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  • Brussels Business - Qui dirige vraiment l'Union Européenne

    La Table ronde des Industriels européens (European Round Table, ERT) est un groupe de lobbying créé en 1983 par Étienne Davignon auprès de la Commission européenne, le Conseil des ministres ou encore le Parlement européen. Il rassemble les 45 plus grandes entreprises européennes, situées dans 18 pays de l’UE.

    L’ERT s’est donnée pour objectif de « stimuler la compétitivité mondiale de l’industrie européenne », notamment en prônant la baisse du salaire minimum, la réduction des dépenses de sécurité sociale et la privatisation de services publics.


    Brussels Business - Qui dirige vraiment l'Union... par non-merci

    http://www.actionfrancaise.net

  • Europe : la tentation fédéraliste

    En dépit de l'échec du dernier sommet européen sur le budget, le mythe de la gouvernance européenne continue d'être présenté comme la panacée contre la crise. Et l'Allemagne, maîtresse du jeu, pousse au fédéralisme.
    Recevant Jean-Marc Ayrault à Berlin, Angela Merkel s'est prononcée en faveur d'une « France forte ». Cette expression, plus sarkozyste qu'hollandienne, est loin de signifier, comme a voulu le croire son homologue, que le chancelier allemand donnait son satisfecit aux positions françaises sur l'Europe. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire ce que, au même moment, Volker Kauder, président du groupe parlementaire et proche d'Angela Merkel, confiait à l'hebdomadaire Der Spiegel sur notre pays : « Ce serait bien si les socialistes engageaient maintenant vraiment des réformes structurelles. Cela ferait du bien au pays et à l'Europe. »
    Les Allemands ne feignent évidemment pas de croire que François Hollande ne fait rien. Non ! ils critiquent son action. Reprenant une idée gaullienne, Volker Kauder précise en effet que « l'Europe ne va pas avancer sans un axe franco-allemand qui fonctionne » ; ce qui signifie clairement pour lui « que le président François Hollande se rapproche du chancelier ». Pas l'inverse !
    Et Angela Merkel l'a clairement signifié, qui n'a de cesse de critiquer les positions affichées par le président de la République, à commencer par sa volonté d'obtenir de Bruxelles une mutualisation de la dette au sein de l'Europe.
    Cette idée, et sa détermination à maintenir, contre ses partenaires, le niveau actuel de la PAC, loin de le différencier des autres politiques européens, soulignent au contraire l'espèce de sauve-qui-peut généralisé qui prévaut aujourd'hui dans l'Union européenne : chacun essaye de sauvegarder pour lui ce qu'il dénonce chez le voisin comme un égoïsme national.
    Berlin a une position sensiblement différente. Elle pointe le manque de compétitivité de certains pays, et l'excès de dettes publiques. Et, pour y remédier, invite ses partenaires à entreprendre les réformes nécessaires, en renforçant en outre l'intégration européenne. Car si tous appellent de leurs vœux une gouvernance économique européenne, l'Allemagne est sans doute un des rares pays encore en mesure de s'y atteler. D'où son leitmotiv sur la discipline budgétaire, que ses partenaires feignent de ne point entendre.
    Parce que, ils le démontrent tous les jours, ils ne sont plus capables, pour la plupart, de contenir les effets catastrophiques de leur dette.
    Parce que, en conséquence, et sans se l'avouer, ils comptent aussi sur Berlin pour compenser leur faiblesse.
    Tutelle allemande
    De ce fait, et paradoxalement puisque ce n'est pas le but recherché, la mutualisation des dettes chère à François Hollande renforcerait la mise sous tutelle allemande de l'Europe, et singulièrement de la France. Car son adoption serait le signe que l'Allemagne est reconnue comme le dernier garant de cette dette. Notamment parce que chacun de ses partenaires demande à Berlin ce qu'il est incapable de faire, ni d'accepter. Mais ce jour-là, rien ni personne ne pourrait plus empêcher l'Allemagne d'imposer cette discipline budgétaire tant redoutée... Ce qui confirmerait la critique renouvelée de certains eurosceptiques, qui considèrent que la monnaie unique, conçue comme un outil idéologique censé, à lui tout seul, construire l'Europe, n'a, de fait, profité qu'à la seule Allemagne.
    Dès lors, Jean-Luc Mélenchon n'a pas tort d'évoquer une arrogance allemande. Mais celle-ci, aujourd'hui, n'est d'abord, pour les Allemands, qu'un moyen de se préserver, autant que faire se peut, de la contagion de la crise actuelle.
    Une crise qui, quoi qu'en disent nos dirigeants, frappe particulièrement notre pays. Au point que divers média allemands n'ont pas hésité à qualifier la France de nouvel « homme malade de l'Europe ». Et que l'hebdomadaire britannique The Economist qualifiait la France, le 17 novembre dernier, de « bombe à retardement au cœur de l'Europe ».
    Cette défiance universelle de tous envers chacun explique, partiellement, le raté du dernier sommet européen sur le budget, qui, après avoir commencé avec plusieurs heures de retard, s'est soldé, au bout de deux petites heures, par un constat d'échec - constat, malgré de nouvelles discussions, réitéré dès le lendemain.
    En cause, bien sûr, certaines « lignes rouges » nationales ; mais aussi l'horizon 2020 jusqu' auquel doit tenir le prochain budget, et qui, à l'heure de la crise, paraît bien lointain. Tout le monde admet qu'il faut faire des économies... mais, évidemment, dans la poche du voisin.
    Ce n'est d'ailleurs pas l'Allemande Angela Merkel qui a cristallisé le refus européen d'un accord, fût-il un compromis, mais le Britannique David Cameron, qui a défendu bec et ongles son rabais, faisant résonner, à plus de trente ans de distance, la formule thatchérienne : « I want my money back ! »(1)
    Herman Van Rompuy y aura pourtant mis toute sa force, manifestement insuffisante, de persuasion. Il ne suffit pas que le « dogme » impose l'Europe aux européens des pays qui la composent, pour que nos dirigeants, d'où qu'ils viennent, oublient qu'ils ne sauraient aller indéfiniment à rebours de leurs opinions publiques. Surtout pour défendre une Europe qui n'est, selon l'expression de François Hollande, qu'un compromis. Tu parles d'un idéal ! Un compromis qui fait d'ailleurs fi, aujourd'hui, des particularismes mis en place par chacun depuis la fin de la guerre. En bref, on en est arrivé au point où les nationalismes n'entrent plus dans le cadre européen...
    Prix Nobel de la paix, l'Europe paraît aujourd'hui incapable de la faire chez elle.
    On a donc suspendu la discussion, pour la remettre au mois de janvier prochain. Rompuy espère que les « replis nationaux » feront alors place à un esprit européen. Et peut-être même à l'Europe fédérale, que l'Allemagne appelle de ses vœux.
    Il faudra, pour y parvenir, supprimer les derniers pans de souveraineté qui restent en chaque État-membre. Et dans l'esprit de leurs habitants.
    Olivier Figueras monde & vie 4 décembre 2012
    1. Rendez-moi mon argent !

  • Pourquoi l'échec de la droite ? (2/2)

    2/ Deuxième erreur fatale : la droite fantôme a choisi d'exclure ses alliés potentiels au profit de ses ennemis.

    L'acte politique essentiel c'est la désignation de l'ennemi : c'est une logique d'exclusion (l'ennemi que l'on désigne) mais aussi d'inclusion (les partisans et les alliés qu'on rassemble contre cet ennemi). Cela implique de faire des choix. Mais la droite de gouvernement a fait le plus mauvais choix possible : celui d'exclure ses alliés potentiels au profit de ses ennemis.

    2.1
    Le Front national

    Il faut, bien sûr, à ce stade évoquer la question des relations avec le Front national.

    L'idée est répandue, à droite, que le Front national aurait été « inventé » par F. Mitterrand pour la déstabiliser. Cette analyse conspirationniste traduit une cécité remarquable :

    • - d'abord, le populisme n'est pas un phénomène franco-français mais européen, voire occidental ; il exprime la souffrance des classes moyennes autochtones face à l'immigration de peuplement et face au déclassement dont elles sont victimes du fait de la mondialisation, de l’immigration et de la crise financière ;
    • - ensuite, c’est la droite de gouvernement elle-même qui a favorisé l’essor du populisme : en effet, plus la droite de gouvernement se ralliait au politiquement correct, plus elle décourageait ses électeurs et plus elle ouvrait un espace politique à la droite populiste ;
    • - enfin, le piège ne réside pas dans l'existence du mouvement populiste mais bien dans sa diabolisation par la droite de gouvernement, ce qui n'est pas la même chose. Sur ce plan, le piège métapolitique tendu par la gauche a parfaitement fonctionné. Le piège métapolitique a reposé techniquement sur des campagnes médiatiques à répétition à partir des années 1980 : notamment autour de l'attentat de la rue Copernic en 1980, lors de la campagne contre la Nouvelle Droite à la même époque, autour de la mort de Malik Oussekine lors des manifestations étudiantes de 1986 contre la réforme Devaquet, ou encore la campagne contre le Front national après la profanation du cimetière de Carpentras en 1993, pour ne citer que les plus marquantes.

    Ces dernières campagnes présentaient de nombreux points communs :

    • - une orchestration médiatique sans précédent : elles marquent en effet l'entrée en force du pouvoir médiatique dans l'espace politique ;
    • - elles cherchaient à insuffler l'idée d'une résurgence de l'antisémitisme et du fascisme en France qui serait le fait des Français de souche, et d'une collusion occulte de ces « forces obscures » avec la droite de gouvernement ;
    • - ces campagnes ont aussi visé à légitimer un dispositif de censure à l'encontre de la diffusion des idées de droite ; la campagne de la Nouvelle Droite a servi ainsi à mettre au pas le Figaro Magazine; celle contre le FN a visé tous ceux qui étaient coupables de professer les mêmes idées et à l'égard desquels un apartheid social a été mis en place.

    Ces campagnes ont surtout empêché tout renouveau intellectuel de la droite de gouvernement autrement que dans le sens du politiquement correct, car elles ont fixé des interdits qu’on devait respecter si l’on ne voulait pas être diabolisé à son tour.

    Afin de se dédouaner de l’accusation en sorcellerie politique, constamment proférée par la gauche et les officines qui lui sont dévouées, de « pactiser » avec « l'extrême droite », la droite fantôme a dû donner des gages de plus en plus élevés et se montrer toujours plus politiquement correcte. Elle a dû aussi sacrifier impitoyablement tous ceux qui, dans ses rangs, prétendaient à l’union de la droite (Ch. Millon notamment) ou défendaient des idées politiquement incorrectes (ex. le député Ch. Vanneste ) : ils ont été abandonnés et ostracisés.

    Bien entendu c'est parce que la droite de gouvernement avait commencé de renier son identité qu'elle a été victime de ces campagnes. Si ses convictions avaient été plus assurées, il en aurait été autrement.

    2.2
    Un choix catastrophique

    Le choix de diaboliser la droite populiste a été catastrophique pour toute la droite :

    • a) D’abord, la droite a été tronçonnée artificiellement en deux composantes de plus en plus hostiles : la droite politiquement correcte, dite républicaine, et une « extrême droite » diabolique.
      Face à cette situation, la droite de gouvernement a d’abord cru, encore par suffisance, qu'elle pourrait gagner toute seule en s'alliant avec une partie du centre. C'était la poursuite de la stratégie de Giscard D'Estaing (« deux Français sur trois »). Mais c’était un choix de moins en moins crédible à mesure que le vote populiste progressait.
      La droite fantôme a alors adopté une curieuse stratégie: celle consistant à couper les ponts avec le Front national tout en prétendant récupérer ses électeurs. Elle a donc fait le contraire de la stratégie victorieuse d’union de la gauche : elle n'a pas recherché une alliance politique au sommet mais a cru que les électeurs à la base étaient interchangeables et qu’ils pourraient être séduits durablement par des promesses.
      Cette stratégie a échoué parce que la diabolisation du FN a été ressentie comme un mépris de son électorat : il était dans ces conditions optimiste d'escompter que celui-ci se mobilisât pour les candidats de droite, a fortiori quand certains représentants de la droite fantôme, et non des moindres (ex. Juppé, NKM), déclaraient qu'ils préféreraient voter pour un candidat socialiste plutôt que pour un candidat du FN. A noter que de son côté le FN n’appelait pas à voter pour un candidat UMP face à la gauche, mais en général prônait plutôt l’abstention.


    • b) La stratégie de désunion a ensuite obligé la droite de gouvernement à se battre sur deux fronts : contre la gauche et contre la prétendue extrême droite. La gauche, elle, n'a toujours eu qu'un seul ennemi : la Droite, avec un grand D, qu'elle accusait de collusion avec l'extrême droite de toutes façons (et cela depuis 1980, c'est-à-dire depuis la campagne de l'attentat de la rue Copernic). La droite fantôme a donc adopté un positionnement ni/ni, pour essayer de conserver un espace entre la gauche et la droite populiste.
      La droite a donc été contrainte à des contorsions sémantiques de plus en plus difficiles et de moins en moins crédibles. C’est comme cela qu’elle s’est ralliée à des mots d’ordre incompréhensibles, des oxymores politiques comme par exemple « l’immigration choisie », la « laïcité positive » ou le « produire français ». Ces oxymores n’étaient plus crédibles alors que l'opinion était de moins en moins « centriste » à mesure que la crise, notamment économique et sécuritaire, s'amplifiait.
       
    • c) Enfin, cette diabolisation a ancré la droite populiste dans l’espoir fou qu’elle pourrait gagner seule, interdisant en retour toute dynamique d’union : un espoir arithmétiquement impossible et par conséquent facteur de découragement et de discorde interne. Sur ce plan la droite populiste a aussi fait preuve de suffisance.

    * * *

    3) Troisième erreur fatale : la droite fantôme a raté son rendez-vous avec le peuple français

    Au début de la Ve République, la droite était majoritaire et populaire : c’est l’apport du gaullisme qui était bien, à sa manière, un « populisme », comme le faisait remarquer F.G. Dreyfus. Le fondateur de la Ve République voulait en outre sortir du « système des partis » et ancrer l’exécutif dans la souveraineté populaire directe : l’élection au suffrage universel direct du président de la République et la pratique référendaire devaient y pourvoir.

    3.1
    Une droite devenue oligarchique

    Mais la droite, comme la gauche, est au contraire devenue oligarchique à la fin du XXe siècle. Cette conversion résulte avant tout de la conversion des appareils à la nouvelle idéologie dominante, cocktail idéologique né de la fusion du libéralisme mondialiste et des valeurs de la gauche, en particulier l'idéologie des droits de l'homme.

    Gauche et droite ont ainsi abandonné le peuple autochtone. Mais cela a été plus grave pour la droite que pour la gauche car cette dernière a vite trouvé, en effet, dans l'immigration un peuple de rechange. Le politiquement correct, qui baptise de banlieues ou de quartiers « populaires » les zones où les immigrés se sont installés, traduit pour une fois fidèlement cette substitution : désormais l'immigré c'est bien le peuple de gauche !

    La droite fantôme, elle, a été incapable de trouver un peuple de substitution :

    Au plan organisationnel, cette dérive oligarchique s'est traduite par le fait que les appareils politiques de la droite fantôme se sont coupés des préoccupations de leurs militants et de leurs électeurs.

    Au plan sociologique, cela a conduit la droite fantôme à se désintéresser du sort de la classe moyenne autochtone.

    Or, c'est la classe moyenne qui est la grande perdante du système économique et social qui s'est mis en place en Europe. C'est elle qui souffre du chômage, des politiques d'ajustement économiques, de la désindustrialisation et du fait que l'ascenseur social ne fonctionne plus pour cause d'implosion du système éducatif. C'est elle aussi qui souffre de l'immigration et de l'insécurité et, d'une façon générale, de la perte des repères du fait de la révolution des mœurs. C'est elle qui souffre de la perte de la « décence commune », comme disait Orwell. C'est elle enfin qui supporte le poids du fiscalisme et la diminution de la protection sociale.

    La souffrance de la classe moyenne autochtone a longtemps été intériorisée, car culpabilisée, comme celle du prolétariat au XIXe siècle. Mais elle trouve aujourd'hui une expression politique dans le vote populiste et la protestation identitaire.

    Si l’on a pu dire que le socialisme était « le cri de douleur » du prolétariat, ce que le système médiatique nomme populisme avec mépris devient « le cri de douleur de la classe moyenne autochtone ». Car ce cri de douleur n’a pas été entendu par les autres formations politiques, de droite comme de gauche.

    La droite de gouvernement a donc raté son rendez-vous avec la classe moyenne : en se soumettant au politiquement correct, elle s’est interdit de répondre à ses attentes. Elle n'a donc pas vu, ou a vu trop tard, que sa base sociologique s'effritait ni que la bourgeoisie et le patronat ne voyaient plus la gauche comme un repoussoir, à la différence de 1981. Elle n'a pas vu non plus qu'en promouvant l'immigration pour complaire au patronat ou au politiquement correct, elle se coupait des classes populaires autochtones et fournissait, au surplus, à la gauche une masse de manœuvre électorale qui sera décisive en 2012. Elle n'a pas vu le mouvement démographique qui conduit les grandes villes à basculer à gauche.

    3.2
    La droite fantôme a, au surplus, trompé en permanence son électorat

    La gauche a, certes, historiquement échoué à sortir du système capitaliste. Mais elle a, par contre, réussi à transformer la société conformément à l'idéologie des Lumières et elle a mis en œuvre une bonne partie de son programme électoral.

    La droite de gouvernement a toujours eu, au contraire, beaucoup de mal à appliquer son programme. Elle scénarise à chaque élection un duel frontal avec la gauche, avec la complicité de cette dernière, dans le but de séduire leur électorat respectif, mais c’est ensuite pour cohabiter avec la gauche, pour faire entrer au gouvernement des ministres issus de la gauche au titre de « l’ouverture » ou pour en rajouter sur le politiquement correct. Dans le même registre elle met aussi en scène à chaque élection un discours plus « souverainiste » (de Pasqua à De Villiers, sans oublier l’Appel de Cochin de Chirac) ou « sécuritaire » (en général ce rôle incombe au ministre de l’Intérieur en place : de Pasqua à Guéant) pour aller à la pêche aux voix. Mais ensuite ces joueurs de flûte font le contraire ou font beaucoup moins que ce qu’ils ont promis.

    Car la droite de gouvernement préfère l'agrément médiatique à la volonté de son électorat. D'ailleurs, elle disait même quelle préférait « perdre les élections plutôt que son âme ». Traduisons : la droite donnait la priorité au conformisme idéologique sur la volonté populaire.

    Les réformes les plus contestables qui ont bouleversé notre société, et dont l’effet cataclysmique se fait sentir aujourd’hui, ont d’ailleurs été prises par des gouvernements et des présidents de droite et non de gauche : la déstructuration de l’enseignement scolaire et universitaire, la loi Pleven qui ouvre la voie au chantage « antiraciste », l'interdiction faite à la Banque de France d'acheter de la dette publique, le regroupement familial des immigrés, la légalisation de l’avortement, l’imposition du Traité de Lisbonne, l’annonce des « repentances » successives, la perte de la souveraineté monétaire, la réintégration de l’OTAN, la mise en place des quotas féministes, la création de la HALDE, la « discrimination positive », etc.

    C’est aussi la droite qui a bouleversé, au nom de l’idéologie néolibérale de « l’Etat de droit », le système de contrôle de la constitutionnalité des lois : elle a transformé le Conseil constitutionnel et d'une façon générale les juges en commissaires politiques, c'est-à-dire qu’elle a organisé la primauté des juges inamovibles sur les législateurs élus. C'est la droite qui a établi le principe de la supériorité des traités internationaux sur les lois nationales.
    La gauche a, certes, supprimé la peine de mort, voté les lois Auroux sur le pouvoir syndical dans l’entreprise, instauré les 35 heures et voté la loi Fabius-Gayssot. Mais cela ne saurait cacher que globalement c’est la droite de gouvernement qui a gouverné le plus longtemps et qui a à son passif le plus de réformes calamiteuses pour notre pays. C’est elle qui a le plus trompé son électorat.

    3.3
    La droite fantôme n'a tiré aucun profit politique

    Il y a cependant une morale à la triste histoire de la droite : la droite fantôme n'a tiré aucun profit politique durable d'avoir vendu son âme à la gauche pour rester au pouvoir, comme le montre l'évolution, c'est-à-dire la dégringolade, de ses résultats électoraux ; voir la part des voix de droite (hors « extrême droite ») au premier tour des législatives (métropole) en % des inscrits :

    – 1962 : 36,9% ; 1968 : 46,25% ; 1978 : 38,14% ; 1986 (élection à la proportionnelle) : 33,51% ; 1988 : 26,22% ; 1997 : 23,55% ; 2002 : 26,9% ; 2012 : 22%.

    La tentative de rendre la droite politiquement correcte, qui était au cœur de la stratégie de tant de leaders de la droite, était vouée à l'échec. Par construction, en effet, le politiquement correct est de gauche. Et la droite ne sera jamais assez de gauche aux yeux de la gauche. En perdant son âme, la droite ne pouvait que décourager puis perdre ses électeurs. C'est bien ce qui s'est passé.

    Entre 1978 et 2012 la droite fantôme a perdu 16 points en électeurs inscrits (et le FN en a, au contraire, gagné 7 dans une élection qui lui est au surplus défavorable). En d'autres termes, le marché politique a clairement sanctionné la stratégie suicidaire de la droite fantôme : ses électeurs la quittent.

    * * *

    4) Une conclusion volontariste

    4.1
    La droite doit avoir du courage

    L’histoire de la droite en France depuis les années 1870 est l’histoire de ses déchirements et de ses luttes fratricides. Alors que les querelles de la gauche sont toujours restées, selon la formule célèbre de Léon Blum lors du congrès de la SFIO de 1920 qui voit le départ des communistes, des « querelles de famille » (« Malgré tout restons des frères, des frères qu'aura séparés une querelle cruelle, mais une querelle de famille, et qu'un foyer commun pourra encore réunir »). La victoire durable de la gauche est notamment la conséquence de cette dynamique d’union, qui fait passer le principal avant l’accessoire.

    Pour gagner, la droite doit donc avoir le courage de s’inspirer de cette stratégie : le courage, car l’union suppose de prendre des risques.

    Il ne faudrait pas croire, en effet, que l'union de la gauche, concrétisée par la signature du Programme commun le 27 juin 1972, ait été facile. Au contraire, toute l'histoire politique du début du XXe siècle voit l'affrontement, souvent violent, entre les frères ennemis socialistes et communistes, entre les réformistes et les révolutionnaires. A partir de la guerre froide le conflit porte également sur les valeurs, les socialistes se rangeant dans le camp atlantiste, face au « totalitarisme » communiste ; les communistes promettent de leur côté de « plumer la volaille socialiste ». L'idée d'une alliance entre socialistes et communistes paraît alors contre nature à tout le monde.

    Il a fallu la stratégie personnelle de F. Mitterrand dans les années 1970 (après les échecs de 1965, de 1968 et de la présidentielle de 1969 où le communiste J. Duclos obtient 21,3% des voix contre 5% à Defferre) pour inverser la tendance et pour que la gauche comprenne qu'elle ne gagnerait pas sans une alliance PC/PS. Il a fallu que F. Mitterrand impose cette ligne au PS, ce qui n'avait rien d'évident puisque celui-ci était alors dominé électoralement par le PC, et de longues négociations d'appareils et de travaux de clubs pour aboutir à une convergence politique entre le PC et le PS autour d'un programme commun de gouvernement ; et 10 ans de mise en pratique électorale de l'union avant d'aboutir à la victoire à la présidentielle de 1981.
    L’union de la droite sera donc difficile, comme l'a été en son temps l'union de la gauche. Elle sera difficile, comme tous les commencements.

    4.2
    L’union suppose la recherche de convergences

    L'union suppose, en effet, de rechercher désormais prioritairement des convergences susceptibles de rassembler toutes les composantes de la droite et de minimiser, au contraire, les divergences ou de les reporter après la victoire : c'est donc faire le contraire de ce qui a été fait ces 20 dernières années tant du côté de la droite fantôme que du côté de la droite populiste.

    L'union de la droite est possible si la droite de gouvernement cesse d'ostraciser la droite populiste. L'union de la droite est possible que si la droite populiste cesse de croire qu'elle pourra gagner toute seule. Plutôt que de débattre des « valeurs » il serait plus efficient de réfléchir à un véritable programme commun de la droite plurielle.

    Cela est possible et avait d'ailleurs été tenté avec succès dans le programme électoral de 1986. Car, contrairement à ce que prétendent ceux qui nous font croire qu'un fossé de « valeurs » séparerait la droite du courant populiste – idée, bien sûr, suggérée par la gauche –, les sujets de convergence ne manquent pas.

    4.3
    Le Mitterrand de la droite

    Une dernière question se pose évidemment : Qui sera le Mitterrand de la droite ? Qui sera l'auteur de la rupture fondatrice ? Pour le moment on ne voit pas bien où il est…

    Car il y a à l'évidence un problème d'élites politiques dans notre pays. Les dernières grandes ruptures politiques ont été, comme par hasard, l'œuvre d'hommes de la IIIe ou de la IVe République : De Gaulle, Mitterrand, Le Pen, c'est-à-dire d'une génération qui avait connu le risque et la guerre, une génération forte issue d'une période chaude de l'histoire.

    Aujourd'hui, la génération au pouvoir, à droite comme à gauche d'ailleurs, est une génération molle, issue d'une période froide de notre histoire. C'est la génération de Mai-68 : une génération qui n'a jamais rien risqué, qui n'a jamais souffert de rien, une génération conformiste, « normale », c'est-à-dire domestiquée par le Système.

    Mais nous entrons à nouveau, avec la crise du Système occidental, dans une période chaude de notre histoire, où il y aura de moins en moins de place pour les gens « normaux ».

    L'histoire est le lieu de l'inattendu, comme dit l'historien D. Venner. On ne doit donc pas exclure que se lèvent à droite des hommes et des femmes qui soutiendront le pari de l'union : il nous revient de les découvrir, de les encourager et de les promouvoir.

    « Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas. C'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles » (Sénèque).

    La droite fantôme est moribonde ? Vive la droite plurielle !

    Voir première partie

    J. Violette http://www.polemia.com
    21/10/2012
    (Club de l’Horloge)

  • Pourquoi l'échec de la droite ? (1/2)

    Communication de J. Violette, à la XXVIIIe Université annuelle
    du Club de l’Horloge, dont le thème général est
    « L’union de la droite »
    dimanche 21 octobre 2012
    (Première partie)

    Introduction

    Notre XXVIIIe université a pour thème l’union de la droite.
    L’union de la droite découle d’une simple équation :

    • - la droite est majoritaire en voix dans notre pays, à la différence de 1981 : en 2012 le PS n'obtient que 16,5% des inscrits au premier tour des législatives quand l’UMP en obtient 22% et le FN 7% ; et F. Hollande n'a été élu en 2012 qu'avec 48,6% des voix des votants.
    • - mais la droite n'est désormais majoritaire qu'à la condition d'être plurielle, compte tenu du régime électoral actuel. La droite de gouvernement, quel que soit son sigle, ne peut plus gagner seule, comme l'a montré l'échec de la stratégie de recentrage idéologique et politique qu'elle mène depuis plus de 20 ans. Et la droite populiste, dont l'ancrage local est encore faible, ne peut pas gagner seule non plus. Et il est d’ailleurs dans la nature de la droite d'être plurielle, alors que la gauche est par vocation réductionniste, monolithique et intolérante.
    • - la seule alternative à l'union de la droite c'est donc, comme l’a montré 2012, la victoire durable de la gauche.

    Tous les sondages montrent que les électeurs de droite sont favorables à une union de la droite. La recomposition de la droite est déjà dans les têtes, dans celles des électeurs de droite en tout cas. Elle est aussi dans la tête des abstentionnistes, qui sont devenus le premier parti de France car ils voudraient un vrai choix politique entre la gauche et la droite, qui n'existe plus aujourd'hui.

    Ce sont les états-majors qui la refusent obstinément : soit parce qu’ils sont soumis au politiquement correct, soit parce qu’ils s’imaginent qu’ils peuvent gagner sans avoir d’alliés. Ce sont deux illusions mortelles pour la droite.

    * * *

    L'union de la droite suppose donc une rupture fondatrice, comme dans tous les grands tournants politiques. L'union ne s'impose pas naturellement, en effet, dans l'ordre politique, marqué au contraire par l'esprit de confrontation. Pour faire l'union, il faut donc sacrifier les conforts, les appétits et les susceptibilités. Il faut sacrifier la politique de l'instant au profit de la politique de l'histoire. Ce sacrifice-là est bien difficile aux politiciens !

    La rupture doit d'abord être intellectuelle et morale : la droite de gouvernement doit avoir le courage de tuer le père, c'est-à-dire le politiquement correct et ses prophètes. C’est simple à faire : il suffit de préférer le verdict de l'électeur et des militants à celui des journalistes.

    La rupture doit aussi être politique : la droite doit comprendre qu'elle ne peut plus gagner en ordre dispersé, face à une gauche maintenant installée au cœur du Système oligarchique qui cumule tous les pouvoirs et qui s'appuie sur tout un réseau de clientèles. L'échec de 2012 doit ouvrir la voie à la renaissance de la droite.

    Avant de parler de la renaissance de la droite, revenons sur les raisons de son échec.

    * * *

    Un échec paradoxal

    L’échec de la droite en France face à la gauche est paradoxal :

    • - la droite est en situation d’échec politique, alors que la gauche unie n’obtient plus aujourd’hui en France la majorité des inscrits ou des votants dans les urnes ;
    • - elle est en situation d’échec politique alors que de nombreuses études montrent que l’opinion publique majoritaire – y compris les jeunes – adopte plutôt des positions de plus en plus conservatrices en matière de mœurs, en matière sécuritaire, en matière de laïcité ou d’immigration, voire en matière de finances publiques ;
    • - elle est en situation d’échec politique alors que l'on observe une réticence croissante des intellectuels dans notre pays, vis-à-vis de l'idéologie dominante et de son expression politiquement correcte.

    Il faut donc se demander pourquoi une droite potentiellement majoritaire a été battue par une gauche minoritaire dans les esprits et dans les urnes. Il y a plusieurs réponses à cette question :

    • - une réponse circonstancielle : la droite de gouvernement a été une victime collatérale de la crise économique, qui a été fatale à beaucoup de gouvernements européens en place, de gauche comme de droite ;
    • - une réponse politicienne : l’élection de F. Hollande à la présidentielle de 2012 repose non pas sur l’adhésion au projet socialiste mais sur le rejet de la personne de N. Sarkozy sensible dans tout l’électorat, y compris à droite.

    Néanmoins ces deux réponses n’expliquent pas tout. Il y a en effet une raison de longue durée et de nature métapolitique à l’échec politique de la droite : si la gauche a gagné en 2012 c’est parce que la droite en France a commis des erreurs stratégiques fatales à la fin du XXe siècle.

    C’est sur ce dernier type d’explication que l’on s’arrêtera, même si l’on ne doit pas oublier que dans toutes les catastrophes c’est la conjonction de différents facteurs – de court ou de long terme – qui est cruciale.

    * * *

    La droite en France a été battue par la gauche car elle a commis trois erreurs fatales à la fin du XXe siècle :

    - elle a perdu son âme en abandonnant la lutte des idées ;
    - elle a donné la préférence à ses ennemis par rapport à ses alliés ;
    - elle s'est coupée du peuple français en trompant en permanence ses électeurs : c'est pourquoi ses électeurs ont commencé à la quitter.

    Ces trois erreurs fatales ont un commun dénominateur : elles ont induit une dynamique suicidaire d’implosion de la droite, face à une gauche restée unie.

    Pour cette raison deux droites politiques coexistent désormais de nos jours en France :

    • - une droite fantôme : fantôme, car elle n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis qu’elle s’est ralliée au politiquement correct ; cette droite fantôme, bien qu’elle ait été une droite de gouvernement, n'en finit pas de décliner électoralement ; et aujourd’hui la droite fantôme a perdu son dernier argument : elle n’est plus au gouvernement !
    • - une droite populiste, diabolisée par le Système sous le vocable péjoratif « d'extrême droite », mais qui est en progression électorale ; la droite populiste a jusqu’alors été écartée du gouvernement.

    Mais les deux droites réunies représentent un potentiel électoral supérieur à celui de la gauche. C’est bien pourquoi l'union de la droite est le cauchemar de la gauche et c’est pourquoi elle fait tout pour l’empêcher.

    * * *

    Revenons sur les trois erreurs fatales de la droite :

    1/ Première erreur fatale : La droite de gouvernement a perdu son âme. C’est pourquoi elle est devenue un droite fantôme ou une droite zombie.

    La droite de gouvernement a perdu son âme car elle a délaissé la lutte des idées à la fin du XXe siècle.

    1.1
    Des raisons exogènes

    Il y a, certes, des raisons exogènes à cette crise intellectuelle et morale de la droite française.
    Jusque dans la première moitié du XXe siècle, la droite en France rassemblait en effet de brillants penseurs, des intellectuels et des artistes. Elle était même une droite intellectuelle, parfois trop d'ailleurs, avant d'être politique.

    1.1.1
    La « révolution de 1944 », selon l’expression de l’historien D. Venner, c'est-à-dire l’Epuration qui a visé avant tout les intellectuels, les hommes politiques et les notables de droite assimilés à la Collaboration, y a mis un terme brutal. L’Epuration a installé durablement, au nom de l'antifascisme, le pouvoir culturel de la gauche, et notamment des communistes, dans notre pays grâce à la diabolisation des hommes et des idées de droite et grâce à la confiscation des organes de presse, des maisons d’édition, à la mise au pas du cinéma et à la mainmise sur la « culture », l'enseignement et l'université.
    La gauche n'a jamais connu une telle répression ni une telle repentance, malgré les horreurs du communisme.
    Nous ne sommes toujours pas sortis, en France, de ce Yalta culturel ni du climat de guerre civile froide qui en résulte, rituellement entretenu par la commémoration permanente des « heures sombres de notre histoire », opposant les bons (toujours de gauche et si possible étrangers) et les méchants (toujours de droite et toujours français).
    La reductio ad hitlerum n'a ainsi cessé depuis lors d'être employée contre la droite alors qu'il n'y a plus de reductio ad stalinum dans notre pays depuis la répression hongroise de 1956. Les valeurs de la droite sont ainsi victimes, selon l'expression de Pascal Ory, d'une « rétro-satanisation » permanente, évidemment instrumentée par la gauche.

    1.1.2
    Mai-68 constitue un autre tournant intellectuel majeur, alors que les gaullistes n'y ont vu à l'époque que les drapeaux rouges de la « chienlit ».
    Cette révolution culturelle, on le sait aujourd'hui avec le recul du temps, a en effet été le brise-glace du néo-capitalisme, c'est-à-dire du règne de l'argent-roi. Car ce que l'on va « contester », en réalité, ce sont les valeurs de la droite et de la tradition européenne précisément : les valeurs de patriotisme, de sacrifice, d'autorité, de hiérarchie, de respect des bonnes mœurs et des traditions, de différenciation des sexes et des rôles sociaux, d'épargne, de travail et de retenue.
    La révolution culturelle de Mai-68 a aussi achevé de livrer l'enseignement, et notamment l'enseignement supérieur, puis les médias à l'idéologie de gauche. Elle a donné à la gauche de nouveaux moyens de façonner les esprits et d'entreprendre une stratégie de conquête du pouvoir culturel, qui verra son aboutissement dans la victoire de 1981 et dans la tyrannie du politiquement correct aujourd'hui.

    1.2
    Néanmoins le passé n'explique pas tout

    Le passé n’explique pas tout car, malgré cette succession de coups d'arrêt, la droite a quand même fait preuve d'une belle résilience.
    Une droite intellectuelle est née des épreuves, en particulier de la fin de la Guerre d'Algérie et après la révolution culturelle de Mai-68, convaincue de la nécessité de reprendre le combat culturel contre la gauche.
    La progression continue de la droite populiste est une autre preuve de la résilience des idées de droite dans notre pays.
    L'échec intellectuel de la droite ne résulte donc pas d'une fatalité : il résulte avant tout de l'aveuglement des responsables politiques de la droite de gouvernement, incapables de raisonner à long terme.

    1.2.1
    La droite de gouvernement a en effet fait preuve de suffisance :

    - Elle a cru que la « bonne gestion de l’économie », c'est-à-dire la sienne, constituerait son meilleur argument électoral face à une gauche trop « doctrinaire ». On se souvient du slogan de Giscard d'Estaing après la victoire de la gauche en 1981 : « Ça marche mal : c'est socialiste», ce qui voulait dire que c'était sur le terrain de l'efficacité économique et sociale, et non sur celui des principes et des finalités, qu'il fallait combattre la gauche. Après la victoire de la gauche en 1981, la droite a en outre voulu surfer sur la vague Thatcher/Reagan, en opposant un libéralisme magnifié sur l'autel du libre-échange mondialiste au socialisme ringardisé. Devenue anglophile, la droite s’est donc emparée avec délices du prêt à penser libre-échangiste ;

    - Mais en se concentrant sur les seules questions économiques et en se ralliant, au surplus, au néolibéralisme mondialiste, la droite s'est placée dans une impasse politique :

    • - une impasse, d'abord, parce que la gauche s'est rapidement ralliée à son tour au libre-échangisme mondialiste après le tournant de la rigueur en 1983 ; c'est même la grande mutation idéologique qui s'est produite à gauche à la fin du XXe siècle avec la chute de l'utopie communiste : la gauche a abandonné son projet de sortie du capitalisme pour se rallier, au contraire, au social-libéralisme mondialiste ; cela veut dire que la droite a donc perdu la capacité de se différencier de la gauche sur ce plan ;
    • - une impasse, ensuite, parce que la droite de gouvernement n'a pas fait mieux, finalement, que la gauche, à la fin du siècle, en matière économique ; car si autrefois la droite rimait avec économie, au sens vertueux du mot, avec confiance dans la monnaie ainsi qu’avec rigueur budgétaire et financière, elle a perdu aussi sur ce terrain-là !
    • - une impasse, enfin, parce que le néolibéralisme mondialiste se rattache comme la gauche à l’idéologie des Lumières. Le néolibéralisme mondialiste, ce sont les Lumières + le CAC 40, c'est-à-dire une idéologie qui est tout à l'opposé des valeurs de droite.

    Le néolibéralisme dans sa version mondialiste prône en effet la « société ouverte », c'est-à-dire la déconstruction des traditions, des protections nationales et des frontières économiques et, finalement, de toutes les identités comme autant d’obstacles au « doux commerce » entre des individus égaux et « rationnels » car libérés de toute appartenance. Les peuples autochtones sont en outre perçus comme un obstacle à ce projet et non plus comme un levier.
    On ne peut donc pas à la fois se déclarer en faveur de la famille, des traditions culturelles, de l’identité, de la citoyenneté ou de la nation et prôner cette idéologie : il y a dissonance cognitive entre les deux positionnements ! La droite ralliée au libre-échangisme mondialiste devient par conséquent inaudible ou bien n’est plus de droite : c’est justement ce qui lui est arrivé !

    1.2.2
    La droite suffisante a surtout manqué de courage intellectuel face à la gauche :

    • - La droite suffisante est d’abord restée sourde aux nombreuses voix qui s'étaient élevées dès les années 1970 pour dénoncer sa capitulation intellectuelle face à la gauche, que ce soit parmi les intellectuels (Maurice Druon, Michel Droit, Jean Cau, Louis Pauwels notamment) ou les clubs de réflexion (dont le CDH ou le Club 89), en particulier après la victoire de la gauche en 1981.
    • - En prenant la décision de cohabiter politiquement avec la gauche en 1986 afin de revenir au pouvoir, la droite de gouvernement a, au surplus, choisi la voie de la connivence idéologique durable avec la gauche, c'est-à-dire que face à la gauche elle n’a pas osé se réclamer de l’héritage intellectuel de la droite ; elle a, au contraire, trouvé plus confortable de lui emprunter ses valeurs et donc de combattre sur le terrain que celle-ci avait choisi : c’était une faute stratégique.

    La droite a donc renié rapidement sa plateforme électorale qui lui avait pourtant permis de battre les socialistes et les communistes aux législatives de 1986. Ce choix incombe notamment à J. Chirac qui porte une lourde responsabilité personnelle dans l'affaire, même s'il a fait des émules. Si ce choix a profité personnellement à J. Chirac il s’est révélé désastreux pour la droite : la droite de gouvernement est, en effet, devenue progressivement de moins en moins discernable de la gauche.

    Cette tendance, déjà perceptible dans les années 1970, n’a fait que s’accentuer.

    Les mots d’ordre des hommes politiques de droite vont désormais provenir quasiment tous de la gauche : de la « nouvelle société » (car la société est bloquée par le conservatisme, bien sûr ! selon Chaban-Delmas), à la « réforme », « la société libérale avancée » (c'est-à-dire une sorte de social-démocratie : Giscard d’Estaing), « le travaillisme à la française » (Chirac), le « changement » et « Vivement demain » (en 1986), la « rupture » (Sarkozy après… Mitterrand en 1981). Le dernier chic à droite était d’ailleurs de se réclamer d’hommes de gauche : de Jaurès à Georges Mandel, ce que ne fait à l'inverse jamais la gauche.

    Le débat sur les « valeurs » de l'UMP est d'ailleurs révélateur. Quelles sont ces « valeurs » en effet ?

    Si l'on va sur le site de l'UMP on constate que le texte fondateur de 2002 n'est plus en ligne. On ne trouve qu'un court document qui est truffé de références sémantiques de gauche : « solidarité, éducation, respect, vivre ensemble », etc. On y lit aussi que « la nation républicaine fonde notre identité commune », ce qui revient à dire que la nation se résumerait à la République et que l'identité nationale serait uniquement de nature politique. Le texte définit aussi la liberté comme une valeur essentielle mais qui « permet à chacun d'imaginer, d'agir, de créer, de s'exprimer » : il s'agit donc d'une conception purement individualiste et narcissique de la liberté, les mots « chacun » et « individu » revenant d'ailleurs souvent dans le texte. Et quand M. Juppé déclare qu'il faut mettre à jour ces valeurs que dit-il ? Qu'il faut réussir l'intégration (des immigrés) et « rejeter la xénophobie et l'islamophobie » (leFigaro.fr du 18 juin 2012).

    En d'autres termes, ces « valeurs » se différencient bien peu de l'univers mental de la gauche auquel elles font un grand emprunt. Comme le déclaraient d'ailleurs cet été Pierre Lellouche et Axel Poniatowski, députés UMP, à Paris Match : « On l'occulte toujours mais l'UMP se situe parfaitement en concordance avec le Parti démocrate [américain]. Et encore, on serait plutôt un peu plus à gauche » (Nouvelles de France, 31/8/2012).

    En 30 ans, la droite de gouvernement s’est métamorphosée en avatar de la gauche : un avatar qui se prétend économiquement plus responsable ou plus « libéral » que la gauche, tout en se recommandant des valeurs de gauche. Cette droite s’est ainsi progressivement ralliée à l’égalitarisme, à la « lutte contre les inégalités » et donc à l’ingénierie sociale, puis à l'idéologie des droits de l’homme en déconstruisant la citoyenneté, à « l’antiracisme », à la discrimination positive, à l’écologisme, au féminisme, enfin au libre-échangisme mondialiste, à la perte de la souveraineté nationale, à l'atlantisme et, finalement, au cosmopolitisme.

    1.2.3
    Enfin, la droite de gouvernement, ayant délaissé la lutte des idées, est devenue aveugle :

    Elle n'a pas vu venir le monde dans lequel nous allons vivre ni les nouveaux enjeux politiques qui en découlent. Engluée dans le court terme et les querelles de personnes, la droite fantôme n'a pas vu venir les nouveaux enjeux politiques de notre temps, à la différence d'un De Gaulle, par exemple, qui avait perçu la fin programmée de l'affrontement Est/Ouest, la montée en puissance de la Chine et des revendications nationales et identitaires des peuples d'Afrique et d'Asie, ou bien encore les limites de l'atlantisme. Mais on chercherait vainement des prophètes au RPR ou à l'UMP ! On trouverait tout au plus des perroquets, myopes, au surplus. La droite de gouvernement n'a pas vu venir que la marche du monde démontrait la fausseté des illusions mondialistes.

    La droite de gouvernement n'a surtout pas vu venir les nouveaux clivages culturels et politiques qui émergeaient en Europe et en France : le clivage identité/cosmopolitisme, le clivage islam/chrétienté, le clivage oligarchie/peuple, le clivage souveraineté/mondialisme, le clivage protection/libre-échangisme. Sur tous ces sujets, qui sont autant de « grandes querelles », comme disait De Gaulle, la droite n’a rien eu à nous dire. Elle n’a donc nullement profité de ces nouvelles lignes de fracture politiques.

    J. Violette http://www.polemia.com
    21/10/2012
    (Club de l’Horloge)

  • André Gandillon : « N'ayons pas peur de défendre la vérité du christianisme ! »

    Philosophe, historien et économiste, André Gandillon, qui est aussi rédacteur en chef de la revue nationaliste Militant depuis 2003, est l'auteur de quatre ouvrages : Les fondements du XXe siècle (2 volumes, Roudil, 1992), Nouvelles considérations sur la raison (François-Xavier de Guibert, 1997), Solutions nationales à la crise (Ed. Dualpha, 2010) et Grandeur du christianisme (448 pages, 30 euros, François-Xavier de Guibert, 10 rue Mercœur, 75011 Paris. Tél. : 01-40-46-54-47. Site : < www.fxdeguibert.com >, ce dernier livre d'apologétique est préfacé par l'abbé Claude Barthe. Il nous a paru intéressant d'interroger André Gandillon sur ce dernier ouvrage en cette veille de Pâques.

    RIVAROL : Qu'est-ce qui vous a donné l'idée d'écrire ce livre dressant l'apologie de la religion chrétienne, vous qui êtes un laïc, marié et père de quatre enfants, engagé dans le combat politique depuis plusieurs décennies car on se serait plutôt attendu à ce que cet ouvrage soit le fait d'un ecclésiastique ?
    André Gandillon : D'abord tout baptisé catholique se doit de défendre sa religion. Cette mission n'est pas l'apanage exclusif des clercs. Si j'ai écrit ce livre, c'est à la suite des contacts, d'ailleurs très courtois, que j'ai eus dans les années 1990, à l'occasion de la publication de mon premier livre Les Fondements du XXe siècle, avec des néo-païens. Je me suis rendu compte que tous les arguments que je leur donnais en faveur du christianisme ne les convainquaient pas.
    Est-ce parce que je ne savais pas leur en parler ? Parce que mes idées n'étaient pas suffisamment claires ? Je me suis interrogé : comment se faisait-il que ce qui me paraissait évident ne l'était pas pour eux qui semblaient sincères dans leur scepticisme ? J'ai donc entrepris de mettre mes idées à plat, de réfléchir à la manière de savoir comment l'on peut penser, ce qui m'a conduit à écrire le livre Nouvelles considérations sur la raison et, dans le prolongement de cette réflexion, à rédiger un autre ouvrage afin de démontrer que le christianisme est la seule et vraie religion. Le christianisme est authentique car c'est une religion qui s'inscrit dans l'histoire et qui s'exprime sous forme de preuves expérimentales, à savoir le prophétisme hébreu, lequel s'est réalisé dans la venue du Christ.
    Il s'agissait également de démontrer que le christianisme est la seule religion qui n'entre pas en contradiction avec les demandes de l'intelligence humaine, autrement dit qu'elle ne contient aucune contradiction rationnelle telle que peuvent en connaître les religions matérialistes, païennes ou les religions orientales asiatiques. 
    Il s'agissait enfin de prouver la vérité du christianisme par les fruits nombreux qu'il a pu apporter à l'homme, notamment le développement économique et industriel, tout en le mettant en garde sur le fait que, sans le respect de la morale chrétienne, ce développement transforme les hommes en apprentis sorciers et est vecteur de destructions.

    R. : Vous appuyez-vous sur les fameuses cinq voies de saint Thomas d'Aquin pour prouver l'existence de Dieu ?
    A.G. : Non, car lorsque je les ai citées à des néo-païens, ceux-ci ont toujours trouvé des réfutations assez convaincantes. Dans Nouvelles considérations sur la raison, je consacre d'ailleurs un chapitre aux cinq voies de saint Thomas en montrant leurs limites pour les hommes d'aujourd'hui. Ce qui m'a conduit à chercher une preuve réaliste, matérielle, c'est-à-dire une preuve par l'expérience, par le prophétisme hébreu réalisé par la venue du Christ lui-même, par sa vie, par ses miracles, par sa résurrection qui est attestée par nombre de témoins et qui est même vérifiée aujourd'hui par ce que certains appellent un cinquième Evangile, à savoir le Saint Suaire de Turin. Car, n'oublions pas que, comme l'écrit saint Paul : « Si le Christ n'est pas ressuscité, vaine est notre foi. »

    R. : En quoi les autres religions sont-elles selon vous déficientes et donc fausses ?
    A. G. : Au contraire du christianisme, les autres religions considèrent que les principes créés et incréés sont confondus l'un dans l'autre. Précisons que ce que l'on appelle le principe incréé est le principe éternel d'existence des choses, lequel a toujours existé et existera toujours. En revanche, le principe créé, c'est quelque chose qui a son commencement et qui nécessairement aura une fin. Or, dans le christianisme, on distingue bien le principe incréé, c'est-à-dire l'Esprit créateur qui existe de toute éternité et qui existera à jamais et le principe créé qui est la matière, laquelle a un commencement et une fin, chose que l'on peut d'ailleurs observer actuellement dans l'univers.
    À l'inverse, les matérialistes pensent que c'est la matière elle-même qui est éternelle, qu'elle n'a ni commencement, ni fin. Or, comment organiser la matière à partir d' elle-même s'il n'y a pas un Esprit qui informe la matière et qui lui permette de s'organiser ? Dans cette perspective, on en arrive alors aux théories d'Epicure qui parlait du hasard, de la déclinaison des atomes, en utilisant un nom savant, le clinamen, lequel fait que les atomes providentiellement s'agencent par eux-mêmes et que le monde prend sa forme par une organisation qui lui est propre. C'est l'une des raisons pour lesquelles le darwinisme a aujourd'hui tant de succès car, finalement, il s'accorde assez bien avec cette vision matérialiste des choses qui fait l'économie du principe incréé, c'est-à-dire en vérité de Dieu lui-même.
    Quant aux religions asiatiques comme l'hindouisme, elles considèrent que ce que nous vivons n'est qu'illusion, que la réalité n'existe pas en elle-même mais que c'est simplement la représentation que nous nous en faisons. Or, nous nous rendons bien compte par l'expérience qu'un morceau de bois, c'est bel et bien un morceau de bois que l'on peut toucher, qu'une montagne n'est pas une simple illusion mais bien une montagne, etc.
    De plus, ces religions font intervenir des phénomènes extraordinaires pour expliquer l'origine du monde, tel un démiurge sortant de la matière chaotique pour l'organiser. Alors que le christianisme, lui, apporte une intention rationnelle en nous disant qu'il y a un esprit, une intention originelle qui organise le monde tout en laissant à l'homme la liberté d'agir pour contribuer à former ce que Berdiaev appelait « le huitième jour de la Création ».

    R. : Quel est le principal apport du christianisme ?
    A. G. : Le christianisme a eu cet immense mérite de dédiviniser l'univers. Les Pères grecs que les néo-païens ont critiqués ultérieurement, ont démontré que les étoiles, les astres n'étaient pas des dieux mais simplement des corps créés qui avaient un commencement et une fin, qui faisaient partie de la Création, qu'ils étaient des corps matériels. Et à partir de là, on a commencé à pouvoir analyser le monde, non pas comme une simple manifestation d'objets divins, mais comme une combinaison d'objets qui avaient une loi propre d'existence.
    Le christianisme a permis d'étudier la matière pour elle-même et, parallèlement, en donnant une loi de vie à l'homme, c'est-à-dire une loi morale fondée sur le Décalogue mais aussi sur le sens de l'existence qui va d'un commencement imparfait à une fin perfectible en union avec Dieu, il a incité les hommes à se perfectionner, à donner le meilleur d'eux-mêmes, à corriger leurs défauts pour s'élever au-dessus de leur quotidien, selon une loi propre qui est la loi révélée par Dieu, laquelle leur permet de découvrir progressivement un certain nombre de lois, de comportements qui les a amenés à sortir de la stagnation dans tous les domaines : intellectuel, artistique, technique, spirituel. Mais il ne faut jamais oublier de dire que le christianisme n'a pu arriver à féconder de manière si admirable la pensée humaine que parce qu'il était tombé sur un terrain extrêmement fertile, la pensée grecque.

    R. : En quoi le christianisme a-t-il favorisé l'éclosion des arts et le développement des techniques ?
    A. G. : Disons d'abord que la pensée grecque pouvait s'accorder facilement avec le christianisme car, déjà chez Aristote, il est question d'un premier moteur, d'un principe organisateur du monde. Mais évidemment, à l'époque, Aristote ne connaissant pas la Révélation, il ne pouvait qu'émettre une hypothèse. Mais toute la philosophie était en place. Les Grecs avaient ainsi déjà commencé à étudier l'univers car cet étonnement devant ses merveilles les poussait à penser que le monde avait un ordre et qu'il pouvait être compris. Tandis que dans d'autres civilisations comme les civilisations orientales ou éthiopienne où le christianisme est arrivé également très tôt -, l'on faisait sienne une vision contemplative du monde en pensant que l'homme était soumis à un ordre mais ne pourrait pas intervenir à l'intérieur de cet ordre.
    La pensée grecque, avec la logique d'Aristote, a permis à l'homme d'expliciter, de comprendre, d'approfondir l'enseignement du Christ, de le structurer et de le porter à un niveau élevé de compréhension de l'homme conduisant ce dernier à mener des recherches en accord avec les préceptes du christianisme. Aux XIIe-XIIIe siècles, face à l'irruption de philosophies venues de l'islam comme l'averroïsme, dans lesquelles on retrouve des systèmes de pensée orientaux qui nient l'individualité de l'homme en considérant qu'il n'y a qu'une âme unique de l'univers à laquelle l'homme lui-même se trouve soumis, saint Thomas d'Aquin et la Sorbonne ont immédiatement réagi. En condamnant les propositions d'Averroes et les propositions d'Aristote qui pouvaient servir de caution. On a alors édicté des interdictions qui ont orienté la pensée des théologiens, de ce qu'on n'appelait pas encore des scientifiques, dans des voies qui finalement ont fécondé la pensée, notamment en mathématiques.
    À l'inverse, dans toutes les autres civilisations, y compris dans la civilisation grecque antique, lorsque certaines trouvailles techniques avaient été utilisées, leur fécondité était rapidement épuisée, on n'arrivait plus à les renouveler. Si l'on prend aussi bien la civilisation chinoise que les civilisations hindoues, on s'aperçoit qu'après un ou deux siècles de progrès, elles stagnent indéfiniment à travers les siècles tandis que le christianisme, lui, a apporté à l'Europe un accroissement permanent de savoirs, de développements, de découvertes. Par exemple, il y a eu d'abord l'art roman, puis le gothique, puis le baroque. Ultérieurement, nous avons pu construire de grands ouvrages d'arts inconnus par ailleurs et avec un renouvellement permanent des techniques qui permettaient à l'homme d'accroître sa puissance et son pouvoir.
    Si l'on s'intéresse à la musique, l'on voit pareillement de très grandes différences. La musique chinoise, les musiques arabes et hindoues ont connu une évolution pendant un siècle ou deux, puis elles ont stagné : depuis deux millénaires pour la musique chinoise, depuis plus de mille ans pour la musique arabe, depuis plus de deux mille ans pour la musique hindoue. On n'observe aucun renouvellement, on tourne toujours autour des mêmes thèmes musicaux, on n'innove absolument en rien, on n'a enrichi en rien la musique. Alors que chez nous on est parti du chant grégorien pour réussir à développer la polyphonie, le contrepoint, l'harmonie qui nous a donné les magnifiques constructions musicales d'un Jean-Sébastien Bach, d'un Haydn, d'un Beethoven ou d'un Mozart. Je parle notamment de la musique religieuse car c'est certainement dans ce domaine que les progrès se sont réalisés le mieux dans toute leur complexité et leur beauté.

    R. : Pourquoi alors y a-t-il eu déclin du christianisme ?
    A.G. : Dans la société européenne il y a toujours eu des gens et des mouvements opposés au christianisme. Si ont été écrits les livres de réfutation de saint Thomas d'Aquin, sa Somme contre les gentils, c'est que déjà à l'époque il fallait répondre aux courants qui critiquaient le christianisme. À cette différence près que l'Église tenait alors suffisamment bien la pensée pour pouvoir réfuter amplement toutes les oppositions. Aux XVe et XVIe siècles, avec la redécouverte du monde païen antique et des philosophies matérialistes comme celle d'Epicure, ou celles des stoïciens ou des platoniciens et néoplatoniciens comme Plotin, on a flatté l'ego de l'homme, une certaine facilité de vie et beaucoup ont alors préféré s'intéresser à la vie courante plutôt qu'à leur salut éternel. Face au développement des États modernes, à la sécularisation de la société, l'Église a perdu progressivement son emprise sur les intelligences et sur les âmes. Après la Réforme qui a développé des idées très anciennes et, contrairement à ce que disent d'aucuns, bien plus orientales et sémitiques qu'européennes dans la mesure où elles se caractérisent par une soumission aveugle à Dieu, comme on la retrouve d'ailleurs dans l'islam voire dans le premier judaïsme, l'homme s'est détourné graduellement de la saine morale qui lui permettait de s'élever de l'imperfection à la perfection.
    De plus, au XVIIIe siècle l'Église n'a pas été en mesure de répondre immédiatement aux nouvelles découvertes scientifiques. Rappelons toutefois que l'Église n'a pas condamné Galilée parce qu'il refusait d'admettre que la terre tournait autour du soleil comme on le répète encore aujourd'hui mais parce qu'il avait falsifié des documents en essayant d'obtenir l'aval du clergé pour des théories qui, à l'époque, en toute bonne foi, n'étaient pas totalement prouvées. L'Église a été l'objet d'attaques violentes, notamment à partir des pays protestants, et elle n'a pas toujours su trouver la manière d'y répondre, sinon en condamnant plutôt qu'en apportant des solutions positives.
    Et aujourd'hui, l'homme, se dégageant de plus en plus de toute référence divine, de tout sens du sacré, de toute transcendance, en vient à utiliser les progrès techniques que le christianisme lui a permis d'atteindre puisque tout le développement de la science n'est que la conséquence des déblocages métaphysiques apportés par la religion chrétienne - pour assouvir ses propres envies, ses pulsions, ses instincts, fussent-ils de destruction. De sorte que la société déchristianisée dans laquelle nous évoluons est une société totalement déboussolée, désorientée, démente. Chesterton avait bien vu les choses, lui qui disait que la société moderne était fondée sur des idées chrétiennes devenues folles, autrement dit des idées vidées de leur sens et de leur substance.
    C'est à un christianisme offensif, intégral, sans compromission avec l'esprit du monde, intérieurement vécu, loin de toute forme de repentance, qu'il faut revenir si l'on veut sauver la civilisation, rétablir l'ordre moral et renouer avec la grandeur des siècles passés.
    Propos recueillis par Jérôme BOURBON. Rivarol du 2 avril 2010

  • AFGHANISTAN : L'héroïne complice du terrorisme (arch 2009)

    L'Afghanistan produit 93 % de l'opium mondial. Cette manne vénéneuse génère quatre milliards de dollars par an, dont le quart au moins est raflé par les taliban. La drogue prospère sur la corruption, l'arrogance des trafiquants, la désunion des Occidentaux et les réticences face aux cultures de substitution.
    Mélange explosif en Afghanistan : une "démocratie" s'est glissée dans les hardes du plus gros producteur d'héroïne. Les deux ne pourront coexister longtemps. Malgré les Américains et les troupes de l'OTAN, tôt ou tard, soit le nouveau régime, soit la poudre blanche l'emportera. Le combat a commencé dès la chute des taliban en 2002. Pour l'instant, l'avantage est à la drogue.
    Narco-state
    L'Afghanistan produit 93 % de l'opium mondial, d'où est extraite la morphine, puis l'héroïne. Cette manne vénéneuse engendre 4 milliards de dollars par an, dont le quart au moins est raflé par les taliban. Chiffres d'autant plus inquiétants que plus de 100 000 hectares de terres sont toujours couverts de pavot, jolies fleurs blanches bordées de rose d'où, après une incision, s'échappe une substance noirâtre et gluante.
    L'Afghanistan est devenu un narco-state. Dans les coulisses de la diplomatie, l'étiquette infamante circule de plus en plus... C'est que l'héroïne finance le terrorisme, la subversion, la guerre tribale. À terme, elle menace le pays, son gouvernement, son économie, les intérêts de l'Europe et des États-Unis.
    Mais pour le rugueux et madré paysan afghan, l'opium, c'est d'abord un moyen d'échapper à la misère. Lorsqu'il cultive du blé, de l'orge ou des légumes, il arrive à gagner péniblement, en afghanis, la monnaie locale, l'équivalent de 800 dollars par an ; lorsqu'il se met à cultiver du pavot sur la même superficie, il peut espérer empocher plus de 3 000 dollars. Un expert de l'ONU basé à Kaboul était récemment de passage à Washington. Il y raconta l'histoire d'Abdul, trente ans, un paysan dont le village se trouve à une centaine de kilomètres au sud de la capitale. Le grand-père et, après lui, le père d'Abdul ont toujours cultivé du blé et de l'orge sur leur lopin de terre. La famille (quatorze personnes) était pauvre comme beaucoup d'autres. À la mort de son père, Abdul s'endette : il achète une pompe d'irrigation, fait réparer la toiture et bâtir un hangar. Si bien que lorsqu'un inconnu lui apporta un jour une poignée de graines de pavot en affirmant qu'une seule récolte lui permettrait de rembourser tous ses créanciers, Abdul ne réfléchit pas longtemps.
    Les paysans comme Abdul se comptant par dizaines de milliers. Le défi lancé par l'héroïne n'est pas près d'être relevé. Thomas Schweich fut pendant deux ans, à l'ambassade américaine à Kaboul, le grand patron de la lutte antidrogue. Pour lui, ce défi consiste, avant de s'attaquer aux gros cartels locaux, à neutraliser quatre obstacles : la corruption des rouages gouvernementaux, l'arrogance des trafiquants locaux, la désunion des Occidentaux et les réticences face aux cultures de substitution. L'obstacle de la corruption au sommet apparaît le plus sérieux.
    Invulnérables
    Détail révélateur : le frère du président Hamid Karzai maintient à Kandahar, non sans un cynisme très oriental, des liens étroits avec les fournisseurs d'opium - malgré les pressions de Washington pour qu'il soit arrêté. Quant aux ministres en exercice et aux hauts fonctionnaires, ceux qui n'ont jamais touché à l'argent sale de la drogue doivent se compter sur les doigts d'une main. Une liste d'une centaine de noms circule à Kaboul : des responsables à des fonctions clés qui ferment les yeux sur les circuits de l'héroïne et protègent les caïds. Jusqu'à présent, aucun n'a été inquiété.
    Le deuxième obstacle - celui des trafiquants locaux - apparaît comme la conséquence du premier. Ces trafiquants, on les connaît presque tous. Ils sont une douzaine avec des milices, des fiefs, des réseaux. Leur immense richesse et leurs appuis politiques les rendent invulnérables. « Pour les anéantir, souligne Schweich, il faudrait monter de vastes opérations à l'échelle nationale, coincer leurs complices le long de la frontière pakistanaise, détruire une à une les mailles de leur système. Les dirigeants afghans traînent les pieds et les alliés ne parviennent pas à s'entendre. »
    Carte de la drogue
    Cette désunion est le troisième obstacle. Les Américains souhaiteraient que l'offensive antidrogue soit menée avec un maximum d'agressivité. Or, l'Allemagne, la Pologne, l'Italie et l'Espagne renâclent, craignant des procès qui, chez eux, pourraient les mettre en cause si leurs soldats tuaient des non-combattants - même si ceux-ci ne sont que des "fourmis" de l'héroïne.
    Le quatrième et ultime obstacle - les résistances à l'éradication du pavot - est celui qui semble s'éroder un peu, permettant de timides espoirs. À Kaboul, les rapports des agents du Narcotic Bureau affirment que sur les trente-quatre provinces afghanes, vingt se sont débarrassées en 2008 des fleurs blanches à collerette rose pour les remplacer par du safran ou de la pomme de terre. Le pavot se maintient dans les provinces méridionales où les taliban sont rois. Désormais, la carte militaire se confondra avec la carte de la drogue.
    De notre correspondant aux États-Unis
    PHILIPPE MAINE  L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 19 mars au 1er avril 2009

  • La Vendée, la nation et la liberté

    121208Commençons aujourd'hui par une considération toute personnelle. Le travail d’éditeur de votre chroniqueur préféré (?) s'est investi ces derniers temps mois autour de deux œuvres historiques. (1)⇓ Contemporaines l'une de l'autre, elles ont été écrites dans les années 1840.

    Il s'agissait d'une part du fameux roman "Coningsby" de Disraëli.

    Beaucoup plus cruciale, d'autre part, du moins pour la droite française, et beaucoup plus volumineuse pour le maquettiste, "L'Histoire de la Vendée Militaire" de Jacques Crétineau-Joly mérite par ailleurs le petit rapport d'étape d'aujourd'hui.

    Il faut en effet revenir sur la naissance du parti conservateur britannique. Depuis la publication de notre chronique du 19 septembre (2)⇓ l'actualité politique hexagonale a confirmé notre observation. Elle nous a malheureusement montré combien la transformation du panier de crabes, qui nous tient actuellement lieu de droite, en organisation durable et crédible, peut recevoir des leçons de nos amis d'outre-Manche.

    Certains pourront éventuellement tenir son livre pour "conspirationniste" (3)⇓. Mais ce fut bien Disraëli qui en jeta les bases dans ses écrits, dans ce qu'on présentait à l'époque comme "le roman de la Jeune Angleterre" (4)⇓. L'auteur s'employait alors, à partir de 1837, au renouvellement du vieux parti tory, apparu au XVIIe siècle. Il réconciliera, au temps heureux de la reine Victoria, les héritiers de la gentilhommerie rurale anglaise et les industriels, il institutionnalisera notamment, plus tard, l'empire britannique et stabilisera harmonieusement la société par d'audacieuses avancées.

    Parallèlement en France, c'est hélas le mouvement inverse qui s'effectua, à partir des règnes funestes de Louis-Philippe et Napoléon III. Le roman "Coningsby" l'explique aussi quand il souligne les liens d'amitié tissés entre l'ancienne génération des conservateurs anglais, représentée par le grand père du héros, et nos légitimistes.

    De ce côté-ci de la Manche, en effet, les acquéreurs de biens nationaux de la période révolutionnaire et leurs descendants vont s'acharner à la construction d'une "mémoire fausse". C'est à ces gens que s'en prend Beau de Loménie dans ses "Responsabilités des Dynasties bourgeoises". Leur héritage moral mensonger est aujourd'hui encore instrumentalisé par les "grands habiles" du centre gauche. Leur prétendu "modèle français" fait, depuis cette époque, reculer le pays, de décennies en décennies. Et cette décadence séculaire n'a laissé depuis lors que quelques années de répits, de sursauts illusoires et de rémissions transitoires.

    La clef du déclin français, si constant depuis deux siècles, se montre largement tributaire de tous ces faux-semblants.

    Car une question lancinante que pose Crétineau-Joly est celle de l'attitude de "l'Angleterre", clairement perçue comme "l"ennemi héréditaire" vis-à-vis de la Révolution française.

    Le lecteur de "Coningsby" ne peut pas s'y tromper : il est évident qu'une partie des "whigs" se montrait favorable aux jacobins. Depuis 1714 la Couronne est liée aux "whigs". Mais dès 1792 un rapport de la délégation jacobine qui se rend à Londres [publié dans le Tome III à paraître début février] permet de comprendre que le gouvernement anglais n'approuve absolument pas ce soutien, qui s'exprime à la chambre des Communes par la voix de Charles Fox (1749-1806). Le retour des "tories" ne s'effectuera cependant que sur une longue période. Celle-ci commence précisément avec la lutte de William Pitt "le Jeune" contre la Révolution française. On doit souligner que ce très grand serviteur de son pays est considéré aujourd'hui comme un "tory", y compris sur le site officiel du 10 Downing Street, mais que, de son vivant, il ne se déclara jamais comme tel ! Le déclic décisif, l'entrée en guerre, intervint au lendemain de la mort de Louis XVI, perçue comme un acte de barbarie. Mais elle n'impliquait au fond aucune sympathie rétrospective pour la France bourbonnienne.

    Nul ne peut douter, par ailleurs, que la "faction d'Orléans" joue un grand rôle manipulateur dans l'intermédiation entre le cabinet britannique et les contre-révolutionnaires français. Un chapitre très important du Tome II de l'Histoire de la Vendée Militaire est ainsi consacré au moment où les réseaux d'intrigues orléanistes, en la personne de Dumouriez cherchèrent à circonvenir le chevalier Charette. Nous laissons ici aux lecteurs le soin de découvrir la belle réponse du chef vendéen. Mais comme disait Kipling, "ceci est une autre histoire".

    Ainsi, l'œuvre de Jacques Crétineau-Joly (1803-1875) représente un apport décisif au travail nécessaire de correction, de cette "mémoire" falsificatrice. Elle procède de son exact contraire : la recherche de la vérité historique.

    On peut citer la lettre adressée à l'auteur par la marquise de La Rochejaquelein, veuve de Lescure : "Personne n’écrira l’Histoire de la Vendée après vous, Monsieur ! Vous êtes notre Homère ; vos récits valent les siens et les surpassent, puisque votre merveilleux est puisé dans la plus exacte vérité."

    Oui, on peut penser à Homère, à bien des égards, certes, tant l'aventure vendéenne est envoûtante.

    On peut y voir aussi une sorte de Thucydide français. Il retrace et explique le grand combat fratricide, le Mahabharata de la Gaule. Celui-ci finalement se révèle plus destructeur que la Guerre du Péloponnèse. Cette catastrophe resta limitée à la Grèce des cités, et, moins d'un siècle après l'effondrement de celle-ci apparut la figure d'Alexandre le Grand qui portera pour de nombreux siècles la civilisation grecque aux limites du monde connu.

    Or, avec le recul de l'Histoire on est amené à poser la question suivante : est-il vraiment sorti, deux siècles après la mort de Cadoudal et celle du duc d'Enghien l'ombre d'un phénomène comparable. Vous avez dit "Louis-Philippe" ? Vous avez dit "Armand Fallières" ? Vous avez dit "François Hollande" ?

    Bien entendu, d'autres historiens ou essayistes sont venus après lui, développer diverses dimensions de son travail. Aucun ne l'a dépassé ou démenti.

    Cette "Histoire de la Vendée Militaire" (5)⇓ est appuyée sur les témoignages de survivants, recueillis auprès des deux camps, sur une recherche d'archives extrêmement complète, et, aussi, et sur un incontestable talent d'écriture.

    Ceci en fait une somme inégalée, d'une lecture passionnante et foisonnante, comme le furent les diverses formes des insurrections de l'Ouest, entre 1790 et 1811.

    Dans les 30 dernières années, on doit rendre hommage aux divers auteurs qui ont contribué, non seulement à maintenir la flamme de cette recherche, mais qui lui ont apporté l'éclairage de leur talent.

    Reynald Sécher, brillant et courageux historien, né en 1955, a sacrifié à cette cause sa carrière universitaire. Il a publié dès 1985 son "Génocide franco-français, la Vendée-Vengé" (publié aux Presses Universitaires de France) qui osait mettre en parallèle la politique d'extermination (On consultera à ce sujet à ce sujet le chapitre XI du Tome Ier et les chapitre II et III du tome II du Crétineau-Joly) et le concept contemporain de "génocide". Il ajoute une notion non négligeable : celle de "mémoricide", dans lequel hélas la France patauge.

    Un Henri Servien, de son côté par sa "Petite histoire des guerres de Vendée", agréablement illustrée par René Follet, plusieurs fois réimprimée depuis 1995 (aux Éditions de Chiré) a permis à des milliers de jeunes Français de mesurer l'importance de cette "guerre de géants".

    Dernier en date, mais non de moindre importance : Philippe de Villiers avec son "Roman de Charette" qui vient de sortir. Il touchera certainement un très large public. Outre la personnalité de l'auteur, la figure du chevalier Charette de la Contrie avait tout pour plaire aux Français, notamment le panache. Elle avait déjà séduit beaucoup d'autres auteurs, tel un Michel de Saint-Pierre.

    J'ajouterais personnellement d'autres chefs. Tout en éprouvant beaucoup d'admiration pour le prince d'Elbée, une grande tendresse pour la noble figure de La Rochejaquelein, assassiné par le républicain auquel il venait de faire grâce, ou pour celle de Bonchamps, j'incline surtout pour Georges Cadoudal, ou plutôt "Georges", admirablement dépeint par La Varende (cf. son romanesque Cadoudal édité par les Nouvelles Éditions latines en 1970) et, d'un point de vue sans doute un peu moins littéraire et plus strictement historique par Jean-François Chiappe ("Georges Cadoudal ou la Liberté" publié en 1971 à la Librairie Académique Perrin).

    Or, n'hésitons pas à le remarquer : tous ces auteurs procèdent du travail quasi encyclopédique accompli par Crétineau-Joly.

    De celui-ci les deux premiers tomes sont consacrés à la Vendée proprement dite, entre Anjou et Poitou, Cette insurrection se divise en
    - une "Grande guerre" commencé en mars 1793, et terminée en décembre par le désastre de Savenay [Tome Ier] ;
    - et une lutte plus étale face à la Terreur, qui en mars 1796 prend un coup terrible lors de la disparition de Charette et de Stofflet, mais qui ne se termina que par le Concordat napoléonien de 1801. [Tome II]

    À partir du troisième tome, notre auteur envisage les "chouanneries", de Bretagne, du Maine, et de la Normandie, et les divers combats des royalistes français contre la Révolution.

    Ces conflits de nature un peu différente, accordent un caractère central à la liberté religieuse, violée par la constitution civile du clergé de 1790, et à la question des propriétés spoliées, y compris les "droits féodaux des vassaux", les pauvres tombant sous le joug d'une nouvelle classe de possédants illégitimes, ci-devant margoulins. 

    Si en effet la mort du roi, si la captivité du Dauphin en qui ils reconnaîtront Louis XVII, cristallisent l'émotion de ces combattants on doit comprendre qu'à leurs yeux la fidélité monarchique ne fait littéralement que couronner leur engagement.

    Au bout du compte, cette lutte était celle de la liberté politique tout court, face à la Terreur jacobine.

    Car la Révolution d'hier, "libertolâtre" en paroles, liberticide dans les faits, se revendiquait sur le papier d'une liberté qu'elle assassinait par la guillotine comme ses successeurs d'aujourd'hui l'étouffent par la fiscalité.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. Ce travail minutieux imposait par exemple de considérer diverses évolutions du langage et de la typographie depuis le XIXe siècle. Commençons par des points mineurs, mais qui ont occasionné une recherche méthodique non négligeable. Certains mots ne s'écrivent plus de la même manière : on lit alors couramment "Nanci" pour la ville des ducs de Lorraine, "Chollet" avec deux l, des noms de famille comme "La Haye Saint-Hilaire" encore orthographiés "La Haie". Broutilles, mais il faut les corriger. À l'inverse on a maintenu l'usage encore hésitant de la particule supposée "nobiliaire" avant le nom de terre. Il fallait surtout respecter le jeu de majuscules entre le Tiers État la Noblesse, le Clergé (leurs assemblées) et le tiers état, la noblesse ou le clergé (la catégorie sociale). Plus intéressante est la présentation des Royalistes et des Républicains, eux aussi, avec des majuscules comme s'il s'agissait de deux nationalités distinctes. Beaucoup plus inattendue pour un lecteur d'aujourd'hui : le mot "Patriotes", écrit avec un grand P comme synonyme de Républicain, de Jacobin, de Révolutionnaire : il ne s'agit pas alors de gens qui "aiment leur pays." Il s'agit de ceux qui noient, avec Carrier, les Nantais dans la Loire… Dans ce contexte, il n'est pas mauvais de réapprendre ce que fut le prétendu "patriotisme républicain". De même la "Nation" c'est tout simplement cette petite minorité qui, gouvernant à Paris, persécute la Vendée, exproprie les ci-devant, pille et assassine.
    2. cf. Aux sources du parti conservateur.
    3. cf. l'intéressant article de "Lectures françaises" de novembre 2012 : "Le personnage de Nathan Rothschild expliqué par Disraëli".
    4. dont la figure centrale correspond à celle de son ami George Smythe. La "Jeune Angleterre" se divisa définitivement en 1846. Cette année-là Smythe entra dans le gouvernement de Robert Peel. Mais la scission intervint à propos des catholiques irlandais, véritable pomme de discorde dans toute l'Histoire de la Droite anglaise.
    5. cf. sur le site des Éditions du Trident.
  • Ecoracialisme (1)

    Avec cet article, Polémia commence la publication d’une série d'extraits du livre Ecoracialisme, non encore paru aujourd’hui. Son auteur, Frédéric Malaval contributeur régulier de Polémia, veut montrer que des évolutions irrépressibles vont obliger les différentes races humaines à vivre dans leurs écosystèmes d’origine.
    L'introduction de ce livre dévoile l'argumentaire de cette vision iconoclaste.
    Polémia

    Introduction

    Ce livre a comme thème central l'écoracialisme. C'est le terme choisi pour désigner la politique consistant à favoriser la cohérence race/écosystème. Sa conclusion est que l'écoracialisme est le préalable à une politique écologique soucieuse de limiter à son strict nécessaire l'artificialisation des écosystèmes.

    En effet, habiter durablement dans un écosystème étranger n’est possible qu’au prix d’une surartificialisation à l’origine d’impacts environnementaux importants, donc de la crise écologique actuelle. La climatisation de l’habitat par les Européens dans les zones équatoriales est un exemple parmi d’autres d’une surartificialisation écologiquement néfaste.

    La thèse exposée dans ces lignes prend résolument le contre-pied de la doxa dominante. Celle-ci envisage un monde unifié alors qu'une approche écologique postule que cela n'est pas possible. La diversité est la clé du succès adaptatif et donc de la pérennité des lignées constitutives de la biosphère. Cet axiome est le fondement de l'Ecologie, science de synthèse, dont les développements sont déterminants pour relever les défis actuels. C'est le fil conducteur de ce livre construit en trois parties.

    Dans la première, un balayage général du monde d'aujourd'hui aboutit à la conclusion que la Modernité, envisagée comme l’idéologie dominante, est réalisée par une bourgeoisie mondialisée sous tutelle américaine. Son mérite incontestable est que nous vivons un Age d'or. Mais des menaces obèrent l'avenir. La crise écologique en est une. L’artificialisation de la planète en est à l’origine. Limiter la surartificialisation de l’écosphère est dès lors impératif.

    La deuxième partie résume les apports de l'Ecologie, discipline scientifique intégrative que la Sociobiologie et la Thermodynamique alimentent. Deux idées-clés vont alors participer à la vision du futur : le conservatisme des gènes, l'efficience énergétique.

    La troisième partie envisage l’Ecoracialisme comme une des issues pour surmonter les défis à venir. Une des conséquences de l’artificialisation de l’écosphère est que les pressions écologiques vont susciter un retour des différentes races humaines dispersées sur la Terre dans des écosystèmes où ils sont biologiquement adaptés. Pour nous Européens, ce sont donc des dizaines de millions d’individus qu’il faut se préparer à accueillir alors que dans le même temps partiront au plus les 20 à 30 millions (?) d’éco-immigrés de l’Europe. Il s'agit donc désormais d'envisager le futur à partir des phénomènes majeurs de ces dernières décennies.

    Parler des mouvements de populations humaines dans l'écosphère est un sujet éminemment transgressif. Dans une approche écosystémique, il est impossible d'éluder la question raciale. Or, celle-ci est taboue depuis la deuxième moitié du XXe siècle ap.JC. Aussi quelques précautions sont-elles nécessaires pour l'aborder.

    Il n'y a pas de jugement de valeur ni de hiérarchie en Ecologie. Une manifestation du vivant, quelle qu'elle soit, n'est que la résultante d'un processus adaptatif confronté à des contraintes irrépressibles. Or, cette idée de hiérarchie est omniprésente dans toutes les idéologies de la Modernité : (…), le Romain sur le Germain, le Chrétien sur le Païen, le Noble sur le Roturier, (…), le Bourgeois sur le Prolétaire ou le Prolétaire sur le Bourgeois, l'Européen sur l’Africain, (…), etc. L'approche de la Nature procède du même esprit en distinguant les espèces utiles des espèces nuisibles, les plantes comestibles des mauvaises herbes, etc. L'approche écologique postule la consubstantialité de toutes les composantes d'un écosystème, même si ces entités sont en concurrence, voire en rapports de prédation. Il n'y a pas d'idée de supériorité en Ecologie, seulement des structures de complexité diverses, associées à des espaces écologiques dont l'intégration à d'autres couplages espèce/espace aboutit à un écosystème. Envisager la question raciale sous l'éclairage de l'Ecologie impose par conséquent de distinguer le racialisme du racisme.

    Le racialiste admet l'existence des races humaines comme la conséquence d'un processus adaptatif. Le raciste va postuler une supériorité de l'une vis-à-vis des autres. Cela étant dit, aborder la question raciale au sein du genre humain ne devrait pas soulever plus de difficulté que de traiter des spécificités des différents types d'ours ou de macaques, par exemple.

    Il est vrai que les sensibilités épidermiques sur ce sujet obligent parfois à privilégier le terme « ethnie » au détriment de celui de « race ». On parle alors d’ethnodifférentialisme. Pour qualifier l’approche écologique qui structure ce texte, il aurait fallu parler de… éco-ethno-différentialisme. Un peu lourd, peut-être ? Si l’on trouve un joli mot qui ne choque personne, on fera un « Rechercher/Remplacer par », puis « Remplacer tout » pour changer le mot « race » de ce texte. Promis. Cela ne changera rien au contenu.

    L’idée qui anime ce livre est simple. Les pressions écologiques vont amener les différentes races humaines ou ethnies – comme on voudra – à vivre dans les écosystèmes adaptés à leur nature, ceci pour limiter l’artificialisation de l’écosphère. Admettre que cette adéquation est une nécessité écosystémique sera alors perçu comme un facteur de paix entre humains dès lors que l’on admettra que s’installer en dehors de son écosystème d’origine est écologiquement néfaste. A contre-pied de la doxa d’aujourd’hui, accepter la race comme une réalité biologique, conséquence d’un processus adaptatif, favorisera une paix durable entre humains dans une artisphère à son « climax ».

    Pourquoi et comment cela va-t-il arriver ? Envisageons les réponses sans tabou.

    Frédéric Malaval http://www.polemia.com
    Ecoracialisme - Introduction (1)
    29/11/2012

  • Jacques Bompard à L’Action Française : "Il suffit de gérer différemment, proprement, efficacement..."

    Jacques Bompard est Député-Maire d’Orange, il est Président de la Ligue du Sud. Nous l’avons rencontrés pour faire le point avec lui sur différents projets du gouvernement.

    L’Action Française : Vous êtes partisan de la prise de pouvoir par la base, c’est-à-dire par les élections locales

    Jacques Bompard : Absolument ! L’exercice d’un mandat local est indispensable, que ce soit pour l’individu ou le mouvement auquel il appartient. C’est à travers l’exercice d’un mandat local que le militant devient véritablement un cadre politique. C’est grâce à sa capacité à rassembler des milliers d’élus locaux qu’un mouvement se met en position de prendre le pouvoir à l’échelon national. J’ajoute que, pour ce qui est de l’individu, un passage dans l’opposition est une bonne école pour se préparer à travailler dans une majorité.

    Il est un autre élément clé de cette importance du local : la lutte contre la désinformation. En effet, s’il est excessivement difficile de lutter contre la désinformation du journal télévisé de 20 heures, il n’en va pas de même à l’échelle d’une commune ou d’un canton. Un élu local, pour peu qu’il soit habile, souple, prudent, possède tous les atouts pour devenir un contre-pouvoir médiatique. Il peut, et donc doit, incarner la réalité concrète des idées qu’il défend et non la caricature qui en est faite.

    En quoi un Maire, peut-il changer la vie de ses administrés ?

    En faisant, tout simplement son travail ! La grande majorité des collectivités de notre pays sont très mal gérées. Les communes ne font pas exception, surtout lorsqu’elles gagnent en taille. Ce phénomène n’est pas dû à la gauche ou à la droite, mais aux deux. Ce constat est partagé par une immense majorité de Français. Il suffit donc de gérer différemment, proprement, efficacement, pour apparaitre comme véritablement révolutionnaire, apporter de l’espoir et démontrer qu’une autre politique est possible.

    Comment un Maire peut-il s’opposer à certaines décisions prises par le législatif ou par le gouvernement ?

    Dura lex sed lex. La seule possibilité pour le maire de réagir est de porter les dossiers qu’il conteste devant le Tribunal administratif. En général, le Tribunal administratif a des conclusions conformes à la position de l’Etat. Mais les tribunaux administratifs ont tendance à être plus indépendants que les autres juridictions. Ils n’hésitent pas à condamner l’’Etat. Cela ouvre donc un petit espace de liberté.

    Par ailleurs, on peut utiliser les décisions aberrantes de l’’Etat en démontrant leur absurdité auprès des citoyens. La mise en exergue des disfonctionnements incite les citoyens à se mobiliser. Le réveil des Français peut passer par cette contestation d’un Etat qui ne les protège plus, d’un Etat dur avec eux et pusillanime avec les autres...

    Etes-vous favorable au cumul des mandats ?

    Oui, lorsqu’il s’’agit d’un mandat local et d’un mandat national. L’’exercice d’un mandat local permet l’’ancrage dans les réalités du terrain. Il permet de sortir un peu du carcan mortifère des partis politiques centralisés, et donc d’’insuffler un peu d’esprit démocratique dans la vie politique, via la démocratie locale.

    Comment mettre en place la « préférence nationale » au niveau local ?

    C’’est impossible directement. Mais le maire peut veiller à l’’application stricte de la loi et donc faire en sorte que n’existe pas une préférence étrangère. Ainsi, même s’il ne dispose d’aucun pouvoir en matière d’attribution de logements sociaux, un maire peut veiller à ce que l’’aide sociale municipale ne soit pas versée préférentiellement aux étrangers ou aux personnes d’’origine étrangère. C’’est pourtant ce qui arrive souvent car beaucoup d’’entre eux sont souvent mieux informés de la loi que les autochtones qui n’’osent pas toujours demander à bénéficier des aides publiques.

    Comment une municipalité peut-elle endiguer le développement de l’’immigration et de l’’Islam dans une commune ?

    Ce n’’est pas possible. Prétendre le contraire serait mentir car le maire n’’en a pas les compétences puisque ces dossiers sont régis par l’Etat. Cependant, être en place permet d’’éviter bien des dérapages de maires de gauche ou UMP. Nous ne donnons pas de terrains pour construire des mosquées, nous ne finançons pas des écoles coraniques.

    Ne pensez-vous pas que le seul combat contre l’’immigration est un peu juste pour obtenir une majorité. Depuis le temps, il y a bien longtemps que l’’opposition nationale aurait dû marquer des avancées significatives.

    Mais même sur ce sujet, l’’opposition nationale a eu malheureusement des positions fluctuantes qui ont désorienté les électeurs. Une bonne politique de l’’immigration ne suffit pas à faire une bonne politique nationale car, si c’’est un problème majeur pour la France, ce n’’est pas le seul dont elle souffre, tant sans faut. Une politique de redressement national passe par une lutte efficace contre l’’immigration, mais également par un assainissement des finances publiques, la défense et la promotion de la famille traditionnelle...

    Qu’’est-ce qui a changé à Orange depuis 17 ans ?

    Tout a changé. Par exemple, on investit deux fois plus que les autres villes de taille comparable. Dans le même temps, les impôts locaux n’’ont cessé de diminuer et la ville n’’est plus endettée. Et si l’’Etat n’’entravait pas sans cesse notre action, nous ferions plus. Comme quoi, même avec une politique désastreuse au niveau national, il est encore possible de conduire une politique de redressement.

    En quoi pensez-vous pouvoir être utile comme député ?

    C’’est indéniablement un plus pour notre action. Le député précédent me voyait comme un danger et tentait de saborder tous les projets. J’’essaye désormais de les débloquer. Et dans l’’hémicycle, je défends nos concitoyens en apportant une vision des choses que je suis le seul à apporter. Sur le logement social, j’’étais le seul à dire que c’’était un outil utilisé par les autorités pour développer l’’immigration et que la mixité demandée par le gouvernement était refusée par les étrangers eux-mêmes qui chassent les Européens des logements sociaux.

    Propos receuillis par François Xavier Présent - L’AF n° 2852