Michel Maffesoli est sociologue et professeur émérite à l’université Paris Descartes. En 2014, il a publié L’ordre des choses : penser la postmodernité (CNRS Éditions). Nous avons tenté de cerner avec lui les contours de cette nouvelle époque et d’appréhender sa spécificité.
PHILITT : Certains, comme Marcel Gauchet ou Antoine Compagnon, affirment qu’on peut se passer du concept de postmodernité, qu’en pensez-vous ?
Michel Maffesoli : Je ne sais pas ce que pense précisément chacun des intellectuels français de l’idée de postmodernité, mais j’estime qu’un grand nombre d’entre eux demeure prisonnier d’une certaine bien-pensance, d’un certain attachement affectif à un monde qui les a nourris, de leur enfance à l’Alma Mater. Ils se crispent sur l’idée que la modernité existe encore, parce qu’ils veulent se persuader qu’elle doit encore exister. C’est une attitude qui peut se comprendre : on n’abandonne pas aisément ce en quoi l’on a cru, ce qui vous a apporté certitude et sécurité tout au long de votre vie. Les grandes idéologies du siècle dernier, dont le marxisme, agissaient de la même manière. Il est extrêmement complexe d’y renoncer.
PHILITT : Qu’appelez-vous exactement postmodernité ?
Michel Maffesoli : Il me semble important de préciser qu’il ne s’agit pas tant d’un concept à proprement parler, que d’un terme un peu bricolé que l’on emploie pour parler d’une réalité qui, même si d’aucuns continuent encore à le nier, existe déjà. Il suffit de descendre dans la rue pour le constater. Quelle est cette réalité ? L’architecte Roberto Venturi a publié, à la fin des années 1960, un ouvrage intitulé De l’ambiguïté en architecture : il s’agit d’un manifeste du postmodernisme, un texte fondateur et fascinant. Venturi s’opposait au rationalisme exacerbé du Bauhaus, où prédominent le fonctionnel et les angles droits, ainsi qu’une esthétique minimaliste. Il rejette ces grands blocs statiques, gris et raisonnables, et conçoit, pour la communauté italo-américaine, des bâtiments postmodernes où se combinent deux aspects essentiels. La diversité des citations est la première d’entre elles. Une porte gothique par ici, une fenêtre romane par là. Il refuse l’unité architecturale, le monolithisme du style unifié… C’est à la fois novateur et profondément visionnaire, car c’est exactement le même rejet qui est à l’œuvre dans la société postmoderne. Je ne veux plus seulement m’identifier à une seule image, ni me limiter à une référence unique. J’aspire à une diversité, changeant et évolutive, autant dans mes références que dans mon identité. C’est là qu’intervient la deuxième caractéristique de ce postmodernisme architectural de Venturi : l’anamnèse. C’est à dire des éléments évoquant l’origine italienne de cette communauté, répondant à l’injonction célèbre : « Souviens-toi d’où tu viens !». On essaie de rappeler le lieu d’origine des émigrés, en reprenant des motifs de l’architecture florentine, ou sicilienne… Vous conviendrez qu’il s’agit là d’une approche radicalement nouvelle de l’architecture, mais également de la société. Pour ma part, je considère que ce sont deux facettes de la postmodernité : une mosaïque où coexistent d’innombrables tribus, loin de la République une et indivisible, et traversée par une très forte référence aux origines, qui rompt avec l’idéologie du Progrès, inlassablement tournée vers des lendemains parfaits. Il n’y a plus de référence monolithique à un idéal, que viendraient cimenter les droits de l’homme. Désormais, les individus évoluent dans un monde où foisonnent les références. Chacun est libre d’y piocher à son gré, de se constituer une nouvelle identité, voire plusieurs. J’emploie volontiers l’oxymore « enracinement dynamique » pour illustrer ces caractéristiques.
Bien avant moi, Jean-François Lyotard, avec La Condition Postmoderne, et Jean Baudrillard, avaient ouvert ce champ de réflexion par leurs travaux. L’un et l’autre ont contribué à mettre en évidence cette réalité nouvelle, celle-là même que j’explore à travers mes recherches. En France, et c’est très regrettable, nous sommes en train d’accumuler un triste retard sur la question de la postmodernité, notamment si on prend comme point de comparaison le Japon, le Brésil ou encore la Corée du Sud, pays que je connais bien. Il y a là-bas, en gestation, un dépassement des grands prototypes de la modernité, et la question de l’identité y est abordée de manière beaucoup plus sereine, de manière plus intelligente aussi je crois. Dans ces pays, on ne se crispe pas sur la vieille identité nationale fédératrice. Même dans d’autres pays européens, comme l’Allemagne ou l’Espagne, le jacobinisme, moins fort, permet une plus grande souplesse quant à l’idée de postmodernité. Le mot de postmodernité importe peu d’ailleurs. On l’emploie parce qu’il est commode, et qu’il permet de nommer ce qui est en train de se passer. Peut-être un jour trouverons-nous un autre mot ? Je ne me risquerais pas à un pronostic là-dessus, il serait bien impossible de prévoir ce qui, a posteriori, constituera la caractéristique principale de cette époque, suffisamment du moins pour que l’on juge pertinent d’en tirer un nom. Mais il convient de garder à l’esprit que la postmodernité n’est pas un concept, figé et immobile.
France et politique française - Page 3653
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« La postmodernité marque la fin de la République une et indivisible. »
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Jamel Debbouze accusé de meurtre depuis 25 ans…
Ou comment le comédien aurait perdu sa main…
Le 17 Janvier 1990, Jean Paul Admette (16 ans), fils de Michel et Marlène Admette, est poussé sur la voie ferrée en gare de Trappes.
Un train qui arrivait à 150 km à l’heure le faucha et laissera aussi des séquelles à Jamel Debbouze, cette main qu’il cache obstinément dans ses poches.« J’affirme que Jamel Debbouze est l’assassin de mon fils, c’est lui qui a poussé mon fils sous le train » ne cessera de dire Marlène Admette. « Immédiatement après l’accident, plusieurs témoins du drame ont affirmé sans hésitation que c’est Jamel Debbouze qui avait poussé mon fils sur la voie ferrée.
C’est à ce moment là que Jamel a lui-même été blessé à la main.Le seul problème est que les témoins ont tous retourné leurs vestes, quand ils sont arrivés au commissariat de St Cyr l’Ecole, tous sauf une jeune fille, Edwige Anzouana, qui persistera dans ses déclarations. »
Jamel fut poursuivi pour homicide involontaire suite à la plainte déposée par la famille, cependant, il obtiendra un non-lieu.
La mère ajoute que Jamel n’aurait jamais daigné présenter ses excuses à la famille Admette.« Jamel est venu chercher mon fils ce jour de 17 Janvier 1990 chez nous à Guyancourt. Il était 17 h. Jamel était accompagné de deux autres personnes ». « Ils ont obligé mon fils à monter dans le bus, puis dans le train. Et ensuite le drame est arrivé.
Tout ça parce que Jamel, qui n’a jamais été le copain de mon fils contrairement à ce que certains ont prétendu, à piégé mon fils en lui cachant qu’ils était accompagné de voyous qui en voulaient , tout comme lui, à son blouson ; blouson que l’on a d’ailleurs jamais retrouvé. »« On ne nous a rendu que le corps. Oui, c’est bien Jamel qui a tué mon fils en organisant cette embuscade et en poussant mon fils sur la voie ferrée » dénonce Marlène.
En 2004, Jamel Debbouze avait programmé une tournée à la Réunion. Il a dû l’annuler au dernier moment, évoquant un problème de santé. Pour les Admette, qui avaient manifesté en apprenant sa venue, il avait seulement eu peur de se retrouver face à eux.
http://www.contre-info.com/jamel-debbouze-accuse-de-meurtre-depuis-20-ans#more-28981
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La France condamnée pour ne pas avoir relogé gratuitement une famille camerounaise
Et ce n’est que le début… Il y a 59 000 autres dossiers en attente…
La France a été condamnée jeudi par la Cour européenne des droits de l’Homme. L’instance européenne lui reproche de ne pas avoir relogé une famille. Et ce alors qu’une décision de justice lui permettait d’obtenir un logement, dans le cadre de la loi au logement opposable.
La requérante, Elisabeth Tchokontio Happi, est une quadragénaire camerounaise vivant avec sa fille et son frère. Elle avait obtenu en 2010 un jugement enjoignant l’Etat de la reloger, mais elle ne l’avait toujours pas été plus de trois ans et demi après. Elle avait pourtant franchi toutes les étapes permettant de bénéficier du droit au logement opposable (Dalo). Un dispositif qui oblige l’Etat à trouver une solution de logement pour les plus démunis.
Plus de 59 000 ménages en attente d’un relogement en France
Faute de l’avoir fait, l’Etat a dû verser plus de 8000 euros à un fonds spécial, mais cela n’a pas réglé le problème de l’intéressée. « C’est pour cela que l’on s’est tourné vers la CEDH » en 2012, a expliqué à l’AFP son avocat, Maître François Ormillien. Pour autant, l’arrêt de jeudi n’est pas encore définitif. Les parties disposent de trois mois pour demander un réexamen de l’affaire par la Grande chambre de la Cour.
C’est « un espoir pour tous ceux et celles qui, vivant dans des taudis, en instance d’expulsion sans relogement, ou étant sans logis, attendent depuis des années d’être relogés », s’est réjoui de son côté l’association Droit au Logement (DAL).
Source : lexpress
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Retour dans une France amoindrie
Dois-je l'avouer, la découverte des terres d'Annam, Tonkin et Cochinchine, si belles et si lointaines, qui furent une part de l'Empire défunt, n'a pas apaisé mon tourment. Celui-ci vient de loin : je me souviens avoir commencé à le ressentir depuis à peu près exactement la chute de Dien Bien Phu. Nous n'avions pas été élevés dans cette idée-là, remarquait bien avant moi Roger Nimier à propos d'une autre déroute.
Reprenant donc cette chronique après deux semaines d'absence, qui permettent de voir les jours sous un angle un peu différent, je retrouve bien évidemment cette lancinante douleur de l'affaiblissement, de l'affadissement, de l'abaissement de la France et des libertés. Trop de concitoyens demeurent indifférents à cette réalité pour se contenter d'y voir seulement un malaise momentané. Je suis porté à y voir une durable complicité. Je voudrais tant me tromper.
Il me semble ainsi prioritaire de revenir sur les grandes lignes du mal dans lequel nous pataugeons. Cela passe avant même, de la sorte, que l'examen au microscope des résultats d'un scrutin microscopique. Votant à Paris je n'ai jamais réussi à me passionner pour cette séquence, pas plus que je ne m'investis franchement dans la concurrence entre coca-cola et pepsi-cola.
L'insupportable mot de république, comme son dérivé républicain, quoique vide d'un sens véritable, est répété à l'envi. Il en devient obscène. Il ne sert plus aujourd'hui qu'à exclure, sur une base strictement arbitraire, quand elle ne se révèle pas strictement communautariste, tout ce qui déplaît aux glorieux de la décadence. Et cela dissimule, chez tous, une ignorance de fond de ce que pourrait être une démocratie de liberté : égale dignité de tous les citoyens, droit au débat, respect de l'individu créateur.
En ce sens on devrait se souvenir du message de Pie XII en 1944. Il allait qui donner ses lettres de noblesse à l'idée, jusque-là subversive, de démocratie chrétienne. Les partis qui s'en réclameront en firent malheureusement un assez mauvais usage en France et même en Italie, pendant un demi-siècle. Mais plus durablement c'est encore elle qui domine encore en Allemagne et au sein des institutions européennes, à commencer par le président de la Commission, mais également en Espagne, etc.
En dernières analyse, disait ce pape aujourd'hui décrié, un régime de monarchie absolue peut constituer de ce point de vue le meilleur refuge de la liberté. Et si on veut bien considérer l'Histoire de France ce n'est pas sous le règne des radicaux-socialistes, encore moins des jacobins, mais plutôt sous celui de l'absolutiste Louis XV, et encore de son petit-fils Louis XVI, qui commit l'erreur de rappeler les parlements, que la pensée française et la civilisation française ont connu l'apogée de leurs libertés.
Comment ne pas en tenir compte ?
Comment ne pas voir à l'autre bout de l'échiquier combien toute cette dialectique de la destruction profite à la tactique de retraite de ce parti communiste, qu'on ne cite plus jamais, alors qu'après avoir satellisé les trotskistes à la Mélenchon, après avoir fédéré de nombreux éléments d'extrême gauche jusque-là très méprisants pour le vieil appareil, il s'apprête à dévorer les restes de la camarade Duflot dans un conglomérat écolo-socialiste.
Remarquons que ce "quatrième parti" de la vie politique française, aussi éloigné du PS que le FN l'est de l'UMP parvient encore à exercer sur les radicaux et les socialistes son éternel chantage à l'union de la gauche. Il est encore parvenu, ainsi, le 29 mars à conserver le département du Val-de-Marne.
Reste donc toujours à balayer, comme une vieille vermine tenace, ce qui reste du parti qu'on appelait autrefois le "parti de Maurice Thorez". Ses adversaires l'ont fort longtemps considéré, à juste titre, comme le "parti de Moscou". Cette appellation s'est certes déplacée de nos jours. Mais elle avait cessé d'être entièrement vraie dès 1956 puisque le PCF, au fond, n'avait jamais accepté, encore moins pratiqué, la déstalinisation. Jusqu'à son dernier souffle Thorez, comme Castro à Cuba, avait cherché à concilier Moscou et Pékin. Et après l'intermède Waldeck Rochet c'est bien le désastreux stalinien Marchais qui reprit le manche avec le soutien soviétique, la ligne ayant changé à Moscou après la chute de Khrouchtchev et l'ascension de Brejnev.
À cet égard, on ne réfléchira jamais assez à ce que Philippe Robrieux, historien et témoin d'une rare et honnête précision appelle "la Conception thorézienne fondamentale."
"À plusieurs reprises, en privé, il (Thorez) a confié sur ce sujet le fond de sa pensée. Qu'importe, dira-t-il, 2 ou 3 pour cent de voix en plus ou en moins aux élections ; à la limite, ajoutera-t-il, le parti peut être frappé, tomber électoralement à zéro, voir ses cellules disparaître ; ce n'est pas souhaitable ; mais si l'appareil est préservé, tôt ou tard, les circonstances redeviennent favorables, le Parti reconquiert le terrain perdu et reprend sa marche avant." (1)⇓
JG Malliarakis
Apostilles
- Cf. Philippe Robrieux "Histoire intérieure du Parti communiste français" Tome IV 1944-1972 édition Fayard 1981 pages 596-597.⇑
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Conférence inaugurale du Cercle Charles Péguy : Chantal DELSOL
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Un succès en trompe l'œil de la CGT
Ce 9 avril la CGT organisait une journée théoriquement intersyndicale de grèves et de manifestations "contre l'austérité".
Il est loin le temps où la CGT cherchait, ou feignait de chercher, à se rapprocher de la CFDT. Ni celle-ci, ni les trois autres syndicats réformistes, la CFTC, la CFE-CGC, et l'UNSA ne s'associent plus aux soi-disant démarches "unitaires" lancées par les cégétistes.
Il ne semble donc pas inutile de considérer les alliés avec lesquels Martinez entend conduire la lutte politico-syndicale de son mouvement : aux côtés de la CGT, étroitement liée au parti communiste on trouve naturellement la FSU, scission communiste devenue majoritaire il y a 20 ans dans l'Éducation nationale, mais on trouve aussi le mouvement clairement gauchiste "Solidaires". Cette union interprofessionnelle revendique quelque 90 000 adhérents. Elle "entend mettre en œuvre un syndicalisme de contre-pouvoir qui lie défense quotidienne des salariés et transformation de la société. Un syndicalisme de lutte pour la construction de réels rapports de forces pour contrer les politiques libérales."
Il convient d'évoquer dès lors la position de Force Ouvrière qui confirme de plus en plus, sous la direction de Jean-Claude Mailly, son virage trotskiste-lambertiste, plus discret à l'époque Blondel. Certes FO continue de recruter des militants qui critiquent encore, ou affectent de rejeter les liens de leur centrale d'origine avec le PCF. La scission de 1947 demeure l'acte fondateur de ce qui n'est plus qu'une bureaucratie. Mais l'objectif de "réunification du mouvement ouvrier", c'est-à-dire, en clair, de réconciliation des ex-trotskistes avec les ex-staliniens, reste sous-jacent à tous les actes de cette direction, en décalage total, faut-il le souligner, avec les vrais problèmes actuels de la France en général et des salariés français en particulier. Comment s'étonner dans de telles conditions, si le mot d'ordre de grève interprofessionnelle lancé par Mailly en février au congrès de Tours de sa centrale, n'a reçu aucun écho.
La ligne de mobilisation définie par le nouveau chef cégétiste (1)⇓"contre l'austérité, pour les salaires, les services publics, l'emploi, la protection sociale" se révèle au bout du compte purement politique. Les références syndicalistes ne figurent que pour la forme. "Le mot d'ordre, a-t-il déclaré à l'AFP, c'est : contre l'austérité et pour des politiques alternatives à celle du gouvernement et du Medef, revalorisation des salaires, réduction du temps de travail, tout ce qui fait en sorte qu'on puisse développer l'emploi."
Dès lors on ne s'étonnera pas non plus si, pour impressionner les foules et redonner le moral à des troupes sérieusement troublées par l'affaire Le Paon, Martinez a tout misé sur le rassemblement parisien, affrétant plus de 250 cars afin de faire converger vers la capitale 18 000 permanents et militants, soit probablement le tiers des manifestants, le reste étant alimenté, en grande partie, par les fonctionnaires et autres employés municipaux. Le secteur privé restait comme toujours infinitésimal, en dépit de l'affirmation, non démontrée, selon laquelle les personnels de "800 entreprises privées et publiques" participaient au défilé. Les calicots et les drapeaux rouges démontraient l'écrasante domination des cégétistes dans le cortège.
Martinez revendique sans hésiter 120 000 manifestants, la réalité étant plus proche de la moitié. Il parle ainsi d'un "succès retentissant" et prépare ce qu'il appelle un "1er mai unitaire", ayant en vue la consolidation de sa direction qui devrait intervenir en avril 2016, dans le cadre du prochain congrès cégétiste qui se tiendra à Marseille.
Contrepartie de la démonstration parisienne CGT les rassemblements en région se comptent en recul par rapport à la journée équivalente de 2014, déjà organisée conjointement avec FO, la FSU et Solidaires, passant de 140 le 18 mars 2014 à 86 ce 9 avril.
Selon la police 7 000 personnes défilaient à Marseille, 4 000 à Toulouse, 4 700 à Bordeaux, 4 200 à Lyon.
Quand la direction de la CGT parle de 300 000 manifestants dans toute la France elle se moque donc du monde.
L'audience du mot d'ordre grève lancé pour la même journée est demeurée strictement marginale. Elle s'est limitée à des corporations significatives, enseignants, contrôleurs aériens, Radio France, la Tour Eiffel et le musée du Louvre. Aucun préavis n'ayant été déposé à la RATP et à la SNCF, les transports en commun n'ont pas été perturbés. A La Poste, on a compté moins de 7 % de grévistes.
Tout cela manifestait surtout une préoccupation politique. Il s'agit pour le PCF de fédérer ce qu'on appelle encore "la gauche de la gauche". On passe aux choses sérieuses, le dernier bastion du Val-de-Marne ayant été préservé, après le 29 mars, grâce au vote, le 2 avril, de l'intégralité des conseillers socialistes. (2)⇓
Le but du jeu pour l'appareil stalinien consiste à montrer à ses sympathisants qu'il se désolidarise totalement de la politique gouvernementale.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. à son sujet la Chronique des événements courants de l'Institut d'Histoire sociale du 4 février "Le stalinien Martinez à la tête de la CGT" ⇑
- cf. "PCF Val-de-Marne : qui trompe qui ?".⇑
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Entente Boubakeur-Frères musulmans : le nouveau visage de « l’islam de France » ?
Après-Charlie nous réserve décidément bien des surprises, et l'offensive politique n'est pas là où on aurait pu le croire ou l'espérer.
Samedi dernier, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman, a estimé que les 2.200 mosquées que compterait actuellement notre pays n’étaient pas suffisantes pour les 7 millions de musulmans résidant en France. Il a ainsi réclamé le doublement du nombre de mosquées dans les deux années à venir ! C’est en tant qu’invité d’honneur de la Rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF), organisée au Bourget par l’Union des organisations islamiques de France dont chacun connaît, ou devrait connaître, les liens directs avec les Frères musulmans islamistes, que Dalil Boubakeur s’exprimait.
En 32 éditions, le recteur de la Grande Mosquée de Paris ne s’était rendu qu’à trois reprises à cette rencontre. Et sa présence, cette année, ne doit rien au hasard : depuis plusieurs mois, alors que leurs relations ont longtemps été tumultueuses, une entente s’est nouée entre l’UOIF et la Grande Mosquée de Paris. Les deux courant sont confrontés à la fois à la volonté gouvernementale de rénover la représentation des musulmans en France (chacun cherchant à maintenir sa position au sein du CFCM, obtenue lors de sa création par Nicolas Sarkozy) et à la mainmise grandissante du courant salafiste sur les jeunes musulmans.
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Elus parisiens logés en HLM : après le PS, l'UMP
Après la révélation du Point sur 9 membres, anciens et actuels, du cabinet du maire PS du 13ème arrondissement de Paris logés dans le parc social, c'est au tour du Parisien de révéler des cas similaires concernant des élus UMP dans le 15ème :
"Selon nos informations, neuf élus du XVe — des conseillers d’arrondissement, des conseillers de Paris mais aussi des adjoints du maire d’arrondissement — sont logés dans le parc social (...) Selon un militant UMP, « dans le XVe arrondissement, il y a un système de copinage qui perdure depuis Galy-Dejean (NDLR : ancien maire RPR de 1983 à 2008, dont Philippe Goujon a été le premier adjoint avant de lui succéder) (...)
Le top au top ! Gérard Gayet, l’adjoint (UMP) au commerce du maire du XVe arrondissement, bénéficie d’un penthouse (appartement en toit-terrasse) de 110 m2, rue de la Fédération (XVe), avec terrasse de 70 m2. C’est dans ce même immeuble (...) que vivait Frigide Barjot avant de s’en faire expulser. L’ex-égérie de la Manif pour tous, non sans humour, le qualifiait d’« immeuble plutôt UMP » (...)
On pourrait ranger dans la catégorie croquignolesque le cas Jean-Raymond Delmas. L’adjoint (UMP) du XVe chargé du tourisme, membre de la commission locale d’attribution des HLM, est locataire… de Paris Habitat, un des bailleurs sociaux de la Ville. Mais, à sa décharge, il était déjà dans les murs quand l’office a racheté son immeuble. Il paye un loyer 6 500 € pour 250 m2. Le bail comprend un appartement, mais aussi un local commercial abritant un restaurant, le Toucan et une salle en sous-sol. Pour l’anecdote, le restaurant, très prisé par l’UMP, dont le siège est presque en face, a été surnommé « la cantine du parti »."
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Désintégrations, histoire d’un échec français
Ancien éducateur sportif en banlieue, reporter de guerre et spécialiste des questions sociales et politiques, Jean-Paul Ney revient 20 ans après sur ses premiers pas d’éducateur, quand l’intégration paraissait agir, quand la diversité n’était pas imposée et fonctionnait d’elle-même.
En 2005 les “jeunes” des banlieues y mettaient le feu, en 2015 leurs petits frères partent faire le djihad ou attaquent la France.
A travers des dizaines de rencontres, à travers des archives et une enquête socio-politique, Jean-Paul Ney montre l’échec de l’intégration en France.
Jean-Paul Ney a également lancé un appel pour aider au “financement participatif” de ce documentaire.
Si vous voulez SOUTENIR un documentaire indépendant c'est le moment ! NOUS AVONS BESOIN DE VOUS !#désintégrationshttp://t.co/LWaINRLqbj
— Jean-Paul Ney (@jpney)6 Avril 2015
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"L'esprit du 11 janvier", feu de paille à géométrie variable, est mort à Garissa
A lire dans le Nouvel Obs (photo : première liste des victimes) :
"C’est un mot d’ordre comme il en naît chaque jour des milliers sur les réseaux sociaux : #147notjustanumber. Dix-huit caractères en forme de bilan pour dénoncer la barbarie qui vient de frapper le Kenya. Dix-huit caractères pour rappeler que, au-delà du nombre, il y avait des vies, celles de jeunes hommes et de jeunes femmes. Dix-huit caractères, enfin, pour s’étonner de la faible mobilisation, pour ne pas dire la relative indifférence, avec laquelle cette tragédie a été commentée dans les chancelleries comme dans les médias.
Lancé au lendemain du massacre qui a frappé les étudiants de l’université de Garissa la semaine dernière, ce mot d’ordre nous interpelle autant qu’il nous ébranle. Le monde aurait-il à ce point manqué de compassion et de solidarité ? Serions-nous coupables d’indignation sélective ? D’une émotion à géométrie variable en fonction des kilomètres qui nous séparent du massacre ou, pire, de la nationalité des victimes ?
Ce jour-là, sur le campus de l’université de Garissa, les terroristes sont arrivés à l’aube. Ils ont encerclé les dortoirs, réveillé les étudiants à coups de crosses et de cris, avant de procéder à un tri aussi méthodique que macabre. D’un côté les musulmans, de l’autre les chrétiens. Aux premiers la vie sauve, aux seconds une balle. Et pour toute une population, le choc et l’effroi (...)
Les valeurs que ces terroristes ont prises pour cible sont universelles. Au-delà des considérations géopolitiques locales, c’est donc un avertissement à la planète tout entière qu’ont voulu lancer les shebabs sur le campus de Garissa. Et pourtant. Il n’y a pas eu de marche ni de veillée spectaculaires pour célébrer la mémoire des victimes. Les télévisions et les sites d’information, toujours prompts à lancer des éditions spéciales, ont tardé à réagir, c’est vrai. Quant aux réactions officielles, elles ont été aussi formelles que lapidaires. Qu’il paraît loin, l’incroyable sursaut des opinions occidentales qui avait suivi les attentats de "Charlie Hebdo". On savait l’esprit du 11 janvier fragile. Il s’est évanoui en deux mois. Oubliant derrière le nombre, les ombres de Garissa".
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