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  • Le Sanglant crépuscule des djihadistes

    Faire le point.

    Eric Denécé, docteur ès Science Politique, est directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) et de sa société de conseil en Risk Management (CF2R SERVICES).

    ♦ « Tous les djihadistes présentent une pathologie psychiatrique, des caractères obsessionnels-compulsifs, voire dépressifs, ainsi qu’une inaptitude à la socialisation ».

    Reçue d’un correspondant et contributeur que nous remercions, Polémia publie ci-après une analyse réalisée par Eric Denécé, directeur du CF2R. L’auteur présente en quelque sorte un état des lieux de l’activité, du recrutement et de l’organisation des djihadistes dans cet immense secteur qu’est le Moyen Orient où ils mènent leurs activités destructrices et meurtrières. Cela explique la longueur de l’article qui ne doit pas décourager le lecteur, d’autant que ce dernier trouvera dans la toute dernière partie qui traite de l’Egypte et dans la conclusion des éléments plutôt optimistes.
    Polémia

    Les attaques terroristes des 7, 8 et 9 janvier étaient attendues, même si nos services ne savaient quand et contre qui elles auraient lieu. Personne n’ignorait que Charlie Hebdo était une cible. En effet, l’un des numéros du magazine Inspire, publié par Al-Qaeda en 2013, donnait la description exacte de la manière dont ont été assassinés les membres de la rédaction de Charlie Hebdo. Cela veut donc dire que les frères Kouachi n’ont fait qu’exécuter une sorte de « fatwa » et qu’ils n’ont pas choisi leur objectif eux-mêmes.

    Ces barbares actes de terrorisme engendrent horreur, stupeur et incompréhension chez nos compatriotes comme chez bien des commentateurs, qui ne peuvent concevoir qu’une telle violence brute et aveugle puisse se produire sur notre sol et être le fait d’individus issus de notre société. Tous nourrissent la crainte que de tels actes se reproduisent.

    Aussi est-il utile de refaire le point sur les modes de recrutement des réseaux islamo-terroristes et sur la nature même des individus qui les rejoignent, avant d’évaluer la portée de ces actes criminels.

    Le profil des fous d’Allah

    La quasi totalité de ceux qui rejoignent le djihad armé, Al-Qaeda ou l’Etat islamique relèvent de quatre catégories. Ce sont :

    - des délinquants ou des criminels, souvent recrutés en prison. Des imams radicaux parviennent à les rallier à leur cause en leur promettant que s’ils poursuivent leurs actions au nom de l’islam et pas seulement pour leur seul enrichissement personnel, leurs actes deviendront licites et conformes à la volonté d’Allah ;

    - des exaltés et des dérangés qui rêvent de guerre et d’action, qui cherchent à affirmer leur virilité à tout prix et qui sont en recherche de violence et d’aventure épique pour l’exprimer. Ils sont d’une certaine manière esclaves de leur testostérone. A ces derniers, le djihad offre une occasion sans pareil d’assouvir leurs penchants et de les médiatiser afin de satisfaire leur égo dérangé.

    - des frustrés ne parvenant pas à s’intégrer dans notre société par le travail, l’étude, la socialisation, le mariage, etc. Là encore, des imams radicaux réussissent à les convaincre que leurs échecs ne sont pas de leur fait mais de celui l’environnement qui les rejette. Ils leur inculquent l’idée qu’il est légitime qu’ils rétablissent la situation à leur bénéfice et agissant par la force ;

    - des demeurés et des simples d’esprit, sans repère, d’une grande fragilité psychologique, sur lesquels la propagande des barbus fonctionne à merveille.

    Tous les djihadistes présentent une pathologie psychiatrique, des caractères obsessionnels-compulsifs, voire dépressifs, ainsi qu’une inaptitude à la socialisation. L’étude de leur passé a révélé qu’ils se mettaient volontairement à l’écart, que beaucoup avaient été les témoins de crises familiales et qu’ils étaient souvent au chômage. Certains ont même fait usage de drogue quand ils ne participaient pas directement à son trafic.

    Les deux « conducteurs fous » qui ont percuté volontairement la foule à Dijon et à Nantes, peu avant Noël 2014, en sont l’illustration parfaite. Celui de Dijon était passé 147 fois en hôpital psychiatrique au cours des quatre années précédentes. Quant à celui de Nantes, en dehors du fait qu’il était sous l’emprise de l’alcool, il avait laissé un carnet dans lequel il exprimait sa « haine de la société ».

    Tous ces individus sont en recherche d’une cause leur permettant d’assouvir leurs penchants les plus vils ou de résoudre leurs frustrations ou leur mal-être. Tous se moquent bien en réalité de la religion qui n’a pas grand-chose à voir là-dedans. D’ailleurs la plupart n’y connaissent rien et répètent stupidement quelques versets qui leur ont été martelés par des imams radicaux, moins stupides qu’eux, mais bien plus dangereux car il les instrumentalisent à leur profit. Ceux qui échappent à ces profils ne sont qu’une infime minorité, des exceptions qui confirment la règle. Ajoutons que les diplômes universitaires de certains djihadistes ne sont en rien un gage de leur bonne santé mentale.

    Ainsi, Mohamed Merah et Mehdi Nemouche, Bertrand Nzohabonano[Qui a attaqué un commissariat à Joué-lès-Tours fin 2014], Maxime Hauchard, Mickaël Dos Santos et avant eux Christophe Caze et Lionel Dumont[Membres du gang du Roubaix], Hervé Djamel Loiseau [Mort à Tora Bora, en Afghanistan fin 2001], Pierre Robert [Responsable des attentats de Casablanca en mai 2003] et Willie Brigitte [Arrêté en Australie en 2003 alors qu’il préparait une attaque contre des sites militaires de la région de Sydney], entrent tous dans l’une des catégories décrites ci-dessus. C’est également valable pour les Canadiens Michael Zehaf-Bibeau [Qui est entré dans le parlement d’Ottawa après avoir tué un garde] et Martin Couture-Rouleau [Qui a foncé avec sa voiture sur deux militaires], comme l’Australien Man Haron Monis [Ancien chiite iranien converti au sunnisme radical, auteur en décembre 2014, de la prise d’otages de Sydney] et l’Américain Mohammad Reza Taheri [Il a précipité sa jeep Cherokee dans la foule de l’université de Caroline du Nord en 2006]. Et c’est bien évidemment le cas de Saïd et Chérif Kouachi, auteurs du massacre des journalistes de Charlie Hebdo, comme d’Ahmedi Coulibaly. Malheureusement, il n’y a là rien de vraiment nouveau.

    Ce qui est en revanche préoccupant, c’est que nos sociétés développées en crise économique, d’identité et de valeurs, génèrent de plus en plus d’individus fragiles, frustrés ou malades, qui sont des recrues idéales pour les prêcheurs de haine.

    L’attraction de l’Etat islamique

    Plus encore qu’Al-Qaeda, l’Etat islamique exerce sur ces individus un indéniable pouvoir d’attraction. En effet, il contrôle un territoire sur lequel il peut mettre en application les principes de vie qui guident son action. Ainsi, les jeunes hommes qui partent le rejoindre trouvent sur place ce qui leur manque en Occident ou ailleurs : une raison d’être qui les exonère de toute réflexion, un salaire, des femmes, des activités guerrières offrant un exutoire à leurs frustrations, etc.

    Comme le rappelle Olivier Roy, « Daesh offre un formidable terrain de jeu à ces jeunes, c’est le jeu vidéo total dont ils sont nourris, l’aventure. Ils sont beaux, virils, avec leurs mitrailleuses lourdes sur leurs 4×4 chargeant leurs ennemis ». Ainsi, ils sont sûrs de faire la une des médias et de plaire aux filles. « Ce qu’ils veulent, c’est faire peur aux gens qui les ont humiliés ou ne les ont pas compris [« Chez les jeunes anti-système, le djihad a remplacé le mythe de la Révolution », L’Opinion, 26 novembre 2014] ».

    Pour beaucoup, les conditions de vie – matérielles, sentimentales et sexuelles – dans le Califat sont meilleures que dans leur pays d’origine ; c’est notamment le cas pour les combattants tchétchènes qui  affluent, car les conditions de combat, en Irak et en Syrie, sont moins dures que face aux Russes et la température plus clémente…

    Les supporters de l’Etat islamique clament partout que les massacres imputés à Daesh ne sont que de la propagande occidentale et que leur « Etat » est un paradis, véritable havre de paix et de justice. De nombreux jeunes djihadistes du monde arabe considèrent que l’Etat islamique leur offre une plus grande justice sociale. Sans doute entendent-ils par là la légalisation du meurtre et de la torture, du viol et du mariage forcée, l’institutionnalisation du racket, la soumission des femmes et de tous ceux qui ne sont pas musulmans, voire des musulmans eux-mêmes lorsqu‘ils ne sont pas assez radicaux… et bien sûr l’extermination des chiites.

    Des coupables en cascade

    Si ces individus lobotomisés sont entièrement responsables des meurtres qu’ils commettent, il convient toutefois de ne pas oublier qu’ils ne sont pas les seuls coupables dans cette dynamique. En effet, deux niveaux de responsabilité – et donc deux autres types d’adversaires contre lesquels lutter – doivent être distingués :

    - ceux qui les endoctrinent et les poussent à l’acte, c’est-à-dire les imams radicaux et les responsables de mouvements terroristes étrangers. Plusieurs « combattants » occidentaux rentrés de Syrie ont témoigné du rôle essentiel des prédicateurs ultra-radicaux dans le conditionnement des djihadistes. Ces imams puisent tous leur idéologie haineuse dans les textes des Frères musulmans et du salafisme. Ce sont eux qui encouragent et légitiment les actes les plus barbares. Ils poussent leurs « ouailles » à la mort et au martyr pour leur seule gloire et afin d’accroître leur emprise sur les esprits.

    - ceux qui entretiennent le phénomène en le soutenant directement ou indirectement :

    1. Le Qatar et l’Arabie saoudite, soutiens idéologiques et financiers du salafisme et des Frères musulmans. Ces régimes arabes alliés de l’Occident sont les plus inégalitaires au monde. Ce sont des monarchies extrémistes, hypocrites et esclavagistes, bafouant les libertés politiques et religieuses, les droits de la femme et des étrangers, le droit du travail et soutenant massivement le terrorisme et le djihad partout dans le monde, avec l’espoir illusoire que leurs créatures ne se retourneront pas un jour contre eux.
    2. La Turquie, dont le régime de plus en plus personnel et autoritaire du président Erdogan, membre des Frères musulmans, appuie les djihadistes en Syrie pour asseoir son influence régionale, mais aussi parce qu’il partage leur désir d’instauration du califat. Rappelons que cet Etat est membre de l’OTAN et candidat à l’entrée dans l’Union européenne.
    3. Les Etats-Unis, qui ont contribué au déclenchement du phénomène Daesh par leur invasion illégitime de l’Irak en 2003 et le démantèlement de l’armée de Bagdad.
    4. Mais aussi la France qui, par son opposition aveugle à Bachar El-Assad, a conduit certains de nos compatriotes dérangés à rejoindre les rangs des djihadistes contre le régime syrien.

    L’échec général des radicaux et des terroristes

    Pourtant, malgré le danger qu’ils représentent, les crimes odieux qu’ils perpétuent et la propagande qu’ils répandent partout dans le monde, ces djihadistes sont loin de ne connaître que des succès. Il est même possible d’observer que, depuis le milieu des années 1990, ils ont globalement échoué dans toutes leurs entreprises :

    - En Algérie, les GIA et le GSPC ne sont pas parvenus à renverser le régime algérien et AQMI, leur héritier, est aujourd’hui en lambeaux. Certes, ils sont parvenus à provoquer des affrontements sanglants dans le pays (plus de 100.000 morts) mais ont été finalement vaincus. Plus récemment, leur tentative de prendre le contrôle du site gazier d’In Amenas (2013) s’est soldée par une défaite cuisante et la mort de nombreux otages.

    - Al-Qaeda n’a jamais pu reproduire d’attentat majeur comme ceux du 11 septembre 2001. Le groupe terroriste a été détruit à plus de 80%, Ussama Ben Laden a été éliminé comme la plupart des autres leaders. Ayman Al-Zawahiri ne lance plus guère que quelques diatribes qui ne sont guère écoutées, car son organisation a été supplantée par Daesh, avec lequel des affrontements sanglants ont eu lieu en Syrie.

    - Les pseudo « révolutions arabes », qui ont porté les islamistes au pouvoir (Tunisie, Libye, Egypte), n’ont fait que remplacer un despotisme par un autre. Elles n’ont pas résolu les problèmes qui en étaient à l’origine et n’ont réussi que deux choses : aggraver la situation interne des pays (insécurité, crise économique, chômage, etc.) en créant de plus grandes frustrations encore ; permettre l’expansion l’islam radical et le libre recrutement de djihadistes. Aujourd’hui, les Frères musulmans ont été chassés du pouvoir en Egypte – malgré le soutien que leur apportaient les Etats-Unis –  par une population excédée par leurs pratiques et leur bêtise. En Tunisie, ils ont été deux fois vaincus aux élections législatives (2013) et présidentielles (2014).

    - Les terroristes islamiques du Sahel ont été étrillés par l’armée française à l’occasion de l’opération Serval (2013) et ne peuvent se reconstituer comme ils l’entendent en raison de la poursuite des actions à travers l’opération Barkhane (2014).

    - L’Etat islamique a pu s’emparer, au premier semestre de 2014, d’une partie de la Syrie et de l’Irak afin d’y établir son califat, profitant d’une situation favorable, en premier lieu due aux erreurs politiques du gouvernement chiite d’Al-Maliki. Toutefois, malgré une communication ronflante vantant ses victoires, ses échecs sont nombreux : Daesh n’est pas parvenu à renverser Bachar malgré l’importante aide internationale dont il a bénéficié. Il n’a pu non plus s’emparer de Bagdad ou du Kurdistan. En fait, depuis l’été 2014, il a commencé à reculer car les frappes et les raids de commandos occidentaux et iraniens contre lui sont particulièrement efficaces : ils ont fait à ce jour près de 4 000 victimes dans ses rangs, soit plus de 20% de ses effectifs. De plus, il commence à connaître de sérieuses difficultés financières.

    - En Somalie, les Shebab bien que toujours actifs et dangereux, connaissent des revers face aux forces kenyanes, perdent régulièrement du terrain et ont vu un grand nombre de leurs leaders éliminés.

    Ne restent aujourd’hui en développement que quelques abcès purulents : en Libye (en raison de notre intervention désastreuse [Au cours des quinze derniers jours, les mouvements Ansar el-Islam, Jound el-Islam et dʼautres groupes ayant fait allégeance à lʼEtat islamique se sont alliés aux milices de Misrata, afin dʼétendre leur contrôle sur la région dite du “croissant pétrolier” libyen.]), au Nigéria, au Yémen, en Afghanistan (qui n’a pu être pacifié malgré l’intervention occidentale) et au Pakistan, pays durablement déstabilisé par la présence de nombreux groupes radicaux et terroristes. En réalité, le seul succès jamais remporté par les djihadistes est la guerre de libération contre les Soviétiques de 1979 à 1989, grâce à l’appui américain.

    Quant à la France

    Malgré l’horreur de ces derniers jours, notre pays a été finalement très peu touché par les actes terroristes – grâce à la qualité du travail de nos services de renseignement et de sécurité -, malgré les menaces régulières dont nous avons fait l’objet.

    De septembre 2001 à janvier 2015, en France et l’étranger (Algérie, Mali, Somalie), 49 de nos compatriotes ont perdu la vie [Hors opérations militaires en Afghanistan et au Sahel et hors victimes dans des attentats non dirigés contre la France, mais en incluant les morts de la DGSE lors de la tentative de sauvetage de Denis Allex en Somalie.], soit rapporté sur soixante mois, une moyenne de 3,2 victimes par an. Certes, cela est trop, surtout pour les familles concernées. Mais à l’échelle de la nation, cela montre que les actions terroristes n’ont jamais atteint l’ampleur de celles qui se sont produites aux Etats-Unis, en Espagne ou au Royaume-Uni et que notre pays est loin d’avoir été déstabilisé par les djihadistes, malgré leurs imprécations haineuses. Aussi doit-on reconnaître la sur-réaction des médias à l’occasion des événements de ces derniers jours.  Rappelons que le jour même des attaques à Paris, Boko Haram rasait 16 villages au Nigéria, tuant plusieurs centaines de personnes et provoquant la fuite de milliers d’autres au Tchad ; et que l’explosion d’une voiture piégée dans le centre de Sanaa a fait au moins 35 morts et 68 blessés.

    Rappelons également que nos services ont empêché environ 70 attentats depuis 2001 (soit environ 5 par an). Aussi, il convient de garder la tête froide et de répondre à ceux qui réclament à cor et à cris un renforcement des moyens policiers que notre système marche et qu’il nous a prémuni de pire. Certes, il faut revoir certaines méthodes d’évaluation des terroristes potentiels qui ont réussi à endormir la police avant de repasser à l’action – mieux coordonner l’action de la DGSI avec le renseignement territorial et se préparer à un accroissement probable de la menace.

    Surtout, il nous faut accepter, même si cela est difficile, que de temps à autre, des terroristes parviennent à passer entre les mailles du filet et à commettre des attentats. Il faut être réaliste, la sécurité à 100% est une utopie. Une nouvelle fois, rappelons le faible impact humain de leurs attaques comparé aux accidentés de la route (3 250 morts par an), aux décès d’enfants sous les coups de leurs parents (730 par an), de femmes sous ceux de leur conjoint (122 par an), au nombre annuel de meurtres (655 par an) [17] ou à celui des victimes françaises du Tsunami de 2004 (95 morts).

    L’espoir égyptien

    Face à l’obscurantisme de terroristes sans cervelle, endoctrinés et manipulés par des imams radicaux et sectaires, de sérieuses raisons d’espérer nous arrivent d’Egypte. En effet, l’attitude du président Al-Sisi doit être mise en lumière, son action saluée et ses initiatives appuyées.

    Le jour même où le journal Charlie Hebdo était attaqué et les membres de sa rédaction massacrés, un autre événement d’une portée considérable – totalement ignoré en France – a eu lieu en Egypte. Le président Al-Sisi a écourté un voyage d’Etat au Koweït afin de venir fêter le Noël copte au Caire.

    C’est la première fois dans l’histoire de l’Egypte – Etat ayant toujours été dirigé par des sunnites – qu’un chef d’Etat se rend à la messe de minuit copte. Jamais Moubarak, en trente ans de règne, ni ses prédécesseurs (Sadate, Nasser ou le roi Farouk) n’avaient manifesté une telle considération à l’égard des chrétiens d’Egypte, qui représentent plus de 20% de la population. Au contraire, les dirigeants du pays les ont toujours tenus pour des citoyens de seconde zone. La démarche du président Al-Sisi est exceptionnelle et marque une vraie rupture après l’intermède sanglant qu’a connu l’Egypte sous le régime des Frères musulmans. C’est à la fois l’expression d’un grand courage, d’une grande humanité et d’un remarquable sens politique. Quelques jours auparavant, le chef de l’Etat égyptien avait déjà tenu, à l’occasion du nouvel an, un discours retentissant – lui aussi passé inaperçu en France – sur la nécessaire remise en cause de certains textes de l’islam.

    En effet, le 1er janvier, à l’université d’Al-Azhar, au Caire (la plus haute autorité religieuse du monde sunnite), il a déclaré que les meurtres commis au nom de l’islam étaient inadmissibles. Il a proposé devant des millions de téléspectateurs que les textes postérieurs  au coran – c’est à dire les hadith et la sunna – soit revus par les religieux afin de ne plus servir de base à des actes terroristes. De plus, il a affirmé qu’il était inconcevable qu’1,6 milliard de musulmans veuillent tuer les 7 autres milliards d’habitants de la planète pour vivre leur religion.

    Ancien directeur du renseignement militaire, profondément attaché à son pays, fidèle à sa foi musulmane, le président El-Sisi, comme beaucoup de ses coreligionnaires, est atterré des violences commises au nom de l’islam par Daesh, Al-Qaeda et les Frères musulmans, et du nombre de victimes qu’elles entraînent. Ces groupes, par leur barbarie, sont ainsi en train de provoquer un débat important au sein de du monde musulman, car de très nombreux croyants sont dégoutés de ces dérives et rejettent cette lecture obscurantisme de l’islam.

    Il convient de saluer les initiatives du chef d’Etat égyptien, car il paraît être l’un des rares hommes capables de faire bouger les lignes au Moyen-Orient comme au sein du monde arabo-musulman. D’ailleurs, ses compatriotes ne s’y trompent pas qui le qualifient déjà de « De Gaulle égyptien ». Il faut également le soutenir fermement dans ses démarches d’ouverture car, évidemment, tous les extrémistes et les radicaux que compte l’islam y sont fermement opposés et le traitent d’ores et déjà d’apostat.

     Le djihadisme passera avec le temps

    Bien sûr, de tels actes de cruauté et de violence sont préoccupants. Partout les groupes terroristes demeurent menaçants et commettent des atrocités. Ils incarnent sans conteste une menace réelle et durable. Mais, cette situation ne signifie en rien leur victoire ; au contraire, de la même façon que dès 1943, il apparaissait clairement aux stratèges alliés que l’Allemagne perdrait à terme la Seconde Guerre mondiale – malgré les succès que son armée connaissait encore -, nous pouvons observer depuis quelques temps se dessiner la défaite des djihadistes.

    Nombreux sont ceux qui confirment ces faits : par exemple, une analyse du renseignement algérien explique que les terroristes repentis ou arrêtés font état d’une démobilisation totale au sein d’AQMI, liée à la pression et au harcèlement des services de sécurité, à la neutralisation de nombreux combattants et chefs influents, aux défections régulières et aux difficultés de recrutement, au manque d’approvisionnement en produits alimentaires et en médicaments, au manque d’armement et de munitions, comme aux luttes intestines. Aujourd’hui, les terroristes d’AQMI sont contraints de se retrancher dans des zones au relief accidenté, boisées et difficiles d’accès, d’où ils ne mènent plus que des actions sporadiques. Pour assurer sa survie, ce groupe en est aujourd’hui réduit à recruter ses candidats au djihad dans l’entourage familial de ses membres, parmi les anciens terroristes libérés des prisons, les repris de justice et, de plus en plus fréquemment, à l’étranger (Maghreb, Sahel Afrique noire et Europe), en raison du manque de candidats algériens. Cela explique, en partie, qu’il se soit largement transformé en un groupe criminel.

    Certes, ce phénomène ne va pas prendre fin demain, mais force est de constater son échec, malgré ses soubresauts sanglants. Gardons espoir.

    Eric Denécé, Editorial n° 37 10/01/2015

    Source : Centre français de Recherche sur le Renseignement, relayé par Metamag.fr

    http://www.polemia.com/le-sanglant-crepuscule-des-djihadistes/

  • Le drame des enfants nés vivants durant leur avortement

    Les statistiques officielles pour l’Angleterre et le pays de Galles indiquent qu’en 2005, 66 nouveau-nés ont survécu à leur avortement et ont agonisé pendant parfois plus de dix heures.

    Lorsqu’un enfant naît grand prématuré, tout est mis en œuvre pour le sauver. Si ce n’est pas possible, il reçoit des soins de confort et est entouré jusqu’à son décès.

    Tout autre est la situation de ceux qui naissent vivants après un avortement. Il ne s’agit pas de ceux dont on provoque la naissance parce que la poursuite de la grossesse présente un danger majeur, mais bien de ceux qui naissent vivants accidentellement, suite à un « échec » de l’avortement. Une étude publiée en 2007 a conclu qu’environ une interruption de grossesse sur 30 après 16 semaines résultait en une naissance vivante. À 23 semaines, la proportion atteignait 9,7 %, soit presque 1 sur 10. Or, l’avortement est pratiqué sur simple demande jusqu’à 18 semaines en Suède, 24 semaines en Angleterre et aux Pays-Bas, et sans limite légale au Canada. Il est pratiqué jusqu’à la fin de la grossesse en cas de malformation en France et en Angleterre. Le seuil de viabilité fixé par l’OMS est 22 semaines.

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  • Sanctions made in USA. Qui donc est le dindon de la farce?

    Auteur : Françoise Compoint

    Le 10 décembre dernier, la Libre Belgique publiait un article reprenant les estimations de Dmitri Medvedev quant aux pertes qu’avait déjà et qu’allait inévitablement essuyer l’UE suite, de un, aux sanctions infligées à la Russie, de deux, à l’embargo qu’elle introduit en réponse.

    On se rappellera que lesdites sanctions avaient été présentées comme une réaction immédiate et nécessaire quoique regrettable à l’annexion de la Crimée et au soutien apporté à la rébellion du Donbass. Moins d’un an plus tard, on s’aperçoit que le dindon de cette éblouissante farce n’est pas vraiment celui que l’on croyait.

    Initialement, l’hystérie médiatique qui accompagna le retour de la Crimée en Russie n’avait d’autre raison objective que la déception des USA d’avoir perdu un point de pivot stratégique donnant accès aux mers chaudes. Trop occupée à traiter ses problèmes internes, l’UE était plutôt à la traîne avant que Washington ne la convainc, avec une maladresse réservée aux dupes, que le même sort – un référendum démocratique faudrait-il croire ( ?) – serait réservé aux pays plus faibles, intégrés ou non à l’UE (et/ou à l’OTAN) qu’importe. Les pays Baltes avaient notamment été mentionnés comme les « prochaines cibles » de Poutine l’impérialiste. Le temps de réchauffer les élites politiques européennes et l’opinion publique à coups de dénaturations factuelles et de mises en garde hypocrites, de réanimer cet alarmisme paranoïaque hérité de la Guerre Froide, les médias en rajoutèrent une couche suite au crash du MH-17 le 17 juillet qui devait montrer à la communauté internationale le vrai visage de cette insurrection dite « pro-russe ». Aucun observateur présent lors du référendum en Crimée ne put ni même n’eut jamais l’envie de prouver que celui-ci se fit sous la contrainte. L’enquête esquissée autour de la tragédie du Boeing ne conduit à rien. Autant dire qu’elle restera sans suite. Néanmoins, les sanctions non seulement n’ont pas été levées mais ont motivé une troisième vague dite sectorielle dont l’UE pâtit autant que la Russie si ce n’est plus.

    En effet, début décembre, les pertes avérées de l’UE s’élevaient à 40 milliards d’euros. Une perte plus importante de 50 milliards d’euros est prévue pour 2015 ce qui nous amène à 90 milliards d’euros de dommage pour cet organisme en crise profonde qu’est l’UE et la zone euro. Les pertes de la Russie sont estimées à quelques dizaines de milliards de dollars, constat qui sans être réjouissant montre toutefois que le sanctionnateur est à peu près dans la même posture fâcheuse que celui qu’il dit sanctionner. Remarquons bien que cela vaut pour l’UE !

    Comme à toute chose malheur est bon, le Kremlin a vite fait bien fait saisi l’occasion. Profitant de la dépréciation du rouble – encore une facette des sanctions que l’on préfère passer sous silence car il faudrait alors analyser les véritables raisons de la chute du baril – il a racheté la quasi-totalité de ses actifs gaziers et pétroliers pour une somme dérisoire récupérant de la sorte près de 20 milliards de dollars en l’espace d’à peine quelques jours.

    Mais il y a mieux ! Premiers promoteurs des sanctions antirusses, préoccupés par l’unité et la sécurité ô combien fragiles de l’UE, les USA ... ont augmenté de 23% leurs exportations vers la Russie alors donc que les exportations européennes ont chuté d’environ 10%.Quid des sanctions et des facteurs qui les auraient motivé ?

    CQFD : l’Amérique a joliment berné le Vieux Continent en le coupant autant que possible de la Russie. Laissant aboyer, passez-moi ce vulgarisme, les élites politiques unionistes, ils n’ont pas arrêté le mouvement de leur caravane en diversifiant leurs échanges au détriment de cette UE dont Mme Nuland avait dit dans un style aussi peu élégant que clair ce qu’il convenait d’en faire. Pour autant, ce fameux traité transatlantique sur le libre-échange, finira-t-il par passer ? C’est certainement l’effet recherché. Entre autres.

    En attendant, on s’aperçoit que la chaotisation de l’Ukraine n’est pas sans engendrer un processus similaire au coeur de l’UE. L’impact des sanctions est tel qu’il a contribué à diviser davantage encore eurosceptiques et euroconvaincus si bien que les contradictions déchirant initialement Kiev sont la tragique quintessence de celles qui déchirent à l’heure actuelle les élites politiques et les populations de l’UE.

    Il en ressort que l’espace européen n’est rien d’autre dans le cas présent qu’un immense terrain d’affrontement économique entre la Russie et les USA tout comme l’Ukraine est un terrain d’affrontement, dans un sens hélas plus strict, entre l’hégémonie otanienne et le souverainisme westphalien du continent eurasiatique. Il faut arrêter de raisonner en termes de sanctions. Celles-ci ne sont qu’un symptôme très secondaire d’une guerre sans merci dans laquelle l’Europe s’implique avec une maladresse suicidaire sans vraiment pouvoir définir son rôle.

     - SourceFrançoise Compoint

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2015/01/21/sanctions-made-in-usa-qui-donc-est-le-dindon-de-la-farce-5541296.html

  • [Lu sur Le Net] De retour du djihad, il vit des allocations handicapé

     PARIS (via l’Observatoire des gaspillages)
    Dans l’édition du « Point » du 16 janvier, un article intitulé « L’histoire funeste des trois tueurs » brossait le portrait du « réseau des Buttes-Chaumont » dont faisaient partie les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, les auteurs des récents attentats de « Charlie Hebdo », de Montrouge et du supermarché casher de la Porte de Vincennes à Paris. L’article mentionne le cas d’un comparse, Mohamed el-Ayouni, qui s’était rendu en Irak en juillet 2004. Dans les combats de Falloujah, il avait perdu son bras et son œil gauches. De retour en France, il avait demandé une allocation handicapé… et l’avait obtenue des services sociaux.

    Ce n’est que grâce à une allusion au détour de la deuxième page de l’article (p.44) que l’on découvre que Mohamed el-Ayouni a bénéficié d’une allocation handicapé à son retour d’Irak alors que les services sociaux ne pouvaient ignorer dans quelles circonstances il avait perdu son œil et son bras gauches :

    Mohamed-el-Ayouni-p44

    Une lectrice, membre de Contribuables Associés, s’est émue de cette information et en a saisi le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Marisol Touraine. Cette dernière ne détenait certes pas ce portefeuille en juillet 2004 (à l’époque, c’était l’UMP Philippe Douste-Blazy), mais ce sont ses services qui ont attribué cette allocation handicapé. Vous pouvez lire ci-dessous la lettre de notre membre, ou la télécharger en cliquant ici (nous avons occulté son identité et son adresse pour des raisons évidentes).

    Lettre-Marisol-Touraine-Mohamed-el-Ayouni

    Si, comme cette lectrice, et comme nous-mêmes, vous trouvez choquant que les services sociaux aient pu attribuer une allocation handicapé à un terroriste qui revenait d’Irak avec des mutilations liées à la guerre qui y sévissait, merci de partager cet article par courriel, sur Facebook et sur Twitter. Vous pouvez également écrire au ministre de la Santé afin qu’il fasse toute la lumière sur ce véritable scandale.

    http://fr.novopress.info/181436/lu-net-retour-du-djihad-il-vit-allocations-handicape/

  • Affaire Chauprade: SOS Racisme porte plainte contre la vidéo de la discorde sur fond de réconciliation au FN

    Hier la nièce de Marine Le Pen s’est solidarisée avec la position de son grand-père Jean-Marie Le Pen, contre Marine en un tweet; Ce mardi 20 janvier, Marion Maréchal – Le Pen a relayé la vidéo d’Aymeric Chauprade, intitulée La France en guerre et publiée jeudi 15 janvier:

    « La France est en guerre », l’analyse d’@a_chauprade sur les attaques terroristes : http://youtu.be/aEUruaIUKqI 

    On allait vers le clash entre Aymeric Chauprade et Marine LP, mais les choses avancent très vite, et aux dernières nouvelles, le FN tente de clore l’incident Chauprade: Invité sur ITélé jeudi matin, Florian Philippot a dit qu’Aymeric Chauprade était « un expert brillant » à qui il manquait simplement quelques « réflexes politiques ». Pour lui la vidéo n’est « pas dramatique ». Le recadrage de Marine Le Pen?, « C’est de la cuisine interne! »  Et le tweet de Marion Maréchal-Le Pen ? « C’est un geste de sympathie. »

    SOS Racisme porte plainte contre Aymeric Chauprade

    Mais l’affaire rebondit par l’entremise de SOS Racisme qui a annoncé qu’elle allait déposer plainte contre l’eurodéputé. Dénonçant des « propos particulièrement inacceptables », l’association a demandé à son avocat d’engager une procédure« permettant la levée de son immunité » du parlementaire européen et de déposer une plainte contre des propos qui appellent « clairement à la haine et à la violence contre une partie de la communauté nationale à raison de sa religion ».

    Dans un communiqué, la présidente du Front National a précisé que le parti mettrait, quoi qu’il en soit, à disposition d’Aymeric Chauprade « l’ensemble de ses moyens juridiques afin de l’aider à organiser sa défense »

    Un bon moyen pour le Front de reprendre la main après les pasquinades républicaines suite aux attentats! Marine Le Pen Saura-t-elle saisir l’opportunité ?

    http://www.medias-presse.info/affaire-chauprade-sos-racisme-porte-plainte-contre-le-contenu-de-la-video-de-la-discorde-sur-fond-de-reconciliation-au-fn/23825

  • "Jour du dépassement" : l'humanité vit à crédit depuis le 19 août 2014

    Depuis le mardi 19 août, l'humanité vit à crédit sur sa dette écologique. Le Jour du dépassement est la date à partir de laquelle la consommation de l'humanité excède ce que la nature est capable de générer en un an. Il nous aura en effet fallu à peine huit mois en 2014 pour consommer plus de ressources naturelles que la Terre ne peut en renouveler, selon les calculs du Footprint Network. 

    « Celui qui croit qu’une croissance infinie peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » Kenneth Boulding. 
    Si la terre a pu nous nourrir en abondance depuis l'aube de l'humanité, le "seuil critique" à partir duquel nos comptes avec Dame Nature se sont retrouvés à découvert a été franchi dans les années 1970. Cependant, le plus alarmant, c'est que la date du Jour du dépassement tombe de plus en plus tôt chaque année et progresse avec une vitesse et une régularité implacable. Nous avions franchi la barre fatidique en novembre au cours de l'année 1980, puis en octobre dans les années 1990, en septembre dans les années 2000... 
    Nous sommes de plus en plus nombreux sur terre, et nous vivons de manière de moins en moins soutenable. Notre dette ne cesse donc d'augmenter d'année en année... Pour combien de temps encore ? 
    Selon Footprint Network, il faudrait actuellement une planète et demie pour produire les ressources écologiques nécessaires pour soutenir l'empreinte de l'humanité. L'ONG tire la sonnette d'alarme et appelle au changement : "Même si les chiffres sont mauvais," assure-t-elle, "nous pouvons encore prendre des mesures audacieuses et construire un avenir prospère, fondé sur l'utilisation durable des ressources. Mais il faut agir maintenant"
  • Les rigolos du réchauffement

    40 chefs d'État et environ 2500 chefs d'entreprise convergent vers Davos pour le Forum économique mondial qui se tient depuis mercredi et jusqu'à dimanche dans la très chic station de ski. Ces invités seront responsables d'un trafic aérien intense, avec 1 700 trajets en jet privé au-dessus de la région.

    Le forum est cette année consacré au climat et aux moyens d'enrayer le réchauffement climatique.

    Le prix du billet d'entrée est fixé à 19 000 dollars. Mais il faut ajouter 52 000 dollars pour la cotisation annuelle à la fondation organisatrice.

    Enfin, les pays émergents sont sous-représentés par rapport aux pays riches, Européens de l'Ouest (1 037) et Nord-Américains (833) en tête. Seuls 56 Chinois sont invités.

    C'est un peu comme si on invitait Bernard Madoff pour parler des règles bancaires.

    Michel Janva http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html