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  • Manif pour tous et interdiction de la préfecture : Frigide Barjot veut « dialoguer »

    La préfecture de Paris, aux ordre évidemment, vient d’interdire la Manif pour tous de défiler sur les Champs-Elysées le 24 mars. Elle invoque « des raisons tenant à la préservation de l’ordre public », pour justifier que la Manif pour Tous ne pourra pas « emprunter un itinéraire passant par les Champs-Élysées ». Réaction de Frigide Barjot : « Nous ne sommes pas des révolutionnaires, nous allons continuer à dialoguer« .

    Frigide dialoguera, très bien. Mais le motif qu’elle invoque ne tient pas. Car les révolutionnaires, ce sont précisément ceux qui décident de renverser l’ordre traditionnel de la société, ce sont ceux qui nient l’ordre naturel, ou qui déclarent vouloir s’en émanciper, sous le fallacieux prétexte d’une liberté mal comprise, qui recouvre en fait un nouvel esclavage, celui du consumérisme. Les opposants à leur funeste projet sont au contraire des contre-révolutionnaires, qui veulent reconstruire la société sur ses fondements traditionnels, comme la famille, condition de sa pérennité. Il reste que la légitimité d’un gouvernement révolutionnaire qui détournerait du bien commun l’exercice de son autorité et la confisquerait à des fins idéologiques et destructrices des principes traditionnels sur lesquels s’est bâtie la civilisation, est fortement discutable.

    Le peuple pourrait bien avoir choisi majoritairement et librement ses gouvernants, cela ne changerait rien. Est-ce en effet de l’addition arithmétique des suffrages que procède la vérité ? Certes non. La loi doit-elle alors s’enraciner dans la volonté générale, en être l’expression ? Non plus, car la volonté de l’homme ne détermine pas le bien et le mal.

    Si le système est fondamentalement vicié, il faut donc le remplacer : non madame Barjot, lutter contre la Révolution n’est pas là un acte révolutionnaire.

    http://www.contre-info.com/

  • Salaire à vie : L’emploi est mort, vive le salariat !

    Et si, de la même manière que le suffrage universel est venu récompenser notre capacité à tous participer à la chose publique, un salaire à vie venait consacrer notre capacité à tous produire de la valeur ? C’est l’idée mise en avant par l’économiste et sociologue Bernard Friot.

    Imaginez une société où chacun d’entre nous toucherait un salaire à vie, versé de façon inconditionnelle à partir de la majorité. L’échelle des revenus serait de 1 à 4, soit de 1.500 à 6.000 euros.

    Le passage d’un niveau à l’autre serait fonction de la qualification, équivalent du grade dans la fonction publique, attestant qu’une personne «peut participer à un certain niveau de création de valeur économique et a donc droit à un tel niveau de salaire». Ces qualifications, dont la liste précise serait sujette à délibérations, incluraient l’ancienneté, la pénibilité, les diplômes…

    Cette société existe, du moins sur le papier: elle est l’œuvre de l’économiste et sociologue Bernard Friot, professeur à l’université Paris-X et auteur notamment de L’Enjeu du salaire, qui voit dans ce système du salaire à vie le moteur d’une véritable révolution. Il permettrait en effet de nous libérer de la «convention capitaliste du travail», qui nous réduit au rang de marchandises que l’on échange sur le marché du travail.

    Pour cet universitaire, le chantage à l’emploi fait de nous des «mineurs sociaux» qui ne sont pas reconnus comme «producteurs de valeur économique», et le salaire à vie nous transformerait en «majeurs sociaux».

    Tous retraités!

    Bernard Friot postule que la qualification et le salaire correspondant viendraient récompenser notre capacité à tous à créer de la valeur économique, au même titre que le suffrage universel est venu reconnaître notre capacité à participer à la chose publique. Il rappelle que le salaire à vie existe déjà: en effet, les fonctionnaires et les retraités touchent déjà un salaire universel. En le généralisant à l’ensemble des Français, le sociologue ne veut pas seulement éradiquer la misère, mais bien dessiner les contours d’un nouveau système:

    «L’enjeu du salaire, c’est la possibilité de sortir du capitalisme. Non pas de le contenir, non pas de bouger le curseur de la répartition de la valeur ajoutée en faveur du salaire et au détriment du profit, mais de se passer des capitalistes, d’affecter toute la valeur ajoutée au salaire, y compris la part qui doit aller à l’investissement. Nous n’avons besoin pour travailler ni d’employeurs, ni d’actionnaires, ni de prêteurs.»

    Cette révolution qu’il appelle de ses vœux est, selon lui, déjà en marche car elle s’appuie sur un «déjà-là émancipateur» dont nous ne soupçonnons pas la puissance subversive: la cotisation.

    En effet, entre les cotisations dites «patronales» et «salariales», près de la moitié de notre salaire est aujourd’hui socialisé et permet de financer la sécurité sociale et les minimas sociaux. Bernard Friot propose de prolonger cette conquête et de socialiser 100% du salaire.

    La fin du profit

    Ainsi, une entreprise ne paierait plus de salaires mais verserait de l’argent directement dans une caisse dédiée, chargée de rémunérer les salariés en fonction de leur qualification, qu’ils soient ou non en poste chez elle. Mais Bernard Friot ne s’arrête pas là : il propose que toute la valeur ajoutée de l’entreprise soit socialisée et que le profit soit donc supprimé. L’argent ainsi collecté servirait à payer les salaires mais aussi l’investissement des entreprises et la Sécurité sociale.

    «Cet assèchement du profit permettra la maîtrise de l’investissement, bien sûr, mais aussi sa progression considérable, puisqu’il sera financé sans remboursement et sans taux d’intérêt, deux freins à la dynamique des entreprises», explique-t-il. Avec cette méthode, il estime que la part du PIB consacrée à l’investissement pourrait passer à 30%, contre 20% aujourd’hui.

    Les porteurs de projets devraient demander des financements auprès d’une caisse chargée d’en étudier la viabilité et l’utilité. Ainsi, ils ne seraient plus dépendants des prêts bancaires, de leur épargne personnelle ou du bon vouloir des apporteurs de capitaux et leur vision court-termiste.

    En conséquence de quoi, les entreprises «permettront de travailler mais ne rapporteront aucun revenu, qu’elles soient individuelles, en cas de travail indépendant, ou collectives. [...] Il n’y aura plus ni employeurs, ni actionnaires». Pour autant, les entrepreneurs, qu’il définit comme «des personnes qui impulsent des productions et des collectifs de travail» existeront toujours, de même que la hiérarchie au sein des entreprises.

    «La coopération s’imposera entre qualifiés pour trancher les conflits; conflit sur les valeurs d’usage à produire, conflit sur les conditions de travail, conflit sur le périmètre de l’entreprise et les relations interentreprises», prédit Bernard Friot. La suppression du profit permettra de rendre les entreprises démocratiques et non ploutocratiques comme c’est le cas aujourd’hui.

    Pour mener à bien cette révolution, Bernard Friot s’appuie donc sur deux piliers, la cotisation et la qualification, qui sont au cœur de sa proposition. Mais pour que les citoyens retrouvent la souveraineté sur la création de valeur économique, il envisage un autre bouleversement majeur: la remise à plat de la création monétaire.

    Le crédit bancaire, que le prix Nobel d’économie français Maurice Allais apparentait à de la création de monnaie par les faux-monnayeurs, serait ainsi supprimé. La monnaie ne serait plus créée en anticipation du rendement d’un investissement, comme le font les banques, mais en prévision de la qualification de nouvelles personnes arrivant à l’âge de 18 ans.

    Pour commencer en douceur, l’auteur propose d’attribuer un salaire à vie à la tranche des 18-22 ans, ce qui représenterait un effort financier de l’ordre de 4% du PIB (environ 20% si on opte pour les 18-37 ans). «Ainsi les entreprises pourront-elles tester l’intérêt qu’il y a à cotiser plutôt qu’à payer des salaires, les caisses prendront leurs marques avant l’extension du dispositif à toute la population, les effets pervers ou induits pourront être appréciés et corrigés», avance-t-il.

    Son projet est débattu par diverses organisations politiques (NPA, Front de Gauche, Alternative libertaire, CGT…), notamment dans les sections locales qui l’invitent fréquemment à débattre, mais aucune de ces organisations n’a officiellement pris position  en faveur du salaire à vie au niveau national.

    Payés à rien foutre ?

    D’une radicalité assumée, la proposition de Bernard Friot séduit autant qu’elle interroge. Une des principales objections opposées au salaire à vie (comme au revenu de base) est le fait qu’avec un salaire garanti, les gens arrêteraient de travailler.

    Bernard Friot conteste cette allégation. Il rappelle que «c’est une intention que l’on prête toujours aux autres: interrogés sur le fait de savoir s’ils continueront à travailler avec un salaire à vie, les sondés répondent qu’eux continueront mais pas les autres. Ensuite, ceux qui ne font rien sont bien moins dangereux que tant qui font aujourd’hui. Mieux vaut ne rien faire que d’être une inspectrice d’académie appliquée à détricoter la fonction publique ou un ouvrier fabriquant des OGM».

    Il argue également que sa proposition rendra caduque cette objection fréquente car la qualification viendra remplacer le temps de travail comme mesure de la valeur économique. L’auteur rappelle que les retraités, par exemple, contribuent à hauteur de 13% du PIB sans que cette création de valeur ne soit prise en compte.

    Enfin, il met en garde contre «l’ethnocentrisme petit-bourgeois» qui fait croire que certains arrêteront leur activité jugée dégradante. S’appuyant sur une étude, il relève que les éboueurs, contrairement à ce que l’on pourrait croire, non seulement aiment leur métier mais ont conscience de leur utilité sociale. Il faut ajouter à cela le besoin humain de reconnaissance de son utilité sociale, qui passe notamment par le travail.

    Il prend également l’exemple de la fonction publique où les fonctionnaires sont moins menacés dans leur emploi mais se présentent tout de même au travail. Il rappelle enfin que, même si le salaire est garanti dans son système, le licenciement, lui, est toujours en vigueur.

    Il nous faut des patrons !

    Un autre argument avancé contre le salaire à vie est la nécessité d’avoir des entrepreneurs compétents dont la seule motivation serait l’argent. C’est comme cela que l’on justifie les rémunérations extrêmement élevées des grands patrons actuels. Avec un salaire plafonnée à 6.000 euros, ne risquerait-on pas de voir l’envie d’entreprendre et la volonté d’innover freinées, et de devoir se contenter de «minables»?

    Bernard Friot fait valoir que sur le web, la coopération non lucrative marche très bien, prenant l’exemple des logiciels libres. De même, dans le milieu universitaire, la motivation n’est pas tant le salaire que celle d’être «le premier à mettre à jour une nouveauté».

    D’autres mettent en cause la capacité des citoyens à gérer une entreprise. «L’incapacité populaire est l’argument classique de tout privilégié, et les propriétaires lucratifs ne manquent pas de communicants pour entretenir cette conviction, y compris chez ceux qu’ils maintiennent en servitude», réplique l’auteur. Il remarque qu’à chaque fois que des salariés se mobilisent pour reprendre leur entreprise, ils ont un «appétit vif pour comprendre les questions économiques face au sentiment d’avoir été bernés par les experts».

    Les partisans du revenu de base, une autre forme de revenu inconditionnel, partagent les ambitions émancipatrices de Bernard Friot mais critiquent sa proposition. Un d’eux, Baptiste Mylondo, avance notamment que des salaires allant de 1.500 à 6.000 euros ne feraient que nous encourager à consommer plus sans prendre en considération les limites écologiques. Bernard Friot explique qu’il imagine bien volontiers une fourchette plus basse, à condition que la sphère de la gratuité soit étendue (notamment au logement).

    Les défenseurs du revenu de base mettent également en cause le caractère constructiviste de la proposition de Friot: elle ne laisserait pas assez de place à l’individu pour décider de la société dans laquelle il veut vivre, contrairement au revenu de base, qui serait lui plus humaniste et adaptable aux volontés de tous. La socialisation totale du salaire rappelle inévitablement le communisme (il est d’ailleurs proche du PC), un projet politique qui est loin de faire l’unanimité.

    C’est bien là la principale limite de son projet: dans une société ou le capitalisme est largement intériorisé, il paraît difficile de convaincre une majorité de personnes de la nécessité d’un changement radical de système. L’auteur se dit néanmoins «tout à fait confiant quant à la possibilité de faire valoir de manière majoritaire une qualité de vie fraternelle, sobre. Ça rejoint une aspiration extrêmement partagée. La consommation actuelle n’est qu’une compensation de l’absence de maîtrise de son quotidien».

    Pourtant, il ne croit pas que son salaire à vie s’imposera grâce aux urnes. Mais il compte sur le «spectacle de l’inefficience du capitalisme» pour que le salaire à vie s’impose comme une évidence et met l’accent sur le travail de sensibilisation qu’il réalise avec le Réseau salariat et l’Institut européen du salariat:

    «La demande est énorme. Certes, ça concerne encore une minorité, mais une minorité prescriptive. Nous sommes actuellement dans un temps froid de l’histoire. Mais dans un temps chaud pendant lequel le peuple se met en mouvement, ce qui arrive régulièrement (1789, 1870, 1936), cette minorité tirera le mouvement. Il faut préparer ce moment par un travail d’éducation populaire.»

    Slate   http://fortune.fdesouche.com

  • Un « salut fraternel »

    Invité du média communautaire Radio J dimanche dernier, le député socialiste de l’Essonne et heureux  possesseur d’un Rolex avant l’âge de cinquante ans, Julien Dray, a de nouveau mis en garde contre le danger d’une arrivée au pouvoir de l’opposition nationale. Cela a tout de même mis ses petits camarades du Front de Gauche en rogne. Alexis Corbière, membre du Parti de Gauche, commissaire politique en charge de la lutte contre le FN auprès de Jean-Luc Mélenchon, s’est fendu d’un billet  sur son blog pour expliquer pourquoi. « Au milieu d’analyse et de critiques plutôt justes contre la politique actuelle du gouvernement et même dans la défense dHugo Chavez écrit-il, Julien Dray a oser (sic) établir un parallèle entre «la méthode du Parti de gauche, et donc de Jean-Luc Mélenchon», et celle «qui avait prévalu dans les années 20-30, la troisième période de l’Internationale communiste, qui était de dire qu’il fallait dénoncer les sociaux-traîtres plutôt que de dénoncer les autres. Et ça a conduit en Allemagne en 1933 à faire que la gauche, alors qu’elle était majoritaire, a laissé Hitler devenir chancelier».

    Une analyse historique battue en brèche par Alexis Corbière sur son blog, qui fort d’une ligne de lecture aussi débile (au sens étymologique) que fantasmatique, a établi lui aussi implicitement un parallèle foireux et assez nauséabond entre la montée du nazisme, l’incapacité des forces de gauche à l’entraver, et l’espoir d’une politique alternative à l’euromondialisme porté par le FN et sa présidente.

    Peu ou prou le même procédé de sidération, qui en dit long sur la fossilisation intellectuelle des adversaires des défenseurs de l’identité nationale, que celui utilisé par Thomas Guénolé, « politologue de Sciences-Po »,  dans une tribune publiée sur le site du Nouvel Obs.

    Il y descend en flamme le petit livre La France Orange mécanique de Laurent Obertone,  que nous avons succinctement évoqué il y a peu sur ce blog.  M. Guénolé explique ainsi que cette recension de crimes odieux et la mise en lumière du lien entre immigration et insécurité (ce qui n’induit pas bien évidemment précise Bruno Gollnisch que tous les immigrés sont des criminels ou des délinquants en puissance),  « participe de la tentative de création d’une pseudo-science pour fonder en raison le racisme identitaire. »

    « Ce n’est pas historiquement nouveau » glisse-t-il gravement  car « au XIXe siècle, on peut songer, par exemple, à l’Essai sur l’inégalité des races humaines du comte de Gobineau paru en 1853. Au XXe siècle, l’exemple le plus évident a trait aux expériences de Josef Mengele sur des prisonniers tsiganes pour confirmer médicalement la théorie nazie de la hiérarchie des races. »

    Bref pour l’un, pointer  (une des) conséquences de l’immigration sans frein,  c’est vouloir la réouverture des camps de concentration et pour l’autre,  c’est de l’échec de la gauche et de l’extrême gauche allemandes à juguler  l’hitlérisme dans les années 30, qu’il faut tirer des enseignements pour combattre victorieusement  le  FN en 2013 ! Nous sommes priés d’admirer  la kolossale finesse de la comparaison  et l’intelligence de la démonstration !

     Dans sa réponse à M. Dray, M. Corbière ne ménage pas son indignation :  « Bidouiller le passé pour essayer de démontrer que (le Parti de gauche de Mélenchon) est potentiellement responsable d’une future victoire de l’extrême droite est une forfaiture. Comparer les heures sombres du stalinisme avec la critique que nous portons contre le gouvernement actuel est scandaleux.»

    « A l’inverse, poursuit-il,  ce qui fait prospérer l’extrême droite dans les années 30 comme aujourd’hui c’est le refus de la part de partis politiques de rompre avec les folles logiques du capitalisme et l’incapacité pour eux d’apporter des réponses sociales réelles aux difficultés de leurs concitoyens. »

    « Penses-tu vraiment écrit il en s’adressant toujours  à Julien  Dray,  que le FN a 17 %, c’est la même chose que les nazis à plus de 30 % ? Si c’est le cas dis le haut et fort à tes camarades du PS qui n’ont absolument rien fait contre le FN durant la campagne présidentielle. Ni tract, ni argumentaire, ni affiche, rien… Nous étions seuls à l’affronter. »

    Une rancœur qui ne s’est pas calmée  depuis la rouste administrée par Marine au conducator du FG à Hénin-Beaumont  et les petites phrases durant la présidentielle des amis socialistes. On se souvient des saillies du  président  de la région Ile-de-France Jean-Paul Huchon ( « Mélenchon est pire que Le Pen») ou du très atlantiste Manuel Valls  (Mélenchon « dangereux pour la démocratie »).

     A dire vrai, le choix de Julien Dray d’établir sur  Radio J une comparaison entre l’attitude du FG en 2013 vis-à-vis au gouvernement et les  rivalités entre forces de gauche qui auraient permis la victoire du nazisme il y a plus de 80 ans,  n’est peut être pas fortuit non plus. Nous sommes ici au mieux dans l’inconscient,  au pire dans le subliminal.

    Pour évoquer de nouveau Mc Luhan , cité  sur ce blog avant hier , et il y a quelques mois lorsque Claude Guéant  sur cette même radio  avait eu des mots très déplacés vis-à-vis du FN,  « the medium is the message ».

     C’est-à -dire que le moyen de transmission par lequel nous recevons le message, le média, exerce autant, sinon plus d’influence sur nous que le contenu lui-même. La manière dont nous percevons l’information est transformée par le média qui nous la transmet.

    Bref, tancer sur Radio J Mélenchon sur ce thème, déjà accusé au cours de la campagne, notamment par la délicate NKM, « (d’accueillir) sur son site internet les gens qui font profession d’antisémitisme » n’est bien  sûr pas neutre.

    Enfin, remarquons aussi qu’Alexis Corbière maire-adjoint du 12ème arrondissement de Paris, robespierriste encarté également à la  très maçonnique et lambertiste Fédération Nationale de la Libre Pensée,   ne peut s‘empêcher tout de même de saluer « fraternellement «  son ami Julien. Il reste pour lui « une des figures majeures de la gauche du PS ».  Et accessoirement  un frangin qui enfile son tablier dans la même loge maçonnique que son patron  Mélenchon, le Grand Orient.

    Un salut fraternel pour l’ex militant trotskyste et  vice président de SOS racisme qui avait écopé (miraculeusement ?) d’un simple rappel à la loi par le parquet de Paris et échappé au renvoi en correctionnelle dans l’enquête sur des mouvements de fonds suspects sur ses comptes et ceux d’associations comme la Fidl (organisation lycéenne proche du PS) et SOS racisme.

    Même le quotidien Le Monde relevait  en décembre 2009 qu’il  n’y aurait eu aucune ambigüité « si une telle décision (de justice)  n’était entachée d’aucun doute sur les motivations réelles de cette soudaine bienveillance. »

    «  Or, comment ne pas en avoir dans une affaire qui, de bout en bout, a été gérée en opportunité par le parquet ? Opportunité dans le choix de la procédure; opportunité dans les fuites régulières distillées par le pouvoir sur le contenu d’investigations accablantes sur le train de vie de Julien Dray. »L’enquête avait détaillé le train de vie somptuaire du notable socialiste, les achats de luxe effectués dans différentes capitales, de Paris à Tel- Aviv.

    Pas de quoi choquer pour le coup  Alexis Corbière  nos militants antifascistes,  humanistes,  et autres autoproclamés  défenseur en peau de lapin de la France qui souffre.

     Les Français trouveront-ils bientôt le ressort nécessaire pour se débarrasser de tous ses menteurs, de ses faux prophètes  alliés de revers du mondialisme?  Nous nous y employons et Bruno Gollnisch y consacre toute son énergie.  Mais d’ores et déjà, pour citer Marc-Aurèle,  « la meilleure manière de se venger d’eux, c’est de ne pas leur ressembler ». Jamais.

    http://www.gollnisch.com

  • Le déclin de Marine Le Pen et le triomphe d’Eric Zemmour

    Je vais être un peu long mais j’ai mes raisons. On me pardonnera ou on ne me lira pas. Je ne m’excuserai donc pas. J’ai d’ailleurs titré le déclin de Marine Le Pen : tout peut très bien se passer par la suite. Il n’y a qu’à voir Zarathoustra.

    J’aurais préféré me taire parce que j’adore le père et que je pensais que l’idéal même faiblard tiendrait... mais tant pis, je me lance. Les scores dont on a fait grand cas l’an dernier ne sont pas meilleurs en 2012 qu’en 2002 quand les deux candidats nationalistes caressaient les 20 % déjà au premier tour de la présidentielle la plus géniale de l’histoire. Depuis, on fait du surplace, depuis on régresse, quoiqu’en pensent les experts en dédiabolisation.

    Dernièrement Eric Zemmour ironise : le FN devient un parti de gauche, voire d’extrême-gauche. Ce n’est pourtant pas un extrémiste, Zemmour, sauf pour les fous (il y en a).

    Voyons voir : le Front National de Marine Le Pen est-il en perte de vitesse ? Le message de l’ex-parti le plus diabolisé du monde est-il encore bien reçu ? Y a-t-il encore un message d’ailleurs ? Ou est-on en train de le brouiller, le beau parti débarbouillé pardon dédiabolisé ? Et a-t-on compris en pas très haut lieu que le 13 janvier fut une splendide occasion gâchée ? A-t-on compris que pour Chesterton la famille est le seul Etat qui crée et aime ses citoyens, et que pour cette raison il vaut tous les Etats et tous les partis du monde ? Ou s’est-t-on soumis platement aux commandements d’une camarilla et d’un lobby noyauteur par trop efficaces ? Car depuis quand le FN se doit d’être le parti islamophobe alors qu’il est le parti de la patrie française trahie par les gaullistes, depuis quand le FN est devenu le parti de l’ultra-laïcité, alors que cette laïcité a fait depuis 1870 le lit de l’hexagone moderne nihiliste et jouisseur, mais arrogant et harceleur ? Et depuis quand le FN sozial promeut un SMIG ridiculement élevé alors qu’il était le parti de la baisse des impôts ? Depuis quand et pourquoi, surtout, le FN ne veut plus être le partie de la pensée sauvage, comme l’avait superbement baptisé Jean Baudrillard ?

    ***

    On ne peut pas être mieux dénoncé (je n’écris pas trahi) que par les gens qui vous voulaient du bien, ou attendaient beaucoup de vous. Surtout lorsque ces gens ont du talent. Je pense à un journaliste célèbre et courageux.

    Il faut voir cette étonnante émission : Eric Zemmour tentait avec son culot et sa faconde de remonter les pendules du flageolant Front National et de rappeler Marine Le Pen non pas à l’ordre nouveau mais ancien, celui de la famille par exemple (si j’ose dire il voulait la rappeler sous les drapeaux !). Comme elle a peu d’arguments pour justifier son absence remarquée le 13 janvier dernier au défilé du sauvetage de la famille française, Marine Le Pen se braque et s’en prend de sa grosse voix toujours enrouée à la personne de notre journaliste préféré ainsi qu’à celle de son compère. Elle s’embrouille et nous sort un brouet politique sur les raisons de ne pas y aller pour ne pas tomber dans le piège du gouvernement (alors que c’est en n’y allant pas qu’elle y est justement tombée), qui détourne l’attention de la situation sociale qui est si grave et patati patata.

    Quel argument sot tout de même. Car la situation sociale est grave, elle l’est d’ailleurs depuis mille ans, mais elle ne rassemble pas un million de personnes dans la rue. Elle ne rassemble plus la situation sociale. La famille oui rassemble : et c’est pourquoi ils vont l’achever les socialistes.

    Les employés et les ouvriers se sont faits tous virer en se faisant insulter par la presse de gauche et les économistes libéraux (les Français sont trop payés, ils ne foutent rien, etc.)... mais il leur restait au moins une famille ! Cela se termine aussi et Michel Houellebecq, avant qu’il ne bascule aussi dans le politiquement correct écrivait que le libéralisme néo (néo c’est le cancer en jargon post-médical) liquiderait la famille qui était le dernier obstacle entre le marché et l’individu. L’individu nu devant le marché, voyez les pubs autour de vous, c’est l’avènement du transhumain, du festif et du techno cloné. C’est l’individu des réseaux, le tatoué bien refait, le narcissique qui se met en scène lui-même sur face de bouc à toute heure de la journée et de la nuit, et qui s’empresse d’abolir six mille ans ou un million d’années d’histoire pour se shooter d’éternel présent. Nietzsche toujours qu’on lit si mal à droite :

    « Un peu de poison de-ci de-là, pour se procurer des rêves agréables. Et beaucoup de poisons enfin, pour mourir agréablement. »

    Je viens de lire - un peu mal à l’aise tout de même - que l’on peut fabriquer des bébés qui ne tomberont pas malades maintenant. Je lis cette intéressante publicité sur <atlantico.fr>, journal néocon et transhumain qui comme Marine Le Pen a beaucoup promis et peu tenu, mais qui interrogeait le peu étincelant Louis Aliot sur la soudaine passion des homosexuels pour le Front National têtu. La réponse ne se fait pas attendre : les gays ont peur des musulmans ! Le FN c’est la laïcité garantie !

    ***

    Nous y sommes : toute époque charnière se veut méphistophélique et androgyne ; ce n’est pas une nouveauté, lisez Pétrone, lisez les Italiens, voyez leurs meilleurs films sur le troisième Reich et ses coquins endimanchés (pensez à Galliano, ou à Bowie plus jeune, ou à Nick Knight, le filmeur de Lady Gaga ancien adorateur des skinheads, pensez, vous dis-je). Relisez Rebatet aussi inspiré qu’à l’accoutumée : « si les gouines étaient gaullistes la pédale était fort collaboratrice. » Fermez le ban ! Car que les homos soient de droite ou d’extrême-droite n’est bien sûr pas a priori gênant : c’est qu’ils soient l’extrême-droite qui l’est.

    Aux époques charnières, on célèbre donc l’individu de la mutation, l’azimuté faustien et cela change bien sûr de la vieillotte vie familiale. De plus insistants que moi ont écrit sur ce sujet nauséeux, je n’y insiste pas. Eric Zemmour ne se démonte pas (on sait qu’il aurait aimé un FN pas extrémiste mais plutôt fort et révolutionnaire), et demande en tout cas à Marine Le Pen si elle n’est pas trop entourée d’homosexuels, ce qui justifierait sa conduite en la matière (pour la manif du 13 janvier donc, mais pas seulement ! pas seulement !).

    Et là, rebelote : elle monte sur ses grands cheveux, explique que cela n’a rien à voir, bégaie trois raisons loqueteuses que mêmes ces journalistes (pourtant pas des hostiles a priori ! des compatissants plutôt) relèvent, et par contre s’accroche bien hargneuse à un énoncé : ce n’est pas parce que l’on est homosexuel qu’on serait...

    Qu’on serait quoi ? Hostile au mariage gay ? Bien sûr que l’on ne serait pas hostile au mariage gay ! Et puis quoi encore ? Un sympathisant juif du FN serait bien sûr hostile à un affrontement avec Israël ! Un catholique du FN voudrait bien que l’on s’en prît moins au pape ! Un vieil harki en aurait marre de l’islamophobie ! 50 000 musulmans morts pour la France tout de même !

    Il est donc évident qu’en agissant en tant que groupe social d’élite « sûr de soi et dominateur », pour reprendre une formule qui fit scandale tant elle était juste, le lobby gay qui se fait si bien respecter au FN - tout en affirmant qu’il n’existe pas - a bien fait les choses. Ce noyautage est venu des grandes écoles, de la modernité et du baragouin néo-laïc, souverainiste et identitaire. Comme disait notre cher Jean-Pierre Cohen en 95, le FN est un parti révolutionnaire. Et maintenant c’est du Chevènement pour madame Ouille ! Ah, mais c’est sûr on passe mieux dans les médias. Est-ce si sûr d’ailleurs ? Est-ce si sûr d’ailleurs quand on la voit éclater tout le temps avec les journalistes soi-disant amadoués ?

    La camarilla en place (mes diverses sources m’ont parlé de 22 conseillers, toujours planchant, frais et dispos - car pas de famille !), on a donc fait du Pim Fortuyn, on a revendiqué la laïcité face aux barbus, on a fait du postmoderne et on a essayé de bien plaire aux médias et aux journaux dits sérieux ! Même sur le plan diplomatique, on a fait ce qui était le pire : chercher des satisfecit aux USA, satisfecit qui ont débouché sur une humiliation rondelette, au lieu de développer une diplomatie alternative et de rompre avec le répugnant alignement de la France sur l’atlantisme désuet et dangereux (une certaine Mrs Rubin écrit dans le Washington Post que d’ailleurs la France en guéguerre partout fait plus pour la paix maintenant que le pauvre Obama !!!). Je rappelle l’admirable élan de l’interview de JMLP à <pravda.ru> :

    « Pour ma part je milite pour la réalisation d’un ensemble harmonieux et animé par la volonté d’un destin commun sur l’ensemble de l’espace boréal, allant de Brest à Vladivostok. »

    J’avais bien l’impression que le président (le seul, le vrai, l’unique) militait pour sa part en la circonstance ! Cette stratégie de la vase communicante ne me paraît pourtant pas la bonne. Ce n’est pas en faisant des clins d’oeil aux inquisiteurs qu’on les convertit. Il serait bon qu’un des crânes d’oeuf qui entourent la benoîte présidente lui expliquât en trois mots Mc Luhan : le médium ce n’est pas un outil, le médium c’est de l’idéologie. Si on veut passer à la télé tout le temps, on s’y soumet totalement. Grillo a triomphé en Italie parce qu’il a refusé la télé : il n’a utilisé que son blog et la rue, il a vaincu l’idéologie mondialisée, ce saltimbanque dont le nom signifie Gemini Cricket en français ! Et en plus il est un expert en conspiration. Un ban pour Beppe Grillo.

    ***

    Je n’aurais rien dit si Zemmour n’avait pas parlé et si le peuple n’avait pas voté, et mal, aussi, depuis quelques mois. Cette stratégie de la vase communicante ne plaît pas non plus, puisque les sondages sont en panne et même les indices d’écoute ! La petite flamme de 2012, qui ne vaudra jamais l’élan créateur des années 80, n’a pas tenu longtemps : on fait du sozial, on chaperonne trois minutes sur les télés, on fait la grosse voix avec Mélenchon ou son remplaçant et on espère surfer sur les vagues de mécontentement. Il va de soi que cela ne marche pas, et c’est pourquoi je salue le triomphe d’Eric Zemmour sur Marine Le Pen ; Zemmour, qui en a marre du mondialisme, de la maçonnerie universelle et de l’individu-marché : faites Zemmour, pas l’équerre !

    Zemmour ferait bien de présenter sa liste, comme Beppe Grillo, qui n’est soumis ni enchaîné le foie ouvert au Caucase des médias... Et là peut-être que nous serons 25 % à aller voter pour lui, comme en Italie, et non 16 % à voter pour un FN plein d’amour et de tolérance, un score terrible après trente années de militantisme et de désastre républicain. Demandez le programme mais pas celui de la télé et du lobby branché. Sinon, prenez la rue et chantez la révolte artiste, pas Narcisse.

    Nicolas Bonnal http://www.france-courtoise.info

  • Nationalisme gaulois et perspectives révolutionnaires

     Un nouveau leitmotiv revient avec insistance dans les milieux de la Droite subversive : « Les immigrés ne repartiront pas, nous ne les rejetterons pas à la mer ».

     

    Si on veut dire par là qu’il n’y a aucune chance pour que la France des Droits de l’Homme et de la démocratie participative procède, un jour, à l’expulsion légale de huit ou dix millions d’hommes, de femmes et d’enfants dont la plus grande partie est juridiquement française, c’est l’évidence absolue.

     

    Mais sinon, c’est une absurdité. Peut-être devrait-on rappeler que la population algérienne renfermait en son sein, en 1962, environ un million de Français, c’est-à-dire 10 % de la population totale de l’Algérie, et qu’il a suffit de quelques mois pour l’expulser à peu près totalement, mettant fin à 132 ans de présence française dans ce pays

     

    Mais revenons à la conception précédente : la République française, sous sa forme actuelle, serait politiquement, idéologiquement, moralement, juridiquement incapable de mettre fin à la colonisation de peuplement islamique en cours sur son territoire. Fort bien : si on accepte l’affirmation « les immigrés ne repartiront pas » dans ce sens-là, nous avons affaire à du vrai réalisme politique, qui se traduit en premier lieu par un constat d’évidence.

     

    Le problème, évidemment, c’est la conclusion que nos nouveaux génies tirent de ce constat : « Les immigrés ne repartiront pas, nous ne les rejetterons pas à la mer, donc, qu’on le veuille ou non, il faut s’accommoder de leur présence et essayer de faire en sorte que les choses se passent le mieux possible ».

     

    Il est probable que si les mêmes s’étaient retrouvés dans le Titanic après qu’il ait heurté l’iceberg, ils auraient dit : « l’eau qui est en train de s’engouffrer ne repartira pas, nous ne la rejetterons pas à la mer, il faut s’accommoder de sa présence et essayer de faire en sorte que les choses se passent le mieux possible ».

     

    Pourtant, cela avait bien commencé : d’abord un constat réaliste pour bien montrer qu’on est pas des exaltés, qu’on est des gens raisonnables et intelligents, qu’il y a ce qui est souhaitable et ce qui est faisable, etc. Et puis juste après, la stupéfiante, la confondante, la colossale connerie : on va essayer de faire que tout se passe bien dans la future France des 40 % de musulmans.

     

    Oui, selon un sondage publié par le journal Le Monde, la France comptera 40 % de musulmans à l’horizon des années 2040.

     

    Pour le dire plus clairement, la France sera devenue une Seine-Saint-Denis géante, en pire. L’économie du 93 repose sur deux sources principales de revenus : le trafic de drogue et les prestations sociales, c’est-à-dire l’argent du contribuable français versé généreusement à des populations totalement incapables de créer par elles-mêmes de la richesse. La police ne sert plus qu’à des opérations ponctuelles, quand par exemple un quartier entier est en état d’insurrection et que les voitures des minorités gauloises crament par dizaines. Pour le quotidien, l’État a depuis longtemps abandonné le maintien de l’ordre aux islamistes et aux trafiquants.

     

    Pendant très longtemps, l’État français n’a pas osé faire vraiment ce qu’il faut pour rétablir l’ordre dans les banlieues, ce qu’on a appelé « le syndrome Malik Oussekine ». Les gouvernement de droite comme le ministère de l’Intérieur de Chevènement sont restés tétanisés par la peur de la rétorsion médiatique. N’oublions pas qu’un vote à main levée au sein de la rédaction du Monde, avant les présidentielles de 2002, avait donné Olivier Besancenot vainqueur dès le premier tour avec 80 % des voix.

     

    Nous ne voulons pas dire, d’ailleurs, que cette « peur de la bavure » a baissé, bien au contraire. Mais s’y est ajouté une autre raison, bien plus inquiétante. C’est la crainte, en touchant à un seul des cheveux d’un de ces délinquants, de déclencher la guerre civile. Le symptôme le plus frappant de cette soumission de l’État à l’envahisseur, ce sont les propos du ministre de l’intérieur Sarkozy puis du président du même nom, respectivement à propos des émeutes de 2005, puis de l’insurrection de Villiers-le-Bel en 2007 ou, rappelons-le, plus de soixante policiers ont été blessés par balles.

     

    Lors des émeutes de 2005, Sarkozy s’est félicité que des policiers sur qui on avait ouvert le feu aient battu en retraite plutôt que de riposter, ce qui aurait, selon lui, aggravé les choses. On est en droit de s’interroger sur la pertinence de cette stratégie, et sur la clairvoyance de ceux qui ont accordé leur suffrage à Sarkozy pour rétablir l’ordre, puisqu’il a tenu exactement les mêmes propos au sujet des événements de Villiers-le-Bel. Comment peut-on rétablir l’ordre si les plus hautes autorités donnent comme priorité absolue à la police de ne pas faire la moindre égratignure aux émeutiers ?

     

    Comment pourrait-on faire confiance, pour nous protéger, à des flics qui ont comme consigne de ne même pas se défendre eux-mêmes ?

     

    Aux États-Unis, si un délinquant tire sur un policier, le policier riposte, sans aucun état d’âme. La mort du délinquant ne déclenche pas d’émeutes, en tout cas pas depuis que celles de Los Angeles, en 1992, ont été réprimées au prix d’un certain nombre de morts chez les dits émeutiers.

     

    Les autorités françaises ne veulent surtout pas qu’un policier, même en état de légitime défense, tue une « racaille » puisque, étant moralement incapables, pour les raisons déjà évoquées, d’employer les moyens adéquats pour mater la rébellion, leur seule stratégie consiste à attendre que les insurgés se lassent et de ne surtout rien faire qui puisse de nouveau attiser leur colère, telle une femme battue avec son mari violent. Il s’agit en fait d’un véritable abandon de souveraineté sur des portions de plus en plus grandes du territoire de l’Hexagone.

     

    La question doit être posée : que se passerait-il si une force politique vraiment résolue à rétablir le droit français dans ces zones de peuplement islamique arrivait au pouvoir ?

     

    Il est en fait fini le temps où un peu de fermeté à l’américaine aurait suffi à remettre les choses en place.

     

    Ce ne sont pas de lointains descendants d’esclaves, convertis au christianisme, en grande partie européanisés, auxquels nous avons affaire. Que peuvent proposer, aux États-Unis les Noirs américains comme alternative politique ? Les mouvements soixante-huitards comme les Black Panthers apparaissent aujourd’hui comme à peu près aussi sérieux que le « Parti indépendantiste auvergnat ». Les problèmes que posaient les Noirs américains étaient du domaine de la délinquance, et aussi, il faut le dire, de la violence raciste gratuite, mais sans aucune organisation ni idéologie suffisamment ancrée dans la population pour être un jour autre chose que cela.

     

    Les émeutiers de la France actuelle sont, eux, en même temps l’étui et la gâchette d’une véritable arme de guerre politique et idéologique, l’islam. Historiens, islamologues et théologiens se disputent sans cesse à son sujet. Est-ce une religion, une loi, un mode de vie ? C’est tout cela à la fois, mais aussi tellement d’autres choses.

     

    On ne comprendra jamais rien à l’islam si on ne commence pas par dire qu’il s’agit en fait du totalitarisme le plus parfait, le plus implacable qui ait jamais existé de toute l’histoire de l’humanité.

     

    Bien des peuples, dans l’histoire, sont devenu musulmans alors qu’ils étaient auparavant, et souvent farouchement, chrétiens, hindous, bouddhistes. Aucun n’a pu repasser la barrière de l’apostasie. Sur le plan individuel, évidemment, il arrive qu’un musulman se convertisse à une autre religion, quasiment toujours d’ailleurs le christianisme. Il a intérêt ensuite à courir très vite. Il sera obligé en général de couper tous les ponts avec sa famille.

     

    L’islam punit l’apostasie (uniquement si elle a lieu dans ce sens, évidemment) par la mort. Bien des musulmans en France ne le savent d’ailleurs pas, mais l’imprégnation inconsciente est très forte sur les esprits. Il est d’ailleurs un peu fastidieux de tout expliquer par les préceptes coraniques et les hadith, comme si les musulmans les connaissaient tous par cœur et les appliquaient en toute connaissance de cause. On juge un arbre à ses fruits, disait le Christ. Il est aussi prévu, dans le judaïsme, de lapider la femme adultère. Quand la théorie est là mais qu’elle est, dans les faits, abandonnée depuis des siècles et des siècles, elle ne peut plus poser problème à qui que ce soit.

     

    Dans le même ordre d’idées, nous pouvons considérer que la fameuse directive coranique « aucune contrainte en religion » est nulle et non avenue, ayant été systématiquement contredite par tous les États musulmans. La règle absolue en islam est le ravalement au rang de sous-homme de tous les non-musulmans. La plupart des conversions s’expliquent de cette façon.

     

    Les peuples musulmans, ou qu’ils soient, ne se se convertirons ni au christianisme, ni au bouddhisme, ni à aucune autre religion ou idéologie désobéissant aux préceptes islamiques. Si un parti politique vraiment décidé à agir, autant que le lui permet le légalisme républicain et plus largement les préceptes de la démocratie libérale à l’américaine (cadre mental qui constitue depuis 1945 l’essentiel de notre horizon politique), arrive, disions-nous, aux commandes, cela ne changera pas grand-chose. Il pourra, en durcissant la législation, faire baisser les violences. Mais il ne pourra rien contre la sécession de territoires entiers devenus majoritairement islamiques. Et d’ailleurs, comment croire qu’en constituant 40 % de la population, les musulmans ne disposeront pas d’une partie essentielle du pouvoir politique, voire de la totalité de celui-ci dans des villes devenues religieusement homogènes où la charia sera, dans les faits, appliquée scrupuleusement par les autorités locales ? La population ne laisse déjà pas sortir les filles sans leur voile…

     

    Le problème est donc, en apparence, insoluble, et c’est pourquoi un certain nombre de gens, y compris dans le camp nationaliste, commencent à prêcher un « réalisme » qui n’est en fait qu’un renoncement total au combat pour la souveraineté, l’identité et la survie, physique comme spirituelle, des peuples européens sur leur propre sol. Révolutionnaires en peau de lapin qui considèrent qu’à partir du moment ou un individu réussit à se faire naturaliser, lui et ses descendants seront à jamais « chez eux chez nous », que l’islam, devenue religion majoritaire, de la France d’abord, de l’Europe ensuite, est une fatalité contre laquelle il ne sert à rien de lutter, et qu’il faut entamer dès maintenant une politique de collaboration. Si les croisés savaient que leur descendants sont devenues des femmes soumises, dont le plus grand acte de résistance consiste à essayer de trouver leur place dans le harem du nouveau Sultan…

     

    En réalité, ces gens qui se disent rebelles à l’ordre établi, à partir du moment ou ils sont incapables de transgresser le cadre mental du légalisme républicain, à commencer par le caractère quasiment sacré de la naturalisation, c’est-à-dire l’acquisition d’un bout de plastique qui vous dit que vous êtes juridiquement français, ces gens, disions-nous, sont en fait totalement dans la dépendance du système qu’ils prétendent combattre.

     

    Nous considérons, quant à nous, que la présence de l’islam, et donc des musulmans, sur le sol de l’Europe est, au sens strict du mot, intolérable. Que les dirigeants qui non seulement les ont fait entrer, mais leur ont octroyé la citoyenneté française (ou belge, ou allemande…) ont commis, à l’égard de leur peuple, un crime de haute trahison. Et que ceux qui tiennent la présence musulmane non comme un problème, mais comme un fait contre lequel il ne sert à rien de lutter, sont les continuateurs fidèles des collabos des années quarante, qui considéraient eux aussi la colonisation allemande comme une force irrésistible que rien ne pourrait déboulonner, et que le mieux à faire était de commencer à apprendre Gœthe et Schiller dans le texte.

     

    La fatalité qui conduit beaucoup de nationalistes à abdiquer sur l’immigration et l’islamisation, et qui les conduit à s’aligner, peu ou prou, sur les positions des médias du Système, est une erreur gravissime, parce qu’elle considère le cadre juridique, politique et mental dans lequel nous évoluons depuis 1945 comme immuable. Ce n’est en aucun cas notre position.

     

    Les nationalistes du F.N. ont cru qu’ils pourraient arriver au pouvoir par des voies légales. Cette possibilité, qu’elle ait été vraie ou pas à un moment donné, semble aujourd’hui appartenir à une époque révolue, pour des raisons qu’il serait ici fastidieux d’évoquer.

     

    Mais, répétons-le, l’impasse n’existe que pour ceux qui refusent de grimper au-dessus du mur pour scruter l’horizon.

     

    Lénine n’a jamais dit aux bolcheviques d’arracher le pouvoir des mains du tsar. Il savait pertinemment que c’était impossible. Que s’est-il finalement passé ? Le pouvoir en Russie s’est effondré sur lui-même, victime de ses errements, du désastre de la guerre contre l’Allemagne, de l’incompétence de ses dirigeants, du discrédit de la famille impériale « envoûtée » par Raspoutine. Non, les bolcheviques n’ont jamais pris le pouvoir en Russie. Ils n’ont jamais tenté de cueillir le fruit encore vert. Ils se sont contenté d’attendre qu’il pourrisse tout seul et tombe de l’arbre. Ils savaient aussi qu’à ce moment-là, ils ne seraient pas les seuls à vouloir le ramasser. C’était cela, le moment décisif, cette période d’anarchie totale ou un souffle de vent pouvait faire basculer l’histoire.

     

    L’exécution du tsar et de la famille impériale signifia le basculement de la Russie dans un autre univers, où les anciennes règles n’avaient plus cours. Le meurtre du tsar, comme celui de Louis XVI et de Marie-Antoinette, était fait pour adresser au monde le message suivant : il n’y a plus de retour en arrière possible.

     

    Ces assassinats étaient, pour les révolutionnaires russes comme français, une étape obligée. Souvenons-nous de cet axiome : la légitimité prime la légalité. Ni les bolcheviques ni les jacobins ne détenaient la moindre légitimité. Jamais les masses ne les suivirent dans leur entreprise de destruction de la dynastie de droit divin dont elles étaient, depuis des siècles, les sujets. Sans la terreur, sans les meurtres de masse exercés sur leur propre peuple, les révolutionnaires ne pouvaient espérer tenir bien longtemps, parce qu’aux yeux de ce peuple, ils n’étaient rien. On ne leur devait aucun autre respect, aucune autre déférence que celle inspirée par la peur.

     

    Ils ne purent commettre régicides et tsaricides que parce que les hommes qui occupaient cette fonction l’avaient déjà, aux yeux de la population, largement trahie.

     

    De quelle légitimité pourraient bien se doter les nationalistes, qui pourrait leur éviter, s’il leur arrivait de prendre le pouvoir à l’occasion de la guerre civile ethnico-religieuse dont nous pensons l’éclatement inéluctable, d’avoir à passer leur propre peuple par les armes, comme ont été obligés de le faire les bolcheviks, ce qui d’ailleurs, contrairement à nous, ne contredisait en rien leur idéologie ?

     

    Pour nous, il ne fait guère de doute que la légitimité doit être d’abord ethnique.

     

    Le mot « Gaulois » n’est pas seulement un nom utilisé dans les banlieues pour désigner les ancêtres de Vercingétorix, c’est aussi ce qui se cache, historiquement, derrière le pseudonyme de « Français ». Est-il, dans cet optique, plus important de se réclamer de Jeanne d’Arc que de Charles Martel ? Tous ces personnages symbolisent la résistance du peuple gaulois à l’envahisseur.

     

    Cette conscience d’appartenir au peuple gaulois, même si on l’appelle encore « français » en lui donnant un sous-entendu ethnique évident alors que les médias du Système y voient juste la possession de papiers d’identité, est une des choses les plus profondément ancrées dans la conscience de notre peuple.

     

    C’est une légitimité qui s’impose d’évidence, nous pourrions même dire, maintenant que la tradition monarchique a été rompue, qu’il n’y a plus que ça, tout en se posant la question de savoir s’il y a eu un jour autre chose. La monarchie, au fond, n’était peut-être qu’un système de gouvernement comme un autre. L’essentiel est de continuer l’histoire, d’écrire un nouveau chapitre d’une odyssée prodigieuse, celle des Gaulois. De Vercingétorix à de Gaulle, c’est le même cœur qui bat, parce que c’est le même peuple qui se bat.

     

    Nous vivons certainement le moment le plus critique de notre histoire. Ni la conquête romaine, ni les invasions barbares, ni les deux guerres mondiales n’ont menacé l’existence physique du peuple gaulois (ou français, bien que cette appellation, du fait de sa dualité ethnico-juridique, pose problème) sur son propre sol. Nous sommes minoritaires, comme l’étaient tant d’autres révolutionnaires qui, finalement, l’ont emporté. Les principes de défense du peuple gaulois dont nous nous réclamons seront le point de ralliement obligé, dans quelques années, de ceux qui ne voudront pas choisir entre la mort, l’exil ou l’assimilation par l’envahisseur.

     

    Quand les émeutes de 2005 se répéterons tous les jours, que les kalachnikov auront remplacé les cailloux et les fusils de chasse, que Paris, c’est-à-dire le centre du pouvoir, sera totalement encerclé par des banlieues complètement islamisées, et que les voitures et les bus commenceront de flamber en série dans la capitale, que se passera-t-il à ce moment-là ? Personne ne peut encore le prévoir. Mais, à tous ceux qui n’ont pas envie de léguer à leurs enfants une France dont le drapeau tricolore s’ornera d’un croissant, nous nous contenterons de rappeler ce mot d’Hannah Arendt : « la plus grande prophétie est une promesse que l’on tient ».

     

    André Waroch http://www.europemaxima.com

     

    • Mis en ligne le 5 janvier 2008.

  • Ne pas faire une croix sur les Chrétiens d'orient

    Il faudrait parler des Touaregs. L'affaire du Mali est entièrement saharienne au sens où on l'y circonscrit totalement. Les "Huns" seront exterminés sur place par les uns et les autres ; c'est ouvertement dit¹. La conférence des bailleurs de fonds qui va s'ouvrir pour 500 millions de dollars le 29 janvier à Addis Abeba va régler la question d'intendance des troupes africaines engagées, pourquoi dès lors faudrait-il en parler aussi à Davos ?

    une messe à Damas
    De fait, c'est de la Syrie dont il est question. La station alpine s'est trouvée avant-hier à la convergence de toutes les hypocrisies sur cette guerre sans fin qui va achever sa deuxième année le 15 mars. Les "riverains" du chaos alaouite, Turquie, Jordanie, Liban, envahis de réfugiés en plein hiver, hurlent au charron devant la passivité tranquille de la "communauté internationale" qui attend que la poussière retombe. Que fait l'Occident ? Et l'Occident de répondre mezzo-voce qu'il ne va pas entrer en guerre avec l'Orient² pour une guerre civile arabe. En plein Croissant Vert, démerdéren Sie sich entre sectateurs du Prophète et laissez passer la caravane des Majors. Coule l'huile, coule le naphte. Que le roi Abdallah II soit aux cent coups parce qu'il a 300.000 campeurs sans chauffage en rase campagne, que Erdogan montre les 500 millions de dollars perdus à nourrir et abriter les réfugiés syriens passés au nord, ne nous émouvrait pas plus que ça si nous n'avions pas nos vieilles communautés chrétiennes dans la gueule du léviathan islamique.

    Tarek Aziz condamné à mort
    Abonnées à la dhimmitude depuis le reflux des empires européens, nos communautés se sont toutes accommodées des pires régimes tyranniques, prêtant la main parfois pour simplement survivre et revenir en deuxième semaine ! Les dictateurs les choient car elles sont des pièces utiles sur l'échiquier de politique intérieure, moins en elles-mêmes par leur nombre que par les réactions que provoquent les faveurs du pouvoir à leur endroit dans les communautés musulmanes réprimées : instrumentalisation du pronostic de guerre civile. Elles offrent aussi de rares compétences dans de nombreux domaines et sont une passerelle naturelle vers l'Europe occidentale, la France en particulier dont le prestige était encore grand il y a peu.
    En Syrie même, le Parti Social-Nationaliste fut fondé par le grec orthodoxe Antoun Saadé en 1932. Dans le cas de l'Irak et de la Syrie baassistes, elles ont participé plus directement au projet de laïcisation des institutions affiché par les fondateurs du Parti Baas, dont le plus éminent, Michel Aflak (1910-1989), était un damascène grec orthodoxe. Dans ce courant et à titre d'illustration, on trouve le chaldéen Tarek Aziz, ministre des Affaires étrangères de Saddam Hussein de 1983 à 1991 et le ministre de la Défense de Bachar el-Assad, l'orthodoxe Daoud Rahja, tué par une bombe le 18 juillet dernier. Un extrait de ses obsèques en pied de page.

    Daoud Rahja explosé à Damas
    Nous sommes légitimement inquiets car, malgré une sage retenue, les communautés chrétiennes seront visées par les partis islamistes dont les milices combattent le régime, pour en avoir trop fait ou pas assez. Elles n'auront jamais raison. On subodore de graves exactions déjà sur les Chrétiens, de la part de milices salafistes (ou wahhabites) armées par les émirs sunnites, et rien n'interdit de pronostiquer l'épuration ethnique de la mosaïque syrienne comme ce fut le cas en Yougoslavie. Aussi quand la logique de paix ne répond pas à la convocation il ne reste que la force.
    Quelle puissance activera une menace suffisamment convaincante pour protéger les communautés chrétiennes de la nouvelle Syrie ? A voir ce qui s'est passé en Irak, ce qui se passe en Egypte, voire même en Turquie où elles sont couramment inquiétées à tous motifs, il n'y a que la Russie à faire le poids. La France, certes étant dans le jeu depuis longtemps - depuis Baudouin IV de Jérusalem en fait - il lui revient d'approcher l'escadre des Echelles et d'en charger les canons. Mais en rêve même pas ! Et ce ne sont pas les mémorandums, pétitions, suppliques déposés ci et là qui vont faire le travail. Dans une guerre civile arabe, seuls la force joue, des palabres ils s'en chargent eux-mêmes.

    A ce stade, il ne faut rien attendre des francs-maçons français qui trustent les allées du pouvoir parisien pour y dicter l'esprit de bonne gouvernance à leur façon, aussi serait-il approprié de la part des chefs des églises locales d'en appeler ouvertement et officiellement au Kremlin et au Patriarcat de Moscou, seules garanties qui puissent être actionnées. Que le Vatican perde pied en Syrie est moins important que d'assurer la survie de ces communautés d'Asie mineure qui vivent leur foi au coeur du Nouveau testament depuis si longtemps. A défaut, elles seront éradiquées comme en Irak et nous rangerons leur souvenir sur l'étagère de nos défaites déjà chargée.

    [À suivre, une approche de la problématique chrétienne au Proche et Moyen Orient]

    (1) «Nous sommes en guerre et on va casser le plus possible de ces connards"» (à l'Hôtel de Brienne, jeudi 24)
    (2) la Chine et la Russie bloquent toujours l'aggravation de la réplique internationale

  • Qu’est-ce que le dandy ? par Pierre Le Vigan

    Répondre à la question : qu’est-ce que le dandy, c’est comprendre l’individualité contrariée dans une société de masse. Penser le dandy, c’est d’abord penser deux choses. C’est penser la déféminisation de l’hystérie, et c’est penser sa désexualisation. Pour le comprendre, il faut d’abord faire un bref retour sur la théorie de l’hystérie, puis évoquer la figure du dandy telle qu’elle s’est constituée au XIXe siècle. Ce cheminement amènera à rencontrer des figures plus mineures de l’hystérie : le mondain, le sophistiqué, le bohème… 

    Faisons rapidement retour sur la théorie de l’hystérie. Après avoir été analysée, conformément à son étymologie, comme une maladie « féminine », - la maladie de la matrice -, l’hystérie a été rapprochée de la neurasthénie, au XVIIè siècle, en un mouvement qui ne faisait que reprendre une théorie du IIe siècle ap. JC avec Sextus Empiricus, et elle a été étendue aux hommes.  

    L’hystérie a été vue sous l’angle d’une maladie neurologique par Jean-Martin Charcot (1825-1893). Elle concernait donc tant les hommes que les femmes. Freud a repris ce point de vue mais a resexualisé, – voire sursexualisé selon certains –  l’hystérie quant à son origine, qu’il voit principalement dans des émotions sexuelles mal digérées. L’hystérie est alors un paradigme de la maladie mentale. Un siècle plus tard, nous n’en sommes plus là, et c’est la notion même d’hystérie qui semble disparaître derrière des symptômes rattachés à d’autres pathologies. Dans ces conditions, l’hystérie peut-elle encore nous dire quelque chose de la maladie mentale ?

    En tout cas, l’approche de l’hystérie en termes de paradigme ne paraît plus adéquate. C’est une approche en termes de position de vie qui retient notre attention. L’hystérie est une attitude, une position. C’est une position devant le monde et devant les autres. En cela, c’est une solution à un problème. Plus précisément c’est une tentative de solution à un problème d’économie psychique défaillante. Il s’agit d’économie psychique, et non seulement d’économie sexuelle. Ce que nous explorons ne se situe donc pas dans la lignée de la position de Freud de l’origine sexuelle de toutes les névroses donc de l’hystérie. 

    Comprendre à nouveaux frais l’hystérie, c’est la désexualiser.  L’hystérie, est  « une pathologie dans l’engagement des rôles, qu’ils soient sexuels ou non » écrit Georges Charbonneau. Nous évoquions plus haut l’idée que toute position de vie assumée constitue une tentative d’auto-thérapie. On peut estimer que l’hystérie est une « mauvaise » réponde à un vrai problème : une forme particulière de neurasthénie, l’acédie. Il y a en effet des liens entre hystérie et acédie, exactement entre l’hystérie et une tentative de soigner une acédie, celle-ci entendue  comme non pas une paresse, non pas une simple tépidité (défaillance de l’énergie, relâchement) mais au contraire comme une tension, mais une tension qui ne sait à quoi s’employer, une tension qui s’entrave elle-même et qui se heurte au non désir de soi, produisant ainsi une sorte de « tristesse sèche ».

    En ce sens, Albert Camus écrivait : « Le dandysme est une forme dégradée de l’ascèse ». Il poursuivait : « Le dandy créé sa propre unité par des moyens esthétiques, … La créature jusque là recevait sa cohérence du créateur. A partir du moment où elle consacre sa rupture avec lui, la voilà livrée aux instants, aux jours qui passent, à la sensibilité disperse. Il faut donc qu’elle se reprenne en main. » (L’Homme révolté, 1951).  L’hystérie est une tentative d’échapper à l’acédie ; elle s’inscrit dans un système global d’économie psychique. D’où l’intérêt d’étudier, au delà de tout paradigme, les figures passées et actuelles de l’hystérie, maintenant nommée l’histrionisme.

    Certaines de ces figures ont un profil assez reconnaissable. Ne négligeons pas ce que nous dit le sens commun sur l’hystérique : celui qui « fait des histoires », le coléreux pour un rien, l’acariâtre. C’est là l’hystérie rouge pourrait-on dire. Naturellement, ces caractéristiques peuvent se trouver chez d’autres types de personnalité, le psychopathe par exemple. Elles ont par contre un sens particulier chez l’hystérique, c’est le « vouloir se faire remarquer » (comme une tour que l’on voit de loin dans un paysage – ce qui pourrait amener à évoquer une hystérie architecturale), « vouloir attirer l’attention », « vouloir être au centre des préoccupations des autres ».  

    L’hystérique est ainsi un être qui adopte une attitude de hauteur, non pas par distance radicale avec les autres, mais pour se faire remarquer. Le succès recherché et surtout affiché, ou encore la revendication insatiable peuvent être ses moyens. L’hystérique est un phobique à l’envers, il a toujours besoin d’être sûr d’être au centre de l’attention d’autrui. 

    Le mondain, le dandy, le sophistiqué

    Le mondain est une figure possible de l’hystérie, il veut être parmi ses pairs, du petit nombre de ceux « qui comptent ». Il y a une affectation dans l’hystérie. Le sophistiqué, le délicat, le maniéré sont d’autres figures possibles de l’hystérie, même si ces figures peuvent renvoyer aussi à d’autres personnalités pathologiques, narcissiques notamment, évitantes parfois (ce qui n’est pas le cas du mondain). Ces dernières figures, ces attitudes sont toutes tangentielles par rapport à la centralité : entendons qu’elles ne visent pas à la centralité d’une manière simple, classique, comme le mondain y vise, mais d’une manière détournée. Plus radicale est une autre figure de l’hystérique. Nous voulons parler de la figure du dandy.

    Il y a trois modes de repérage possibles des hystéries : en fonction de la typification des rôles sexuels (ainsi le Don Juan …), de la symptomatologie corporelle (ainsi l’hypocondriaque …), du positionnement dans le champ social. Le dandy relève de ce troisième registre. Qu’est-ce qui caractérise le dandy ? C’est un rapport à la centralité complexe. Le dandy est obsédé par la centralité, mais toutefois il ne souhaite pas participer à celle-ci n’importe comment. Il souhaite apparaître, vu du centre, comme étant aux marges, ailleurs, « différent ». L’important pour le dandy, c’est « comment on le voit du centre ». C’est là toute la différence avec le mondain qui veut être « de ceux du centre », et non seulement au centre, et encore moins « vu du centre ». Il y a une dimension « nostrique » (la nostrité, l’appartenance au « nous », à une communauté) chez le mondain (la volonté « d’en être »). C’est une dimension d’appartenance qu’il n’y a pas chez le dandy.

    Autre figure, le sophistiqué. Celui-ci  est intermédiaire entre le mondain et le dandy. Il est certes, avant tout, proche du dandy. Mais sa sophistication ne constitue pas un refus aussi radical de la « nostrité » - le sentiment d’un ‘’nous’’ -  que pour le dandy. Le sophistiqué est snob d’apparence mais il est moins méprisant que le dandy. Sa sophistication est une mise à distance des autres qui ne va pas jusqu’à l’auto-mise à l’écart du dandy entendu stricto sensus. Ceci posé, les frontières entre ces sous catégories sont minces. Ecoutons les propos du chanteur Christophe, un contemporain qui relève d’un dandysme sophistiqué : « le dandysme ce serait une différence, je n’ai jamais regardé la définition sur mon dictionnaire [le dandy ne regarde pas dans un dictionnaire mais dans son dictionnaire -JML], le dandysme ce serait une différence dans laquelle je me retrouve, qui m’appartient… Mais je peux prendre des exemples. Un dandy c’est quelqu’un qui aime avoir des exemplaires uniques – mettons, j’ai créé ces bottes : alors que d’habitude on met toujours la fermeture à l’intérieur de la jambe, sur ce modèle elles sont à l’extérieur. (…). Pour moi, le dandysme c’est l’affirmation d’une différence assumée à tous les niveaux… en ce sens on peut parler d’une attitude, mais une attitude commandée par l’esprit. » i. Le dandysme est du « beau bizarre », selon le terme du parolier Bob Decout et le titre d’une chanson de Christophe, avec toujours une dimension de nostalgie et de romantisme. Charles Baudelaire avait écrit : « Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu'il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la vie. Je dis qu'il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie non voulue, inconsciente, et que c'est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau » (1855).

    À beaucoup d’égards, le sophistiqué est proche du snob. « Il n'existe pas de snob à temps partiel ou d'intermittent du snobisme. Il s'agit d'une vocation, d'un sacerdoce, d'une carrière. » écrit Jean-Noël Liaut ii. Le terme snob vient de William Makepeace Thackeray, auteur de Barry Lindon et d’un Livre des snobs, publié en 1848.  Le snob, qui tient à la fois du sophistiqué et du mondain, est d’emblée un être marqué par un décalage. Il veut paraître au dessus de ce qu’il est socialement. Il aspire, note l’historien Frédéric Rouvillois, « à un statut supérieur au sien ; [c’est en ce sens] un intrus, un imitateur, un vaniteux. » iii. A la fin du XIXe siècle, le critique littéraire Jules Lemaître écrit que le snob est un « mouton de Panurge prétentieux, un mouton qui saute à la file, mais d’un air suffisant. » Le snob peut aussi être proche du dandy quand ce dernier est un mondain paradoxal.

    Ainsi était Arthur Meyer, issu d’une famille juive, fondateur du Musée Grévin, boulevardier notoire, comploteur au coté de la royaliste duchesse d’Uzès, qui fut, au tournant du XIXe et du XXe siècle un dandy caractérisé, cherchant à dérouter par rapport à ses origines et à être où on ne l’attendait pas.  C’est ainsi que ce fils de rabbin devint catholique, antidreyfusard et royaliste. Néanmoins, il se bâtit en duel avec l’antisémite Edouard Drumont et fut attaqué par l’Action française. Il était par ailleurs  patron du journal Le Gaulois, un titre qui évoque un journal populaire et qui était au contraire un quotidien peu diffusé, aristocratique et mondain, qui finira racheté par Le Figaro en 1929. Un homme de paradoxes savamment entretenus. 

    Arthur Meyer lui-même voyait dans le snobisme « le refuge naturel d’une société à laquelle la république a refusé toutes les réalités, et qui est condamnée à se contenter des apparences. » Il en ressort en tout cas clairement que le snobisme et le dandysme sont ici la même chose – une chose qui consiste à vouloir apparaître en écart avec les conventions. A l’extrême, et sans le talent d’Arthur Meyer, cela produit des gens en décalage mental avec leur situation réelle, dans une sorte de paraître sans être et qui vivent, en termes heideggeriens, sans authentique « être-là ». Toutefois, il ya bel et bien une différence entre le dandy et le snob. Emilien Carassus allait même jusqu’à dire que le snob est une « falsification du dandy ». Pourquoi ? Parce que le snob cherche à paraître au dessus de ce qu’il est dans la hiérarchie sociale, tandis que le dandy cherche à imposer sa propre image « décalé ».

    L’attitude dandy vise à essayer d’attirer les regards mais pour dire « je ne suis pas celui que vous croyez que je suis ». Cette dérive de l’identité trouve un terrain fertile dans les temps modernes. Pourquoi ? Parce que les identités de rôle y sont de moins en moins données d’avance. Les incertitudes identitaires peuvent ainsi déployer leurs figures à foison. En outre, les sociétés démocratiques amènent à un certain nivellement apparent des moeurs. Dans le cas de ces sociétés, l’attitude dandy a pu être analysée, de manière sans doute trop complaisante, mais qui contient une part de vrai, comme « une réaction pour établir la personne humaine dans ce qu’elle a de beau, d’unique, face à une société qui tend à uniformiser, à réduire les êtres » iv. C’est par réaction à cette uniformisation, et parfois par envie de situations sociales supérieures que le dandysme  trouve à s’employer en mobilisant les artifices du snobisme.  Il semblerait d’ailleurs que snob veuille dire « non noble » et, en ce sens, Marcel Proust v parle quelque part d’une femme « snob bien que duchesse » - ce qui semble bien indiquer une antinomie.

    Dans le foisonnement de ces figures, la moins hystérique est le mondain, qui est dans le registre d’un certain plaisir de la vie sociale (cf. le poème de Voltaire qui porte ce nom), puis vient le sophistiqué qui correspond à une hystérie plus grande, ou en tout cas à une névrose plus prononcée, puis enfin le dandy, qui est dans l’esquive permanente, et dans l’hystérie la plus pathologique.

    Qu’est-ce à dire quand nous parlons de figures plus ou moins hystériques ? C’est ici qu’il est nécessaire de revenir sur la symptomatologie complexe de l’hystérie. Elle n’est pas spectaculaire. Nous avons tous en tête l’image de l’hystérique comme celui, celle qui « en fait trop ». Mais l’hystérie peut être discrète. Et le dandy se rapproche alors de la discrétion de l’hystérie quotidienne. Petite description phénoménale de cette dernière. Une femme entre dans une rame de métro. Habillée en rouge. Elle se précipite vers une place assise, et ouvre immédiatement, visiblement en état d’urgence, la fenêtre pour avoir plus d’air. Sans bien sûr demander si cela gène quelqu’un (nous sommes en mai, ce n’est pas la canicule). Elle se rassoie, serre ses sacs contre elle, sourit (se sourit à elle-même), témoignant du sentiment d’avoir réussi sa mission : trouver une place, l’aménager, s’y installer. Trente secondes plus tard, elle baille ostensiblement (l’ennui arrive vite chez l’hystérique). Puis son vis-à-vis se lève, elle se précipite alors pour s’asseoir à la place laissée vacante, le tout rigide, lèvres serrées. C’est cela l’hystérie : surjouer le quotidien et le banal, et exactement surjouer l’instant, bien plus souvent que « faire des crises d’hystérie » même si cela peut être une modalité. L’hystérique surjoue l’instant car « l’instant est le sommet de la centralité ».  

    La fausse concision du style dandy

    A la discrétion de l’hystérie quotidienne répond la sobriété du style dandy. Le style dandy, ce n’est pas l’extravagance, celle par exemple des Merveilleuses  du Directoire, extravagance toute dans la centralité et dans une sorte d’égalitarisme de la centralité. Ce qui caractérise le style dandy, c’est la sobriété vi. Mais il y a dans cette sobriété quelque chose de décalé. Cette sobriété est une fausse concision. Elle est elliptique. Il y a ainsi, dans le dandysme littéraire, un « reste à dire », et, dans le dandysme vestimentaire, un subtil décalage qui dit : « Je ne suis pas là où vous croyez. Et je ne suis pas celui que vous croyez ». Le dandy aime le simulacre, et tout particulièrement le simulacre du naturel, le faussement négligé par exemple. 

    Au plan littéraire, le dandysme est toujours de l’auto-narration. Le sujet et l’auteur sont mélangés. Tout est peu ou prou auto-portrait chez le dandy. Le dandy affectionne la litote, celle-ci qui est, relève Clément Rosset, « la caricature du secret, ou encore son échec, puisque la chose que l’on prétend voiler y est, non pas dissimulée ou diminuée, mais au contraire présentée sur un plateau et proposée, démesurément grossie, au spectacle universel » vii.

    Remarquons la fausse concision du style littéraire dandy maintenant. C’est le fait que l’abondant, le florissant, auxquels on pourrait s’attendre (le baroque en d’autres termes) sont remplacés par un style « court », qui, à défaut d’être vigoureux, est une forme brève de la grandiloquence. C’est une hystérie discrète, une sorte d’hystérie blanche. Le dandy porte des masques. Mais ceux-ci ne cachent pas une personnalité secrète – un secret romantique, une sombrerie, ni même des personnalités multiples -, ils masquent plutôt l’absence de personnalité. 

    Ce qui  tient lieu de personnalité au dandy, c’est le fétichisme. Pour le dandy, sa singularité se joue socialement et lui tient lieu d’identité. Le dandy ne s’approprie pas son propre désir ; il vit à travers le regard des autres. Sa singularité  est validée par et seulement par le regard des autres. Pour le dandy, l’autre ne sert qu’à cela : servir de miroir. Conséquence : l’autre au sens de la concrétude d’une autre personne humaine n’existe tout simplement pas pour le dandy. Le dandy est en un sens rabattu sur son identité idem et non sur son identité ipsé, mais ce qui compte pour lui, c’est moins son rôle réel que celui que lui attribuent les autres. Le dandy est un être à regarder, il érotise son « être vu » qui est un « être à voir ». La panne identitaire du dandy l’amène à sans cesse surenchérir dans le déploiement du style viii. Le dandy aime la parade : c’est une « vamp » masculine. Ce qu’il aime dans la parade, c’est le signifiant, pas le signifié : les signes de la virilité par exemple, pas son exercice. (En ce sens on peut considérer que H-P Lovecraft était exactement un dandy comme le montre Lyon Sprague de Camp ix).

    Ce qui importe au dandy, c’est comment on le considère socialement. Le dandy refuse tout échange social normal, il organise les conditions pour que tout don n’entraîne jamais un contre-don, pour prendre chacun à rebours. Exemple : quelqu’un signala une fois à Brummell qu’il le trouvait fort élégant. Réponse de Brummell : «  Hélas non, puisque vous l’avez remarqué ». L’attitude du dandy est de chercher à être remarqué mais en faisant toujours la « fine bouche », ce qui est bien sûr une position « féminine », entendons par là, une position correspondant à la représentation sociale de la position féminine. 

    Chose importante, cette attitude va avec un antiféminisme théorique fort : le dandy se veut un être « froid » à l’opposé de la « chaleur » féminine et de ses « pleurs ». Barbey d’Aurevilly nous dit que le dandy voit les femmes comme de « dramatiques machines à larmes ». De fait, l’antiféminisme du dandy est radical, bien que lui-même représente plus un troisième sexe que le sexe masculin. Mais précisément, si le dandy était homme, il se distinguerait de la femme sans avoir à la haïr.

    L’antiféminisme du dandy est lié à sa haine de la « nature », à sa détestation de la « campagne ». Baudelaire écrit : « La femme est le contraire du dandy. Donc elle doit faire horreur. La femme a faim et elle veut manger. Soif, et elle veut boire. Elle est en rut et elle veut être foutue. Le beau mérite ! La femme est naturelle, c’est-à-dire abominable. Aussi est-elle toujours vulgaire, c’est-à-dire le contraire du Dandy. » (Mon cœur mis à nu. Journal intime). Le dandy déteste la femme mais il vomit aussi l’amour, qu’il renvoie à la perte de l’identité individuelle. Même jouissant, le dandy reste un avare et un coquet. 

    Offert, mais imprenable, le dandy fait de lui-même un objet de consommation. Son désir, c’est d’être désiré, et c’est même là son seul désir. Il esthétise la vie sociale elle-même en même temps qu’il l’érotise. L’essence du dandysme n’est aucunement, comme croit pouvoir l’avancer Michel Onfray, « la rébellion perpétuelle, le refus du grégarisme, l’éloge de l’individu, l’insoumission permanente » x. D’une part, le dandy est bien trop froid pour être comparable à un volcan, d’autre part il n’est ni un anarchiste, ni un rebelle, ni un « sculpteur d’énergie » comme aimerait le croire Onfray. Il n’est ni l’anarque de Jünger, ni Napoléon, ni Stendhal.  Le dandy a le souci de l’ordre – un souci exactement maniaque au sens médical du terme. « L’écriture ponctue, structure, rachète une débauche solitaire, sans en sortir, sans jamais viser,  ne fût-ce que par l’imagination, un ailleurs réel » xi.
     
    Le dandy suppose un certain style de société : il faut que l’aristocratie soit en déclin et que la démocratie ne soit pas pleinement installée. Hors ces conditions, l’extravagance a plus sa place que le dandysme à proprement parler. Mais la vanité mêlée de recherche d’originalité trouve toujours à s’employer. Barbey a ainsi pu parler de dandy d’avant le dandysme pour le duc de Lauzun, petit marquis devenu favori de Louis XIV, et on peut bien sûr trouver maints exemples de dandys d’après le dandysme.

    Mais la catégorie de dandy ne saurait être étendue sans discernement. Elle perdrait alors toute valeur en tant que forme de personnalité hystérique-histrionique. Ainsi, on peut douter que le prince Charles-Joseph de Ligne, militaire de valeur, écrivain, homme de contacts suivis avec ses pairs ait quelque chose à voir avec le dandysme : il ne suffit certainement pas d’être brillant pour être dandy, il faut être un inadapté social – et ce n’est pas donné à tout le monde ! 

    Fils de personne
    Le dandy est à l’écart de toute vraie collectivité humaine. Le dandy est « fils de personne ». Il nie les filiations, dans le sens ascendant comme descendant. Laisser des traces, non, brouiller les pistes, oui. Le dandy s’abstrait du poids de l’histoire. Il brouille aussi les appartenances sociales : elle n’est ni bourgeois ni prolétaire. Pas plus qu’il ne croit à l’histoire, le dandy ne croit à la nature. Le romantisme de la nature ? Très peu pour lui. Ni croyance au progrès ni souci d’un quelconque ordre naturel : le dandy n’est ni conservateur ni progressiste. La vision du monde du dandy est ainsi une clé de compréhension du style qu’il adopte. Le dandy voit le monde en esthète, et il le trouve laid. Voir en esthète ce qui relève du pratique permet de se donner le « luxe » de prendre un air dégouté. Le dandy privilégie les figures marginales de ce monde : l’« Apache » en 1900, le milieu « underground » de nos jours. 

    Conscient de l’uniformisation croissante du monde et des modes, le dandy réagit à cela, non par une extravagance générale mais par des particularités fétichistes. Il se veut œuvre d’art résolument fragmentaire, et non microcosmique ; il se veut à l’instar de la toile du peintre mise dans un cadre, comme ce cadre qui est partie intrinsèque de l’œuvre d’art et extrinsèque de la nature (cf. Kant, Critique de la faculté de juger, 1790). 

    Le dandy n’est pas « pittoresque » non plus qu’il ne se veut « authentique ». Il a « le besoin ardent de se faire une originalité » écrit Baudelaire (A noter que Baudelaire lui-même fut qualifié de « Boileau hystérique » par le critique Alcide Dusolier qui admirait son style sans partager son esprit). Le dandy n’est jamais naturel, et c’est son point commun avec le puritain. Il ne copie rien, mais il parodie tout. Il brouille la distinction entre l’original et la copie.  Il joue pour cela tout particulièrement sur l’ambiguïté du romantisme et du thème mélancolique. Il y a quelque chose de faisandé chez le dandy. L’esthétisation du tragique est la grande ressource du dandy, dans laquelle il puise pour orchestrer son style. 

    Cette esthétisation recherchée par le dandy est trop extrême pour ne pas donner de contre-effets. Ainsi, au plan vestimentaire, le dandy, à force de vouloir apparaître « distingué » finit par paraître surtout « décalé ». En même temps le dandy a bien vu, mieux que le mondain, que notre société n’a plus vraiment de centre, du moins fait vivre une pluralité de ceux-ci, circonstanciels, éphémères, en adéquation à des milieux et des stratégies qui ne durent qu’un temps. L’obsession de la centralité du dandy est donc doublement particulière : elle consiste à être fasciné « à rebours » donc à chercher à être en vue des marges, marges « à la mode », marges « branchées », des marges qui sont en fait des centralités périphériques ;  mais l’obsession « anti-centriste » (le dandy ne veut pas être au centre si le centre est le lieu de la banalité) du dandy est aussi en butte à l’incertitude sur ce que sont les marges et les centres ; d’où le fait que, à partir de 1848 et de l’entrée dans la modernité,  le dandy est avant tout – et paradoxalement – un homme des foules.

    ***

    Il y a une topologie particulière du dandy au XIXè siècle. Le dandy d’alors aime les « salons » puisqu’ils ont pour fonction de désennuyer et que la menace de l’ennui fait partie de l’arsenal du dandy. Il aime aussi les clubs, car on y joue sa visibilité de la centralité mais ce dans un cadre pré-choisi. Le dandy glisse alors vers le mondain. Il y a là ce que Robert Kempf appelle « une double postulation vers le cloître et la scène » xii. Mais le dandy peut aussi aimer laisser entrevoir l’ellipse de sa singularité dans la foule anonyme ou tout milieu anonyme. C’est là même tout son jeu – un jeu non conscient - proprement hystérique : se montrer, séduire et plus encore se laisser séduire (posture féminine qu’il prise), puis se dérober. Jeu de cache-cache infantile. Le style du dandy c’est apparaître, disparaître, et laisser une aura. 

    Bien entendu, le dandy ne peut travailler avec les autres, il est inapte à des relations de travail avec autrui, qui supposent engagement et fiabilité. Pour le dandy, « tout ce qui est utile est laid » comme écrit Théophile Gautier (préface à Mademoiselle de Maupin). Tout travail utile est donc laid.

    Toujours au XIXè siècle, le dandy est le promeneur de Baudelaire qui met sa singularité à l’épreuve du non sens de la société de masse, fasciné par la marchandise et, déjà, le fétichisme de la marchandise. Quand le dandy se fait homme des foules, il est toujours en retrait xiii. L’écriture d’esquisses, de croquis où il se tient à distance de lui-même peut lui tenir lieu de rôle. A l’occasion, le dandy préfèrera le « peu » du livre – de préférence sans lecteurs - au « trop » du journalisme. L’essentiel pour le dandy est de ne jamais s’engager vraiment, de refuser l’épaisseur et le poids des choses.

    Combler le vide en se tenant à distance de lui-même : c’est cela la méthode du dandy. « Le Dandy doit aspirer à être sublime, sans interruption. Il doit vivre et dormir devant un miroir. » écrit Baudelaire (Mon cœur mis à nu).  « Un dandy, écrit-il encore dans un article consacré à Constantin Guys [peintre à propos duquel Baudelaire rédige les essais Le peintre de la vie moderne], xiv peut être un homme blasé, peut être un homme souffrant ; mais, dans ce dernier cas, il sourira comme le Lacédémonien sous la morsure du renard. » De son coté, Barbey d'Aurevilly écrivait : « J'ai, parfois dans ma vie, été bien malheureux, écrivait, mais je n'ai jamais quitté mes gants blancs. » Une attitude que les Anglais résument par la formule : Never explain, never complain. Mais ce serait trop tirer le dandy vers le stoïcien que d’en rester là. Le vrai stoïcien est à l’opposé du narcissisme du dandy.

    Albert Camus remarquait : « ‘’Vivre et mourir devant un miroir’’», telle était, selon Baudelaire, la devise du dandy. Elle est cohérente, en effet. Le dandy est par fonction un oppositionnel. Il ne se maintient que dans le défi. » (L’Homme révolté).  L’archétype du dandy tel qu’il s’est définit au XIXe siècle c’est Georg Bryan Brummell (1778-1840). Le beau Brummell, d’origine modeste, fut un arbitre de la mode, ami du Prince de Galles, créateur de costume et esprit sarcastique. Il mourut ruiné après avoir fait de la prison pour dettes. Sa vie inspira Jules Barbey d’Aurevilly qui publia Du dandysme et de George Brummell en 1845 xv. 

    À cette date, Barbey d’Aurevilly est sur le point de se convertir au catholicisme. Il a abandonné les idées libérales de sa jeunesse pour se rapprocher des idées de Joseph de Maistre, doctrinaire de la contre-révolution. Son ouvrage sur Brummell est en vérité « le texte de son propre dandysme » comme écrit Fréderic Schiffter, auteur de fins essais sociétaux xvi. Comme Brummell, Barbey cherche à se « froidir » - à paraître froid. Il rappelle le principe de Brummell : restez dans le monde tant qu’on n’a pas produit d’effet, disparaître dés qu’on a produit un effet sur la société qui nous environne. Etonner plus que plaire vraiment. Garder son sang froid. Etre caustique, mais sans verve puisque celle-ci serait réservée aux passions et que le dandy n’en a pas. Savoir user du silence comme du bon goût de la fierté. Rester stoïque au point d’être parfois un martyr de la légèreté. N’accepter ne n’être fouetté que par sa propre vanité. Ne jamais rien donner aux autres et, en conséquence, en recevoir peu ou rien et ainsi être sûr de ne jamais rien perdre. N’être aimé que par spasmes. Aimer la distance non par pudeur mais parce qu’elle permet d’être fugitif. Etre ainsi un rejeté-rejetant, incompris-incompréhensible. L’ambition – car c’est bien de cela qu’il s’agit – de l’hystéro-dandy est d’être « impossible » xvii. Soyons assuré qu’il y arrive.

    La posture initiale de Brummell est toute de retenue, sobriété vestimentaire mais avec chic, sobriété de langage, pas d’engagement politique, absence de frasques sexuelles. La différence est grande avec des dandys tel lord Byron, ou, plus tard, Oscar Wilde. Comme le souligne Otto Mann, auteur de Der Moderne dandy (1925), il n’y a chez le dandy, à l’origine, rien de flamboyant mais une recherche d’équilibre – un équilibre qui se veut toutefois au dessus de la société moyenne de son temps, jugée médiocre xviii. En Allemagne, la figure du dandy est proche de celle, peu flatteuse, du Petit Bossu. Une chanson dit : « es-tu amoureux,/ lascif d'amour/ laisse moi, mon beau / voir de quoi tu as l'air? -/ Pfui! poilu,/ dandy bossu !/ Noiraud, calleux/ nain sulfureux!/ Cherche toi une fille,/ à qui tu plais! » 

    Le sentiment de médiocrité des temps présents qui affecte le dandy – à moins qu’il n’affecte seulement d’éprouver ce sentiment - se nourrit de la nostalgie d’une société plus haute comme chez Joseph Addison et Richard Steele (Les beautés du spectateur, 1801) qui exhortent à retrouver paideia (éducation au sens de formation de l’homme) et humanitas.  Dans cette perspective, William Morris, John Ruskin, Dante Gabriel Rossetti représentent un équilibre entre un certain dandysme et la capacité de création artistique. A l’époque actuelle plus encore qu’au XIXe siècle, le dandysme peut être une réaction en quelque sorte esthétique contre les sollicitations émotionnelles abusives et l’hyperémotivité ambiante – d’où la froideur affectée du dandy. « Le dandysme est un soleil couchant; comme l’astre qui décline, il est superbe, sans chaleur et plein de mélancolie.(…). » écrit Baudelaire (Le peintre de la vie moderne). Toutefois, la logique du dandysme reste pathologisante, c’est une logique de l’auto-mise à l’écart et du mépris des liens sociaux. Certes, tous les dandys ne sont pas [encore] fous, mais le dandysme rend fou.

    Il n’y a pas de dandysme sans narcissisme.  Un extrait de Maurice Barrès le montre tant par le fond que par la forme littéraire qui est la sienne : « A certains jours, se disait-il, je suis capable d'installer, et avec passion, les plans les plus ingénieux, imaginations commerciales, succès mondains, voie intellectuelle, enviable dandysme, tout au net, avec les devis et les adresses dans mes cartons. Mais aussitôt par les Barbares sensuels et vulgaires sous l'oeil de qui je vague, je serai contrôlé, estimé, coté, toisé, apprécié enfin; ils m'admonesteront, reformeront, redresseront, puis ils daigneront m'autoriser à tenter la fortune; et je serai exploité, humilié, vexé à en être étonné moi-même, jusqu'à ce qu'enfin, excédé de cet abaissement et de me renier toujours, je m'en revienne à ma solitude, de plus en plus resserré, fané, froid, subtil, aride et de moins en moins loquace avec mon âme. » (Le culte du moi I. Sous l’œil des Barbares). L’écriture – on le voit chez Barrès - fait partie du fétichisme du dandy ; c’est pour lui une façon de s’aimer narcissiquement.

    Le dandy se fait parfois aussi collectionneur. C’est encore une des formes de son fétichisme. Pierre-Marc de Biasi a prétendu que la mise en scène de collectionneurs dans les livres de Balzac constitue une compensation de « l’échec de la satisfaction sexuelle par la division fétichiste du plaisir ». La « collectionnite » du dandy peut notamment être collection de rencontres prostitutionnelles. Le dandy ne recherche pas une compagne, ni plusieurs amantes – les femmes l’ennuient parce que l’altérité l’ennuie – il recherche des jeux de miroirs, et la prostituée, par la multiplicité des désirs qu’elle « centralise », dont elle est, en d’autres termes, le réceptacle, parvient bien à donner la réplique au dandy.  Par son biais,  il s’opère en sorte un transfert de centralité au profit du dandy. Avec la prostituée, le dandy en a, dans tous les sens du terme, pour son argent. La marchandisation, il l’a, la fétichisation du corps, le sien et celui de la femme, il l’a. L’anhistoricité de son acte, il l’a. La séduction et l’esquive, il l’a. Fausse séduction et vraie esquive bien sûr. Mais n’est-ce pas exactement ce qu’il recherche ? Sauf accident, qui serait l’apparition d’un don ou d’un contre-don, le dandy a donc tout ce dont il a besoin pour alimenter son autoportrait. La prostituée, à la fois « duchesse » et « grisette », soumise et maîtresse du jeu, satisfait aussi le goût du dandy pour le brouillage des identités tout autant que pour la généralisation de l’échange marchand. Il y a là une fascination dans laquelle Georg Simmel voyait une antidote à l’angoisse du pur objet (Philosophie de l’argent, 1903).

    Le dandysme comme ennui de l’autre

    Dans tous les cas, le dandy est un personnage à qui il n’arrive rien, au sens où il n’est jamais changé, jamais affecté par ce qui lui arrive ; il n’est pas sujet à de vraies émotions, et encore moins à de vrais changements de direction de vie. Le dandy n’est d’ailleurs pas sujet du tout, il est l’objet de son dandysme, le dandysme l’agit, il est la femelle de son dandysme. C’est pourquoi A rebours, le roman de Huysmans dont le personnage est Les Esseintes est un roman « sans action ni dialogue ». Pour le dandy, il ne se passe jamais rien. 

    Le dandy est fétichiste. La fétichisation des morceaux du corps, et du corps en morceaux correspond aussi à cette fascination exercée par la prostitution. Pour le fétichiste, c’est précisément la valeur d’échange qui est plus fascinante que la valeur d’usage. La femme peut aussi représenter, comme Salomé dans A Rebours de Huysmans « la déité symbolique de l’indestructible Luxure, la déesse de l’immortelle Hystérie, la Beauté maudite » . Là encore, il s’agit d’esquisser, et non de représenter : Salomé n’est pas l’hystérie mais sa déesse. Esquisser et esquiver : le goût de l’hystérique est dans l’inachèvement. Aucun aboutissement n’est possible. L’hystérique est hors désir : si le mélancolique peut être au delà du désir, - il l’a expérimenté et il l’a déposé dans un passé qui n’est plus –, l’hystérique est en deça.  

    L’ennui est la coquetterie du dandy. C’est son fétiche. Mais quand il n’y a que de l’ennui, il n’y a pas forcément dandysme, il peut n’y avoir que la simple figure du bohème, celui qui rechigne à s’engager dans le monde, qui est chichiteux, en somme, quant aux prises de parti dans le domaine professionnel, amoureux, politique, sociétal. C’est en ce sens que le bohème se cherche voire se dérobe au sens de l’esquive et de la latéralité dandyste. Mais le terme bohème désigne plutôt un mode de vie alors que dandy désigne une organisation de la personnalité. 

    C’est naturellement un ennui de l’autre qu’éprouve le dandy, puisque l’autre ne l’intéresse pas bien qu’il en ait besoin continuellement comme miroir. C’est le cas échéant un ennui de la femme (comme figure de l’autre). L’ennui a l’avantage pour le dandy d’être auto-référentiel. Il est aussi inspiré du modèle culturel féminin de l’attente, l’attente du prince charmant irréel, le réel n’étant « jamais assez bien ».  Le dandy prétend réagir à l’ écoeurement d’un monde où « tout se répète » mais c’est surtout lui qui ne sait pas se renouveler.

    Qu’est ce que l’ennui ? Le sentiment de non implication dans le monde, un sentiment de non responsabilité de soi. Le dandy vit avec un sentiment d’étrangeté au monde – alors que le monde est, que cela plaise ou non au dandy, le seul accès au soi (il n’y a pas de « soi intérieur », de soi hors monde, hors l’épreuve du monde et les preuves du monde). Le rapport du dandy au monde, c’est un  romantisme dans le plus mauvais sens du terme. C’est le roman préféré à la vie. C’est une « neurasthénie délicate » (Emilien Carassus). C’est pourquoi, si le dandy se veut élégant, il n’est jamais, dans la mesure où il n’aime personne, « un vrai gentleman », comme le remarqua William Maginn.

    L’incertitude identitaire de celui qui s’ennuie se voit bien dans ce propos de Barbey d’Aurevilly : « Je ne sais pas ce que j’aurais donné ce soir pour ne pas être moi-même ». Attention : ce dont il est question n’est pas la panique du phobique qui ne supporte pas la centralité qu’il pense devoir assumer et dont il surestime l’impact. L’ennui, c’est l’ère du vide et ce n’est donc ni la phobie ni le tourment des passions. Léo Bersani disait que le dandysme était « une forme d’individualité non personnelle ». Comme la femme fatale, le dandy n’est personne. A la chaleur des passions, le dandy préfère l’ennui froid. Ennui de s’être perdu lui-même. Froideur de ne pouvoir s’aimer, et ainsi de pouvoir aimer les autres. Une hystérie blanche comme nous l’avons écrit plus haut.
    Dans le mélange d’apparaître et de retrait, et de dérobade du dandy, il y a un problème de distance. Le dandy n’a pas la bonne distance de celui qui a vécu, le dandy a le figé de celui qui ne peut s’engager dans le monde mais ne peut néanmoins plus se prévaloir de sa juvénilité. Le dandy met trop de distance dans ses relations sociales, distance à lui, distance aux autres, mais il a peur de cette distance et tente de l’apprivoiser par des pirouettes. 

    Pierre Le Vigan

    Notes et références

    1) Christophe, Résonances de l’inconnu,  entretiens avec Jean Cléder, Ennoïa, Rennes, 2005.
    2) Petit dictionnaire du snobisme contemporain, Payot, 2006.
    3) Histoire du snobisme, Flammarion, 2008.Histoire du snobisme, Flammarion, 2008. 
    4) Michel Le Maire, Le dandysme de Baudelaire à Mallarmé, Klincksieck, 1978.
    5) Proust lui-même faux dandy, d’une part parce qu’il était grand travailleur, d’une part par son humour caustique. Ne traitait-il pas Robert de Montesquiou de Grotesquiou – terme qui semble toutefois dû à Jean-Louis Forain ? 
    6) cf. aussi Frédéric Rouvillois, Histoire du snobisme, op. cit., chap. 11, « Apparences, élégances ».
    7) Le réel. Traité de l’idiotie, Minuit, 2004.
    8) cf. Françoise Coblence, Le Dandysme. Obligation d’incertitude, PUF, 1988 et « Le dandysme et la règle » in Alain Montandon direction, L’honnête homme et le dandy, Etudes littéraires françaises, Gunter Narr Verlag Tübingen, 1993.
    9) H-P Lovecraft : Le Roman de sa vie, éd. Durante, 2002. 
    10) Le désir d’être un volcan. Journal hédoniste, Grasset, 1998, et Livre de poche.
    11) Michel Beaujour, Miroirs d'encre. Rhétorique de l'autoportrait. Seuil, 1980.
    12) Roger Kempf, Dandies. Baudelaire et Cie, Points-Seuil, 1984.
    13) cf. Henriette Levillain, L’esprit dandy. De Brummell à Baudelaire, José Corti, 1991.
    14) Cf. Constantin Guys, Fleurs du mal, dessins, éd. Musée de la vie romantique, diff. Actes sud, 2002.
    15) Rivages-poche, 1997.
    16) notamment une Lettre sur le dandy, une Métaphysique du frimeur, une Lettre sur l’élégance,  une préface à Du dandysme de Barbey, ….
    17) cf. Françoise Dolto, Le dandy solitaire et singulier suivi de Le dandy une figure de proue, Gallimard-Le Mercure de France, 1999.
    18) cf. Günter Erbe, Dandys. Virtuosen der Lebenskunst, Böhlau-Verlag GmbH, Köln, 2002.

    Source : Esprit européen

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Islam : ce qu’Alain de Benoist ne veut pas voir…

    Alain de Benoist est indéniablement un grand penseur, un érudit universel, un esprit encyclopédique, un touche-à-tout de génie, bref, comme l’on disait dans les pièces de Molière, un « honnête homme ».

    L’auteur de ces lignes, bien que n’étant pas un zélateur de la mouvance « Nouvelle Droite », s’est, nonobstant, abondamment nourri de ses prolifiques travaux et continue d’ailleurs à s’y référer. Cependant, la dilection intellectuelle n’interdit pas d’éventuelles divergences. Il en est une, en l’occurrence, qu’il convient de soumettre à débat, tant elle est partagée par un grand nombre d’intellectuels voire de politiques ou de journalistes.

    Dans l’entretien qu’il a confié à Boulevard Voltaire, Alain de Benoist ironise et, semble-t-il, s’agace que l’on globalise l’islam au détriment d’une approche plus fine qui rendrait compte plus fidèlement de l’éminente complexité de la troisième religion du Livre. Et d’en conclure, péremptoire, que « mettre dans le même sac les problèmes de l’immigration, de l’islam, de l’islamisme et du djihadisme est la marque de fabrique des paresseux ». [...]

    Aristide Leucate - La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net

  • Journalisme, ou propagande ? par Le Crieur du Cœur

    Propagande, et pas qu’un peu !!! Même et surtout en «journalisme» de bureau; donc très loin des décisions ultrarapides que tout bon photoreporter doit souvent assumer (j’en sais quelque chose, j’ai aussi été photographe de Presse dans des lieux pas très pacifiques...), et choisir tel ou tel aspect de ce qui peut prendre la plupart du temps l’aspect d’un événement essentiel mais ne l’est pas forcément, donc «sélectionner» froidement telle ou telle image à publier. Ce n’est plus, n’est pas, ne peut jamais être un acte neutre.

    Il y a aujourd’hui au moins cent millions de personnes dans le monde qui, fût-ce avec un téléphone portable, peuvent photographier tout événement dramatique ou politique : souvenez-vous des événements au Caire.... Donc, choisir un jury de «seulement» 5666 (quel nombre bizarre, qui pue le coup monté !!!), soit à peu près un pourcentage de 1 sur 17.668 possibles, ce n’est pas, vraiment pas, une garantie d’objectivité !!! Et là où cette proportion devient un scandale, c’est quand une organisation qui ose prétendre représenter la Presse mondiale s’adjuge la capacité et le droit d’affirmer la valeur de telle ou telle image et de la récompense; alors là, en toute vérité, elle dépasse toutes les bornes, que ce soient les bornes de l’objectivité mais aussi et surtout celles de l’honnêteté, non seulement mais surtout de la morale (celles qui n’ont pas de prix parce qu’il augmente toujours !!!)...
    Sans même rappeler que 2013 vient seulement de commencer, et nous réserve encore plus d’un évènement marquant, choisir la photo d’une exhibition mortuaire (quelle civilisation trimballe ses morts en parade?) surtout lorsqu’il s’agit des victimes d’une guerre qui n’ose pas afficher son nom (subventions oblige !!!) paraît pour le moins outré (« World Press Photo, cité  par Valeurs Actuelles, N° du 21 février, page 36, sans le moindre commentaire...).
    Il ne m’appartient de juger la guerre qui oppose l’entité Gaza à son propre peuple et à son pays sans État : la Palestine, et aussi à son voisin Israël. Mais célébrer ainsi des morts victimes de représailles contre des actes terroristes (roquettes lancées sur des civils) provoqués par le refus de la résolution 242 des Nations Unies – ce «machin» disait De Gaulle), paraît pour le moins très orienté, et fort peu journalistique !!!  Enfin, quoi ?
    À quoi rime l’action de donner un « prix 2013 » alors que l’année est à peine commencée ? À quoi rime de biffer tant d’évènement mille fois plus graves et plus dangereux ?
    À quoi rime de négliger la tentative de conquête islamiste du Mali et des tortures, des mains coupées, des femmes violées puis lapidées ?
    Pourquoi ne pas dénoncer l’embrigadement des jeunes filles de Corée du Nord ?
    Pourquoi ne jamais montrer les victimes des explosions d’autobus civils de Tel Aviv ?
    Pourquoi négliger les destructions systématiques de mausolées historiques mahométans à Tombouctou ?
    Pourquoi ne pas montrer l’affront du brandissement de drapeaux étrangers sur la place de la Bastille ?
    Pourquoi ne pas montrer la sortie fière des pirates somaliens acquittés par une «justice» française ?
    Pourquoi oublier la réplique immédiate sans appel et conforme à la loi historique maritime internationale, qui a été récemment appliquée sans délai par la marine de guerre russe, qui  n’a pas hésité à torpiller le navire d’autres pirates somaliens ?
    Et, si toute tristesse devait être ainsi affichée,  pourquoi alors ne pas montrer la douleur de l’épouse du soldat français tué en Somalie par d’autres commerçants d’otages lors d’une tentative courageuse de libérations de Français ?
    Pourquoi, si tant est qu’il puisse ne s’agir que d’un accident de l’Histoire, négliger l’accaparation des printemps arabes par des extrémistes ultra-religieux, qui n’hésitent pas à violer en groupes et en public des opposantes de leur peuple et même des femmes journalistes étrangères ?
    Pourquoi aussi feindre d’oublier que deux jeunes filles quelque peu idéalistes sont brimées pour deux ans et brisées dans un camp du goulag restant ouvert, pour avoir simplement pour avoir chanté sans permission dans une cathédrale de Moscou ?
    Et pourquoi pas la douleur de la mère des soldats français assassinés à Toulouse ?
    Et pire encore, la détresse des Kurdes, peuple coupé en quatre pas des frontières qui ne sont pas les siennes ?
    Tous ces faits et tant d’autres, justes donc politiquement incorrects devraient être oubliés ???
    Pourquoi enfin, alors que la Presse étasunienne se dit informative et objective, pourquoi se laisse-t-elle embrigader par un tel parti pris ?
    Et pourquoi un journaliste (???) suédois se mêle-t-il d’un conflit historique vieux de plus d’un siècle dans une région aux conflits millénaires, ignorant des problèmes cent fois plus graves et mille fois plus dangereux... mais plus loin de Stockholm !!! Peut-être était-ce par prudence : il est plus facile de photographier une parade de cadavres que d’aller là où les drones châtient les terroristes, et là où des autobus explosent...
    Le grand écrivain russe, Boris Pasternak, a mis dans la bouche de l’un des personnages de son livre « Le docteur Zhivago » la triste constatation suivante : « ...(la dictature a dû) les convaincre à voir ce qui n’était pas là ; et à affirmer le contraire de ce que leur yeux montraient.) »
    Hélas ! Il semble de plus en plus souvent que des « néo-munichois » n’attendent même plus le déploiement d’une «cinquième colonne» pour s’empresser de lécher les bottes de qui leur promet un monde meilleur... demain !!!¢

    http://www.francepresseinfos.com/