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  • Angleterre : Les énergies renouvelables en passe de remplacer le nucléaire

    La Grande-Bretagne passe la cinquième et s’apprête à lancer le plus grand parc éolien off-shore au monde, en se lançant un défi sans précédent : les énergies renouvelables doivent avoir dépassé le nucléaire en termes de puissance avant 2018.

    Il s’agit là d’une prévision élaborée par l’association du secteur des énergies renouvelables ‘Renewables UK’ et reprise dernièrement par le quotidien « The Guardian », après l’entrée en fonction de la première turbine du London Array, ce gigantesque réseau d’éoliennes établi à l’embouchure de la Tamise.

    Le parc sera activé en plusieurs phases, la première devant être normalement achevée d’ici la fin de l’année 2013 : 175 turbines Siemens pour un puissance totale de 630 MW, capables de fournir de l’énergie à 470,000 habitations. Dans un deuxième temps, le parc devrait atteindre les 870 KW.

    Ces chiffres imposants reflètent l’effort économique de la Grande-Bretagne en matière d’énergies renouvelables, suivant en cela ce qui se fait actuellement en Allemagne : au cours des 4 dernières années, les investissements se sont élevés à 43 milliards, un chiffre qui sera revu à la hausse de 30 milliards d’ici 2015. Sans oublier les 23 milliards prévus pour les projets d’économie sobre en carbone. On estime que d’ici 2020, les investissements atteindront le chiffre de 100 milliards, nécessaire pour garantir une réduction drastique des émissions polluantes : l’objectif est de dépasser le seuil de -30% par-rapport à 1990.

    Ce secteur florissant permet à environ 900,000 personnes d’y travailler. Parfait ou presque : la règlementation en matière d’investissement d’énergie pourrait en effet être remise en cause.  Si le premier ministre David Cameron est un fervent défenseur des énergies renouvelables, une partie des Conservateurs s’oppose à un développement massif des éoliennes, lui préférant le gaz.

    L’Energy Bill, loi sur l’énergie, devrait influencer les manœuvres des investisseurs ; Siemens, General Electric et Mitsubishi ont bien l’intention de réaliser des usines productrices en Angleterre mais attendent de connaître le contenu de la nouvelle loi avant de réellement se lancer.

    TOUTVERT   http://fortune.fdesouche.com

  • Myret Zaki : Les banques centrales fabriquent l’hyperspéculation et l’hyperinflation

    J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Jacques Cheminade, homme politique français et fondateur du parti Solidarité et Progrès.

    Nous avons évoqué la déconnexion entre les marchés boursiers euphoriques et le marasme économique ; la nécessité de séparation des banques d’affaires des banques de dépôt; le véritable rôle de Mario Draghi (président de la BCE) ; le marché de l’or et son importance aujourd’hui ; et le déséquilibre sans précédent entre les gains réalisés par les responsables de la crise (banques, fonds spéculatifs, finance de l’ombre, renfloués malgré leurs échecs) et les pertes réalisées, sous couvert d’austérité, par les populations occidentales, qui ne sont pourtant pas responsables de la crise, ni des chocs récessionnistes qu’elle a entraînés.

    Bilan

  • Réchauffement du climat : un gros bobard ? En tous cas de gros profits !

    PARIS (NOVOpress via Bulletin de réinformation) – Après trente ans de communications insistantes sur le réchauffement climatique, le président du GIEC, (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), a admis publiquement le mois dernier que, contrairement aux  prévisions du GIEC, il n’y a pas eu de réchauffement climatique mondial depuis dix-sept ans. C’est ce qu’indiquent les données des centres de recherches sur le climat, et des satellites.

     

    Néanmoins, les ardents propagandistes de la religion réchauffiste n’en font pas moins de juteux profits, comme Al Gore. Celui‑ci, prix Nobel de la paix pour son livre Sauver la planète, vient de faire paraître un nouvel ouvrage, dans lequel il dénonce « les commentaires politiques et les émissions d’information à la télévision commandités par des multinationales du pétrole, du charbon ou du gaz ». Il omet toutefois de préciser qu’il vient de vendre sa chaîne de télévision, pour 100 millions de dollars, au Qatar, troisième producteur de gaz naturel du monde !

    http://fr.novopress.info/

  • Contre-Révolution : une reconstitution historique de la geste vendéenne

     

    En cette année anniversaire de la Contre-Révolution, la Troupe des Cœurs de Chouans présente son nouveau spectacle. Pour tous renseignements, s’adresser à coeursdechouans@gmail.com :

    http://www.contre-info.com/

  • Le pari de la post-modernité

    La post-modernité est ce qui semble traduire l'esprit de notre temps, de notre Zeitgeist. On en a donné mille définitions, toutes subjectives, incomplètes ou superficielles. Dans la perspective philo-marxiste, la post-modernité est le prolongement de la “fausse conscience” qui inhibe les pulsions révolutionnaires. Selon les thèses philo-libérales, la post-modernité n'existe que comme mode. Elle serait donc passagère. Pourtant le phénomène ne manque pas d'importance car il caractérise une société fondée sur l'ambiguïté. La post-modernité recèle en elle tout le désenchantement à l'égard du système mais simultanément aussi, l'installation hédoniste en ce même système. Cette ambiguïté, qui est consubstantielle à la post-modernité, fait de celle-ci un sujet difficile à définir et à étudier. Ici, la post-modernité sera envisagée comme le contexte social dans lequel s'imbrique la nouvelle barbarie [allusion à une expression polémique, alors  popularisée, de Michel Henry, librement empruntée à  un aphorisme nietzschéen, désignant l'effondrement des valeurs de l’art, de l’éthique ou de la religion, traditionnellement associées au savoir, au sein des sociétés dites modernes et matérialistes au nom d'une véritable religion de la technique fondamentalement anti-humaniste]. Audacieusement, nous avançons la thèse que post-modernité et nouvelle barbarie sont les 2 faces d'un même phénomène : le désenchantement à l'égard du système. Et précisément parce qu'elle est ce désenchantement, la post-modernité peut devenir le creuset d'une formidable révolution culturelle.

    La post-modernité est à la mode depuis une bonne décennie. Le terme “post-moderne” a été forgé par le philosophe français Jean-François Lyotard qui entendait exprimer un sentiment hyper-critique, généré par le désenchantement que suscitaient notre époque (in : La condition postmoderne, Minuit, 1979). Depuis lors, les interprétations du phénomène post-moderne se sont succédé pour être appliquées sans trop d'ordre ni de rigueur. On en est même venu à l'identifier à une mode musicale, ce qui, finalement, revient à ne percevoir que la partie d'un tout. La musique hyper-sophistiquée par la technique, les comics américains ou la bande dessinée européenne, la mode, le foisonnement des manifestations artistiques de coloration dionysiaque ne sont ni plus ni moins que des facettes de la post-modernité. Mais les facettes les plus visibles donc, a fortiori, les plus appréciées par la culture mass-médiatique. Avant toute chose, il convient de comprendre ce qui a précédé ces phénomènes pour éviter de nous fourvoyer dans une analyse trop fragmentaire de la post-modernité.

    Présentisme et désenchantement

    Quels sont les facteurs sociologiques qui définissent la post-modernité ? Pour Fernando Castello, journaliste à El País, il s'agit de la vogue post-industrielle, portée par l'actuelle révolution scientifique et technique qui implique l'abandon des fonctions intellectuelles à la machine et se manifeste dans l'univers social par une espèce de nihilisme inhibitoire, par un individualisme hédoniste et par le désenchantement (1). D'autres, tel Dionisio Cañas, nous décrivent l'ambiance émotionnelle de l'attitude post-moderne comme un déchantement par rapport au passé marqué par l'idéologie du “progrès”. Cette idéologie a donné naissance à la modernité et aujourd'hui, sa disparition engendre une désillusion face à un présent sans relief ainsi qu'une forte sensation de crainte face au futur immédiat. L'ensemble produit une vision apocalyptique et conservatrice, négatrice de la réalité, vision qui, selon Cañas, coïncide avec une esthétique “réhumanisante”, anti-moderne et, parfois, engagée. Une telle esthétique avait déjà été annoncée par Gimenez Caballero, dans son ouvrage Arte y Estado, publié en 1935 (2). Pour ces 2 auteurs, il s'agit, en définitive, d'un retour au conservatisme.

    Entendons, bien sûr, que ce conservatisme ne saurait se réduire à un mental “droitier”. Guillaume Faye (3) parle, par ex., d'un néo-conservatisme des gauches, régressif mais toujours égalitaire, qui survient lorsque le progressisme se rétracte en un présent sans perspective, une fois coupées la mémoire et la dimension vivantes du passé. La post-modernité, l'attitude post-moderne, restent “progressistes” (du moins en paroles) et égalitaire, mais le progrès qu'elles évoquent est mis à l'écart lorsqu'il affronte, dans la réalité concrète, un futur incertain et critique. Le discours progressiste est, à l'épreuve des faits, freiné et immobilisé par la menace d'une crise mondiale. Mais s'il veut conserver sa valeur et sa légitimité, il doit continuer sa marche en avant tout en maintenant son utopie de normalisation du monde. Le résultat est que l'utopie progressiste commence à perdre sa crédibilité, faisant place à une forme élégante et sophistiquée de présentisme en laquelle le lyrisme technique de la modernité devient un snobisme technologique.

    Le manque de perspectives que nous offre le futur crée un vide fatal, une sensation de désenchantement vis-à-vis du présent. Dans la modernité, le présent avait toujours été la préfiguration du futur, sa mise en perspective, qu'il s'agissait de la lutte des classes pour une société communiste ou de la normalisation légale pour aboutir au règne sans partage de la société marchande. Lorsque l'idéologie sociale, la modernité, n'a plus la possibilité de préfigurer quoi que ce soit, la post-modernité émerge. Mais pourquoi la modernité n'est-elle plus à même d'offrir un futur ? Pourquoi est-on arrivé au point final de la modernité ?

    La mort du finalisme

    L'idée de fin se trouve dans l'embryon même des idéologies de la modernité. Toutes partent d'un point de départ négatif (exploitation d'une classe prolétaire par une classe plus élevée, impossibilité de mener à bien les échanges naturels entre les individus, etc.) pour arriver à un point final positif (la société sans classes, le libre-échange, etc.). Dès lors, le finalisme est partie intégrante de la modernité en tant qu'idéologie.

    Il est évident que la modernité n'est pas seulement une idéologie. La modernité est un phénomène ambigu parce qu'elle contient tant une idéologie homogénéisante et inorganique qu'un vitalisme transformateur de la nature organique. Ainsi, aux yeux d'Oswald Spengler, la modernité présente d'un côté la vitalité faustienne et aventurière qui est en grande partie à la base de la force d'impulsion du devenir historique européen, mais d'un autre côté, elle présente des tendances meurtrières qui prétendent normaliser (moderniser) la planète entière, en promouvant une vision inorganique. Une telle normalisation signifie pour Spengler la fin de l'âge des “hautes cultures” (Hochkulturen), la fin de l'ère des spiritualités et de la force vitale des peuples. Il existe donc un divorce entre la modernité comme vitalisme, comme aventure, comme “forme”. La première est la vision progressiste de l'histoire, la seconde est la vision tragique du monde et de la vie. La première est celle qui a prédominé.

    Le souci d'homogénéiser et de normaliser le monde, pour qu'il accède enfin à la fin paradisiaque promise, trouve son cheval de bataille dans l'idéologie du progrès, véhiculant une vision du temps linéaire qui relie le monde réel négatif au monde idéal positif. Cette particularité rappelle ce que Nietzsche nommait l'inversion socratique : la césure du monde en 2 mondes, germe de toutes les utopies. Le progrès idéologique se perçoit comme matrice de la modernité. Mais ce progrès signifie aussi la certitude de l'existence d'un point final, puisqu'on ressent l'infinitude du progrès comme une hypocrisie et que, dans ce cas, il faudra un jour cesser de croire en lui. Nietzsche n'a-t-il pas écrit dans L'Antéchrist : « L'humanité ne représente pas une évolution vers quelques chose de meilleur ou de plus fort, ou de plus haut, comme on le croit aujourd'hui ; le progrès est purement une idée moderne ; c'est-à-dire une idée fausse ». Par sa propre nature, la notion de progrès implique la fin de l'histoire. C'est ce que pressentait sans doute Milán Kundera, lorsqu'il écrivait : « Jusqu'à présent, le progrès a été conçu comme la promesse d'un mieux incontestable. Aujourd'hui cependant, nous savons qu'il annonce également une fin » (4). Cette certitude qu'une fin surviendra est cela précisément qui produit le désenchantement. Tous les finalismes sont à présent morts parce qu'ils ne sont légitimes que dans la mesure où ils atteignent un but hic et nunc.

    Régression et fin de l'histoire

    Mais quid dans le cas où l'on affirmerait aucun finalisme ? Dans le cas où l'on ne prétendrait pas arriver à une fin de l'histoire, à la fin des antagonismes et des luttes entre volontés opposées ? Cette conclusion, consciemment ou inconsciemment, des milliers d'intellectuels l'ont déjà tirée. En se posant une question très simple : où se trouve ce fameux paradis annoncé par les progressistes ? La réponse est lapidaire : nulle part. Déduction : la seule possibilité qui reste pour sauver l'utopie, c'est de cultiver une idéologie de la régression. On passe de ce fait à un culte du “régrès” qui remplace la culte du “progrès” devenu désuet et sans objet.

    Ce n'est pas un hasard si la gauche de notre époque vire au “vert” et à un certain passéisme idyllique. Pour la gauche actuelle, l'Arcadie pastoraliste s'est substituée à l'Utopie constructiviste. Cette mutation est dans la logique des choses. Le progrès avait été conçu selon une double optique : idéologique et technologique. Le progrès technologique, véhiculé par cet esprit faustien et aventurier (Spengler), qui donna toute son impulsion au développement de l'Europe, a, plutôt que de normaliser et de pacifier, créé plus de tensions et d'antagonismes. Prométhée, dit-on, est passé à droite... La gauche a réagi, consciente que le progrès technique était par définition sans fin et limitait ipso facto son “monde idéal” ; elle délaissa la technique, abandonna son prométhéisme (sauf, bien sûr en URSS où le technicisme marxiste se couple au mythe de Gengis Khan). La gauche a opéré un tour de passe passe conceptuel : elle n'a plus placé la fin de l'histoire, l'homogénéisation de la planète, dans un avenir hypothétique. Sur le plan des idées et de la praxis, elle a replacé cette fin dans l'actualité. Attitude clairement observable chez les idéologues de l'École de Francfort et leurs disciples.

    Cette mutation s'est effectuée de manière relativement simple. Il s'agit, dans la perspective actuelle de la gauche, de vivre et de penser comme si la révolution et le paradis sans classes, idéaux impossibles à atteindre, existaient de manière intemporelle et pouvaient être potentialisés par l'éducation, le combat culturel et la création de mœurs sociales nouvelles. On constate que la gauche intellectuelle effectue cette mutation conceptuelle au moment où sociaux-démocrates et sociaux-libéraux affirment de fait la fin de l'histoire parce qu'ils estiment, sans doute avec raison, que leur société-marché a abouti. On croit et l'on estime qu'est arrivé le moment d'arrêter le mouvement qui a mis fin jadis à l'Ancien Régime et implanté l'ordre social-bourgeois.

    Mais que faire si ce mouvement ne s'arrête pas partout, en tous les points de la planète ? Si le principe de révolution agite encore certains peuples sur la Terre ? En Occident, on a décrété que l'histoire était terminée et que les peuples devaient mettre leurs volontés au frigo. Et en ce bel Occident, c'est chose faite. Elles croupissent au frigidaire les volontés. Ailleurs dans le monde, la volonté révolutionnaire n'est pas extirpée. Le monde effervescent du politique, la Vie, les relations entre les peuples et les hommes n'obéissent pas partout à la règle de la fin des antagonismes. Croire à cette fiction, c'est se rendre aveugle aux motivations qui font bouger le monde. C'est déguiser la réalité effervescente de l'histoire et du politique avec les frusques de l'idéologie normalisatrice et finaliste.

    Là nous percevons clairement la contradiction fondamentale de la société post-moderne.

    Un doux nihilisme

    Dans de telles conditions, nos sociétés ne peuvent que vivre en complet dysfonctionnement. D'un côté, nous avons un monde idéal, suggéré par les idéologies dominantes, conforme à ses présupposés moraux qu'il convient de mettre en pratique dans sa vie quotidienne pour ne pas se retrouver “marginal” (humanitarisme, égalitarisme, bien-être). D'un autre côté, nous voyons un monde réel qui, en aucun cas, n'obéit à l'idéologie morale moderne et qui nous menace constamment d'une crise finale, d'une apocalypse terrible.

    La technique qui nous permet de survivre dans cette contradiction est simple : c'est la politique de l'autruche. Le divorce entre les 2 réalités crée une formidable schizophrénie sociale. Selon les termes de Baudrillard : Perte du rôle social, déperdition du politique... De toutes parts, on assiste à une perte du secret, de la distance et à l'envahissement du domaine de l'illusion... Personne n'est actuellement capable de s'assumer en tant que sujet de pouvoir, de savoir, d'histoire (5). Le spectateur a supplanté l'acteur. Quand les hommes, les citoyens avaient un rôle, le jeu social détenait un sens. N'étant plus que des spectateurs impuissants, tout sens s'évanouit. Et derrière le spectacle, en coulisses, se déploie un monde qui n'a rien à voir avec celui qui nous est offert, suggéré, vanté. Le système cherche à ce que nous vivions comme si la fin de l'histoire, du politique, du social était déjà survenue. Autrement dit, le système simule la disparition du sens que nous évoquions.

    Il ne reste plus aux hommes qu'à s'adonner au nihilisme “soft” d'un monde sans valeurs. Mais le sens des valeurs a-t-il réellement disparu ? Non. Il se cache. Il est imperceptible dans les sociétés de consommation de masse d'Europe mais reste vivace là où se manifeste une volonté collective d'affirmation. Du point de vue de l'idéologie occidentale dominante, les signes d'un tel sens restent cachés comme un visage derrière un masque. Pourtant, ce visage est celui d'un être bien vivant. C'est ce qui explique pourquoi l'homo occidentalis ne mesure les phénomènes nationalistes du Tiers-Monde que sous l'angle de folies individuelles alors qu'en réalité, il s'agit de volontés nationales d'échapper à la déprédation américaine ou soviétique. Dans nos sociétés, au contraire, il n'y a déjà plus de volonté collective mais il règne un individualisme englouti dans l'indifférence généralisée de la massification. C'est un univers où chacun vit et pense comme tous sans pour autant sortir de son petit monde individuel. C'est là une autre forme de nihilisme et l'on ne détecte rien qui puisse affirmer une quelconque volonté.

    Cet individualisme a déteint sur toute la société post-moderne. Il a suscité tous les phénomènes qui caractérisent ce post-modernisme, y compris ce nihilisme hédoniste, né de la disparition du sens. Gilles Lipovetsky confirme cet individualisme intrinsèque de la société post-moderne en énumérant les traits qui la caractérisent : recherche de la “qualité de la vie”, passion pour la personnalité, sensibilité “écolo”, désaffection pour les grands systèmes qui exigent la motivation, culte de la participation et de l'expression, mode rétro,... (6).

    Arrêtons nous un moment à ce culte de la participation et de l'expression qui sont symptômes supplémentaires de la schizophrénie sociale et, par là, facteurs de nihilisme. Il existe dans nos sociétés une impulsion de type moral qui appelle constamment à la participation dans la vie publique et à l'expression de la volition individuelle par le biais de la communication. Ainsi, l'on prétend que nos sociétés sont des sociétés de communication, thème que l'on retrouve chez des auteurs aussi éloignés l'un de l'autre que Habermas, Marshall McLuhan ou Alvin Toffler. Mais où participer, où s'exprimer quand les institutions qui avaient traditionnellement la fonction de canaliser ces pulsions et ces nécessités ont cessé de posséder un sens, ont succombé aux impulsions commerciales de la communication de masse ? Comme l'a vu justement Baudrillard (7), le système appelle sans cesse à la participation, il veut sortir la masse de sa léthargie, mais la masse ne réagit pas : elle est trop bien occupée à assurer son bien-être individuel. La participation et l'expression jouent aujourd'hui le même rôle de norme sociale que l'idée que le souverain était l'incarnation d'un pouvoir divin. Actuellement, les normes morales  — déjà non politiques — du système social-démocratique ne sont qu'un simple vernis, comme le fut, à la fin du XVIIe siècle, l'idée du souverain comme principe incarnateur. Cela signifierait-il que nous sommes à la fin d'un cycle ? En termes clairs : le silence des masses, l'impossibilité des dogmes fondamentaux du système démocratique signifieraient-ils le terme, la mort de l'idée démocratique de participation du peuple, laissant cette participation à une simple fiction juridique, comme le pense Jürgen Habermas (8) ?

    Ainsi, l'impossibilité de réaliser ce qui paraît le plus important dans toute société démocratique qui se respecte pourrait donner naissance à un nouveau facteur de nihilisme qui s'ajouterait à ceux déjà énumérés. D'autre part, à la vision apocalyptique inhérente à tout finalisme, se joignent actuellement divers paramètres de crise : économiques, écologiques, géostratégiques... Tous pourraient, à un moment donné, converger. En réalité, la crise est l'état habituel du monde depuis que l'homme existe sur cette planète. Le sens que l'on donnait à la vie était celui qui réduisait l'acuité des crises ; il y avait alors quelque chose à leur opposer. Aujourd'hui, en revanche, la crise se profile avec netteté et le consensus a disparu. L'appareil macroéconomique transnational qui régit actuellement l'Occident est occupé à régulariser un système de crise. Mais cette crise ne peut être régularisée indéfiniment. Après la crise viendra inéluctablement la guerre... ou une autre situation conflictuelle qui ne prendra pas nécessairement le visage de la confrontation militaire directe ; Songeons aux guerres économiques et culturelles qui affaiblissent déjà l'Europe, avec parfois la frappe chirurgicale et précise d'un terrorisme manipulé...

    Parier pour l'interrègne

    Le nihilisme de notre actuelle quotidienneté n'a rien à voir avec le nihilisme classique, exprimé par le terrorisme urbain et le chaos social. Le nihilisme actuel est un nihilisme doux, “soft”, accepté comme tel par le système en tant que rouage de son mécanisme complexe. Un nihilisme qui peut se présenter comme inhibiteur, c'est-à-dire comme une acception des normes politiques et morales du système couplée à un refus d'avaliser son fonctionnement et les hiérarchies qu'il implique. Mais un nihilisme qui peut aussi se présenter comme nihilisme “exhibé”, comme c'est le cas pour les “nouveaux barbares”. Finalement, aucun des 2 modèles n'est réellement nocif pour le système. Ce flou est précisément ce qui fait de la post-modernité une époque potentiellement décisive, dans la mesure où on peut franchement la définir comme un interrègne. Interrègne obscur, chargé d'ivresse dionysiaque sourde, comme nous l'a décelé Guillaume Faye (9). Interrègne qui est prémisse de quelque chose d'encore incertain. Quelque chose qui pourrait rendre à notre monde son enthousiasme, son sens de l'aventure, la nécessité du risque et la volonté de prendre à nouveau des décisions. Tel est le pari de tout interrègne.

    Giorgio Locchi écrit que les représentants les plus autorisés de la  Révolution conservatrice allemande du temps de Weimar, de Jünger à Heidegger, ont appelé “interrègne” cette période d'attente durant laquelle le destin bascule entre 2 possibilités : 1) achever le triomphe de la conception du monde égalitaire avec sa “fin de l'histoire” ou 2) promouvoir une régénération de l'histoire (10). La post-modernité actuelle est un interrègne. Pour cela elle peut être le creuset d'une nouvelle révolution culturelle comme celles qu'a connues l'Europe tout au long de son histoire. En dernière instance, la balance penchera de l'un ou de l'autre côté...

    Dès lors, nous pouvons affirmer qu'il existe 4 attitudes fondamentales en jeu actuellement. L'une de ces attitudes est proprement post-moderne, elle est hédoniste, éclectique, dionysiaque, indécise. Cette attitude-là est celle du pari pour les mutations superficielles mais contestatrices. Une deuxième attitude est également conforme au système ; elle intériorise les présupposés “progressistes” et prône l'aveuglement face à l'histoire en marche, face au devenir du réel ; elle fuit tout espèce de pari. Une troisième attitude pourrait être celle de nouveaux barbares, citadins ou ruraux. Elle consiste à sortir du système, à en sortir psychiquement pour les premiers, physiquement pour les secondes. Il s'agit de tuer les parieurs en “cassant le jeu”. Enfin, la quatrième attitude est l'attitude faustienne et aventurière : miser et gagner. Mais pour quel enjeu ? La régénération de l'histoire européenne. La décision de miser constitue alors un moment-clef.  Telle pourrait être l'attitude d'une Nouvelle Révolution, inspirée de la Révolution conservatrice allemande des années 20. Tous les révolutionnaires conservateurs, écrit Louis Dupeux (12), se définissent comme résolument modernes... Loin de la peur et des tourments qu'engendre le pessimisme conservateur traditionnel, la Révolution conservatrice  dégage une modernité contre le modernisme ou le progressisme, une contre-modernité. Il s'agit, en clair de se décider pour le côté organique de la modernité et d'abandonner les chimères inorganiques. Accepter et assumer la modernité comme forme vitale, comme impulsion et non comme sens orienté vers un finalisme inéluctable (et finalement misérabiliste) qu'on n'atteindra en fin de compte jamais. Rappelons-nous l'expression de Jünger : fondre passé et futur en un présent vivant, ardent.

    Il faut que dès maintenant, ceux qui ont décidé de parier pour cette nouvelle révolution spirituelle prennent conscience que le destin de notre culture et de notre continent se trouve entre leurs mains. Il serait toutefois assez ingénu de rejeter simplement les manifestations sociales et esthétiques de la post-modernité au nom d'un “conservatisme” qui, au bout du compte, ne pourrait conduire à rien. Il s'agit de savoir ce que peut donner comme résultat “l'orgiasme” en lequel se plonge la post-modernité. Faye a écrit que dans les orgies romaines, seul l'amphitryon reste sobre : parce que le “climax” [point d'acmé], l'apogée du dionysisme n'est autre que le signal du prochain retour d'Apollon. Dans la perspective de cette nouvelle révolution culturelle, notre nouvelle révolution culturelle, la post-modernité ne peut être que la certitude, esthétique et mobilisatrice, que Dionysos sait ce qu'il fait même si ses serviteurs ignorent ses desseins.
    Javier Esparza, Vouloir n°27, 1986. (tr. fr. Rogelio Pete, article extrait de Punto y Coma n°2, déc. 1985). VOULOIR
    Notes :
        * (1) Castello, F., « Tiempos Posmodernos », in :  El País, 30/1/1985.
        * (2)  Cañas, D., La posmodernidad cumple 50 años en España, in : El País, 28/4/1985.
        * (3) Faye, G., « La modernité, ambigüités d'une notion capitale », in : Études et Recherches n°1 (2ème série), 1983.
        * (4) Kundera, M., cité par Régis Debray in Le pouvoir intellectuel en France, Ramsay, 1979.
        * (5) Baudrillard, Jean, Les stratégies fatales, Grasset, 1983.
        * (6) Lipovetsky, G., L'ère du vide, Gal., 1983.
        * (7) Baudrillard, J., Cultura y Simulacro, Kairos, 1984.
        * (8) Habermas, J., Historia y crítica de la opinión pública, Gili, coll. Mass Media, 1982.
        * (9) Faye, G., La nouvelle société de consommation, Le Labyrinthe, 1984.
        * (10) Locchi G., Wagner, Nietzsche e il mito sovrumanista, Akropolis, 1982.
        * (11) L'auteur du présent article ne trouve pas, dans la “révolution conservatrice” actuelle des États-Unis, d'éléments valables pour une régénération historico-culturelle de l'Europe. Il estime que ces éléments sont davantage à rechercher dans le sillage de la “Nouvelle Droite” française et des mouvements qu'elle a influencé ou dont elle a reçu l'influence en Europe.
        * (12) Dupeux L., « Révolution conservatrice et modernité », in Revue d'Allemagne n°1/XIV, 1982.

  • 911 - Spéciale 11 septembre 2001 sur Méridien Zéro - Le programme guerre des étoiles en action

  • L’Ecole française mâchera son cheving gum

    Le naufrage de l’Ecole, c’est comme la crise, le chômage, la sécurité… Voilà bien une quarantaine d’années que ses maux, ses problèmes, ses maladies nous hantent, cela fait des lustres qu' à droite comme à gauche, on agite comme un grigri l’amulette qui va enfin apporter la solution finale, la clé, la recette, la formule, le sésame qui octroiera le Graal, c’est-à-dire la « réussite pour tous », comme il y a maintenant le « mariage pour tous », et chaque fois le bâtiment s’écroule sur lui-même, le gréement et les mâts s’abattent sur les planches, les soutes prennent l’eau, les vagues submergent le pont, et le matelots godillent en ne sachant trop dans quelle direction.

    Certains, plus réalistes, ou plus cyniques, arguent qu’un radeau mû par un système sommaire de propulsion suffirait plus à l’affaire, plutôt que ces trois mâts archaïques, certes magnifiques, mais qui présentaient le fâcheux défaut d’être dirigés de main de fer par des officiers solides, des matelots efficaces, qui ne s’embarrassaient pas de grandes théories sur les courants aériens transnationaux, et qui connaissaient autant l’alacrité de l’air marin que la masse impitoyable d’une mer menaçant toujours d’emporter vers ses fonds. Tant le hussard noir de la République savait que l’effort, le travail, le « métier », la répétition inlassable du convenable, assuraient de ne pas choir dans l’ignorance, le je ne sais quoi et le laisser aller satisfait de lui-même !

    Ce qui risque bien de se transformer en Radeau de la Méduse, du reste, n’aura pas le privilège de charrier tous les cadavres : certains petits malins, sous bannière étrangère, auront déjà pris la haute mer sur des zodiacs, bien décidés à ne pas partager le sort du vulgus pecus.

    Voilà notre Ecole, telle qu’elle n’a cessé de se façonner sous nos yeux, toujours avec de bonnes paroles, notez-le bien, volontaires et positives, tant l’enfer est pavé de bonnes intentions. Une Ecole de masse, dégradée, de bas niveau culturel et scolaire, sera réservée aux futurs employés ou chômeurs, tandis que notre oligarchie, de moins en moins française, opte pour les établissements privés sélectifs, « hexagonaux », parfois, mais aussi de plus en plus anglo-saxons, préparant ainsi le passage imminent à la grande zone transatlantique, fondement d’un empire américain où la culture, l’esprit critique, sans compter le patrimoine national, seront passés à l’état de choses anciennes, dont on aura perdu le souvenir, ou qui ne seront travaillés que dans certaines officines spécialisées.

    Ce qui frappe d’emblée dans les discours qui accompagnent cette agonie, ou plutôt cette morbide métamorphose, c’est leur confusion extrême. Les médias colportent les bribes de propagande distillées par les organismes dépendant du ministère ou d’organisations internationales comme l’OCDE, sans vraiment y comprendre grand-chose, et avec le culot des béotiens. L’on prend volontiers le ton professoral, surtout si l’on ne sait rien d’autre que des sophismes présentés comme vérités. Les exemples seraient innombrables, mais l’on peut citer la fameuse référence au système éducatif de la Finlande, pays qui sert désormais de Mecque pédagogiques à nos responsables de la jeunesse. Comparaison n’est pas raison, comme l’on sait, et l’occultation de certaines réalités, quand on se mêle de démontrer une thèse, confine à la malhonnêteté pure et simple. Comment en effet mettre sur le même plan la France et un petit pays protestant, donc plus apte à être géré qu’une grande nation comme la France, doté de cet individualisme rigoriste cultivé dans les Etats du Nord, gratifié d'un système où les classes ne dépassent pas une quinzaine d’élèves encadrés par deux professeurs, où les programmes sont adaptés aux réquisits des tests internationaux, c’est-à-dire plus à des méthodes qu' à une culture et un patrimoine plus que millénaire comme la civilisation fraçaise, qui a une richesse immense à transmettre ? N'omettons pas non plus de rappeler que la Finlande est un pays qui n’a pas eu la chance de connaître une immigration massive de millions d’êtres indifférents à notre à notre histoire, peu désireux ou incapables de se plier à notre discipline scolaire, hostiles même à notre singularité civilisationnelle .

    Aucune mesure qui affriole l’opinion (interdiction des redoublements, néomanie technologique, suppression éventuelle des notes, rallongement du temps scolaire etc.) et nourrit l’arbre à palabre ne voilera la réalité épaisse et ferme comme un socle de granit. Tout cela n'est que de l'amusement dialatoire.

    La postmodernité, illustrée par un progressisme dissolvant, a rabattu les ambitions du capitalisme traditionnel, incarné par l’industrialisme des Trente Glorieuses. La modernité cultivait, depuis la « démocratisation » de l’Ecole et la prépondérance affirmée du secteur secondaire, une discipline ascendante, rehaussée par une doctrine humaniste promouvant le savoir comme gage d’émancipation. Ce fut le temps des constructeurs de ponts, des ministres agrégés de Lettres, ou des ouvriers sachant écrire sans fautes, ou récitant avec plaisir des fables. Il faut insister sur cet arrière-plan sociétal, pour ainsi dire l’air qu’on respire, cet horizon d’attente, qui imprègne les cerveaux et les cœurs sans que l’individu s’en doute. Il existe des vérités qui vont de soi, comme une sorte de morale pour tous, des fondations sur lesquelles est érigé un bâtiment que l’on pense éternel. Il allait donc sans dire, il n’y a pas tellement longtemps, et même chez les illettrés, que le livre était sacré, que la culture pouvait être de la confiture, certes, mais qu’elle méritait quand même de la considération, que l’effort intellectuel symbolisait le mérite individuel, comme de bien élever sa famille, ne pas boire inconsidérément et se rendre chaque année au monument aux morts ou au bal du quatorze juillet, et que l’ignorance était une honte. Puis vint 68. Et le culte de l’agent roi, du plaisir immédiat, du relâchement, qu’on prit pour une libération, et les récriminations contre une « injustice » insupportable, contre la culture de « classe », des « nantis », contre un système fabriquant à la chaîne des ratés.

    Il fallut donc corriger la réalité, et comme ce n’était pas si aisé, on prit le parti de l’abolir, comme la République démocratique allemande, selon le bon mot de Brecht, décida, faute de mieux, de congédier le peuple.

    Car ce qui est frappant, depuis que sévissent les idéologues acharnés et les commissaires politiques, lesquels ne vont pas les uns sans les autres, c’est l’écart abyssal entre les discours lénifiants, nécessairement utopiques, et une réalité de plus en plus sordide, qui démoralise le personnel enseignant, lequel est de plus en plus traité en domestique, ce qui, il est vrai, correspond parfois à sa véritable nature. On évoquera pour illustrer ce truisme, abondamment corroboré par une multitude de chiffres, la simple constatation, que ferait un enfant, que depuis le début des années quatre-vingt, dans la mesure même où se sont accumulées les réformes structurelles ou pédagogiques, le niveau n’a fait que s’effondrer imperturbablement.

    On trouvera certes des inspecteurs qui nieront cette évidence en avançant que les élèves ne savent pas moins, mais savent « autrement ». Dans les salles de professeurs, où l’on est confronté au terrain, et surtout chez les Anciens, qui peuvent comparer, la chanson est tout autre, et l’on sait pertinemment que non seulement les « jeunes » ne veulent ni lire, ni s’instruire » (comme du reste l’ensemble d’une société matérialiste et obsédée par des plaisirs malsains et abêtissants), cultivant sournoisement une haine de tout ce qui est « intello », mais que, pour la plupart, le modèle de réussite est Bernard Tapis ou tel joueur de foutbol.

    Une autre réaction, chez les responsables pédagogiques de ce désastre, un discours qui côtoie le déni, c’est qu’il faut accélérer les réformes, travailler « autrement ». Là aussi, un parallèle avec le Régime soviétique s’impose : l’avènement du communisme se faisant trop attendre, manifestement, il fallait absolument hâter le mouvement vers sa réalisation, quitte à aggraver encore davantage la situation.

    La logique actuelle, tant dans l’organisation du travail scolaire que dans ses finalités, vise à démanteler les structures et les habitudes anciennes, à instaurer une flexibilité qui n’est pas sans rappeler celle qu’on impose dans le monde du travail, à déraciner tout ce qui correspond à un enseignement disciplinaire, au profit de « compétences » transversales, outil indispensable d’évaluation de l’ « employabilité » du futur salarié, dont on exigera un comportement adéquat avec les contraintes d’un monde économique soumis au paradigme impitoyable de la précarité et de la malléabilité universelles. Ce qui va compter ne sera pas ce pour quoi on éprouve une attirance irrésistible, une vocation, une mission, mais la capacité à se mouler dans ce que la chance ou le hasard, entre deux périodes de chômage, se sera présenté. Qu’importe alors les dates de notre histoire, le passé de notre civilisation, ou les grands noms de notre littérature !

    Cette indifférence pour tout ce qui excède le pur ego, largement partagée, de haut en bas, par la société, du ministre à l’écolier, constitue, pour notre monde, tout autant que pour notre Ecole, qui en est le reflet, l’épicentre du tremblement de terre. Le sol se dérobe sous nos pieds. Le système joue sur le ressentiment de populations abandonnées à leur sort, meurtries par la crise, et leurs revendications, qui ne sont souvent que la reprise débile de slogans pédagogiques éculés, souvent fondés sur l’illusion démagogique d’un enseignement ludique, facile, et bas de gamme. Cette absence de repères a été facilitée par le brouillage des véritables exigences, pour lesquelles l’effort, la contrainte, une certaine souffrance sont nécessaire, et par le l'absortion des élèves méritants dans la masse des autres.

    Nous ne reviendrons par sur les postulats idéologiques de l’utopie pédagogiste moderne, qui supposent que l’être humain est une (auto)construction, qui ne doit surtout pas se plier au conditionnement d’un environnement perçu comme usurpateur et autoritaire, comme la famille ou le corps professoral. Evidemment, un tel angle permet de faire fi de la tradition, et constitue un instrument idéal pour perpétrer le déracinement identitaire. Cette entreprise est par ailleurs largement avancée, dans tous les domaines extrascolaires. Le passé national n’est guère plus, pour la génération née dans les années soixante-dix, qu’un vague souvenir. Les enseignants eux-mêmes sont touchés par l’épidémie d’amnésie culturelle, et partagent souvent les goûts américanisés, de sous-culture, sinon même leur apparence, des jeunes gens qui sont sous leur responsabilité. La dernière grève, dans le secondaire, contre la Réforme Peillon, qui va achever pour ainsi dire la bête, n’a drainé que 2,5% de grévistes. Ce chiffre est somme toute assez fidèle à la réalité. Les seuls thèmes mobilisateurs, dans le milieu, concernent les retraites et le temps de travail. On ne verra jamais un professeur s’immoler par le feu parce qu’on lui interdit d’enseigner Madame de Lafayette. Et pour cause : la génération actuelle d’enseignants est elle-même le produit d’un système qui a fait ses preuves. Et il est notoire que les instituteurs – pardon : les professeurs des Ecoles – bien qu’on les recrute maintenant à bac+5, ne sont pas les enseignants qui ont été les plus attirés par la langue française. Leur réussite tient davantage dans leur maîtrise d'une discipline scientifique ou artistique. Les Français d’un certain âge se souviennent sans doute de leurs instituteurs, et de leur amour pour notre langue… Il est vrai que lorsqu’on quantifie le nombre d’heures consacrées à son apprentissage, comme à celui du calcul, on comprend tout de suite l’origine de la faiblesse en ces matières : les écoliers sont massivement sollicités par des activités d’éveil, des sorties « culturelles » ou « sportives », et le temps imparti à la transmission des savoirs s’est réduit comme peau de chagrin. On peut faire le même constat pour le collège, où une part non négligeable du temps d’enseignement est rongée par les opérations de sensibilisation à l’orientation.

    Lorsque l’on n’est pas démoralisé, au point d’abandonner toute idée de lutte, ce qui arrive de plus en plus souvent, il est courant de geindre, de se lamenter, de protester contre ce désastre, non plus annoncé, mais accompli. Or, il faut avoir conscience que les jérémiades n’ont fait qu’aider ceux qui s’appliquaient à démanteler méthodiquement le système éducatif français, jadis considéré comme l’un des meilleurs au monde. En effet, les récalcitrants étant considérés comme les tenants archaïques d’une Ecole « injuste », voire comme des « fascistes », ils offraient une tête de turc idoine pour les progressistes de tout poil : un bon ennemi est pain bénit. D’autre part, les plaintes entretenaient la sinistrose ambiante, et encourageaient de ce fait l’urgence des réformes.

    La tactique de métamorphose de l’Ecole en sous-produit de l’américanisation de masse n’est pas sans analogie avec la stratégie du chaos dénoncée à une échelle plus importante. Le chômage, la dette, l’immigration de masse, les souffrances éprouvées par le peuple, il faut le comprendre, sont voulus et considérés comme une chance historique par l’oligarchie. Les problèmes terribles engendrés par une politique de destruction sociale et culturelle appellent une réaction, donc des réformes, qui, nécessairement, par ricochet, vont dans le sens désiré, à savoir une déréglementation néolibérale et l’intégration dans l’euro-atlantisme. Tel est le destin programmé de l’Ecole.

    Il est clair que maintenant va s’imposer l’usage de la langue anglaise de la maternelle au doctorat. Des mesures sont en cours, au nom de l’efficacité, utilitarisme pervers et illusoire, dont Claude Hagège, dans son ouvrage : « Contre la pensée unique », démolit les prétentions avec brio et profondeur.

    La question de l’Ecole ne doit pas être confiée aux « spécialistes », qui ne sont que les techniciens au service de puissances hostiles à notre identité. La souveraineté nationale doit se la réapproprier pour la mettre de nouveau, sans démagogie ni erreur de perspective, dans le droit fil de notre Histoire. Il n'est pas dit que ce ne soit pas trop tard.

    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com

  • Grèce : Du champ à l’assiette

    Semences locales et biodiversité, agriculture biologique, permaculture et agroécologie, réseaux de producteurs-consommateurs, jardins urbains autogérés et cuisines collectives : les grecs s’approprient leur agriculture et leur alimentation !

    C’est dans un contexte difficile pour les agriculteurs et les consommateurs que naissent ou se consolident des initiatives pour former et informer sur d’autres modes de production agricoles, plus écologiques mais aussi plus économes.

    D’une manière générale, ces initiatives visent une nouvelle population plutôt jeune qui cherche à la fois un échappatoire économique et un projet de vie.

    Depuis quelque temps, il semblerait qu’on assiste à un retour à la terre, et même s’il ne s’agit pas d’un phénomène social de masse (40.000 agriculteurs de plus pendant la période 2009-2010), une aspiration à un rapprochement à la vie agricole et rurale semble s’ancrer dans une majorité de la population (sondage Kappa Research, 70% des sondés désirent s’installer à la campagne).

    Plantation d’arbres fruitiers et d’oliviers dans un parc métropolitain grec.

    Via l’excellent blog Au Bout de la Route

  • Elodie Cabot, à propos des guerres de Vendée : « Les squelettes des Jacobins ont parlé »

    L’anthropologue Elodie Cabot étudie les squelettes découverts en 2009 au Quinconce. L’analyse des blessures, dont les squelettes portent la trace, est très révélatrice. Dans le laboratoire de l’Inrap (Institut National de Recherches Préventives) de Nantes, Elodie Cabot fait ainsi parler les 159 squelettes exhumés aux Jacobins : soit un échantillon significatif des 10 000 à 15 000 morts de la bataille du Mans, en décembre 1793.

    http://www.contre-info.com/