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  • Claude Covassi ne pourra pas publier son enquête sur le PJAK et l’UCK

     

    Claude Covassi, fondateur du site Mécanopolis est décédé à l’âge de 42 ans.

    Officier du renseignement intérieur suisse (Service d’analyse et de prévention), il avait été chargé d’infiltrer la confrérie des Frères musulmans (Opération Memphis). Par la suite, ses supérieurs lui auraient demandé d’organiser un attentat à la bombe qui eut été attribué à Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève. Il s’était alors rebellé, refusant de commettre un acte contraire à l’honneur. Traqué, il avait obtenu —à la suite d’une course-poursuite en Espagne et en Égypte— que la Délégation des commissions de gestion du Parlement enquête sur cette affaire. En définitive, les députés s’étaient appliqués à clore le dossier à l’amiable, évitant des poursuites judiciaires aussi bien pour lui que pour le SAP.

    Claude Covassi travaillait désormais pour une société de sécurité et organisait des stages de formation de survie.

    Depuis un an et demi, il utilisait sa formation pour enquêter sur le rôle du PJAK et de l’UCK dans le narco-trafic en Europe. Le PJAK est une organisation kurde qui revendique de nombreux attentats terroristes en Iran. Il est financé par les USA, Israël et l’Allemagne et dispose d’un cabinet de lobbying à Bruxelles. L’UCK est une organisation kosovare dont le leader est devenu Premier ministre de l’État non-reconnu du Kosovo. Il a entrepris une campagne terroriste en Serbie (1997-99), dont la répression servit de justification à l’intervention de l’OTAN. Ses commandos étaient formés par les Forces spéciales allemandes sur une base de l’OTAN en Turquie.

    Depuis quatre mois, Claude Covassi faisait l’objet de vives pressions pour le dissuader de poursuivre son enquête. Le 19 novembre, le quotidien Le Temps le prenait à partie en "une", sans aucune raison liée à l’actualité, juste pour souligner que Thierry Meyssan l’avait invité en Iran (où il avait débuté ses recherches sur le PJAK).

    Claude Covassi devait publier cette semaine le résultat de son enquête. Il n’en a pas eu l’occasion. Il a été retrouvé chez lui, mort dans son lit. Selon la police genevoise, son décès serait imputable à une overdose de cocaïne. En état actuel, rien ne permet d’affirmer s’il l’a absorbée volontairement ou sous la contrainte, ni de savoir si cette drogue était acheminée ou non par le PJAK ou l’UCK.

    Claude Covassi était pour nous un ami très cher et un compagnon de lutte. Nous étions en contact régulier avec lui et suivions attentivement ses travaux. Le Réseau Voltaire présente ses condoléances à sa famille et à ses amis.

    http://www.voltairenet.org

  • Paris : Encore un gymnase occupé

    Quelque 200 personnes "mal logées" ont occupé pendant quelques heures dimanche un gymnase municipal de la ville de Paris dans le XIIe arrondissement et l'ont quitté dans la soirée après des tractations avec des représentants de la mairie. Encore combien de clandestins parmi eux ? Certains sont même logés dans des hôtels en attendant leur régularisation. Devinez qui paie ?¢

     

    Vers 15H30, les manifestants, parmi lesquels une trentaine d'enfants, ont pénétré dans le gymnase, situé au 246 de la rue de Bercy, et se sont installés sur les gradins ou sur des tapis de sol sur le parquet du gymnase.

    En fin d'après-midi, une délégation de la mairie est arrivée sur place et a entamé des négociations avec une délégation des mal-logés, comprenant notamment le porte-parole de Droit au logement (DAL), Jean-Baptiste Eyraud.

    En milieu de soirée, M. Eyraud a indiqué que la décision avait été prise : « …de quitter les lieux de notre propre gré. Un accord a été trouvé, il va y avoir des réunions », a-t-il dit, sans davantage de précisions.

    L'occupation avait pour but de faire pression sur la mairie de Paris afin qu'elle « participe au relogement définitif des personnes prioritaires Dalo » (droit au logement opposable), avait précisé M. Eyraud.

    Parmi les manifestants, certains ont déposé auprès de la mairie de Paris une des demandes d'attribution de logements HLM depuis plus de dix ans, avait assuré le porte-parole du DAL.

    Comme on le voit sur la photo, ce ne sont, une nouvelle fois, pas des Français qui « exigent » un logement mais des « candidats à l’immigration » ou des « privés de papiers »… Au choix ! (voir Le Gaulois).

    Avec AFP http://www.francepresseinfos.com/

  • Olivier Maulin contre le monde moderne

    En ce dimanche, pour interrompre le flot des actualités, voici une nouvelle que nous a aimablement envoyée André Waroch.

    Le ciel était bas ce jour-là quand je sortis de la bouche de métro pour me rendre, comme souvent après le travail, dans une bibliothèque universitaire près de Montparnasse. Je me dépêchai de gravir les quelques dizaines de mètres qui séparaient le métro de l’entrée, jetant des coups d’œil inquiets aux nuages noirs qui s’amoncelaient au-dessus de Paris.

    L’orage se mit à tonner dès que j’eus franchis le seuil de la porte cochère, où je croisai un groupe de frêles naïades à queue de cheval qui partaient précipitamment, un dossier sous le bras, en gloussant comme seules savent glousser les filles de dix-neuf ans. Je me retournai comme si de rien n’était et j’eu la vision fugitive de leurs petites fesses déjà hors d’atteinte, ondulant dans des pantalons serrés. Le vigile africain de l’accueil m’adressa un clin d’œil complice et j’entrai dans les locaux.

    Délaissant les bandes dessinées, j’allai directement à l’étage. Je pris le Simenon que j’avais commencé la veille et partis m’installer dans le fond, à une petite table, calant ma chaise contre le mur, me pelotonnant confortablement. La pluie frappait à présent de toutes ses forces la baie vitrée qui me faisait face. C’était une tempête, une vraie. Les six ou sept jeunes assis à côté de moi sur une des deux grandes tables de l’étage, qu’ils avaient abondamment garnis de piles de feuilles, de cahiers et de livres de toutes sortes et de tous formats, regardèrent un instant les éléments déchainés se fracasser contre le mur de la civilisation occidentale, et replongèrent le nez dans leurs études. Moi j’étais bien comme ça, calfeutré, me distrayant avec un polar, alors qu’en tendant le bras à quelques centimètres sur ma gauche, j’aurais presque pu palper cette angoisse des examens imminents qui étreint, chaque année aux mêmes périodes, le cœur des boursiers comme des enfants de bourgeois. J’aimais ressentir cette tranquillité du vieux con de trente-cinq ans qui regrette, parfois un peu vite, ses vertes années. Assis, détendu, je me dis qu’il ne me manquait plus qu’une petite clope, ou une pipe même, puisque j’étais dans Simenon.

    La tempête ne semblant pas devoir faiblir, je m’absorbai dans ma lecture. Un quart d’heure peut-être s’écoula. Mon attention fut alors distraite, imperceptiblement, par une cacophonie de chuchotements. Un débat semblait agiter le groupe d’étudiants. Je les observai un peu plus attentivement. Ils avaient la vingtaine, trois garçons et trois filles. C’est l’une de ces dernières, blonde, un peu boulotte, mal coiffée, qui semblait être l’initiatrice et la principale animatrice du débat. Visiblement elle défendait son point de vue contre la désapprobation générale, mais je ne distinguais réellement rien de ce qui se disait, jusqu’à ce qu’elle se lève et élève subitement la voix, au comble de l’agacement, voire au bord des larmes. Je fus saisi par ce qui ressemblait bien à une manifestation d’hystérie, phénomène propre aux femmes, qui dans le meilleur des cas arrivent à le faire passer pour la manifestation d’un quelconque mysticisme :

    - Mais vous ne comprenez vraiment rien ! Olivier Maulin, c’est un prophète !

    - Arrête, maintenant, fit une de ses copines. Calme-toi et rassieds-toi.

    La boulotte s’exécuta et me regarda fugitivement, gênée de la scène. Ils se remirent à travailler, pendant que la fille qui lui avait dit de se rasseoir lui dit quelques mots à l’oreille, tentant probablement de dédramatiser la situation.

    Olivier Maulin ? Jamais entendu parler. Etait-ce un de leurs profs à la fac dont elle se serait entichée, se donnant conséquemment pour mission de le défendre bec et ongles contre n’importe lequel de ses camarades qui se serait permis d’ébaucher, même adroitement, même sans avoir l’air d’y toucher, le moindre début de critique? Ou un acteur en vogue envers qui elle aurait développé le même complexe ? Ou un chanteur ? Mais peut-être n’était-ce pas dans le registre des amours post-adolescentes qu’il fallait chercher les raisons de cet éclat, songeai-je en essayant de me concentrer de nouveau sur mon livre. Après tout, même une femme peut être touchée par une révélation spirituelle sincère qui serait autre chose que le désir d’être pénétrée, fut-ce intellectuellement, par un homme possédant une énorme, une gigantesque personnalité.

    Environ une heure plus tard, j’avais rangé le Simenon, et je déambulais un peu dans les allées, au hasard, avant de rentrer chez moi. Soudain, je vis la fille de tout à l’heure, debout au rayon histoire, en train de feuilleter furieusement un bouquin sur les indo-européens.

    - Excusez-moi, mademoiselle…

    Elle releva brusquement la tête, et me lança de ses yeux bleus un regard qui, j’en suis sûr, aurait pu percer le métal si on le lui avait demandé gentiment. Sa poitrine généreuse se soulevait rapidement sous son chandail généreusement décolleté.

    - Non, commençai-je en souriant, je m’excuse de vous importuner, mais tout à l’heure, vous avez cité le nom d’Olivier Maulin, en disant que c’était un prophète. [photo en Une : "Le prophète", statue œuvre de Louis Derbré] Qui est ce monsieur, exactement ?

    - C’est un écrivain.

    - Ah bon ? Ravi de l’apprendre. Ça me fait plaisir de voir quelqu’un d’aussi passionné par de la littérature. Aujourd’hui on a tellement l’impression que les gens ne sont intéressés que par leur écran plat…

    - Olivier Maulin, ouais, c’est un écrivain, mais c’est plus qu’un écrivain.

    - Ah bon ?

    - Est-ce que vous pensez qu’il y a d’autres mondes ?

    - D’autres mondes, comment ça ?

    - Bon, qu’est-ce que vous voulez, vous voulez me sauter, c’est ça ?

    - Mais pas du tout ! Je suis réellement intrigué par ce que vous avez dit. Bon écoutez c’est pas grave, moi de toute façon j’allais partir. Au revoir.

    Arrivé au milieu de l’escalier, alors que j’en étais à cinq au compte à rebours, je l’entendis qui me rappelait. Je ne lui avais qu’à moitié menti, j’étais réellement intrigué. Disons que mon approche était motivée à environ 28% par la curiosité intellectuelle. Il y avait donc au moins une part de vérité dans mes protestations. Et puis merde ! On avait quand même encore le droit d’avoir juste envie de baiser, non ?

    - Excusez-moi fit-elle, l’œil humide une nouvelle fois, je n’aurais pas dû vous parler comme ça…

    - Ce n’est pas grave, répétai-je, grand seigneur, il y a eu un malentendu, et voilà tout.

    Nous discutâmes deux minutes. Elle finit par me dire tout à trac :

    - J’ai ma voiture garée à côté, si ça vous dit, on peut aller faire un tour dans Paris et prendre un verre quelque part…

    Cette fille était vraiment spéciale. J’acquiesçais, elle alla prendre son sac et nous sortîmes. Un soleil éclatant avait chassé l’orage. Je m’étonnai qu’elle ait quitté si facilement son groupe d’amis, elle me répondit que c’était une bande de connards. Bon.

    En fait de voiture, c’était une vieille 2CV. Dans les années quatre-vingt, on en voyait encore beaucoup, aujourd’hui c’est une rareté. Je remarquai que celle-là était immatriculée en Bulgarie. Etait-ce dans ce pays que ses sœurs étaient parties pour mourir, au début des années quatre-vingt-dix, pressentant peut-être confusément qu’avec la chute du Mur un cycle historique venait de s’achever ?

    - Vous êtes bulgare ? Demandai-je alors que le véhicule s’ébranlait avec force craquements. Je n’avais pas entendu un bruit aussi inquiétant dans une voiture depuis mes quinze ans, quand j’avais été pris en stop, sur une autoroute du sud, par un mec bizarre qui écoutait du Jean-Louis Murat.

    - Oui, pourquoi, vous connaissez ?

    - Oui, enfin je n’y suis jamais allé, mais bon, je connais un peu, Ceausescu…

    - Ceausescu c’était en Roumanie.

    - Ah bon, vous êtes sure ?

    - Qu’est-ce que vous connaissez d’autre ?

    Je me mis à fouiller à toute vitesse dans la banque de données de mes souvenirs. Qu’est-ce que j’avais à « Bulgarie » ? J’ouvrai le sous-dossier, on était vraiment dans les fonds de tiroir. Voilà ce que je connaissais de ce pays : en 1993, cette raclure d’Emil Kostadinov, en marquant à la dernière minute au Parc des Princes, éliminait l’équipe de France de la coupe du monde. En 1994, Hristo Stoichkov, le capitaine et le meilleur footballeur bulgare de tous les temps, emmenait son équipe jusqu’en demi-finale du Mondial aux USA ; victoires sur l’Argentine, l’Allemagne, il était sacré ballon d’or à la fin de l’année.

    - En tout cas vous n’avez pas d’accent, fis-je.

    - En fait, j’ai toujours fais la navette entre la France et la Bulgarie, dit-elle avec un sourire, depuis que je suis toute gosse. Mon père est français, ma mère bulgare.

    - C’est bien d’avoir une double culture, dis-je distraitement, ça permet une plus grande ouverture d’esprit.

    - Ah bon, vous trouvez ?

    - Enfin il parait.

    Je ne savais pas du tout où elle comptait aller, mais pour l’instant je m’en moquais. Il faisait vraiment un temps splendide. Nous arrivions place de la concorde, elle mit une cassette audio

    une cassette audio, me répétai-je stupéfait. Une musique orientale à base d’accordéon commença à emplir l’habitacle.

    Une certaine pudeur, due à une éducation catholique sans faille, m’interdit d’aller plus avant dans l’évocation de la soirée que nous passâmes ensemble. Pour faire court, disons que je vengeai, ce soir-là, l’honneur perdu de David Ginola. Cela se passa à Gennevilliers, dans le petit appartement de sa mère, où elle créchait le temps de ses études, après quoi elle devait retourner travailler en Bulgarie, ou à Lyon, je ne sais plus.

    Je la quittai au petit matin. Je lui dis au revoir poliment, mais sans effusions inutiles, sans même proposer d’aller chercher de quelconques croissants. Elle parût quelque peu désappointée que je m’en aille de cette façon. Elle me proposa de rester, et ses yeux se firent suppliants, mais j’en avais vu d’autres, je sais exactement le degré de rouerie qui se cache derrière les manières affectées des femmes. Je prétextai, sans prendre la peine d’y mettre beaucoup de conviction, un rendez-vous professionnel, et partis sans gloire et sans me retourner. Je repris le métro qui me ramena jusqu’à chez moi, en proche banlieue.

    Ma vie reprit son cours, longue et monotone. Je suis employé de bureau. Le goût de l’aventure m’a quitté depuis tellement longtemps que je ne me souviens même pas en avoir été un jour habité. Très vite, la concentration qu’exigent les travaux administratifs, s’ajoutant aux mille soucis quotidiens qui accablent tous les provinciaux de trente-cinq ans venus s’installer seuls à Paris pour exercer un travail alimentaire, chassèrent la donzelle de mon esprit. Environ une semaine plus tard, en fin d’après-midi, alors que je m’apprêtais à sortir du bureau, ou pour être plus précis : alors que je commençais à songer au moment où je m’apprêterais à partir, et que je rangeais vaguement quelques vieilles piles de documents, mon téléphone portable se mit à sonner.

    J’ai oublié de vous dire, la fille s’appelle Catherine. Catherine, donc, puisque c’était bien elle au bout du fil, me convia à une soirée pour le lendemain avec des amis, dans un restaurant chinois du 13ème. Je me méfiais, est-ce que je n’étais pas tombé sur une psychopathe qui, après une soirée, serait tombée maladivement amoureuse de moi, comme Glenn Close dans Liaison fatale ? Néanmoins j’acceptai, et je suis incapable encore aujourd’hui d’expliquer pourquoi.

    J’eu un sommeil agité, proche de la transe chamanique. Je me métamorphosais en oiseau de proie, planant au-dessus de Paris. Je me réveillai au milieu de la nuit, me redressant d’un coup sur le lit, en sueur.

    La journée fut interminable, je commençais à en avoir plein les bottes de ce boulot. Quand sonna l’heure, j’avais l’impression d’être au bord de l’épuisement, pourtant dès que je me retrouvai dans la rue, toute ma fatigue se dissipa comme par enchantement.

    Je repassai chez moi pour me changer rapidement et récupérer ma vieille Volkswagen. J’avais récemment réussi à économiser assez d’argent pour l’emmener au garage. Je m’habillai à peu près comme d’habitude, avec un costume-cravate sans cravate. Je savais que j’allais me retrouver au milieu de jeunes de quinze ans de moins que moi. Il s’agissait de ne pas avoir l’air trop con, et pour commencer essayer de ressembler à quelqu’un de mon âge. Le pire aurait été d’essayer de les singer.

    Arrivé dans le quartier chinois, je trouvai une place à quelques dizaines de mètres du restaurant. Je n’avais pas envie d’arriver en avance, alors je me fumai deux ou trois cigarettes, tapi dans l’obscurité de l’habitacle.

    Au bout d’un quart d’heure, je sortis de la voiture. Un serveur vint m’accaparer à l’instant même où je poussai la porte vitrée. C’était un Chinois de soixante ans, l’air las, aux traits fripés, courbé comme si sur ses épaules reposait le destin de l’Empire du Milieu. Catherine m’avait dit de demander sa table. J’indiquai donc ses nom et prénom, et le serveur se dirigea vers l’arrière-salle en me faisant signe de le suivre. Il traînait tellement les pieds que je ne sais même pas si l’on peut vraiment dire qu’il marchait. Je distinguais le chuintement de ses mocassins sur le parquet en bois. Son mode de déplacement tenait en fait de la reptation. C’était absolument fascinant.

    Le restaurant était typique du quartier, c’est-à-dire qu’il ne fallait pas y aller pour l’hygiène. Heureusement, mon organisme s’était déjà depuis longtemps habitué aux saloperies d’origine exotique, résultat d’une vie ponctuée par de fréquentes visites au kebab. Parfois, en pensant à Maupassant, je me disais que le staphylocoque doré serait ma syphilis.

    A la table, ils étaient quatre. On fit les présentations. Outre Catherine, il y avait une grande bringue au teint blême, vêtu à la garçonne, veston et chapeau à l’ancienne, qu’on appelait Palombe. Non non, pas Palomba, Palombe. Il y avait Edgar, qui était habillé, sans grande façon, d’un jean et d’un sweat-shirt. Il était châtain et portait un petit bouc qui, ajouté à ses sourcils en accent circonflexe, lui donnait l’air d’un diable sorti de sa boite. Il avait l’air de quelqu’un de nerveux, et d’assez bavard. Et puis, il y avait un rasta blanc. Je me méfie des rastas blancs. Non, se méfier n’est pas le mot exact. Dans les premiers temps de ma vie active, alors que j’avais quitté mes parents il y a peu et que j’habitais dans mon premier appartement, un minuscule meublé, je voyais de temps à autre des blattes. Un jour, il y en avait une qui grimpait péniblement sur un mur, puis, le surlendemain, je surprenais sa cousine en train de s’extraire de sous la cuisinière, puis rebrousser chemin en catastrophe en me voyant saisir sournoisement un chausson. Je ne m’étais pas alarmé plus que ça. Je ne laissais pas trainer de nourriture et je faisais le ménage régulièrement. Je m’imaginais qu’elles venaient d’un autre appartement, et que par le jeu des conduits d’aération elles tombaient chez moi de temps à autre, par accident. Mais plus le temps passait, plus augmentait la fréquence de leurs apparitions : une fois par semaine, puis deux, puis une fois par jour, et toujours vers la cuisinière. Un soir, je décidai d’en avoir le cœur net. Je déplaçai le meuble pour regarder ce qui pouvait bien se passer en dessous.

    C’était une boite de chocolats de Noël bon marché. Les locataires précédents, un couple de jeunes, avaient probablement organisés, un 25 ou un 31, une beuverie d’amis au cours de laquelle cette boite avait glissé, je ne sais comment, sous la cuisinière. Je compris que c’était une boite de chocolats grâce à l’étiquette. Quelqu’un avait enlevé le couvercle. Mais là où on aurait dû voir les chocolats en question, il n’y avait plus qu’une masse grouillante et grise, celle de ces insectes immondes qui, depuis des semaines, se repaissaient dans mon dos de ces guimauves de cacao industrielles. Je dormais tous les soirs à trois mètres de cette infection vivante.

    Dans ma vie, par la suite, je ne ressentis ce même sentiment d’horreur et de dégoût, bien que légèrement affaibli, que dans les très rares occasions où j’eu à côtoyer des rastas blancs. En présence d’une forme de vie étrangère, manifestement hostile, aux déplacements erratiques, et dont l’unique fonction biologique dans la chaîne alimentaire semble être le parasitage, l’honnête homme, obéissant à un réflexe ancestral, mu par d’étranges impulsions envoyées par le cerveau reptilien, sentant remonter en lui des souvenirs collectifs transmis génétiquement à l’humanité depuis le tréfonds des âges, à l’époque peut-être où les hommes de la tribu, criant et agitant leurs torches, passaient la nuit à repousser les hyènes qui tentaient de mordre les femmes et d’emporter les bébés, l’honnête homme, disions-nous, se sent soudain envahi d’un désir fort et primitif, celui de se saisir d’un gros caillou tranchant et de massacrer la Bête.

    Le rasta blanc s’appelait Sébastien. Je lui serrai tout de même la main et m’assis. La conversation s’engagea. Edgar me demanda, en faisant un point d’interrogation avec un de ses sourcils circonflexes :

    - Qu’est-ce que vous faites dans la vie ?

    - Oh, fis-je d’un air embarrassé, je fais un travail de bureau…

    - Vous êtes dans l’administration ? reprit-il en faisant deux points d’interrogation, comme si être fonctionnaire en France était quelque chose de proprement extraordinaire.

    - Non non, dans le privé…

    - Ah ok, répondit-il, l’air soulagé, remettant ses sourcils au repos.

    - Nous on est tous étudiants, on est dans la même classe, dit Palombe.

    - Ah bon, et vous étudiez quoi ?

    - Licence d’anglais, répondit Sébastien, le rasta, les yeux baissés. Même qu’on se fait chier.

    - Parle pour toi, répliqua Palombe, l’air agacé.

    J’observais Catherine du coin de l’œil ; après m’avoir accueilli, elle n’avait quasiment plus ouvert la bouche. Mais elle n’avait pas l’air vraiment inquiet. Elle semblait réfléchir à quelque chose.

    - Alors, repris Edgar, qu’est-ce qui vous branche dans la vie ?

    - Moi ? Oh, pas grand-chose.

    - Vous lisez ?

    - Si je lis ? Oui, ça m’arrive…

    - Quoi par exemple ?

    - En ce moment, je suis sur Simenon.

    - Ah bon, fit le rasta avec un sourire narquois, vous préférez les hommes ?

    Et cet abruti s’esclaffa à sa propre saillie. Les autres sourirent d’un air indulgent. Je me forçai à arborer un rictus. Dans la foulée, Edgar me posa subitement cette question qui me désarçonna :

    - Vous connaissez Olivier Maulin ?

    Un silence se fit.

    - Oui, répondis-je après un moment d’hésitation, j’ai entendu ce nom dans la bouche de Catherine la première fois que je l’ai vue, mais…

    - Nous quatre, on lui voue un culte. On pense que c’est une sorte de prophète.

    - Ou de messie, dit Palombe.

    - Si tu veux. En tout cas, on est fans absolus, reprit-il en s’adressant de nouveau à moi. C’est un génie. Il nous a ouvert les yeux sur le monde moderne. C’est Catherine qui nous a initiés. On essaie de le faire découvrir autour de nous.

    - On le suit dans tous ses déplacements, dit Palombe.

    - La dernière fois, c’était au salon du livre de Marseille, dit Catherine, soudain réveillée.

    - Ah bon, dis-je, vous êtes allés jusqu’à Marseille?

    - On le suit partout, répondit Palombe. Dès qu’on sait qu’il se rend à un festival ou un truc comme ça.

    - Fais lui voir l’album, intima Catherine à Sébastien.

    Après avoir regardé autour de lui comme s’il s’apprêtait à étaler sur la table une substance prohibée –probablement un vieux réflexe- celui-ci fouilla dans son sac et en sortit un album photo blanchâtre, aux angles racornis.

    Il l’ouvrit un peu au hasard et le posa face à moi. Des photos diverses, en couleur, en noir et blanc, plus ou moins nettes, comme prises à la dérobée, montraient toutes le même type, un rouquin qui devait avoir environ le même âge que moi, qui comme moi avait adopté le costume-cravate sans cravate ; plus ou moins barbu, plus ou moins grassouillet, selon les photos et l’époque où elles avaient été prises. On ne peut pas dire qu’il était vraiment beau, ni vraiment moche. Il était d’un abord plutôt sympathique, mais dans l’ensemble c’était le genre de mec qui pouvait passer à peu près inaperçu partout. En fait, il ressemblait plus ou moins à un contrôleur de la SNCF. D’ailleurs, il y avait une photo où il descendait d’un train, et plusieurs autres où on le voyait discuter avec d’autres personnes sur le quai d’une gare.

    - Ca c’est quand il revenait de la foire au livre de Lorient, dit Palombe.

    - C’est bizarre, je ne vois aucun d’entre vous sur les photos.

    - C’est normal, mec, répliqua Sébastien. Il ne nous a jamais vus. Depuis trois ans, on l’observe en secret.

    - Hein ? Mais Pourquoi ???

    - Tu ne peux pas comprendre, dit Catherine en soupirant. On a décidé ça entre nous. On s’est dit qu’on devait être ses anges gardiens.

    - Ouais, dit Sébastien, ça c’est TA version.

    - Il faut avoir lu l’œuvre d’Olivier Maulin pour saisir le sens de notre démarche, dit Edgar en me fixant avec ses grands yeux fous, et surtout Les évangiles du lac. C’est dans ce livre qu’il a vraiment ouvert une brèche.

    - Ouvert une brèche dans quoi ?

    - Dans le monde moderne, répondit-il, énigmatique.

    Trois heures plus tard, je ramenais Catherine à Gennevilliers. Je n’avais pas envie de rentrer tout de suite, ni d’aller boire un dernier verre ailleurs. Je lui proposai un petit tour en voiture dans Paris avant de rentrer.

    Après ces mots étranges sortis de la bouche d’Edgar, le serveur était enfin venu avec les menus, et nous avions ensuite commandé assez vite. L’alcool et la nourriture, d’ailleurs excellente, avaient achevés de délier les langues. J’avais eu droit à une formation accélérée sur Olivier Maulin. J’étais quand même tombé sur de sacrés tarés.

    Je me méfiais de Sébastien. C’était un fourbe qui n’attendait qu’une occasion pour trahir, j’en étais persuadé. Avez-vous remarqué que les rastas blancs ne trainent jamais ensemble, contrairement par exemple aux punks à chiens ? Ils préfèrent coller aux basques des gens normaux, pour les parasiter. Jamais plus d’un rasta blanc par groupe de jeunes, c’est une règle invariable. Et ils restent jusqu’à ce que l’on découvre leur véritable nature. Néanmoins, une chose me paraissait sincère chez Sébastien, c’est l’amour qu’il portait aux écrits d’Olivier Maulin, un amour visiblement aussi fanatique que celui de ses amis.

    Palombe trimbalait une sorte de mal-être adolescent, qui la poussait à exprimer, comme Sébastien d’ailleurs, une certaine agressivité à mon égard ; ou peut-être croyait-elle que le personnage qu’elle cherchait à incarner aux yeux des autres se devait de faire preuve d’agressivité à mon égard. Et en même temps, une certaine sophistication me la faisait paraître plus intéressante et plus profonde –peut-être à tort- que son camarade. C’était une littéraire : elle admirait Oscar Wilde, George Sand, Verlaine et Rimbaud. Enfin, elle les admirait, jusqu’à ce que Catherine, un soir, lui prête Les évangiles du lac.

    Edgar m’avait paru des quatre le plus intéressant. Il n’existait pas uniquement à travers l’œuvre d’Olivier Maulin, ce que je ne n’aurais pas pu jurer à propos de ses collègues. Il travaillait à un roman de science-fiction. Il m’avait expliqué qu’avant de commencer l’écriture de l’intrigue proprement dite, il s’attelait à mettre en place les personnages et leurs interconnexions, il imaginait l’historique des planètes et des peuples qu’il allait mettre en scène ainsi que celles des grands ancêtres des protagonistes, bref, il cherchait à créer de toutes pièces un univers entier, cohérent, à la manière des grands maitres comme Frank Herbert. L’histoire commençait sur une planète appelée Eimera, où deux races extra-terrestres, les Zaloptères et les Archoutanes, au mode de vie relativement primitif, coexistaient sans le savoir, vivant de chaque côté d’une forêt gigantesque qui, enserrant Eimera tout au long de son équateur comme une sorte d’anneau, formait entre les deux hémisphères une barrière colossale, infranchissable pour ces créatures dont le niveau de civilisation était comparable à notre néolithique. Selon les légendes locales, si ces deux races se rencontraient et se mélangeaient, la nouvelle race hybride qui en serait issue aurait le pouvoir de conquérir toute la galaxie.

    La planète voisine, Perla, avait été fondée, il y a des millénaires de cela, par des commissaires européens en exil. Au milieu du XXIème siècle, l’Europe ruinée, dévastée, en proie à la guerre civile, aux épidémies, le troc ayant remplacé l’usage de l’Euro sur la plus grande partie du territoire, une insurrection populaire, soutenue par l’armée, prit le contrôle de Bruxelles. On mit la main sur les commissaires européens. Un tribunal populaire décida, en quelques heures, de leur culpabilité dans la catastrophe générale, et de leur exécution publique par strangulation. Mais quelques survivants avaient réussi, en soudoyant des passeurs, à gagner Kourou, et à utiliser les dernières parcelles de leur autorité légale pour s’échapper, avec leurs familles et leurs employés, à bord d’un engin spatial expérimental. Au bout d’un périple de sept ans qui appartenait aux mythes fondateurs de la planète Perla, les commissaires débarquèrent sur la terre promise, une planète hostile, désertique, peuplée de lézards géants, sur laquelle ils réussirent néanmoins à faire souche. Dès qu’ils furent à peu près installés, leur premier geste fut la création de l’embryon d’une nouvelle construction européenne. Des référendums eurent lieu pour savoir si les lézards faisaient partie des espèces nuisibles, ou s’ils constituaient un patrimoine naturel à protéger. Des groupes de réflexion inter-départements furent formés pour éclairer le débat et remettre leur rapport à la sous-commission chargée du statut des lézards de Perla. Parallèlement, le commissaire préposé à la protection du patrimoine naturel créa une autre sous-commission pour établir la classification des cailloux du nord du lac Tschaï, selon leur diamètre et leur forme.

    Quelques années plus tard, les commissaires européens s’aperçurent de la présence, sur Eimera, des deux peuplades primitives susnommées. Après être rentrés en contact avec les indigènes (et avoir créé des sous-commissions pour les classer en plusieurs groupes selon leur forme), ils voulaient maintenant en faire des citoyens européens. La seule chose qui pouvait empêcher ce désastre était l’accomplissement de la prophétie : un mâle zaloptère devait s’accoupler avec la plus belle des femelles archoutanes, ce qui serait le premier pas vers la fusion complète des deux races. Elles se verraient alors dotées de pouvoirs leur permettant de balayer n’importe quel ennemi, et de régner sur l’univers.

    Tout cela m’apparaissait bel et bon. Rien à dire, c’était du cousu main. En le quittant, j’avais prodigué à Edgar quelques encouragements. A présent, nous roulions en silence, sur les bords de Seine. Catherine, décidément, était étonnamment muette ce soir. Je ralentis jusqu’à rouler quasiment au pas, les yeux fixés sur l’eau scintillante. Il faisait doux ce soir-là. Je baissai ma vitre et allumais une cigarette. Catherine me demanda, en faisant beaucoup d’efforts pour me faire croire que sa question était anodine :

    - Alors, qu’as-tu pensé de cette soirée ?

    Machinalement, je jetai un coup d’œil au livre posé sur les genoux de Catherine : Les évangiles du lac, bien sûr. Elle l’avait amené pour moi. Je la regardai. Elle semblait immensément fragile, à présent, comme si elle était sur le point d’éclater en sanglots. Qu’est-ce que je savais de cette fille, finalement ?

    - C’était bien, comme soirée. Tes potes sont des gens intéressants.

    - Je savais qu’ils te plairaient, dit-elle en souriant.

    Je tournai à gauche et pris le pont de Courbevoie.

    - J’avais peur que tu nous trouves ridicules, rajouta-t-elle, l’air d’avouer un péché mortel.

    - Ridicules ?

    Je réfléchis un peu, et repris :

    - Non, pas ridicules. Bizarres, oui, ça c’est sûr. Mais tout est bizarre, pour moi.

    - Est-ce que tu as un peu compris de quoi il retournait ?

    - Tu veux dire, avec les nains, les trolls et les elfes ?

    - Oui.

    - Je crois. C’est comme me l’a dit Edgar : vous êtes en révolte contre le monde moderne. Vous voulez le retour des temps héroïques. Tu voudrais être une princesse enfermée dans son donjon, et que je sois le chevalier qui vient te délivrer. Vous êtes d’anciens fans de jeux de rôle, non ?

    - Oui.

    - J’en étais sûr.

    - Tu veux nous rejoindre ?

    Je jetai ma cigarette et remontai ma vitre. En souriant légèrement, je lui dis :

    - Non, je ne crois pas. J’ai déjà fréquenté ce milieu, dans le temps. Je n’ai rien contre ; mais c’est pas mon truc.

    Catherine était désappointée, soudain. Elle regarda droit devant elle.

    - Alors c’est quoi, ton truc ? Finit-elle par dire.

    - Moi, tu sais, répondis-je en posant une main délicatement sur son genou, je suis italien ; ce dont tu me parles, là, tous ces machins, les trolls, les elfes, les Hobbits, ce n’est pas ma culture, ce n’est pas la culture d’ici non plus, d’ailleurs. Tout ça, ça vient des anglo-saxons.

    On arrivait à Gennevilliers. Je la déposai devant chez elle, elle ne me proposa pas de monter. Je lui dis au revoir poliment, et je repartis. Décidément, avec Catherine, ça devenait une manie de se quitter fâchés. Mais ce soir, c’était peut-être la dernière fois qu’on se voyait. Je lui avais dit la vérité, mais pas toute la vérité. Je savais très bien ce qu’elle attendait de moi, et je n’avais pas l’intention de lui donner de faux espoirs. Je voulais bien qu’une femme ne soit pas seulement source de jouissance érotique, mais aussi une amie, une confidente. Très bien. Mais rien de plus que ça. J’avais appris à aimer la solitude et la liberté. Cela valait-il la peine de tout chambouler, tout ça pour avoir le plaisir d’entendre les flatulences de Madame au réveil ? Préciosité de vieux garçon, probablement. Mais c’était comme ça.
    Quant à ses amis mystiques, ils auraient sûrement pu, en d’autres circonstances, se révéler dans toute la magnificence de leur gloire exaltée, et se tailler de véritables royaumes. Ils servaient des causes que je croyais perdues à jamais dans les eaux troubles qui s’agitent au confluent des mondes, là ou se confondent les rêves et la réalité. Leur folie n’était pas de notre époque. Mais peut-être que notre époque allait finir un jour, comme toutes les autres avant elle.

    André Waroch, pour Novopress

  • UMP : une proposition de loi en faveur de l’obligation du vote a été déposée

    votation-cled12petit_0.jpgEn plein débat sur le « mariage » homo, une proposition de loi vient d’être déposée par dix députés UMP, le 6 février dernier, afin de rendre le vote obligatoire en France.

    Cette proposition de loi propose donc de sanctionner les abstentionnistes par une amende à hauteur de 15 euros, et même 45 euros en cas de récidive « dans les cinq ans« . Les députés UMP à l’origine de la proposition de loi prévoient tout de même des dérogations où les citoyens seraient alors exemptés de cette obligation de vote pourvu qu’ils puissent apporter la « preuve de son impossibilité par procuration« , ou en « cas de force majeure« . Cette proposition, quoiqu’issue de la droite parlementaire, compte déjà un solide soutien à gauche : Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, qui s’est déclarait personnellement favorable à l’obligation de voter dès 2012.

    Une proposition de loi a un but, selon ses défenseurs : répondre à « la persistance de l’abstention à chaque scrutin« . Nous nous permettons néanmoins d’émettre des réserves sur la méthode qui consiste à rendre, par la contrainte, une démarche aimable et attractive. Curieux procédé. Il eût sans doute été préférable d’user du ressort de la pédagogie : si le vote est bon par nature, il appartient à l’homme public de manifester cette bonté et de susciter dans l’opinion l’attrait du vote. Ou comment changer la contrainte en liberté.

    Les députés écrivent en outre : « Si le vote est un droit, il doit être également un devoir en l’honneur et en mémoire de celles et de ceux qui ont versé leur sang pour notre Patrie. » Cela n’est qu’une opinion, voire un dogme tel que l’idée est formulée, sans être davantage étayée. Peut-on contraindre les gens à être libres, si tenté que la liberté du citoyen soit suspendue à son droite de vote ? En attendant, ceux qui ont combattu en versant leur sang pour le régime actuel ont d’abord versé le sang des autres. L’histoire est têtue, comme les faits : il est parfois préférable de ne pas l’invoquer quand elle peut se retourner contre vous…

    Le droit de vote est déjà obligatoire dans de nombreux pays, dont certains voisins : la Belgique, le Luxembourg, ou l’Autriche. Plus loin, l’Australie a adopté le principe en 1924. Si jamais cette loi devait passer, espérons que le vote obligatoire aura plus de valeur que le vote non obligatoire : le traité constitutionnel rejeté par les français et adopté par le parlement laisse un goût amer…

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  • Avez-vous lu Douguine ?

    Certains livres viennent à point, comme des fruits de saison.

     

    La question de la temporalité est évidemment cruciale, lorsqu’il s’agit de penser. Il arrive que des œuvres pourrissent en mûrissant. Je relisais dernièrement quelques bouquins d’Alexandre Zinoviev, et je m’étonnais qu’ils fussent si anachroniques, si peu en phase avec ce qu’était devenu le monde depuis 1989, et, faut-il le dire, si illisibles. Les discours sur la réalité, si l’on dissipe les fumets de la mode et des emballements du moment, pâtissent cruellement de la dérive des choses, fût-elle minime. Soudain, c’est une fissure, parfois un abîme, qui les séparent de l’expérience collective ou individuelle, et ils deviennent alors des bavardages, des vapeurs.

     

    Quel est donc le défaut heuristique des écrits de Zinoviev, de tous les dissidents qui s’opposaient à l’empire soviétique, et, plus généralement, de ceux qui étaient plongés dans cette gigantomachie mondiale, mettant en prise les tenants des première et deuxième théories, selon la classification métapolitique d’Alexandre Douguine, c’est-à-dire le libéralisme et le marxisme ? Comment des vérités de l’heure, bien qu’elles ne soient pas devenues pour autant des mensonges, constituent-elles néanmoins des erreurs épistémologiques ?

     

    Il se peut bien que certaines clairvoyances ne se manifestent, ne puissent se manifester, qu’à l’achèvement d’un processus historique. C’est au crépuscule, dit Hegel, que la chouette de Minerve prend son envol. Aussi est-ce lorsque la modernité parvient à son stade terminal, devant notre regard médusé, euthanasiant l’homme, après Dieu, que la conscience vient de ce qu’est la « chose », et qu’elle soit nommable pour tous. Il fallait que la deuxième théorie moderne, le marxisme, après la troisième, le fascisme, qui sont tous deux des tentatives de modernité, mais en même temps des réactions conservatrices au processus dissolvant du libéralisme, pour que la première théorie, le libéralisme, apparût tel qu’en vérité sa nature le fonde, à savoir un destin économique, une « gouvernance » des choses, et un démontage, accompagné d’un bricolage, de la matière humaine.

     

    Or, affirme Douguine avec réalisme, c’est de là qu’il faut partir. De la postmodernité.

     

    Qu’est-ce que peut nous apporter la postmodernité ? D’un point de vue « scientifique » et philosophique, elle est déconstruction théorétique des sociétés. À la suite des penseurs du « soupçon » comme Marx, Nietzsche, Freud, le structuralisme de grands anthropologues tels que Lévi-Strauss ou Foucault, a démontré que la notion de progrès n’était qu’un mythe, à proprement parler une mystification visant à légitimer l’hégémonie universelle de l’Occident, et qu’il n’existait pas, dans l’absolu, de « civilisations » inférieures, ou supérieures. Pire, ou mieux ! ce que l’on appelle « pensée », ou « raison », n’est qu’une construction relative, redevable de la philosophie hellénique, laquelle a « oublié », comme le démontre Heideggger, ce grand penseur capital, auquel se réfère Douguine, l’être, en promulguant la métaphysique occidentale.

     

    Le roi est donc nu. Brutalement, l’usurpation qui laisse croire à sa nature mécanique, irréductible, fatale, place l’entreprise libérale d’arraisonnement idéologique et guerrier du monde comme ce qu’elle est : un mensonge mortel, destructeur des altérités, de la multiplicité de l’être dans le monde.

     

    La première leçon d’Alexandre Douguine apparaît comme une évidence. Le paradigme du flux historique a changé, il faut donc transformer les paramètres, la logique, et le vocabulaire même de notre pensée, si nous voulons non seulement nous opposer à ce qui nous semble inacceptable, mais si nous désirons même avoir accès au monde, et y agir. Il rejoint, par là, l’aventure intellectuelle d’un Alain de Benoist, dont il est proche.

     

    Il va sans dire que toute une panoplie idéologique, comme le projet nationaliste, devient obsolète. Reprenant les analyses de Carl Schmitt, Douguine approfondit le concept de « Grand espace », d’ « Empire », et, particulièrement, d’eurasisme.

     

    Nous, Français, nous sommes nécessairement influencés, lorsque nous abordons la notion d’Empire, par l’épopée napoléonienne, de la même façon d’ailleurs que les Allemands peuvent l’être par le troisième Reich. En Russie, l’équivalent d’un grand ensemble homogène, centralisé, autoritaire et exclusif serait la Russie de Pierre le Grand, lequel ne fit qu’imiter l’Occident. Or, l’empire nationaliste n’est que l’hypertrophie de la nation, donc une manifestation de la modernité, au même titre que l’individu, l’État calculateur, machiavélien et « scientifique », et que la science galiléenne et cartésienne. La preuve est que son expression la plus pure fut la grande révolution de 1789, révolution bourgeoise par excellence.

     

    L’eurasisme, en tant que concept, pour Douguine, ne se cantonne pas à un territoire donné, comme la Russie et ses satellites européens et asiatiques. C’est une « Idée », presque au sens platonicien, générique, qui sert de concept opératoire pour penser les phénomènes postmodernes dans la dimension géopolitique et sociétale. En effet, dans sa course à l’abîme, l’Évangile des temps contemporains, prétendant porter le Bien, mais engendrant misère, désespoir et destruction, rencontre des résistances. Le noyau d’où partit l’expansion moderne, l’Europe, déplacé dans cette terre « purifiée » ethniquement, matrice de la pire utopie de l’histoire, les États-Unis d’Amérique, a été confronté durant deux ou trois siècle à une périphérie, qu’il s’agissait de « civiliser », c’est-à-dire de domestiquer, d’exploiter, d’aliéner, voire de génocider. Cependant, cette « périphérie » n’était rien, aux yeux des « civilisateurs », qu’un terrain vierge de culture, peuplé de sous-hommes, de sauvages ou de barbares.

     

    Or, il était, il est la Terre de plusieurs « civilisations », de « mondes » possédant leur propre manière de voir, de sentir, de raisonner, d’aimer, de haïr, de se confronter avec les aléas du monde. S’inspirant des thèses du penseur américain Huntington, sans faire sienne de manière dogmatique l’idée de « choc », Alexandre Douguine recense un certain nombre de noyaux civilisationnels, comme la Russie, l’Iran, le monde musulman, l’Amérique latine et indienne (l’Amérique bolivarienne et brésilienne), la Chine, l’Inde, peut-être l’Europe (nous y reviendrons). Ces entités enracinées, reposant sur une longue mémoire, présentent des formes disparates. Il n’est pas besoin de s’y attarder ici, il vaut mieux lire l’ouvrage de Douguine, qui analyse parfaitement, avec lucidité et rigueur, le tableau des conflits et des légitimités actuelles. Toutefois, il faut insister sur l’expérience, et l’énergie qui paraissent nous faire espérer un retournement du cours des choses.

     

    Ce qui frappe en effet, c’est que ce qui semblait aller de soi, surtout après la chute du mur de Berlin, devient hautement problématique. D’abord, l’étendue des désastres (économiques, humains, écologiques, culturels, sociaux, etc.). Un autre penseur, Fukuyama, qui, dans son livre La Fin de l’Histoire, proclamait une sorte de paradis consumériste, libéral, comme le fait remarquer Douguine, avec qui il eut des échanges, a reculé avec effroi devant les conséquences d’une machine qui s’emballe, transgresse tout, et ne semble avoir de finalité que le vide, le néant. D’autre part, chacun peut constater que ce qui s’annonçait comme une marche triomphale bute contre des obstacles de plus en plus rudes, aujourd’hui en Syrie, hier en Géorgie, demain dans le Pacifique… ou en Iran… La conquête libérale n’est pas un long fleuve tranquille ! Cela ne signifie pas qu’elle ne puisse réussir. Mais sur quelles ruines ?

     

    Il est aussi un autre aspect du livre de Douguine, outre les éclaircissements théoriques qui nous permettent de mieux appréhender le présent, ce sont toutes les informations qu’il nous livre sur les rapports de forces au sein du pouvoir russe, et des aspirations de l’oligarchie et du peuple russe. Pour ce faire, il lie la longue histoire russe aux événements récents, jusqu’à l’agression provoquée par Saakachvili contre l’Ossétie du Sud. Nous voyons très bien que la Russie, ou l’Eurasie, est à un moment pivot de son histoire, et probablement de celle du monde. Car ce qui se passe là-bas présente un intérêt vital pour nous.

     

    En effet, nous sommes devant un dilemme : être ou ne pas être. En arrimant l’Europe au vaisseau libéral amiral, l’oligarchie européenne a choisi le néant historique, la domesticité ou la complicité, et, pire, la « culture » de la destruction, la « destructivité » néo-libérale. Autrement dit, c’est un suicide, à tous les sens du terme. Il est évident que nous ne sommes pas Russes, bien que les Slaves aient souvent été très proche de notre cœur. Le projet eurasiatique nous met en demeure de réagir, et d’être. C’est une urgence, un devoir, un destin. Être de « bons Européens », comme disait Nietzsche… N’est-il pas trop tard ? Existe-t-il, ce substrat populaire, encore présent en Russie (pour combien de temps, peut-être ?), ce projet politique, autre que celui, vicié à la base, des bureaucrates de Bruxelles, et, surtout, cette spiritualité, cette métaphysique, cette théologie, cette liaison existentielle entre la terre et le ciel, les éléments du territoire, les rêves, les élans, qui se sont manifestés en Iran, qui soudent encore, par l’Orthodoxie, le peuple russe (sans qu’une cœxistence soit impossible avec d’autres spiritualités, d’autres ethnies), ou qui fortifient la foi des musulmans ? Car, s’inspirant du mystique iranien Sohravardî, Douguine nous rappelle que c’est en Orient que le Soleil se lève, et qu’en Occident, il se couche. Échapperons-nous à cette fatalité pour retrouver un destin historial ?

     

    Claude Bourrinet http://www.europemaxima.com/

     

    • Alexandre Douguine, La Quatrième théorie politique. La Russie et les idées politiques du XXe siècle, Éditions Ars Magna (B.P. 60 426, 44004 Nantes C.E.D.E.X. 1), 2012, 336 p. Pour recevoir le livre, écrire à l’éditeur, en accompagnant cette demande d’un chèque de 32 € franco.

     

    • D’abord mis en ligne sur Vox N.-R., le 4 novembre 2012.

  • Les mensonges du lobby gay…

    Quand on a besoin de mentir pour faire croire qu’on a raison, ce n’est jamais bon signe pour la cause qu’on entend défendre. Ainsi, les associations homosexuelles prétendaient qu’en France, on dénombrait 300.000 enfants élevés par des couples de même sexe.

    Ce qui n’est pas exactement l’avis de l’Insee qui, dans son dernier rapport, longuement cité par Le Monde du 14 février dernier, estime que ce pourcentage se situerait dans une fourchette allant de 24 000 à 40 000. Nous sommes donc loin du compte…

    Mieux, ce même rapport révèle que seuls 0,6 % des couples français sont homosexuels. Ce qui signifie que le fameux « mariage pour tous », défendu par la quasi-totalité des médias comme mesure d’intérêt national, ne tient guère compte de cette autre importante minorité que sont les 99,4 % de couples hétérosexuels. Ce n’est plus la dictature, mais la tyrannie d’une infime minorité dont les principaux acteurs de pointe sont eux aussi minoritaires au sein de leur propre minorité. Ainsi, Act-up ne compte que 150 adhérents et LGBT… 1 300 ! À côté et avec ses 300 000 visiteurs uniques chaque mois, Boulevard Voltaire est un média de masse ; Paris Match, prends garde à toi… [...]

    Nicolas Gauthier - La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net

  • Quand un sénateur socialiste s’en prend à la Croix du drapeau vendéen !

    Lors d’une séance au Sénat dans la nuit du 16 au 17 janvier, le sénateur P.S. Jean-Pierre Michel a attaqué la Vendée et son sénateur, Bruno Retailleau. Dénonçant le drapeau vendéen surmonté de la Croix du Christ, il a souligné qu’il était l’emblème des ennemis de la République, faisant sans doute allusions aux martyrs des 1793 exterminés par les révolutionnaires alors qu’ils défendaient leurs traditions et la Foi de leurs pères. Bruno Retailleau lui a alors répondu, suscitant même le retrait des propos tenus par Jean-Pierre Michel ! Voici quelques extraits de ses propos : » Dans le logo de la Vendée figure effectivement une croix stylisée. Faut-il abattre la croix de Lorraine à Colombey-les-Deux-Églises, débaptiser l’Hôtel-Dieu ? Je suis fier, monsieur Michel, que l’emblème de la Vendée flotte aujourd’hui sur toutes les mers du monde et fasse vibrer le cœur de nombreux passionnés. La Vendée est le reflet de cette double tradition qui tisse la trame française. La Vendée, c’est Clemenceau, qui disait : « C’est au caractère vendéen que je dois le meilleur de mes qualités ». Il a d’ailleurs rendu un hommage vibrant aux Vendéens de 1793. La Vendée, c’est aussi Jean de Lattre de Tassigny, fruit d’un autre héritage, la tradition blanche, qui a signé à Berlin l’acte de capitulation face au maréchal Keitel. Deux enfants de Vendée, deux enfants de France, nés dans le même village, Mouilleron-en-Pareds. Je suis fier de ce qu’ont fait mes aïeux, et jamais je ne rabaisserai cet étendard. L’histoire de France, nous en sommes les héritiers, et j’entends que, ici comme ailleurs, mais surtout au sein de la Haute Assemblée, nous puissions en être fiers « . Nous reconnaissons bien dans la démarche du député socialiste l’anticléricalisme primaire qui a nourri la Révolution, et sous couvert duquel il faudrait supprimer toutes les traces du glorieux passé français, de sa culture millénaire et de la Foi qui a façonné son tissu social. Honneur aux vendéens morts pour leur terre et la Foi catholique !

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  • “Misère, misère !” (1)

    Dans le cadre de sa déclaration de politique générale du 3 juillet 2012, Jean-Marc Ayrault avait annoncé un plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale. Ce dernier a été officiellement adopté le 21 janvier 2013 lors de la réunion du Comité interministériel de lutte contre les exclusions (CILE) qui s’est tenu à Matignon. Ce plan rédigé sur cinquante quatre pages (2) a pour objectif de faire reculer la pauvreté qui se développe de plus en plus au sein des sociétés occidentales et en particulier en France. Je ne cherche pas dans le cadre de cet article à effectuer une critique objective des mesures annoncées mais plutôt à mettre à la connaissance de tous l’état des lieux quant à certaines réalités de la société française contemporaine. Pour autant, il m’a semblé à la lecture de ce dossier que les mesures préconisées n’étaient pas capables de résorber ce que l’on a appelé voici une petite vingtaine d’années, la fracture sociale, qui depuis s’est développée. Ainsi par exemple, la modification de la loi relative à la mobilisation du foncier public en faveur du logement et au renforcement des obligations de production de logement social, ne semble être que de pure forme: s’il est positif de prévoir une augmentation dans les villes de 20 à 25% des logements sociaux avec multiplication des amendes par cinq en cas de non respect de cette exigence, on peut légitimement s’interroger s’il ne s’agit pas là d’un voeu pieux. L’amende initiale étant assez faible, sa multiplication, même par cinq, ne suffira pas à changer la donne. Quant à la construction de nouveaux logements, encore faudrait-il qu’il y ait suffisamment de terrain...

    Les constats effectués sont alarmants. En 2010 c’est 14.1% de la population qui se trouve en situation de pauvreté : c’est donc, un Français sur sept. Le mal logement, selon la fondation abbé Pierre, touche 3.6 millions de personnes. La conférence nationale contre la pauvreté et l’exclusion qui s’est réunie le 10 décembre 2012 a permis de tracer un portrait peu réjouissant de l’actuelle situation. C’est environ un quart des 18/25 ans qui vit sous le seuil de pauvreté ; c’est un tiers des femmes seules avec enfants qui sont dans la même situation. Quant au Rmi/Rsa, il est utile de savoir que depuis 1996 son niveau a augmenté de 3% alors que le le niveau de vie médian augmentait lui durant la même période de 12%. Si l’on effectue une comparaison entre Rmi/Rsa et Smic depuis 1990, le rapport est passé de 49% à 43%. Très récemment, c’est à dire entre 2009 et 2011, le Rsa a perdu 1% de pouvoir d’achat. Le rapport de l’Unicef publié en juin 2012 consacré à la pauvreté des enfants (3) est lui aussi inquiétant. La pauvreté concerne désormais 32.2% des familles monoparentales et 22.7% des familles nombreuses avec au moins trois enfants. Ainsi que l’on peut le constater, les chiffres n’indiquent pas une situation marginale : la France pauvre est désormais une réalité incontournable aujourd’hui. Sans même évoquer la pauvreté, même si bien entendu il y a corellation, ils ont été 46% les Français à ne pas être allés en vacance en 2011. Autre signe majeur, il n’est pas inintéressant de savoir que le taux de non recours au Rsa activité se situe aujourd’hui à 68%. Par voie de conséquence l’idée souvent véhiculée de Français assistés cherchant à profiter au mieux des subventions, même si elle n’est pas totalement erronée, ne tient pas vraiment la route.

    On peut donc constater que la dénationalisation, que le désengagement progressif de l’Etat, opérés depuis près d’une trentaine d’années a des conséquences catastrophiques pour beaucoup de nos contemporains ; si encore, le fait était marginal, on pourrait alors accepter la libéralisation au motif qu’elle profiterait à la presque totalité de la nation : tel n’est pas le cas. Le capitalisme est devenu aujourd’hui la plaie majeure dont souffre notre pays. Rappelons aussi que ce modèle économique n’est pas seulement facteur de paupérisation : il est aussi grand pourvoyeur devant l’Eternel d’immigration massive avec pour corollaire une délinquance de plus en plus violente.

    Qui oserait encore se dire libéral ?

    « Qui veut être riche ne sera pas bon ; qui veut être bon ne sera pas riche. » Mencius, philosophe chinois.

    Alain Rebours http://www.voxnr.com

    Notes :

    (1) chanson bien connue de Coluche : « C'est toujours sur les pauvres gens / Que tu t'acharnes obstinément ». On peut très bien imaginer ce qu’il penserait de la gauche d’aujourd’hui s’il était encore vivant.

    (2)http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/dossier_de_presses/dp-pauvrete_0.pdf

    (3) Ce problème de la pauvreté infantile sera probablement étudié dans le cadre d’un prochain article.

  • LEAP : La réalité ou l’anticipation de l’effondrement du dollar…

    Communiqué public du LEAP (Laboratoire Européen d’Anticipation Politique), 15 février 2013

    De même que la crise de l’euro a poussé l’Europe à moderniser et à adapter aux enjeux du XXIe siècle sa gouvernance économique et financière, la terrible crise du dollar US va obliger la planète à transformer l’ensemble des structures de gouvernance mondiale, en commençant bien sûr par le système monétaire international pour calmer la tempête qui s’apprête à frapper les monnaies.

    Selon nos anticipations, cette réorganisation, qui ne commencera à se concrétiser qu’avec le G20 de septembre, risque malheureusement de se faire dans la précipitation puisque notre équipe prévoit les premiers grands effrois quant au dollar pour la période mars-juin 2013.

    Une phrase d’Antonio Gramsci (1) décrit magnifiquement la longue période de transition dangereuse que nous vivons actuellement : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Cette période va enfin s’achever mais les monstres s’agitent encore.

    Sans surprise, l’un des puissants facteurs qui vont accélérer la perte d’influence des États-Unis sur le monde concerne le pétrole. On assiste en effet aux derniers jours du pétrodollar, élément clé de la domination US. C’est pourquoi nous avons décidé de traiter longuement dans ce [numéro] la problématique mondiale du pétrole. [...]

    Dans ce communiqué public [...], notre équipe a choisi de présenter la série d’indices de crise qui l’amène à maintenir son alerte « crise systémique globale » pour la période mars-juin 2013 ainsi que son anticipation du risque d’ « islandisation » de la gestion de la crise bancaire.

    Des indices de crise en rafale, ou pourquoi nous maintenons l’alerte mars-juin 2013

    Depuis le mois dernier, le faisceau de tendances lourdes et d’indices annonçant une catastrophe dans la période mars-juin 2013 s’est encore renforcé. C’est d’abord la « guerre monétaire » qui prend des dimensions politiques et ruine la confiance que les pays s’accordent entre eux. Nous développerons notre analyse ci-dessous. Mais ce sont aussi de nombreux indices internes qui devraient alerter au sujet des États-Unis.

    En décidant de découpler les débats sur les coupes budgétaires/augmentation d’impôts et sur le plafond de la dette (2), les Américains ont dédoublé le choc à venir : il n’y en avait qu’un fin février/début mars, il y en a maintenant un autre en mai. Ce découplage révèle clairement la stratégie des Républicains. Certes ils exerceront au maximum un bras de fer sur le relèvement du plafond de la dette pour baisser encore les dépenses, mais ils se sentiront in fine obligés de voter le relèvement afin de ne pas être tenus responsables du cataclysme qui suivrait un défaut de paiement (3). En revanche les conséquences des coupes budgétaires prévues pour le 1er mars, quoique certainement pas indolores, sont loin d’être aussi effroyables et les Républicains sont bien décidés à négocier une réduction importante du déficit public sous peine de laisser œuvrer le pis-aller des coupes automatiques.

    Cours de l’or en dollars (jaune, échelle de gauche) et plafond de la dette US ([billions] $, échelle de droite) – Source : wealthcycles.com.

    Quoiqu’il en soit, avec ces coupes budgétaires début mars, et après une soi-disant « surprenante » et largement ignorée baisse du PIB américain au 4ème trimestre 2012 (4), qui peut encore penser que la croissance du PIB du 1er trimestre 2013 sera positive (sauf à manipuler les chiffres) ? La baisse est d’autant plus inévitable que quelques jours d’activité ont été perturbés dans le nord-est par le blizzard Nemo et que l’épidémie de grippe a été intense cette année (5). Ce seront des excuses pratiques (6) lorsqu’il faudra justifier une baisse du PIB dans une économie qui doit officiellement redémarrer. Néanmoins l’annonce fin avril d’une rechute des États-Unis dans la récession (deux trimestres consécutifs de baisse du PIB) fera son petit effet sur l’économie mondiale.

    Heureusement une « digue » a été érigée pour éviter les vagues : l’agence de notation Egan Jones, moins biaisée que ses trois grandes sœurs (celle qui a déjà baissé trois fois la note des États-Unis à AA-), est interdite pour 18 mois de noter le pays (7) ; quelle heureuse coïncidence ! Et parmi les trois grandes agences de notation, S&P est poursuivie en justice (8), précisément la seule qui ait osé dégrader la note des États-Unis ; deuxième heureuse coïncidence ! Les autres n’ont qu’à se tenir à carreau.

    Cette « digue » aussi futile soit-elle révèle surtout les craintes au plus haut niveau pour 2013 et n’est qu’un indicateur de plus de l’imminence du choc. C’est aussi dans cette optique qu’il faut lire l’arrêt au 1er janvier 2013 de la garantie illimitée des comptes courants par la Federal Deposit Insurance Corporation (9) (FDIC) : en les assurant seulement à hauteur de 250 k$, ce sont 1.400 milliards de Dollars qui ne sont plus garantis (10), ce qui pourrait commodément éviter une faillite de la FDIC en cas de problème…

    Et apparemment des acteurs importants de la finance mondiale se préparent eux aussi : d’énormes paris à la baisse ont été pris pour des échéances allant jusqu’à fin avril (11) ; deux banques suisses changent de statut pour que leurs associés ne soient plus responsables sur leurs propres deniers des pertes de la banque (12) ; Eric Schmidt se débarrasse de 2,5 milliards de dollars d’actions Google (13), etc.

    Mais ce ne sont pas seulement les marchés qui se préparent au pire. Le gouvernement américain lui-même semble s’attendre à des troubles et à de nombreuses violences : tout d’abord il arme de 7.000 fusils d’assaut son département de sécurité intérieure (Department of Homeland Security) (14), puis Obama signe un texte permettant l’exécution pure et simple d’Américains représentant une vague « menace imminente » (15) au grand dam d’une partie de l’opinion publique US…

    Faillites bancaires : Vers une « islandisation » de la gestion de la crise

    Face à ce choc, notre équipe estime que la plupart des pays, dont les États-Unis, vont se rapprocher d’une gestion de crise « à l’islandaise », consistant à ne pas renflouer les banques et les laisser faire naufrage (16). On en a déjà un aperçu avec la liquidation de la banque irlandaise IBRC qui donne des idées à beaucoup de monde : « Comment l’Irlande a liquidé son fardeau bancaire en une nuit » titre La Tribune (17) avec admiration. Cette possibilité apparaît de plus en plus comme la solution en cas de rechute des banques, et ce pour les raisons suivantes : d’une part, cela semble bien plus efficace que les plans de renflouement de 2008-2009 à en juger par le redressement de l’Islande ; d’autre part, les pays n’ont plus vraiment les moyens de payer de nouveaux renflouements ; enfin, on ne peut nier que la tentation doit être grande pour les dirigeants de se débarrasser par un moyen populaire d’une partie des dettes et des « toxic assets » [actifs pourris] qui encombrent leurs économies.

    Ces banques « too big to fail » [trop grosses pour faire faillite] sont en effet gavées des dettes publiques et privées occidentales dont elles ont tiré leurs profits et leur puissance. Dans des [numéros] passés, notre équipe a déjà fait le lien entre une banque comme Goldman Sachs par exemple et les Templiers (18), cet ordre de moines-soldats du XIII° siècle qui s’était outrageusement enrichi sur le dos des Etats et auquel le roi Philippe Le Bel a mis fin, récupérant leur or pour les caisses de son Etat. On peut lire certaines tendances actuelles suivant cette ligne : les efforts de certains Etats pour obliger les banques à séparer banque d’affaires et banque de dépôt (19) permettraient en effet que les difficultés des premiers n’impactent pas trop la deuxième ; dans le même ordre d’idées, tous les procès dont font à juste titre l’objet certaines très grosses banques actuellement (Barclays, etc. (20)) peuvent aussi être vus comme un moyen de récupérer l’argent des banques pour le réinjecter dans les caisses des Etats ou dans l’économie réelle…

    Aucun dirigeant de grand pays ne prendra sans doute [...] la décision de « faire sauter » une banque mais une chose est certaine, c’est que la motivation et les moyens pour sauver les banques en difficultés n’auront désormais aucun rapport avec ceux mis en œuvre en 2009. Si quelque mansuétude pourrait apparaître pour les too big to fail, comme Bank of America qui semble bien mal en point , il n’en reste pas moins que les responsables seront mis à contribution au maximum.

    Mais quelle que soit la politique de gestion de cette période, comme nous l’avions anticipé [en février 2012] (« 2013 : fin de la domination du dollar US dans le règlement des transactions commerciales mondiales »), ce nouveau choc va accélérer la perte d’influence des États-Unis et notamment de leur arme ultime, le dollar.

    Notes :

    (1) Sur ce penseur italien voir Wikipédia.

    (2) Source : The New York Times, 23 janvier 2013

    (3) Deux exemples de réflexion sur les conséquences d’un défaut de paiement US : à l’américaine, Preparing for the Unthinkable: Could Markets Handle a US Default? (CNBC, 17 janvier 2013), et à la russe, Could the Russian economy withstand a U.S. default? (RBTH.ru, 04 février 2013).

    (4) Le genre de raisonnement que mènent les marchés US, « si les nouvelles économiques sont bonnes, tant mieux car l’économie s’améliore ; si elles sont mauvaises, tant mieux car la Fed va intervenir », montre à quel point ils sont déconnectés de la réalité. Ce qui est caractéristique du dysfonctionnement d’une puissance au bord du précipice.

    (5) Cf. CNBC, Major Flu Outbreak Threatens to Slow Economy Further, 10 janvier 2013.

    (6) Source : ZeroHedge, 07 février 2013.

    (7) Source : US Securities and Exchange Comission (SEC), 22 janvier 2013.

    (8) Source : Wall Street Journal, 04 février 2013.

    (9) Source : FDIC.gov.

    (10) Source : BusinessFinance, 19 juillet 2012.

    (11) Source : Do Wall Street Insiders Expect Something Really BIG To Happen Very Soon?, Activist Post, 07 février 2013.

    (12) Source : Après plus de 200 ans d’existence, deux banques suisses font leur révolution, Le Monde, 06 février 2012.

    (13) Source : Forbes, 11 février 2013.

    (14) Source : The Blaze, 26 janvier 2013.

    (15) Source : Le Monde, 06 février 2013.

    (16) À l’image de la banque islandaise Icesave que les autorités ont laissé choir ; et surtout, après référendum, elles n’ont pas assumé le remboursement des dettes de la banque. Source : Wikipédia.

    (17) Source : La Tribune, 07 février 2013.

    (18) Source : Wikipedia

    (19) Source : Reuters, 02 octobre 2012

    (20) Il suffit pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène de taper « bank + sued » par exemple dans Google.

    (21) Source : The Frightening Truth Behind Bank Of America’s “Earnings”, ZeroHedge (17 janvier 2013)

    Laboratoire Européen d’Anticipation Politique

    http://fortune.fdesouche.com

  • Profanation de Notre-Dame de Paris : le Parti socialiste complice ?

    PARIS (NOVOpress) — Certaines voix se sont étonnées du pesant silence du premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Desir, suite à la profanation de Notre-Dame de Paris par un groupe d’extrémistes Femen venues fêter à leur manière la renonciation de Benoît XVI. En effet, l’apparatchik socialiste nous avait habitué à davantage de réactivité et de fermeté lorsque les jeunes identitaires avaient occupé le toit du chantier de la future mosquée de Poitiers, dénonçant dans l’heure un « acte de haine commis par des fanatiques violents » et demandant la dissolution de Génération identitaire « ce groupuscule fanatique dont les agissements violents sont une menace pour l’ordre public, la sécurité des personnes et pour la cohésion républicaine ».
    Là rien, silence radio total, pas même un tweet… Alors que Manuel Valls et Bertrand Delanoë  ont dénoncé l’action des Femen (certes tardivement et du bout des lèvres…), le Parti socialiste, si prompt à dénoncer avec force et véhémence le moindre graffiti sur une mosquée ou une synagogue, était ce jour là aux abonnés absents. Certes, le silence d’Harlem Desir peut s’expliquer par l’idéologie anti-catho, anti-tradition, anti-patriote, anti-tout qui caractérise l’ancien fondateur de SOS Racisme. Il est cependant une autre raison qui pourrait expliquer cette attitude de carpe. En effet, parmi les chefs de file des harpies dépoitraillées qui ont manifesté à Notre-Dame, on trouve une certaine Loubna Meliane.

    Beurette d’origine marocaine née à Dijon, Loubna Meliane n’est pas une inconnue en politique, et encore moins au Parti socialiste. Elle se fait connaître en 1998, lors des mouvements lycéens contre la réforme Allègre en tant que porte-parole de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL), excroissance lycéenne du syndicat socialo-trotskyste UNEF-ID, où bon nombre des hiérarques du P.S. ont fait leurs classes. Elle devient une des deux porte-paroles autoproclamés des lycéens en grève, ce qui lui ouvre alors les plateaux télés. C’est le début de l’ascension pour Loubna Meliane qui devient élue au Conseil académique de la vie lycéenne (CAVL) et au Conseil National de la vie lycéenne (CNVL) ainsi qu’au Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE). La médiatique beurette monte à Paris et tape dans l’œil de Malek Boutih , alors président de SOS Racisme, qui apprécie cette  « fille du prolétariat immigré de province » et lui voit « la trempe des grandes femmes politiques, celles des leaders populaires ». Loubna Meliane est propulsée vice-présidente et porte-parole de SOS Racisme en 2003. Elle fonde ensuite avec Fadela Amara le mouvement Ni putes, ni soumises et participe à la « Marche des femmes des quartiers, contre le ghetto et pour l’égalité » en février 2003. C’est également au cours de cette même année 2003 qu’elle intègre le Conseil national du Parti socialiste, au congrès de Dijon. Et c’est tout naturellement qu’elle devient l’attachée parlementaire de son « grand frère » Malek Boutih lorsque celui-ci est élu en juin 2012 député socialiste de la 10ème circonscription de l’Essonne. Libération, qui lui dresse un portrait louangeur, prédit dès 2004 : « Un jour, elle sera élue. Sans doute et sans voile. » En marge de cette activité très officielle qui lui permettra, de fait, d’accéder logiquement dans l’avenir à des fonctions électives, elle participe sans voile et seins nus à la création de la branche française des Femens.

    Un temps icône de la gauche et des médias, la beurette Loubna Meliane représente une déracinée, née par hasard dans la capitale des Ducs de Bourgogne, au sein d’une famille sans repères (sa mère quittera le foyer familial pour rejoindre un prince saoudien et mourra au Caire dans des conditions mystérieuses). Si elle a rompu avec l’islam, c’est au profit d’une idéologie nihiliste et libertaire la conduisant à livrer l’essentiel de ses coups contre les valeurs et la culture traditionnelle du pays qui l’accueille, à l’image de la profanation de Notre-Dame de Paris que M. Harlem Desir, par complicité idéologique avec ses auteurs, se refuse à condamner…

    http://fr.novopress.info