L'histoire d'un prêtre du diocèse d'Annecy qui voulait être curé et franc-maçon peut paraître anecdotique. En ces temps où la franc-maçonnerie est politiquement toute puissante, il fallait du courage pour condamner le Père Vesin...
Le 26 novembre 1983, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, par son préfet qui était alors le cardinal Josef Ratzinger a fait une mise au point sur la franc-maçonnerie. Cette déclaration a été approuvée par le pape Jean Paul II. Elle dit ceci : « On a demandé si le jugement de l’Église sur les associations maçonniques était changé, étant donné que dans le nouveau Code de droit canonique il n 'en est pas fait mention expresse, comme dans le Code antérieur. Le jugement de l’Église sur les associations maçonniques demeure donc inchangé [...]et l'inscription à ces associations reste interdite par l’Église ».
La loge : L'avenir du Chablais
C'est au nom de cette déclaration que, depuis 2010, le Vatican exigeait du diocèse d'Annecy et de son évêque Mgr Yves Boivineau qu'ils placent devant ses responsabilités le Père Pascal Vesin, curé de Megève. On finit donc par lui mettre le marché en main : ou il quitte la franc-maçonnerie ou il est relevé de ses fonctions de curé de Megève. L'intéressé est prêtre depuis le 30 juin 1996 et se revendique franc-maçon au Grand Orient de France - loge : L'avenir du Chablais - depuis 2001. Lorsqu'on lui demande les raisons de cette adhésion, il précise qu'approché d'abord par la GLNF, il a préféré adhérer au Grand Orient, « pris d'une envie de fraternité et en quête d'un lieu de réflexion, d'une vraie recherche et d'une pensée sociale ». Mais cette appartenance aurait dû rester discrète. D'ailleurs interrogé par son évêque, une première fois, en 2010 le Père Vesin avait lui-même nié son appartenance à la Maçonnerie. Confondu en 2011, à cause de publications intempestives dans la presse, il déclare depuis à qui veut l'entendre que sa « double appartenance » ne lui pose aucun problème et qu'il souhaite continuer son ministère sacerdotal dans cette perspective. La réaction de l'évêque d'Annecy a été à la hauteur de la circonstance : non seulement il condamne son prêtre, mais il rédige une véritable condamnation de la Maçonnerie, en écho à l'encyclique Humanum genus de Léon XIII (quoi que bien sûr sans la citer). Nous en donnons ci-contre les meilleurs passages.
De son côté, le nouveau Grand Maître du GODF Joseph Gulino n'y est pas allé par quatre chemins, quand il a appris la chose. Nous évoquons Léon XIII pape à la fin du XIXe siècle. Lui remonte aux brumes du Moyen-Âge, en un temps où la Maçonnerie n'existait pas : « Cette décision rétrograde rappelle l'inquisition ». De tels amalgames suppriment toute possibilité d'une discussion sensée. C'est à se demander si l'on a encore le droit de condamner la franc-maçonnerie. Le Printemps français qui, le 22 mai dernier, a organisé une action devant le temple de la Rue Cadet (GODF) à Paris a expérimenté ce que pouvait coûter en République une telle liberté. Manuel Valls, ministre de l'Intérieur et initié au Grand Orient dans les années quatre-vingt, a parlé tout bonnement d'une interdiction du Printemps. Toute la grande presse s'en est fait l'écho. Il a été obligé de surseoir à ses menaces parce que le Printemps français (prudent) n'a pas de définition juridique et se présente avant tout comme « un état d'esprit ». Interdire un état d'esprit ? C'est compliqué !
« rien à faire d'être vivant après la mort »
Du point de vue de l’Église pourtant, condamner la franc-maçonnerie, c'est condamner les thèmes autour desquels s'organise toute la déviance moderniste de la théologie catholique. Symptomatique jusqu'au bout, le Père Vesin était tout de même un curé aux convictions religieuses problématiques. Dans un entretien daté du 17 janvier 2013, au Messager, hebdomadaire local, il s'exprime très librement. La foi catholique en prend un... sacré coup ! Exemple : « rien à faire d'être vivant après la mort ». Il expliquait aussi avoir refusé d'afficher l'annonce pour la Manif pour tous du 13 janvier 2013 et être « favorable à l'ordination de prêtres déjà mariés et qui montrent une certaine stabilité dans leur vie maritale ». Il reconnaissait que ses pratiques dérangeaient certains de ses paroissiens : « À Noël 2012, dans la crèche je n'ai pas mis de petit Jésus mais le livre de la parole. (...) Mais je les ai tous rassurés : on n'a pas perdu le petit Jésus, il est bien rangé ! » Remplacer une personne par un livre, si ce n'est pas l'abstraction maçonnique qui se manifeste, je n'y comprends rien ! Mais surtout, il s'étonne de ce que l'on puisse le condamner, alors que, pour lui, la liberté absolue de la conscience semble être un idéal commun aux chrétiens et aux francs-maçons : « Je n'absolutise aucune institution humaine, je ne défends pas la Maçonnerie, je défends la pluralité de pensée, le dialogue et l'ouverture. L’Église n'est-elle pas née plurielle ? Je n 'ai jamais eu de problèmes pour cohabiter, pour dialoguer avec des chrétiens partageant d'autres idées que les miennes, avec des courants dépensée différents dans notre Église ». Notre Église est née plurielle ? « La source est plurielle » disait autrefois le cardinal Congar, évoquant La Trinité.
Le Credo du Père Vesin, c'est avant tout le pluralisme, un pluralisme indépassable. Or la foi catholique nous fait dépasser ce pluralisme dans l'unité du Credo.
Claire Thomas monde & vie 11 juin 2013
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Prêtre et franc-maçon Quand le scandale a du bon !
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Le Pape appelle à abroger la loi Taubira : merci François !
Il n’a pas sa langue dans la poche, notre pape François, et c’est pour cela qu’on l’aime. En rappelant aux 45 députés et sénateurs français, reçus en audience samedi au Vatican, que leur tâche peut également consister à « abroger des lois », en affirmant que l’Église « désire apporter sa contribution spécifique sur des questions profondes qui engagent une vision plus complète de la personne et de son destin », non seulement au niveau « anthropologique ou sociétal, mais aussi dans les domaines politique, économique et culturel », et en se félicitant que « la société française redécouvre des propositions faites par l’Église […] qui offrent une certaine vision de la personne et de sa dignité en vue du bien commun », le nouvel apôtre des pauvres prouve à nouveau son courage et sa perspicacité.
Son courage, on n’en doutait plus ; la réforme de gouvernement de la curie qu’il a engagée, sa parole vraie, directe et incisive vis-à-vis de quelques princes cléricaux carriéristes en attestent. Mais l’allusion claire à l’abrogation de la loi Taubira, qu’il relie à une redécouverte en France de la doctrine sociale de l’Église, révèle sa capacité à comprendre ce qui se vit chez sa fille aînée, éternelle jouvencelle, d’une manière bien plus lucide que la plupart des administrateurs, élus ou non, du vieil Hexagone.
S’il est une nation qui a été ratiboisée dans son identité par un laïcisme anticlérical, c’est bien la France. S’il est un pays où moins qu’un autre on pouvait imaginer que des chrétiens, que l’on croyait affadis et tous au moins septuagénaires, se lèvent au nom de leurs valeurs contre un projet de loi gay-friendly, c’est bien celui de la première convention.
Pourtant, la profondeur de ce qui se dit dans les assemblées de Veilleurs partout en France chaque soir, la vitalité des engagements de groupes comme les Mères Veilleuses ou les Hommen, la sagesse qui inspire des associations soucieuses de la formation des leurs, comme Alliance Vita ou Renaissance catholique, témoignent d’une singulière conception anthropologique puisée aux sources d’une Église aussi inspirée qu’à son origine.
Ils ont raison, les commentateurs, quand ils parlent de radicalisation, à condition qu’on la comprenne au sens de retour aux racines que donne son étymologie. Et n’en déplaise à quelques culs bénis, faux chouans et vrais tartuffes, qui cachent leur tiédeur derrière une pseudo-prudence de façade, c’est une bonne chose ! C’est le retour aux racines d’une civilisation qui a porté au plus haut la dignité de l’être humain et à laquelle quelques apprentis sorciers alliant malthusianisme et théorie du genre voudraient substituer la leur, toute imaginaire qu’elle est.
45 parlementaires français vont revenir de Rome, exhortés par le Pape d’insuffler aux lois un « esprit, une âme qui ne reflète pas uniquement les modes et les idées du moment ». Ils vont rencontrer dans leurs départements et leurs circonscriptions des Français galvanisés par neuf mois de combat et de résistance contre une loi parfaitement emblématique de ce qu’est un « projet tendance » dépourvu de tout fondement naturel solide. Si tout ce petit monde est capable de s’entendre, d’entendre surtout le souffle mystique qui peut rendre au sel d’un peuple le goût qu’il croyait avoir perdu, les mois qui viennent nous promettent d’être particulièrement épicés.
Merci François !
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"Continuez à manifester, continuez à montrer que cette loi est injuste et immorale. L’Église vous soutiendra dans ce combat pour la justice"
Les mots très forts et très encourageants du cardinal Burke, préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique, à Famille Chrétienne (intégralité) :
"La loi que la Révélation nous a donnée nous apprend que le premier droit d’un être humain est de vivre. Cette vérité qu’est l’inviolabilité de la vie innocente, est d’autant plus évidente lorsque l’on se souvient que le Christ est mort pour tous les êtres humains, sans exception. (...) De plus, le premier précepte de loi naturelle est de promouvoir et de protéger la vie humaine. Inscrit dans le cœur de chacun, ce précepte est partagé par tout le monde, quelle que soit l’orientation spirituelle (...)
Les hommes politiques qui se disent catholiques, mais qui soutiennent l’avortement en prétendant ne pas vouloir imposer leurs convictions religieuses sont dans l’erreur puisque, ainsi que je l’ai dit, la révélation divine ne vient que confirmer ce que la loi naturelle, accessible à tous, a déjà établi. Et ceux qui font ouvertement la promotion de l’avortement ne doivent donc pas avoir accès à la sainte communion (...)
La famille a le premier rôle [dans le dans le respect de la vie] car ce sont les parents qui doivent apprendre à leurs enfants à respecter la vie humaine et à se respecter eux-mêmes. Dans un deuxième temps, l’éducation religieuse doit préparer les enfants à avoir ce regard. Dans cette optique, la catéchèse est très importante. Pendant des années, la manière d’enseigner le catéchisme aux enfants a été tellement pauvre qu’il y a une nécessité de réaliser un vrai travail sur ce point. J’espère que ce temps où la catéchèse a été appauvrie est révolu. Je me souviens que, lorsque j’étais évêque d’un diocèse, j’ai essayé tant que j’ai pu de remédier à ces problèmes (...)
L’enseignement de l’Église est très clair. L’union sexuelle est morale dans le cadre du mariage, celle-ci étant l’expression d’un amour fidèle, permanent et fécond, c’est-à-dire procréatif, entre un homme et une femme. Une note de la Congrégation pour la doctrine de la foi, parue en 2003 et signée par le cardinal Ratzinger, alors préfet de cette même congrégation, condamnait ainsi toute forme de légalisation des unions homosexuelles. La nature nous enseigne que l’homme et la femme sont faits l’un pour l’autre. L’altérité est une condition nécessaire au mariage. Il faut donc comprendre que l’Église catholique n’approuvera jamais les unions homosexuelles, qui ne peuvent être naturellement procréatives (...)
J’ai suivi le combat des Français contre cette loi. Je peux leur dire ceci : continuez à manifester, continuez à montrer que cette loi est injuste et immorale. L’Église vous soutiendra dans ce combat pour la justice. J’encourage ainsi les prêtres et les évêques à continuer sur cette voie et manifester leur opposition dans la rue si nécessaire. C’est important qu’ils montrent l’exemple. Moi-même, il m’est arrivé de manifester, notamment à l’occasion de Marche pour la vie. Dans Evangelium vitae, Jean-Paul II fait référence à la désobéissance civile, c’est dans ce genre de cas que nous devons la pratiquer.
Les parents ont également un travail à effectuer contre ces lois insidieuses. Ils doivent surveiller ce que font leurs enfants. Le pire aujourd’hui est sans nul doute la pornographie. Les parents doivent faire attention notamment lorsque les enfants utilisent l’ordinateur et regardent des choses dont ils ne mesurent pas les effets et qui font beaucoup de mal (...)
Il faut que les parents essaient de garder leurs enfants loin de tout cela et de leur expliquer ce qui est bien et ce qui est mal. L’école est également un lieu dans lequel il faut s’investir. Il faut notamment que l’enseignement catholique soit encore plus catholique qu’il ne l’est actuellement".
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Féodalité, Église et chevalerie
La prodigieuse aventure européenne a son origine dans les remous qui ont agité l'Europe et les pourtours de la Méditerranée autour de l'An Mil (Xe-XIe siècles de notre ère).
André LaranéÉtats européens en gestation
Suite à l'extinction de l'empire romain et de la culture hellénistique, le monde méditerranéen s'était divisé entre trois empires très différents et opposés les uns aux autres :
– l'empire byzantin, resté très proche du modèle antique,
– l'empire arabo-musulman, en rupture avec le passé chrétien de l'Occident,
– l'empire de Charlemagne, vague réminiscence de l'empire romain, marqué par ses racines germaniques et coupé de l'Orient antique du fait de l'invasion arabe.Après la mort de Charlemagne, l'empire carolingien sombre très vite dans le chaos. Ses héritiers, divisés et dénués de pouvoir, se montrent inaptes à unir les forces de l'empire pour faire face à une deuxième vague d'invasions barbares.
Les Normands (ou Vikings) sèment la terreur le long des grands fleuves.
Ils profitent des désordres qui entourent la fin du règne de Louis le Pieux et des guerres entre ses fils et héritiers, au milieu du IXe siècle.
Les Sarrasins s'établissent en Sicile et en Provence. Ils poussent des razzias jusqu'à Rome, détruite en 946, et dans... les Vosges. Les Magyars venus de l'Est chevauchent jusqu'à Nîmes.
Les rois et les empereurs, faute de pouvoir être partout à la fois, délèguent à leurs compagnons (en latin comitis, dont nous avons fait comtes) la surveillance d'une portion du territoire. En échange de ce service, les nobles peuvent jouir des revenus des terres qu'ils ont reçues en dépôt.
Pour les convaincre de les accompagner à la guerre en cas de besoin, les rois et empereurs carolingiens leur donnent l'assurance que les droits de leurs fils sur leurs terres seraient préservés au cas où ils viendraient à mourir à la guerre. En particulier, le roi Charles le Chauve garantit à ses seigneurs la faculté de léguer leurs terres à leur héritier par le capitulaire de Quierzy-sur-Oise (16 juin 877).
C'est ainsi qu'émerge une noblesse héréditaire dont la puissance est liée à la richesse terrienne et dont la légitimité repose sur les liens de confiance (feudus en latin, dont nous avons fait féodal) entre supérieur (suzerain) et inférieur (vassal). C'est le triomphe de la féodalité, c'est-à-dire d'un ordre social fondé sur les liens d'homme à homme (et non pas comme dans l'Antiquité ou dans d'autres régions du monde sur l'obéissance à un chef tout-puissant).
Dans le même temps, des châteaux rustiques mais robustes, en bois, s'élèvent un peu partout sur le territoire. Ils sont construites sur des hauteurs naturelles ou, dans les régions de plaine, sur des monticules artificiels, les «mottes féodales». Ces châteaux sont construits par les comtes, voire par de simples chefs de guerre sortis de la paysannerie, pour protéger les contrées environnantes contre les agresseurs potentiels et en premier lieu les Vikings.
Énergique et bien armée, protégée derrière ses châteaux forts, la noblesse féodale a finalement raison des envahisseurs. Les Vikings s'installent dans l'estuaire de la Seine en 911 et s'assagissent. Les Hongrois sont arrêtés au Lechfeld en 955 et se stabilisent en Pannonie, dans la plaine du Danube. Les Sarrasins, enfin, sont expulsés de leur repaire de Fraxinetum (La Garde-Freinet), près de Saint-Tropez, en 972.
La lutte contre les envahisseurs et l'arrêt définitif des invasions débouchent sur des coalitions de grands féodaux. De celles-ci vont sortir des embryons d'États qui vont faire la grandeur de la civilisation européenne.
La naissance de l'Allemagne peut être datée de 911 avec l'élection du roi Conrad 1er de Franconie ; celle de la France, de 987 avec l'élection, ici aussi, d'un souverain national, Hugues Capet. L'Angleterre forge son identité définitive après la conquête normande et l'accession au trône de Guillaume le Bâtard, en 1066.
Plus à l'est, le premier roi de Hongrie, Étienne, est couronné par le pape le 15 août 1001 ; un premier État russe émerge timidement autour de Kiev avec l'avènement du grand-prince Iaroslav le Sage, en 1019 ; Boleslav le Grand devient roi de Pologne en 1024... Le christianisme pénètre jusqu'au Danemark, avec la conversion du roi Harald-à-la-Dent-Bleue en 966.
La chrétienté s'affirme
Dans les dernières décennies de l'époque carolingienne, la papauté et le clergé séculier (curés et évêques) sont des objets de scandale.
Un observateur superficiel aurait pu y voir le signe d'un déclin irréversible. Pourtant, après l'An Mil, en l'espace d'un siècle - le XIe -, l'Église catholique va se réformer hardiment sous l'impulsion des abbés de Cluny et des papes, de Grégoire VII à Innocent III.
Des moines avides de culture redécouvrent la science antique à travers des traductions de l'arabe, à l'image de l'illustre Gerbert d'Aurillac, qui devient pape sous le nom de Sylvestre II.
Aux XIIe et XIIIe siècles naissent les premières Universités, vouées avant toute chose à l'étude de la théologie et des textes anciens.
L'Église intervient dans le droit civil en sacralisant le mariage (c'est aux alentours de l'An Mil qu'il est classé parmi les sept sacrements chrétiens) et surtout en interdisant les unions forcées.
Les femmes ne peuvent plus être mariées sans leur accord explicite et public. C'est un changement d'une profonde signification : il consacre la primauté de l'individu sur le groupe ou le clan.
À partir du moment où chacun, homme ou femme, devient libre de choisir son conjoint, il apprend à raisonner, décider et agir par lui-même.
On peut dire que c'est à partir de là que la chrétienté occidentale commence à se démarquer des autres cultures et à prendre son essor.
D'autre part, à l'opposé de la plupart des autres cultures où les pères reçoivent une «dot» lorsqu'ils livrent leur fille en mariage, le Moyen Âge développe l'usage d'une dot ou d'un trousseau que la future mariée, à l'inverse, apporte avec elle. Cette dot assure à la femme un certain ascendant sur son conjoint.
L'Église s'immisce aussi dans les liens de vassalité. Elle introduit dans les hommages de vassal à suzerain un serment sur la Bible et des obligations morales. La féodalité devient partie prenante de la chrétienté occidentale.
Au temps de Charlemagne et des Carolingiens, les nobles et leurs vassaux pratiquaient la guerre à cheval. Ils bénéficiaient d'une innovation technique : l'étrier emprunté aux barbares Avars vers le VIIe siècle. Cet équipement nouveau donne aux guerriers à cheval une plus grande stabilité et leur permet de frapper leur adversaire avec la lance à l'horizontale. Désormais, grâce à l'étrier, c'est à ces guerriers à cheval, ou «chevaliers», que revient la prépondérance dans les combats.
D'origine paysanne aussi bien que noble, les chevaliers sont des hommes avant tout assez aisés pour s'offrir le luxe d'un cheval et d'une armure. Ils vivent dans les villes comme dans les campagnes. Ils partagent leur temps entre la guerre, la chasse et les tournois, ces derniers étant parfois plus meurtriers que la guerre elle-même.
Dès l'An Mil, en France puis dans le reste de l'Europe occidentale, noblesse et chevalerie en viennent rapidement à se confondre. Les nobles adoptent les pratiques guerrières des chevaliers et bon nombre de chevaliers se hissent dans la noblesse. Celle-ci devient héréditaire et prend la forme d'un groupe social fermé. Les seigneurs, par leurs exactions continuelles, empêchent tout fils de paysan d'y accéder et la solidarité familiale préserve tout fils de chevalier d'en être exclu.
L'Église met au pas les chevaliers et leur transmet ses idéaux de paix et un certain code de l'honneur. Ainsi les chevaliers s'engagent-ils dans la défense de «la veuve et de l'orphelin».
L'Église encourage aussi les «trêves de Dieu», c'est-à-dire les pauses dans les guerres privées qui mettent régulièrement à feu et à sang les campagnes. Non sans succès, elle atténue ainsi la violence des guerres féodales. L'appel à la croisade, pour secourir les chrétiens d'Orient menacés par l'offensive turque et délivrer le tombeau du Christ, achève de transformer la soldatesque en une milice plus ou moins dévouée à l'Église.
Voici quelques passages d'un serment de paix établi par l'évêque de Beauvais, Guérin, en 1023-1025, à l'usage des chevaliers :
Je n'envahirai une église d'aucune façon...
Je n'attaquerai pas le clerc ou le moine s'ils ne portent pas les armes du monde, ni celui qui marche avec eux sans lance ni bouclier...
Je ne prendrai pas le boeuf, la vache, le porc, le mouton, l'agneau, la chèvre, l'âne, le fagot qu'il porte, la jument et son poulain non dressé. Je ne saisirai pas le paysan ni la paysanne, les sergents ou les marchands; je ne leur prendrai pas leurs deniers, je ne les contraindrai pas à la rançon; je ne les ruinerai pas, en leur prenant leur avoir sous le prétexte de la guerre de leur seigneur, et je ne les fouetterai pas pour leur enlever leur subsistance...
Je n'incendierai ni n'abattrai les maisons, à moins que je n'y trouve un chevalier, mon ennemi, ou un voleur; à moins aussi qu'elles ne soient jointes à un château qui soit bien un château...
Je n'attaquerai pas les femmes nobles, ni ceux qui circuleront avec elles, en l'absence de leur mari, à moins que je ne les trouve commettant quelque méfait contre moi de leur propre mouvement; j'observerai la même attitude envers les veuves et les moniales...(*).Le roi de France Saint Louis apparaît au XIIIe siècle, le siècle chrétien par excellence, comme un chevalier modèle, courageux à la guerre, conciliant avec ses ennemis, compatissant envers les humbles, loyal envers ses vassaux... Les codes moraux de la chevalerie, notamment le code de l'honneur et le respect de la parole donnée, ont imprégné les sociétés occidentales jusqu'au XXe siècle, inspirant à la plupart des Européens un respect quasi-inné pour les institutions sociales et les lois.
L'intériorisation de ces codes moraux a favorisé le développement d'une économie marchande fondée sur la confiance. Elle a contribué à l'épanouissement de la civilisation occidentale, européenne et chrétienne. Sans cette intériorisation, l'ordre social n'aurait pu être maintenu que sous la menace et la contrainte, à un coût très élevé et avec peu de résultats (comme c'est le cas aujourd'hui dans beaucoup de territoires d'Amérique latine, du Moyen-Orient et d'Afrique).
Avènement de la laïcité
Malgré son appétit de réformes, la papauté doit très vite reconnaître des limites à ses interventions politiques. L'empereur et le pape s'opposent au cours de la Querelle des Investitures sur la question de savoir à qui revient le droit de nommer les évêques, voire de désigner le pape. Avec, à la clé, les ressources financières colossales dont dispose le clergé (donations des fidèles, dîme...).
La querelle se solde par un partage des responsabilités entre le pouvoir séculier (l'empereur) et le pouvoir spirituel (l'Église). C'est l'origine de la laïcité, une invention médiévale qui permettra aux Européens de développer leurs talents sans rendre de comptes aux censeurs de l'Église.
La chrétienté occidentale au XIIIe siècleCliquez pour agrandir
L'Europe actuelle et une bonne partie de nos moeurs et de nos institutions ont été forgées au coeur du Moyen Âge, dans une époque assombrie par les disettes, les maladies et l'insécurité mais éclairée par la foi et la confiance en l'avenir...Bibliographie
Parmi les livres essentiels sur les origines de l'Europe et l'An Mil, on peut lire avec profit L'An Mil de Georges Duby (Folio-Histoire, Gallimard/Julliard, 1980). C'est en fait un recueil de chroniques de l'époque, classées par thèmes et commentées par l'historien.
À noter l'essai décapant de Jacques Le Goff : L'Europe est-elle née au Moyen Âge ? (Seuil 2003) et le beau livre de Pierre Riché sur Les Grandeurs de l'an mille (Bartillat, 2001) et les fortes personnalités de cette époque. -
Élection et héréditéL'élection est la règle dans la plupart des communautés médiévales, que ce soit dans les corporations marchandes, dans les villages ou encore chez les guerriers. Les souverains eux-mêmes sont souvent cooptés ou élus par leurs pairs en fonction de leur aptitude au commandement (c'est en particulier le cas des premiers Capétiens, des Carolingiens et des empereurs d'Allemagne).
L'élection est également la règle dans l'Église, qu'il s'agisse du pape, des évêques ou des abbés. C'est aux monastères qu'il revient en particulier d'avoir inventé la règle démocratique : «Un homme, une voix». Autant dire que le suffrage universel n'a pas jailli du néant au XIXe siècle mais puise ses racines dans les temps les plus «obscurs» du Moyen Âge.
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Le laïcisme d'État contre la liberté religieuse
Entre le laïcisme et la véritable laïcité, d’abord, il existe beaucoup plus qu’une nuance, car le laïcisme foule aux pieds la liberté religieuse.En ce mois de juin 2013 à Rome, le pape pouvait ainsi réaffirmer : « le principe de laïcité qui gouverne les relations entre l’État français et les différentes confessions religieuses ne doit pas signifier en soi une hostilité à la réalité religieuse, ou une exclusion des religions du champ social et des débats qui l’animent. »
Quelle meilleure introduction au livre d’Émile Flourens ? (1)⇓
Ce petit volume répond, en effet, à un certain nombre de légendes. Et l’auteur y développe, de manière souvent prophétique, tout ce que les défenseurs de la liberté religieuse considéraient à l’époque comme inacceptable dans la loi de séparation de 1905 et dans la loi sur l’exercice public des cultes de 1907.
La crise appelée en France « séparation de l’Église et de l’État » est supposée avoir été durablement résolue par le vote de la loi de 1905 : on la présente aujourd’hui comme irénique, bienfaisante, réconciliatrice et pratiquement intangible.
On entend dire également qu’il conviendrait de ne jamais la modifier. En un siècle, cependant, elle a subi de nombreuses transformations. Le lecteur pourra vérifier en consultant le texte et ses modifications.
Ce document fut produit par la volonté unilatérale des gouvernements radicaux-socialistes appuyés sur la majorité de 1902. On le présente comme l’acte de naissance consensuel d’une république laïque. Cette épithète figurait dans l’article 1er de la constitution de 1946, recopié textuellement en 1958. Entouré des qualificatifs, tout aussi généralistes, de « démocratique » et de « social », précédé d’une affirmation « d’indivisibilité » il ne veut pas dire grand-chose sinon des vœux pieux.
Aujourd’hui, l’actualité du dossier ne devrait échapper à personne. On pourrait presque parler de son urgence.
C’est en effet au nom de cette laïcité factice que la plupart de nos politiques entendent combattre l’islamisme. Confrontés à ses formes les plus extrêmes, les Occidentaux ne veulent pas considérer le phénomène d’ensemble.
D’un article publié par Nouvelles de France le 13 juin 2013, l’auteur déplorait « qu’en France, les catholiques se retrouvent souvent prisonniers de l’ornière 'séparation de l’Église et de l’État', et peinent à se défendre du caractère apolitique de leurs combats. »
Certes, un tel complexe ne risque pas d’atteindre les militants de la prédication mahométane. Au regard de celle-ci l’idée d’une coupure entre le spirituel et le temporel ne peut même pas s’inscrire dans les distinctions opérées en occident par l’héritage scolastique du moyen âge.
Le mot « laïcité » lui-même ne figure pas dans la loi de 1905 et on ne peut pas dire qu’il aurait jamais reçu une définition vraiment intangible.
Les étudiants en Droit apprenaient autrefois religieusement, si l’on ose dire, l’arrêt abbé Bouteyre du Conseil d’État en date du 10 mai 1912. Au nom de la « laïcité », – de l’enseignement – le ministre de l’instruction publique pouvait refuser d’admettre un prêtre catholique à concourir à l’agrégation de philosophie. On l’étendit à toutes les fonctions publiques. Les ministres d’alors, les Viviani, Briand et Clemenceau allaient tous diriger le pays pendant la Première guerre mondiale. Le même laïcisme leur commanda d’imposer aux prêtres, moines et séminaristes des obligations militaires que, dans les pays civilisés, on jugeait jusqu’alors contraires à leur état.
Devant la Commission des lois, le 29 mai, Mme Colette Capdevielle députée PS des Pyrénées-Atlantiques ira, quant à elle, jusqu’à parler d’un « dogme de la laïcité ». En tant que tel ce dogme n’a jamais été vraiment défini et il ne saurait l’être, pas plus d’ailleurs que le fameux, mais mystérieux pacte républicain, que personne n’a jamais lu ni jamais signé, mais que l’on présente si couramment pour un ciment de notre société.
Dans la pratique les « bouffeurs de curés » et autres héritiers du « petit père Combes » savent à quoi s’en tenir. Ils n’ont jamais désarmé, dans leur « laïcisme » acharné à détruire les racines chrétiennes de l’Europe.
On a récemment débattu dans les instances parlementaires d’une proposition de loi n° 998, déposée par l’UMP et qui souhaite étendre la laïcité aux entreprises et aux associations. Le représentant de la Conférence des évêques de France s’est inquiété du fait que la proposition de loi constituerait « une nouvelle étape de la laïcisation de la société française. Celle-ci conduirait à ce que l’expression religieuse se trouve confinée dans la seule sphère privée, sans possibilité d’expression publique. «
Imaginant endiguer la poussée islamique, ce sont l’ensemble des forces politiques françaises qui surenchérissent sur un thème qui autrefois appartenait essentiellement aux partis de gauche. Parmi les députés, le discord entre UMP et parti socialiste portait sur l’intensité et sur l’opportunité des mesures, à peine sur la méthode. Proposées en l’occurrence par la droite, elles s’exposaient aux critiques des socialistes et des écologistes. Mais les représentants de la majorité gouvernementale leur reprochaient surtout de faire double emploi, concurrence déloyale, avec la création d’un Observatoire de la laïcité le 8 avril où l’opposition est représentée par 2 (deux) membres sur 23. M. Gilbert Collard est allé encore plus loin, – dans le même sens : « il faut pacifier ce pays, a-t-il dit, et le seul moyen, c’est de demander aux cornettes, aux voiles et aux croix de ne plus s’exhiber, de manière que nous puissions vivre ensemble. » Le déplacement de la cible des mesures laïcistes et le changement de nature de celle-ci, passant du catholicisme à l’islamisme, n’est pas évoqué.
Émile Flourens s’engage ici courageusement dans la lutte contre les diverses étapes de la législation laïciste.
La loi de séparation fut adoptée par la chambre du Bloc des gauches victorieux lors des élections législatives de 1902. Elle avait été préparée par la loi de 1901 sur les associations dans le moule desquelles on prétendait enfermer l’Église, les congrégations et la vie des diocèses et paroisses.
L’Église ne capitula pas : face au caractère liberticide des mesures adoptées en 1905 et 1907, qui allaient si largement contribuer à la déchristianisation du pays, le Pontife romain répondit par trois encycliques, publiées de février 1906 à janvier 1907 : Vehementer Nos, Gravissimo et Une fois encore qui, toutes, récusent la législation laïciste spoliatrice et persécutrice.
La grande guerre passa. Ce n’est qu’en 1924, par l’encyclique Maximam gravissimamque de Pie XI, qu’un compromis bancal régularisa les associations diocésaines, créées pour résister à une loi inique.
JG Malliarakis http://www.insolent.fr/
Apostilles
- cf. Le Laïcisme contre la liberté par Émile Flourens.⇑
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Rassemblement identitaire contre le rachat de la France par le Qatar
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Manipulation du lobby LGBT contre l'Eglise à Angers
Deux homosexuels résidant à Challain-la-Potherie (49), veulent, le même jour, se marier à la mairie et bénéficier d'une messe pour leurs parents défunts... La manipulation se voit comme le nez au milieu de la figure. Quand on écrivait que le lobby LGBT militerait ensuite pour se marier à l'église... Suite au refus, les militants LGBT reprochent à l’évêque de refuser à leurs familles une « messe des défunts ».
L’évêque d’Angers a donc publié un communiqué :
"Des médias locaux ont évoqué le lundi 17 juin la difficulté d’un couple de personnes de même sexe. Elles se voient refuser une célébration pour les défunts de leurs familles à l’occasion de leur mariage civil. Les articles laissent entendre que l’attitude de l’Eglise vis-à-vis de ce couple est liée à leur homosexualité. Cette interprétation est abusive et choquante.
En effet, comme pour toute communauté humaine, les pratiques de l’Eglise sont régulées par un ensemble de dispositions. En la situation, deux règles expliquent le refus qu’un temps de prière des deux familles ait lieu à l’église à l’occasion d’un mariage civil. Ces règles valent pour tous.
La première disposition, datant de 1997, vaut pour tous les mariages civils n’étant pas suivi d’un mariage à l’église. Pour dissiper toute confusion avec la célébration d’un mariage sacramentel, il est demandé qu’aucune messe ou temps de prière familial ne soient organisés le même jour dans une église ou dans une chapelle du diocèse.
La deuxième disposition concerne la demande de prière pour les défunts. Le curé en est informé et il indique l’heure et la date pouvant convenir. Cette prière se vit habituellement à l’occasion des messes déjà programmées dans la paroisse, le dimanche ou en semaine. L’évêché invite les familles à se tourner vers le curé pour qu’il recueille leur demande et leur indique l’heure et le jour où la messe pourra être célébrée pour leurs défunts.
Ce communiqué rappelle simplement les pratiques et usages de l’Eglise catholique diocésaine, qui concernent l’ensemble des personnes en Maine-et-Loire."
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Franc-Maçonnerie ... Piqûre de rappel…
« Le Code de Droit canonique de 1983 ne fait pas mention expresse de la franc-maçonnerie, à la différence de celui de 1917. Ce fait a pu être interprété comme un changement de position de l'Église. » Tout ceux qui font du relativisme leur dogme s'en sont réjouis...
Alors que toutes les dérives qui plongent notre société vers le chaos prennent corps un peu plus chaque jour, « l'affaire » du curé de Megève, franc-maçon, permet de mettre les points sur les « i »...
Saint-François de Sales ne désavouerait pas ! Et balaierait de son sourire les cris d'orfraies qui montent des « Loges »...Léon Areva
Suite de la lettre du Diocèse d'Annecy
« Dans une note datée du 26 novembre 1983, La Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) précise que « le jugement de l'Église sur les associations maçonniques demeure inchangé... et l'inscription à ces associations reste interdite par l'Église », ceci en raison même de l'incompatibilité entre les principes de la Franc-Maçonnerie (FM) et ceux de la foi chrétienne. La CDF se situe au plan de la foi et de ses exigences morales, étant donné que le fait d'adhérer à la FM met en cause les fondements de l'existence chrétienne.
Le relativisme est au fondement même de la FM. C'est le nœud même de l'incompatibilité, en raison des conséquences sur le contenu de la foi, l'acte de foi lui-même, l'agir moral et l'appartenance à l'Église Corps du Christ.
Les francs-maçons nient la possibilité d'une connaissance objective de la vérité. On demande à un franc-maçon d'être un homme libre, qui ne connaît aucune soumission à un dogme, ce qui implique le rejet fondamental de toutes les positions dogmatiques : « Toutes les institutions qui reposent sur un fondement dogmatique, et dont l'Église catholique peut être considérée comme la plus représentative, exercent une contrainte de la foi » (Lennhoff-Posner, Dictionnaire franc-maçon international, Vienne 1975, p. 374). On rejette tout dogme, au prétexte de la « tolérance absolue ».
Ainsi, le maçon soutient-il le primat et l'autonomie de la raison par rapport à toute vérité révélée. Il refuse l'idée même d'une révélation, les religions étant considérées comme des tentatives concurrentes pour exprimer la vérité sur Dieu qui, en définitive, est inaccessible, inconnaissable. Chacun juge par lui-même de la vérité, et est à lui-même sa propre norme. Livrée à elle-même, la raison n'est plus finalisée par la recherche de la Vérité. Elle est à la merci des idéologies ou des constructions subjectives. « En toute chose, c'est la raison humaine et la nature humaine qui restent souveraines ». D'où l'argument, typiquement maçonnique, de « liberté absolue de conscience ».
Il n'y a donc, selon la FM, aucune connaissance objective de Dieu, en tant qu'Être personnel. C'est à l'opposé de la conception chrétienne de Dieu qui se révèle, entre en dialogue avec l'homme, et de la réponse de l'homme qui s'adresse à lui en le nommant Père et Seigneur. Le Concile Vatican II l'exprime en ces termes : « Il a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l'Esprit-Saint, auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine. Dans cette Révélation le Dieu invisible s'adresse aux hommes en son immense amour ainsi qu'à des amis, il s'entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie. » (D.V. 2)
Les dogmes dans l'Église sont des expressions de la foi reçue des Apôtres. Ils ne sont pas des formulations arbitraires, closes sur elles-mêmes. Ils sont plutôt des balises qui indiquent le mystère du Christ, « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Ces « définitions » de foi nous sont données pour éclairer notre intelligence et rendre raison de notre foi.
En soutenant le primat et l'autonomie de la raison par rapport à toute vérité révélée, l'homme prétend se perfectionner sans cesse lui-même en s'appuyant sur son pouvoir auto-créateur. Selon la « philosophie » franc-maçonne, l'homme n'a pas besoin de salut. Or l'Évangile est l'heureuse annonce du Salut : le chrétien attend et reçoit le salut de la grâce miséricordieuse de Dieu, en la personne de Jésus qui est précisément le Sauveur (Jésus = « Dieu sauve »). « C'est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu » (Eph 2, 8).
Sur le plan éthique, les différences sont aussi considérables. Pour le franc-maçon, les règles morales sont appelées à évoluer sans cesse sous la pression de l'opinion publique et des progrès de la science. La morale évolue au gré du consensus des sociétés. S'il est exact que l'homme se situe toujours dans une société particulière, il faut toutefois admettre que l'homme ne se définit pas tout entier par cette culture, qu'il n'est pas le « produit » d'une culture. Il existe en l'homme quelque chose qui transcende les cultures : ce que la foi chrétienne exprime en affirmant que « l'homme est créé à l'image de Dieu ».
La franc-maçonnerie conteste ainsi toute autorité morale et doctrinale, misant sur l'autonomie individuelle, écartant les arguments d'autorité, et exigeant une absolue liberté de conscience. C'est finalement le règne du « Moi » ! Et la domination du relativisme... Les différentes confessions religieuses auxquelles appartiennent les adhérents sont considérées comme secondaires par rapport à l'appartenance plus englobante et supra-confessionnelle à la fraternité maçonnique : ce qui conduit forcément à tout apprécier et juger du point de vue maçonnique.... sans s'en rendre compte. L'engagement au sein de la franc-maçonnerie transforme l'acte de foi chrétien. Il ne peut être neutre : les rites initiatiques dans le secret des loges produisent inévitablement leurs effets sur les membres. La revendication de la « liberté absolue de conscience » est le produit de la « doctrine » relativiste qui s'impose progressivement, à l'insu même des intéressés. La franc-maçonnerie revendiquant pour ses membres une adhésion totale, il est évident que la « double appartenance » est impossible pour un chrétien qui « appartient au Christ » (Rom 14,8)."La Chancellerie
Diocèse d'Annecy
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Abroger la loi Taubira et toutes les lois contraires à la doctrine sociale de l'Eglise
Excellente tribune du Père Cédric Burgun qui donne suite aux paroles prononcées par le Saint-Père aux parlementaires français :
"[...] Voilà donc la phrase mise au banc des accusés :
« Votre tâche est certes technique et juridique, consistant à proposer des lois, à les amender ou même à les abroger. Il vous est aussi nécessaire de leur insuffler un supplément, un esprit, une âme dirais-je, qui ne reflète pas uniquement les modes et les idées du moment, mais qui leur apporte l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine. »
Tout d’abord, une petite leçon de diplomatie vaticane : le pape François s’est exprimé devant un groupe d’une cinquantaine de parlementaires, des deux chambres, représentant les groupes d’amitié France – St-Siège de l’Assemblée et du Sénat (les tenants d’une laïcité intransigeante s’étonneront de l’existence de tels groupes, mais passons …). Ce n’était pas une visite non-officielle des membres de l’association « Chrétiens Élus publics » : auquel cas, les propos du Pape n’auraient pas nécessairement été rendus publics « officiellement ». C’était la visite de parlementaires français au chef d’État du Saint-Siège. Son discours avait été préparé par la Secrétairerie d’État du Vatican – celle-là même qui gère toutes les relations diplomatiques – et le pape ne s’est pas écarté du discours d’un iota, contrairement à son habitude.
Certes, je comprends qu’on ne veuille pas comprendre : comme disait Jésus, « que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende » ! Mais on ne peut pas dire que les mots du Pape n’étaient pas pesés et qu’ils ne concernaient pas la loi Taubira…
Plus largement encore, ils ne concernaient pas seulement la loi Taubira, mais toutes les lois ! La Secrétairerie d’État – comme le souverain pontife – est parfaitement au courant de la situation politique en France. Les infos lui remontent régulièrement et pas uniquement par les journaux ! Le pape François connaît les lois qui viennent d’être votées et celles qui attendent encore les Français.
La Secrétairerie d’État savait aussi que c’était la première fois que le Pape allait s’adresser officiellement à la France. Et donc – comme à son habitude – dans tout discours officiel diplomatique, chaque mot est pesé, évalué, considéré. Oui, le Pape a invité les parlementaires à abroger les lois qui sont contraires à la doctrine sociale de l’Église et sa conception de l’homme. Qu’on le veuille ou non, la parole pontificale de ce samedi 15 juin fut aussi claire que cela ! Et c’est bien cela qui dérange.
Pourquoi ? Parce que, là, le pape François a posé une question politiquement incorrecte : on s’en rend compte ! Trop souvent, nous avons une vision rectiligne de l’histoire d’un pays, et de son avenir. Nous considérons qu’il n’y a pas de retour en arrière possible et que les choses vont continuer à évoluer en se « dégradant ». C’est la vision de nombreux chrétiens : les choses sont foutues, on a perdu ce « combat », on ne pourra pas revenir en arrière, etc.
Or, le pape François a rappelé une évidence : avoir toujours comme but d’abroger les lois profondément contraires à la dignité de l’homme et à la vision chrétienne de l’humanité.
En ce sens-là, oui, le pape François a appelé à l’abrogation de la loi Taubira, mais aussi aux lois de recherches sur l’embryon, aux lois sur l’avortement, et encore à toutes les lois qui créent plus de pauvreté, plus d’inégalité, plus de souffrance (pensons à la faim dans le monde ou aux inégalités toujours plus croissantes).
Il y a toutes celles qui dégradent la protection sociale des mineurs, qui encourage de nouvelles formes modernes d’esclavage (par exemple la drogue et à l’exploitation de la prostitution). Il y a encore toutes celles qui concernent le droit à la liberté religieuse ; le développement d’une économie qui n’est plus au service de la personne et du bien commun. Il a appelé à abroger les lois concernant l’euthanasie et qui dessaisissent l’homme de sa responsabilité et de sa dignité.
Oui, il a appelé à abroger celles qui suscitent des conflits et qui mettent la paix en danger ; oui?il a appelé à abroger les lois qui reflètent « uniquement les modes et les idées du moment, mais qui (n’) apporte(nt) (pas) l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine ». C’est clair. Il vient d’ailleurs d’écrire une lettre au G8 pour demander de ne pas dissocier l’éthique de l’économie.
On peut ne pas être d’accord [...]" (suite).
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LE PAPE POUR L'ABROGATION DE CERTAINES LOIS FRANÇAISES
Le pape François, recevant pour la première fois au Vatican 45 parlementaires français, les a invités samedi à "amender et même abroger" les lois contraires à leur conscience, dans une exhortation générale, qui, selon eux, pourrait s’appliquer à différents thèmes éthiques divisant les Français, du mariage homosexuel à l’euthanasie.
Une source parlementaire française a souligné que le pape avait décrit de manière générale la mission du parlementaire et qu’il n’avait à aucun moment fait allusion à la récente loi sur le mariage homosexuel. [Ah oui ?]
A la sortie de l’audience, le sénateur UMP Charles Revet, qui dirige au Sénat le groupe d’amitié France-Saint-Siège, a affirmé que le terme "abroger" est "un terme que le pape a appuyé".
"C’est notre travail de parlementaire de voir comment les choses peuvent évoluer", a estimé le sénateur, en ajoutant : "le parlement aura, après, s’il le juge utile, à revoir les choses".
Il s’agissait de la première audience papale à une délégation parlementaire depuis qu’il a été élu le 13 mars, et la première fois aussi qu’une délégation française était reçue par lui.
François a estimé que "le principe de laïcité qui gouverne les relations entre l’État français et les différentes confessions religieuses ne doit pas signifier en soi une hostilité à la réalité religieuse, ou une exclusion des religions du champ social et des débats qui l’animent".
Devant 29 sénateurs et 16 députés, UMP, centristes, non inscrits et deux socialistes, il les a clairement invités à ne pas hésiter à "amender et même à abroger" les lois si nécessaire, pour leur "apporter l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine", soulignant que leur tâche d’élus "n’est pas seulement technique ou juridique".
Il s’agit d’"insuffler" à ces lois "un supplément, un esprit, une âme qui ne reflète pas uniquement les modes et les idées du moment".
Les propos du pontife surviennent après l’adoption par le parlement français d’une loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe et leur donnant la possibilité d’adopter des enfants, qui a profondément clivé la société.
Le pape a d’ailleurs paru rendre hommage à la mobilisation de centaines de milliers de Français dans le cadre des manifestations contre "le mariage pour tous" : "on peut se féliciter, a-t-il dit, que la société française redécouvre des propositions faites par l’Eglise, entre autres, qui offrent une certaine vision de la personne et de sa dignité en vue du bien commun".
Dans un discours tenu sur un ton très courtois et dépourvu de critiques, le pape a souligné les "relations de confiance qui existent généralement" en France entre responsables de l’Etat et de l’Eglise.
Le pape a ajouté que l’Eglise "désire apporter sa contribution spécifique sur des questions profondes qui engagent une vision plus complète de la personne et de son destin", une contribution qu’elle souhaite donner non seulement au niveau "anthropologique ou sociétal, mais aussi dans les domaines politique, économique et culturel".
Il a rappelé que la France est une "nation vers laquelle les yeux du monde se tournent souvent".
Le sénateur UMP du Val de Marne, Christian Cambon, a estimé qu’il s’agissait d’"un message significatif", si "les mots veulent dire ce qu’ils veulent dire".
Il a cependant précisé que le pape "ne part pas en guerre" contre la loi Taubira, mais "exprime son inquiétude". Car "le pays n’est pas apaisé sur cette affaire, tout n’est pas dit".
Le pape, a-t-il encore ajouté, "prend la mesure de la grande crise des valeurs qui touche l’Europe".
Le pape argentin avait salué vendredi indirectement la position que le primat anglican Justin Welby a récemment adoptée lors du débat parlementaire à Londres contre le projet de mariage gay.
Mais il n’a jamais évoqué directement le thème pendant ses premiers mois de pontificat.
Quand il était archevêque de Buenos Aires, il s’était prononcé contre le "mariage" entre personnes de même sexe, tout en semblant adopter à titre personnel une position pragmatique plutôt favorable aux contrats d’unions civiles homosexuelles, qui pouvaient éviter justement une loi sur le "mariage".
Pour l’Eglise, le terme de "mariage" est fondé dans la Bible sur l’union d’un homme et d’une femme. Le Vatican avait surtout protesté contre le volet filiation de la loi adoptée en France, l’ex-pape Benoît XVI estimant qu’elle posait un grave problème "anthropologique".
Auteur AFP via DirectMatin