Jamais les syndicats n'ont eu aussi peu d'adhérents et jamais ... ils n'ont eu autant d'argent : ils dépenseraient chaque année un milliard d'euros ! Dont les trois quarts ne proviennent évidemment pas des cotisations. L'État, comme les entreprises, alimentent les caisses, libèrent du temps syndical. Les salariés y gagnent peu. La paix sociale beaucoup ...
Le numéro 2 du Medef, patron de la très puissante Union des industries et métiers de la métallurgie (UlMM) pris la main dans le sac, retirant des fonds en liquide pour les verser... aux syndicats ! L'affaire Gauthier-Sauvagnac, débutée au mois d'octobre dernier et en cours d'instruction, est tombée à point pour tempérer quelque peu leurs ardeurs belliqueuses. Et pour cause ! Il est assez difficile de prétendre à l'indépendance, quand on se laisse graisser la patte par son interlocuteur privilégié... Certes, les responsables confédéraux ont nié ; mais combien de Français les croient-ils ? Le bon peuple y trouve, au contraire, une confirmation de ce qu'il savait déjà : les syndicats font partie intégrante du système et en « croquent » en veux-tu, en voilà !
Dispensés de payer l'impôt et de publier leurs comptes !
La question récurrente de leur financement est, du coup, redevenue d'une brûlante actualité. Philippe Cochet, député UMP du Rhône, a déposé une proposition de loi visant à imposer plus de transparence ; et la commission Attali s'est aussi emparée du sujet. Le parlementaire et la commission s'accordent sur la nécessité d'obliger les syndicats à tenir une comptabilité précise. Si elle aboutissait, cette réforme introduirait une révolution dans le Landerneau social : car la loi Waldeck-Rousseau de 1884, qui régit encore ces organisations professionnelles, les dispense à la fois de payer l'impôt et de publier leurs comptes !
Comme le confirmait, dans un rapport remis au gouvernement en mai 2006, Raphaël Hadas-Lebel, président de section au Conseil d'État : « Le financement des organisations syndicales est caractérisé par une grande opacité : aucun document public ou administratif porté à notre connaissance ne présente de synthèse des ressources financières des syndicats en France, ni même des mécanismes de financement. » Dès lors, il est impossible de connaître exactement l'ensemble des fonds que perçoivent les syndicats, ni leur origine.
Reste une certitude, déjà soulignée par une enquête du Nouvel Observateur publiée en février 2002 : « En vingt ans, le syndicalisme français a perdu la moitié de ses troupes. Et pourtant jamais les centrales n'ont été aussi riches. » En effet, le taux de syndicalisation parmi les salariés français est aujourd'hui inférieur à 8 %. En regard, selon Dominique Labbé, chercheur, spécialiste du syndicalisme, la CGT disposerait de 10 000 permanents ; la CFDT de 8 000 à 10 000 ; Force ouvrière, de 7 000 ; la CGC et la CFTC de 3 000 chacune. Au total, une trentaine de milliers d'emplois à temps plein. Qui paie ?
Certainement pas les cotisations des adhérents. La CFDT, seule centrale à publier des comptes sur internet, avance le chiffre de 65,11 millions d'euros de cotisations perçues et prétend, comme chaque année, qu'« en 2006, cotisations et autres ressources internes assurent près des trois quarts du budget confédéral ». Des affirmations battues en brèche par les experts : pour Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail (IST), les cotisations des syndiqués couvrent au maximum 20 % des ressources des syndicats.
Le trou de la Sécu n'est pas perdu pour tout le monde
Pour le reste, les organisations font leur miel dans des champs très différents : à la manne qu'elles recueillent contribuent l'État, les collectivités territoriales, le Conseil économique et social, les organismes sociaux, les organismes de formation professionnelle, les entreprises privées...
Tout est bon pour remplir la gamelle syndicale ! « Les subventions publiques, les prélèvements sur les organismes paritaires et les avantages tirés des "droits syndicaux" constituent les trois sources principales auxquelles s'abreuvent les syndicats », écrivait Guillaume Desanges dans un article paru clans Valeurs actuelles le 19 octobre dernier. Exemples à l'appui : au chapitre des subventions, en 2005, le ministère du Travail a octroyé quelque 29 millions d'euros à l'ensemble des centrales. Le ministère de l'Agriculture distribue une dizaine de millions aux syndicats agricoles. Le ministère du Budget octroie aux organisations professionnelles quelque 300 millions d'euros, sous forme d'abattements fiscaux, exonérations d'impôt et déductions des cotisations syndicales du revenu imposable...
Au total, combien l'État met-il au pot ? « Si l'on met bout à bout toutes ses subventions, c'est au bas minimum 472 millions d'euros qui passent chaque année de la poche des contribuables aux caisses des syndicats, » estimait en mai 2002 le mensuel Capital, dans un dossier consacré à « L'Argent secret des syndicats ». Il n'y a guère de chance que ce chiffre ait diminué.
Côté Sécu, retraites et formation professionnelle, le gâteau est d'autant plus tentant que la gestion paritaire permet d'y accéder facilement. À elle seule, la Direction générale du Travail attribue chaque année 30 millions d'euros aux centrales, au titre de la formation des syndicalistes. Et Capital constatait déjà en 2002 que « les caisses de retraite et la Sécu prélèvent sur les cotisations une bonne cinquantaine de millions d'euros pour les syndicats. » Le fameux « trou » n'est pas perdu pour tout le monde... Encore ne s'agit-il sans doute là que de la partie émergée de l'iceberg.
Organismes de droit privé cogérés par les centrales et le patronat, les caisses de retraite complémentaires ont besoin de l'accord des syndicats pour prélever des cotisations sur les feuilles de paye des salariés. Elles font donc assaut de séduction pour s'attirer les bonnes grâces des organisations : subventions couvrant les « frais de paritarisme », achat de pages de publicité dans la presse syndicale ou de stands dans les congrès, rémunération de « conseillers techniques » ou de permanents syndicaux, fourniture de matériel informatique, etc.
Les organisations syndicales (et patronales... ) complètent ces gains en recourant à quelques « trucs » : par exemple en trafiquant les justificatifs ouvrant droit aux subventions octroyées par les caisses de retraite au titre de la formation de leurs administrateurs, ou en ponctionnant les cotisations salariales...
Les avantages liés aux « droits syndicaux » concernent en particulier les locaux et moyen matériels qu'entreprises et administrations sont tenues de mettre à la disposition des syndicats, mais aussi et surtout les délégations de personnel, les emplois détachés, décharges de service et autres autorisations d'absence. Selon l'Institut supérieur du Travail, 20 000 emplois équivalent temps plein sont payés par le secteur public, ce qui représenterait une « aide » de plus de 500 millions d'euros par an ! La SNCF mettrait à la disposition des syndicats quelque 1700 cheminots, l'Éducation nationale 2 500 personnes, et le ministère de l'Intérieur, pas moins de 1 400 agents, soit un policier sur cent. Parmi les « stars », Jean-Claude Mailly, le patron de FO, est payé par la Sécu, et Bernard Thibaut salarié par la SNCF.
Pour 750 millions d'euros, t'as la paix sociale !
Les entreprises privées ne sont pas en reste. Mise à disposition des syndicalistes de Laguna (Renault), gains d'ancienneté, congés supplémentaires et heures sup (Véolia), fournitures de véhicules de fonction, avec cartes d'essence et de péage (Eiffage) : les exemples cités par Capital dans une « Enquête sur l'argent noir des syndicats » publiée en décembre 2007 ne laissent entrevoir qu'une faible partie de la réalité. L'affaire Gauthier-Sauvagnac permet de mieux l'appréhender : une caisse noire de 600 millions destinée aux bonnes œuvres en faveur des salariés grévistes et des entreprises victimes de conflits sociaux, 18 à 20 millions d'euros en liquide tirés entre 2000 et 2007 pour servir « au financement de différents organismes qui font partie de notre vie sociale », a indiqué l'ancien patron de l'UIMM. Qui dit mieux ?
D'autres sources de financement viennent encore gonfler la tirelire. Au Conseil économique et social, par exemple, siègent 67 syndicalistes (CFDT, CGT, FO, CFTC, CGC et Unsa) qui abandonnent leur indemnité (entre 2 838 et 3 129 euros nets mensuels) à leur syndicat. Par ce biais, les six organisations concernées se partagent, au prorata du nombre de leurs conseillers, une manne comprise entre 2 282 000 et 2 516 000 euros par an. Les Comités interprofessionnels du logement (CIL), cogérés par le patronat et les syndicats, et financés par le 1 % logement, absorbent en « frais de fonctionnement » un tiers du 1,3 millions d'euros qu'ils récoltent annuellement. Une partie de cette somme alimente les caisses des syndicats et du patronat.
Les Comités d'entreprise apportent aussi leur écot au financement des fédérations. L'affaire de la Caisse centrale d'activités sociales (CCAS) d'EDF, en 2003, a illustré les dysfonctionnements auxquels donne prise ce système. Totalement contrôlé par la CGT, le comité d'entreprise d'EDF est financé sur les factures payées par les consommateurs. Disposant d'un budget de 400 millions d'euros, il emploie 3 500 permanents. L'enquête diligentée après la révélation des tripatouillages de la CGT et du PCF par le nouveau directeur de la CCAS a fait état d'emplois fictifs, de surfacturations de contrats passés avec des sociétés complices, de subventions distribuées à des organismes amis, du financement de la sono de la campagne présidentielle de Robert Hue en 2002, etc.
Et la liste est loin d'être exhaustive. Capital pose le problème de fond : les dépenses totales des syndicats sont estimées à un milliard d'euros ! Leurs ressources officielles, entre les cotisations, les subventions et la vente des produits dérivés, ne dépassent pas 250 millions. Il faut bien trouver le reste (750 millions d'euros donc !) quelque part...
Or. l'écart entre les ressources considérables des syndicats et la minceur de celles provenant des cotisations des adhérents a des conséquences sur l'esprit même du syndicalisme. « Cela a conduit à une professionnalisation des activités syndicales, à la multiplication des postes de permanent (alors même que le nombre des adhérents s'effondrait), à la perception d'aides, de subventions, d'indemnités de nature diverse, de mises à disposition de personnels, rendant en fin de compte le recrutement de nouveaux adhérents moins important pour l'équilibre des recettes et des dépenses », analysent les chercheurs Dominique Labbé et Dominique Andolfatto sur le site de l'Institut supérieur du travail. « Au passage, les nouvelles tâches institutionnelles ont pu sembler plus nobles que la "rencontre" exigeante avec les salariés de base. Cela a creusé une certaine distance doublée de méfiance réciproque entre les salariés et les syndicats. » Le syndicalisme français mourra-t-il de subventionnite ?
Pierre-Jean Rivière Le Choc du Mois Février 2008
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Apprendre à lire, écrire et compter dans les petites écoles d’Ancien Régime (XVIIe-XVIIIe)
Lire, écrire et compter sont les trois rudiments élémentaires enseignés dans les petites écoles de l’Ancien Régime, qui ont vu naître la pédagogie moderne (utilisation des images, du jeu comme moyen d’apprentissage). Si le catéchisme, la prière et les leçons de civilité tenaient la première place dans ces petites écoles, la lecture et l’écriture n’étaient pas oubliées.
L’école est alors à la charge de l’Église, et tenue soit par un maître – voire une maîtresse – nommé par le curé de la paroisse avec la communauté des habitants, soit par une congrégation enseignante, soit quelquefois par le curé lui-même. Dans les campagnes, les habitats destinés spécifiquement à l’éducation des enfants sont extrêmement rares, la communauté décidant de se lancer dans cette coûteuse entreprise devant obtenir l’accord de l’intendant qui menait enquête sur le besoin scolaire. De ce fait, la salle de classe est installée dans le logement du maître (dans la grande majorité des paroisses), parfois dans une grange ou sous le porche de l’église. Rappelons enfin qu’une infime minorité des élèves scolarisés dans ces petites écoles accèdent au collège : la petite école n’est pas une passerelle, et d’ailleurs bon nombre d’enfants la quittent avant la fin de l’apprentissage.
I. L’encadrement des élèves
Tenir sa classe n’est pas chose aisée sous l’Ancien Régime, d’autant qu’il n’est pas exceptionnel que le maître d’école ait plus de cent élèves, tous niveaux confondus, à gérer ! A une certaine anarchie qui caractérise les petites écoles du XVIe se substitue une discipline de fer à partir du XVIIe. L’espace est quadrillé : les élèves sont classés en fonction de leur niveau, avec un espace pour les nouveaux, et un pour les cancres (le « banc d’infamie » avec le bonnet d’âne ou un âne peint). Garçons et filles sont séparés dans deux salles différentes, parfois simplement sur des bancs différents.
L’enfant est constamment surveillé. Le pédagogue Jacques de Batencour, dans l’Escole paroissiale (1654), va jusqu’à conseiller au maître, si sa chambre est au-dessus de la classe, d’installer un treillis de bois d’où il pourra observer les écoliers sans être vu. Mais le maître à surtout recours à des relais pour la surveillance puisqu’il ne peut pas surveiller seul ce qui peut être une centaine d’élèves. Batencour conseille au maître de déléguer la surveillance à deux observateurs qui noteront sur un bout de papier le nom des enfants indisciplinés : ceux qui parlent, ceux qui poussent les autres, ceux qui ne sont pas dans le rang. Ces deux observateurs doivent être choisis parmi « les plus fidèles et les plus avisés ». A chaque coin de l’école, un admoniteur doit annoncer tout haut le nom des élèves qui parlent, n’écrivent pas ou badinent, le maître pouvant alors punir. Deux intendants sélectionnés parmi « les plus grands, les plus zélés et affectionnés à l’école » ont la surveillance de tous les autres officiers.
Jean-Baptiste de La Salle (auteur de la Conduite des écoles chrétiennes, 1706) reprend la hiérarchie politique romaine antique mise en place par les Jésuites dans leurs collèges avec les titres d’empereur, censeur, préteur, consul, prince des décurions, maîtres des prodécurions, sénateurs, décurions et prodécurions. L’unité de travail est le banc, chaque officier ayant en charge l’un des bancs ; les officiers supérieurs font réciter les officiers inférieurs. Cette structure pyramidale est une manière de tenir la classe et de récompenser les meilleurs élèves par l’octroi de titres qui devaient les rendre fiers !
Carte tirée de L’éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle (R. Chartier, D. Julia, M.-M. Compère ; cf. sources), p. 17.La France scolaire du baron Dupin : Le baron Charles Dupin réalisa la première carte du tissu scolaire en France, plus précisément de la fréquentation scolaire (1826). Il y voit deux France : une France du Nord-Est instruite et une France du Sud et de l’Ouest « obscure » séparées par une ligne reliant Saint-Malo à Genève. Cette démarcation est valable sous l’Ancien Régime, le nombre d’individus sachant, à la fin du XVIIe et au XVIIIe, signer dans les registres paroissiaux (seul moyen pour les historiens d’évaluer l’alphabétisation des Français) étant plus élevé au Nord de la ligne Saint-Malo – Genève. En 1827, Dupin publie les Forces productives et commerciales de la France où il établit un lien direct de cause à effet entre l’instruction des masses et le développement économique, contre l’avis des philosophes des Lumières. La France du Nord-Est abrite alors les régions les plus riches et industrieuses tandis que les régions où le tissu scolaire est le moins dense sont souvent pauvres et mal-payantes (Bretagne, Massif central, Loire,…).
II. Lire
Abécédaire provençal
du début du XVIIIe.L’apprentissage de la lecture est l’activité essentielle des petites écoles et la seule que certains enfants connaîtront : ils ne resteront pas assez longtemps pour apprendre à écrire. Cet apprentissage dure normalement trois ans. L’Escole paroissiale de Jacques de Batencour indique un apprentissage divisé en plusieurs étapes. D’abord, il faut enseigner aux enfants à connaître les lettres ; puis leur apprendre à assembler ces lettres pour former des syllabes et enfin épeler les syllabes pour en faire des mots. Jean-Baptiste de La Salle quant à lui décrit pas moins de neuf degrés dans l’apprentissage : successivement « Carte d’alphabet » (2 mois), « Carte des syllabes » (1 mois), « le Syllabaire » (5 mois), « Épellation dans le 1er livre » (3 mois), « Épellation et lecture dans le 2e livre » (3 mois), « Lecture seule dans le 2e livre » (3 mois), « Lecture dans le 3e livre » (6 mois), « Lecture en latin dans le Psautier » (6 mois) et « Lecture dans la Civilité » (2 mois).
L’épellation fait l’objet de débats. Les pédagogues Arnauld et Lancelot écrivent dans la Grammaire générale et raisonnée de 1660 qu’il vaut mieux apprendre aux élèves les lettres par leur prononciation. Cette méthode gagne rapidement du terrain face à la précédente. Les Frères Tabourin dans les classes qu’ils ouvrent au début du XVIIIe nomment les consonnes en y ajoutant seulement un « e » muet et non un « é » (par exemple « be » au lieu de « bé », « me » au lieu de « ém »).
III. Écrire
L’apprentissage de l’écriture suppose un certain matériel : du papier, de l’encre (mise dans des cornets de plombs fixés sur la table) et un canif et deux plumes d’oie apportés par l’élève. La taille de la plume est déjà un exercice en soi que l’auteur de l’article consacré à ce sujet dans l’Encyclopédie décrit avec détail. L’élève doit apprendre à bien positionner son corps : ni trop penché, ni trop droit avec le bras gauche posé à l’aise sur la table. Jean-Baptiste de La Salle écrit que le maître doit mettre lui même l’écolier dans la bonne posture et chaque membre au bon endroit. L’élève doit enfin apprendre à bien tenir la plume. Pour leur apprendre à bien la tenir, Jean-Baptiste de La Salle propose de substituer au départ à la plume un bâton de même grosseur avec des crans marquant l’endroit où poser les doigts. L’élève apprend d’abord à former certaines lettres : les lettres C, O, I, F, M pour La Salle. Après ces rudiments, l’écolier apprend les notions de hauteur, largeur et pente des écritures, la distance des lettres et des lignes.
Le maître ne doit faire remarquer à l’élève que deux ou trois fautes à la fois, même s’il en a fait davantage sans quoi il serait embrouillé « comme un estomac à qui on donne trop de viandes » (La Salle) : l’élève oublierait tout dans sa confusion. Certaines techniques conseillées par les pédagogues aident à l’apprentissage comme l’utilisation de transparents ou de papiers rayés par ligne et par largeur que l’on place sous la feuille.
IV. Débats pédagogiques et évolution de l’enseignement
● Enseigner le latin ou la langue vulgaire ?
Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, la première langue apprise n’est pas le français mais le latin ! Plusieurs arguments sont avancés à cela : le latin permet de répondre aux offices et de lire l’Écriture et l’on pense que l’apprentissage du latin est plus facile que celui du français, le latin étant à la base du français. D’autre part, un grand nombre d’élèves pratiquent, hors de l’école, les parlers patoisants, qui sont d’une extrême diversité, pouvant varier d’un village à l’autre. Il paraît donc plus judicieux d’apprendre la langue de l’Église, langue universelle et stable.
Saint Jean-Baptiste de La Salle provoque à la fin du XVIIe de vifs débats lorsqu’il propose d’enseigner d’abord à lire la langue maternelle. La Salle renverse l’argument de la facilité en estimant qu’il est plus motivant pour des élèves d’apprendre à lire dans leur langue usuelle qu’en une langue qu’ils ne comprennent pas tout de suite. A cet argument, il ajoute que le latin est vite oublié et d’aucune utilité dans la vie future sauf pour quelques exceptions. La Salle fait publier sans permission un syllabaire français en 1698, le premier du genre si l’on excepte les ABC calvinistes et l’Alphabet francoys, latin et grec de Jean Behourt paru en 1620 et resté sans réédition. Si l’apprentissage dans la langue vernaculaire progresse, certaines écoles continuent d’enseigner l’apprentissage en latin jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
● Enseigner le français plutôt que le patois ?
Au XVIIIe siècle, l’idée fait son chemin chez une fraction des pédagogues d’enseigner le français plutôt que le patois local. Après tout, la langue française stabilisée n’est-elle pas la langue de la législation, des rapports et des injonctions des autorités provinciales dont on doit prendre connaissance ? Ne paraît-il pas anormal que le français soit davantage maîtrisé par les élites européennes que par les Français eux-mêmes ?
Dans son testament pédagogique de 1752, un vieux régent du Praz (Savoie), qui a enseigné pendant 48 ans, conseille à ses collègues d’apprendre à leurs élèves à « parler français, qui est la langue dont on se sert canoniquement et civilement dans ce pays, et qui s’étend dans presque toutes les contrées du monde, outre que la chose la plus essentielle est que les instructions qui se font dans l’église et ailleurs se font en cette langue ; on la pratique en se confessant et lorsque l’on est obligé de parler à un juge, à un intendant et à toutes personnes dont on est obligé de se servir de cette langue générale pour se faire entendre. ».
L’apprentissage du français tend à se répandre dans les provinces où l’on parle majoritairement un patois même s’il semble rester largement minoritaire à la veille de la Révolution.
● Apprendre en jouant (XVIIIe siècle)
A partir du XVIIIe siècle, les pédagogues insèrent du jeu dans les méthodes d’apprentissage. Les enfants peuvent avoir à disposition des lettres découpées, peintes sur des cartes ou gravées sur des boules pour former des syllabes en s’amusant. En 1773, le baron de Bouis propose une méthode où il associe lettres et couleurs et lui donne le titre révélateur de Méthode récréative pour apprendre à lire aux enfants sans qu’ils y pensent. « On peut nommer cette méthode syllabaire joyeux puisque l’enfant est toujours gai ». L’abbé Berthaud propose dans le Quadrille des enfans publié en 1744 d’associer les sons à des images montrant des objets courants. L’enfant apprend à nommer le son avec l’objet qui lui est lié : le son « i » est associé à l’objet « lit », « une » à la lune, « in » au moulin, « cau » à l’abricot. Ces associations de son et d’images se trouvent sur 84 figures coloriées groupées sur des planches insérées dans un livre mais peuvent être aussi découpées et collées. Dans les éditions tardives, ces 84 cartes se présentent sous la forme de fiches mobiles à placer dans des boîtes à compartiments. L’appel à l’image, jugé susceptible d’éveiller l’intérêt de l’écolier, se répand rapidement et est promis à un bel avenir.
Illustrations issues du Roti-cochon ou méthode très-facile pour bien apprendre les enfans à lire en latin & en francois (vers 1680 ?) :
Le Rôti-cochon, peut-être plus célèbre aujourd’hui qu’en son temps (du fait de ses rééditions successives à partir de 1890), est représentatif de cette vague de livres illustrés du XVIIIe, conçus pour accroître l’intérêt de l’élève.
V. Compter
Compter est la dernière étape de l’apprentissage scolaire et nombre d’enfants quittent l’école avant d’apprendre les rudiments du calcul (on n’apprend pas à compter en même temps que l’on apprend à lire ou écrire, mais après). Dans les écoles des Frères des écoles chrétiennes, on apprend successivement l’addition pendant deux mois, la soustraction deux autres mois, la multiplication durant trois mois et la division pendant quatre mois. L’apprentissage des quatre opérations de base est complété par celui de la règle de trois, de la preuve par neuf et des fractions. Cet enseignement n’est néanmoins par présent partout : bon nombre de maîtres ne savent pas aller au-delà de l’addition.
On ne dissocie jamais l’aspect utilitaire : on apprend à compter en livres, sols et deniers et on repère l’intérêt de chaque opération pour chaque profession. Parfois, dans des manuels plus développés, s’ajoutent des règles de conversion des mesures de capacité, ou pour les futurs commerçants le calcul de l’intérêt des sommes prêtées.
Bibliographie :
CHARTIER, Roger ; JULIA, Dominique ; COMPÈRE, Marie-Madeleine. L’éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle. Société d’édition d’enseignement supérieur, 1976.
GROSPERRIN, Bernard. Les petites écoles sous l’Ancien Régime. Ouest France, 1984.
LEBRUN, François ; VENARD, Marc ; QUÉNIART, Jean. Histoire de l’enseignement et de l’éducation. 2 – 1480-1789. Perrin, 2003.Gallica (le Rôti-cochon) http://histoire.fdesouche.com
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Mali – Opération Serval : Konna reprise aux islamistes, Diabaly évacuée par les jihadistes
La ville de Konna, à l’est du delta intérieur du Niger, a été reprise cette nuit aux islamistes du Mujao qui la tenaient depuis le 10 janvier. Durant la journée, Diabaly a été évacuée par les jihadistes. La bataille du delta intérieur du Niger est gagnée, une nouvelle phase de l’opération Serval commence.
Au nord de Sévaré, à Konna, ce soir, aucune résistance islamiste n’est visible, selon une information diffusée sur la télévision malienne. Tous les assaillant semblent s’être regroupés bien plus à l’est, sur la ville sahélienne de Douentza. Ce sont les hommes du colonel Didier Dakouo, le chef des opérations militaires de l’armée malienne dans la région de Mopti, qui sont entrés les premiers dans la ville (renforcés par des milices d’autodéfense), appuyés par les troupes françaises. Les principaux combats ont eu lieu cette nuit, la ville étant conquise vers 01h00, heure de Paris. Les troupes françaises ont largement été mises à contribution après la prise en embuscade d’une colonne motorisée du Mujao par les forces maliennes. Des frappes aériennes et des attaques héliportées nocturnes ont été nécessaires pour détruire la colonne de pick-up armés.
A Niono, de l’autre côté du delta intérieur du grand fleuve, le préfet local a mobilisé dès hier soir de jeunes gens d’une vingtaine d’années pour patrouiller et déceler d’éventuelles tentatives d’infiltrations des groupes islamistes. Trois individus armés, selon les autorités locales, auraient été arrêtés et remis aux services de sécurité (source). La peur des infiltrations islamistes gagne au sein de l’opinion malienne. A Bamako, les forces de police et de gendarmerie sont plus présentes en ville selon les habitants. Pour des raisons de sécurité, les écoles françaises de Niamey, Nouakchott et Bamako vont rester fermées toute la semaine.
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Subversion / Oranges bruns : les Britanniques préparent de nouveaux coups d’Etat en Ukraine, en Géorgie et en Moldavie
Les Britanniques prédisent de nouvelles révolutions en Ukraine et n’excluent pas une telle éventualité pour la Moldavie et la Géorgie, selon le pronostic des auteurs d’un compte rendu de l’Institut royal britannique des relations internationales. A leur avis, à l’issue des révolutions, la société ne s’est pas mise à participer plus activement à la politique, ce qui entraîne la corruption, le mécontentement vis-à-vis des autorités, et de ce fait, les révolutions sont inachevées.
Les auteurs du compte rendu « Comment terminer la révolution : la société civile et la démocratie en Géorgie, en Moldavie et en Ukraine » sont convaincus que tôt ou tard la société explosera pour « achever » ces processus. La révolution des roses géorgienne en 2003, la révolution « orange » en Ukraine en 2004 et la relève du pouvoir en Moldavie en 2009 ont montré que les citoyens de ces pays aspiraient à des changements. Cependant, ces événements accentuent la corruption, le mécontentement dans le contexte de l’accès limité des citoyens à la vie publique. Pout « achever » les révolutions les chercheurs britanniques conseillent aux organisations non commerciales d’entraîner plus activement les citoyens dans les protestations, de coopérer plus étroitement avec les médias et sur les réseaux sociaux ».
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Enquête sur la droite en France : Laurent Dandrieu : « Nous sommes le parti du péché originel »
Rédacteur en chef à Valeurs actuelles, Laurent Dandrieu est l'auteur de Woody Allen, portrait d'un antimoderne (CNRS éditions).
Monde et Vie : Les notions de droite et de gauche ont-elles encore une signification ?
Laurent Dandrieu : Droite et gauche sont des notions relatives, qui n'ont jamais constitué des blocs idéologiques hermétiques, cohérents et immuables : beaucoup d'idées passent de l'une à l'autre, s'y retrouvent dans des proportions et des combinaisons variables. Cette porosité donne régulièrement naissance à l'illusion qu'il n'y aurait plus ni droite ni gauche, et que les hommes de bonne volonté « des deux rives » pourraient se retrouver autour de « valeurs » communes, comme le souverainisme, la nécessaire régulation du capitalisme ou la conception méritocratique de l'école.
Mais tous ceux qui ont tenté de jeter des passerelles entre droite et gauche ont toujours fini par revenir sur leur rive d'origine, leurs culottes passablement trempées, parce que ces passerelles ont fini par ployer sous le poids d'une réalité très lourde : c'est, au-delà des convergences particulières, la persistance d'une divergence fondamentale, qui est que droite et gauche n'ont pas la même vision de l'homme, et donc de la société.
Au fond, qu'est-ce qui différencie, à vos yeux, la droite de la gauche ?
On peut les différencier par la croyance ou non au péché originel.
Nous autres, gens de droite, nous sommes le parti du péché originel, nous croyons que l'homme est et restera toujours un animal blessé, empêtré dans sa volonté de bien faire par sa constitutive faiblesse, et que le but de la politique est d'épauler cette faiblesse par des institutions fortes qui lui permettent, malgré elle, de construire et d'aller de l'avant.
Pour la gauche, en revanche, l'homme est un être naturellement bon, qui tend par le sens de l'histoire vers toujours plus de perfection, la seule chose qui l'en empêche étant les archaïsmes du passé, dont il appartient à la politique de le libérer. L'homme de droite sait qu'il est un héritier et, comme disait Maurras, qu'il trouve en naissant dans un pays de civilisation infiniment plus qu'il n'y apporte : c'est ce trésor de civilisation que la politique se doit de protéger et de transmettre ; pour lui, la Tradition est la condition de tout progrès.
L'homme de gauche, lui, refuse cet héritage car c'est l'avenir qui est porteur de bonheur et de liberté, non le passé qui nous enferme et nous limite : la politique, c'est rompre avec la tradition au nom du Progrès.
Trouvez-vous dans les débats politiques actuels un écho de cette distinction fondamentale ?
La question du « mariage gay » me semble fournir une bonne illustration de la façon dont l'utopie de gauche revient à nier le réel, et dont les visions antagonistes de l'identité structurent aujourd'hui l'affrontement droite-gauche. La gauche n'aime pas le réel, parce qu'il s'oppose à ses utopies libératrices. Le réel, si vous l'acceptez tel qu'il est, est d'abord une limite. Les chrétiens savent bien que le premier stade du progrès spirituel, c'est le réalisme, c'est-à-dire s'accepter tel qu'on est, avec ses défauts, ses blessures et ses faiblesses, ses « épines dans la chair » aurait dit saint Paul. Cette acceptation est douloureuse, mais finalement positive, parce que c'est elle qui nous permet de grandir et d'avancer. L'homme moderne, lui, est en perpétuelle révolte contre ses limites et cela l'entraîne dans un processus sans fin de dénégation du réel. C'est ainsi qu'on en vient à nier la différenciation sexuelle : à la distinction naturelle entre homme et femme, on prétend désormais substituer le genre, qui est une identité sexuelle non plus subie, mais choisie, et modifiable à l'infini.
Cette détestation de son identité objective, conçue comme quelque chose qui enferme et non qui enracine, l'homme moderne occidental l'étend à la civilisation et à la société qui l'ont façonné. C'est l'origine de la fascinante haine de soi qui paralyse aujourd'hui l'Occident et de l'obsession de la repentance.
Le libéralisme est-il de droite ?
Dans la mesure où il fait primer la liberté sur tout autre impératif, notamment spirituel ou moral, je pense que non. Toute la difficulté de la droite est de concilier son conservatisme et son attachement aux libertés ; son refus du relativisme, sa croyance que certaines formes de société sont préférables à d'autres et donc le souci de fixer des cadres à l'activité humaine qui favorisent le bien commun, et sa volonté (en partie en réaction contre la tentation de la gauche de construire un homme nouveau, qui emprunte toujours des voies contraignantes) de préserver les libertés et le pré carré de la responsabilité humaine. Si je crois que cette défense des libertés est bien essentielle pour la droite, je redoute aussi avec Jean-Claude Michéa la pente naturelle du libéralisme qui est de détruire toutes le contraintes (voir le repos dominical) que le conservatisme sait être nécessaire. Surtout, le fond du libéralisme est un relativisme qui revient à nier à la société le droit de décider ce qui es bien et mal, et donc à laisser à chacun une liberté morale totale - fût-ce au prix de lois contraignantes. C'est tout le paradoxe du « mariage gay »
Comment expliquer que dans un pays en constante droitisation, la droite soit en capilotade ?
Par le fait que la droite n'est pas de droite. Ayant tourné le dos depuis des décennies à toute forme de réflexion, la droite est particulièrement vulnérable aux effets de mode, aux diktats médiatiques, aux injonctions « morales », à l’imprégnation par l'idée de gauche d'une évolution inéluctable de la société. Sarkozy puis Copé ont franchi un cap supplémentaire avec l'affichage cynique du fait qu'ils n'étaient pas là pour le bien commun, mais pour assouvir une ambition personnelle.
L'échec final de la « ligne Buisson » est inscrit dans l'inanité de faire tenir à des responsables politiques un discours droitier qu'ils récitent sans y croire, et qu'a démenti toute leur pratique politique quotidienne.
Comment la droite peut-elle se reconstruire ?
Elle ne pourra le faire que par une reconstruction intellectuelle : mais il ne faut pas l’atteindre des partis politiques, que ces questions indiffèrent. Ce travail ne pourra venir que de la base.
Propos recueilli par Hervé Bizien monde&vie -
Retraite : Parisot veut reculer l’âge de départ
La présidente du Medef met encore une fois sur la table la question d’une nouvelle réforme des retraites, mais dans un sens différent de l’exécutif.
Bien qu’empêtrée dans sa tentative de modifier les statuts pour rester à son poste deux ans de plus, Laurence Parisotn’a rien perdu de sa détermination à faire «bouger les lignes», pour reprendre le slogan du programme présidentiel du Medef en 2007. Lors de sa conférence de presse mensuelle mardi, où elle est apparue fatiguée et les traits tirés, la présidente de l’organisation patronale a mis encore une fois sur la table la question d’une nouvelle réforme des retraites, mais dans un sens différent de l’exécutif. «Il est illusoire de croire que les difficultés sont derrière nous après la réforme de 2010», a martelé la patronne des patrons.
Pour Laurence Parisot, les choses sont même presque aussi simples qu’en 2008 lorsqu’elle avait été la première à préconiser un recul de l’âge de départ à la retraite pour équilibrer à terme les régimes de retraite. Elle avait proposé de repousser le curseur jusqu’à 63 ou 65 ans, s’attirant alors les foudres de Nicolas Sarkozy au prétexte qu’une telle mesure ne figurait pas dans son programme de campagne. «Tous nos voisins ont choisi, à l’horizon 2035 ou 2040, de reculer l’âge légal de départ à 66 ou 67 ans, a-t-elle expliqué. On ne pourra pas résoudre les problèmes que nous connaissons avec des mesures du type de désindexation des pensions. Nous devons lancer le débat sur des orientations claires à moyen terme et la question de l’âge légal devra être reposée.»
Un trou de 20 milliards
Les mesures conservatoires à court terme, qui doivent être arrêtées par les partenaires sociaux pour sauver les régimes complémentaires de la banqueroute, ne suffiront pas. Le mal est plus global. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) l’a d’ailleurs clairement indiqué en décembre en chiffrant à 20 milliards d’euros le besoin de financement de l’ensemble des régimes en 2020. Et il devrait le refaire le 23 janvier en publiant un nouveau rapport, bien plus complet, sur «l’état des lieux du système français».
La réforme à venir, en tout cas, ne pourra être que globale. Pour la présidente du Medef, l’âge de départ ne devra pas être la seule variable d’ajustement. «C’est une combinaison optimale entre recul de l’âge de départ et allongement de la durée de cotisation qu’il convient de trouver», assure-t-elle. Non sans souffler quelques orientations plus générales sur les dépenses sociales qui lui tiennent à cœur et qu’elle répète à l’envi dès que l’occasion se présente.
«Je suis frappée de voir que le gouvernement n’aborde jamais la question, a-t-elle donc fustigé. François Hollande nous dit qu’il va devoir baisser de 60 milliards d’euros les dépenses publiques sur le quinquennat mais ne donne jamais les modalités ni les pistes pour y parvenir.» Pour elle, c’est pourtant on ne peut plus clair, la solution passe aussi par «une réforme du financement de la protection sociale, de l’Assurance-maladie».
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Dénoncer le nouvel ordre moral ! (archive 2011)
Entretien avec Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique
La vingtième université d'été de Renaissance catholique a pour thème « Le nouvel ordre moral ». Pourquoi avoir choisi ce sujet ?
Parce qu'il nous semble qu'il se répand largement aujourd'hui une erreur selon laquelle il n'y aurait plus de morale. Cela n'est pas possible. En effet, toute société, dans la mesure où elle fait vivre ensemble des personnes aux aspirations et aux intérêts divers, a besoin pour des raisons pratiques de formaliser un certain nombre de règles plus ou moins arbitraires. L'archétype de ces règles arbitraires, sans incidence morale, est que sur les routes de France la circulation est à droite alors qu'en Angleterre, elle se fait à gauche. Si l'homme a toujours besoin de règles communes partagées pour vivre en société, il se trouve cependant qu'en l'espace de cinquante ans un changement complet de paradigme s'est opéré : on rougit aujourd'hui de la vertu, de la fidélité, de la tradition comme on rougissait autrefois de ses écarts de conduite. L'avortement légal et remboursé, la stérilisation de masse, la pilule contraceptive, le mariage homosexuel, l'euthanasie, le tri embryonnaire, la théorie du gender... sont devenus les nouveaux lieux communs de la bien-pensance contemporaine. Nous ne pouvions imaginer, lorsque ce sujet a été choisi en début d'année, que nous serions à ce point rejoints par l'actualité : si les débats sur les lois de révision de bioéthique étaient bien programmés, les démêlés judiciaires de Dominique Strauss-Kahn, les déclarations de Luc Ferry mettant en cause un ancien ministre, les manuels de SVT (sciences de la vie et de la terre) des classes de Première ne l'étaient pas.
Il était de bon ton, à une certaine époque, de déclarer que tout était politique. L'affirmation selon laquelle tous nos actes ont une portée morale paraît plus fondée dans la mesure où la morale est étymologiquement ce qui a trait au comportement, aux mœurs. C'est dire l'importance et l'actualité de ce sujet. Le programme détaillé des conférences est indiqué ci-dessous.
- Vous parvenez encore cette année a opérer un mélange assez exceptionnel puisqu'au « noyau dur » de vos conférenciers habituels ou au moins réguliers (Philippe Conrad, Claude Rousseau, Jean Sevillia, Jacques trémolet de Villers...) viennent s'adjoindre de nouveaux intervenants (Mgr Anatrella, Laurent Dandrieu, Hugues Kéraly, Anne-Marie Libert..,).
- Effectivement ! Il nous semble que concernant la formule d'une université pérenne dans le temps -nous en sommes à la 20e édition - il y a deux solutions : soit vous travaillez exclusivement avec une équipe fidèle qui partage toutes vos convictions, le risque étant de rapidement tourner en rond ; soit vous acceptez de faire appel à des compétences qui sur un sujet particulier vous paraissent avoir des réflexions intéressantes à transmettre. C'est clairement ce second choix que nous avons fait.
- Comment s'articule le programme de cette Université ?
— La conférence introductive sera prononcée par le professeur Claude Rousseau qui s'attachera à mettre en lumière toutes les conséquences du passage, dans le langage usuel, de la notion de morale à celle d'éthique. Ensuite nos conférenciers traiteront de la manière dont a été détruite la morale traditionnelle et dans quels domaines les destructeurs de cette morale ont fait porter l'essentiel de leurs efforts : seront ainsi abordées les questions de bioéthique, d'eugénisme, la promotion de l'homosexualité et la manière dont la lutte contre le sida a été utilisée pour banaliser des pratiques que la morale traditionnelle réprouve. Il nous est enfin apparu indispensable de consacrer une conférence à la manière dont l'ONU est un acteur majeur de la modification de la notion de famille, conçue comme l'union stable d'un homme et d'une femme ayant pour projet commun d'avoir et d'élever ensemble des enfants.
Dans une seconde partie, nous nous attacherons à cerner quels sont les piliers de cette nouvelle morale : refus de toute discrimination, dictature du principe de précaution, utilisation de l'écologie comme moyen d'imposer un comportement identique à tous les habitants de la planète, objectif ultime du mondialisme, et diffamation de notre histoire nationale. Notre réflexion serait cependant incomplète si nous ne nous penchions pas d'une part sur les rapports de l'économie et de la morale, d'autre part sur ceux de la morale et de la politique sans omettre de mettre en exergue la manière dont les puissances médiatiques (presse, cinéma, télévision, publicité...) ont promu ces changements de paradigme.
En conclusion, fidèle à la pensée de Benoît XVI et reprenant une partie des réflexions de notre ami Roberto de Mattei sur le sujet, je m'attacherai à montrer que, selon l'expression connue, « il n'y a pas plus sectaire qu'un libéral », et que ce relativisme généralisé engendre un système dictatorial sans équivalent à ce jour.
En complément de ces conférences, deux témoignages nous semblent devoir intéresser les lecteurs de Présent. D'abord celui de Philippe Isnard, professeur d'histoire, de géographie et d'instruction civique au lycée de Manosque, qui vient d'être révoqué de l'Éducation nationale pour avoir animé un débat contradictoire, conformément à la loi, dans ses classes de lycée à propos de l'avortement. Il témoignera de la manière dont l'Éducation nationale impose une pensée unique totalitaire et mensongère aux élèves et aux enseignants (cf. l'entretien dans Renaissance Catholique n° 116, 6 euros franco).
Ensuite, Adélaïde Pouchol viendra témoigner de la passionnante enquête, publiée par notre confrère l'Homme Nouveau, qu'elle a menée dans différents centres du Planning familial. En se faisant passer pour une jeune femme enceinte se posant des questions sur la poursuite de sa grossesse, elle a concrètement observé la réalité de cette institution qui a fait du droit à l'avortement libre et gratuit, selon le slogan « un enfant si je veux quand je veux », son cheval de bataille et fonds de commerce.
Concrètement ?
Cette Université se déroule du jeudi 14 au dimanche 17 juillet à Grand'Maisons (Villepreux, 20 km à l'ouest de Paris). Elle n'est pas réservée aux seuls adhérents de Renaissance catholique, mais elle s'adresse à toute personne de bonne foi désireuse de s'informer sur les sujets que nous traitons. Une garderie permet aux jeunes enfants d'être pris en charge pour la journée. Au-delà des conférences, ces journées sont également un temps fort de rencontres et d'échanges. Dans le domaine Spirituel, la sainte messe est célébrée tous les jours et nous nous réjouissons du nombre de prêtres de diverses communautés d'ores et déjà inscrits, six. Le père Argouarc'h de la Sainte-Croix de Riaumont nous accompagnera en pèlerinage à la collégiale Notre-Dame de Poissy où fut baptisé saint Louis. Une activité sportive est prévue pour les jeunes ainsi qu'une visite guidée du parc du château de Versailles.
Nous restons fidèles à notre intuition originelle : éclairer les débats du présent à la lumière de la foi et de la raison, dans la fidélité à notre tradition nationale. En ces temps de désorientation générale, ces quatre journées de formation, de détente, de culture et d'amitié chrétiennes constituent notre contribution à la toujours plus nécessaire réforme intellectuelle et morale. Croire que le zapping sur internet peut remplacer la formation un peu suivie et la lecture serait une grave illusion...
Propos recueillis par François Franc PRESENT 25 juin 2011 -
Les maîtres de la Contre-Révolution XVII. MAURICE BARRÈS
Nous hésitions à placer Maurice Barrès parmi les maîtres de la Contre-Révolution, pour la bonne raison qu'il a toujours préféré chercher les moyens d'améliorer la République plutôt que de conclure à la nécessité de rétablir la monarchie. Toutefois nous ne pouvions passer sous silence ce penseur politique dont on a fêté le cent cinquantenaire en août dernier et qui a tant contribué à rendre aux Français conscience d'appartenir à une grande nation.
Maurice Barrès naquit le 19 août 1862 à Charmes (Vosges) (1) Sa famille paternelle était originaire de la région de Saint-Flour en Auvergne, mais sa mère dont le père fut maire de Charmes, était bien implantée en Lorraine. Son premier "déracinement" fut son séjour au collège de La Malgrange, près de Nancy, où les chenapans ne se souciaient guère de respecter sa nature réservée ; il commença alors à se réfugier dans son « culte du moi ». Après le lycée puis la faculté de droit de Nancy, Barrès vint à Paris où sa vocation littéraire le poussa à multiplier les collaborations à différentes revues. En 1884 il en créa une, Les taches d'encre, où il exposa ses premières ambitions : « Notre tâche sociale, à nous, jeunes hommes, c’est de reprendre la terre enlevée, de reconstituer l'idéal français qui est fait tout autant du génie protestant de Strasbourg que de la facilité brillante du Midi. Nos pères faillirent un jour : c'est une tâche d'honneur qu'ils nous laissent. Ils ont poussé si avant le domaine de la patrie dans les domaines de l'esprit que nous pouvons, s'il le faut, nous consacrer au seul souci de reconquérir les exilés. » L'expérience n'eut que quatre numéros... mais le talent de Barrès, « son charme insolite et maladif » (Laurent Tailhade), était maintenant reconnu par la critique.
SOUS L'ŒIL DES BARBARES
En 1888, dans le premier volume du « Culte du Moi » (2), Sous l'Œil des Barbares, il démontrait que notre moi n'est pas immuable, qu'il faut le défendre et le recréer constamment : « Notre premier devoir est de défendre notre moi contre les Barbares, c’est-à-dire contre tout ce qui risque de l'affaiblir dans l'épanouissement de sa propre sensibilité. » Cet ouvrage allait lui attirer l'admiration de la jeunesse, Barrès fut même salué du titre de « prince de la jeunesse ». Maurras lut d'un trait ce roman inquiet, ironique et raffiné où Barrès se faisait l'écho de toute une partie de la jeune génération qui rejetait les fausses assurances du scientisme et la scène politique étriquée du radicalisme et de l'opportunisme : « Plus il m'était nouveau, plus il me semblait m'appartenir en propre, car j'y retrouvais tout ce que je voulais », devait écrire Maurras plus tard avec enthousiasme. Ainsi commença une amitié de trente-cinq années entre les deux hommes, jusqu'à la mort de Barrès. Cette amitié allait être marquée au signe d'une estime mutuelle et du sentiment de déférence de Maurras envers Barrés malgré leurs leurs divergences d’idées grandissantes…
Dans le second volume Un homme libre (1889), il expliquait que selon ses principes, « Il faut sentir le plus possible en analysant le plus possible », ce qui lui fit accomplir une démarche proche de celle des contre-révolutionnaires et prendre conscience de son passé, dont il était le produit et, plus spécialement, de sa Lorraine natale : « C'est là que notre race acquit le meilleur d'elle-même. Là, chaque pierre façonnée, les noms mêmes des lieux et la physionomie laissée aux paysans par des efforts séculaires nous aideront à suivre le développement de la nation qui nous a transmis son esprit [...] En faisant sonner les dalles de ces églises où les vieux gisants sont mes pères, je réveille des morts dans ma conscience [...] Chaque individu possède la puissance de vibrer à tous les battements dont le cœur de ses parents fut agité au long des siècles. »
LES DÉRACINÉS
Suivirent les trois volumes du « roman de l'Énergie nationale », dont le premier connut le plus grand succès de librairie du début de XXe siècle : Les Déracinés (1897). Il fut suivi de L'Appel au soldat (1900) et Leurs Figures (1902) qui témoignent sur fond de campagnes électorales acharnées de l'évolution de Maurice Barrès, naguère anarchiste et même socialiste, vers le nationalisme et le traditionalisme. Élu à sa grande surprise député boulangiste de Nancy en 1889 à l'âge de vingt-sept ans, il s'engagea dans cette voie par passion et goût de l'action plus que par réflexion…
Le « roman de l'Énergie nationale » visait à montrer la décadence de la France à travers le destin de sept jeunes gens, sept Lorrains, Déracinés, jetés sur le trottoir parisien le cerveau enfiévré d'une philosophie de l'impératif catégorique : ils allaient vite sombrer dans l'anarchisme. L'un d'eux, Sturel, qui incarnait un peu Barrés lui-même, crut s'en sortir en utilisant l'aventure du général Boulanger comme "stimulant" tandis que leur maître kantien, Bouteiller, était devenu député opportuniste et exécrait le mouvement boulangiste, mais le général fut trop pusillanime pour tenter de prendre le pouvoir au soir de l'élection triomphale du parti boulangiste du 29 janvier 1889, ce qui donnait à Barrès l'occasion d'exprimer son sentiment sur cette affaire qui ne fut qu'un feu de paille : tout près de devenir « le cerveau de la nation », Boulanger « défaille, faute d'une doctrine qui le soutienne et qui l'autorise à commander ces mouvements de délivrance que les humbles tendent à exécuter [...] l'indigence des principes empêche un programme positif ; le général Boulanger, tout au net, manque d'une foi boulangiste qui se substitue dans sa conscience à l'évangile dont vit le parlementarisme ».
Barrès donc était en recherche d'une doctrine. Le troisième volet du « roman de l'Energie nationale », Leurs Figures, fut centré sur le scandale de Panama qui, en quelque sorte, confirmait la justesse de l'antiparlementarisme du boulangisme. Portraitiste redoutable et sans pitié, il dut constater qu'en septembre 1893, « dès l'instant que l'opposition avait écarté les moyens révolutionnaires et refusé d'exiger une dissolution, les parlementaires ne s'étaient plus inspirés que du "sauve qui peut !" ordinaire, devant les électeurs, ils s'entraidèrent ou se trahirent selon leurs convenances, qu'ils fussent de droite ou de gauche, intacts ou tarés ». Jamais Barrès ne fut aussi près de remettre en cause le système républicain.
Il apparaît qu'il fut alors très près de Maurras. Pourquoi donc ne se rejoignirent-ils pas ? En 1888, Maurras n'était pas encore acquis aux grandes vérités de la monarchie. Mais ce fut pendant cette période, du temps de la fin lamentable du boulangisme et de la naissance des ligues, que les deux hommes furent les plus proches. En 1895, on demanda à Barrès d'animer un quotidien jadis boulangiste mais qui périclitait, La Cocarde ; pendant quelques mois s'y côtoyèrent des anarchistes, des socialistes de diverses tendances, des monarchistes et des républicains. Maurras y publiait des articles consacrés aux avantages politiques et sociaux de la décentralisation et du fédéralisme. Il allait réussir à convertir Barrès à ses idées sur ces thèmes, puisque, l'expérience de La Cocarde terminée, ils menèrent campagne ensemble au rythme de conférences et de brochures.
Survint l'Affaire Dreyfus. Avec cette affaire qui ne lui semblait avoir que « l'intérêt grossier d'un roman feuilleton », Barrès vit tout de suite qu'on venait « d'engager des questions de vie ou de mort qui ne sont pas seulement de la littérature nationale, mais des faits de vie et de mort pour la nation ». Alors s'il douta toujours que Dreyfus fût innocent, il laissait à la justice militaire le soin d'en juger ; mais lui ne voulut pas laisser la parole aux détracteurs de l'armée, de la justice et de l'Église et, en dépit de ses amis du moment, dont Léon Blum, il opta pour le camp antidreyfusard. « Des intrigants politiques ont ramassé ce petit juif comme une arme, comme un couteau dans la poussière », il s'agissait pour Barrès de « conserver la France » tout simplement. Barrés et Maurras se rejoignaient dans une même analyse et dans la défense acharnée à protéger les bastions de la justice, de l'armée et de l'Église. Ils dénonçaient ensemble l'impuissance du régime parlementaire à préserver les institutions et à défendre la société.
À la Ligue des Droits de l'Homme et aux pétitions des intellectuels dreyfusards s'opposa vite la Ligue de la Patrie française, voulant montrer que les intellectuels n'étaient pas tous du même côté. Le président d'honneur en fut le poète François Coppée, le président effectif le critique Jules Lemaître et le secrétaire général Louis Dausset. Barrès en fut le délégué ; dans un important discours du 10 mars 1899, il insistait sur la nécessité de « restituer à la France une unité morale, de créer ce qui nous manque depuis la Révolution : une conscience nationale » Il ajoutait : « Certes, une telle connaissance de la Patrie ne peut être élaborée que par une minorité, mais il faut qu'ensuite tous la reconnaissent et la suivent. »
Pour Maurras, rallié à la monarchie dès 1896, lors de son voyage en Grèce, « l'Affaire Dreyfus » n'avait été qu'un épiphénomène de la décadence morale, politique et intellectuelle, où sombrait la France, ligotée par le régime républicain et les principes démocratiques. La Ligue de la Patrie française, dont Barrés avait été l’un des fondateurs, ne suivait point Maurras dans ses accusations contre le régime et ladite Ligue devenait une pompe à électeurs, avec pas plus de doctrine que le boulangisme.
C'est alors que Maurras et quelques amis, pas encore tous royalistes, créèrent la Ligue d'Action française. Le 30 octobre 1899, dans un article du Journal, Barrès rappelait l'une de ses maximes favorites ; « Il n'y a aucune possibilité de restauration de la chose publique sans une doctrine », et il ajoutait : « Rien n'est plus pressant que des efforts méthodiques pour créer une discipline nationaliste, pour élaborer quelques idées maîtresses dont le manque fit profondément la faiblesse et la stérilité d'une magnifique convulsion telle que le boulangisme »
Le moment sembla venu pour le Provençal de prendre au mot le Lorrain et il s'empressa de lui proposer de prendre la tête de l'Action française naissante : « Ce qui me paraît essentiel, c'est que vous deveniez intellectuellement des nôtres. Par des nôtres j'entends que vous ayez une place au milieu de nous et par exemple la première »
Si l'on en croit Yves Chiron, son judicieux biographe, « avoir la première place à l’Action française pouvait séduire Barrès, affronter la redoutable dialectique maurrassienne devait l'effrayer (3)». Il garda toujours une certaine distance. Pendant des années il allait s'essayer à être le conciliateur entre la Ligue des Patriotes de Déroulède, activiste et plébiscitaire, la Ligue de la Patrie française, machine électorale sans programme, et la Ligue d'Action française, le plus durable des mouvements nationaux et le plus doctrinal. Mais jamais Barrès n'accepta le monarchisme de l'Action française (4) ; dans sa réponse à l'Enquête sur la monarchie, il disait refuser d'arrêter l'histoire avant 1789 et il ajoutait « Ne pouvant faire que ce qui nous paraît raisonnable soit accepté de tous, pourquoi ne tâchez-vous pas que ce que la majorité accepte devienne raisonnable ? » Ce qui revenait à proposer d'améliorer la République...
« Moi qui suis la loi des choses », écrivait-il dans Sous l'Œil des Barbares..., sa subjectivité ne le quitta jamais. Il ne voulut jamais se soumettre aux lois de l'expérience, qui eussent limité le champ de son Moi. La logique et la raison chez Maurras, la sensibilité chez Barrès. Pendant trente-cinq ans, les deux hommes en débattront jusqu'à la mort de Barrès le 4 décembre 1923, à l'âge de soixante et un ans dans sa maison de Neuilly-sur-Seine, foudroyé par une crise cardiaque. Trois ans plus tôt, le 24 juin 1920, la Chambre des députés avait adopté son projet visant à instituer une fête nationale de sainte Jeanne d'Arc.
Michel FROMENTOUX. RIVAROL 11 JANVIER 2013
Voir Yves Chiron : Vie de Barrès. Ed. Godefroy de Bouillon ; 2000 Préface de Jean Madiran.
Voir François Broche ; Maurice Barrès. Ed Jean-Claude Lattes 1987.
Numéro de septembre 1986 de la Nouvelle revue de Paris, consacré à Barrès.
La République ou le Roi, correspondance Barrès-Maurras. Ed Pion. 1965. -
Henri Guaino (UMP) / printemps arabes : « Nous avons peut-être tous fait une erreur de jugement »
Le député Henri Guaino (UMP), ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a évoqué une possible « erreur de jugement » sur les printemps arabes.
« Tout cela a ouvert grand la porte aux mouvements islamistes »
« Nous avons peut-être tous fait une erreur de jugement, en jugeant trop vite les printemps arabes qui ont déstabilisé » les pays, a concédé l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy sur Radio Classique. « La suite de l’histoire n’est pas aussi belle qu’on pouvait le penser à l’époque ».
« Ce qui se passe en Tunisie, en Egypte, en Syrie contribue évidemment à alimenter les mouvements jihadistes, à alimenter le désordre, déstructurer la lutte contre le terrorisme dans toute cette région. Tout cela a ouvert grand la porte aux mouvements islamistes », selon le député UMP des Yvelines.
A propos de la Libye, M. Guaino a jugé que le pays était déjà « désagrégé bien avant que la France n’intervienne parce que c’est un Etat qui reposait sur des bases tribales et qu’une partie du pays, notamment du côté de Benghazi » faisait sécession, influencé par l’ »onde de choc » des révolutions tunisienne et égyptienne.
NB : L’historien Bernard Lugan :
« Ceux qui ont lancé la guerre contre le colonel Kadhafi étaient des irresponsables et je n’ai cessé de le dire depuis le premier jour. Outre qu’ils ont provoqué une réaction déstabilisatrice en chaîne, ils ont armé les jihadistes. Il faut en effet savoir que certaines des armes aujourd’hui utilisées contre nos soldats proviennent de nos propres arsenaux et qu’elles furent généreusement parachutées aux « démocrates » libyens chers à BHL. »Publié dans Maghreb, Monde, Politique, Proche-Orient, UMP 88 réponses
Prise d’otages en Algérie : au moins 30 otages et 18 islamistes tués
Addendum 18/01/13
- Les forces de sécurité ont affirmé à l’AFP que « 18 terroristes », sur une trentaine, « ont été tués ». L’opération militaire se poursuit actuellement.
- Féroce caricature dans « La Tribune de Genève » :
Addendum 17/01/13
Un Français parmi les activistes tués :
Selon Reuters qui cite une source de sécurité algérienne, au moins onze activistes ont été tués dans l’assaut de l’armée algérienne, parmi lesquels figure un Français. Le Figaro- Au moins 30 otages auraient péri durant l’assaut, parmi lesquels 8 Algériens, 2 Japonais, 2 Britanniques, et 1 Français, selon une source algérienne citée par Reuters.
- Parmi les 11 islamistes tués figurent 3 Égyptiens, 2 Algériens, 2 Tunisiens, 2 Libyens, 1 Français et 1 Malien, toujours d’après la même source. France 24
- Fin octobre, depuis l’Elysée, François Hollande assurait :
« En aucun cas, la France n’interviendra, elle-même, au Mali ».- « Nous tuerons les infidèles », disent les ravisseurs
Les islamistes qui retiennent en otage depuis mercredi matin les employés d’un site gazier dans le Sahara algérien ont indiqué au personnel local qu’ils ne s’en prendraient pas aux musulmans mais qu’ils tueraient les otages « chrétiens et infidèles », raconte un Algérien ayant réussi à s’échapper. [...] Le Figaro- « Le groupe terroriste venait des frontières libyennes. » Ministre de l’Intérieur algérien
- Alger critiqué après son assaut
La Maison-Blanche est « inquiète », Londres regrette de ne pas avoir été prévenu et le Japon demande la fin de l’opération militaire. Le Monde- La prise d’otages se dénoue « dans des conditions dramatiques », déclare Hollande (i>Télé)
- Impair du Quai d’Orsay ?
La prise d’otage en Algérie serait potentiellement la conséquence d’un impair commis par le Quai d’Orsay . Pour des raisons de politique intérieure (sécurité), l’Algérie ne souhaitait pas que soit rendue publique l’autorisation de survol.- Un drone américain sur place
Selon David Martin, correspondant de CBS News, un drone américain a survolé le complexe, donnant ainsi aux autorités américaines un aperçu de la situation.- Explosion entendue sur place
La chaîne britannique Skynews évoque une importante explosion de gaz sur le site il y a environ une demi-heure. La cause n’est pas connue. Algérie360
- 600 otages algériens libérés par l’armée (agence). APS / Le Figaro- 7 otages étrangers restaient vivants après l’assaut de l’armée selon ANI.
- 4 otages étrangers ont été libérés par l’armée algérienne
L’armée algérienne affirme avoir libéré quatre otages étrangers à la suite de son assaut, affirme l’agence officielle APS. Après l’assaut, l’armée contrôle totalement le site. Algérie360
Hollande fait toute confiance à Alger
François Hollande a confirmé jeudi la présence de Français sur le site algérien où des islamistes retiennent des otages, disant avoir toute confiance en Alger « pour trouver les solutions les meilleures ». Libération
________________________________34 des otages retenus sur le site gazier d’In Amenas par des islamistes et 15 preneurs d’otages ont été tués dans les frappes de l’aviation algérienne, affirme l’agence de presse mauritanienne ANI. Reuters / Le Figaro
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Charles Maurras & l'Action Française (1899-2010) Troisième République