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social - Page 469

  • Gauche du travail ou gogauche du social ?

    C'est le social qui a tué la France. Le budget de la Sécurité sociale est plus grand que celui de l'État.   

    L’amie Altana ne nous avait pas habitués à ça. L’indignation n’est pas bonne conseillère. J’ai cru lire un libelle dont la gogauche a le secret, ce camp du bien qui nous enjoint d’aimer son prochain, de voir en chaque individu un déshérité chargé de toutes les vertus, et de pratiquer la politique des bons sentiments.

    C’est la même morale saint-sulpicienne qui, nous tenant de guide, a poussé quelques étudiants, encore shootés à l’humanitaire façon Kouchner et l’abbé Pierre, à aller crier « Leonarda, reviens » : bêtise compassionnelle et dolorisme pleurnichard, apitoiement sur les exclus et les blessés de la vie, et les clandestins refoulés aux frontières ou à la mer.

    Faut-il rappeler que les SDF en question sont des RMIstes qui bénéficient de la solidarité nationale, de soins non payants et d’une quantité d’autres prestations à titre gratuit, qu’ils sont à plaindre non pas tant par leur état de clochard mais parce qu’ils ont été réduits à ne pas travailler et à coucher dehors à cause de 40 années de politique économique taxant à outrance l’emploi productif ou le travail actif et 40 années de politique du logement criminelle décourageant la construction immobilière et réservant le parc social aux nouveaux immigrants.

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  • Votre patron va pouvoir modifier votre contrat de travail

    La Cour de cassation considère désormais qu'un salarié ne peut plus refuser toute modification de son contrat voulue par l'employeur. Y compris une baisse de salaire, si elle reste mineure.
    Un salarié ne peut plus refuser toute modification de son contrat de travail décidée unilatéralement par son patron. La Cour de cassation a modifié son point de vue dans un arrêt du 12 juin 2014. Alors qu'elle l'excluait formellement depuis de nombreuses années, elle juge désormais qu'un employé peut se voir imposer une modification de son contrat, à condition qu'elle n'empêche pas, objectivement, sa poursuite, et donc qu'elle soit mineure.
    Il s'agit, de la part du juge, de l'introduction d'une certaine souplesse dans les relations employeur-employé, qui était absolument exclue jusqu'à présent. La Cour jugeait invariablement que ce qui avait fait l'objet d'un contrat signé ne pouvait en aucun cas être modifié par une partie sans l'accord de l'autre. Elle admettait seulement que la modification refusée, si elle était nécessaire, puisse justifier un licenciement, mais avec indemnités. 
    Cette modification mineure, que le salarié doit désormais accepter, peut même porter sur des éléments essentiels, comme le montant de la rémunération. Ce que les juges considéraient jusque-là comme absolument intangible, sauf accord des deux parties pour la modifier. La Cour de cassation n'admettait même pas que le mode ou le montant de la rémunération prévus au contrat soient modifiés dans un sens favorable au salarié, sans l'accord exprès de celui-ci. 
    Le salarié ne peut plus s'estimer licencié
    Si le changement n'est pas un obstacle à la poursuite des relations de travail dans des conditions normales, le salarié ne peut plus s'estimer licencié, ni demander aux prud'hommes de constater la résiliation de son contrat aux torts de son entreprise. Ceci lui donnait droit à des indemnités de licenciement et dommages-intérêts pour licenciement abusif. 
    "Il ne peut plus sauter sur l'occasion pour quitter l'entreprise avec indemnités", résume un magistrat. La Cour de cassation vient en l'espèce d'admettre qu'un patron impose à son salarié une baisse de son taux de rémunération, parce que cette baisse "représentait une faible partie de la rémunération". 

    L'Express avec AFP :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EupkyAZVuZcEcLbCWY.shtml

  • En France, le spectacle, c’est maintenant !

    En France, tout est spectacle. […] On ne baisse jamais le rideau sauf – gag ! – pour les intermittents qui deviennent grévistes à temps complet. Mais ils respectent la chorégraphie nationale qui permet, au royaume de la Reine Égalité, à ceux qui jouissent déjà de privilèges de s’octroyer le droit de pourrir la vie des autres. Le régime des intermittents coûte à ceux qui ne le sont pas 320 millions d’euros. S’il s’agissait uniquement de consolider une profession précaire qui assure la continuité et le rayonnement de notre culture, comme cherche à le faire croire le ministre, on pourrait être compréhensif, mais chacun sait que les premiers bénéficiaires du système sont les grandes chaînes de télévision, et éventuellement leurs émissions débiles.

    Est-ce une raison pour les autoriser à anéantir le travail des autres et gaspiller les deniers publics qui permettent à la France de se couvrir de festivals ? J’ai assisté au massacre de ceux-ci par les intermittents en 2003, sans le moindre respect pour les organisateurs, pour les artistes et les techniciens qui voulaient travailler, pour le public, et notamment les étrangers venus spécialement à Aix ou à Avignon, aux yeux desquels on n’hésitait pas à donner la pire image de notre pays. Une minorité qui, par sa situation, peut prendre en otage une partie de la population et faire chanter la République à défaut de chanter elle-même, est-ce digne de la France ? Non, mais c’est l’une de nos mauvaises habitudes.

    Une fois de plus, la SNCF est en grève. Forts de leur sécurité d’emploi et de leurs avantages sociaux, notamment une retraite précoce, des « agents » d’un service public vont gêner les salariés des entreprises privées afin que le mammouth ferroviaire retrouve une unité qui maintienne la concurrence à la frontière. Rien n’éveille plus le patriotisme chez certains que la sauvegarde de leurs privilèges !

    Le patriotisme va pouvoir, d’ailleurs, déployer ses bannières en direction du Brésil. Les Français vont se sentir vibrer en proportion des buts marqués par les Bleus. […] Que onze millionnaires souvent employés par de grands clubs étrangers jouent en virtuoses avec un ballon n’a aucun rapport avec notre pays, sa situation ou son avenir. […]

    C’est par le spectacle que notre Président s’applique à reconquérir l’opinion. Faute d’agir efficacement sur le présent, il ressuscite le passé, il commémore. […] François Hollande s’est félicité que tout le monde soit venu et que l’Américain et l’Ukrainien aient parlé au Russe. Il faut maintenant en attendre les retombées diplomatiques réelles. La célébration du 6 Juin est aussi, pour un regard lucide, l’occasion de se rappeler que, si la scène des événements historiques était française, les acteurs essentiels étaient étrangers, même si le général de Gaulle avec la Résistance, le commando Kieffer et la 2e D.B. a permis à notre pays de sauver son honneur sur ce théâtre d’opérations.

    Une fois de plus, la SNCF est en grève.

    Il reste le cirque ou le music-hall. Ce sont les domaines de nos décidément trop chers politiciens. La débandade du PS, la guerre civile des ambitieux sans talent à l’UMP faisaient la part trop belle à un FN dédiabolisé.

    Le vieux chef, en chahuteur invétéré, fatigué déjà de jouer les seconds rôles et ulcéré par le petit tour habituel de « politiquement correct » des membres du show-biz qui veulent soigner leur réputation, s’est laissé aller à un de ces mots douteux dont il a le secret. Il s’agit d’un jeu qui se répète depuis des années. Les uns diabolisent pour détruire et pour exister. L’autre se diabolise pour ne pas disparaître. Un pays sérieux ne devrait pas accepter que son débat politique se situe à ce niveau. […]

    Christian Vanneste dans Boulevard Voltaire

    http://www.altermedia.info/france-belgique/uncategorized/en-france-spectacle-cest-maintenant_109690.html#more-109690

  • Paris : comment on chasse les SDF

    « Barres ou piques métalliques, cactus.. le mobilier urbain s’équipe de tout un arsenal d’options qui visent à chasser les SDF des trottoirs, porches et autres devantures. Les pouvoirs publics affirment être impuissants, il ne s’agirait que « d’initiatives privées émanant de particuliers ». Pas si sûr… »

    Quand la société moderne préfère cacher la misère qu’elle sécrète et entretient…

    http://www.contre-info.com/

  • Et pourquoi ne pas supprimer les syndicats en France ?

    La grève de la SNCF qui est reconduite pose de nombreuses questions. Pourquoi les cheminots font-ils grève ? Au nom de quoi la reconduisent-ils ? Ces fonctionnaires privilégiés pensent-ils à leurs homologues du privé qui, eux, n’ont pas souvent la joie de voir leurs jours de grève payés ? Car, ne nous leurrons pas. Certes, les grévistes ne seront pas payés. Mais leurs journées d’arrêt de travail seront défrayées par le syndicat !

    Certes, depuis 2008 et le début de la crise économique, les journées de grève ont nettement diminué en France après avoir connu une croissance importante depuis 1968. Certes, les syndicats ont tendance à faire plus grève quand un gouvernement penche à droite que lorsqu’il est de gauche. Bien sûr, les syndicats peuvent être de bons garde-fous sociaux et pointer du doigt les dysfonctionnements du système. Ils ont beau nous expliquer que la grève ressemble, pour eux, au dernier argument, à l’ultima ratio regum.

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  • Comment l'Etat va réaliser quatre milliards d'euros d'économies supplémentaires en 2014

    Le gouvernement prévoit 4 milliards d'euros d'économies supplémentaires cette année pour contenir le déficit. L'Etat prendra sa part à hauteur de 1,6 milliard. Revue de détail.
    Le collectif budgétaire du gouvernement pour 2014 a été présenté ce mercredi en Conseil des ministres. Certes, il détaille le contenu du pacte de responsabilité, mais pas seulement. En effet, contraint par la Commission européenne de tenir sa trajectoire de réduction du déficit public - 4,3% en 2013, objectif de 3,8% en 2014 et 3% en 2015 -, le gouvernement a dû se résoudre à trouver 4 milliards d'euros d'économies complémentaires en 2014 pour tenir son engagement. In fine donc, sur les années 2014/2017, c'est un plan d'économies d'un montant de 54 milliards d'euros que l'Etat s'est engagé à réaliser, soit plus de 2,5 points de PIB…
    1,1 milliard d'euros d'économies sur la protection sociale
    Dans le détail, pour 2014, 1,1 milliard d'euros d'économies seront trouvées sur les prestations sociales et les dépenses de santé (dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale rectificatif, présenté la semaine prochaine). Ainsi, 300 millions d'économies seront réalisés grâce au décalage d'une année de la revalorisation des prestations sociales (sauf les minima sociaux), annoncé en avril par le Premier ministre. Et 800 autre millions seront trouvés par la réduction de l'Objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam).
    1,3 milliard d'euros supplémentaire d'économies sera réalisé via d'autres mesures. Ainsi, 600 millions d'euros proviendront de l'application à compter du 1er juillet 2014 des nouvelles règles d'assurance chômage et 400 autres millions en revoyant à la baisse les dépenses liées « aux investissement d'avenir » décidés dans le cadre du grand emprunt lancé par Nicolas Sarkozy.
    Les propres dépenses de l'Etat amputées de 1,6 milliard d'euros
    Mais le plus gros morceau, 1,6 milliard d'euro, proviendra des économies réalisées dans les dépenses de l'Etat, prévues par ce collectif budgétaire. Au total, si l'on tient compte des économies déjà programmées dans la loi de finances initiale, c'est une réduction de plus de 3,3 milliards d'euro qui sera effectuée par rapport à la loi de finance initiale de 2013.
    Dans le détail, comment l'Etat va-t-il s'y prendre? Grâce notamment à un coup de rabot général dans les dépenses des ministères. Ainsi, 1 milliard d'euros seront dus à des annulations de crédits qui n'étaient pas mis en réserve et 600 millions d'euros seront puisés dans la réserve de précaution, mise de côté chaque année par les ministères pour les dépenses imprévues.
    350 millions en moins pour la Défense
    Par exemple, le budget de la Défense sera amputé de 350 millions d'euros, celui de l'Education nationale de 189 millions d'euros cette année, celui du ministère des Finances de 150 millions, celui de l'Ecologie de 113 millions ou encore celui du ministère du Travail de 127 millions d'euros.
    Par ailleurs, au-delà de toutes ces économies, le service de la dette, qui désigne les intérêts de la dette payés chaque année par l'État à ses créanciers, est aussi revu à la baisse en 2014 à hauteur de 1,8 milliard d'euros sur un total initialement prévu à 46,7 milliards d'euros. Le projet de loi estime maintenant que le service de la dette se stabilisera tout juste en dessous de 45 milliards d'euros.

    Jean-Christophe Chanut

    http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20140611trib000834591/comment-l-etat-va-realiser-quatre-milliards-d-euros-d-economies-supplementaires-en-2014.html

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EupkVuZElpxYWdFGyX.shtml

  • « Mundial do Brasil » : ça pourrait bien chauffer ailleurs que dans les stades

    Les autorités serrent les fesses, se disent que c’est juste un mauvais moment à passer.   

    Coup d’envoi, ce soir, du « Mundial do Brasil ». Le pays en jaune et vert et le monde entier avec lui vont entrer en transe. Mais entre menaces de grève et congrès agité de la FIFA sur fond de Qatargate, ça pourrait bien chauffer ailleurs que dans les stades.

    Le correspondant de l’AFP, sans doute emporté par l’inflation verbale chère aux commentateurs sportifs, n’hésite pas à parler de « Mondial le plus troublé de l’histoire ». C’est un peu tôt pour le dire. Ce qui est vrai, cependant, c’est qu’on n’avait encore jamais vu une Coupe du monde démarrer, pour le pays qui l’accueille, dans un climat social aussi délétère. Surtout dans LE pays du foot – le Brésil – qui l’a déjà gagnée 5 fois.

    Un commentateur disait hier : « Le Brésil n’est pas un pays pauvre, c’est le pays de l’injustice. » Il n’est pas le seul, hélas, mais elle est là-bas particulièrement criante. Si le Brésil connaît encore une croissance à faire rêver la vieille Europe (2,3 %), ses fruits sont tout sauf partagés. Alors on comprend les Brésiliens qui, malgré leur amour du ballon, descendent dans la rue pour protester contre les sommes astronomiques – 11 milliards de dollars – englouties dans l’organisation hasardeuse du Mondial aux normes exigées par la FIFA. Autant de milliards qui n’iront pas aux écoles, aux hôpitaux ou aux transports qui font tant défaut à cet immense pays de 200 millions d’habitants, grand comme 14 fois la France.

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  • Europe : L’avenir de l’industrie se trouve sur la rive sud de la Méditerranée

    La crainte de nationalisations est tout à fait déplacée et aucun slogan des révoltes arabes de 2011 n’a montré d’hostilité au capital étranger, européen ou non européen. Il convient simplement de sortir progressivement de la logique des zones franches et des avantages fiscaux qui ne sont en rien corrélés avec des indicateurs de développement des capacités de maîtrise et d’innovation technologiques.

    Si l’on songe que la côte sud de la Méditerranée est la porte d’entrée vers le continent africain, d’un côté, et vers la riche péninsule Arabique, de l’autre, comment ne pas s’orienter vers de grands investissements industriels pour produire localement et exporter des biens d’équipement comme des biens de consommation, grâce à la valorisation des très vastes ressources humaines disponibles sur les deux rives de la Méditerranée ?

    En bref, il est temps de commencer à penser la complémentarité active et productive au bénéfice des deux rives, en lieu et place des situations rentières qui dominent trop souvent les relations économiques entre les deux rives de la Méditerranée.

    La coproduction peut, bien sûr, prendre également la forme de capitaux du sud de la Méditerranée, investis en Europe dans des entreprises de taille moyenne à la recherche de liquidités pour assurer leur développement et leur expansion.

    L’essoufflement des économies européennes et le blocage des économies du sud de la Méditerranée appellent un sursaut dans le cadre d’un ensemble euro-méditerranéen plus compétitif, aussi bien vis-à-vis de l’Extrême-Orient que de la zone économique nord-américaine (port de Marseille).

    La marche forcée vers toujours plus de mondialisation économique et de transferts d’activités d’Europe occidentale et des États-Unis vers les économies émergentes semble connaître une pause. La hausse des salaires en Chine et le développement de son gigantesque marché intérieur, la baisse du niveau des salaires ouvriers en Europe et aux États-Unis expliquent notamment ce ralentissement.

    Aux États-Unis, des frémissements se font sentir dans les industries textile et automobile. En Allemagne, des politiques appropriées ont permis de sauvegarder des pans entiers de l’industrie de biens d’équipement, toujours en forte demande sur le marché international du fait de la qualité de sa production.

    L’heure est peut-être venue, pour les économies européennes, de sortir de leur sommeil grâce à une renaissance industrielle. Si le redéploiement des industries des pays d’Europe de l’Ouest vers l’Europe de l’Est a vraisemblablement atteint ses limites, il n’en est pas de même en ce qui concerne les relations industrielles avec les pays au sud de la Méditerranée.

    Pour l’heure, les accords d’association et de libre-échange de l’Union européenne (UE) avec les pays tiers méditerranéens n’ont pas donné les bénéfices escomptés pour ces pays : le taux de chômage des jeunes – et notamment des jeunes diplômés – n’a pas diminué ; la part des exportations de ces pays vers l’UE n’a pas substantiellement augmenté.

    Ensemble euro-méditerranéen

    Dans le domaine industriel, les zones franches et les avantages fiscaux accordés à la sous-traitance des multinationales européennes vers les sociétés locales n’ont pas entraîné de dynamique d’industrialisation des pays arabes du pourtour méditerranéen.

    Cette sous-traitance a certes fourni de l’emploi local et des bénéfices défiscalisés, mais elle n’a guère poussé les entrepreneurs locaux à pratiquer une remontée progressive de filières technologiques.

    Sortir de la logique des zones franches

    Il est temps d’être plus ambitieux et de faire émerger un ensemble productif et compétitif euroméditerranéen, en passant de la sous-traitance à la coproduction. Dans une telle approche, la réindustrialisation de l’Europe devrait se déployer en tenant compte du potentiel dormant de consommation comme de production des économies du Sud.

    La politique d’assistance de l’UE à ces pays a permis une modernisation des institutions économiques et financières, voire une convergence institutionnelle. Elle n’a cependant pas réussi à dynamiser les structures de production restées chétives et incapables d’offrir les indispensables opportunités d’emploi, ce qui explique en partie les révoltes de 2011 sur la rive sud de la Méditerranée.

    Ces structures sont restées prisonnières de situations rentières et de concentration massive de l’activité économique aux mains de quelques groupes d’affaires oligopolistiques ayant l’appui des autorités politiques.

    Peut-on coproduire entre les deux rives de la Méditerranée aujourd’hui ? La situation est mûre pour cela. Au nord comme au sud de la Méditerranée, les politiques de modernisation et l’objectif de convergence des économies ont atteint leurs limites dans le cadre des structures de production actuelles.

    Pour cela, il faut que les réserves cachées de productivité soient enfin libérées de toutes les contraintes et pesanteurs qui leur font barrage depuis des décennies, en dépit des politiques de libéralisation mises en œuvre avec l’aide de l’UE et des institutions de financement internationales. Il faut d’ailleurs reconnaître que les économies au sud de la Méditerranée ont montré qu’elles sont favorables aux investissements privés des économies au nord.

    Le Monde

    http://fortune.fdesouche.com/343673-europe-lavenir-de-lindustrie-se-trouve-sur-la-rive-sud-de-la-mediterranee#more-343673

  • C’est maintenant une crise sociale qui menace l’Europe

     

    Par Guntram B. Wolff et Zsolt Darvas

    Cet article est basé sur une note de synthèse rédigée conjointement par les deux auteurs, présentée aux ministres des Finances de l’UE lors de leur entrevue informelle de l’Ecofin à Athènes.

    Image du film L’arroseur arrosé, de Louis Lumière, 1895

    Au cours de ces dernières années, la politique économique européenne s’est concentrée sur la crise des dettes souveraines et sur la fragmentation du système financier. Mais une menace encore plus dangereuse pèse sur l’Europe : le risque de la fragmentation sociale qui pourrait bien se transformer en une révolte contre les élites politiques, contre l’intégration européenne, les marchés ouverts et mondiaux, et finalement contre l’euro.


    La confiance dans l’UE et dans les gouvernements nationaux en général s’est affaiblie dans tous les pays depuis 2008, et particulièrement à Chypre, en Espagne, en Grèce et au Portugal. Plus de 6 millions d’emplois ont été perdus dans l’UE depuis 2008 et la paupérisation a considérablement augmenté dans les pays les plus touchés, en particulier chez les jeunes.

    Le chômage mine la croissance en raison de la perte de compétences professionnelles importantes. En particulier, le chômage des jeunes a un impact négatif durable sur la productivité, la santé et les performances éducatives. Les pays du sud de l’Europe et les Etats baltes, qui ont été les plus durement touchés par la crise, avaient déjà des niveaux élevés d’inégalités de revenus avant la crise. Afin de compenser ces inégalités, certains ménages s’étaient excessivement endettés et ce surendettement continue de nuire à la croissance.

    La première priorité en Europe est la réforme des systèmes nationaux de Sécurité sociale. Par exemple, la Grèce et l’Espagne, qui utilisaient autour de 16-18 % de leurs PIB respectifs pour la protection sociale avant la crise, n’ont réduit leurs inégalités de revenus que de 20 % alors que dans le même temps, le Danemark et la Suède les ont réduites de 45 % avec la même proportion de dépenses sociales. De toute évidence, des gains d’efficacité significatifs sont possibles pour le modèle social « méditerranéen », y compris en France.

    Concernant l’effort de la consolidation budgétaire, les niveaux des retraites et les dépenses en faveur des personnes âgées ont été préservés pendant la crise, alors que les budgets pour l’éducation, les familles et les enfants ont été coupés de façon substantielle. Revoir la distribution des coupes budgétaires est indispensable pour réduire la fracture grandissante entre les générations.

    La seconde priorité en Europe est la gestion adéquate de la demande. Alors que la consolidation budgétaire dans les pays en crise était inévitable, l’UE n’a pas mis en place de politique pour compenser la baisse de la demande en Europe. La zone euro en particulier a besoin de trouver des façons d’accroître la demande en Allemagne et dans les autres pays disposant de marges de manoeuvre budgétaires.

    Pour éviter une politique budgétaire restrictive en pleine crise, l’UE doit mettre en place une union budgétaire, qui pourrait prendre la forme d’un régime d’assurance-chômage commun. Une étape intermédiaire pour accroître la demande serait de lancer des projets communs d’infrastructures financés par des euro-obligations.

    Enfin, les systèmes fiscaux doivent être revus. En particulier, l’idée selon laquelle des taux d’imposition marginaux plus faibles sur les tranches supérieures des revenus se traduiraient par une meilleure productivité est fausse. L’augmentation des droits de succession et de certains impôts sur la fortune permettrait de transférer une partie du fardeau de la résolution de la crise sur ceux qui ont été le moins touchés.

    L’Europe a surmonté la crise financière la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, l’incapacité à régler la crise sociale mine les efforts pour stabiliser la dette, assombrit les perspectives d’avenir des jeunes générations et réduit progressivement le soutien à un projet d’intégration transnationale unique dans l’Histoire. Une révolte sociale pourrait bien rejeter la mondialisation et saper les bases de notre prospérité.

    Les Echos