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  • Des souvenirs sur une Alsace-Lorraine allemande

     

    Dans le climat d’inculture généralisée qui ne cesse de s’étendre dans un Hexagone noyé par les écrans de la bêtise voulue et du divertissement marchand de la vacuité ambiante, il importe de saluer deux sympathiques éditeurs lorrains qui copublient les moments alsaciens extraits des Mémoires (1925) du prince Alexandre de Hohenlohe-Schillingsfürst (1862 – 1924). Cette parution opportune éclaire une période méconnue de cette terre qui fut allemande entre 1871 et 1918.

     

    Président de l’équivalent germanique du conseil général de Haute-Alsace en 1903 et fils de Clovis de Hohenlohe-Schillingsfürst (1819 – 1901), ancien gouverneur de la région et futur chancelier impérial, Alexandre appartient à une très vieille famille dont « l’anoblissement […], attesté au XIIe siècle, était antérieur à celui des Hohenzollern ! (p. 11) ». Esprit cultivé, francophone et ne cachant pas sa francophilie, ce prince allemand se retrouve au contact quotidien avec ses administrés alsaciens.

     

    Le témoignage qu’il laisse dépeint une Alsace-Lorraine ignorée des Français. Ses souvenirs contestent les clichés et autres poncifs diffusés par une historiographie parisienne pédante et revancharde. Il souligne l’influence prépondérante dans les campagnes alsaciennes de l’Église catholique et relève qu’à la veille de la Grande Guerre, le mouvement protestataire francophile est largement minoritaire dans les urnes.

     

    L’échec de ce mouvement subversif soutenu clandestinement par Paris ne signifie pourtant pas une adhésion sincère au modèle allemand. Bien au contraire ! Il remarque, d’une part, que « dans l’ensemble, l’Alsace-Lorraine était aussi éloignée de Berlin qu’une colonie africaine ou qu’une station navale d’Extrême-Orient (pp. 63 – 64) » et, d’autre part, que « l’« Alsacien-Lorrain » était une entité qui n’existait que sur le papier En réalité, l’Alsacien est aussi différent du Lorrain que, par exemple, un Normand peut l’être d’un Picard (p. 53) ».

     

    Si les protestataires régressent de scrutin en scrutin, la « résistance » à l’assimilation germano-prussienne persiste et s’accentue même. Alexandre de Hohenlohe observe que les jeunes gens des milieux aisés de Strasbourg, de Colmar et de Mulhouse « étaient Français de cœur (p. 55) ». En revanche, il ne retrouve pas cette inclination « dans la population paysanne [où] la plupart avaient des sentiments alsaciens (p. 55) ». La présence française demeure prégnante et l’auteur regrette la fondation d’une université à Strasbourg parce qu’elle la renforce paradoxalement. Il aurait été préférable que les futures élites étudient dans les universités réputées d’outre-Rhin, à Heidelberg ou Fribourg…

     

    Son pragmatisme s’appuie sur ses échanges permanents avec les milieux économiques, en particulier les industriels Jean Schlumberger (1819 – 1908) et Édouard Köchlin (1833 – 1914). Le prince de Hohenlohe constate en effet que « chez tous les Alsaciens des hautes classes, on ne parlait que français (p. 41) » si bien qu’il emploie souvent la langue de Molière lors des rencontres privées !

     

    Les élites alsaciennes ne se formalisent pas du maintien implicite du français ! Pour preuve, Hugo Zorn von Bulach (1851 – 1921) qui, même devenu responsable politique régional, « ne possédait l’allemand qu’imparfaitement, ce qui le gênait parfois beaucoup dans ses interventions publiques au Parlement, surtout quand on est décrété la publicité des débats et l’usage de la langue allemande à la Délégation d’Alsace. Malgré cela, pour plus de commodité, les députés se servaient encore du français et du patois alsacien dans les séances des commissions (p. 41) ». Situation impensable dans la République française une et indivisible…

     

    Alexandre de Hohenlohe ajoute qu’« il a dû être plus d’une fois pénible à ceux qui étaient d’un âge avancé de se trouver en état d’infériorité vis-à-vis des représentants du gouvernement, par suite de leur connaissance défectueuse de la langue allemande. Chose étonnante, quelques-unes d’entre eux, qui pourtant n’avaient pas appris un mot d’allemand dans leur jeunesse avaient réussi, à force d’application et de persévérance, à s’exprime couramment dans cette langue (p. 41) ». Un bilinguisme, voire un trilinguisme, existait donc de facto.

     

    Cette situation linguistique originale découle de la spécificité institutionnelle de l’Alsace-Lorraine annexée lors du traité de paix de Francfort de 1871 par l’Empire allemand naissant. Les trois anciens départements français deviennent un Reichsland, ce qui signifie que le jeune État fédéral-impérial en est le propriétaire indivis. Par conséquent, cette « Terre d’Empire » est placée sous l’autorité directe de l’empereur allemand et de son chancelier impérial. Toutefois, le Reichsland bénéficie d’une certaine liberté administrative avec un représentant de l’empereur, le Reichsstatthalter, « littéralement “ celui qui tient lieu ”, le Statthalter fait plus figure de régent que de gouverneur dans ses attributions (p. 20) ». Nommé par Berlin, il préside à Strasbourg le Conseil d’État d’Alsace-Lorraine, dirige un proto-gouvernement régional (quatre secrétaires d’État pour l’Intérieur, la Justice et les Cultes, les Finances et les Domaines et l’Industrie, l’Agriculture et les Travaux publics) et négocie avec la Délégation d’Alsace-Lorraine (Landesausschuss) de trente, puis de cinquante-huit élus au suffrage indirect entre 1874 et 1911. On est loin de la gestion despotique du centralisme parisien.

     

    En 1911, le Kaiser Guillaume II accorde à l’Alsace-Lorraine une constitution locale. Le Reichsland devient le vingt-sixième État de la Fédération impériale et son Landesausschuss se transforme en un Parlement bicaméral constitué d’un Sénat de quarante-six membres désignés par l’empereur et les corps intermédiaires locaux, et d’une Assemblée régionale de soixante élus au suffrage universel direct masculin. Le déclenchement de la folle tragédie européenne de 1914 suspendra ces libertés régionales.

     

    Alexandre de Hohenlohe se montre très favorable à toute solution neutraliste. « Dès avant 1914, rappelle Laurent Schang dans une belle introduction, [il] s’était prononcé en faveur de la constitution du Reichsland Elsass-Lothringen en État neutre autonome assortie d’un référendum d’autodétermination (p. 13). » Il s’agissait surtout d’éviter tout nouveau drame franco-allemand. Il regrette que Berlin ait finalement choisi la voie du Reichsland pour l’Alsace-Lorraine alors que d’autres solutions étaient à ses yeux possibles. Il en esquisse certaines : une tutelle paternaliste comme le fit son père, Statthalter avant de devenir chancelier, une large autonomie opérée dès 1874 ou 1875 ou, plus surprenant, le partage du territoire alsacien-lorrain entre les principaux États fédérés allemands (Prusse, Bavière, Bade, Wurtemberg). L’auteur de ces Souvenirs a compris que la perte de l’Alsace-Lorraine rend la France inguérissable. Il n’accuse pas Bismarck de cette erreur. « Bismarck pressentait bien les conséquences désastreuses que l’annexion de l’Alsace-Lorraine allait voir pour la politique européenne, avec un caractère comme celui du peuple français. Il voyait plus loin que les généraux, pour qui seules les considérations stratégiques entraient en ligne de compte, mais le côté tragique du grand génie politique qu’a été Bismarck, c’est qu’il n’a pu se libérer de la croyance en la force et en l’épée et qu’il a sous-estimé la puissance des valeurs morales en politique. C’est ainsi que l’avis de Moltke prévalut finalement et que la “ Terre d’Empire ” devient le “ glacis ” de l’Empire (p. 67). »

     

    L’auteur sait qu’en 1866, après la victoire prussienne à Sadowa, le futur « Chancelier de Fer » avait pesé de tout son poids pour que le roi Guillaume Ier ne se rangeât pas du côté d’un état-major imbu de pensées frédériciennes qui rêvait de s’emparer de contrées autrichiennes. En 1870, la pression était trop forte pour résister frontalement à l’opinion des militaires victorieux… « On ne lira qu’avec plus d’intérêt ces pages grosses de nostalgie, desquelles émerge le regret d’une soudure “ germano-alsacienne-lorraine ” en bonne voie, sinon achevée, au seuil de la Première Guerre mondiale  (p. 12) », écrit Laurent Schang à propos de ce beau témoignage d’un Européen de langue allemande sur une région-charnière d’Europe occidentale.

     

    Georges Feltin-Tracol  http://www.europemaxima.com/

    • Prince Alexandre de Hohenlohe, Souvenirs d’Alsace-Lorraine 1870 – 1923, Introduction et notes de Laurent Schang, traduction d’Edmond Dupuydauby, Édition des Paraiges (4, rue Amable-Tastu, 57000 Metz) – Le Polémarque Éditions (29, rue des Jardiniers, 54000 Nancy), Metz – Nancy, 2012, 77 p., 10 € (+ 5 € de frais de port), à commander aussi sur les sites des éditeurs.

  • “Lignes rouges”: elles sont franchies depuis longtemps

    Aux dernières nouvelles, le gouvernement Ayrault se proclame toujours « socialiste »…ce qui ne l’empêche pas, bien au contraire,  d’accepter que notre pays passe sous les fourches caudines du Fonds Monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE). Un gouvernement qui n’a pas réagi au rapport délivré par le Français Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI. Il y explique que nos crânes d’œufs euromondialistes se sont totalement trompés en imposant une austérité terrible aux Européens. Et qu’ils ont fait fausse route non seulement  dans l’évaluation des conséquences de celle-ci, mais aussi dans l’énoncé des remèdes pour «sauver » l’euro et les pays en crise qu’ils étranglent d’une main de fer.

     En cause, un modèle mathématique utilisé par nos docteurs Folamour et qui n’a pas fonctionné. Au final, confesse le FMI,  ce n’est pas un point de  PIB en moins qu’implique 1% d’austérité mais  3%…le triple !  D’après Olivier Blanchard, les experts du Fonds Monétaire international ont « oublié » de tenir compte de l’impact psychologique des mesures d’austérité.  En clair ils ont  négligé  le fait  qu’au bout de la chaîne des décisions il existe des êtres de chair et de sang…

     Comme le constate ici Bruno Gollnisch, que le facteur humain soit  totalement occulté et passé à la trappe, négligé par une technocratie désincarnée, au service d’un projet constructiviste qui ne l’est pas moins, est un  symbole  aussi terrible que révélateur.

     Certes,  les Français étaient prévenus et nous pouvons aussi faire confiance à François Hollande et à ses ministres  quand ils évoquent,  plus ou moins franchement,  une baisse considérable du pouvoir d’achat des Français avec une augmentation  très conséquente du prix du gaz, de l’électricité, des transports et plus de 20 milliards d’euros supplémentaires de prélèvements obligatoires.

     Parallèlement, notre pays connaît, connaîtra  une inflation certainement plus du double que celle officiellement annoncée (2 %). En conséquence de quoi   les ménages seront encore ponctionnées de près de 15 milliards d’euros, ce qui entraînera mécaniquement une baisse de la consommation et une diminution …des recettes fiscales.

     Pas de quoi enrayer la machine à mensonge socialiste comme nous l’avons de nouveau constaté ces dernières heures à l’écoute des éléments de langage concoctés par les communicants de l’Elysée et de Matignon. Il s’agit de  rassurer le bon peuple autour de l’annonce de la suppression de 7 500 postes de travail chez Renault.

     Le gouvernement estime que les « lignes rouges »- pas de plan social, pas de licenciements, pas de fermetures de sites- n’ont pas été franchies. Najat Vallaud-Belkacem porte-parole du gouvernement et Arnaud Montebourg ministre dit  du Redressement productif, l’ont martelé à qui voulait l’entendre.

    Le site de L’Expansion  cite  un responsable de  la CFE-CGCJacques Mazzolini qui évoque  le chantage auquel se livre la marque au losange –dont l’Etat siège toujours au Conseil d’administration restant actionnaire à hauteur de 15%…-  puisque cet engagement de non fermeture est en fait conditionné à la signature d’un accord de compétitivité.

    « Carlos Ghosn, Pdg de Renault, dit bien qu’il n’y aura pas de fermeture de site si il y a des accords de compétitivité (…)Il va de soi que les constructeurs ne vont pas en rester là et vont dans le contexte actuel de crise demandé aux salariés d’être moins exigeants en matière de salaire et d’horaire pour gagner en souplesse et en compétitivité (…) »

    Et cet article de rappeler encore que  « Renault est le champion de la délocalisation (…) et que le groupe n’emploie plus que 54.000 salariés en France contre 81 0000 pour PSA (…) aujourd’hui, 44% des véhicules de PSA sont made in France, contre 25% seulement pour Renault. » 

    Il ne faudra bien évidemment pas compter sur M Montebourg,  autoproclamé défenseur du concept de relocalisation et de démondialisation lors des primaires socialistes pour inverser cette tendance – http://www.gollnisch.com/2012/07/16/fermer-ici-ouvrir-ailleurs/

    Duplicité et même acharnement contre les Français les plus modestes que l’on voit aussi à l’œuvre avec la taxe de 0,3% qui sera acquittée par les retraités  sur leurs pensions pour couvrir le risque de « dépendance » à partir du 1er avril.

     0,3% une petite piqûre indolore pourrait-on estimer, d’autant que le gouvernement a indiqué qu’il entend exposer à cette nouvelle ponction uniquement les retraités les plus riches.

     Le malaise naît rapidement si on garde à l’esprit que le « seuil de pauvreté » qui sert de référence est de 964 euros et que l’on s’aperçoit  que pour les « socialistes »,  sont considérés comme « riches » les retraités dont  la pension dépasse… les 800 euros pour une part et 1200 € pour deux parts.

     Le Bulletin d’André Noel souligne a notre avis fort justement que « ce taux de 0,3% n’est qu’un point de départ. Il permet de lever 700 millions d’euros ; or, le coût de la dépendance est évalué à plusieurs milliards d’euros. (…) Au fur et à mesure des besoins, le taux sera augmenté et les retraités d’autant plus appauvris. »

     Et de rappeler que déjà,  en 1988,  Michel Rocard, avait créé la CSG et la CRDS Pour combler le trou de la Sécurité sociale,  à un taux modeste de 2% (…). «  Le trou n’ayant cessé de prospérer, le  taux de la CSG s’élève maintenant à… 15% ! «

     Enfin il est noté que  l’accord sur la « flexibilité » qui vient d’être conclu entre trois syndicats et le patronat est « une bonne chose pour les salariés, une moins bonne pour les sociétés et une très mauvaise pour les compagnies d’assurance, les contrats-groupes étant négociés à un tarif beaucoup moindre  que les adhésions individuelles. D’où un manque à gagner qu’elles entendent bien compenser en augmentant les tarifs de  ceux qui ne sont pas couverts par une entreprise en premier lieu…les retraités »

     Désindustrialisation, délocalisation, paupérisation, matraque fiscal, diktats euromondialistes…pour les salariés, les retraités,  toutes les  catégories de  Français,  les lignes rouges sont belles et bien franchies depuis longtemps.

    http://www.gollnisch.com

  • Entretien avec Alain Soral « Cette société va finir en société de la haine » ( juin 2009)

    Alain Soral « boxe, boxe », comme chantait Nougaro. C'est pour ça qu'on l'aime et le déteste autant. De Marx à Le Pen et de Le Pen à Dieudonné, voilà un itinéraire qui a de quoi surprendre. C'est pourtant celui, classique, de la gauche réactionnaire. Elle se retrouve dans les positions de la droite révolutionnaire. Contre les libéraux-libertaires.
    Le Choc du mois : Bernanos disait qu'on reconnaît une civilisation au type d'homme qu'elle a formé. Quel type d'homme une société comme la nôtre a-t-elle formé ?
    Alain Soral : Elle a formé l'employé de bureau salarié en petit costume cravate, à tendance homosexuelle, qui cherche son plaisir (c'est le mot-clef), dominé par ses pulsions et qui, en dernière instance, se prosterne devant les riches et les sionistes, car pour lui, ça représente tout ce qui le fascine parce que ça lui est interdit : la domination éhontée.
    Le bobo ?
    C'est la même chose. Le bobo, c'est quoi ? L'un de ces salariés de la Nouvelle classe au service du système libéral-libertaire : l'idéologie du désir mise au service du Marché. Un jeune arrogant aux cheveux longs, mais qui terminera employé de bureau pulsionnel, dépressif, un peu chauve et vaguement obèse. C'est une affaire de temps, dix ans tout au plus. Comme le loubard de banlieue qui s'identifie à Scarface à quinze ans. Dix ans plus tard, vous le retrouvez gardien de parking, cassé par deux ou trois aller-retour en prison.
    Ce qu'on aimerait comprendre, c'est comment a bien pu se produire cette greffe du libéral et du libertaire ?
    Le premier à avoir théorisé le libéralisme libertaire est Michel Clouscard, un marxiste dissident. Les libéraux-libertaires ont compris qu'il fallait mettre au service du Marché l'idéologie du désir, celle dont les marcusiens avaient cru que c'était une force révolutionnaire. Il y a donc eu un double travail de destruction, d'une part à l'encontre du progressisme authentique fondé sur la conscience du primat du travail, de la production. D'autre part à l'encontre de la culture réactionnaire qui assumait l'exploitation. Le propre de l'idéologie libertaire, c'est d'escamoter le rôle du travail et le travailleur. Couper le lien causal entre la production et la consommation, qui fonde toute morale.
    Ce qui a rendu possible ce monde-là, c'est le passage d'un monde industriel à un monde postindustriel...
    On en revient à l'extension du tertiaire et à la prolifération des métiers qui ne sont plus directement productifs. Par suite de la mondialisation et des délocalisations, on a aussi moins vu d'ouvriers, de paysans sur le sol national... Cette idéologie libérale libertaire a détruit le sérieux classique qui entourait le travail, dans lequel j'inclus aussi le sérieux bourgeois de l'entrepreneur, parce que derrière la violence sociale de la bourgeoisie, on ne niait pas le travail, ni le travailleur, on le tenait seulement en cage comme un animal dangereux.
    C'est le grand bourgeois du XIXe siècle. On dira ce qu'on voudra de lui, mais enfin...
    C'était un entrepreneur, pas un spéculateur financier, donc aussi un travailleur - ce qui a été nié par le « luttisme des classes » -, et cet autre travailleur ne contestait pas l'existence du travailleur prolétaire. Il voulait le dominer, le contrôler de crainte qu'il ne renverse l'ordre social. Le travail était alors au cœur du monde bourgeois. Aujourd'hui, c'est tout l'inverse. L'idéologie libérale-libertaire aidant, il y a eu une double négation, celle de l'entrepreneur créateur de richesses et d'emplois, marginalisé au profit du parasitisme pur de la finance, et celle du travailleur, nié au profit du communiquant. L'idéologie du désir a chassé de lai représentation du monde la problématique du travail, comme si on pouvait jouir de choses qui ne seraient pas produites. En réalité, on jouit toujours de l'autre à travers son travail, Lacan l'a très bien dit. Une telle idéologie, destructrice du lien et du sens, a abouti à la destruction du logos occidental, pour en arriver à ce monde insensé et devenu incompréhensible à ses propres clercs.
    Il n'est pensable par personne...
    Il n'est pas plus pensé que viable. Nous avons perdu le contrôle. Les clercs ne produisent plus ni analyse, ni critique. Prenez un Bernanos. Il était au carrefour de la conscience douloureuse catholique et bourgeoise : comment être chrétien et bourgeois ? Le tourment de Mauriac ou de Bernanos n'a plus aucun sens aujourd'hui pour les jeunes. Ils ne comprennent pas pourquoi et par quoi ces hommes pouvaient être tourmentés.
    On les prend désormais pour des névropathes. L'éthique est réduite à une question clinique...
    N'avez-vous pas la nostalgie de l'éthique puritaine du travail chère à Max Weber ?
    Je ne suis pas protestant. Je n'éprouve pas de nostalgie pour ce monde. Je pense simplement que le monde actuel est bien plus déchu encore, ce qui ne veut pas dire que je veux revenir à l'ancien. Je ne crois pas au possible retour en arrière. L'histoire ne s'arrête pas. Pour autant, je pense que progressistes et réactionnaires ont raison contre les libéraux (à ne pas confondre avec les progressistes). Je rejoins en cela l'analyse de Claude Karnoouh. S'il y a bien eu un point commun entre le monde chrétien d'hier et la tentative communiste, c'est le refus du libéralisme. L'un lui est antérieur, l'autre postérieur. Mais il fallait de part et d'autre échapper à la dictature de l'argent et de la marchandise. Le monde communiste reste à mon sens profondément chrétien. Il essayait d'échapper à la logique implacable du profit et à cette ignoble théorie de la main invisible où les égoïsmes individuels travaillent, soi-disant, à l'intérêt collectif! La solution à mes yeux consisterait à réconcilier progressistes et réactionnaires contre les libéraux. Ce qui ne semblera étrange qu'à ceux qui se font de l'Histoire une représentation binaire.
    Peut-on dire du narcissisme qu'il n'est jamais que l'aboutissement du projet libéral, à savoir cette main invisible qui guiderait providentiellement les intérêts tout autant que les ego... L'aboutissement du processus de démocratisation : tous rois ?
    De démocratisation, si on veut, mais pas au sens grec. La démocratie n'a pas été inventée en 1789. La démocratie grecque - l'éthique par excellence - se situe à des années-lumière de la démocratie libérale, qui a remplacé Dieu par la banque, pour aboutir à ce narcissisme pulsionnel, névrotique, pervers, qui menace de s'écrouler sur nous. Le problème, c'est une fois que ce monde se sera écroulé sous le poids de ses contradictions, comment ensuite relever l'Homme ?
    À propos d'écroulement, vous aviez sous-titré votre Abécédaire de la bêtise ambiante : « Jusqu'où va-t-on descendre ? » On n'aurait donc pas fini de descendre ?
    On arrive quand même assez près du fond ! Une crise économique majeure, des tensions internationales, une dislocation du lien collectif... Autant de facteurs qui concourent au chaos. Avec la fin du « nous », c'est le vivre ensemble qui est attaqué de toutes parts : chez les enfants, avec la délinquance dès l'école. Au niveau de la solidarité collective avec le triomphe de l'individualisme, au niveau géopolitique avec la troisième guerre mondiale qui se profile... Sans oublier la haine entre les sexes et entre les générations, avec le féminisme, le jeunisme...
    Cette société, à laquelle Kant promettait la paix perpétuelle, va finir en une société de la haine. Relisez Marx, il disait que le libéralisme amène fatalement à la guerre de tous contre tous. Le libéralisme parfaitement accompli, c'est la guerre civile généralisée.
    Peut-on faire une lecture marxiste du narcissisme ? À savoir que c'est le produit d'une classe dominante et qu'en tant que tel, il ne fait que traduire un rapport de classe ?
    Non seulement on peut le faire, mais Clouscard l'a fait, Henri Lefebvre aussi, Lucien Sève... Le moi-je, l'arrogance du moi-je, traduit d'abord, avant de se massifier, une position de classe. Une arrogance de classe fondée sur le mépris du producteur.
    J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire à propos du libéral-libertaire à la Cohn-Bendit, lequel n'est rien d'autre qu'un bourgeois méprisant la morale traditionnelle de sa classe sociale : plus aucun devoir en termes de production, mais tous les droits en matière de consommation. C'est la position objective des libertaires de 68. Tous enfants de la bourgeoisie, aspirant à jouir de ce que leurs parents avaient accumulé dans l'effort de l'après-guerre. Le fils à papa qui flambe les économies paternelles, qu’est-ce d'autre qu'un privilège de classe qui se prend pour de la liberté ?
    Ils veulent bien de l'héritage, mais pas du passif ?
    C'est l'éternelle dialectique du père et du fils dans la bourgeoisie. Le père accumule de la richesse, sans en jouir. Le fils à papa, qui, lui, veut jouir, s'avère incapable de faire perdurer l'entreprise et la coule. C'est l'épopée Félix Potin. Telle est la morale immanente de l'histoire de la bourgeoisie: en trois générations, tout le capital est bouffé. Toute l'histoire du roman bourgeois est là, avec de temps en temps un artiste, à qui l'on pardonne.
    Ainsi de Baudelaire, rentier dépressif qui convertit sa rente en génie poétique. Le même, moins le génie poétique, donne Beigbeder, un parasite. On peut faire une généalogie de l'écroulement de la figure du cadet de la bourgeoisie. On a Baudelaire au stade génial, Boris Vian au stade intermédiaire et Beigbeder au stade nul. Même récapitulation avec Houellebecq, qui est rapidement passé de la critique du libéralisme à l'apologie du libertaire. De la sorte, il a pu séduire les lectrices de Elle, vendre des millions d'exemplaires. Moyennant quoi, il a rétrogradé de la figure de clerc, c'est-à-dire de conscience douloureuse de la bourgeoisie, à celle d'animateur du process de consommation. Clouscard a théorisé tout cela dès les années soixante-dix.
    Un des malheurs de notre époque, c'est la disparition des médiations, le père, le parti, la nation...
    Il y a dans l'individualisme pulsionnel un déni et une destruction hystérique de toutes les médiations. La prétention d'être ex nihilo. Moi-je. Ce qui revient à n'aboyer plus que des slogans, comme dans la pub, à ne plus recourir au raisonnement. Littéralement, c'est se couper du sens. Ne pas comprendre que s'inscrire dans le réel, c'est établir des médiations, autrement dit : des liens causaux. Avec au-dessus l'idée hégélienne que le vrai, c'est le tout...
    Cela dénote un enfermement autistique...
    C'est surtout un monde qui ne peut pas fonctionner longtemps. Comme un moteur dont on séparerait les pièces, sous prétexte de ne pas les user ! Dès lors que l'on ne comprend plus la complémentarité des pièces d'un tout, une société, comme un moteur, ne peut plus fonctionner. Ainsi de l'individualisme... et de la logique libérale poussée à bout. Ça donne au final un consommateur enfermé dans sa bulle jusqu'à l'asphyxie, l'éclatement...
    Après moi le déluge...
    Cela ne fait aucun doute, du moins pour le monde occidental. Mais n'oublions pas les Chinois ! Ils ne sont pas au stade narcissique où nous en sommes. Le monde est en train de basculer géographiquement. Céline le disait déjà en 1950... Pour la première fois depuis 2 500 ans, les Occidentaux ne détiennent plus la clef de l'avenir du monde. Les contradictions libérales sont devenues mortifères et nous n'avons plus, ni la capacité critique et morale, ni l'énergie pour les surmonter. Nous sommes en train de crever de notre faiblesse, comme un fumeur qui accepte de se laisser mourir du cancer, parce qu'il sait n'avoir plus la force en lui de lutter contre son addiction. Au mieux, nous revendiquons l'esthétique de notre déchéance.
    Et les femmes, l'une de vos spécialités ? Vont-elles survivre aux hommes ?
    Il est évident que les femmes sont au cœur de l'instrumentalisation libérale. Je le théorise en tant que penseur, mais les libéraux le constatent en tant que marchands : les femmes sont le meilleur agent du libéralisme, moins polarisées sur la solidarité de classe, plus psychologisantes... Elles se sentent plus à l'aise dans ce monde de la marchandise intégrale, du désir, des pulsions... Le système l'a très bien compris, qui leur a octroyé la parité... Vers la féminisation est l'une des clefs de compréhension de notre monde. Le monde libéral se survit, malgré ses contradictions suicidaires, en liquidant l'homme au sens classique et grec du terme, l'homme conscient, en s'appuyant sur l'adolescent, la jeune fille, qui est sans doute la figure la plus aboutie de la décrépitude libérale. C'est le règne de la jeune fille bourgeoise de gauche qui trône aujourd'hui à tous les postes dans les médias, de la mannequin à l'intervieweuse politique. Quelle ironie ! C'est à elle, qui, par tout son être, est la plus inapte à comprendre le monde, qu'on confie le soin de l'analyse et du commentaire journalistique ! Ce calcul pervers, fomenté par des hommes, est aussi ce sommet de la misogynie sur lequel toutes les féministes se pâment !
    Il faudrait peut-être ajouter un chapitre de plus à votre livre, que vous pourriez appeler Vers l'infantilisation ?
    Oui mais le bébé n'est qu'un consommateur. Et il lui faut, pour consommer, l'incitation d'un animateur. Animateur qui doit maîtriser les rudiments de la séduction. Notre monde serait plutôt celui du maternage. Celui d'une jeune maman séduisante qui s'adresserait à des bébés. Avec au-dessus, caché, le père... Le mâle dominant de l'Oligarchie. Ces vieux hommes riches, durs et stratèges, constituant la surclasse dont parle Attali, et qui s'incarne totalement dans le sionisme actuel. Un petit groupe s'estimant au-dessus des autres et qui revendique, pour lui-même, tout ce qu'il interdit aux autres : la virilité, la violence, la domination, au nom de la pureté raciale !
    Au fond, si l'on devait incarner le libéral libertaire, ce serait une sorte d'union entre Cohn-Bendit et Attali...
    Celui qui psalmodie le catéchisme pour bercer les gentils, et celui qui pond le discours de contrôle et de domination. Car l'idéologie nomade n'échappe pas non plus à sa lecture de classes. Pour les classes dominées, la sous-classe, le nomadisme consiste à être à la totale disposition du Capital, dans le temps et dans l'espace (le travailleur d'hier n'était corvéable que dans le temps). Pour la classe dominante, l'hyper-classe, c'est la liberté du détenteur du Capital financier mondialisé d'être chez lui partout et d'ordonner à tous, puisqu'il a les moyens de tout acheter. Le nomade du haut, c'est BHL, le rentier parasite qui a des pied-à-terre partout : à Paris, à New York, à Marrakech, à Tel-Aviv... Le nomade du bas, c'est le CDD, noir ou blanc, à qui Attali explique qu'il a désormais le choix entre la délocalisation de son entreprise et le chômage, ou d'aller travailler en Roumanie aux conditions salariales d'un Roumain, le tout bien sûr dans le seul but de préserver le niveau de rente de BHL...
    Comment coexistent selon vous ces deux tendances, en apparence contradictoires, du monde contemporain : le communautarisme et le narcissisme ?
    Elles ne sont pas contradictoires. Le « nous » communautaire n'étant plus l'acceptation de l'autre propre au « nous » universaliste, mais l'addition fermée de « je » identiques : un narcissisme collectif. Dès lors que le narcissisme est le moteur social, le collectif ne peut être qu'un « je » étendu, c'est-à-dire des communautés narcissiques, fermées et rivales de Juifs, de musulmans, de gays... etc ! Ce narcissisme collectif emprunte beaucoup au mécanisme d'abêtissement de la mode, où chacun s'habille comme l'autre, et comme l'exige de lui le Marché, pour affirmer sa différence ! Et j'ajouterai en conclusion que ce n'est pas un hasard si la bêtise de la mode séduit en premier lieu les femmes et les jeunes !
    Propos recueillis par François Bousquet LECHOC DU MOIS juin 2009

  • Les islamistes et l’extermination des éléphants

    [un article inédit du journaliste Laurent Glauzy]

    « Pour financer leurs guerres, les milices islamistes dirigent la contrebande de l’ivoire.

    Cet après-midi du mois de septembre, les huit gardes-chasses de Kenia Wildlife Service se tiennent en embuscade derrière des buissons. D’après un informateur, des braconniers préparent une attaque. A l’issue de la fusillade qui dura quarante minutes, un Somalien, portant un fusil d’assaut automatique fut tué et onze autres contrebandiers furent blessés. Ainsi se déroule une journée de travail pour les gardes-chasses de Tsavo East, un des plus grands parcs du Kenya d’une superficie de 13 000 km².

    L’Afrique recense 500 000 éléphants. Mais chaque année, les islamistes en abattent dix mille, et cette tendance augmente : en 2011, les douaniers ont confisqué plus de 23 tonnes de défenses d’éléphants destinées à la contrebande, un record pour ces vingt dernières années.

    Ce commerce implique d’autres acteurs bien plus dangereux que de simples braconniers.
    Le groupe Al-Shabbaab de Somalie, les milices soudanaises de Janjawid -qui dans le Darfour soudanais ont tué des milliers de civils- et les terroristes de l’Armée de résistance du Seigneur de l’Ouganda ont transformé la savane et le centre de l’Afrique en de grands axes de carnage. « L’ivoire représente leur plus importante source de revenu », explique Michael Wamithi, expert kényan des éléphants et conseiller du gouvernement de Nairobi.

    A l’instar des célèbres « diamants du sang » du Sierra Leone, les défenses des éléphants constituent le « carburant » des terroristes. Lors d’une audition du Sénat américain en mai 2012, Tom Cardamone, expert pour les affaires financières illégales, attestait qu’à cause de l’« ivoire du sang » les terroristes « menacent davantage la présence américaine en Afrique ».

    Julius Kipngetich, commandant des 3 300 gardes-chasses kényans, parle d’une véritable guérilla dans laquelle moururent sept de ses hommes. Kipngetich ordonne à son équipe de ne faire aucune sommation et de « tirer pour tuer ». Récemment dotée d’hélicoptères et de voitures tout terrain, son équipe « opère comme une armée à proximité de la frontière somalienne », car Al-Shabbaab envoient ses troupes d’assaut sur le territoire kenyan. Ce groupe salafiste a même enrôlé des Kényans gagnant l’équivalent de 90 euros pour une paire de défenses. Alors qu’une défense d’éléphant pèse entre 10 et 60 kilogrammes, au marché noir, un kilogramme d’ivoire rapporte 2 000 dollars. Mal payés, les douaniers et les policiers sont aussi des cibles potentielles de cette contrebande.

    Du port somalien de Kismayoo, entièrement contrôlé par Al-Shabbaab et où sont transbordées les armes et la drogue, l’ivoire volée est acheminée sur le marché asiatique. La Chine et la Thaïlande absorbent 90 % des ventes mondiales. Le miracle économique de l’Asie a engendré une explosion de la demande. Au Japon, les hommes d’affaires passent des contrats avec des tampons ciselés dans cet « or blanc ». Pékin utilise d’autres canaux illégaux. Des centaines de milliers d’ouvriers et d’ingénieurs chinois construisent des routes, des lignes ferroviaires ou des infrastructures pour les gouvernements africains. « Bien que l’ambassade chinoise ne le reconnaisse pas, partout où ses ressortissants sont présents, les éléphants meurent », relate Kipngetich.

    Wamithi expose que « lorsque la convention de Washington interdit le commerce de l’ivoire en 1989, les troupeaux d’éléphants se reconstituèrent ». Mais, les dépôts des gardes-chasses, dans lesquels s’entassait une grande quantité de défenses prélevées sur des éléphants morts naturellement, suscita la convoitise : en 2008 le Zimbabwe, l’Afrique du Sud, la Namibie et le Botwana obtinrent l’autorisation de leur gouvernement de vendre quelque 108 tonnes d’ivoire. « La demande fut attisée et le carnage s’accentua », souligne Wamithi.

    Début 2012, au parc national de Bouba Ndjida au Cameroun, les braconniers tuèrent 350 des 1 500 éléphants. Les quatre gardes-chasses de la réserve, grande comme le département des Yvelines, assistèrent impuissant à la tuerie. Armés de kalachnikovs, les islamistes de Janjawid avaient parcouru mille kilomètres. Aucun d’eux ne fut arrêté. »

    Laurent Glauzy http://www.contre-info.com

    Laurent Glauzy est aussi l’auteur de :
    Illuminati. « De l’industrie du Rock à Walt Disney : les arcanes du satanisme ».
    Karl Lueger, le maire rebelle de la Vienne impériale
    Atlas de géopolitique révisée, tome II
    Atlas de géopolitique révisée, tome I
    Chine, l’empire de la barbarie
    Extra-terrestres, les messagers du New-Age
    Le mystère de la race des géants

  • Entretien avec l'équipe de Méridien Zéro : l'onde de choc (archive)

    Internet offre à toute une génération militante de nouveaux moyens d'expression. Ainsi, il est désormais possible de mettre en ligne des émissions de radio sans passer forcément par les ondes confisquées par les grands groupes commerciaux et l'État (à de rares exceptions comme Radio Courtoisie). En écoute directe le dimanche soir de 23h à minuit ou disponible en archive sur leur site (http//meridienzero.hautetfort.com), l'émission de l'équipe de Méridien Zéro est une voix rebelle contre le monde moderne. Le Lieutenant Sturm, l'un des animateurs de l'émission, présente pour nos lecteurs les buts de cette radio non-conforme.
    Nous laissons bien sûr à leurs auteurs l'entière responsabilité de leurs propos et de leurs analyses.

    RIVAROL : Avec quelques camarades, vous avez lancé, en avril 2010, une émission francophone de la station « Radio Bandiera Nera » sur le net. Pouvez-vous revenir sur les origines de cette initiative ?
    L'équipe MZ : Tout d'abord, nous souhaitons vous remercier de nous avoir invités dans vos colonnes.

    RIVAROL est à nos yeux un vecteur incontournable d'idées et d'analyses, un pôle d'information éternellement jeune et dynamique.
    L'émission Méridien Zéro est en fait le produit de rencontres décisives et d'une volonté militante affirmée. Une grande partie de notre équipe milite au Mouvement d'Action Sociale, une toute jeune structure radicale, patriote et sociale. Au M.A.S, nous avons à cœur d'identifier et d'utiliser les nouveaux vecteurs de communication. La web radio fait partie de cet arsenal et nous avions en projet de monter une initiative sur le net.
    Notre proximité avec les camarades italiens du mouvement Casapound (1) n'est pas non plus étrangère à notre initiative. Ils ont lancé voilà quelques années avec succès une web radio, Radio Bandera Nera (Radio Drapeau Noir en français - RBN). Aujourd'hui cette radio couvre le territoire national, ayant des émissions dans toutes les grandes villes d'Italie. Plus largement, RBN s'est ouverte à l'Europe et au reste du monde en soutenant des émissions sur le continent américain et asiatique. Il y a deux ans, de jeunes identitaires avaient bénéficié de l'aide de RBN pour monter « Derrière ta Porte », une émission hebdomadaire qui a fonctionné pendant un an. Certains animateurs de « Méridien Zéro » ont d'ailleurs participé de manière intermittente à cette émission.
    Mais le point de bascule vers la matérialisation de notre initiative a été notre rencontre avec Monsieur S., fondateur de la communauté Zentropa, animateur du blog du même nom et l'un des animateurs de l'émission francophone du Canada « Tuons le clair de lune ». Pour des raisons matérielles autant que géographiques, son équipe ne pouvait plus poursuivre l'aventure et il nous a proposé de reprendre le Créneau. Nous lui devons l'obtention du créneau sur RBN. Ses liens avec les camarades italiens ont également été déterminants pour l'établissement de relations de confiance avec la rédaction de RBN. Nous le saluons ici et le remercions encore une fois.
    Après un rapide examen de nos moyens (matériels, financiers et humains), nous avons donc accepté sa proposition. La qualité de l'équipe a fait le reste. Nous pensons ici surtout à Lord Sergueï (nous utilisons volontiers des pseudos), notre ingénieur du son qui a rendu la chose techniquement possible, mais aussi à Pascal Lassale, Georges Feltin- Tracol, Monsieur K, dont le soutien immédiat à grandement aidé au lancement de l'émission .
    Enfin, il y a l'équipe de Méridien Zéro,composée d'animateurs amateurs qui forgent leur compétence au fil des émissions. Bref, comme toujours, un coup de pouce du destin, des camarades décidés et une bonne dose de travail.

    R. : Il semble qu'il existe un esprit particulier dans votre équipe. Vous le définiriez comment ?
    L'équipe MZ : C'est amusant, cette remarque revient souvent. Il nous semble que deux choses caractérisent notre travail : la joie et la liberté. La joie parce que nous sommes avant tout une joyeuse bande de camarades et d'amis unis par les combats militants et volontaires pour cette aventure. Pas d'aigreur chez nous. Seul le désir de propager la formidable actualité de nos idées nous motive.
    La liberté ensuite, parce que nous nous sommes dégagés des carcans inconscients à l'œuvre dans nos milieux. Cette prise de position nous éloigne de toute aliénation à une quelconque chapelle ou à tel courant. Être libre enfin, c'est pouvoir entreprendre la reconquête de nos concitoyens. Nous ne perdons jamais de vue que nos auditeurs les plus importants sont ceux à venir, ceux qui ne nous connaissent pas encore.

    R. : Je crois savoir que le nom de votre émission est une référence à l'œuvre d'Ernst Jünger. Quel sens a-t-il pour vous ?
    L'équipe MZ : Ernst Jünger reste pour nous le grand esprit européen du XXe siècle. Il incarne lui-même une "figure" au sens de celles qu'il a forgé : le rebelle, le partisan, le travailleur. Son œuvre reste d'une grande actualité et est source d'inspiration et méditation pour beaucoup. Pour ce qui est du titre, nous le devons à son essai « Passage de la ligne » de 1950. Jünger explique qu'en finir avec le nihilisme impose, aux hommes et femmes différenciés que nous aspirons à devenir, de le vivre jusqu'au bout, de « passer la ligne » qui correspond au « méridien zéro ». Cette analogie avec ce que nous vivons aujourd'hui nous a paru pertinente, d'où le titre de l'émission.

    R. : Quelles sont les influences et les idées à la base de votre démarche ? Votre projet est-il une nouvelle forme de métapolitique ?
    L'équipe MZ : Une nouvelle forme de métapolitique ? Pourquoi pas. Les outils forgés par la Nouvelle droite et le travail initié par certains de ses membres restent valides à nos yeux. Nos influences sont assez composites, à l'image de notre équipe : national-syndicalisme, Révolution Conservatrice, nationalisme-révolutionnaire, nouvelle droite, dissidents de l'Action française (Valois, Brasillach, Drieu, Bernanos ... ), socialisme français du début du XXe siècle, certains écrits anarchistes, l'écologie radicale, le travail des Italiens de Casapound. des nationalistes autonomes allemands... Nous ne fermons pas la porte, nous nous remettons régulièrement en cause et cherchons toujours ce qui peut être porteur de sens et d'avenir dans nos milieux et hors d'eux.

    R. : Le rapprochement semble évident avec le site Zentropa (2). Qu'a apporté, pour vous, cette communauté aux jeunes nationalistes et identitaires d'aujourd'hui ?
    L'équipe MZ : Zentropa est à bien des égards le point de départ de nombreuses initiatives d'avant-garde. C'est un élément de combat déterminant dans l'univers militant actuel. Dans quelques années, lorsque l'on aura pris un peu de recul par rapport à ce début de siècle militant, on pourra mieux mesurer le référentiel qu'est devenu ce blog pour la jeunesse activiste nationale, patriote et identitaire. Zentropa est une entreprise colossale fondée et animée par une poignée de pionniers, d'éclaireurs qui se projettent aux avant-postes du monde pour ramener à notre mouvance les outils de sa libération, les vecteurs de sa reconquête : les idées de son avenir. On lui reproche parfois son éclectisme, mais là réside sa force.

    R. : Le syndicalisme, les conséquences économiques de la crise, la relocalisation - la question sociale revient souvent dans vos préoccupations. Que vous inspire l'impasse du système capitaliste ? Une autre voie est-elle possible pour vous ?
    L'équipe MZ : Oui la question sociale est pour nous centrale, car comment défendre son peuple si on ne se préoccupe pas de son quotidien ? Toute pensée authentiquement nationaliste, patriote ne peut et ne doit pas occulter la question sociale ni ignorer son actuelle mutation. Le capitalisme sauvage, fer de lance du Système oligarchique mondial, montre de plus en plus son vrai visage, celui d'un totalitarisme froid et cynique. S'il est sûr que le Système est une impasse, il est encore trop tôt pour dire si nous sommes au fond de cette impasse tant il a maintes fois démontré sa capacité à se régénérer en absorbant les contestations.
    Pour autant, nous ne devons pas attendre la mort de l'oppresseur pour le combattre. Nous avons le devoir de nous opposer au sens noble du terme ce qui présuppose que nous soyons en capacité de proposer une autre voie. Cette voie passe par la création, l'innovation, l'imagination... Plutôt que de défendre il nous faut conquérir les espaces laissés à l'abandon par le Système, nous emparer du réel et y planter nos drapeaux. Pour nous, cette voie de combat prend le nom de Solidarisme. Nous considérons en effet que le Solidarisme (3) est l'Idée qui saura lier combat social et combat national.

    R. : Avez-vous une idée de l'audience de votre émission ? Quel est votre public ?
    L'équipe MZ : Nous disposons de quelques indicateurs. Nous savons que la fréquentation de notre blog est en hausse constante depuis son ouverture en avril et dépasse aujourd'hui le millier de visiteurs par mois. Nous savons aussi qu'environ deux cents personnes téléchargent notre émission dès le lundi matin. Ces chiffres sont modestes, nous en sommes conscients. Mais c'est un très bon début pour une émission qui n'a qu'un trimestre d'existence. Quant à notre public, les nombreux courriels que nous recevons nous renvoient l'image d'un panel ouvert: jeunes et moins jeunes, tenants des divers courants du milieu, nos auditeurs nous encouragent et nous font parvenir leurs observations. Tout cela nous aide grandement, qu'ils en soient remerciés.

    R. : Quelle approche avez-vous d'internet ? Comment considérez-vous ses apports positifs et ses aspects négatifs ?
    L'équipe MZ : Internet est sans conteste un formidable outil qui peut constituer par bien des points un antidote au totalitarisme soft que nous subissons aujourd'hui. Pour autant et comme en toutes choses, Internet n'est pas un outil neutre. Il peut asservir autant que servir. Pour qu'il devienne un vecteur de combat, il faut lui rendre sa place, celle d'un instrument parmi d'autres. Y investir la totalité des efforts militants serait une erreur. Rien ne remplace le réel et le terrain. Ensuite, pour reprendre les enseignements que nous délivre Ernst Jünger dans le "Travailleur" : à moins d'en devenir l'esclave, l'homme doit maîtriser la technique, l'arraisonner et pour cela se former et apprendre la distance nécessaire à sa préservation. Un regret enfin : malgré de nombreuses et récentes initiatives, nos milieux sont encore un peu à la traîne sur Internet.

    R. : Vous avez consacré une émission aux nationalistes autonomes. Pouvez-vous nous présenter ce phénomène novateur en France ?
    L'équipe MZ : Au même titre que nos camarades italiens ont opéré, au travers du mouvement Casapound, une mutation salvatrice, les camarades allemands œuvrent depuis plusieurs années à la formation d'un nationalisme de combat ( 4) débarrassé de ses vieilles lunes et tourné vers l'avenir.
    Les manifestations géantes des coordinations nationalistes autonomes (Berlin, Hambourg, Dresde, Dortmund ... ) contre le capitalisme, l'impérialisme américain, la mondialisation sont des exemples éclatants d'une percée victorieuse. Quelle est leur recette ? Les ingrédients sont nombreux, certains sont liés à la réunification allemande et à l'apport des Allemands de l'Est. Mais pour l'essentiel on peut retenir : autonomie d'action, positionnement « ni gauche ni droite », indépendance par rapport au jeu électoral, gros travail social de terrain et emprunts tous azimuts aux modes vestimentaires, musicales de la jeunesse occidentale (à des fins de détournement s'entend).
    Bien des réalisations de nos camarades sont emblématiques. Pour autant la transposition du nationalisme autonome en France semble difficile, le milieu n'étant pas à notre avis encore prêt pour une telle mutation. Saluons tout de même l'initiative courageuse de nos jeunes camarades nationalistes autonomes parisiens et lorrains.
    Plus largement, c'est le concept d'autonomie qui semble le plus opérant. Autonomie entendue comme capacité à générer nos propres lois, nos propres codes, à nous libérer de la victimisation dans laquelle nous enferme le Système, à reprendre l'offensive et à croire que nos idées sont porteuses d'avenir.

    R. : Vous appelez à une « rupture militante » au sein du mouvement nationaliste identitaire. Comment jugez-vous sa situation actuelle ? Quelles sont, d'après vous, les initiatives à suivre et à soutenir ?
    L'équipe MZ : Le concept de rupture (5) est central pour nous. Pour le résumer, il consiste en une profonde mutation de nos schémas militants. Il faut en passer par un état des lieux de nos habitudes, de nos modes d'expression, de notre façon de militer et d'agir pour délaisser ce qui est obsolète, garder ce qui fonctionne et inventer de nouveaux outils de conquête.
    Aujourd'hui la mouvance nationaliste, patriote et identitaire nous paraît partagée entre fidélité statique et radicalité dynamique. Nous nous rangeons clairement dans la seconde catégorie, la première nous semblant plus ressortir de la nostalgie sclérosante qu'autre chose.
    Pour ce qui est des mouvements politiques à visée électorale, leur présence est nécessaire comme porte-voix de certaines de nos aspirations. Nous observons leurs évolutions avec le plus grand intérêt tout en maintenant notre position qui est que ce qui est nécessaire ne doit pas devenir hégémonique. Le parti n'est pas la somme du tout, loin s'en faut. Et puis, le jeu électoral est au minimum contrôlé par le Système. Croire que nous arriverons à exercer le pouvoir par ce seul biais nous semble irréaliste et démobilisateur.
    La politique s'exerce partout et nous devons garder en tête que tout est politique. En ce sens, il faut promouvoir les initiatives culturelles, artistiques, associatives, métapolitiques, écologiques et sociales comme autant de drapeaux amis plantés dans le réel. La liste de ces initiatives serait trop longue à dérouler. Retenons en vrac : le site Zentropa, la Maison Flamande et Opstaan à Lille, Nissa rebela à Nice, Vox populi à Tours, le site Europe Maxima, le blog Orages d'acier, le groupe Dextra, l'initiative Scriptoblog, le MAS à Paris, SDF, Solidarité Populaire, le livre de G. Feltin-Tracol « Orientations Rebelles », la Maison Sociale et Familiale, les jeunes nationalistes autonomes de Paris et de Lorraine, la lecture de Rivarol, de Réfléchir&Agir ... et surtout l'immense cohorte des électrons libres, des créateurs, des éveilleurs, des pirates et des éclaireurs qui commencent à se manifester dans nos milieux. De ce bouillonnement naîtra l'initiative ; le mouvement et la reconquête de notre peuple. Merci à vous et longue vie à RIVAROL !
    RIVAROL du 30 juillet au 2 septembre 2010
    (1) < http://www.cosapounditalia.org >.
    (2) < http://www.zentropa.splinder.com >.
    (3) Sur le solidarisme : < http://www.masorg.com > fondements pour-un-néo-solidarisme.
    (4) Sur le nationalisme Autonome allemand on peut consulter le portail de Nationaler Widerstand (Résistance Nationale) < http://www.nwbb.org >.
    (5) Sur le concept de rupture on pourra consulter < http://www.mas-org.com > fondements principes-de-rupture.

  • Un nouveau sondage montre l’écart entre les souhaits des Français et l’oligarchie qui nous gouverne

    Un nouveau sondage montre l’écart entre les souhaits des Français et l’oligarchie qui nous gouverne

    PARIS (NOVOpress) - L’on comprend mieux pourquoi les Socialistes ne veulent pas user du référendum et faire appel au peuple quant au mariage civil pour les homosexuels. En effet, un sondage réalisé par le Cevipof et publié sous forme d’infographie par le quotidien Le Monde (ci-dessus) montre que les souhaits des Français sont bien loin de ce que l’oligarchie qui nous dirige veut nous imposer.

    Ainsi, 65% des Français considèrent qu’il y a trop d’immigrés en France, considération en hausse depuis plusieurs mois. Tout comme est en augmentation la volonté des Français de rétablir la peine de mort. Par contre, l’on voit que malgré une propagande politico-médiatique stupéfiante, les Français semblent assez rétifs quant au fait d’accorder le mariage civil pour les homosexuels.

    De même en économie, Les Français veulent que l’Etat cesse de tout réglementer et laisse au contraire plus de libertés.

    De plus, la défiance de nos compatriotes à l’égard de nos gouvernants se manifestent dans la hiérarchie des institutions qu’ils apprécient où l’on voit que les échelons locaux et européens sont préférés au gouvernement, à l’Assemblée nationale et à des organismes supranationaux comme l’OMC.

    Un sondage qui confirme plus que jamais que les Identitaires sont au coeur des préoccupations des Français.

    http://fr.novopress.info

  • La Grèce assiégée

     

    La crise économique et sociale ne s’apaise pas en Grèce. Autour du Premier ministre Antonis Samaras on entend littéralement siffler les balles. La veille le siège du parti au pouvoir Démocratie nouvelle a essuyé des tirs au pistolet-mitrailleur, l’une des balles ayant touché le bureau du chef du gouvernement.

     

    Le thème est repris par notre observateur Piotr Iskenderov.

    Si les tirs contre les locaux du parti au pouvoir sont le fait d’un groupe de type anarchiste, des centaines de hauts fonctionnaires sont menacés par la Justice. Selon des organes judiciaires grecs, durant l’année 2012 la totalité de l’endettement fiscal dans le pays représente 53 milliards d’euros, soit environ un quart du PIB, et dépasse l’importance de la tranche du crédit de l’UE et du FMI, octroyé au prix de tant d’efforts à Athènes à la fin de l’année dernière. Il est vrai, ces efforts ne parviennent pas pour le moment à atténuer le mécontentement social visant les oligarques, mais aussi le gouvernement.

    Les événements en Grèce sont porteurs d’une menace de déstabilisation politique interne, même si les Grecs se sont pour une large part défoulés lors des campagnes électorales de 2012, a remarqué dans un entretien avec notre correspondant l’expert à l’Institut de l’Europe auprès de l’Académie russe des sciences Vladislav Bélov :

    « L’évolution ultérieure de la situation en Grèce dépendra de l’aptitude des Grecs disposés radicalement à digérer leur propre populisme. Autrement le pays risque de plonger sinon dans une guerre civile, du moins dans des troubles politiques et sociaux quasi permanents ».

    Bruxelles met de toute manière en relief le fait que les tranches du crédit sont octroyées à la Grèce pour une large part sur le gage de futures recettes d’une privatisation d’ampleur permettant ainsi de consolider son budget d’ici à 2015 autour de près de 19 milliards d’€. Mais d’ores et déjà le premier gros projet dans ce domaine s’est heurté à l’opposition de l’UE et des Etats-Unis. Selon le journal The Financial Times, les créanciers occidentaux de la Grèce sont irrités par la participation à l’appel d’offres des compagnies gazières russes Gazprom et Synthèse, ayant proposé aux Grecs plus d’argent. Or les Etats-Unis et l’UE ont exigé du gouvernement grec de ne pas ouvrir le marché gazier national aux compagnies et aux intérêts russes. Paradoxalement, ni les sociétés américaines, ni européennes n’ont manifesté leur intérêt pour la privatisation de la société grecque DEPA. Les intérêts géopolitiques de l’Occident ont, après tout, la priorité, même dans les cas où ils contredisent une logique économique et financière évidente.

    La voix de la Russie

  • Descendants d'esclaves ou descendants de maîtres d'esclaves ?

    A grand renfort de publicité médiatique, une Française d’origine guadeloupéenne Rosita Destival vient d’assigner l’Etat pour « crime contre l’humanité » en tant que « descendante d’esclave ». JYLG

    Le site Negro news nous apprend que sa « généalogie est incontestable » et que le CRAN - Conseil représentatif des associations noires - la soutient.

    Voilà une plainte bien dans l’air du temps. Les oligarchies médiatique et judiciaire raffolent de ces histoires en noir et blanc, où les Blancs sont noircis et les Noirs blanchis : les premiers parce qu’ils seraient coupables, forcément coupables, du « racisme » et de l’esclavage ; les seconds parce qu’ils en seraient victimes.

    Au nom de ce principe il devient possible de faire payer les uns pour les autres. Ainsi, si l’Etat français était condamné, je devrais payer, en tant que contribuable, des « réparations » à Madame Destival et à ses  Brothers, ses frères et sœurs de race.

    Je ne suis pas d’accord ! Car j’ai regardé ma généalogie. J’y ai trouvé des Bretons (de l’Argoat, l’intérieur des terres), des Bourguignons, des Italiens des Apennins : nulle part, nulle trace de maître ou de commerçant d’esclaves. Et d’ailleurs mes ancêtres ont dû attendre les années 1960 et les Trente Glorieuses pour connaître un début d’aisance. L’immense majorité des Français sont dans ce cas : ils n’ont pas à payer des réparations imaginaires pour des crimes hypothétiques que leurs ancêtres n’ont pas commis.

    D’autant que ceux qui réclament des « réparations » ne sont pas blancs, bleus. Le CRAN prétend parler au nom des Antillais qui sont pour la plupart d’entre eux des métis, tout comme à l’évidence le sont les présidents successifs du CRAN, Patrick Lozès et Louis-Georges Tin. En tant que mulâtres, ils sont issus à l’origine de l’union d’un parent blanc et d’un parent noir, le plus souvent d’un maître blanc (ou de son fils) lutinant une jeune esclave noire plus ou moins consentante. On ne peut aujourd’hui que condamner de telles strausskahneries. Mais les faits sont là ! Ceux qui réclament bruyamment des dédommagements moraux et financiers sont peut-être des descendants d’esclaves mais ils sont aussi des descendants de… maîtres d’esclaves, et parfois d’ailleurs des descendants de commerçants d’esclaves : car s’il y eut du commerce triangulaire, c’est bien parce qu’on trouvait sur les côtes d’Afrique des Africains qui vendaient d’autres… Africains.

    Il n’y a donc aucune raison de faire aujourd’hui payer des Français de souche dont les ancêtres sont parfaitement innocents de toutes ces choses et qui n’en ont en rien profité, à l’exception peut-être de quelques riches familles de Bordeaux, Nantes ou Le Havre.

    Allons plus loin : toutes les civilisations ont pratiqué l’esclavage. Seuls les Européens l’ont aboli. Soyons fiers de notre passé. Balayons les délires de la repentance et les simagrées mémorielles !

    Jean-Yves Le Gallou http://www.polemia.com
    Ancien député européen, essayiste
    Boulevard Voltaire.fr
    11/01/2013