Mercredi soir à Paris le Comité 9 mai, soutenu par le Bastion social, a organisé la marche annuelle en mémoire de Sébastien, jeune militant décédé en 1994 suite à une manifestation durement réprimée par la police. Notons le nombre important de participants à cette commémoration. Cela prouve que chez les nationalistes, la fidélité existe.
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Belle démonstration de force des jeunes nationalistes parisiens en mémoire de Sébastien
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Zoom : Daniele Masson - Eric Zemmour, itinéraire d’un insoumis
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L’immigration, toujours une « chance pour la France » ?
Un communiqué du MNR :
Les Dernières Nouvelles d'Alsace du 7 février 2018 ont donné l'information suivante (ça n'a pas fait beaucoup de bruit à la télé...) : « 32 000 Euros d’allocations perçus avec une fausse identité : le prévenu relaxé »
Cet Algérien de quarante-neuf ans avait produit un faux acte de naissance irakien ; à la suite de ses démarches auprès de la Caisse d'Allocations Familiales du Bas-Rhin, il avait touché 32 000 € d'allocation pour adulte handicapé, et d'aide au logement, en deux années et demie. La CAF a été déboutée de sa demande de remboursement des 32 000 euros versés.
Qu'en pensent les journalistes et associations « droit-de-l'hommistes » ?
Quand nos hommes politiques, et notre justice, s’arrêteront-ils de favoriser honteusement les immigrés au détriment des Français ?
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Lucien Cerise sur Radio Courtoisie : Formatage social et manipulation des radicalisés (avril 2018)
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Génération Identitaire sur les écrans et dans les studios
Les 21 et 22 avril 2018, Génération identitaire menait une opération au Col de l’Échelle, dans les Alpes, près de Briançon. Une action qui a fait grand bruit. L’OJIM a écouté ce que radios, télévisions et réseaux sociaux en ont dit.
Une action qui s’est invitée jusqu’à l’Assemblée Nationale.
L’OJIM a déjà analysé l’événement, juste après l’action menée par Génération identitaire.
Au vu du poids des radios, réseaux sociaux et télévisions dans le paysage médiatique, il est intéressant de faire un focus sur la manière dont ces médias ont rendu compte des menées des Identitaires. Un rappel toujours utile : d’après un sondage réalisé à la demande de l’hebdomadaire Valeurs Actuelles et publié le 26 avril 2018, 76 % des Français souhaitent être consultés par référendum au sujet de la politique migratoire de la France. Notons aussi que l’action s’intitulait « Defend Europe », une expression qui gêne globalement les médias, de toute nature, étant donné son caractère non nationaliste. Chez les Identitaires, ce qui pointe c’est plutôt la notion de « préférence de civilisation », notion d’ailleurs théorisée par un Institut, distinct de Génération Identitaire, qui vient de publier son Manifeste.
Pourquoi ces précisions ? Une raison simple : trois semaines après l’action menée dans les Alpes, force est de constater l’inculture politique de la majeure partie des journalistes prenant la parole ou la plume au sujet des courants identitaires, inculture caractérisée par :
Le fait de reprendre automatiquement les mêmes mots et paragraphes, la plupart du temps récupérés dans une dépêche AFP, parfois copiés collés sur internet.
Le sentiment que ces journalistes découvraient l’existence des Identitaires donne sérieusement à penser au sujet de ce qui s’enseigne dans les écoles de sciences politiques ou de journalisme.Un surprenant contexte ?
Plusieurs faits étonnent tandis que radios et télévisions essaient (parfois) de rendre compte de ce qui s’est passé dans les Alpes et de ce qu’est Génération Identitaire.
Durant deux semaines, aucune des émissions de radio et de télévision ayant consacré des reportages ou des débats à l’action de Génération Identitaire n’a invité un de ses membres à s’exprimer. Ce qui est encore plus choquant concernant les débats : Génération Identitaire est une organisation politique associative reconnue par la République, et donc légale ; l’action conduite dans les Alpes est également légale. La procédure judiciaire un temps ouverte a été fermée au bout de 48 heures. Une image parmi d’autres vient à l’esprit : le logeur des djihadistes, par exemple, assassins du Bataclan, omniprésent dans le petit écran.
La parole a été donnée à l’un des représentants de Génération Identitaire… le 1er mai 2018. Mieux vaut tard que jamais, sans doute. C’était dans Bourdin direct.
Début mai, Facebook ferme les comptes de Génération Identitaire, bien qu’aucun tribunal n’ait condamné l’organisation pour des faits entrant dans la charte du réseau social. Cette fermeture est liée à la demande d’une “Ligue de Défense noire africaine“, mouvement luttant contre la négrophobie et le racisme, prônant le respect de la communauté noire et menant des actions sociales & humanitaires.
Ce compte Twitter et sa page Facebook qui parlent de « soldats » au sujet de ses membres, est suivi par… 250 personnes, est totalement inconnu, existe… peut-être ? Et obtient la fermeture du compte d’une organisation suivie sur Facebook par plus de 120 000 personnes, dont les idées sont en ce même moment en train de faire débat dans l’ensemble de la presse, et du pays. Surprenante conception de la démocratie et de la liberté d’expression. Sur son compte Twitter, Jean-Yves Le Gallou indique ceci :
La fermeture n’a sans doute pas été demandée que par le groupuscule Twitter cité plus haut. C’est ce que semble laisser entendre cet étrange tweet de Frédéric Potier : -
C'est la France qui a fait la Nouvelle Calédonie, les Kanaks ne représentent qu'eux-mêmes
Alain Sanders
Rappelons que les Kanaks – et cette graphie est nécessaire pour les dissocier des Canaques, très majoritairement loyalistes – ne représentent qu’eux-mêmes, c’est-à-dire pas grand monde. Les Européens et les Caldoches (les « pieds-noirs » de Nouvelle-Calédonie) sont aussi nombreux que les Canaques, et l’île compte des Mélanésiens, des Wallisiens, des Tahitiens, des Vietnamiens, des Indonésiens, des milliers de personnes originaires du Vanuatu, des Comores, des Antilles, de la Réunion, de Djibouti. Tous ceux-là, qu’on a vu manifester à Nouméa sous une forêt de drapeaux tricolores le 3 mai dernier, voteront bien sûr contre l’indépendance.
A l’occasion du déplacement présidentiel, on a entendu les habituels chiens couchés répéter que les « colons »avaient volé aux Canaques « les terres de leurs ancêtres ». Vide d’hommes (l’île de Shihoku, au Japon, compte près de 5 millions d’habitants pour une même superficie ; Chypre, deux fois plus petite, a quatre fois plus d’habitants), la Nouvelle-Calédonie pourrait, pour être réellement mise en valeur, accueillir sans problème cinq fois plus d’habitants.
Quant à une prétendue « nation canaque » (et a fortiori « kanak »), elle n’a jamais existé. C’est la France qui lui a donné un semblant de consistance en pacifiant une myriade de clans antagonistes et ennemis qui ne parlaient pas la même langue, s’étripaient allégrement et s’entre-dévoraient : il y avait des tribus dites « garde-manger »chez lesquelles les dominants allaient « faire leur marché », et le cannibalisme a été difficilement éradiqué.
Source Thomas Joly cliquez ici
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Des "Jeunes avec Calmels" veulent l'ouverture à droite
Regrettant son ton trop modéré à droite, en particulier sur l'immigration, plusieurs «Jeunes avec Calmels» (une soixantaine), dont le responsable Erik Tegner, ont décidé de retirer leur soutien à la vice-présidente LR, proche d'Alain Juppé. Erik Tegner, responsable du mouvement qui fût encarté au Front national à l'âge de 17 ans avant de rejoindre Les Républicains à 20, explique :
«On ne l'a pas assez entendue sur le projet de loi asile et immigration». «Quand elle a vu Laurent Wauquiez tomber à 8% dans les sondages, j'ai peur qu'elle se soit dit qu'elle devait incarner une ligne plus modérée».
Aurélie Vial, vice-présidente du mouvement, elle aussi démissionnaire, ajoute :
«Elle a toujours été dans l'ambiguïté. Un coup elle se montre proche de la politique de Macron, ensuite elle revient vers la ligne de Wauquiez».
Mieux : les prises de positions de Virginie Calmels pour décliner les mains tendues des personnalités proches du Front national en ont agacé certains. Après avoir condamné l'appel de Thierry Mariani qui réclamait une alliance avec le FN, la vice-présidente a rejeté la proposition de Nicolas Dupont Aignan. Un autre jeune avoue :
«Nous sommes déçus. On l'a plus entendue refuser de discuter avec la droite radicale que parler du fond. Or il faut que nous parlions à tout le monde. Nous le faisons déjà entre jeunes».
Erik Tegner évoque l'attirance envers Marion Maréchal-Le Pen :
«Sur le terrain, les militants ne font que parler d'elle positivement. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas échanger avec si elle revenait en politique».
Interrogé sur Boulevard Voltaire, Erik Tegner explique :
« L’avenir des Républicains passe par un combat civilisationnel et identitaire. » « L’anticonformisme d’Emmanuel Macron oblige la droite à être réactionnaire, libérale et conservatrice. Pourquoi ne serions-nous pas plus transgressifs qu’Emmanuel Macron ? »
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Mai 68, la bacchanale des dupes
Par Christian Tarente
Politiquement, ce fut un vrai jeu de massacre : tout au long des « événements » de Mai 1968, les gagnants ont tous fini dans les cordes.
Lancé par des groupuscules d’étudiants trotskystes, doctrinaires austères durement embrigadés, le mouvement s’amplifia à la faveur d’une vague anarcho-libertaire qu’ils vouaient aux gémonies. Et lorsque les vieilles organisations syndicales, obsolètes et minoritaires, tentèrent de reprendre la main, elles se virent doublées par la « base » qui, portée par ses rêves de bien-être, les entraîna au blocage total du pays. La gauche socialiste, enfin – avec Mitterrand et Mendès –, persuadée de pouvoir « surfer » sur la vague avant de ramasser la mise, dut assister, impuissante, au triomphe électoral du parti gaulliste. Triomphe lui-même éphémère : il préludait à la chute brutale, un an après, du général de Gaulle.
En 1974, après la parenthèse pompidolienne, cette bacchanale des dupes allait connaître son ultime prolongement : l’élection de Giscard d’Estaing consacrera l’aboutissement des valeurs intimes de Mai 68. Son programme « décomplexé » – primauté de l’économique et libération des mœurs – célébrait les noces du libéralisme et de l’idéal libertaire. Sous le signe d’un libre-échangisme généralisé, l’extrémisme libéral embrassait l’illimitation du désir. Giscard, jeune surdoué convaincu d’avoir découvert la pierre philosophale de la politique, le nombre d’or de la « société libérale avancée », entendait mettre la France sur la voie du Progrès, identifiée à sa dissolution dans le conglomérat européen. Il lui a offert un veau d’or : la déesse Consommation devenait reine de France, vouée à l’adulation des foules.
Et les choses se déroulèrent ainsi afin que s’accomplît la parole des prophètes : Maurras dans L’Avenir de l’Intelligence (1905) – « le règne de l’or, maître du fer, devenu l’arbitre de toute pensée séculière » – et Péguy dans L’Argent (1913) – « cet automatisme économique du monde moderne où nous nous sentons toujours plus étranglés par le même carcan de fer…»
Aujourd’hui, le veau d’or est vainqueur, mais où est sa victoire ? Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve : au milieu des décombres de Mai 68, ne l’oublions pas, a aussi germé une profonde insurrection de l’esprit.
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OÙ TROUVER VINGT MILLIARDS POUR COMPENSER LA TAXE D’HABITATION ?
Le Conseil constitutionnel ayant estimé que faire payer une taxe d’habitation à 20 % de la population serait contraire au principe de l’égalité devant l’impôt, le gouvernement vient d’annoncer la suppression pour tous de cet impôt local. Or, il rapportait dix-huit milliards d’euros, que l’État doit compenser intégralement. Les dix milliards correspondant à la suppression de cette taxe pour 80 % de la population ont déjà été budgétés et seraient, paraît-il, financés par des économies draconiennes dans les dépenses de l’État. Toutefois, le gouvernement va diminuer la dotation annuelle des collectivités locales pour les obliger à compresser leur personnel ; il reprendra d’une main une partie de ce qu’il donnera.
Reste huit milliards à trouver. Or, le gouvernement jure qu’il n’augmentera pas les impôts et qu’il ne créera pas de nouvelles taxes locales. Une partie de cet argent (2,8 milliards) proviendra d’une surtaxe foncière sur les résidences secondaires et sur les logements vacants. Pour le reste, le pouvoir envisage de donner aux communes la part de la taxe foncière qui va actuellement aux départements et de rétrocéder à ces derniers, pour compenser, une part de la TVA ou de la CSG. Les villages et les petites villes seraient gagnants lors de ce transfert, mais pas les grandes villes. Il faudrait prévoir un fonds pour dédommager les perdants. Cela coûterait six cents millions d’euros, ce qui est acceptable, mais serait complexe à mettre en place. Autre solution : rétrocéder une fraction de la TVA aux communes, mais alors on se heurterait au principe de l’autonomie des collectivités locales, car le pourcentage de leurs ressources dont elles décident librement le taux doit être supérieur à 60 %.
Néanmoins, l’État se retrouve avec un trou de plus de cinq milliards à combler. Faire de nouvelles économies est impossible. Celles qui sont prévues relèvent parfois du vœu pieux et risquent fort de ne jamais être faites. La logique macronienne voudrait que les nouveaux exemptés (les classes supérieures) règlent la facture, car le Président ne leur a fait aucune promesse. On pourrait ainsi raboter plusieurs niches fiscales, parmi celles-ci qui profitent aux contribuables les plus aisés. M. Darmanin, craignant le ras-le-bol fiscal, a pris position contre cette solution, mais elle sera probablement mise en œuvre d’une façon ou d’une autre. On peut aussi augmenter subrepticement les taxes sur l’essence (sous prétexte de lutter contre le réchauffement climatique).
Le gouvernement compte aussi sur la révision (et l’augmentation qui s’ensuivra) de la taxe foncière, car cette dernière se base, pour les logements anciens, sur des déclarations faites en 1970. Depuis, des travaux ont pu augmenter le confort de ces logements. La moitié d’entre eux auraient ainsi une taxe foncière sous-évaluée. Cependant, augmenter les impôts d’une partie des contribuables est toujours politiquement délicat.
Au final, en jouant sur plusieurs tableaux, le gouvernement trouvera les milliards manquants, mais une chose est sûre : les Français paieront la note.
http://www.bvoltaire.fr/trouver-20-milliards-compenser-taxe-dhabitation/
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Mai 68 : La contre-culture : ses origines, sa fonction [1]
Sylvie Vartan
Par Rémi Hugues
Dans le cadre de la sortie de son ouvrage Mai 68 contre lui-même, Rémi Hugues a rédigé pour Lafautearousseau une série dʼarticles qui seront publiés tout au long du mois de mai.
Dans la conscience collective, la France des Trente glorieuses est aujourd’hui devenue un âge d’or.
Époque de prospérité, de forte croissance économique, de plein-emploi, conditions vues de nos jours comme nécessaires au bonheur. Cet âge d’or a ses symboles : la casquette du Général, les gitanes de Pompidou, la gouaille des leaders communistes... Et le cul de Bardot. Filmé par Jean-Luc Godard, le chef de file avec François Truffaut de la Nouvelle Vague. Les belles « autos », aussi, font bander les mâles. Ère de prospérité, ère de liberté : routes de la liberté, merci au moteur à explosion. Les voitures se sont démocratisées. Liberté sexuelle également. Le moteur du désir, débridé, ne craint pas la panne. Ni la surchauffe. Il y a une assurance : pour ceux qui redoutent d’avoir à assumer des années durant les conséquences de leurs actes. La pilule se généralise. Elle est en vente libre.
La « libération sexuelle »
Les vœux d’Antoine, qui en 1966 chantait dans Les Élucubrations son souhait que la pilule fût mise « en vente libre dans les Monoprix », avaient été exaucés avec la loi Neuwirth. Si de Gaulle avait accepté la légalisation de la pilule contraceptive, c’était d’abord pour des raisons bassement politiciennes. À l’occasion du Conseil des ministres du 24 mai 1967, il déclare : « Lors des élections législatives, comme déjà pendant l’élection présidentielle, la ʽʽpiluleʼʼ a été l’un des sujets favoris de la gauche. La pression politique est forte et chacun comprend qu’il faut ʽʽvider la questionʼʼ.[1] […] Sur la proposition Neuwirth, la position que le gouvernement prendra doit être positive, mais entourée de grandes précautions. En tout état de cause, une loi implique une action nataliste plus accentuée, pour un ensemble de raisons nationales et internationales.[2] […] Les mœurs se modifient ; cette évolution est en cours depuis longtemps ; nous n’y pouvons à peu près rien. […] Quant à l’aspect religieux, croyez bien que j’y suis sensible. J’ai posé la question au Pape, et il m’a répondu qu’il se ferait entendre bientôt sur ce sujet qui est complexe et difficile. […] Il ne faut pas faire payer les pilules par la Sécurité sociale. Ce ne sont pas des remèdes ! Les Français veulent une plus grande liberté de mœurs. Nous n’allons quand même pas leur rembourser la bagatelle ! Pourquoi pas leur rembourser aussi les autos ? »[3]
La « révolution rockʼn roll »
En fond sonore, outre Antoine, Sylvie Vartan ou Johnny Halliday. Ces chanteurs phares de Salut les copains devenus idoles des jeunes sous l’égide de Daniel Filipacchi. Ce dernier organisa le grand événement fondateur de la « génération 68 », où elle prit conscience de son poids démographique, et donc de sa force politique potentielle. Ce moment fondateur, sorte de fête de la musique avant l’heure, a lieu place de la Nation, le 22 juin 1963. Il est bien décrit pas Hervé Hamon et Patrick Rotman : « La nuit s’annonce douce ; pour entamer l’été, la météo semble aussi de la fête. Europe n° 1 convie ses auditeurs à un grand concert gratuit et en plein air, avant le départ du Tour de France prévu pour le lendemain. Dès vingt et une heures, ils sont plus de cent mille, filles et garçons, qui piétinent, pressés les uns contre les autres. […] Alentour, l’affluence ne cesse de croître, les bouches de métro vomissent un flot ininterrompu. Le cours de Vincennes est entièrement bloqué. La marée, comme une lave, gagne inexorablement, grimpe sur tout ce qui permet de prendre de la hauteur. Des arrivants, par paquets de vingt ou trente, se sont juchés sur les branches des arbres qui menacent de casser. Quelques audacieux ont les trois camions aux couleurs d’Europe n°1. D’autres, plus inconscients, sont allongés sur les auvents des cafés, qui frôlent la déchirure. […] Même sur le poteau du feu rouge, juste en contrebas, ils sont une demi-douzaine, accrochés comme des singes à un cocotier, par un bras, une jambe, une main. Tous les réverbères, tous les panneaux de signalisation ont subi le même sort. Les toits des maisons avoisinantes sont à leur tour conquis. Les responsables du service d’ordre s’affolent. Deux mille agents sont dépêchés en renfort pour tenter de contenir la foule. […] Daniel Filipacchi, lui-même, est surpris. Ils escomptaient vingt à trente mille personnes : elles sont cinq fois plus nombreuses. »[4]
Jean-François Sirinelli souligne à cet égard que « le grand concert organisé par Europe n°1 pour fêter le premier mensuel Salut les copains passa, jusqu’à mai 1968, pour l’événement à la fois fondateur et identitaire de la classe d’âge montante. »[5]
Le yé-yé, expression née sous la plume du philosophe Edgar Morin, est une imitation, un produit importé. C’est la transposition française du rockʼn roll, d’origine anglo-saxonne. C’est ce style musical qui faisait danser et s’évader la jeunesse des années 1960, les baby-boomers.
L’historien Sirinelli insiste sur ce point : le monde anglo-saxon diffuse une culture nouvelle destinée spécifiquement à la jeunesse. Il montre en effet que « la culture de masse juvénile, d’abord politiquement paisible durant le premier versant des années 1960, se teinte de contestation multiforme, davantage inspirée au demeurant par l’effervescence culturelle de la Grande-Bretagne du milieu de la décennie puis par le mouvement de sécession socioculturelle, bientôt largement médiatisé et baptisé du terme générique de hippie, touchant de jeunes Américains de la côte ouest des États-Unis. »[6]
Le rockʼn roll est le pendant frivole et distrayant de l’occupation de la France par des militaires américains. L’un est la conséquence de l’autre. Au tournant des années 1960, fait observer Kristin Ross, une « mutation […] instaura en France une culture de masse à l’américaine »[7]. Celle-ci forme, en quelque sorte, un culte de l’abondance et du progrès : « Immédiatement après la guerre, les États-Unis exportèrent vers une Europe dévastée […] les gadgets, les techniques et les experts du capitalisme américain, mais aussi et surtout un fantasme spécifique : celui d’une croissance équitable, illimitée et régulière. »[8]
Or ce que Kristin Ross omet de dire alors que c’est un élément crucial, elle fait également l’éloge de la transgression. Cette culture de masse des sixties est contestataire. En un mot c’est une « contre-culture ». (Dossier à suivre)
[1] Alain Peyrefitte, Cʼétait de Gaulle, III, Paris, Fayard, 2000, p. 234.
[2] Ibid., p. 244.
[3] Ibid., p. 247.
[4] Hervé Hamon, Patrick Rotman, Génération. Les années de rêve, Paris, Seuil, 1987, p. 121-122.
[5] Jean-François Sirinelli, Mai 68. L'événement Janus, Paris, Fayard, 2008, p. 80.
[6] Ibid., p. 136.
[7] Kristin Ross, Rouler plus vite. Laver plus blanc. Modernisation de la France et décolonisation au tournant des années 1960, Paris, Flammarion, 2006, p. 22.
[8] Ibid., p. 21.
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