrent près de 90 000 milliards de dollars, Blackrock gère plus de 4 600 milliards de dollars de fonds de placement, soit bien plus que le bilan des plus grosses banques. Les asset managers évoluent certes dans le respect des règles officielles mais développent leur activité dans l’intermédiation de crédit en prêtant directement aux entreprises à travers l'emprunt obligataire. Les compagnies d'assurance (tel Axa en France) font de même, tout comme les fonds spéculatifs (FS). Pour ce faire, ils travaillent avec des marchés peu ou pas régulés et manipulent des produits financiers titrisés.

    Le financement repo

    Repo signifie « Repurchage agreement » se financer à court terme moyennant une garantie (un collatéral) sous forme de titres. Ainsi, ce marché permet d'utiliser comme garantie des litres financiers en échange de prêts à faible taux et de courte durée. Comme il n'est pas régulé et peu cher, il s'est développé fortement depuis quarante ans. Ce marché engendre une dette à court terme très volatile et les risques sont accrus d'autant plus qu'un même collatéral est utilisé plusieurs fois pour de multiples transactions. C'est la principale source de financement des fonds du marché monétaire (Précisons que le marché monétaire est le marché des capitaux à court terme, à la différence du marché financier qui est le marché sur lequel sont émis et échangés les titres à moyen ou à long terme, comme les actions et les obligations). Ce marché est de l'ordre de 10 000 milliards de dollars.

    Ce marché repo est alimenté par la Réserve Fédérale (FED) qui fournit des liquidités contre le nantissement de collatéral à une vingtaine de grands établissements bancaires qui prêtent à leur tour ces fonds sur le marché repo. Son opacité fait qu'il participe à la nébuleuse financière de l'ombre.

    En réalité, avec les très bas taux d'intérêt actuels, le marché Repo permet d'assurer des financements malsains dans la mesure où l'on y finance des emprunts à long terme (plusieurs années) avec des effets à court terme (quelques jours ou semaines). Mais que survienne une crise de liquidités, à savoir une détérioration des actifs, et le système se bloquera très vite. Il suffirait que les taux de base bancaire remontent quelque peu significativement ! Le sauvetage du marché immobilier états-unien après 2008 s'est réalisé largement à travers ce marché repo sans qu'aucune mesure ne soit prise pour tenter de le réguler. Actuellement, les bons du Trésor américain et les titres des agences Fannie Mae et Freddy Mac, à l'origine de la crise de 2008, représentent plus de 80 % du collatéral du marché repo. On imagine comment une nouvelle crise de l'immobilier pourrait à nouveau provoquer une crise majeure immédiatement sur les marchés.

    Une dette de toujours moindre qualité

    Quant à la qualité des dettes, elle est de plus en plus médiocre. En 2013, plus de 70 % des émissions de dette étaient classées B par les agences de notation, ce qui signifie qu'elles étaient de très mauvaise qualité cette catégorie ne représentait que le tiers de la dette vingt ans auparavant. Pire encore, en 2016, se négocient des dettes de la catégorie C, celle des dettes "pourries". Mais la spéculation offre de belles perspectives de rendement sur ces titres et cela suffit pour attirer investisseurs qui ne vont pas voir plus avant. Cette dette dite « High Yield » (à haut rendement) est en fait une dette à très haut risque. « Aux États-Unis, le marché du "high yield" est composé d'environ 20% de titres liés au pétrole et au gaz. Certains analystes n'hésitent pas à faire le parallèle avec les crédits immobiliers "subprime" qui avaient déclenché la crise financière de 2007-2008. En effet, les obligations "high yield" se sont glissées discrètement dans de nombreux produits et fonds vendus par les réseaux bancaires au grand public, qui n 'est pas forcément tenu au courant des risques encourus... » (Boursier, com 16/01/2016)

    Il va sans dire que la qualité des bilans des banques se détériore en proportion de ce pourrissement, tandis que, répétons-le, l'activité du monde financier tend à passer de plus en plus dans l'ombre, voire dans le fuligineux. Voilà une situation hautement malsaine.

    Les dark pools

    Comme il faut bien se retrouver pour pratiquer ces activités de l'ombre, ont été créées des plateformes d'échange alternatives, à savoir les « Dark Pools ». Là encore, ces marchés ont été à l'origine encouragés par les Etats qui y voyaient un moyen de casser le monopole des bourses traditionnelles. Mais ils se sont retrouvés pris à leur propre piège car elles servent à contourner les places boursières officielles et donc réglementées. C'est ainsi que celles-ci se retrouvent de plus en plus marginalisées depuis quelques années. Actuellement, selon l'agence Bloomberg, 18 % des volumes de trading passent par ces places (plus de 40) mais 40 % des transactions. Si en Europe, les volumes sont moindres, ils connaissent un rapide développement.

    Il est évident, là encore, que l'opacité de ces places de marché fait qu'elles recèlent des potentialités de risques très élevées.

    Que dire des marchés de produits dérivés qui constituent le secteur le plus important du monde financier ? Autant dire qu'ils permettent de spéculer sur des sous-jacents comme les matières premières, les taux d'intérêt... bref, n'importe quel actif, même les plus "exotiques". Or, par surcroît, la plupart des dérivés s'échangent sur les marchés de gré à gré, dits O.T.C. (pour over-the-counter), à savoir des marchés hors bourse. Les volumes de transaction y sont beaucoup plus importants que ceux qui sont enregistrés sur les marchés organisés. Selon la BRI., en décembre 2011, les montants notionnels étaient de plus de 700 000 milliards de dollars sur les marchés O.T.C, contre 58 000 milliards de dollars sur les marchés organisés.

    Les dérivés sont la figure emblématique de la finance virtuelle, celle qui est la plus déconnectée de l'économie réelle. Certains dérivés comme les CDS (Crédit défault swaps) qui sont comme une sorte d'assurance contre les défaillances de titreront joué un rôle majeur dans le déclenchement et le développement de la crise grecque à partir de 2010.

    Or ce marché non réglementé, opaque par essence, aux risques très mal provisionnés est plus important que le marché bancaire officiel, réglementé qui échappe aux règles prudentielles édictées depuis 2010 comme le Dodd Frank Act aux États-Unis. Une vingtaine de banques et fonds spéculatifs, tels JP Morgan, Goldman Sachs, City Group, Bank of America, dominent ce secteur. Le gouvernement américain a promis d'établir rapidement des règles de surveillance : mais ne seront-elles pas de nouveaux coups d'épée dans l'eau à l'instar des mesures antérieures ? Tout porte à le penser au vu de l'expérience récente.

    Où cela peut-il nous conduire ?

    Aussi longtemps que les taux d'intérêt restent bas, la pratique d'un tel équilibrisme (absence de gestion des risques ou couverture des risques très insuffisante) paraît sans danger. Les différences sont peu sensibles entre bons et mauvais débiteurs et la prise de risque est de facto encouragée. Mais au fil du temps, les funambules deviennent de plus en plus lourds sur un fil de plus en plus mince.

    Lorsque les taux remonteront, les différences de qualités de titres de dette vont se manifester rapidement et les taux de défaut et d'insolvabilité vont très vite augmenter. En outre, la logique financière est subvertie avec des taux bas, voire négatifs, il est plus avantageux de s'endetter que d'épargner !

    Quant aux dettes publiques, elles ne pourront jamais être remboursées, ne serait-ce qu'à cause du vieillissement des populations et de l'absence de croissance forte en rapport avec l'endettement... d'autant plus que ces dettes financent moins les investissements que les transferts sociaux.

    Or cette dette publique et privée qui se monte à plus de 200 000 milliards de dollars est, en dernier ressort, détenue par quelques groupes parmi lesquels on retrouve les Rockefeller, Rothschild et autres établissements. Il suffit qu'ils décident, comme en 1929, ainsi que cela a été énoncé précédemment, de relever les taux d'intérêt et empêchent le refinancement de la dette, provoquant une crise de liquidité, pour que le système financier vacille, voire s'effondre, provoquant une panique généralisée et une crise dès plus graves qui soit.

    L'effondrement du marché du crédit asséchera l'économie. Les États ne seront plus en mesure de rétablir le courant de signes monétaires comme cela s'est produit en 2008-2009. D'ailleurs, qu'on en juge les fonds propres de la FED représentent moins de 13 % de son bilan. Il y aura des défauts comme cela s'est produit en Grèce, des annulations de dettes comme en Irlande, des confiscations comme à Chypre ou au Portugal (avec l'affectation obligatoire des pensions publiques).

    L'un des moyens utilisés pour remédier à une telle situation sera de faire financer l'économie par le recours aux DTS, ces Droits de tirage spéciaux, inventés en 1969 et qui constituent un panier de monnaie international la monnaie mondiale par excellence et cela, d'autant plus que curieusement, le yuan (ou renminbi) a été accepté ce mois d'octobre dans le panier constitutif des DTS alors que sa monnaie n'est pas encore entièrement convertible. Nous pouvons supposer que ces financiers mondialistes de la City et de Wall Street vont être assez altruistes pour inciter à leur large mise en circulation et les compenser avec des actifs réels. Ils auront ainsi réussi un coup de maître en conduisant à l'instauration d'une monnaie mondiale et, par récurrence, à pousser à l'instauration d'une gouvernance mondiale.

    Toutefois, l'imprévu étant ce qui caractérise le mieux l'histoire, rien ne garantit que les événements se déroulent ainsi. La téléotélie est toujours l'invitée surprise des événements. Les nationalistes doivent se préparer en vue de cela. Et une mesure cardinale consistera à interdire la spéculation sur les marchés à terme, les paris sur les variations de litres financiers. C'était la règle jusqu'au milieu du XIXe siècle ; elle pourra être rétablie le moment venu.

    André Gandillon, Président des Amis de RIVAROL

    Rivarol du 12 janvier 2017

    1) Coco Bonds (obligations convertibles conditionnelles) qui font qu'en cas de crise, elles sont immédiatement convertibles en actions ; mais leur principal peut aussi être liquidé. Les risques sont donc grands, La Deutsche Bank, qui inquiète tout le monde, notamment à cause des amendes qui pèsent sur elle, a vu ainsi ses Coco Bonds baisser.

    2) La règle Volcker, partie intégrante du Dodd-Frank Act, interdit aux banques le trading pour compte propre et limite l'investissement dans certains actifs tels que les fonds spéculatifs et les activités de private equity menées par les banques commerciales et leurs filiales.

    3) Le ratio structurel de liquidité à long terme (NSFR, Net Stable Funding Ratio) est l'un des éléments essentiels des réformes du Comité de Bâte visant à accroître la résilience du secteur bancaire. Le NSFR exigera des banques qu'elles maintiennent un profil de financement stable s'agissant de la composition de leurs actifs et de leurs activités de hors-bilan. Une structure de financement viable est censée réduire la probabilité que des difficultés qui perturberaient les sources de financement régulières d'une banque érodent sa position de liquidité au point d'accroître le risque d'une défaillance et, potentiellement, d'engendrer des tensions susceptibles de s'étendre à tout le système. Le NSFR limite un recours excessif aux financements de gros à court terme, encourage une meilleure évaluation du risque de financement pour l'ensemble des postes de bilan et de hors-bilan et favorise la stabilité des financements. Le présent document décrit la norme NSFR et son calendrier de mise en œuvre.

    4) Private equity ou investissements dans des sociétés non cotés en bourse, selon le principe qui consiste à acheter une entreprise, puis à la revendre ultérieurement en ayant auparavant reversé une part de l'emprunt grâce aux revenus de l'entreprise.

    5) Les dérivés sont des instruments financiers construits à partir d'un titre ou d'un indice "sous-jacent" permettant à un agent de réaliser des opérations sur le futur pour se couvrir contre les risques de défaut ou en tirer parti.

  • L'avortement est aussi le sujet du moment aux Etats-Unis

    Lundi 23 janvier, le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York et chef du Comité pour les affaires « pro vie » de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, a salué le décret signé par le nouveau président Donald Trump le même jour afin de retirer des « impôts des contribuables les fonds accordés aux ONG internationales qui promeuvent ou pratiquent des avortements à l’étranger (souvent en violation des lois du pays d’accueil même) ».

    « Il s’agit d’un pas bienvenu vers le rétablissement et le renforcement de politiques fédérales importantes qui respectent le plus fondamental des Droits de l’homme, le droit à la vie –, de même que le consensus de longue date et bi partisan contre l’obligation faite aux Américains de participer à l’acte violent d’avorter ».

    6a00d83451619c69e201b7c8cdb066970b-800wi.jpgPar ailleurs, l'annuelle March for Life aura lieu vendredi 27 janvier à Washington. Donald Trump a mandaté sa conseillère spéciale, Kellyanne Conway, pour l'y représenter. Son ancienne directrice de campagne figure parmi les principaux invités à intervenir à la tribune, aux côtés du cardinal Timoty Dolan.

    Quand on pense que, dimanche dernier à Paris, il n'y avait ni un évêque ni un député pour marcher contre l'avortement...

    Enfin 3e sujet, mais certainement le plus important, Donald Trump révélera la semaine prochaine le nom de son candidat pour occuper le neuvième siège de magistrat à la Cour suprême. La plus haute instance judiciaire des Etats-Unis fonctionne depuis près d'un an, suite au décès du conservateur Antonin Scalia, avec 8 juges, dont 3 réellement conservateurs, 3 réellement progressistes et un, classé conservateur mais qui a tendance à se rallier à la gauche. Barack Obama n'était pas parvenu à imposer son candidat et c'est heureux.

    Donald Trump a précisé :

    "Nous avons des candidats exceptionnels et nous choisirons un juge de la Cour suprême vraiment extraordinaire". "Je suis pro-life et les juges seront pro-life"

    La Cour suprême est appelée à trancher sur des dossiers très sensibles : avortement, dénaturation du mariage,... Ses juges sont nommés à vie par le président. Ils doivent être confirmés par un vote du Sénat.

    Le nouveau président républicain a indiqué qu'il disposait d'une liste de 20 candidats possibles. Pendant la campagne, il avait publié une première liste de 11 candidats potentiels. Parmi eux figuraient

    • Don Willett, un Texan siégeant à la Cour suprême de cet Etat républicain.
    • William Pryor, juge fédéral catholique qui a qualifié la loi autorisant l'avortement de "pire abomination de l'histoire du droit".
    • Diane Sykes a fait parler d'elle en infirmant un jugement restreignant les stands de tirs dans Chicago intra-muros.
    • Steven Colloton, juge fédéral de l'Iowa;
    • Thomas Lee, juge de la Cour suprême de l'Utah et frère du sénateur conservateur Mike Lee;
    • Allison Eid, juge de la Cour suprême du Colorado;
    • Raymond Gruender, juge fédéral du Missouri;
    • Thomas Hardiman, juge fédéral de la Pennsylvanie;
    • Raymond Kethledge, juge fédéral du Michigan;
    • Joan Larsen, de la Cour suprême du Michigan;
    • David Stras, de la Cour suprême du Minnesota.

    Notons que l'une des juges de gauche, Ruth Bader Ginsburg, qui avait effectué une sortie anti-Trump durant la campagne, alors qu'elle est soumise au devoir de réserve, est âgée de 83 ans...

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • DE WASHINGTON à BANJUL EN PASSANT PAR PARIS, AINSI VA LE MONDE...

    Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat

    2931337495.jpgNe le dîtes à personne, mais le 20 janvier 2017 Jean-Marie Le Pen est entré à la Maison blanche ! « America first », le slogan de Donald Trump, semblait résonner comme un écho venu d’outre-Atlantique à celui du leader du Front national d’hier, « La France et les Français d’abord ».

    Toute la campagne du vainqueur de l’élection présidentielle aux Etats-Unis était axée sur la protection prioritaire de son pays et de ses citoyens, comme l’a démontré le premier bras de fer avec les constructeurs automobiles, ses promesses pour continuer le mur aux frontières avec le Mexique et la renégociation du traité de l’ALENA avec ce dernier pays et le Canada. Sans oublier une politique apaisée avec le géant russe et une approche plus offensive vis-à-vis de la Chine « capitalo-communiste »…

    Ce sont donc les premières étapes de la mise en œuvre effective du concept de « préférence nationale » si cher à notre camp, celui de la Droite nationale, sociale et populaire. La pseudo élite de Washington ne s’y est pas « trumpée » en vouant aux gémonies le milliardaire à la crinière blonde. Tout – ou presque ? – aura été tenté pour déconsidérer le nouvel élu, frasques sexuelles supposées, tentative de le délégitimer en insistant sur le faible écart en voix à son détriment entre lui et sa concurrente. Mais la loi est la loi, et on ne change pas les règles du jeu en fin de partie !

    Si les constituants américains ont privilégié le système des « Grands électeurs », c’est pour donner plus de poids aux Etats composant la Fédération américaine, ne l’oublions pas. Ce qui explique le différentiel des suffrages entre le plus peuplé, la Californie – deux sénateurs – et un « petit », le New Hampshire par exemple, deux sénateurs également. Et « le Donald » a ainsi gagné une énorme majorité d’Etats. (Les représentants d’une République si « jacobine » comme la France, ne peuvent pas, évidemment, comprendre cela).

    A peine l’encre de la signature des premiers décrets présidentiels était-elle sèche, que des essaims d’anarchistes et autres fauteurs de troubles se ruaient sur la capitale fédérale, affrontant les forces de l’ordre et autre « troopers », rameutés pour assurer la tranquillité de la cérémonie d’inauguration. Entre parenthèses, la France n’y était représentée que par son ambassadeur, un certain Araud, qui s’était signalé par un tweet agressif à l’égard du Président à peine élu.

    Quand on a un diplomate comme ça, on le colle dans le premier avion avec un plan-retraite anticipé ! (Ne pas oublier qu’aux obsèques de l’assassin communiste Fidel Castro, c’est un ministre d’Etat de la République qui représentait la France, Ségolène Royal. Voici ce qui peut expliquer, partiellement, le peu de cas que le nouvel élu semble faire de notre pays). Le lendemain, partout dans le monde, des meutes de féministes appuyées par tout ce que le monde alternatif compte de militants, déferlaient dans les artères des grandes cités, y compris et avant tout à Washington. Que reprochent au juste ces femmes au propriétaire de la Trump Tower ?

    Des gauloiseries douteuses un peu trop appuyées sur la gent féminine ? Curieusement, lorsqu’il s’agit de défendre les droits bafoués de la femme musulmane, «  il n’y a plus d’abonné au numéro que vous demandez » ! Point de «femen » à l’horizon… Mais comme le dit un vieux dicton, « le chien aboie et la caravane passe ». Le nouveau Président US va contribuer à bouleverser la donne géostratégique planétaire.

    Peut-être rendre le monde plus sûr. Attendons d’en voir les résultats avant de hurler avec les loups. « Wait and see » comme l’on dit de l’autre côté de la Manche.

    La Blanche Neige du peuple de gauche et les sept nains

    Sept, ils étaient sept comme dans le conte de notre enfance. Sept candidats à faire le beau devant les caméras de télévision. Sept « nains » politiques tentant de séduire un électorat de plus en plus fuyant. Mais la « Blanche Neige » électorale a boudé ses petits nains. En France, la primaire des socialistes a tourné à la farce.

    Dans les QG des différents candidats, on cachait difficilement mais bien hypocritement, sa triste résignation devant un échec : seulement 1,6 million d’électeurs de gauche se sont déplacés pour couronner celui qui portera en avril les couleurs du PS. Entre un Montebourg plus que jamais bateleur d’estrade, un Hamon et son utopique revenu universel, un Monsieur Valls moins « screugneugneu » que d’habitude et un Benhamias au masque de « ravi de la crèche », la Blanche Neige du peuple de gauche a quitté la tanière des sept nains et est partie avec armes et bagages chez Macron ou Mélanchon.

    La fameuse tenaille aux deux branches, l’une centriste, l’autre gauchiste, se refermant semble-t-il sur un PS anémié, en panne d’idées sérieuses et d’effectifs. « Tout ça pour ça » diront les militants et sympathisants socialistes restés fidèles à la rue de Solférino.

    Cruelle déception dans les rangs d’un parti qui a bien plus que déçu ses partisans pendant tout le quinquennat – qui n’est , hélas, pas encore terminé – de François Hollande. (Lequel, soit-dit en passant, continue de porter la scoumoune : à peine avait-il quitté Gao au Mali, que ce pays était à nouveau ensanglanté pas des attaques terroristes ! Espérons pour le Chili où il était en visite officielle, qu’il n’y aura aucune secousse tellurique !).).

    En Afrique, UBU est toujours Roi

    Terminons ce petit tour d’horizon par une virée africaine. Chacun le sait, « qui a bu, boira ». Le Président gambien – la Gambie, vous savez, c’est ce « doigt » qui s’enfonce profondément sur la carte du Sénégal, séparant le nord du pays de la Casamance, au sud – l’islamiste Yahya Jammeh, avait perdu les élections du Ier décembre dernier face à son opposant Adama Barrow.

    Après avoir reconnu sa défaite et gouté de cet élixir électoral pendant 22 ans, il changeait d’avis et décidait de se cramponner au pouvoir, défiant le suffrage universel et la volonté populaire. Mais, sous « l’amicale   pression  » de ses voisins de la Communauté des pays de l’Afrique de l’Ouest (CDAO), il a pris le chemin de l’exil. Destination ? La Guinée Equatoriale où la famille Obiang règne et pille sans partage ce petit pays riche en pétrole. (A noter que le fils du Président, lui-même Vice-Président - ça reste en famille - a des démêlés sérieux avec la justice française).

    Dictateur un jour, dictateur toujours ? En tout cas, l’intervention musclée de la CDAO et principalement de l’armée sénégalaise, ont rendu ses droits constitutionnels au nouveau Président Barrow qui avait prêté serment, c’était plus sûr, à l’ambassade de son pays à Dakar. Seule ombre au tableau, le plus jeune de ses fils, un gamin âgé de huit ans resté apparemment sans surveillance au pays, a été mystérieusement dévoré par quatre pitbulls !

    Dans les rues de Banjul la capitale, l’ex-Bathurst des Anglais, la rumeur populaire dit que c’est le dernier sacrifice ordonné avant de partir, par un Président féticheur et fétichiste qui avait fait de son petit pays une « République islamique ».

    Terrible constat après le départ de Jammeh, le sang versé par cet innocent aura peut-être évité que ne coule celui de beaucoup d’autres Gambiens ? Insondable et imprévisible Afrique où les gris-gris ne dorment que d’un oeil….

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Trump contre médias : premier bras de fer ?

    Au lieu de tenter de s’attirer les bonnes grâces des médias dominants, il préfère les prendre bille en tête et en pleine face.

    Une fois parvenu à la magistrature suprême, cette éternelle alternative : faire le contraire de ce qui a été promis aux citoyens ou appliquer son programme électoral. À en croire ce qui s’est passé durant les précédentes décennies, la première option a souvent été privilégiée par rapport à la seconde, de François Mitterrand en Barack Obama, de Jacques Chirac en George W. Bush, de François Hollande en Aléxis Tsípras.

    Pour le moment, et autant qu’on puisse en juger, Donald Trump paraît camper sur l’option seconde. La preuve en est qu’au lieu de tenter de s’attirer les bonnes grâces des médias dominants – exercice tenant de la haute voltige, en son cas –, il préfère tout bonnement les prendre bille en tête et en pleine face.

    Au cœur du débat qui agite la sphère médiatique depuis ce week-end : les photos et les estimations de la foule rassemblée pour l’investiture du quarante-cinquième président. Il y aurait eu moins de monde que pour celle de Barack Obama – plausible et pas plus étonnant que ça. Il n’empêche que les clichés incriminés nous montrent, selon les sources, la pelouse du National Mall, bondée de monde, aussi dépeuplée que le cerveau d’un rappeur, ou alors dans l’entre-deux.

    Mais, aux USA, il n’existe pas, comme chez nous, l’équivalent d’une préfecture de police chargée de comptabiliser les manifestants, que ce soit au doigt mouillé ou sous les injonctions plus ou moins fermes du pouvoir en place.

    Alors, manip’ ou pas ? La plus plausible des hypothèses consiste à imaginer que les images en question n’avaient pas besoin d’être retouchées à la palette informatique : il suffisait juste de les prendre en début de rassemblement (peu ou pas de monde), au milieu (pas mal de monde), ou encore à la fin (un putain de monde). Pas vraiment de quoi refaire le monde, donc… 

    Et c’est là que le bulldozer Trump entre en marche. Kellyanne Conway, l’une de ses proches conseillères, affirme donc sur NBC : « Vous pouvez vous moquer autant que vous voulez, je pense que cela symbolise la façon dont nous sommes traités par la presse ! » Dans le même temps, la Maison-Blanche assène son message : « Nous suivrons deux règles simples : acheter américain et embaucher américain… » C’est proféré de manière abrupte, mais ça veut dire ce que cela veut dire. Et s’il n’y a pas de flou, c’est qu’il n’y a pas de loup, comme aurait pu ajouter Martine Aubry, celle qui murmure à l’oreille des éléphants du Parti socialiste. 

    Après, les images, leurs cadrages, le choix de tel ou tel cliché, tout cela fait aussi partie de l’inévitable viatique de la propagande, d’où qu’elle vienne. Sur le Champ-de-Mars, lors de la Manif pour tous, ils étaient censés n’être que 200.000, alors qu’ils étaient quatre fois plus. Aux Bleu-Blanc-Rouge, les fêtes lepénistes d’antan, la télévision ne montrait que les skinheads ayant pu échapper aux contrôles à l’entrée – contrairement à l’idée convenue propagée par les médias, ils n’y ont jamais été les bienvenus, ce n’est pas l’ami Batskin qui me contredira –, alors que le reste du peuple militant, déjà « invisible », n’apparaissait jamais à l’écran. De même, à la fameuse Fête de l’Humanité, en 1980, où j’étais évidemment, les trois chaînes d’alors ne montrèrent que le concert de Téléphone, reléguant le discours de Georges Marchais entre tiercé et météo.

    C’est dire si l’affaire n’est pas neuve. En revanche, ce qui relève de l’inédit, pour le tout nouveau chef d’État de la première puissance militaire du monde, c’est qu’il puisse poser son séant sur les arbitres des élégances médiatiques comme on le ferait d’un coussin péteur.

    Voilà qui laisse de l’espoir pour ce qui pourrait bientôt advenir en France.

    http://www.bvoltaire.fr/nicolasgauthier/trump-contre-medias-premier-bras-de-fer,308885

  • Alep, symbole de la civilisation, enjeu mondial

    Romain Koller est un journaliste indépendant, qui a roulé sa bosse aux quatre coins de la Planète. Il connaît comme sa poche les conflits qui déchirent notre pauvre Terre. Il a depuis longtemps pris fait et cause pour les chrétiens d’Orient et propose ici une vision extrêmement stimulante des enjeux de ce conflit mondial d'Alep.

    Entretien avec Romain Koller

    Pourquoi la prise d'Alep vous paraît-elle tellement importante ? Vous donnez à cette ville une étrange grandeur symbolique ?

    L'histoire d'Alep est quadri-millénaire. C’est la plus vieille ville existante habitée au monde depuis les Sumériens. C'est d'ailleurs un point commun avec Mossoul, autre ville conquise par les djihadistes, moins ancienne, mais qui nous fait remonter à l'antique Ninive. Allep aujourd'hui reste le centre industriel et commercial de la Syrie, qui était, rappelons-le, avant la Guerre, un pays économiquement autonome. Il y avait en particulier autour d’Alep un véritable grenier à céréales, avec de grosses industries agro-alimentaires. La Ville n'a pas suivi le fameux « printemps arabe» qui commence en Syrie en mars 2011.

    Quelles sont les conséquences du Printemps arabe à Alep ?

    Le paradoxe est qu'au départ, cette ville allait tant en souffrir, a pas suivi le ux « Printemps arabe », qui commence Syrie en mars 2011. On sait que ce nom « printemps arabe » est un nom générique a resservi dans d'autres pays, qui a été enté de toutes pièces pour offrir à des événements sanglants un habit d'honorabilité démocratique. À Alep, dont, peu de traces du printemps arabe et aucun soulèvement avant la conquête de la partie Est de la ville par Al Qaïda. Mais en mai 2012, avec Al Qaïda au pouvoir, c'est le chaos dans Alep Est. Les djihadistes ont obligé 1,5 million de personnes à quitter Alep Est, pour aller là où le gouvernement syrien pouvait les accueillir. Ceux qui restaient étaient des habitants qui n'avaient pas pu s'enfuir ou qui nourrissaient des sympathies pour le Califat, en opposition au Parti Baas, au pouvoir en Syrie et qui était plutôt nationaliste. Il y avait des frictions dans la Syrie des Assad, mais plutôt socio-économiques que confessionnelles, avec en particulier un vrai problème de certaines régions rurales. Ces gens avaient subi une météo très sèche, avec des ruptures alimentaires. On doit reconnaître une petite adhésion au Califat en raison de problèmes de pauvreté. Mais les chiffres sont éloquents à Alep Est, 250 000 personnes sont restées, pour 1,5 million qui sont parties.

    Cela fait donc une masse de 250 000 personnes en faveur du Califat ?

    Non parce que très vite, ces gens ont vu des assassins au nom de la charia, qui violaient leurs filles à 9 ans, parce que Mahomet « le beau modèle » en avait fait autant avec Aïcha. En quatre ans de siège, avec le pilonnage de la Parti Est, ces gens ont fini par haïr le Califat. Les médias ne se sont réveillées que quand effectivement les Syriens ont commencé leur reconquête. S'ils se sont alarmés pour les personnes d'Alep, cela a été pour protéger les djihadistes, en oubliant que côté ouest, à coup de tirs de mortiers, de snipers ou de roquettes, ces djihadistes ont fait 11 000 victimes civiles. Les médias vous parlent de la chute d'Alep. De quoi s'agit-il en réalité ? Juste de faire sortir ces terroristes (parmi lesquels entre 40 000 et 60 000 étrangers, venus du monde entier, Chine, Arabie Saoudite, Tunisie, Maghreb, Caucase, France) d'une zone stratégique du conflit syrien, qui permette ensuite à l'État syrien de contrôler et de couper au besoin les lignes de ravitaillement quand elles servent au Djihad.

    Aujourd'hui, donc, les manoeuvres ,des djihadistes à Alep Est commencent à ressortir ?

    Effectivement, on apprend ce qui s'est vraiment passé derrière là ligne de démarcation pendant quatre ans, entre 2012 et 2016 ce que l'on a découvert ? 30 % des civils tués qui servaient de boucliers humains. Ces djihadistes sont décidément de grands humanistes On est tombé aussi sur des charniers dans lesquels on a découvert des centaines de soldats de l'armée syrienne, tués souvent après avoir été torturés. Et puis beaucoup d'habitants qui tentaient de fuir sont morts en explosant sur les mines qu'aujourd'hui les forces spéciales russes neutralisent une à une. Mais ce n'est pas tout ! On a aussi dévoilé quelques pseudo-journalistes, faisant partie du Renseignement américain, tout en exerçant le métier de terroriste au service d'Al Qaïda. Je citerai le cas d'un afro-américain, Billal Abdoul Karim, dont la double allégeance, à son pays et aux Djihadistes a défrayé la chronique. Il y en a beaucoup d'autres, et pas seulement des Américains. Il y a des conseillers militaires saoudiens, qataris, français, israéliens etc. D'où l'insistance des Américains sur la nécessité de corridors humanitaires, qui permettent d'évacuer leurs agents en douceur. La négociation a eu lieu entre Kerry et Lavrov. À Alep Est, un bunker avec des forces spéciales de la Coalition et des experts militaires américains, français ou anglais, avait été détruit par l'aviation russe. Et il y a quelques jours, Bachar Al-Jaafari, l'ambassadeur syrien auprès des Nations Unies, vient de transmettre à l'ONU une liste nominative d'experts occidentaux qui sont tombés entre les mains des services Syriens. Et ce n'est pas tout les forces syriennes se sont emparées d'entrepôts pleins d'armes explosives, provenant clairement des stocks de l'OTAN. Ces armes étaient destinées aux Djihad mondial. Elles pouvaient servir contre les populations occidentales. Le député syrien Farès Shehabi a parlé à ce propos d'un véritable « Syriagate ». On pourrait aussi dire qu'il yak matière d'un OTANgate.

    Les populations doivent être tétanisées par une telle barbarie ?

    Non, les Alépins se mobilisent magnifiquement et immédiatement pour la reconstruction. Ils reçoivent aussi des tonnes de nourriture, non pas en provenance des pays occidentaux, étrangement muets, mais de l'Iran et de la Russie.

    Cette délivrance d'Alep, que vous décrivez avec éloquence, doit avoir des conséquences géopolitiques très importantes ?

    La reprise d'Alep a une importance mondiale. Elle montre ce que l'on doit appeler la maestria du Président russe Vladimir Poutine. La reprise d'Alep ne l’a pas pris au dépourvu, elle a été précédée d'intenses mouvements diplomatiques, qui ont mené à l'accord du 20 décembre entre la Turquie, l'Iran et la Russie, excluant en pratique les États-Unis de la solution du Conflit régional. En guise de représailles, l'administration Obama n'a rien trouvé de mieux que de chasser 34 diplomates russes, accusés d'avoir fomenté par internet la défaite électorale du camp Démocrate. Poutine a gardé le plus grand flegme, sans céder à la tentation de rétorsions visibles. Il avait montré le même flegme, l’an dernier, souvenez-vous, lorsqu'un avion russe avait été descendu traîtreusement par un pilote turc, agissant sur ordres. Les nerfs de Poutine n'avaient pas flanché, il ne prit que des sanctions économiques... en attendant la suite. Il avait compris très tôt que l'alliance américano-turque était faible et gangrenée par le soutien inconditionnel que les Américains apportaient aux peshmergas kurdes, dont ils ont besoin, aujourd'hui, pour reconquérir Mossoul. L'Oncle Tom avait sans doute aussi pris ombrage de la puissance de Erdogan, nouveau sultan... En 2016, Erdogan a connu quatre tentatives d'assassinat, dont la dernière, en juillet 2016, bien connue sous le nom de « coup d'État des gullénistes » est semble-t-il un coup foireux des services américains, coup prévenu par Poutine, qui a donc... sauvé la vie de son ennemi, en l'avertissant pour lui laisser le temps de se carapater. C'est ce « fier service » qui expliquerait le coup de théâtre d'octobre 2016 la Turquie et la Russie que tout aurait dû éloigner l'une de l'autre, depuis la destruction de l'avion russe, annoncent au monde étonné leur alliance, sur une base avant tout économique. La corbeille de noces est bien garnie : d'un côté, les Russes s'engagent à construire la première centrale nucléaire turque, de l'autre la Turquie accepte de faire passer sur son territoire le fameux gazoduc, qui intéresse non seulement la Russie mais le Qatar et l'Arabie séoudite. Après y avoir mis le prix, Poutine s'est rendu à Ankara, pour signer aussi une alliance stratégique avec la Turquie contre le djihadisme et pour une paix négociée au Proche-Orient. Le changement de cap d'Erdogan est patent. Il est salué par plusieurs attentats en Turquie, fomentés par l'Etat islamique, dont le dernier, pour le Premier de l'an à l'intérieur de la Boîte de nuit RENA à Istanbul. L'assassinat de l'ambassadeur de Russie en Turquie montre aussi combien cette alliance nouvelle gêne en vérité beaucoup de monde.

    Concrètement, cela nous mène où ?

    Le 20 décembre, les ministres des affaires étrangères russes, turcs et iraniens se sont réunis à Moscou pour mettre au point un cessez le feu en Syrie. Tous les groupes armés ont été d'accord pour appliquer ce cessez le feu dont sont exclus seulement l'État islamique et les groupes affidés à Al Qaïda (Al Nosra).

    Le 31 décembre, par la résolution 2336, le Conseil de sécurité a entériné ces négociations, ce qui confirme le rôle désormais moteur de la Russie au service de la fin des hostilités.

    Les pourparlers de Genève s'effacent pour le moment, le centre de gravité de la diplomatie mondiale s'est déplacé en Asie, sous l'égide de là Russie et les États-Unis d'Obama n'ont plus d'emprise sur ce processus. Le but évident de ces manœuvres est d'affaiblir Donald Trump en le présentant comme un agent russe. Il s'agit aussi, avant la passation de pouvoir de mobiliser la CIA et le Pentagone contre la Russie. Au moment où nous parlons, les États-Unis envoient 1 200 hommes dans les pays baltes pour des manœuvres militaires aux frontières de la Russie.

    Mais de toute façon, la Russie le 20 janvier prochain jour de la prise de fonction de Donald Trump aux États-Unis, ce n'est pas un hasard) réunit autour d'une table la Turquie, l'Iran, la Syrie et les rebelles qui ne sont ni Al Qaïda ni ISIS. Cela se passe non pas à Moscou mais à Astana, au Kazakhstan.

    La route est sans encombre ?

    Pas exactement. Des groupes contrôlés par Al Qaïda et cornaqués par la Grande Bretagne, ont privé d'eau cinq millions de Damascènes, en versant du mazout dans les sources dans la vallée de Wardi Barada, à une quinzaine de kilomètres de Damas, ou tout simplement en les faisant sauter. 3 000 djihadistes s'y sont regroupés pour combattre l'armée syrienne. Ils viennent de faire la même opération à Alep sur le traitement de l'eau venant de l'Euphrate. Résultat ? L'armée syrienne a dû s'y coller et les instances internationales ont constaté que le cessez le feu n’était pas observé... En outre, les Américains viennent de livrer aux rebelles des Manpads (missile sol-air dangereux pour les hélicoptères russes) et des tow (missiles sol-sol) anti-chars. Barack Obama, n'ayant rien à perdre, a annoncé publiquement cette double livraison.

    Les Américains sont les grands perdante pour l'instant ?

    Ils sont inquiets que le monde n’apprenne l'ampleur de leurs manœuvres. Raison pour laquelle ils viennent d'éliminer, par drones, deux chefs, d'Al Nostra, qui en savaient trop. Ils s'ingénient à mettre la pression sur les groupes rebelles, pour empêcher la réunion prévue le 20 janvier à Astana. Mais le calendrier reste favorable à Poutine, l'administration Obama vivant ses derniers jours. Il y a 20 ans, la Russie de Eltsine était devenue un non-Etat entre les mains des Américains. Aujourd'hui, la Russie revient en Syrie comme protectrice des chrétiens d'Orient. Mais les patriotes américains ont bien compris que Vladimir Poutine était en réalité le défenseur de l'Occident sur beaucoup de sujets moraux et spirituels.

    Propos recueillis par l'abbé G. de Tanoûarn monde&vie 12 janvier 2017

  • Les Etats-Unis sur le chemin de la conversion au réalisme

    De Thomas Flichy de La Neuville :

    Le National Intelligence Council vient de publier son nouveau rapport de prospective pour 2035. Prenant le contre-pied du précédent -dont les prévisions s’étaient révélées à l’opposé de ce qu’il advint- ce dernier s’est plié à un soupçon d’exigence et par conséquent de réalisme. Il est intitulé Paradoxe du progrès. L’idée sous-jacente en est que le déferlement de la violence loin d’être la conséquence logique de l’effacement des frontières protectrices, se présente comme la rançon ou le sous-produit inéluctable du progrès. A ceux qui s’interrogent sur les inévitables violences résultant des migrations massives ou bien sur les milliers de morts provoqués par le conflit syrien,  le rapport apporte désormais une réponse imparable : ce que vous vivez n’est qu’un paradoxe du progrès.

    Les auteurs ont toutefois conscience que ce dernier n’est pas universellement apprécié. Il est d’ailleurs notable qu’une référence ait été faite à la perception russe de la décadence de l’Europe alors même que la notion de décadence est considérée comme une construction mentale ou un jugement moral par les sphères pseudo-intellectuelles auxquelles se rattachent les auteurs. Les références à la démocratie sont majoritairement ponctuées d’interrogations très sérieuses quant à son devenir. Le rapport évoque la fin de la démocratie, une démocratie qui ne va plus de soi, une démocratie remise en cause, ou une démocratie fragile dont le cours semble s’être inversé. La monarchie n’est donc pas très loin même si le rapport préfère à ce joli mot le vocable d’autocratie.  Peut être une référence subliminale au Tsar, jadis qualifié d’autocrate de toute les Russies. Dans le rapport, les notions d’Islam et de démocratie semblent s’être éloignées l’une de l’autre.

    L’on ne trouve plus qu’une seule référence au démocrates musulmans, comme si les auteurs ne faisaient plus semblant d’y croire. Le mot de propagande apparaît à huit reprise, mais il n’est jamais associé à l’Islam, toujours à la Russie. Une certaine défiance semble pourtant être apparue vis à vis de l’Islam. Un islamiste est décrit dans le glossaire comme une personne visant à propager l’Islam par des moyens violents ou pacifiques. Quel croyant ne le serait pas ? Les auteurs envisagent pour la première fois une planète, divisée en îles et par conséquent dé-mondialisée (c’est l’intéressant scénario islands)Ils constatent par ailleurs que le progrès s’est accompagné de chocs. Soit dit en passant, certains analystes ont prétendu que l’Etat américain avait conçu une stratégie du choc, visant à exporter le chaos afin de ralentir son propre déclin. Cette hypothèse repose sur une base très fragile dans la mesure où elle présuppose une volonté unique et constante à la tête de la diplomatie américaine. Pourtant, le National Intelligence Council ne la dément pas.

    Maintenant que le chaos a été effectivement semé par les interventions militaires occidentales successives, il préconise l’inaction absolue. Les auteurs déclarent avec un brin de cynisme : « Il serait tentant d’imposer l’ordre au sein de ce chaos apparent, mais cela coûterait trop cher à court terme et échouerait à long terme »Le rapport constate que les flux migratoires se multiplieront dans les prochaines années – un avertissement dont Jacques de La Palice ne se serait pas étonné - et met en garde les élites contre les actes réflexes de leurs peuples, tentées par une attitude « nataliste et anti-establishment »Pour ceux doutant encore que l’attitude donnée en modèle est celle qui stérilise la vie, la preuve vient d’en être à nouveau faite. Un développement particulier est consacré au Nativisme, courant politique censé promouvoir les intérêts des natifs au détriment des immigrés en mettant en valeur les coutumes locales au détriment des cultures importées. Quant au libéralisme mondialisé -  qui dénie aux individus le droit à une patrie - il est décrit comme un courant dangereusement menacé par la résurgence des l’identités. Le rapport du National Intelligence Council mentionne à quinze reprise la place grandissante des robots, l’être humain semble moins l’intéresser puisque l’expression n’apparaît que deux fois. Quelle place occupe la France dans ce rapport ? Peu de chose en  vérité. Elle n’est citée que treize fois, n’ayant choisi d’être elle y est presque oubliée. De son côté, la Russie – dont la population n’est que deux fois supérieure – est mentionnée cent-trente fois, soit dix fois plus. S’étant dotée de chefs réels, sans doute existera t’elle davantage dans les années à venir.

    Michel Janva

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