« Un peu de modestie, de finesse, d’autocritique et de repentance seraient sûrement bienvenues »
♦ En 1972 la France était un pays indépendant, unitaire, fier de son passé et où les libertés étaient respectées. Quarante ans plus tard, l’idéologie nationale héritée de la monarchie, de la République et actualisée par le gaullisme a été remplacée par l’idéologie « antiraciste ». Les résultats sont désastreux : immigration de masse peu assimilable, société multiconflictuelle, perte du sens commun, alignement de la politique extérieure sur des intérêts étrangers, censure à répétition. Comment en est-on arrivé là ? Jean-Yves Le Gallou fait le point pour Polémia.
1972: Alors que le président Pompidou est fragilisé par sa non-participation à la Résistance de 1940 à 1944, deux événements majeurs surviennent : le Parlement vote à l’unanimité la loi Pleven qui introduit – au nom de la lutte contre le « racisme » – le délit d’opinion dans la grande loi sur la liberté de la presse de 1881 ; les médias lancent « l’affaire Touvier », du nom de ce milicien protégé par l’Eglise catholique. Les deux piliers de l’antiracisme – pénalisation des opinions dissidentes, culpabilisation du passé français – sont ainsi posés.
1980: L’attentat contre la synagogue de la rue Copernic est attribué de manière purement mensongère par les médias à « l’extrême droite ». Jean Pierre-Bloch, patron de la LICRA, met en cause le « climat » : climat intellectuel pour aboutir à la neutralisation idéologique du Figaro-Magazine de Louis Pauwels, porteur d’une vraie pensée alternative ; climat politique visant la politique proche-orientale de Valéry Giscard d’Estaing jugée pas assez favorable à l’Etat d’Israël.
« L’antiracisme » est instrumentalisé par les socialistes et par certains milieux juifs (Le Renouveau juif d’Hajdenberg notamment) pour aboutir à l’élection de François Mitterrand en 1981.
1984/1985 : Fondation de SOS-Racisme, officine gouvernementale créée depuis l’Elysée par Jean-Louis Bianco, secrétaire général de la présidence, assisté d’un jeune conseiller… François Hollande en s’appuyant sur Eric Ghebali et Julien Dray de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et Bernard-Henri Lévy. Les objectifs de SOS-Racisme sont à la fois idéologiques et politiques : promouvoir une société multiculturelle, culpabiliser et scinder la droite, encadrer et contrôler les populations issues du Maghreb (pour les faire « bien » voter tout en évitant une dérive pro-palestinienne).
1986: La mort de Malik Oussekine, un Franco-Maghrébin sous dialyse, à l’occasion des manifestations contre la loi Devaquet, débouche sur une campagne de sidération médiatique. Celle-ci contraint le gouvernement Chirac à renoncer à ses projets, notamment quant à la protection de la nationalité française. A cette occasion le lobby « antiraciste » prend la main de manière définitive sur la droite parlementaire.
1990: Alors qu’il existe 300 profanations de cimetière par an, la dégradation du cimetière juif de Carpentras fait l’objet d’une manipulation médiatique sans précédent. L’ensemble de la classe politique officielle défile sous le parrainage des associations « antiracistes » et d’organisations juives. Deux objectifs sont atteints : la consolidation du fossé entre le FN et le RPR/UDF ; le vote de la loi Gayssot faisant de l’analyse historique critique de la « Shoah » un délit de blasphème.
1993/1998 : Poursuites et condamnations de Maurice Papon pour « crime contre l’humanité ». La condamnation de Papon, haut fonctionnaire français, préfet de police du général De Gaulle (qui lui conféra le grade de commandeur de la Légion d’honneur), député RPR, ministre de R. Barre, est un acte essentiel : c’est l’extension à l’Etat français, en 1998, de la culpabilisation imposée à l’Allemagne en 1945. Cela a aussi pour conséquence le désarmement moral de l’appareil d’Etat face à l’immigration : les associations « antiracistes » empruntant volontiers la figure du juif comme bouclier pour les immigrés clandestins.
2001 : Première loi Taubira, loi mémorielle définissant comme crime contre l’humanité les traites négrières (occidentales seulement) et l’esclavage.
Années 2000/2010 : Pendant longtemps le combat « antiraciste » a été mené par les associations spécialisées (LICRA, MRAP, LDH et SOS-Racisme) bénéficiant d’importantes subventions publiques nationales et locales et recevant des dommages et intérêts de leurs procès; à partir des années 2000, certaines institutions juives prennent directement le relais. Lors de son dîner annuel, avec un parterre plus brillant que pour la Fête nationale du 14 juillet, devant les plus hautes autorités de l’Etat, de la justice, de l’économie et des médias, le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) fixe la feuille de route : promotion de la société multiculturelle, renforcement de la législation et de la lutte « antiraciste », notamment sur Internet, soutien indéfectible à l’Etat d’Israël et lutte contre les pays qui y sont réputés hostiles.
Années 2000/2010 (bis) : Adoption d’un mode opératoire comparable au CRIF par le CFCM (Conseil consultatif du culte musulman) et le CRAN (Conseil représentatif des associations noires). Prise en tenaille des Français de souche.
Fin des années 2000/début des années 2010 : L’UEJF prend la tête du combat judiciaire pour obtenir la mise en place d’une censure publique, voire privée, sur Internet.
Le lobby « antiraciste » : fabuleux pouvoir et fabuleux échec
Après 40 ans de grandes manœuvres « antiracistes », le bilan est désastreux.
Pour les libertés d’abord, avec la multiplication des lois liberticides. Dans tous les classements internationaux portant sur la liberté d’expression la France figure parmi les plus mauvais élèves : entre la 40e et la 50e place pour la liberté de la presse selon Reporters sans frontières ; en troisième position (devant la Russie pourtant si souvent vilipendée !) pour les condamnations pour atteinte à la liberté d’expression par la Cour européenne des droits de l’homme (pourtant très politiquement correcte…) ; aux premiers rangs pour les requêtes auprès des grands fournisseurs d’accès Internet.
Pour la concorde intérieure ensuite : la société multiculturelle est un échec manifeste. Ni l’assimilation, ni même l’intégration n’ont fonctionné. Le seul lieu (hors celui, contraint, du travail) où des gens de culture, de religion et de race différentes se retrouvent ce sont les spectacles de… Dieudonné ou les réunions de Soral. Bref, là où ils se rient du Système selon les uns, du lobby sioniste selon les autres. Fabuleux échec du lobby « antiraciste »: c’est contre lui que s’organise la seule cohabitation black-blanc-beur !
Pour l’indépendance nationale enfin : L’alignement de la politique française sur des intérêts étrangers est de plus en plus préoccupant ; promue par BHL, l’intervention en Libye a été un succès militaire mais une catastrophe géopolitique ; et l’aventurisme de François Hollande sur la Syrie a nui à l’image de la France.
Pour les institutions juives aussi : Depuis l’affaire Dreyfus la communauté juive jouissait d’un statut moral lié à celui de l’innocence injustement persécutée ; en se plaçant systématiquement du côté de la censure, les institutions juives risquent de perdre leur statut de représentants d’opprimés pour celui d’odieux persécuteurs. C’est grave et c’est prendre un double risque : se placer en opposition de l’esprit français traditionnellement frondeur ; et heurter de plein fouet la sensibilité des jeunes générations, à la fois parce que, pour elles, la seconde guerre mondiale est finie depuis 70 ans… et parce qu’elles sont viscéralement attachées aux libertés sur Internet, véritable sujet du débat. Enfin, l’immigration massive encouragée par le lobby « antiraciste » a pour conséquence la constitution de ghettos musulmans et africains qui cultivent une forte sensibilité antisioniste, voire antisémite.
Bien sûr, ce serait une faute que de confondre les juifs dans leur ensemble et ceux qui prétendent parler en leur nom ; on ne saurait davantage passer sous silence le remarquable engagement du côté de l’identité française et de la patrie d’hommes comme Alain Finkielkraut ou Eric Zemmour. Pour autant, il semblerait raisonnable que les dirigeants des institutions juives aient la force de procéder à leur examen de conscience : à l’égard de leur communauté comme à l’égard de la France. Un peu de modestie, de finesse, d’autocritique et de repentance seraient sûrement bienvenues.
Changer de paradigmes
Quant au peuple français dans son unité, il lui faut changer de paradigmes dominants : renvoyer le lobby « antiraciste » à ses échecs ; cesser de le subventionner ; cesser de l’écouter et supprimer ses privilèges judiciaires. Vite !
Jean-Yves Le Gallou, 9/01/2014
http://www.polemia.com/19722014-ideologie-antiraciste-la-grande-catastrophe/
lobby - Page 2033
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1972/2014 : Idéologie « antiraciste », la grande catastrophe !
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Pourquoi l'immigration ne peut pas réduire la pauvreté
Une démonstration qui s'applique très bien à la France :
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14 janvier : conférence sur le gender à Versailles
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“Valeurs Actuelles” fait sa une sur le racisme antiblanc, “un tabou français”
PARIS (NOVOpress via Bulletin de réinformation) - Parue avant-hier dans les kiosques, la dernière livraison de Valeurs Actuelles fait sa une sur le racisme antiblanc.« Un tabou français » annonce l’hebdomadaire libéral-conservateur, qui s’appuie sur un récent sondage de l’Ifop selon lequel 47 % des Français, gauche et droite confondues, considèrent que : « le racisme anti-Blanc est un phénomène assez répandu en France ». Si les électeurs de gauche se disent moins concernés que ceux de droite, plus d’un quart d’entre eux (28 %) considère cependant ce phénomène comme « assez répandu ». Une proportion qui atteint même… 44 % chez les sympathisants du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, alors même que ce dernier est, sur cette question, dans la dénégation la plus totale. L’électorat de droite, qui estime, à 66 %, que le racisme anti-Blanc est « assez répandu », est quant à lui constitué par les catégories de la population se considérant comme les plus touchées par ce phénomène : artisans et commerçants (50%), employés (51%) et ouvriers (55%).
En accord avec la stratégie de Terra Nova, le cercle de pensée ultra-libéral qui pilote le Parti socialiste, la gauche a « largué » le peuple pour se tourner vers les immigrés et les bobos, davantage porteurs électoralement. Remarquons que le peuple le lui a bien rendu, puisqu’il s’est, depuis longtemps, massivement tourné vers le Front national.
Si l’existence du racisme antiblanc fait l’unanimité au FN, l’UMP est beaucoup plus divisée sur le sujet
Si Marine Le Pen est en phase avec l’opinion populaire sur la question du racisme antiblanc – comme sur beaucoup d’autres d’ailleurs… – les caciques de l’UMP marchent quant à eux sur des œufs. Alors que six électeurs sur dix de l’UMP se déclarent proches des positions frontistes, en revanche, pour une grosse minorité d’électeurs de l’ex mouvement présidentiel – l’aile de tradition chiraco-centriste – la question du racisme antiblanc sent par trop le soufre. Pour Copé, terminées les histoires de pain au chocolat, mais pas question non plus d’entonner un hymne au « vivre ensemble ». Comme à son habitude, l’UMP se contentera de faire de la com’ pour dire sur le sujet, un peu tout et le contraire d’un peu tout.
Déplorons que l’enquête de Valeurs Actuelles ne cite à aucun moment le livre de Gérald Pichon, Sale blanc, paru l’an dernier aux éditions Idées, alors même que ladite enquête semble s’être fortement inspirée des très pertinentes analyses que Pichon a mené sur le racisme antiblanc dans cet ouvrage de référence.
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A Voir ! Dieudonné 2014 – La Jeunesse se Réveille !!! (6 Janvier)
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Après les martyrs, les moines, les missionnaires voici le temps des familles
L'abbé Guillaume de Menthière, curé à la paroisse Saint Jean-Baptiste de La Salle - Chapelle Notre-Dame du Lys à Paris, écrit :
"Quand Jésus naît quelque part, on n’est jamais tranquille très longtemps. Impossible de s’attarder à faire risette sur le berceau du petit Jésus. Voilà qu’il faut déjà fuir. Faire passer le Fils de Dieu, incognito, en contrebande. La scène idyllique de Noël tourne au désastre jusqu’au mystère saintement épouvantable des fils de Rachel mis à mort par Hérode. « Le Verbe s’est fait chair et il a planté sa tente parmi nous », tente de nomade. Il ne s’est pas fait sur-homme, il s’est fait homme, tout simplement. Et voici que le Sauveur se sauve… prend la fuite en Égypte. Il est le nouveau Moïse sauvé des mains criminelles de Pharaon au pays d’Égypte.
Un enfant, une famille, un amour c’est toujours encombrant. Cela demande beaucoup de volonté, d’abnégation, de générosité. Dans une homélie prononcée à Nazareth Paul VI parlait de « l’austère et simple beauté de la famille ». Voyez comme une mère est soucieuse. Sa fille est sortie, elle ne dort plus, inquiète jusqu’à l’heure de son retour. Et vous voudriez dire à cette mère :
- Madame si vous n’aviez pas eu d’enfant vos nuits seraient tranquilles et sans souci…
- Quel raisonnement est-ce là ! vous répondrait la mère, je préfère mille fois mon tourment et mon amour plutôt qu’une nuit paisible qui n’aime personne.
Il est vrai que de nos jours la famille est une aventure périlleuse. Les pères de famille sont bien ces aventuriers des temps modernes dont parlait Péguy. Loin d’être l’institution bourgeoise qu’on a pu dénoncer en elle, la famille est plutôt aujourd’hui une petite association de réfractaires au modèle ambiant et le non-conformisme consiste désormais à la défendre plutôt qu’à l’attaquer. Jean-Paul II l’a souvent répété : après les martyrs, les moines, les missionnaires voici le temps des familles. Rien n’assurera mieux pour notre époque la crédibilité de l’évangile que l’existence de foyers chrétiens heureux, forts et tendres. C’est de cela dont notre vieille Europe ridée, avec sa démographie dévalante, source de tant de maux, a besoin. C’est cela qui convient : cet espace d’inclusion qu’est la famille, centre et cœur de la civilisation de l’amour."
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Jean-François Copé est à l’origine de l’attaque de Valls contre Dieudonné
Denis Jeambar, consultant pour la chaîne LCP, a évoqué un coup de fil de Jean-François Copé à Manuel Valls pour lui demander de faire cesser les agissements de Dieudonné. Valls a été d’accord à condition que la droite le soutienne, ce qui de fait s’est remarqué puisqu’il n’y a aucune voix discordante à l’UMP pour dénoncer les interdictions de spectacle. Alain Juppé a même été le premier maire a annoncé qu’il interdisait la tenue du spectacle dans sa ville. Quant à Jean-François Copé, il a apporté son soutien total à Valls tout en appelant le gouvernement à aller plus loin : « Il est plus que jamais urgent que chacun prenne ses responsabilités pour que cesse cette mascarade. Le gouvernement, à commencer par Christiane Taubira et Manuel Valls, doit agir vite et fort pour que Dieudonné M’bala M’bala soit condamné pour ses propos inqualifiables et que toutes les condamnations soient dûment appliquée. »
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Estrela : la bataille continue
Juste avant Noël, le Parlement européen adopta sa résolution du 10 décembre 2013 sur la santé et les droits sexuels et génésiques (2013/2040(INI)). Dans ce document, il « observe que la définition et la mise en œuvre des politiques relatives aux SDSG et à l’éducation sexuelle dans les écoles relèvent de la compétence des États membres ».
La résolution marqua la fin d’une longue bataille contre un projet de résolution de Madame Estrela. Émanant de la commission des droits de la femme et de l’égalité des genres, sa proposition de résolution visait l’instauration d’un droit universel à l’avortement et forçait l’interdépendance entre la dynamique de la population et l’avortement dans les pays africains en voie de développement.
L’avortement devait devenir une nouvelle norme sociale dans l’Union européenne et au-delà. Jamais auparavant une résolution d’initiative n’avait suscité un tel tollé dans la population et dans l’hémicycle du Parlement européen. Jamais auparavant, non plus, une commission parlementaire ne cherchait si ouvertement à neutraliser politiquement l’initiative citoyenne « Un de Nous » qui demande précisément à ce que l’Union européenne cesse la manipulation de l’embryon humain, pétition européenne soutenue par 2 Millions de citoyens à travers les États membres. [...]
La suite sur NdF
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Dans la Somme, le projet des Mille Vaches veut transformer l’agriculture en industrie
Cette semaine, alors que le projet de loi agricole est discutée à l’Assemblée nationale, une campagne est lancée par la Confédération paysanne contre le projet de ferme-usine des "Mille vaches". Dans la Somme, ce projet d’immense étable industrielle s’apprête à bouleverser l’élevage. Reporterre commence une série d’enquêtes sur ce projet inquiétant.
Soit un plateau de craie intensivement livré à la pomme de terre, à la betterave, au colza, au blé. Le fleuve qui a donné son nom au département se jette dans la Manche, dans cette si fameuse baie de Somme où prospère tant bien que mal une colonie de phoques veaux-marins. Plus haut, le puissant Nord-Pas-de-Calais des barons socialistes ; plus bas, l’Île-de-France des ministères et des grandes décisions. C’est là, tout près d’Abbeville, qu’on prétend ouvrir la plus grande ferme de la longue histoire agricole française. Mille vaches. Mille vaches prisonnières de l’industrie.
Quand on arrive sur le chantier de la Ferme des Mille vaches, il vaut mieux avoir le cœur en fête, car la plaine agricole fait vaciller le regard. À perte de vue, des immenses monocultures, rases encore en ce début d’hiver. Aucun arbre. Nulle haie. L’industrie de la terre. De Drucat, aller jusqu’au hameau Le Plessiel, puis prendre à gauche la départementale 928, sur environ 500 mètres, en direction d’Abbeville, qui n’est qu’à deux pas. C’est donc là. Mais où ?
Il faut s’arrêter juste avant le Centre de formation de l’Automoto-école de la ZAC, et prendre un chemin de boue grise qui le borde. À main gauche, un no man’s land de bâtiments préfabriqués, d’asphalte râpé et d’herbes clairsemées. C’est dans ce lieu guilleret que l’on apprend à manier motos et poids lourds, avant de s’aventurer sur la route. À main droite, trois cents mètres plus loin, le vaste chantier de la Ferme des Mille vaches. Un immense hangar posé sur des piliers en acier, sans murs encore, un petit bâtiment à l’entrée, un semblant de grue, deux bétonnières, quelques ouvriers de l’entreprise belge Vanbockrijck, spécialiste des « plaques de béton coulées pour les silos ».
L’objectif de cette usine en construction ? Produire du lait à un prix de revient très bas et transformer fumier et lisier des animaux en électricité au travers d’un gros méthaniseur.
Il en est plusieurs points de départ à cette stupéfiante affaire, mais le voyage en Allemagne préfigure de nombreux développements. Habitué aux mœurs du BTP – il en est un champion régional -, le promoteur Michel Ramery embarque le 14 avril 2011 une quarantaine de personnalités de la région. Par avion. Il y a là le maire socialiste d’Abbeville, Nicolas Dumont, des conseillers généraux, des maires, dont Henri Gauret, celui de Drucat, où pourrait être construit le méthaniseur (voir encadré ci-dessous). Gauret est d’une race si peu ordinaire que s’il accepte le voyage, il exige de le payer, ce que ne feront pas les autres. Sur place, on leur fait visiter deux fermes modèles, avec méthaniseur bien sûr. Pas d’odeur, pas de malheur : tout a été soigneusement préparé.
Je me suis dit, "Pauvres bêtes !"
Et puis plus rien. Mais un jour d’août 2011, Henri Gauret découvre avec stupéfaction qu’une enquête publique doit commencer le 22 août, alors que la moitié de la population est en vacances. « Vous comprenez, dit-il à Reporterre, Drucat est un village résidentiel de neuf cents habitants. Des habitants d’Abbeville ou même d’Amiens ont fait construire ici pour le calme, la nature. Mes premiers contacts avec Michel Ramery, fin 2010, n’ont pas été mauvais, mais quand j’ai découvert cette histoire d’enquête publique, là, comme on dit, ça m’a drôlement interpellé ». Et Gauret alerte la population du village par un courrier déposée dans la boîte à lettres, déclenchant une mobilisation générale.
Gilberte Wable s’en souvient comme si c’était hier. « Cette histoire m’a mise en colère, dit-elle à Reporterre. Mon premier mot a été pour les vaches. Je me suis dit : ’Pauvres bêtes !’. Les enfermer à mille, dans un espace si petit qu’elles ne peuvent pas bouger leurs pattes, je ne pouvais pas supporter. J’ai pris un papier, un stylo, et j’ai rédigé une première pétition que j’ai fait signer un soir à mon Amap. Tout le monde a signé, mais on n’était encore qu’un groupuscule. Dans un deuxième temps, j’ai rallongé le texte, et on l’a fait circuler à Drucat, où près de 80 % des adultes ont signé. Après, il y a eu la réunion publique. »
Un autre moment fondateur. Le 26 septembre, deux cents personnes se pressent dans la salle polyvalente de Drucat, qui n’a pas l’habitude d’une telle foule. Ramery est là, en compagnie de Michel Welter, son chef de projet, et du sous-préfet. Henri Gauret, qui préside, s’inquiète fort de l’ambiance et regrette, aujourd’hui encore, certains mots employés contre Ramery par les opposants les plus chauds. « La colère grondait ! reprend Gilberte Wable. On a demandé à Ramery de s’expliquer, et il a juste lâché : ’Vous avez vos droits, j’ai les miens’. Le dialogue était impossible. Ce soir-là, je suis sûre qu’il pensait pouvoir passer en force. Il ne voyait pas que nous allions nous souder. Mais nous non plus ».
Habitué à tout obtenir des politiques (voir un prochain volet de notre enquête), Ramery a toujours dédaigné l’opinion, ce qui va lui jouer un mauvais tour. Car en effet, une équipe gagnante se met en place. Derrière Gilberte Wable et quelques autres pionniers apparaît un véritable tribun, Michek Kfoury, médecin-urgentiste à l’hôpital d’Abbeville. Et Kfoury, habitant de Drucat, ne se contente pas de fédérer l’opposition : il l’entraîne sur des chemins très inattendus.
Au passage, des centaines de contributions pleuvent sur le cahier de doléances de l’enquête publique, sans aucunement troubler le commissaire-enquêteur, qui donnera sans état d’âme un avis favorable. Le 17 novembre 2011, dans une certaine ferveur, naît l’association Novissen. Drucat est en pleine révolte populaire, ce dont se contrefichent, bien à tort, les élus locaux et les copains de Michel Ramery, qui sont souvent les mêmes. La suite n’est pas racontable ici, tant les épisodes du combat sont nombreux. Ceux de Novissen inventent leur combat jour après jour, inaugurant par exemple le 2 juin 2012 une Ronde des indignés sur la place Max Lejeune d’Abbeville, la sous-préfecture voisine.
Malgré tout, la machine officielle avance. En février 2013, le préfet accorde une autorisation d’ouverture portant sur cinq cents vaches, et non pas mille. Tout le monde comprend qu’il s’agit d’une simple ruse administrative : l’essentiel est de lancer l’usine à vaches, qu’on pourra facilement agrandir ensuite. Mais que faire ? Le principal renfort viendra de la Confédération paysanne, qui va mettre des moyens exceptionnels au service d’un combat commun.
Ce syndicat minoritaire, connu il y a dix ans par son porte-parole de l’époque – José Bové -, se dote d’un « responsable des campagnes et actions » jeune et enthousiaste, Pierre-Alain Prévost. Reporterre est allé l’attraper au siège de la Conf’, comme on appelle le syndicat, dans la banlieue parisienne. « J’ai rencontré les gens de Novissen à Abbeville, confie-t-il, et puis nous nous sommes retrouvés pour une manif au Salon de l’Agriculture, en mars 2013. Et c’est alors que j’ai dit au Comité national du syndicat : ’Il faut y aller !’. J’ai creusé le dossier, j’ai appelé pas mal de gens, et on a commencé. Laurent Pinatel, notre porte-parole, a embrayé ».
Une visite mouvementée
À partir de juin 2013, la Conf’ prépare dans le plus grand secret une opération grand style. Ce qui donnera, dans la nuit du 11 au 12 septembre 2013, une visite mouvementée sur le chantier de la Ferme des Mille vaches.
Vingt syndicalistes peignent sur place une inscription de 250 mètres de long : « Non aux 1000 vaches ! ». Au passage, ils subtilisent des pièces des engins de chantier – qui seront rendues – et dégonflent les pneus des véhicules présents.
Non seulement Ramery porte plainte, ce qui peut se comprendre, mais son chef de projet, Michel Welter, se ridiculise en affirmant sans rire : « C’est du terrorisme pur et dur ». La suite est moins distrayante, car six personnes, dont le président de Novissen Michel Kfoury, sont placées en garde à vue, bien que l’association n’ait nullement été mêlée à l’action de la Conf’.
Cela n’altère d’aucune façon la détermination générale. Il faut dire que Novissen dispose d’un avocat en or massif, Grégoire Frison. Ce spécialiste du droit de l’environnement, installé à Amiens, reçoit Reporterre en rappelant quelques heureuses évidences. « Le fric, mais ça ne doit servir qu’à vivre mieux ensemble, pas à spéculer ! Un tel projet ne peut que créer de la misère sociale en ruinant des dizaines de petits éleveurs laitiers. En faisant disparaître nos potes. Oui, nos potes ! Ceux avec qui nous pouvons envisager un art de vivre, une communauté vivante. Ce que Ramery et ses soutiens déteste, c’est justement cette solidarité qui renaît entre paysans et néo-ruraux ».
Sur le plan juridique, explique Frison, le combat pourrait bien rebondir dès ce mois de janvier, grâce à une plainte déposée pour non-respect du permis de construire. La faute à l’un des vice-présidents de Novissen, Claude Dubois. Ce dernier, plutôt rigolard, raconte à Reporterre : « J’ai un permis d’avion, mais depuis quelques années, je fais surtout de l’ULM à partir de l’aérodrome d’Abbeville, qui est tout proche du chantier de la Ferme. Comme je faisais beaucoup de photos aériennes, j’ai plutôt l’œil. Et puis le 28 novembre dernier, on a appris que M.Ramery avait déposé une demande de permis de construire modificatif. J’ai pris des photos, j’ai comparé avec les plans officiels de la Ferme, j’ai sorti mon triple décimètre, et j’ai compris ».
Les photos de Claude Dubois sont sans appel. On y voit notamment un espace entre deux bâtiments bien plus grand que sur le plan déposé. Et, pire, des fondations au beau milieu, alors qu’aucun hangar ne devrait être construit si l’on s’en tient au permis de construire. Ce splendide pied de nez ne plaît en tout cas pas du tout à Ramery, qui a sonné les gendarmes locaux, qui n’ont pas hésité à aller tancer le président de l’aérodrome. « Le président, rigole Claude Dubois, m’a dit : ’Ramery n’est pas content qu’on survole son chantier. Sois gentil, respecte l’altitude minium’. Ce que j’ai toujours fait. Mais depuis quand n’aurait-on pas le droit de survoler un chantier ? ».
Certes, ce nouveau front ne fait que s’ouvrir, mais il réjouit déjà ceux de Novissen. « C’est très bon signe, assure Gilberte Wable. M. Ramery fait des bêtises ahurissantes. Comment ose-t-il ne pas respecter un permis de construire aussi controversé ? ». La Confédération paysanne lance à partir du 6 janvier une nouvelle vague de manifestations. Cette fois, partout en France. La « Ferme des 1000 vaches » est loin d’avoir gagné la partie.
Source
http://www.oragesdacier.info/2014/01/dans-la-somme-le-projet-des-mille.html -
20 janvier : l'euthanasie ou le droit à tuer