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  • Michel Serres et la Sainte Famille

     

    Michel Serres et la Sainte Famille
    Michel Serres est bel et bien marié. Avec les médias. On l’entend, on le lit, on sait quoi penser. Il est doué pour la séduction orale, à défaut de pénétrer profondément des réalités qui, visiblement, le dépassent. A France-info, sa voix primesautière, qui emmielle des truismes de salles de rédaction, mime l’improvisation un brin joviale avec un je-ne-sais-quoi de causticité, qui laisse l’auditeur pantois, et de toute façon, coi. Le gai savoir ! Comment voulez-vous être contre ? C’est tellement frappé du bon sens que vous avez l’impression de l’inventer à mesure que ça jacule pétillant du poste, comme du champagne. On en rirait de plaisir.

    Avec lui, c’est sûr, l’époque est formidable. Un esprit sain, ce Michel.

    L’un de mes amis m’a mis sous les yeux un entretien qui date un peu, du 24 octobre 2012, dans la Dépêche du Midi, mais qui n’est pas sans intérêt dans ce temps de manifs qui s’époumonent en revendications matrimoniales. Voilà enfin un débat qui nous projette au cœur de l’existence humaine ! Je rêve de rassemblements qui soutiendront les droits de l’Esprit saint, avant l’arrivée des Cosaques !

    Mais avant ce feu d’artifice final, nous prendrons le temps de savourer, en esthètes de la fin des temps, les sophismes burlesques de celui qui, le 18 septembre dernier, sur sa fréquence radio préférée, soutenait que la bande dessinée Astérix faisait un « éloge du fascisme et du nazisme » ; car, voyez-vous, « tous, absolument tous les problèmes se résolvent toujours à coups de poing ». A coups de menhirs et d’huile de ricin, ajouterions-nous. Il est vrai que les démocraties occidentales préfèrent brandir des bouquets de roses pour convaincre les adversaires du Bien… Qu’aurait dit alors notre Tirésias du micro, s’il avait connu, par divination, les dérives poutinophiles de notre Gérard Obélix ? Bon sang ! mais c’est bien sûr ! aurait-il susurré…

    Donc, dépêchons-nous d'étudier de près notre florilège de « tabous » brisés, cette brochette de pétards mouillés, dialogue «décomplexé » paru l’an dernier dans le journal célèbre de Toulouse. Un sommet du prêt-à-penser. Car dans sa novlangue fraîche comme un déchet recyclé, l’interviouveur n’hésite pas à y qualifier notre penseur des micros de « philosophe de renommée planétaire ». Ni plus, ni moins.

    Première fusée : il y aurait trois grandes transformations. La première, vers 1000 avant J.C., qui aurait vu le passage de la parole à l’écrit ; puis celle de la Renaissance, qui aurait provoqué la transition de l’écrit à l’imprimerie ; et enfin la troisième, sous nos yeux, qui marginalise le livre en optant pour l’écran. Bon, c’est du McLuhan. Pas de quoi fouetter un masochiste gay prideur. Est-ce un bien ?Est-ce un mal ? Notre moderniste frénétique ne s’en désole point. Au contraire. Il vomit son mépris des « vieux », ces cons, qui devraient prendre leur retraite, et laisser la place aux « jeunes ». Ils ne comprennent rien, les antédiluviens, les décrépits qui vantent le passé, les hors service usagés qui oublient qu’on n’avait pas toutes ces merveilles de technologie, à cette époque, comme disent les mômes des escoles à qui on bassine l’espérance de vie ridiculement basse de nos ancêtres, la dégradation des corps (les femmes, plus du tout baisables à trente ans ! horreur !), la saleté etc. C’était l’enfer, quoi ! A côté du Paradis qu’on nous mitonne, sous nos yeux, l’immortalité à portée de scalpel, la jeunesse éternelle appliquée sur les joues, et surtout la sexualité pour tous, de neuf à quatre-vingt-dix-neuf ans ! Question conscience – de ce que l’on est, de ce qu’est le monde, des finalités de l’existence, c’est autre chose. Malheureusement, nous n’avons plus des Balzac, des Stendhal, des Flaubert pour démonter la stupidité moderne. Car l’évolution, ce que notre chercheur nomme le « progrès », ne s’est pas forcément effectuée dans le bon sens. Platon, il y a fort longtemps, se désolait déjà que la mémoire individuelle, la transmission des traditions, la compréhension intime des textes, avaient perdu en quantité, et surtout en qualité, avec leur transcription sur le papyrus ou la pierre, translation froide, figée, quasi morte, niant la souplesse de l’invention orale et le travail de la mémoire vivante. Plus tard, le passage du manuscrit à l’imprimerie a démocratisé les idées, et en les diffusant, les a transformées en armes idéologiques en même temps qu’elles perdaient de leur profondeur, de leurs nuances et finesses. Et maintenant, qui soutiendra que la machine nous ait rendus plus intelligents, plus sensibles et plus sociaux, malgré les réseaux ?

    Il est vrai qu’avant, on mourait jeune, on était crasseux et con, et on ne savait pas se servir de facebook.

    Deuxième fusée : « […] le darwinisme social, cette horreur, a engendré le fascisme, le nazisme, le stalinisme. » Etrange, je croyais qu’il avait donné naissance à cette bête immonde et féconde qu’est le libéralisme. Notre thuriféraire du présent préfère louer, de façon assez confuse, la « laïcité économique ». Car, « là où la laïcité n’existe pas, c’est la violence tous les jours ». Eh oui. Les Etats-Unis ne sont pas laïques, ni la France d’ailleurs, où règne une paix enviable. Mais au fait… qu’est la violence ? La vie quotidienne de nos concitoyens, des chômeurs, des employés soumis à toutes les pressions, le labeur précaire des gens d’en bas, que les pouvoirs publics laissent tomber, sont-ils si quiets, si exempts d’inhumanité ? Les arcanes du postmodernisme me seront à jamais fermées. Mais attention ! Ne croyez tout de même pas que notre professeur soit un nanti ! Il serait même un peu rebelle, le bougre, comme nous le fait remarquer son faire-valoir d’en face, qui note son « franc-parler bien gascon. » Gascon ? Boudu ! Vous allez voir ce que vous allez voir ! Je livre ce cri comme il l’est, et tant pis pour les cœurs tièdes et délicats : « La crise financière du casino de la bourse, mais c’est de la merde ! ». Vous avez remarqué ce relâchement de langage, qui dénote une vraie colère, sincère, profonde, sentie et vécue, de la rebellitude authentique. On croirait du Hollande, le candidat, avant qu’il ne se rende à la City.

    Troisième fusée : Le Bien de maintenant mord aux talons le Bien d’hier. Cela a commencé avec les Nouveaux Philosophes, dans les années 70, BHL & Co, au nom de la lutte contre le « totalitarisme » et le « Goulag ». Notre homme de cœur déteste le Mal, et particulièrement sa bête noire (ou rouge), Sartre, que Céline avait étrillé en son temps. Il est vrai qu’il est mort, et que c’est plus facile de s’en prendre à lui, plutôt qu’à BHL et sa clique. Moins risqué. Que reproche-t-il à l’agité du bocal ? « Au nom de la ligne du parti, Sartre a couvert les horreurs du stalinisme. Idem pour Michel Foucault et l’ayatollah Khomeyni. ». Sauf que Sartre et Foucault étaient quand même d’une autre trempe, et que l’autoritarisme stalinien et chiite est, de loin, beaucoup moins pervers, empoisonné, roublard, perfide, et, disons-le, totalitaire, que cette société lisse du Meilleur des Mondes qui vous étouffe et vous crève en vous couvrant de caresses et de baisers sirupeux censés pour rendre la vie heureuse comme celle d’un fœtus dans une fosse septique. Comment être contre un Bien si gai ? Il est bien plaisant, au demeurant, de voir notre génie planétaire cracher dans une soupe qu’on a tellement réchauffée qu’elle en est devenue cette pâte épaisse et poisseuse, assaisonnée de moraline, qui sert à boucler la bouche des malheureux qui osent contester l’Ordre établi. Car qui a contribué magistralement à badigeonner les intelligences de cette morale antimorale, de cette sacralité transgressive, de ce credo petit bourgois, devenu dogmes pour bobos, qui vrillent dans les crânes les certitudes édifiantes de grand parc d’attraction contemporain gouverné par les démolisseurs et les apprentis sorciers qui sont les disciples zélés, justement, de Sartre, de Foucault, de Beauvoir ?

    Nous arrivons enfin à la dernière fusée, la plus puante : l’Eglise en prend pour son catéchisme !

    Je reproduis la démonstration du bon apôtre :

    « Depuis le 1er siècle après Jésus-Christ, le modèle familial, c'est celui de l'église, c'est la Sainte Famille.

    Mais examinons la Sainte Famille. Dans la Sainte Famille, le père n'est pas le père : Joseph n'est pas le père de Jésus. Le fils n'est pas le fils : Jésus est le fils de Dieu, pas de Joseph. Joseph, lui, n'a jamais fait l'amour avec sa femme. Quant à la mère, elle est bien la mère mais elle est vierge. La Sainte Famille, c'est ce que Levi-Strauss appellerait la structure élémentaire de la parenté. Une structure qui rompt complètement avec la généalogie antique, basée jusque-là sur la filiation : on est juif par la mère. Il y a trois types de filiation : la filiation naturelle, la reconnaissance de paternité et l'adoption. Dans la Sainte Famille, on fait l'impasse tout à la fois sur la filiation naturelle et sur la reconnaissance pour ne garder que l'adoption.

    L'église donc, depuis l'Evangile selon Saint-Luc, pose comme modèle de la famille une structure élémentaire fondée sur l'adoption : il ne s'agit plus d'enfanter mais de se choisir. à tel point que nous ne sommes parents, vous ne serez parents, père et mère, que si vous dites à votre enfant «je t'ai choisi», «je t'adopte car je t'aime», «c'est toi que j'ai voulu». Et réciproquement : l'enfant choisit aussi ses parents parce qu'il les aime.

    De sorte que pour moi, la position de l'église sur ce sujet du mariage homosexuel est parfaitement mystérieuse : ce problème est réglé depuis près de 2 000 ans. Je conseille à toute la hiérarchie catholique de relire l'Evangile selon Saint-Luc ».

    C’est ce qui s’appelle renvoyer dans les cordes! Evêques, retournez à vos chères études !

    Historiquement, le mariage chrétien, si je rassemble mes souvenirs, ne s’est imposé socialement, et encore !, qu’à partir de Constantin, c’est-à-dire dans la première partie du quatrième siècle. Le mariage, dans la société romaine, est une affaire privée. Les chrétiens en faisaient un enjeu hautement religieux. Constantin conseilla de le lier à l’office civil. Les disciples de Jésus ne constituaient, à cette époque, que 15% de la population. Saint Augustin lui-même, avant qu’il ne devînt chrétien, vécut en concubinage de nombreuses années, et eut un fils. Le mariage per usus, c’est-à-dire par cohabitation, était fréquent. L’Eglise adopta la forme la plus aristocratique du mariage romain, la confarreatio. Il existait une autre forme d’union, la coemptio, qui s’effectuait selon une fiction convenue d’achat symbolique. Quoi qu’il en soit, le christianisme conféra à l’union conjugale une dimension religieuse, déjà présente dans le mariage patricien des origines (selon le legs indo-européen, que l’on peut observer presque à l’état pur dans le mariage hindou), mais avec une charge émotionnelle que n’avait pas le modèle latin. Le serment de fidélité, par exemple, engageait dès les noces, et rendait indéfectible le mariage qui s’était conclu sous le regard d’un Dieu jaloux. C’est pourquoi le mariage devint, en même temps que sacrement, par analogie et la grâce du Cantique des Cantiques, le symbole même de la foi liant l’Eglise à Dieu.

    On se demande, en passant, par quelle espèce d’extrapolation, Serres parvient à associer la Sainte Famille à un couple homosexuel. A moins que Marie ne se soit, en vérité, appelée Mario… Le Nouvel Evangile aurait eu alors la prescience des grandes avancées de l’humanité, qui nous promettent des gestations paternelles, et probablement aussi le droit à l’avortement pour les hommes attentifs à la liberté de leur corps. Toujours est-il que sa tentative simplette de réduire le mystère de l’incarnation à un modèle homocompatible, outre qu’elle est tristement significative d’un temps où les capacités exégétiques se sont singulièrement réduites, pèche par omission. Car il manque, dans son tableau, une personne qui a son importance, et pour cause ! Le Saint Esprit, en effet, donne tout son sens à l’événement décisif pour l’Histoire humaine – si l’on est croyant – , que sont l’Annonciation et l’Incarnation.

    En admettant que la sainte Famille représente un modèle pour le chrétien, Serres commet une grave erreur en l’opposant à la famille prônée par la tradition. Il cite saint Luc, mais il aurait pu se référer à saint Marc, qui rapporte les paroles de Jésus : « […] l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font plus qu’un. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. »

    Ces paroles insistent davantage sur les relations homme/femme que sur la procréation.

    Un autre passage de l’Evangile se rapporte aussi aux liens de famille, justement dans Saint Luc (12, 49-53), mais cette fois-ci pour les mettre en cause : « Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »

    Et dans Matthieu, 12, 46-50 : "Qui est ma mère, et qui sont mes frères ?"

    Puis, tendant la main vers ses disciples, il dit :"Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère."

    Jésus était-il un précurseur de Gide ? Un dangereux révolutionnaire ? On avouera que le christianisme est une drôle de religion pour prêcher d’un côté une union sans concessions, et de l’autre la nucléarisation du foyer familial !

    Mais avant d’interroger Saint Paul, qui nous permettra d’y voir un peu plus clair, j’aimerais faire un détour par les analyses lumineuses d’un critique d’art, qui s’est éteint récemment, Daniel Arasse. Il nous livre, dans un petit livre de poche (folio essais), Histoires de peintures, un interprétation merveilleusement intelligente et vivante de cinq Annonciations, celles d’Ambrogio Lorenzetti, à Sienne, de Domenico Veneziano, à Cambridge, de Pierro della Francesca, à Pérouse, et surtout celles, au couvent San Marco, de Florence, et de Cortone, de Fra Angelico, dont la dernière a retenu mon attention. Un peintre dominicain comme l’Angelico était un véritable théologien. Je reproduis un passage, à mon sens, significatif, tout en regrettant de ne le faire pour l’ensemble d’une étude inoubliable, qui démontre qu’à l’aube de la Renaissance la haute Tradition n’était pas perdue : « Dans cette Annonciation de Cortone, alors que le point de fuite est latéral, le centre géométrique du tableau est occupé par la porte donnant sur la chambre de la Vierge, très obscure, où tout ce que je peux voir est l’angle d’un lit et le baldaquin rouge du lit de Marie. […] Si l’on fait le plan au sol du lit par rapport au bâtiment, on se rend compte que le lit n’entre pas dans celui-ci. Il est insituable, au-delà du mur du fond, donc il échappe à la règle de la perspective. La perspective mesure le monde ; mais le mystère du corps de la Vierge échappe à toute mesure. C’est le saint des saints, obscure. »

    La perspective, c’est la vision à hauteur d’homme, c’est l’univers géométrisé, à portée de regard humain, tel qu’est celui de Michel Serres, arrogant positiviste qui pense mettre le mystère dans une camera oscura pour en tracer les lignes de fuite. La chambre noire, c’est la pensée étriquée d’une époque qui réduit tout à son sexe et à sa rationalité mesquine.

    Qu’est-ce que l’Incarnation, sinon l’immixtion de l’absolu dans le relatif, le croisement tranchant de la verticalité sur une horizontalité qui s’étalait sereinement comme un grand corps trop sûr de lui ? L’Incarnation, c’est la mesure hors mesure humaine d’une autre perspective, de celle du divin. La Sainte Famille constitue un modèle, oui, mais par le rappel qu’on ne saurait juger une vie, une union conjugale entre un homme et une femme (modèle sacral de la création humaine des origines) selon les critères biologiques de la procréation, selon même les devoirs de la société. La procréation selon les lois naturelles voulues par Dieu est importante, certes, mais la base de l’humain, pour le christianisme, ce n’est pas strictement le noyau familial, mais la foi, qui inclut tout. « Aime, et fais ce que tu veux », dit Saint Augustin à la suite de l’Evangile.

    Etr que l'on n'aille pas dire que l'amour humain suffit pour répondre à cette injonction, une affectivité qui nierait les différences sexuelles. La vocation divine de l'homme est totale, et prend en compte sa nature, sa singularité, et les lois corporelles qui le régissent et qu'il s'agit de sublimer. Le mariage est une eschatologie, mais ancrée dans la réalité du monde, qui a fait que homme et femme soient opposés et complémentaires. Le discours pseudo-chrétien actuel, plein de sensiblerie et d'injonctions fraternitaires, qu'une culture du consensus et de la fusion brandit volontiers pour assommer les récalcitrants, n'est qu'une perversion lexicale et sémantique de la religion ancestrale.

    Serres ne l’a pas compris. Il ne pouvait le comprendre, car son fameux progrès lui a fait perdre l’intelligence des choses depuis les origines.

    Saint Paul, dans son Epître aux Corinthiens, reprenant le fil d’une Tradition très antique, synthétise les deux royaumes, les deux cités, en offrant une sagesse aux hommes qui ne peuvent se consacrer à l’abstinence, à ce qui constitue quand même le bien suprême, ici-bas, de la condition humaine, pour l’Eglise : la virginité (et cela, Serres omet de le rappeler). Or, Saint Paul propose une tâche exaltante à ceux qui veulent rester dans le Siècle : « …] chacun reçoit de Dieu son don particulier, l’un celui-ci, l’autre celui-là. » Dans le mariage, la Sainte Famille nous rappelle que nous devons vivre, dans le couple, comme des frères, comme des créatures de Dieu, affrontant ensemble les difficultés, partageant les bonheurs et les malheurs, et le mystère de la vie. C’est tout simplement ce que la tradition hindoue nomme le Dharma, le devoir cosmique qui soutient le monde, et ce que l’Eglise appelle la Charité, qui ne va pas, selon Saint Paul, sans quelque Grâce.

    Laquelle manque manifestement à Michel Serres.
    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com
  • Opération SERVAL au Mali : Le retour d'un art français de la guerre (IRSEM, note 1)

    THEATRUM BELLI vous présentera régulièrement des notes de l'IRSEM (Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire), plus précisément du domaine d'études "Nouveaux conflits" dirigé par le colonel Michel GOYA, concernant notre intervention au Mali. Voici la première qui met en perspectives historiques l'opération Serval. (Crédit photo : ECPAD, Sirpa Terre)

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    L’opération Serval, et dans une moindre mesure l’aide au Président Ouattara en avril 2011, consacre d’abord le retour à une forme classique d’intervention de la France, proche de celle que l’on connaissait durant la guerre froide.

    Légion 1er REC.jpgLa France a, par exemple, mené 14 opérations de guerre en Afrique de 1977 et 1980 qui ont toutes été des succès militaires qui témoignaient d’un savoir-faire spécifique reposant sur une chaîne de commandement rapide, un consensus sur cet emploi "discrétionnaire" des forces, des unités prépositionnées, des éléments en alerte et des moyens de transport et de frappe à distance. Ce système permettait à nos forces d’éteindre les incendies au plus tôt sans y consacrer beaucoup de moyens et sans rester sur place outre mesure. L’autorité politique n’étant pas inhibée par les pertes (33 soldats tués en mai-juin 1978 au Tchad et au Zaïre), elle s’immisçait peu dans les opérations. Celles-ci avaient donc de plus fortes chances de succès et, in fine, les pertes restaient limitées. 

    A côté de ces opérations rapides, l’engagement français au Tchad de 1969 à 1972 contre le Front de libération nationale (Frolinat) représente le meilleur exemple, sinon le seul, de contre-insurrection moderne réussie, dans un contexte proche de celui du Mali actuel. Avec un volume de forces équivalent à celui de l’opération Pamir en Afghanistan, les Français ont réussi en trois ans à rétablir la sécurité dans une zone dix fois plus peuplée que la province de Kapisa et deux fois plus grande que la France. Ce succès a reposé sur quelques principes simples : des objectifs limités puisqu’on on ne cherchait pas à faire du Tchad une démocratie avancée et prospère mais simplement à rétablir l’autorité de son Etat, une autonomie du théâtre par rapport à Paris, l’intégration des actions sous l’autorité de l’ambassadeur de France, l’application d’une véritable approche globale comprenant simultanément l’assistance à l’administration locale (par des militaires français) et aux forces de sécurité tchadiennes (avec 650 militaires français vivant au sein de ces forces pendant un an) et la lutte directe contre les forces rebelles par raids ou nomadisation. Le résultat fut indéniablement un succès, terme plus adéquat que celui de victoire car la résolution de ce type de conflits s’inscrit dans un temps politique long qui nécessite souvent plusieurs engagements militaires pour parvenir à son terme. La France s’est engagée à nouveau au Tchad en 1978 puis encore en 1983.

    Les opérations françaises ont commencé à perdre de leur efficacité lorsque l’autorité politique a nié la notion d’ennemi. On abandonnait alors la stratégie à l’adversaire tout en se contentant d’une simple mise en oeuvre de moyens sous forme de présence. Cela a commencé au Liban avec l’engagement dans la Force intérimaire des Nations-Unies au Liban (Finul) et la Force multinationale de sécurité à Beyrouth (FMSB). Cet engagement au Liban a coûté, à ce jour, la vie à 158 soldats français dont 92 dans les 18 mois d’existence de la FMSB. 

    La fin de la guerre froide et la nécessité d’en gérer les crises conséquentes a entraîné une dilatation du champ des opérations jusqu’à des endroits inconcevables quelques années plus tôt comme l’Irak, le Kurdistan ou le Cambodge. La dilatation fut aussi dans le volume des forces engagées avec un pic à plus de 20.000 hommes en 1990-1991 mais également dans le spectre des missions avec d’emblée le retour très inattendu de la guerre inter étatique, contre l’Irak. Ce temps des crises post-guerre froide, que l’on espérait provisoire, a coïncidé avec la nouvelle liberté d’action du Conseil de sécurité des Nations-Unies débarrassé du blocage du veto. Oubliant, le précédent du Liban, la France s’est pleinement engagée dans ces missions avec 10.000 hommes "sous casques bleus" au début des années 1990 et très rapidement des pertes conséquentes à chaque fois que ces ennemis que l’on niait sont réapparus. C’est ainsi que 55 autres soldats sont tombés de 1992 à 1995 en Ex-Yougoslavie. Ces échecs cinglants des missions d’interposition n’ont pourtant pas empêché la France de réitérer encore en République de Côte d’Ivoire, de 2002 à 2010, pour y perdre 27 hommes, sans parler des souffrances imposées à la population française expatriée dans ce pays.

    Les Américains se sont les premiers détournés de ce mode d’action stérile et ont imposé dès 1995 une conception plus saine de l’emploi de la force armée. On s’aperçut alors que les adversaires qui nous humiliaient étaient souvent bien plus faibles que nous l’imaginions. 

    Après une paix imposée par quelques frappes, la sécurité en Bosnie puis au Kosovo fut assurée par l’étouffement de territoires grands comme quelques départements par des forces coalisées de plusieurs dizaines de milliers d’hommes. Cette séquence balkanique était plus efficace que la précédente mais elle introduisait plusieurs illusions comme la possibilité de gagner une guerre par des feux à distance, l’idée que l’on pouvait atteindre un objectif par la simple présence de troupes nombreuses pendant longtemps et la nécessité d’agir forcément en coalition. Alors que nous théorisions sur cette séquence brève coercition-longue stabilisation, les Américains en refusaient la seconde étape (ou plutôt la laissait aux Européens). 

    Cette dichotomie s’est retrouvée en Afghanistan dans le découplage en deux opérations d’inspiration opposées mais entravées par plusieurs facteurs comme l’alliance avec les seigneurs de la guerre, le sanctuaire pakistanais ou simplement les dimensions du théâtre bien supérieures à celles des Balkans, elles furent un échec. Non seulement l’ennemi ne cédait pas

    mais il se réorganisait pour mener une campagne au milieu des populations. Le passage au combat de contre-insurrection fut difficile. Les problèmes des opérations multinationales apparurent alors au grand jour : schizophrénie des membres de la coalition qui poursuivent à la fois des objectifs nationaux propres et des objectifs communs, imposition des méthodes du meneur de la coalition. Cette nouvelle campagne française de contre-insurrection, dans un contexte aussi contraint, fut moins efficace celle du Tchad. 

    L’intervention en Libye en 2011 fut un autre révélateur des entraves qui pèsent sur l’emploi efficace des forces armées : délais imposées par le dogme de la légitimité du mandat des Nations-Unies qui permettent à l’ennemi de se renforcer et contraignent l’action au plus petit dénominateur stratégique commun, refus de l’engagement au sol, ralentissement par le travail en coalition et dépendance matérielle des Etats-Unis. Au bilan, il aura fallu dix mois à la plus puissance coalition militaire de l’histoire, créée pour stopper en quelques jours pour stopper une offensive massive du Pacte de Varsovie, pour venir à bout d’un dictateur et de sa milice. La spirale de l’inefficience militaire a finalement atteint son point bas avec la conquête du Nord-Mali en avril 2012 par les indépendantistes et les djihadistes puisqu’on y a pu constater simultanément l’échec de l’approche indirecte américaine (l’armée malienne qui s’est si rapidement effondrée avait fait l’objet de tous les soins d’AFRICOM) et la stérilité des solutions africaines. Après quinze années de renforcement de capacités africaines de maintien de la paix, il aurait fallu, sans l’offensive djihadiste, pratiquement une année complète pour réunir-former-équiper-motiver l’équivalent d’une brigade légère interafricaine capable de prendre la relève, ce qui aurait sans doute constitué la projection de force la moins dynamique

    de l’Histoire. Il est vrai que cette projection avait encore été ralentie par l’implication européenne, autre diviseur d’efficacité opérationnelle tant les cultures militaires (si on peut encore parler de culture militaire pour certains Etats et institutions supranationales) des membres de la Politique commune de sécurité et de défense (PCSD) sont différentes. 

    Il aura donc ainsi fallu aller jusqu’au bout d’un processus et son grippage pour stimuler l’audace des Djihadistes et, au bout du compte, ne laisser plus d’autre choix que de revenir aux classiques de l’intervention « à la française » et d’entrer dans une nouvelle ère des interventions.

    IRSEM "Nouveaux conflits" (Note 1)

    http://www.theatrum-belli.com

  • Présentation de l'entretien du 7 janvier 2013 sur "la culture de mort" réalisé avec André Frament de l'AFS.

    I. Présentation de l'AFS et d'André Frament :


    André Frament - Présentation de l'AFS et de sa... par Floriano75011

    II. La Théorie du « genre » ou « gender » :


    André Frament - Théorie du "genre" (avec... par Floriano75011

    III. L'homosexualité :


    André Frament - Théorie du "genre" (avec... par Floriano75011

    IV. L'avortement :


    André Frament - Homosexualité (avec Florian... par Floriano75011

    IV. L'avortement :


    André Frament - Avortement (avec Florian Rouanet) par Floriano75011

    V. L'euthanasie :


    André Frament - Euthanasie (avec Florian Rouanet) par Floriano75011
    VI. La conclusion :


    André Frament - Conclusions (avec Florian Rouanet) par Floriano75011

    Merci Florian

  • Le PS malade de la gauche de sa gauche

    Est-il permis, quand on est communiste, de se payer la tête du président socialiste de la République ? Ce n'est pas l'avis du premier secrétaire du PS : le rose Désir a vu rouge, mais ses trépignements n'émeuvent personne.
    Les vœux de François Hollande ont provoqué quelques ricanements, qui celaient mal les grincements de dents. Il est logique, dira-t-on, qu'en ces temps de crise (que l'orateur présidentiel assurait pourtant derrière nous...), les Français ne soient pas, dans leur totalité, et notamment à droite, satisfaits du travail accompli par François Hollande depuis son arrivée à l’Élysée.
    Mais la réalité veut que ce soit à la gauche du gouvernement que l'on renâcle le plus. Pour tout dire, le torchon brûle entre le Parti socialiste et ses partenaires, dont on constate chaque jour davantage que le soutien, l'année dernière, au candidat socialiste n'avait pour seul but que de contrer les prétentions de Nicolas Sarkozy à un second mandat.
    Le Parti communiste vient ainsi de commettre une vidéo parodique de vœux présidentiels, en ponctuant d'éclats de rires chacun des thèmes ou actions abordés, au gré des discours, où il estime que François Hollande a failli ou menti.
    Harlem Désir s'en étrangle de rage...
    Mise en ligne le 26 décembre, cette vidéo de quelque trois minutes revisite les principales promesses oubliées du candidat Hollande. Culture, traité budgétaire européen, santé, droit de vote des étrangers, TVA... Voilà autant de sujets que, à gauche du pouvoir, on suspecte - voire on dénonce - le président d'avoir oublié qu'ils faisaient parti du dossier de campagne du candidat.
    « 1500 emplois détruits chaque jour, ça nous fait pas rire. À toutes et à tous, une bonne année de luttes. » Telle est, au terme de cette rapide vidéo, l'accusation pointée contre les premiers mois du quinquennat socialiste.
    Harlem Désir s'en est étranglé de rage... Dans un communiqué, le patron de la rue de Solferino dénonce un clip « de mauvaise foi, mensonger et caricatural » et « une faute contre la gauche ». Parce qu'il « ignore délibérément l'action menée depuis 8 mois au service des Français ».
    Et le premier secrétaire de dénoncer certain vote du PCF avec la droite, une attitude dangereuse pour l'unité de la gauche, et même une guerre que les communistes mèneraient contre la gauche...
    Le président du Parti radical de gauche, Jean-Michel Baylet, a fait chorus qui estime que les communistes « sont clairement dans l'opposition », et que « le communisme, c'est terminé » !
    Nouvel éclat de rire au PCF. Son porte-parole, Olivier Dartigolles, a dénoncé la vigueur de cette réaction, qu'il estime « totalement disproportionnée ». Soulignant que la vidéo avait connu quelque 200000 visites dès les deux premiers jours, il conclut sur un cinglant : « Mieux vaut user aujourd'hui d'un droit de critique, qu'être contraint à un devoir d'inventaire dans 5 ans. »
    Merluche a le culot de parler « d'un ton arrogant »...
    « Les invectives du premier secrétaire contre le clip expriment une exigence de soumission et de censure totalement inacceptable », renchérit pour sa part Jean-Luc Mélenchon, en appelant Harlem Désir à la retenue, plutôt qu'au « ton arrogant et sectaire avec lequel le PS croit possible de traiter les partis de notre gauche ». Et en l'invitant, à propos du clip, à « se demander quelle part de vérité si évidente il contient pour que tout le monde rie de si bon cœur ».
    En pratique, le Front de Gauche a déclaré vouloir mener en 2013 une grande campagne contre les politiques d'austérité du gouvernement. Les sénateurs communistes ont d'ailleurs déjà rejeté, ces dernières semaines, l'ensemble des textes budgétaires soumis au Parlement.
    On pourrait multiplier les exemples (dont certains ont déjà été abordés ces derniers mois dans nos colonnes) de l'irritation de la gauche de la gauche contre François Hollande et son gouvernement. Les syndicalistes, par exemple, s'inquiètent des accords conclus par le gouvernement avec ArcelorMittal. Le front de Gauche ne cesse de rappeler que le candidat Hollande avait promis de renégocier le traité budgétaire européen, qu'il s'est empressé, en définitive, et contre un hypothétique bonus, de ratifier. Et les Verts ne cessent de pointer du doigt le projet d'aéroport à Notre-Dame des Landes que Jean-Marc Ayrault, qui n'y était pas parvenu depuis Nantes, entend imposer depuis Matignon. Etc.
    Certes, il est douteux que cette opposition interne aille jusqu'à la rupture. Ne serait-ce que parce que communistes, écologistes ou autres ne peuvent que très rarement espérer se maintenir aux élections locales sans, voire contre, le Parti socialiste. Et que cette donnée se double d'une dimension financière dont ils ne sauraient se passer.
    Reste un élément que le pouvoir aurait tort d'ignorer. Selon les derniers sondages, 75 % des Français sont sceptiques, notamment quant au pari présidentiel d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année. Et ils sont même 53 % parmi les sympathisants socialistes...
    François Hollande pense-t-il sérieusement que rallumer les feux de l'anti-cléricalisme et promettre un ersatz de mariage aux homosexuels suffira à les rassurer ?
    Olivier Figueras monde & vie 15 janvier 2013

  • Nice : Bruno Gollnisch tête de liste pour le FN pour les élections de 2014 ?

    Nice : Bruno Gollnisch tête de liste pour le FN pour les élections de 2014 ?

    NICE (NOVOpress) – Décidément, il se passe quelque chose chaque dernier jour dans la baie des Anges. Après la relaxe en appel de Jacques Peyrat qui lui ouvre de nouvelles perspectives pour les élections municipales, et Nissa Rebela qui évoquera demain ces dites élections lors de sa galette des rois, c”est au tour du Front national de faire parler de lui pour la conquête de l’hôtel de ville en 2014.

    En effet, selon le Nouvel Observateur, Bruno Gollnisch serait envoyé par le FN à Nice pour les municipales. « C’est le joker du FN dans une ville naguère dirigée par l’ex-frontriste Jacques Peyrat: le parti de Marine Le Pen pourrait parachuter le député européen Bruno Gollnisch aux prochaines municipales à Nice face à l’UMP Christian Estrosi. “Il y a un coup à jouer”, estime un cadre. “Avec une gauche laminée, Gollnisch peut faire plus de 20% et se retrouver au second tour.” » Ce à quoi Bruno Gollnsich a répondu « réfléchir au “challenge” mais ne donnera pas sa réponse “avant un mois”. Il hésite aussi à se présenter à Hyères, où il était candidat aux législatives de juin dernier. », toujours selon le Nouvel Observateur.

    Une nouvelle donne au sein de l’opposition de droite à Christian Estrosi qui semble avoir fait fait une première victime. En effet, Gaël Nofri passerait par pertes et profit.

    La réaction de Philippe Vardon

    Cette annonce de l’éventuelle candidature de Bruno Gollnisch a fait réagir Philippe Vardon :  « Le Nouvel Observateur, dans un article de ce jour, fait état d’une éventuelle candidature de Bruno Gollnisch (député européen et responsable de premier plan du Front National) à Nice. L’information semble confirmée par le principal intéressé, qui réserve pour le moment sa réponse.

    Ce nouvel élément démontre tout d’abord que le FN hésite encore sur la personnalité de son candidat aux élections municipales niçoises. 

    Si nous sommes rarement enthousiastes concernant les parachutages de ce type, Bruno Gollnisch apparait cependant comme une personnalité d’une envergure et d’une expérience certaines. Par ailleurs, il a à de nombreuses reprises témoigné de son engagement en faveur du rassemblement du camp anti-mondialiste. Nous n’oublions pas non plus que dans son livre-programme (publié lors des élections internes au FN) il avait accordé une intention particulière au Pays Niçois dans le cadre de ses réflexions sur les identités et libertés locales.

    Nous restons attentifs à toutes les évolutions, et quoi qu’il en soit, continuons d’œuvrer dans le sens du plus large rassemblement possible face à Christian Estrosi.

    Philippe Vardon répondra à toutes les questions au sujet des prochaines échéances municipales ce vendredi à 19 heures lors de la galette des rois de Nissa Rebela et de la présentation de ses vœux à la presse et aux militants (au Bastioun 9 rue Ribotti 06 300 Nice). »

    Crédit photo : Kenji-Baptiste OIKAWA via Wikipédia (cc).

    http://fr.novopress.info

  • Allemagne : un homme de gauche contre l’islamisme

    BERLIN (NOVOPress) - C’est l’histoire d’un homme qui avait passé toute sa vie dans le politiquement correct le plus irréprochable et qui, tout d’un coup, bien malgré lui, bascule dans le camp des méchants. Daniel Krause (ci-dessus), 32 ans, docteur en sociologie, était professeur de sciences politiques dans un lycée de Dortmund. Il se définissait comme un homme de gauche, votant pour les Verts, homosexuel déclaré, militant de la cause animale. C’était un habitué des manifestations « antifascistes ». Rien que de hautement respectable.

    Las, en juin 2012, Daniel Krause est allé manifester à Cologne contre un grand rassemblement salafiste (baptisé poétiquement « Premier Congrès islamique de la paix »). La manifestation était organisée par le mouvement citoyen Pro NRW / Pro Köln, « contre l’islamisation de l’Allemagne ». Les participants étaient très peu nombreux : quelques dizaines en face de trois cents salafistes. Daniel Krause a pris la parole – selon lui, quelqu’un lui a tout simplement tendu un porte-voix et il a improvisé un petit discours.

    Il a déclaré qu’il était de gauche, qu’il n’était pas électeur de Pro NRW, mais que « comme homosexuel déclaré, il avait plus peur en Allemagne des islamistes que des nazis ». « J’ai été si souvent menacé par des islamistes, a-t-il expliqué. Les parents islamistes veulent influencer l’enseignement dans les écoles, comme professeur, je peux souvent le dire. Mon expérience est que l’islamisme est le plus grand danger, alors que l’extrémisme de droite est ce que tout le monde combat aveuglément, sans réfléchir ».

    La vidéo de la manifestation a été publiée sur internet. Daniel Krause a été reconnu et dénoncé par le site « antifasciste » Indymedia, qui a publié sa biographie complète, ses coordonnées et même une photo de classe avec ses élèves. La presse s’est immédiatement emparée de l’affaire. Trois jours après, Daniel Krause était suspendu de son enseignement, tandis qu’une procédure disciplinaire était lancée contre lui. Celle-ci a finalement été abandonnée mais le professeur, qui a reçu de nombreuses menaces de mort et a dû vivre dans la clandestinité (« je ne pouvais plus sortir dans la rue ni aller travailler », raconte-t-il), n’a toujours pas pu reprendre son enseignement.

    Daniel Krause a pendant ce temps écrit un livre, à paraître en mars : Comme homme de gauche contre l’islamisme. Un professeur gay montre du courage. Dans deux interviews, à la Preussische Allgemeine Zeitung lundi dernier, et aujourd’hui au Citizen Times, il a expliqué sa démarche.

    Pour lui, « l’islamisme est le troisième grand mouvement totalitaire après le national-socialisme et le communisme. L’islamisme est aujourd’hui à l’offensive dans le monde entier. De plus en plus de jeunes, allemands comme immigrés, tombent dans cette idéologie qui méprise la dignité humaine ».

    Contre l’islamisme, il se réclame des « valeurs de gauche » que sont « l’égalité des droits entre homme et femmes, entre homosexuels et hétérosexuels, l’absence de violence dans l’éducation des enfants, et la séparation de l’État et de la religion ». Il se dit « reconnaissant à la génération de mai 68, qui a établi ces valeurs de gauche en Allemagne ». « C’est à ces valeurs que je dois, en tant qu’homosexuel, de pouvoir vivre aujourd’hui dans l’égalité des droits. Je ressens donc comme une préoccupation “de gauche” le fait de m’engager pour défendre notre société moderne et contre l’islamisme. Je m’appuie aussi sur mes expériences d’homme de gauche pour montrer les contradictions de la gauche. Nous trahissons les valeurs que nous avons conquises avec peine, nous les livrons à nos pires ennemis et nous louons même ceux-ci comme “un enrichissement multiculturel” ».

    Daniel Krause dénonce particulièrement ceux qui prétendent parler au nom des homosexuels. « Le Vert gay Volker Beck [député au Bundestag, porte-parole pendant des années de l’association allemande des gays et lesbiennes, N.d.N.] appelle régulièrement à des manifestations contre l’Église catholique. Lors de la visite du Pape à Berlin [en septembre 2011], 10.000 personnes ont ainsi manifesté contre l’homophobie au Vatican. Mais quand 5.000 islamistes homophobes et en plus prêts à la violence tiennent leurs congrès ici, Volker Beck se tait. »

    Daniel Krause s’attend du reste à ce que l’islam tienne de plus en plus de place dans la vie politique allemande, en commençant par les élections de cette année. « Les musulmans sont devenus pour les grands partis une importante clientèle électorale ».

    En face, il ne croit pas à une alliance entre « critiques de l’islam » de droite et de gauche, du moins en Allemagne. Selon lui, Pro Köln « grouille de nazis camouflés et dégoûtants, même si on ne s’en aperçoit pas au premier coup d’œil ». « Les critiques de droite, ou chrétiens conservateurs, de l’islam se servent d’une religion contre l’autre. Ils diabolisent souvent l’Islam, tandis qu’ils font l’apologie unilatérale du christianisme. Je trouve cela intolérant. Un homme de gauche est équilibré. Je critique aussi régulièrement le Pape. Le Coran et la Bible sont au même titre misogynes et homophobes ».

    L’idéal de Daniel Krause est aux Pays-Bas, en la personne de Geert Wilders qui « continue la ligne de Pim Fortuyn. Il défend les droits des femmes et des gays contre l’Islam, sans faire l’apologie du christianisme. Avec Wilders, quelqu’un de gauche peut coopérer ». « L’Allemagne a à apprendre de la Hollande. Nous devons ici aussi défendre la tolérance occidentale contre l’intolérance islamiste ».

    http://fr.novopress.info

  • Nettoyer tout le pays en un jour ? Faisons-le !

    Le mouvement Let’s Do It, World! est né dans un petit pays du nord de l’Europe, l’Estonie, où 50.000 personnes – soit 4% de la population totale – se sont réunies un 03 mai 2008 pour nettoyer en cinq heures de temps 10.000 tonnes de déchets sauvages et illégaux répartis sur tout le pays.

    Chaque pays organise une journée entre mars et septembre pour nettoyer les décharges illégales dans la nature à l’aide de milliers de volontaires et de bénévoles, de partenaires publics et privés, d’associations ou ONG.

    Cette année, plus que 80 pays se sont mobilisés pour récurer la planète et venir à bout des ordures sauvages. Ainsi 3 millions de volontaires et 67.000 tonnes de déchets ont été récoltées.

    Alors, ça vous tente ? Faisons-le, France!

    L’opération française a eut lieu le 19 octobre 2012. Bilan: 9200 volontaires et 342 tonnes de déchets ramassées. Le prochain rendez-vous est fixé au 15 Septembre.

    http://fortune.fdesouche.com

  • Prise d’otages en Algérie : Belmokhtar veut échanger les otages américains et négocier la fin de la guerre au Mali

    Addendum 18/01/13

    - Qui est Mokhtar Belmokhtar ?

    - Une vidéo des otages algériens et étrangers libérés


    Addendum 17/01/13

    Un Français parmi les activistes tués :
    Selon Reuters qui cite une source de sécurité algérienne, au moins onze activistes ont été tués dans l’assaut de l’armée algérienne, parmi lesquels figure un Français. Le Figaro

    - Au moins 30 otages auraient péri durant l’assaut, parmi lesquels 8 Algériens, 2 Japonais, 2 Britanniques, et 1 Français, selon une source algérienne citée par Reuters.

    - Parmi les 11 islamistes tués figurent 3 Égyptiens, 2 Algériens, 2 Tunisiens, 2 Libyens, 1 Français et 1 Malien, toujours d’après la même source. France 24

    http://www.fdesouche.com

  • Les nœuds coulants d’un simulacre de justice

    « L’exécution de Saddam Hussein est une faute politique majeure, a écrit avec raison, Robert Badinter… cette exécution précipitée a prévenu une condamnation pour les crimes majeurs contre l’humanité ».

    En réalité, c’est plutôt un tour de passe-passe qui relève de la haute politique internationale dans la mesure où il escamote les responsabilités occidentales dans bien des comportements reprochés à Saddam Hussein.

    A cet égard, la parodie de ce procès a été conduite intelligemment : ne juger le personnage que sur le massacre de quelque 150 villageois à la suite d’un attentat manqué dont Saddam Hussein devait être la cible, affaire strictement irako-irakienne permettant d’écarter toutes les interventions  étrangères du passé à commencer par celles de la puissance occupante.

     

    Précipiter l’exécution présentait l’avantage de permettre aux dirigeants chiites d’assouvir, à coup sûr, leur vengeance, devançant par exemple un très hypothétique soulèvement populaire (sunnite) qui eût tenté de libérer le Raïs. (Quoique si pareille menace avait été matérialisée les gardiens de Saddam Hussein devaient avoir la consigne de mettre fin à ses jours).

    Ainsi que le constatait Robert Badinter : … « Jamais Saddam Hussein n’aura été condamné pour ses crimes majeurs contre l’humanité ». C’est qu’il y eut de nombreux « pousse-au-crime » et qu’ils préfèrent demeurer dans l’ombre.
    Longue est l’énumération des comportements jugés inadmissibles et des crimes majeurs « reprochés à Saddam Hussein. Essentiellement ceux-ci :
    -Violences et meurtres pour affermir son pouvoir-Faire de l’Irak une puissance militaire (Saddam Hussein ayant compris que, riche en énergies fossiles, l’Irak devait avoir les moyens de défendre ses ressources nationales contre les prédateurs).
    -Quête d’armements de destruction massive.
    -Guerre contre l’Iran.
    -Recours aux gaz asphyxiants contre les populations chiites favorables à l’ennemi iranien (massacre d’Halabja en 1988).

    -Répression implacable du soulèvement chiite au sud de l’Irak (1991) à la suite de l’invasion du Koweït et de l’intervention armée des Etats-Unis et de leurs alliés.

    -Détournement des fonds fournis par le programme de l’ONU : « Pétrole contre nourriture » ….

    Ce réquisitoire incitant à quelques éclaircissements :

    A) Un pouvoir assuré par la violence.
    C’est dans un milieu où régnaient la trahison et la violence que Saddam Hussein accéda au pouvoir. Il faut rappeler qu’après la victoire des Alliés, en 1918, l’Irak passa de la domination des Turcs à celles des Britanniques, par souverain affidé interposé : le roi Fayçal 1er. Les partisans de l’indépendance, les Kurdes, les Sunnites, les Chiites, les pro-occidentaux et les Communistes, les zélateurs et les adversaires du nassérisme, vont s’affronter en coups d’Etat, émeutes, assassinats, tueries collectives. La Seconde Guerre mondiale ajouta une nouvelle cause de discorde avec l’intervention des Soviétiques soutenant la rébellion kurde.
    En 1948, Londres avait imposé à Bagdad la signature du traité de Portsmouth qui confirmait « l’indépendance » de l’Irak mais perpétuait le contrôle de Londres. D’où soulèvement populaire et répression. Durant la décennie 1948-1958 une vingtaine de ministères se sont succédé au pouvoir à Bagdad. Le 14 juillet 1958, la population renversa la monarchie, le premier ministre probritannique Nouri Saïd est assassiné, sa dépouille mise en lambeaux. Meneur de l’insurrection le colonel Aref est arrêté et condamné à mort, le général Kassem croyant régner sans partage. Accédant au pouvoir par le coup d’Etat du 8 février 1963, le parti socialiste bassiste élimina physiquement les opposants. Mais une nouvelle révolution porta Abd Al Salam Aref au pouvoir. Tué dans un « accident » d’hélicoptère, son frère lui succéda. On évoquera par la suite le régime de « bain de sang » des frères Aref.

    Et c’est en 1968 qu’un autre coup d’Etat porta les officiers bassistes au pouvoir : Al Bakr, Saddam Hussein et le clan des Takriti.
    Ahmed Hassan al Bakr et Saddam Hussein

     Tel a été le contexte historique. Il explique le comportement de Saddam Hussein persuadé qu’une implacable sévérité peut, seule, maintenir l’unité du pays, la paix intérieure et l’exploitation du profit de l’Irak, de ses ressources naturelles. Le monde occidental, mais aussi l’Union Soviétique et la Chine s’accommodèrent de pareilles ambitions comme des procédés utilisés pour atteindre ses objectifs. C’est qu’il était possible de tirer profit d’une telle politique. Elle ne commença à être critiquable que lorsque Saddam Hussein, faisant preuve d’un nationalisme jugé excessif, décida d’avantager son pays dans le commerce des richesses de son sous-sol.

    • Armement (conventionnel de l’Irak).

    Consacrant une part importante de la rente pétrolière à l’achat d’armements traditionnels (canons, chars d’assaut, avions, engins offensifs et défensifs) Bagdad attira les démarcheurs de tous les pays ayant une industrie d’armement ou plus modestement, produisant des équipements militaires.
    Chronologiquement, l’Union Soviétique figura en tête du palmarès des fournisseurs d’armements. Dès 1958, et pour quelques 25 milliards de dollars, l’URSS équipa la quasi-totalité des nouvelles forces armées irakiennes. (En 1959, un accord de coopérations nucléaires scellait l’entente irako-soviétique, Moscou fournissant un réacteur nucléaire qui serait monté à Tuwaitha, près de Bagdad. En 1978, les Soviétiques portèrent même sa puissance de 2 à 5 mégawatts thermiques).

    C’est ainsi qu’avec l’URSS et la France, la Chine, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Tchécoslovaquie, l’Espagne, l’Italie, le Brésil et même l’Egypte, conclurent des marchés d’armement avec Bagdad, l’Irak se trouvant en mesure d’aligner 7 Divisions blindées, 6 Divisions de la Garde Républicaine, près de 600 chars d’assaut, 500 hélicoptères de combat, 680 avions de défense et d’attaque.

    Outre l’appât du gain et un ravitaillement assuré en pétrole, y avait-il un dessein politique derrière cet empressement à armer l’Irak ? Sans doute créer en milieu arabe – important énergétiquement et stratégiquement – un Etat puissant, capable d’y établir un ordre nouveau, voisin du marxisme, pour l’URSS et affichant un socialisme laïque de bon aloi, pour les Occidentaux. Ainsi, les puissances qui détenaient la force et celles qui entendent dire le droit s’accordaient à armer Bagdad.

    C) Quête par l’Irak, d’armes de destruction massive, à commencer par les armes atomiques.
    L’Allemagne a fourni à l’Irak les équipements des usines chimiques de Samarra et de Fallujda. Der Spiegel a révélé qu’une firme de Hambourg avait acheminé outillages et produits chimiques destinés à la production de gaz toxique. Près de 90 firmes allemandes ont livré à l’Irak armes et produits chimiques destinés à l’armement. De son côté la Belgique vendit 500 tonnes de thiodiglycol, ingrédient permettant de fabriquer de l’ypérite.

    En janvier 1980, le Brésil signa un accord de coopération nucléaire –à des fins civiles officiellement – avec l’Irak. Les entreprises brésiliennes Avibras et Orbita avaient étudié les fusées destinées à l’étude de l’atmosphère mais aisément convertibles en missiles balistiques. Quant à l’Argentine, elle bénéficia d’un financement irakien pour mettre au point sa fusée Condor II et former des techniciens irakiens.

    L’Italie vendit à l’Irak une usine pilote pour la fabrication du combustible des réacteurs à eau pressurisée tandis que les Etats-Unis fournissaient les ordinateurs nécessaires à l’équipement du Centre de Recherche irakien Saad 16. Pour sa part l’Espagne a exporté en Irak des projectiles chargés de gaz toxique (utilisés ultérieurement contre les Iraniens et les Kurdes). La société belge Sybetra filiale de la Société Générale fut chargée de construire un centre d’extraction et de traitement des phosphates, dans le nord-ouest irakien afin d’alimenter deux complexes chimiques produisant de l’acide phosphorique qui entre dans la composition du gaz toxique tabun. Ce sont encore les Belges, les sociétés Mechim et Wutz qui reçurent la mission de construire une usine de traitement des phosphates afin d’en extraire de l’uranium naturel.

    Se tournant vers Moscou, Bagdad avait demandé, en 1974, une assistance scientifique permettant la maîtrise, sous toutes ses formes, de l’énergie nucléaire. Le Kremlin refusa de s’engager plus avant. Paris s’empressa de répondre à l’attente des Irakiens. Sur instruction de Giscard d’Estaing, le ministre de l’Industrie, Michel d’Ornano proposa de livrer à l’Irak la réplique d’une centrale nucléaire installée à Saclay, centrale qui fonctionnait à l’uranium 235 « enrichi » (93 %) et c’est ainsi qu’Osiris devint Osirak.

    Paris livrerait l’uranium nécessaire et formerait les scientifiques et techniciens irakiens. Invité à l’Elysée, en septembre 1975, le vice président irakien ne put s’empêcher de déclarer à un journal libanais que … « l’accord conclu avec la France était le premier pas concret vers la production de l’arme atomique arabe ». Et le premier ministre, Jacques Chirac, fit visiter les installations nucléaires de la vallée du Rhône et traita fastueusement son ami Saddam Hussein à Baumanière, aux Baux de Provence. La France venait d’engager l’Irak dans la voie de l’énergie nucléaire, et, indirectement, sous toutes ses formes. Un accord fut signé le 18 novembre 1975 selon lequel, initialement, la France fournirait deux réacteurs : Osirak (Tammouz 1) et Isis (Tammouz 2) de moindre puissance et une filiale du Commissariat à l’énergie atomique recevrait 1,45 milliard de francs pour l’édification, à Bagdad, d’un Centre de recherches nucléaires. Consommant environ 10 tonnes d’uranium naturel par an Osirak  pourrait produire, annuellement, 7 à 10 kilos de plutonium militairement utilisable.

    Le gouvernement d’Etat d’Israël protesta. Paris répondit que l’Irak ayant signé le traité de non prolifération, la collaboration nucléaire avec Bagdad n’était pas interdite.
    Peu convaincu l’Etat d’Israël décida d’intervenir. Soucieux de ne pas gêner la campagne électorale de François Mitterrand, et sans doute avec son accord, les Israéliens, avec 8 avions F 16 protégés sur leur parcours par six F 15, détruisirent le site de Tuwaitha, tuant un scientifique français. Mais, au début de 1982, François Mitterrand proposa à Saddam Hussein de reconstruire à l’identique – moyennant finances, bien sûr – les réacteurs Tammouz.

    Poursuivi, le procès de Saddam Hussein eût probablement conduit les avocats de la défense à évoquer l’implication de la France dans l’armement atomique de l’Irak. Et pas à l’avantage de notre pays.

    C) Guerre Irak-Iran

    Saddam Hussein a été coupable du déclenchement des hostilités contre l’Iran. Dénonçant les accords d’Alger relatifs au partage du Chatt al Arab, il mobilisa toutes ses forces armées contre celles de Téhéran.

    Un « fauteur de guerre » et une guerre qui fit plus d’un million de morts.

    C’est une fois encore escamoter le contexte ; les événements survenus en Irak à partir de la fin des années 70 ont été déterminants. L’ayatollah Khomeini, d’abord en Iran, puis en France où Giscard d’Estaing l’accueillit, en octobre 1978, prêchait la révolte et le renversement du Chah et du régime politique qu’il avait instauré (modernisation du pays, réforme agraire, avancées sociales, démarches sans doute prématurées). Après des mois de manifestations, d’émeutes, de rude répression, le Chah se réfugia en Egypte, gagna le Maroc et les Etats-Unis finalement l’Egypte où il meurt le 27 juillet 1979.

    En avril la République islamique d’Iran avait été proclamée et Khomeini entreprit de réaliser un vaste programme de nationalisation peu apprécié à l’extérieur. A l’intérieur régnait l’instabilité due aux querelles religieuses et sociales. En novembre 1979 les étudiants firent irruption dans l’ambassade des Etats-Unis et y prirent 90 otages dont 60 de nationalité américaine.

    On comprend aisément que les diplomaties occidentales, à la remorque de Washington, aient fait pression sur Bagdad pour que celui-ci s’attaque à l’Iran. Fournisseurs d’armes, ils avaient beaucoup à gagner. Même l’URSS qui, ravitailla à la fois les armées irakiennes et les formations armées iraniennes. Paris prit parti pour l’Irak, le gouvernement Mauroy allant jusqu’à prélever des avions Super Etendard sur les modestes disponibilités de l’Aéronavale pour les prêter à l’Irak afin d’attaquer le trafic maritime iranien à l’aide des engins Exocet que pouvaient lancer ces avions. Et si, en mars 1985, le bombardement au gaz toxique de la population kurde d’Halabja suscita un malaise dans les relations Paris-Bagdad, celui-ci fut vite surmonté, M. Roland Dumas recevant chaleureusement le 16 mars, M. Tarek Aziz au Quai d’Orsay, les ventes d’armes à l’Irak n’étant pas interrompues.

    Devant de tels témoignages de soutien, il est normal que Saddam Hussein, champion d’un certain socialisme laïque, ait estimé qu’il pourrait spéculer sur l’assistance des puissances occidentales auxquelles, indirectement dans le cas de conflit avec l’Iran, il rendait un éminent service.

     D) Invasion du Koweït.
    Ce fut là une impardonnable atteinte à l’ordre   international. Pareille agression devait être sévèrement condamnée. Mais le contexte explique –sans l’excuser un tel acte. Voici les faits :
    -En 1984, Ronald Reagan avait signé une directive présidentielle secrète précisant que l’Irak ayant pris l’initiative d’engager des hostilités contre l’Iran, il était de l’intérêt des Etats-Unis qu’il en sorte vainqueur, car à tout prix, il fallait éviter que l’Iran domine la zone du Golfe. Il fallait que les Alliés aident Bagdad dans son combat contre l’intégrisme religieux, à l’iranienne, - directive visant « la nécessaire amélioration des relations avec l’Irak et l’extension  de la coopération avec ce pays ».

    -Alors qu’à Genève allait débuter une importante conférence de l’OPEP, le 25 juillet 1990, l’ambassadeur des Etats-Unis, Mme Avril Glaspie fut reçue par Saddam Hussein.

    Mme Glaspie, prudente, répondit que … « Les Etats-Unis n’avaient pas d’opinion sur les conflits interarabes tels que les désaccords quant à la frontière du Koweït… en revanche les efforts extraordinaires déployés par Bagdad pour reconstruire l’Irak étaient appréciés aux Etats-Unis ».

    Le 31 juillet Mme Tutwiller, porte-parole du Secrétaire d’Etat et l’adjoint de M. J. Baker pour les questions du Proche-Orient M. John Kelly déclarèrent lors d’une conférence de presse que … « si le Koweït ou les Emirats Unis étaient attaqués par l’Irak, les Etats-Unis n’étaient pas tenus de leur porter secours ». Jusqu’au 2 août Washington entendait entretenir de bonnes relations avec Bagdad et le laisser agir conformément à ses intérêts. Etait-ce un piège ?  Ou une divagation verbale des représentants du Département de l’Etat ? Si le procès avait été mené à terme, les avocats de Saddam Hussein auraient eu beau jeu d’évoquer le piège, voire l’encouragement donné à Saddam Hussein comme il avait été encouragé à s’en prendre à l’Iran dix ans plus tôt. En faveur de l’hypothèse du piège, lisons la Pravda : …
    Les Etats-Unis agissent au nom de la défense des victimes de l’agression. Mais il serait naïf de croire qu’ils avaient seulement des buts altruistes. Les intérêts réels de Washington reposent sur l’aide à l’Arabie Séoudite, mais avant tout sur le pétrole… ».
    Aussi la parodie du procès de Saddam Hussein apparaît-elle être la manifestation de la vengeance : celle des Chiites contre les Sunnites. Alors tribunal international ? Ses membres, ressortissants des pays qui poussèrent au crime Saddam Hussein auraient fait preuve d’impartialité pour blanchir leurs gouvernements respectifs. La « justice » ne peut être que celle qui convient aux plus forts. »

    Pierre-Marie Gallois http://www.lesmanantsduroi.com