Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 34

  • SYNDICATS OU LE MAMMOUTH À PLUSIEURS TÊTES

    Les syndicats sont habituellement et abusivement partout dans la vie nationale. Ils se prétendent comme les forces vives de la nation, alors qu'ils en sont les branches mortes. Les voici récemment en pleine lumière à la faveur de la négociation voulue par François Hollande entre les partenaires sociaux, qui a abouti le 11 janvier.
    Le titre même de l'accord est une cacophonie interne ; il organise la flexi-sécurité, à savoir un mélange de flexibilité du travail et de sécurité pour les travailleurs. La meilleure sécurité pour les travailleurs est bien la flexibilité du travail qui permet aux employeurs de traverser les risques et les chances des conjonctures variables ; ce raisonnement n'est pas admis par les syndicats, prisonniers de leur idéologie anti patronale.
    Le résultat de la négociation est édifiant. Assouplissement des plans de sauvegarde de l'emploi (PSE), accélération de la solution des litiges liés à un licenciement, mobilité interne, progrès dans l'organisation du temps partiel. Le patronat fait mine de se réjouir sur tous ces sujets ; en fait ce sont des coups d’épée dans l’eau avec rien de fondamental ; personne ne s'inquiète vraiment de l'extension généralisée des complémentaires santé qui va alourdir les PME et TPE : il est vrai que Laurence Parisot et le Medef s'intéressent plus aux grandes entreprises qu'à la myriade de très petites sans qui, pourtant, la France serait moribonde !

    ALOURDISSEMENT DES CDD
    Côté syndicats, la joie est grande de constater la taxation des CDD. Certains de ces CDD verront leurs cotisations d'assurance chômage majorées de 7 %. L'argument avancé est que des patrons abuseraient de ces CDD dont le nombre augmente constamment. C'est explicable, car le risque pour un chef d'entreprise de l'engagement d'un CDI est considérable ; en cas de licenciement et même avec les améliorations prévues, il risque de subir des coûts insupportables et de perdre un temps précieux avec ses avocats : c'est pourquoi beaucoup se rabattent sur les CDD. Veut-on étouffer les entreprises et créer davantage de chômage. Michel Sapin va intégrer l'accord dans le code du travail, ce monstre qui paralyse l'économie par son millier de pages.
    Un exemple de paralysie, qui est peu connu comme tel, est l'encadrement des procédures de recrutement par un grand nombre de règles visant à éviter les discriminations. Or, il est clair que le bon choix ne peut reposer que sur une bonne discrimination. Si la compétence suffit pour serrer des boulons, à mesure que l'on va vers d'autres fonctions bien d'autres facteurs que la compétence interviennent. Il est scandaleux que sous la pression des syndicats le législateur se soit préoccupé des procédures de recrutement.

    DES SYNDICATS ILLÉGITIMES
    Il faut savoir que par la volonté des communistes très puissants à la fin de la deuxième guerre mondiale, seuls sont jugés représentatifs les syndicats ayant eu par hypothèse une attitude patriotique pendant cette guerre. Ce principe est insupportable. Ces syndicats par leur comportement avant la guerre ont largement contribué à la défaite. Après la défaite la CGT agrégée au parti communiste a suivi ce dernier dans son attitude inadmissible vis à vis de l'occupant. En fait, ces syndicats abusivement représentatifs sont illégitimes et les conséquences sont nombreuses.
    Leur monopole barre la route à tout nouveau syndicat. Le nombre de leurs adhérents étant faible, les cotisations ne les font vivre que dans une infime partie, le reste étant opaque avec beaucoup d'argent public ; leur richesse et celle de leurs dirigeants est célèbre. François Chérêque vient de quitter la direction de la CFDT : le voici Inspecteur Général de l'IGAS avec un salaire de 8 000 euros par mois. Ayant seuls droit à la parole et plein d'argent pour le faire ils inondent les médias de leur propagande contre les entreprises. Enfin, par leur gréviculture permanente, ils assassinent l'économie, ceci contre l'intérêt évident des salariés qu'ils sont censés protéger.
    Dans beaucoup de pays, il existe des syndicats représentant effectivement les salariés et de ce fait ayant une culture leur permettant de comprendre les entreprises ce qui est conforme au bien de tous.
    MICHEL de PONCINS http://libeco.net

  • COHN BENDIT : EXPRESSION DU NIHILISME EUROPEEN

    Pour qui roule Cohn Bendit ? Après avoir déclaré dans sa jeunesse : « le drapeau français est fait pour être brûlé », il faut lui reconnaître une certaine constance dans son action.
    Tout dans ses actes et déclarations a toujours eu pour objectif de détruire l'entité française. L'ancien contestataire au visage devenu quelque peu bouffi est donc pour l'Europe fédérale, la régularisation des sans papier, le PACS qui détruit la famille... Dans son acharnement à vouloir à tout prix détruire les valeurs sur lesquelles s'est fondée notre civilisation il vient de faire l'éloge de la désertion « les déserteurs sont l'honneur de l'Armée française » (ben voyons !).
    Cohn Bendit finit d'ailleurs par faire tort à sa communauté d'origine en se complaisant à l'extrême dans le rôle stéréotypé et suranné du juif allemand facteur de pourriture et de désagrégation sociale. Comme l'Allemagne a envoyé dans ses fourgons Lénine pour détruire la Russie, et il y est trop bien arrivé, ce pays, quatre vingt ans après, nous envoie son rouquin devenu vieillissant et grisonnant pour détruire la France.
    La question qui se pose pour un homme aussi constant dans sa volonté de destruction de notre civilisation est de comprendre le pourquoi de son acceptation du libéralisme. Cohn Bendit a sans doute deviné consciemment ou non tout le pouvoir de destruction que recèle en soi le libéralisme : vision de l'homme qui nie l'enracinement national, le sacré, le mythe fondateur. L'économie libérale détruit les frontières, les nations et l'essence même de l'Homme occidental, sa culture, son être.
    Tout ceci ne pouvait que séduire au plus haut point l'ancien contestataire de Mai 1968 dans sa haine obsessionnelle et maladive du fait français qui dans le fond de sa culture n'a jamais été libéral. Il semble curieux dans un premier temps que les Verts qui n'ont jamais été très européistes, ni libéraux l'aient choisi comme tête de liste. Mais la pensée rousseauiste, celle des Verts, a toujours été celle de la haine de soi, de l'auto-flagellation permanente, de la destruction de notre civilisation : un retour à la nature (d'ailleurs complètement reconstruite artificiellement par le rêve) c'est-à-dire un homme à l'état primitif, vêtu de peaux de bête, vivant au milieu de ses chèvres et de ses moutons. Pour revenir à ce paradis perdu il faut abattre les institutions qui fondent notre civilisation. L'homme blanc, parfois pour des raisons diverses, n'assume plus sa culture et suit des chefs destructeurs et nihilistes. Le libéralisme en s'en remettant uniquement au marché, avec son refus d'un État fort qui a fondé la Nation française suit une logique semblable.
    Jean-Jacques Rousseau, mal dans sa société, méprisé de son vivant ne pouvait, par ressentiment, que poser en principe que l'homme civilisé est mauvais et le sauvage bon. Toutes ces niaiseries continuent à faire le fond de commerce de tout un courant de pensée politique, gauchiste, tiers-mondiste, écolo-socialiste...
    Le fond idéologique est donc commun entre Cohn Bendit et les Verts français même si les moyens diffèrent. Électoralement cela peut-être aussi payant, car il rappelle à de nombreux quinquagénaires leur vingt ans et un vote nostalgique n'est pas à exclure. Au milieu d'une classe politique sclérosée où l'insipide, le convenu règnent à quelques exceptions près, Cohn Bendit fait figure d'original et d'iconoclaste, séducteur comme peut l'être une cocotte vieillissante.
    Mais au delà de tout le strass et de toutes les paillettes il ne traduit en fin de compte que l'ennui de l'Homme blanc prêt à écouter le premier gourou venu.
    par Patrice GROS - SUAUDEAU LE GLAIVE janv - févr. 1999

  • Quand le “Collectif Contre l’Islamophobie en France” abuse de Photoshop…

    PARIS (NOVOpress) - Depuis plusieurs mois, le “Collectif Contre l’Islamophobie en France” (CCIF) s’est fait une spécialité de dénoncer une prétendue haine contre les musulmans qui secouerait la société française. Se faisant, cette association (par ailleurs financée par le richissime Georges Soros, jamais loin des initiatives visant à attaquer la civilisation européenne) n’a pas manqué de s’en prendre à plusieurs reprises aux Identitaires. Ainsi encore tout récemment, en commentant la plainte déposée par Génération Identitaire contre Harlem Désir.

     

    Le porte-parole du “Collectif Contre l’Islamophobie en France”, Marwan Muhamad, se garde cependant bien de rappeler ce qu’il disait à la mosquée d’Orly le 4 août 2011 : « Qui a le droit de dire que la France dans trente ou quarante ans ne sera pas un pays musulman ? Qui a le droit ? Personne dans ce pays n’a le droit de nous enlever ça. Personne n’a le droit de nous nier cet espoir-là. De nous nier le droit d’espérer dans une société globale fidèle à l’Islam. Personne n’a le droit dans ce pays de définir pour nous ce qu’est l’identité française. » Propos qu’il avait pourtant voulu cacher, créant ainsi la polémique avec les Identitaires et notamment Fabrice Robert, le président du Bloc identitaire.

    Clairement, le CCIF affiche ainsi son programme : le projet d’une France islamisée ! Et pour mener ce projet à bien, toute propagande peut être utilisée. Les commentateurs du site Fdesouche.com ont ainsi remarqué que dans l’image promotionnelle du CCIF en vue d’obtenir des adhésions, censée représentée un cimetière musulman horriblement profané, beaucoup d’images étaient totalement fausses ! Le (très mauvais) graphiste ayant réalisé ce petit montage propagandiste a laissé des tombes et des tags à moitié transparents.

    Nous vous laissons juger par vous-mêmes de cette photo truquée (ci-dessus), qui sans aucun doute en dit long sur la probité de ce CCIF dont le porte-parole Marwan Muhamad dans la droite ligne des propostenus  à la mosquée d’Orly le 4 août 2011…

    http://fr.novopress.info

  • Décadence, misère et grandeur de l'autorité (2ème partie)

    LE MAL, en détruisant nécessairement l'autorité du père (de la majorité des pères) qui aujourd'hui n'est plus digne de ce nom sociologiquement parlant, a donné une voie inattendue vers le changement social. Ne peut-on pas se réjouir qu'un père aujourd'hui sans repères, sans valeurs solides, sans principes, sans foi transcendante, ne possède plus l'autorité nécessaire à la reproduction culturelle de sa progéniture ? C'est encore Paul Bourget qui, dans son roman L'Etape, montre l'effondrement moral qui touchait la petite bourgeoisie cultivée des années 1900 et la réaction vive des fils de "boursiers" déterminés à retrouver leurs racines, une communauté, et des valeurs imprescriptibles. Ces fils ont personnellement franchi l'étape métaphysique pour entrer dans l'état "organique" et "positiviste" (dans un sens maurrasso-comtien).
    « J'ai cru que la Démocratie s'accordait avec la Science » (15) fait dire Bourget à Jean Monneron, le personnage principal de son fameux roman.
    « Voilà cent ans poursuit-il que chacun dans ce pays se fait juge de toute la société au nom de ce qu'il appelle sa conscience et qui n'est que sa passion dominante. Et c'est le secret de l'agonie de la France..
    Comment "penser" la société ? « Je veux la traiter comme la physiologie nous apprend à traiter un corps vivant, par l'expérience, dit Jean. Nous avons une expérience instituée par la nature, c'est la tradition, sous toutes ses formes. Nous avons une patrie, acceptons-la ; une famille, acceptons-la ; une religion... » (16)
    Dans cette fiction littéraire, c'est le père de Jean, Joseph Monneron, qui représente la génération sacrifiée, celle ayant expérimenté l'anarchie intellectuelle, "subie" les ambitions, un enseignement acharné, inassouvissable, inapaisable. Mais s'il ne peut "passer", dépasser l'étape, son fils, Jean, le fait non sans efforts mais d'une manière irrévocable.
    Pourtant profondément sensible à l'affection que lui porte son père (qui ne vit que pour ses idées), Jean, convaincu de l'"erreur" libérale, décide de rompre brutalement et définitivement avec les dogmes progressistes qui avaient pourtant bercé toute son enfance et adolescence. Car c'est au nom de la raison que le jeune Jean fait le choix du traditionalisme. L'étape du père fut douloureuse mais utile pour le fils raisonneur et intelligent, qui a eu cependant la "chance" de rencontrer l'homme du « vrai progrès », le « gardien de la mémoire », l'"arche" de la connaissance traditionnelle. Sans lui, l'étape du père aurait-elle pu être profitable ? N'aurait-elle pas été plutôt selon Bourget un funeste sinistre humain ? Le reste de la fratrie, seul devant les dogmes du père, sombre dans le désespoir, l'esprit de lucre et la malhonnêteté, faute d'avoir "digéré" l'étape".
    Si elle n'est pas très originale, l'histoire de Paul Bourget constitue en quelque sorte une allégorie, à l'échelle atomique, du développement possible ou en cours de la société française. Dans son roman, Jean présente la troisième génération d'une famille dont l'histoire débute véritablement avec la naissance de son père Joseph. Ce dernier s'arrache de la paysannerie qu'il exècre en secret, et de ce fait, se détache avec énergie des règles, coutumes et traditions qui régulaient depuis des siècles la vie de ses ancêtres. Joseph entre symboliquement dans le second état (la deuxième étape) explicité par Auguste Comte (postulant, répétons-le, que le développement de la société passe par trois états). Le premier état, nous le savons, est théologique, c'est-à-dire essentiellement religieux et donc "naturellement" reliant. Selon Comte et Bourget, parce qu'il est le "produit" de l'institutionnalisation de croyances objectivement irrationnelles, il était inéluctablement condamné à disparaître.       
    Le deuxième état est métaphysique et abstrait, représente l'adolescence du monde occidental. Il correspond dans une certaine mesure à l'étape relatée par Bourget dans son roman éponyme.
    Le troisième état, explicité d'une manière assez équivoque par Comte (en raison de ses téméraires anticipations ou prédictions) est celui où l'acteur social accepte un ordre social nouveau et paradoxalement "réactionnaire", en fait, "post-individualiste".
    Pour Jean qui accepte cet état, il s'agit d'un choix "avant-gardiste", "précoce" et donc incompris par son camarade juif Crémieux-Dax, "embourbé" dans le stade romantique et "mortifère".
    « — Va jusqu'au bout, dit Crémieux-Dax avec une violence extraordinaire, et ose prétendre que tu dois être catholique scientifiquement.
    — Scientifiquement, oui, répondit Jean. Entendons-nous : la foi n'est pas une géométrie ni une chimie. Elle ne se démontre pas. Mais non seulement la science ne s'y oppose pas, et au contraire elle indique cette solution comme la plus raisonnable. Et c'est aussi celle où j'ai résolu de me ranger. Oui, insiste-t-il avec plus de fermeté encore, je me suis décidé à me faire catholique, comme tous les miens l'ont été pendant des siècles et des siècles. Je ne peux pas vivre sans mes morts... J'ai retrouvé leur foi et je ne la laisserai plus périr... » (17)
    Lisons tout de suite la très intéressante suite de cette discussion :
    « Leur foi ? S'écria Crémieux-Dax. Te faire catholique ? Toi ? Ne me dis pas cela. Voyons, ce n'est pas possible. On ne se fait pas catholique avec ton cerveau. »
    « C'est avec lui pourtant que je le suis devenu, dit Jean Monneron, et il ajouta : et que je le resterai. » (18) Ainsi est-ce par le parti de l'intelligence (et il est difficile de ne pas faire un lien avec l'école de l'Action française d'avant la Première Guerre Mondiale) qu'une fraction de la jeunesse (et certainement de la jeunesse la plus brillante, celle qui fut quasiment exterminée en 14-18 par une "élite" inquiète) retrouva le chemin de la tradition et de l'autorité. Car le nationalisme est avant tout une Action logique dont la nécessité est démontrée par l'histoire. C'est aux nationalistes et à eux seuls de restaurer le principe crucial d'autorité, car « si le peuple a besoin de chef comme un homme de pain » (Maurras), il a besoin d'un dirigeant honnête, charismatique et galvanisé par son œuvre de restauration nationale.
    François-Xavier ROCHETTE. Rivarol du 9 décembre 2011
    15) Paul Bourget, L'Etape, Hachette, 1929 (1902), P. 353.
    16) Ibid, page 353.
    17) Ibid, page 354.
    18) Ibid, page 354.

  • Je veux un régime fort !

    Je n'aime pas la politique. Si vous pensez que le fascisme consiste à faire défiler des garçons bottés en chemises brunes ou noires, dites-vous que ce n'est pas ma définition du fascisme. J'ai défendu les fascistes, c'est tout différent : parce que j'ai connu des fascistes et parce que je déteste le mensonge. J'ai protesté contre une falsification des faits et contre une entreprise de dénaturation des âmes et de confiscation des volontés, fondée sur cette falsification. Je reste convaincu que j'avais raison.
    On nous a menti et on continue à nous mentir : parce que ce mensonge est indispensable aux politiciens en place. Mais ce mensonge s'effrite aujourd'hui, il s'effondrera demain. On finira par regarder les expériences fascistes comme des expériences politiques qui ont été obérées et défigurées par les nécessités dramatiques de la guerre, mais qui ont pour caractère essentiel l'exaltation de certaines valeurs morales : le courage, l'énergie, la discipline, la responsabilité, la conscience professionnelle, la solidarité, dont la disparition est le drame des sociétés qui ont suivi. Etre fasciste aujourd'hui, c'est souhaiter que ces mots aient un sens pour les peuples.

    [...] Avant de détester le fascisme, il faudrait essayer de le comprendre. Le fascisme est né, historiquement, de la colère des anciens combattants contre les politiciens. Mais il a été, plus profondément, une opposition spontanée contre la démoralisation de la guerre et de l'après-guerre qui accompagna la transformation d'une société rurale stable, économe, patiente, courageuse, attachée à l'honnêteté et au civisme, en une société de salariés ayant pour horizon l'augmentation des salaires, pour guide l'idéologie, pour instrument la politique.

    Les mouvements fascistes sont nés d'une réaction contre cette dénaturation des peuples. Cette réaction eut partout le même point d'appui. Dans leur désarroi, ceux qui refusaient ce monde nouveau de l'après-guerre se sont reportés à une image-type de la grandeur passée de leur peuple, pour l'Italie celle des légions de Rome, pour l'Allemagne celle des Germains d'Arminius qui avaient vaincu l'armée du consul Varus, pour la Roumanie ou la Hongrie celle de leurs paysans combattants, pour l'Espagne l'image de l'honneur castillan : non pas une idéologie, mais un modèle moral, celui qui incarnait le mieux ce qu'ils étaient ou ce qu'ils avaient voulu être dans les tranchées où ils s'étaient battus.

    En détruisant, après la Seconde Guerre Mondiale, cette renaissance de la conscience nationale sous prétexte d'anéantir l'idéologie raciste, on a détruit une solution politique originale qui permettait à la fois de briser les idéologies destructrices de l'unité nationale et les excès du capitalisme sauvage.

    Or, le racisme constitué en idéologie ne fait pas partie de la définition du fascisme ni même de la définition du national-socialisme. Comme les autres idéologies, il part d'une idée juste qui a été outrée et déformée en devenant un système. Ses excès ont été les excès auxquels aboutit toute pensée systématique.

    En réalité, les régimes fascistes n'ont pas été des régimes de contrainte pour les individus. Ils ont généralement respecté les libertés individuelles et n'ont réprimé que le sabotage, le parasitisme et la spéculation. En revanche, ils ont assuré aux peuples la plus précieuse des libertés, celle d'être eux-mêmes et non pas ce qu'on a décidé qu'ils sont : liberté que nous ne connaissons plus.

    [...] Les régimes fascistes ont été ou ont essayé d'être des régimes de solidarité et de justice sociale, qui ont été ensuite déformés par les contraintes de la guerre. Tout régime de solidarité et de justice sociale exige un Etat fort : mais un Etat fort n'a pas besoin d'idéologie : il a besoin seulement de bon sens et de générosité.

    Je ne crois pas à l'histoire des régimes fascistes et de la Seconde Guerre Mondiale telle qu'on la présente aujourd'hui. Cette histoire n'est pas encore faite : et ce qui en a été fait, on nous le cache. Le dossier des falsifications est copieux : il porte sur les faits, les documents, les omissions. Je laisse à chacun la tâche d'en dresser ce qu'on aperçoit, dès maintenant, de ce catalogue. Tout homme qui réfléchit devrait prendre conscience de nos illusions : nous broutons comme des bêtes sans raison le mensonge de notre victoire, le mensonge de la Résistance, le mensonge de notre liberté. Ces mensonges ont nourri des idéologies d'autodestruction, l'antiracisme, la lutte des classes. Et cette nourriture frelatée est le secret de notre impuissance.

    Très bientôt, dans vingt ans, dans dix ans peut-être, la race blanche en Europe devra lutter pour sa survie. Cette bataille suprême exigera des régimes forts, des gouvernements de salut public. Elle ne pourra être conduite que dans le dépérissement des idéologies et par le recours aux qualités viriles que je disais. Il ne faut pas se demander aujourd'hui si ces régimes forts sont possibles, il faut savoir qu'ils sont inévitables: sous quelque nom qu'on leur donne. Car ils sont la condition de notre salut.

    Maurice Bardèche http://www.voxnr.com

    Texte paru dans la revue Le Crapouillot, N° 77, septembre-octobre 1984

  • « Le temps des avant-gardes » de Jean Clair

    Ancien directeur du Musée Picasso et écrivain de haut parage, Jean Clair est sans doute la personne la plus à même de juger l’art contemporain, qu’il observe depuis bientôt un demi-siècle. A son retour des Etats-Unis et aux débuts du Centre Beaubourg, Jean Clair, comme tant d’autres, assiste avec enthousiasme aux premiers happenings en se gavant de « concepts ». C.G. 

    Il est souvent le premier à écrire sur Boltanski, Buren, Sarkis ; il rencontre avec déférence des artistes pour les revues qu’il anime alors et donc les textes sont aujourd’hui réédités. Puis, l’historien d’art prend peu à peu conscience que l’avant-garde, défunte depuis la fin des années 30, se mue sous ses yeux en « art contemporain », une arme au service du colonialisme culturel des Etats-Unis. Comme le remarque avec finesse Colette Lambrichs, qui préface ce précieux recueil, cet art d’importation, imposé par le vainqueur de 1945, pénètre en Europe par la Belgique des sixties, qu’elle définit justement comme « une porte dépourvue de serrure dans un territoire au pouvoir politique inexistant ». L’art contemporain constitue bien l’une des machines de guerre de l’hyperpuissance, dont la cible est la suprématie politique et culturelle de la vieille Europe. Les enfants de l’après-guerre seront les dindons de cette farce machiavélienne, victimes consentantes d’une gigantesque lessive, « la dernière humiliation de la défaite, la pire car celle de l’esprit ».

     

    En un mot comme en cent, Jean Clair décrit comment les oripeaux d’une avant-garde mythifiée servent le capitalisme américain, lancé à la conquête d’une Europe divisée et dévastée. Derrière l’imposture, une marque, « un art qui est à l’oligarchie internationale et sans goût d’aujourd’hui, de New York à Moscou et de Venise à Pékin, ce qu’avait été l’art pompier du XIXe ».

     

    Jean Clair pousse plus loin son analyse pour aborder aux racines de notre déclin. N’est-il pas le témoin direct, et compétent, d’une métamorphose qui débute avec Marcel Duchamp ? La quête du vrai, du juste et du beau cède la place à la subjectivité profane, voire profanatrice ; la fidélité au patrimoine ancestral se voit diabolisée et remplacée par le terrorisme de la nouveauté. Or, la beauté, le bonheur, ne sont-ils pas, souvent, dans la répétition ? Aujourd’hui encore, cette seule question suffit à projeter le naïf dans la géhenne tant sont gigantesques les intérêts financiers et métapolitiques en jeu.

     

    Paradoxe suprême pour un directeur de musées comme pour l’organisateur d’expositions célèbres, Jean Clair prône la fin des musées, qu’il décrit comme des nécropoles où s’entassent les parodies, des mouroirs pour œuvres vidées de tout sens - quand elles en ont un. Servi par un magnifique sens de la formule, surtout assassine, Jean Clair déconstruit à sa façon maintes mythologies obsolètes en posant la question qui tue : plutôt que de braire sur tous les tons qu’il faut « démocratiser la culture », une foutaise de la plus belle eau, ne faut-il pas plutôt cultiver la démocratie ?

     

    Christopher Gérard http://www.polemia.com
    Archaïon
    3/12/2012

     

    Jean Clair, Le Temps des avant-gardes. Chroniques d’art 1968-1978, La Différence, novembre 2012, 318 pages, 25€.

  • Pour François Hollande il n’y a pas d’« islamistes » au Mali

    BAMAKO (NOVOpress) – Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé jeudi que 1 400 militaires français étaient désormais engagés dans les opérations contre les islamistes armés au Mali. Mardi, François Hollande a estimé que « cette décision était nécessaire. Si ce choix n’avait pas été fait, il serait trop tard puisque le Mali aurait été conquis entièrement », en ajoutant que cette mesure était « légitime et nécessaire ».

    Dès le 12 janvier, l’hôte de l’Elysée déclarait : « La France, à la demande du président du Mali et dans le respect de la Charte des Nations unies, s’est engagée pour appuyer l’armée malienne face à l’agression terroriste qui menace toute l’Afrique de l’Ouest ».

    Dans la bouche de François Hollande (photo), pas question d’appeler un chat un chat : la France ne combat pas des « islamistes », mais des « terroristes ». Une rhétorique qui plaît au Conseil français du culte musulman. Son représentant, Mohammed Moussaoui, s’est félicité que le chef de l’Etat évite « à juste titre (…) de qualifier d’islamistes les éléments terroristes visés par l’intervention ». Ajoutant : « Le CFCM salue cette précaution utile et nécessaire du Président de la République dans le choix des mots, écartant ainsi tout amalgame et toute confusion entre islam et terrorisme ».

    Pour le journaliste, Ivan Rioufol, « la République n’ose donc pas dire clairement qu’elle fait la guerre à des terroristes islamistes, de crainte de froisser la susceptibilité de musulmans français et notamment d’un Conseil qui s’aveugle volontairement sur le profil des jihadistes du Mali. Cette réticence de l’Etat à appeler par son nom un ennemi identifié laisse voir un pouvoir intellectuellement prisonnier du politiquement correct et de ses accusations en islamophobie. L’islam radical en est le scandaleux bénéficiaire ».

    http://fr.novopress.info/

  • Culture de l'otage

    On sait que les peuples n'accordent pas tous la même valeur à la vie. Certains à la leur-propre, d'autres à celle d'autrui. Des peuples se sacrifient pour la survie de l'espèce (ou de leur nation), d'autres sont prêts à tous renoncements pour sauver une vie chez eux. Quelque soit le cheminement, à la fin on compte et recompte : il n'est pas rare que les scores soient comparables dans les deux approches, la seconde ajoutant un léger différé. On en vient donc à la "culture de l'otage".
    Parmi les grandes nations, la Russie, l'Iran, la Chine considèrent que l'otage est individuellement mort quand il est pris ; s'y ajoute un soupçon de culpabilité au sens où il est socialement un désordre. Souvenons-nous que la doctrine d'emploi des états-majors soviétiques étaient de rayer du tableau des disponibilités tout régiment engagé au combat, quelle qu'en soit l'issue. Deux mille types étaient "morts" en recevant l'ordre de route ! Ces nations intègrent plus que nous la précarité de la vie et cette approche influe beaucoup sur la dépense allouée pour sa préservation. Dans le cas qui va nous occuper, la prise d'otage ne fait que déplacer le curseur du pronostic caché en hâtant la réalisation. Le malheureux meurt simplement plus tôt.
    garde-frontière algérien
    L'Algérie a été influencée par l'Union soviétique dans son cadre étatique et ses forces d'intervention anti-terroriste intègrent le concept du curseur. Aussi dans le cas de l'affaire de Tiguentourine, on pouvait prédire presque à coup sûr que le dénouement ressemblerait à la libération de l'opéra de Moscou (23.10.2002) ou celle de l'école primaire de Beslan (01.09.2004). La presse se fait très largement l'écho des récriminations occidentales et japonaises sur le carnage avéré d'hier pour qu'il ne soit pas nécessaire d'user ce clavier à réciter le déroulé de l'opération. Par contre on peut analyser la "politique anti-terroriste" de l'Etat algérien qui met en cause la nôtre.
    La guerre civile algérienne (1992-1994) fut une rude école de contre-terrorisme pour les commandements de terrain à deux motifs : la fracture sociale était verticale et remontait des communautés de base jusqu'au sommet de l'Etat. Les jeux de pouvoir en période troublée ont considérablement compliqué le travail des forces de l'ordre. Secondement, l'ennemi avait embrassé une culture de mort qui se traduisait par la mise en massacres de la terreur territoriale pour capturer vivres et soutiens des villageois, culture qui immunisait l'instinct de conservation des djihadistes en leur promettant la lune au-delà du péril. Il s'en est suivi une déshumanisation de l'adversaire considéré comme une "bête féroce" et donc un gibier en soi !
    Les quarante otages occidentaux (mais pourquoi fait-on ce genre de tri ?) ne se doutaient pas que le curseur de leur avenir venait de raccourcir leur vie, habitués qu'ils sont à ce que leurs gouvernements se couchent et transfèrent les sous après une période de latence convenable ; sauf peut-être certains plus accoutumés aux moeurs sécuritaires algériennes, comme les Français. Restent les motifs du Cheikh borgne¹.

    Il est certain que le raid d'AQMI a été préparé depuis plusieurs semaines dans un district incontrôlé du Fezzan libyen (sinon sur le plateau du Tinrhert au sud). Former la colonne, l'armer, prend du temps et se sait. Il y a eu aussi un déficit de renseignement de base sur toute la zone qui va avoir des conséquences sur le tableau d'avancement.
    Pourquoi choisir le site protégé de Tiguentourine, à seulement trente kilomètres derrière les gardes-frontière algériens qui patrouillent entre Ghadamès et Ghat ? Sachant que l'Etat ne se pliera pas aux exigences - il ne l'a jamais fait - on peut raisonnablement avancer que le choc devait paralyser les opérations pétrolières et gazières au Sahara, effrayer les majors occidentaux qui les conduisent, déconsidérer les garanties de sûreté qui leur étaient données par Alger. L'horreur de quelques décapitations filmées aurait atteint son but. Répété une ou deux fois sur d'autres sites industriels, ce type de raid devait entraver gravement les rentrées d'exportation, puisque 97% proviennent des hydrocarbures. Il était permis d'en prédire l'augmentation du mécontentement populaire qui couve toujours sous la braise apparemment éteinte, préludant un embrasement du type printemps arabe propice aux fondamentalistes. La revendication de la libération de cent djihadistes détenus par Alger ou la requalification de l'opération en représailles de l'engagement français au Mali, c'est du pipeau.
    Il est trop tôt pour savoir si la mise en insécurité des exploitations pétrolières du Sahara algérien a été atteinte. Il faut attendre les décisions des majors de la profession. Elle sera certaine si un deuxième Tiguentourine arrive dans quelques semaines. Les autorités algériennes s'en doutent !
    http://royalartillerie.blogspot.fr/
    (1) Belmokhtar, alias «Belaouar», ou «Khaled Abou El Abbès», ou encore «Laouer», est né le 1er juin 1972 à Ghardaïa, dans le Nord de l’Algérie. En 1991, à l’âge de 19 ans, il part se former au combat en Afghanistan. C’est là qu’il aurait perdu son œil gauche, qui lui a valu le surnom de «cheikh borgne». A son retour, il participe à la guerre civile au sein des Groupes islamiques armés (GIA) algériens. Sa vie son oeuvre, grâce à Paris-Match.
    Le chef de groupe qui a attaqué la base-vie du site gazier s'appelle Tahar ben Chened.

  • Décadence, misère et grandeur de l'autorité

    « L'esprit confronté à sa propre immanence se découvre promis à un néant dont plus rien ne semble dorénavant le séparer »
    Victor Nguyen
    Ces quelques mots de Victor Nguyen résument l'effroyable position intellectuelle dans laquelle se trouvait enfermée une fraction considérable des hommes de lettres de la fin du dix-neuvième siècle, la fraction la plus visible, la plus célèbre et indubitablement la plus talentueuse.
    On doit à ce chercheur tragiquement disparu un ouvrage monumental (tant du point de vue des éléments nouveaux qu'il apporte aux historiens qu'à sa qualité littéraire). Aux Origines de l'Action française (1) (publié la première fois il y a exactement 20 ans), au début duquel on trouve une centaine de pages denses et lumineuses dans lesquelles Nguyen traite d'un thème récurrent à l'époque étudiée, La décadence. Véritable cancer moral touchant en premier lieu le microcosme des Lettres et des intellectuels. Et parmi ceux-là, tout particulièrement, ceux qui paradoxalement se relèveront plus tard avec le plus de ferveur au crépuscule de leur vie.

    NIHILISME ET DÉCADENCE
    Nous savons que la notion de nihilisme fut empruntée par Nietzsche à Paul Bourget, créateur de celle-ci alors qu'il débutait son immense œuvre de reconstruction morale, initialement toute personnelle, via l'étude psychologique de ses contemporains (2) On comprend à quel point ce terme est étroitement lié au concept, certes équivoque, de décadence. Cependant, et c'est là un point commun qui unit un grand nombre d'écrivains de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, Bourget lui-même souffre davantage du reflux brutal de la vigueur romantique qui aurait jeté dans la plus noire déréliction la "populace" contemporaine, composée d'individus vaniteux et incroyants, véritable heimatlos étiquetés ; « français et catholiques » mais en réalité, imperméables à toute transcendance. Pourtant, Bourget lui-même a longtemps espéré que la Révolution pourrait procéder encore en son temps à une régénération morale élitiste comme populaire. 
    « Républicain, Paul Bourget l'a été et l'est encore à l'heure où il procède à ce bilan. Aux derniers jours de l'Empire, jeune bourgeois du Quartier latin, il a détesté le régime de Napoléon III, il a applaudi à sa chute. Puis il a rêvé d'un grand râle littéraire dans la régénération française qui s'annonçait : Rétablir la République par le drame, évoquer Saint-Just, porter la Révolution sur la scène, quel trait de génie. » (3) Mais son désenchantement est à la mesure de cette exaltation. « Paradoxalement, l'attitude de Bourget se modifiera, dans la mesure où il était éminemment un moderne, un artiste particulièrement sensible aux courants qui traversent son époque. » (4). Observant peut-être l'absence de dynamique révolutionnaire, l'inertie politique des forces républicaines soucieuses de se maintenir au pouvoir via le conservatisme, Bourget rejette enfin ces épuisantes ardeurs qui lui donnaient l'impression de vivre, de participer personnellement à la construction d'un "Tout" en se surpassant et pour se surpasser.

    PESSIMISME UNIVERSEL
    « Bourget qui vit de sa plume, a conscience de n'avoir pas donné encore sa mesure. Il ne pénètre aussi intensément l'inquiétude de ses contemporains qu'en analysant la sienne et, en la portant au grand jour, il saisit (ou croit saisir) quasi expérimentalement sur sa propre personne les progrès du mal. » (5)
    Ce mal serait le pessimisme universel, le sentiment de l'impuissance finale de l'homme face à son destin.
    « Et en 1880, l'analyse gagne en précision : par le mot décadence, on désigne volontiers l'état d'une société qui produit un trop petit nombre d'individus propres aux travaux de la vie commune. » (6) Le mal est identifié. Et il prolifère. La cause de cette désaffection résiderait dans la généralisation de l'individualisme faisant disparaître paradoxalement les fortes individualités au profit des unités "atomiques" interchangeables. Un individualisme qui se nourrit essentiellement de l'implosion de l'autorité.
    « La vie moderne, impuissante à les créer, conduit au nihilisme, parce que l'homme contemporain découvre avec angoisse que rien en lui, ni hors de lui, ne l'a préparé à affronter virilement son destin. » (7)
    Ce sentiment diffus contaminant un Renan, un Taine, un Huysmans, un Villiers de l'Isle-Adam, un Baudelaire (s'en délectant) ne découle pas d'une source définie, que l'on pourrait facilement dégager mais d'un ennui, lourd et pesant succédant à une euphorie collective provoquée par les "folies" de la Révolution et de ses prolongations, de la grande épopée napoléonienne, sujet romantique par excellence, des soubresauts de 1830 et de 1848. Après trop d'excitation, n'est-il pas naturel de subir douloureusement ou mélancoliquement une phase dépressive qui ne serait que l'antithèse obligée des excès passés ? Lorsque l'Histoire ne semble plus se dérouler suffisamment rapidement pour les âmes s'étant habituées à la "célérité", et à l'audace, l'utopiste, de leurs dirigeants, celles-ci n'apprécient plus, dans toute sa mesure la "grave" et prétendue sagesse de cette République qui souhaite renouer avec ses "bases", d'un Thiers pour qui « la science de gouverner est toute dans l'art de dorer les pilules » (sic).

    LA DÉFAITE DE 1870 : UN EFFET DE LA DÉCADENCE
    Ce décadentisme, souvent perçu d'une manière hyperbolique, n'est pourtant pas né ex nihilo. Il est en effet aisé d'appréhender la crise d'identité rongeant jusqu'à la névrose (notion déjà éminemment moderne) les individus, engagés peu ou prou, ayant vécu les grands drames historiques comme des épreuves toutes personnelles. Même si ce phénomène s'est aussi transmuté en une mode littéraire à travers laquelle la dénonciation du mal n'était pas toujours évidente, ou pis où l'on pouvait y découvrir une certaine complaisance ou une morne désinvolture devant l'objet étudié, force est d'admettre que ce sentiment d'agonie interminable s'enracinait à travers toutes les franges de la population. Argument expérimentalement vérifié en 1870 quand le corps même du pays et non plus seulement son "esprit" semblait désormais affecté par le mal.
    « Sans surgir, loin de là, de la défaite de 1870, la décadence en a reçu un surcroît de postulation. Jusque-là image ou idée, elle s'est cristallisée alors au plan collectif. »(8)
    Sur ce point Nguyen cite la mise en garde d'Alexandre Dumas fils :
    « En mars 1873, dans la préface de La Femme de Claude, qu'il dédie au vieil Orléaniste Cuvillier-Fleury, Alexandre Dumas fils s'adresse au pays tout entier.
    "Prends garde ! Tu traverses des temps difficiles ; tu viens de payer cher, elles ne sont même pas encore payées, les fautes d'autrefois ; il ne s'agit plus d'être spirituel, léger, libertin, railleur, sceptique et folâtre ; en voilà assez pour quelques temps au moins. Dieu, la Patrie, le travail, le mariage, l'amour, la femme, l'enfant, tout cela est sérieux, très sérieux. »(9)
    Représentent-ils les postulats premiers à partir desquels la science politique devrait bâtir toute "idéologie", toute action et toute représentation de notre société ?
    La traumatisante défaite de 1870 est ainsi considérée non comme la cause essentielle de la décadence mais, pis, comme son effet.
    « Elle signifie une angoisse que le relèvement rapide ne suffira pas à calmer : une possible Finis Franciae. » (10)
    Emile Montégut pense saisir les racines profondes du mal qui seraient principalement politiques, les plus douloureux malheurs de la nation pouvant être expliqués par l'hypertrophie étatique, l'ultra-centralisation jacobine faisant de la Patrie un colosse aux pieds d'argile, où l'autorité nécessaire et vitale s'est évaporée.
    « Tous les éléments sociaux, c'est-à-dire ce qui donne à un pays fixité et continuité, ont été tour à tour déracinés : il n'y a plus qu'un amas de poussière désagrégée et impuissante. Dans un tel milieu social, l'Etat seul a volonté, faculté de commander, et chance d'être obéi ; malheureusement, dès que le ressort de l'Etat se brise, toute direction disparaît, et les destinées de la nation sont soumises à l'intelligence du hasard ». (11) Derrière le constat de ces "décombres", on relève l'alternative politique de l'auteur, implicitement dévoilée, décentralisation, il oppose et chérit le patriotisme et les pays charnels. « Montégut qui dresse ce bilan tout renanien, politiquement s'entend, remarque que révolution et patrie sont deux nouons contradictoires : "Le jour même où la France sacrifia l'idée de patrie à l'idée d'humanité, l'ancienne maison royale tomba". » (12)

    NOMBREUSES CONVERSIONS AU PROTESTANTISME
    La décadence apparaissant désormais comme une réalité incontestable, c'est la Révolution en bloc qui est dans la ligne de mire d'une certaine élite littéraire considérant ses principes comme funestes ou, au moins, fondés sur une douteuse métaphysique détachée de toute scientificité dont les conséquences seraient de provoquer l'instabilité permanente dans le Pays. « Peut-être va-t-on percevoir que depuis cette date (1789) notre existence n'a été qu'une suite de hauts et de bas, une suite de raccommodages de l'ordre social, forcé de demander à chaque génération un nouveau sauveur. Au fond, la Révolution française a tué l'abnégation de l'individu, entretenue par la religion et par quelques autres sentiments idéaux. » (13)
    Devant ce spectacle éloquent, deux solutions d'importance s'offrent à ceux qui en souffrent. La première convient aux intellectuels restés fidèles aux principes individualistes et libéraux, et qui, par ailleurs, ne sont pas des "nostalgiques" mais des utopistes inconscients et égoïstes : la conversion au protestantisme. « Puisque l'Eglise se repliait sur elle-même dans une anxiété obsidionale, écrit Nguyen, le protestantisme parut pouvoir se muer en religion de remplacement. Ne paraissait-il pas, partout dans le monde, facteur de progrès et de liberté autant que d'ordre et de stabilité ? N'y avait-il pas une essence commune à la Réforme et à la Révolution, également protestation de la conscience individuelle ? Déplus le protestantisme semblait mieux se concilier avec la science et la raison modernes qu 'un catholicisme suranné et attaché aux valeurs d'obéissance et d'autorité. »
    Mais « défaite militaire, soucis politiques et sociaux, inquiétudes intellectuelles et religieuses convergent alors pour faire du protestantisme dans la République cet Etat dans l'Etat que la polémique de droite (elle n'est pas seule) se plaît à généraliser et à dénoncer ». (14)
    La deuxième solution connue pour sortir de cet état de déréliction est, au contraire, l'acceptation des "lois" sociales régissant d'une manière organique la société entière, et par conséquent le rejet de l'individualisme et du libre, examen protestant. On comprend en outre : que les multiples conversions au protestantisme d'individus représentant l'élite intellectuelle d'une nation recréée et imaginée exaspèrent ceux qui ont fait un choix "spirituel" diamétralement opposé et alimentent de fait la somme argumentaire des antilibéraux. La France des "organicistes", nourrie des réflexions des grands auteurs contre-révolutionnaires, représente en effet une "totalité" à laquelle on ne peut rien retrancher. La société bourgeoise ayant échoué à se transfigurer, l'alternative maistrienne gagne alors en crédibilité pour les patriotes de droite, fatigués, privés d'être par l'effacement de toute transcendance.

    L'AUTORITÉ BAFOUÉE DU PATER FAMILIAS
    En utilisant la grille de lecture socio-historique élaborée par Auguste Comte, nous pouvons dire que la France en particulier est passée brutalement de l'état théologique et traditionnel à un état métaphysique où les anciennes autorités ont été sapées voire physiquement exterminées. L'état métaphysique est le stade de la spéculation intellectuelle et de l'individualisme triomphant, celui dans lequel tout doit disparaître, la religion des pères, la patrie, les communautés, la famille, les principes transcendants. Un état, qui s'appuie sur une rationalité et un cartésianisme arrogants, postulant arbitrairement que l'atome unique de la société, son seul composant, est l'individu brut et ses intérêts les plus égoïstes. Cette étape métaphysique, qui n'en finit plus, est donc en premier lieu la matrice du désenchantement du monde, celle ayant rendu et rendant encore les masses "axiosceptiques" (imperméables à tout principe transcendant), incrédules et surtout sourdes aux propos tenus par les émissaires de la vérité.                             
    Il est bien évident que l'étape métaphysique, sur le plan strictement intellectuel (précisons-le), était une phase inévitable. L'expansion de la science et de la philosophie grandiloquente a subjuguâtes masses comme le microcosme intellectuel du pays. Un phénomène violent qui s'explique également dans une certaine mesure, par l'ancienne routinisation du monde "ancien" dont l'autorité ne découlait principalement que du pouvoir traditionnel, d'un pouvoir qui manquait, à son terme, de la puissance d'une saine et nécessaire domination charismatique. Mais aussi par une centralisation qui ne cessait de s'amplifier avant-même la Révolution. Comme l'indique le sociologue conservateur américain Robert Nisbet, « ce qui sépare les rétrogrades (Maistre, Bonald auxquels nous, pouvons ajouter Burke) des révolutionnaires, c'est essentiellement leur attachement respectif aux philosophies du pluralisme et de la centralisation. Par essence la doctrine, rétrograde, fondée sur les valeurs médiévales, prône la distribution des centres politiques, c'est-à-dire le pluralisme des sources d'autorité — communauté locale, famille, corporation et toutes les autres institutions d'où émanent la coutume et la tradition. »
    Et l'on saisit aisément avec Burke la supériorité du système, médiéval sur la centralisation jacobine : « Nul n 'a jamais été lié par un sentiment de fierté, de prédilection ou de véritable affection à une description de surfaces géométriques. [...] C'est au sein de la famille que naissent les affections publiques [...]. Puis elles s'étendent au voisinage et à ceux que nous avons coutume de rencontrer dans notre province. » Pour Bonald, la monarchie reconnaît l'autorité exercée par les différents groupes sociaux et religieux qui existent au sein de la société, ce que ne fait ni ne peut faire la démocratie qui repose sur la doctrine révolutionnaire de la volonté générale. L'intérêt de la démocratie est de dissoudre toute forme d'autorité locale et de dévaluer le symbole suprême de cette autorité, le père.  « Dans les aristocraties, écrit Tocqueville dans De la démocratie en Amérique, le père n'est pas seulement le chef politique de la famille ; il y est l'organe de la tradition, l'interprète de la coutume, l'arbitre des mœurs. On l'écoute avec déférence, on ne l'aborde, qu'avec respect, et l'amour qu'on lui porte est toujours tempéré par la crainte. »
    De fait, le père représente le premier élément social qui exerce une pression salvatrice sur l'individu. Une pression salvatrice, en effet, car comme l'a démontré, Emile Durkheim (avec de nombreuses données, éléments factuels, statistiques), « libérer l'individu de toute pression sociale, c'est l'abandonner à lui-même et le démoraliser ».       
    François-Xavier ROCHETTE. Rivarol du 2 décembre 2011
    1.) Victor Nguyen, Aux Origines de l'Action française, Intelligence et politique à l'aube du Vingtième siècle, Paris, Fayard, 1991.  
    2.)Paul Bourget, Essais de psychologie contemporaine, Paris, Lemerre, 1886.
    3.)Ibid, page 36.
    4.)Ibid, page 36.
    5.)Ibid, page 37.
    6.) Ibid, page39.
    7.) Ibid, page 39.
    8.) Ibid, page 40.
    9.) Ibid, page40.
    10) Ibid, page 42.
    11) Cité-par Victor Nguyen P. 57.
    12)Texte des Goncourt cité par Nguyen (page 72) qui ne précise pas ses références.
    13), Ibid, page 89.