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  • Discours de Paul Déroulède sur Jeanne d’Arc à Orléans (1909)

    A l’occasion de la Béatification de Jeanne d’Arc, de grandes fêtes populaires ayant été organisées à Orléans le 6 mai 1909, Paul Déroulède s’y rendit à la tête d’une délégation de la Ligue des Patriotes, pour déposer une couronne sur le monument de la bonne Lorraine. Voici le très beau discours qu’il prononça au banquet qui suivit cette manifestation patriotique :

    Mesdames,
    Messieurs,

    Il n’est pas de disposition d’esprit plus fâcheuse pour un auditoire que de s’attendre à un discours tout différent de celui qui sera prononcé ; il n’est pas non plus de déception qui puisse être plus funeste à un orateur. Je répéterai donc bien vite et bien haut ce qu’a si sagement écrit mon ami Marcel Habert dans le journal la Patrie. Je ne suis venu ici ni pour faire une manifestation politique, ni pour invectiver les ministres, les ministériels et le régime parlementaire, que je juge pourtant fort coupables ; j’y suis venu pour saluer Jeanne d’Arc, pour parler de Jeanne d’Arc, et pour la saluer et pour en parler en patriote chrétien que j’ai toujours été, en républicain catholique que je serai toujours.

     

    Je ne voudrais pourtant pas, messieurs, que cette profession de foi — c’est bien le mot — puisse être attribuée par vous, soit à l’émotion que m’a mise au cœur la pieuse et magnifique cérémonie de tout à l’heure, soit à la reconnaissance qu’a fait naître en moi le geste inspiré par lequel Pie X a porté à ses lèvres le drapeau de la France. Je n’ai attendu ni ce pèlerinage à Orléans, ni cet émouvant écho des cérémonies de Saint-Pierre de Rome pour être ce que je suis et penser ce que je pense. Je rappellerai qu’il y a vingt ans, j’ai tenu ce même langage à la tribune de la Chambre en réponse à la proposition d’un garde des sceaux tendant à supprimer le Dimanche comme jour férié et je rappelle également que, pendant ma dernière campagne électorale en Charente, j’ai aussi nettement réclamé la revision des lois constitutionnelles que la revision des lois antireligieuses.

    Vous me direz peut-être que cela ne m’a pas beaucoup réussi, j’en demeure d’accord, mais vous m’accorderez bien à votre tour qu’à aucune époque de ma vie publique, ce n’a été sur le succès ou sur l’insuccès de mes idées que j’ai réglé ma conscience et mes convictions.

    Ceci posé, me blâme qui voudra, sourie qui voudra, mais qui m’écoutera n’est exposé du moins à aucune surprise et à aucun malentendu.

    Etre de cœur avec les gens n’est trop souvent qu’une formule d’égoïsme et de paresse, il faut, dès qu’on le peut, y être de corps.

    Et ce n’est pas seulement pour les amis vivants qu’il faut prendre la peine de se déranger et de se déplacer, c’est aussi pour les amis morts. Voilà pourquoi mes camarades parisiens et moi sommes venus aujourd’hui à Orléans! Car n’est-ce pas, patriotes, le fait qu’elle ait été promue par l’Église au rang de bienheureuse ne nous empêche pas de considérer toujours la grande Jeanne d’Arc comme notre grande amie. Il y a si longtemps que nous l’aimons d’avoir aimé la Patrie, si longtemps que nous l’admirons d’avoir si généreusement offert sa vie pour empêcher la mort de sa nation ; si longtemps que nous la bénissons d’avoir sauvé la terre et la race, le sang et l’âme de la France ! chère et sainte paysanne, ce n’est pas nous qui contesterons la vérité de ton affirmation ! Assurément oui ! Ta mission était de Dieu, puisque aussi bien il n’est pas dans toute notre histoire de plus divin miracle, il n’en est pas de plus évident que ton apparition libératrice.

    Certes, il y a eu avant elle, il y a eu après elle, de glorieux hommes de guerre élevés dans le métier des armes, de vaillants hommes du peuple enrôlés sous nos drapeaux qui ont utilement et héroïquement servi la Patrie, mais ni avant elle, ni après elle, ni en France, ni en Europe, ni dans l’univers entier, aucune fille des champs ne sachant « ne A ne B » comme elle le disait naïvement elle-même, ne s’est tout à coup métamorphosée en chef d’armée, n’est tout à coup devenue un capitaine victorieux, n’est passée tout à coup du modeste rôle de gardeuse de brebis, au rôle sublime de gardienne du royaume, de conducteur de peuple, de créatrice de courages, de pasteur d’âmes !

    Je sens, messieurs, à quel point est grammaticalement incorrect ce mélange de qualificatifs féminins et masculins, mais il n’est guère possible de parler autrement de cette héroïne qui fut un héros, de cette jeune fille qui a été notre bon ange, de cette créature exceptionnelle qui est un être sans pareil !

    C’est qu’en effet, Jeanne d’Arc avec tout son courage et toute sa charité, tout son enthousiasme et toute sa sagesse, toute son éloquence et toute sa sagacité, Jeanne d’Arc est en même temps une Française et un Français, elle est bien plus, elle est la France même !

    Quelqu’un d’entre vous a-t-il jamais dénombré combien d’années ont suffi à cette fille au grand cœur pour mettre dans notre histoire ce rayon pur et lumineux que rien n’efface, que rien ne ternit, que rien n’égale ; dont cinq siècles passés n’ont fait que raviver la splendeur ; que les matérialistes se sont en vain efforcés d’éteindre et que le jugement de l’Église a définitivement transformé hier en une auréole de béatitude ?

    Deux ans ! En vérité, oui, messieurs ! la mission de Jeanne d’Arc sur la terre de France n’a duré que deux ans. Elle est née à la gloire humaine le 8 mai 1429 en cette même ville d’Orléans qu’elle délivra ! Elle est entrée dans la gloire éternelle le 30 mai 1431, au milieu des flammes du bûcher de Rouen qui fut tout ensemble sa transfiguration et son calvaire.

    Et à quel âge la glorieuse Pucelle avait-elle déjà rempli son extraordinaire destinée ? Ce serait à ne pas le croire, si les textes n’étaient là pour le confirmer : Jeanne d’Arc a dix-sept ans quand elle se présente à la Cour du petit roi de Bourges, elle n’en a pas dix-neuf quand elle comparaît devant l’odieux tribunal présidé en fait par l’indigne évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, mais dirigé, excité, soudoyé par le cruel Warwick, mandataire spécial du roi d’Angleterre.

    Vous rendez-vous compte, messieurs, de tout ce qu’il y a d’inouï, de prodigieux, d’incompréhensible, et par cela même d’inexplicable pour toute science purement humaine, non pas seulement dans les hauts faits de la guerrière improvisée ou dans la constance de l’indomptable prisonnière, mais en particulier et précisément dans la résolution initiale de l’humble bergère de Domrémy ?

    Perdue au fond d’un obscur village du pays lorrain, isolée avec ses troupeaux au miheu des champs et des bois, n’étant ni assez riche pour avoir à craindre pour ses domaines, ni assez pauvre pour avoir à fuir la misère, n’ayant aucun intérêt personnel, aucun esprit de vengeance ou d’ambition, sans autre guide que son instinct, sans autre aide que sa foi, la noble créature a conçu à elle seule et par elle-même ce que devait être une nation, ce qu’était une Patrie. Elle a souffert des maux de la France, elle a saigné de ses blessures, elle s’est désespérée de ses défaites et de son invasion, comme d’un mal personnel, comme d’une plaie à son propre corps, comme d’une atteinte à son propre honneur.

    Car ses voix du ciel, dont je ne doute pas, ses voix ne se sont pas adressées à une indifférente, elle ne sont pas venues réveiller un cœur endormi ; elles ont plutôt fini par répondre aux supplications, aux prières et aux angoisses incessantes d’une âme déchirée « par la grande pitié qui était au royaume de France ». Tout a été dit, messieurs, et admirablement dit depuis plusieurs années, depuis quelques semaines, aujourd’hui même au sujet de cette Patriote, unique au monde, que le souverain pontife vient de glorifier et dont tous les Français vraiment Français n’ont jamais cessé et ne cesseront jamais de se glorifier eux-mêmes. Mais de ce que l’adorable fille a reçu, de la bouche des orateurs les plus éloquents et les plus autorisés, des éloges dignes d’elle, il ne s’ensuit pas que je veuille et puisse refuser un verset de plus à ses litanies, une strophe de plus à son hymne, une génuflexion de plus à son nouvel autel.

    La plus belle biographie de Jeanne d’Arc ce ne sont d’ailleurs pas ses admirateurs qui l’ont écrite, sa plus triomphale apologie ce ne sont pas ses défenseurs qui l’ont rédigée, c’est tout d’abord très inconsciemment, et à coup sûr tout à fait contre son gré, le greffier du tribunal de Rouen chargé d’enregistrer au jour le jour les interrogatoires et les réponses de « Jehanne, dite la Pucelle, menteresse, pernicieuse, abuseresse de peuple, devineresse et mécréante » ainsi que la qualifiait péremptoirement l’arrêt infâme du non moins infâme évêque Cauchon.

    Son second panégyriste plus sincère, mais non pas plus convaincant que le premier ce sera, quelques années plus tard, un autre greffier d’un autre tribunal, le tribunal de réhabilitation celui-là, et dont le volumineux compte-rendu abonde en témoignages contemporains sur la pureté, sur la vertu, sur la vaillance physique et sur la valeur morale de cette vraie madone de la Patrie.

    Ces deux documents d’un intérêt poignant et passionné n’ont été publiés pour la première fois dans leur texte intégral que vers le milieu du siècle dernier. De là vient selon moi le long intervalle de temps qui s’est écoulé entre la justification de 1456 et la béatification de 1909. Je serais assez porté à croire que c’est l’étude attentive de ces deux procès qui a inspiré au pieux et érudit évêque Dupanloup la première idée de sa requête au Saint-Siège en faveur de la canonisation de Jeanne d’Arc. Quant à moi, je n’ai pu consulter les pièces authentiques sans que les larmes ne m’aient maintes fois jailli des yeux, et j’ai puisé à leur double source l’admiration émue et émerveillée que j’ai le désir et que je voudrais avoir le pouvoir de faire passer de mon cœur dans vos cœurs.

    Tout d’abord et pour répondre aux sceptiques qui sans autre motif que leur scepticisme même ou que leur indulgence sur ce point émettent volontiers des doutes sur la virginité de cette intrépide chevalière qui passait six jours et six nuits avec son harnois de guerre sur le dos, je leur affirme, et mon affirmation s’appuie sur des textes, que de sa première à sa dernière parole, Jeanne d’Arc a toujours témoigné qu’elle attachait une importance religieuse, ou si les sceptiques l’aiment mieux, superstitieuse, à conserver sa pureté d’âme et de corps.

    « Tant que je me garderai pure, disait-elle, les saintes ne m’abandonneront pas, et si je meurs comme je suis née, elles m’ont promis le Paradis ». Jeanne se plaisait en outre à répéter à elle-même et aux autres, ainsi que le raconte une de ses amies de Vaucouleurs, certaine prophétie annonçant que la France perdue par une femme serait sauvée par une vierge des marches de Lorraine… Et puis en vérité, entre son adoration pour Dieu et sa passion pour la France, quelle place aurait pu trouver dans ce cœur déjà si plein une quelconque de nos amours humaines ?

    Plus naturel serait-il encore de la taxer de folie que d’impureté.

    Mais Jeanne n’était pas plus folle que dissolue. Très au-dessus de l’humanité par la sublimité de son sacrifice aussi voulu que consenti, elle se montre logiquement et simplement humaine dans ses relations de la vie quotidienne, charmant jusqu’à ses compagnons d’armes par sa bonne humeur et par son bon sens. Tout en étant une créature d’extase et de foi, elle n’en était pas moins un être de réflexion et de raisonnement. La Providence lui a fort heureusement permis de faire cette importante démonstration en épargnant sa vie sur les champs de bataille.

    Si, en effet, la sainte héroïne y fût tombée frappée à mort, même en un jour de victoire plus décisive que celle d’Orléans ou de Patay, son nom se fût assurément transmis à nous d’âge en âge à côté de ceux de Gaston de Foix et de Bayard, de Du Guesclin et du grand Ferré, ce rude bûcheron qui taillait les Anglais à coups de hache, mais son âme, sa grande âme, fût restée pour nous une énigme et un mystère. Il ne fallait pas moins que cet abominable procès d’accusation en sorcellerie pour nous révéler ce qu’elle était, ce qu’elle voulait et ce qu’elle valait.

    Au cours de ces longs et douloureux débats suscités et conduits sous-main par des capitaines anglais, furieux et honteux d’avoir été vaincus par une enfant, c’est l’enfant qui juge les juges, c’est l’accusée dont chaque répartie condamne les accusateurs à l’impuissance, ou ce qui est pire, à la nécessité d’être injustes. Pas une de ses phrases qui ne soit nette comme une claironnée ou tranchante comme un glaive. Les enquêteurs se perdent en arguties, en sophismes, en obscurités volontaires ou professionnelles. Chacun de leurs points d’interrogation est un piège, chacune de leurs objections un guet-apens. Jeanne les arrête d’un mot et les casuistes restent confondus devant ces deux cas non prévus par eux : la simplicité et le courage.

    Ecoutez-la tenir tête à la meute hurlante des interrogateurs qui la harcèlent tous ensemble en un assaut de questions furieuses : « Mes bons seigneurs, faites l’un après l’autre si vous voulez que j’entende ». A un clerc retors qui essaie de la faire tomber dans le péché d’orgueil et lui pose brusquement ce problème : « Jeanne, vous croyez-vous toujours en état de grâce ? » — « Si j’y suis que Dieu m’y garde, si je n’y suis pas qu’il m’y mette ».

    A cet autre qui lui demande si elle n’a jamais usé de sortilèges pour braver la mort : « Mes sortilèges étaient l’amour de la France et le mépris du danger ». Et, comme la brute insiste et s’enquiert des moyens qu’elle employait pour entraîner ses soldats : « Je leur disais : entrez hardiment emmy les Anglais, et je y entrais la première. » Puis, voici venir la série des questions captieuses : « Quand ils vous apparaissaient, vos saints et vos saintes, étaient-ils tout nus ? — Dieu est assez riche pour vêtir les siens ! »

    Enfin, au méchant évêque de Beauvais qui lui fait un crime d’avoir osé introduire son étendard de guerre dans la cathédrale de Reims, cette réponse qui, pour être la plus connue, n’en est pas la moins belle : « Il avait été à la peine, c’était raison qu’il fût à l’honneur ! » Et elle n’a pas vingt ans ! Et elle est seule, toute seule au milieu de ce prétoire d’assassins gagés par l’Anglais ! Et elle ne quitte l’isolement de son banc d’accusée que pour passer à l’isolement de son cachot de prisonnière. Là, des juges hostiles et perfides, ici des soudards anglais grossiers et violents. Et à aucune heure, en aucun lieu, personne qui la réconforte et qui la guide, qui la conseille et qui la console. Voilà pourtant déjà huit mortels mois que la blessée de Compiègne est traînée de geôle en geôle, de Noyon à Arras, d’Arras à Dieppe, de Dieppe à la tour de Rouen. Mais ici ou là, dans sa cage de fer ou dans sa basse fosse, rien ne brise son courage, rien ne lasse sa volonté, rien ne modifie son attitude ni son langage.

    Et vous douteriez, vous pourriez douter que la main de Dieu ne se soit réellement étendue sur ce front d’enfant pour la préserver du désespoir et de l’égarement, de l’abattement ou du vertige !…

    Cependant, le menu peuple s’émeut au spectacle de tant d’endurance, de tant de magnanimité et de sang-froid. Les superbes répliques de la divine inspirée vont de bouche en bouche augmenter les sympathies ou les respects de tout ce qui n’est pas de connivence avec les « Goddons », comme Jeanne les appelle. Un de ces Goddons lui-même ne peut retenir son admiration et s’écrie bonnement en pleine audience : « Ah ! la brave femme ! que n’est-elle Anglaise ! »

    Aussi, Warwick qui veille et Cauchon qui s’impatiente, décident que les interrogatoires se continueront désormais dans l’intérieur de la prison. Dès lors, comme le feront au dernier jour de leur orgie les terroristes de la Révolution, le tribunal des affidés du roi d’Angleterre qui avait déjà refusé tout avocat à Jeanne lui refuse, par surcroit, tout public. Désormais, elle parlera dans l’ombre, elle se défendra à huis clos, elle luttera au miheu des ténèbres et de la solitude de son cachot ; mais, là encore, là toujours, même en ce lugubre encerclement d’oiseaux de proie dont Warwick continue à aiguiser les becs et les ongles, elle ne baisse ni le ton, ni la voix, non pas même la tête.

    Un jour, le neuvième de mai 1431, l’évêque et ses assesseurs pénètrent dans sa cellule, ils font étaler sous ses yeux tous les appareils de la torture : chevalets, tenailles, poix bouillante. Ecoutez ! cette déclaration de la vaillante vainement menacée : « Quand vous me feriez broyer les membres et arracher l’âme du corps, je ne vous dirais rien autre chose que ce que je vous ai dit, et si je vous disais quelque chose d’autre, je protesterais aussitôt après que vous me l’auriez fait dire par force et contre mon gré ! »

    Paul Déroulède

    Vous en faut-il plus. Patriotes ? Avez-vous besoin de me suivre encore jusqu’au pied de son bûcher ? Avez-vous besoin d’y voir l’héroïne monter sans faiblesse, d’y entendre la chrétienne demander et donner pardon à tous, d’y regarder la martyre brûler et mourir en baisant la croix, pour déclarer avec elle et comme elle en cette heure suprême que la mission de Jeanne était bien de Dieu ?

    Cette mission, messieurs, la missionnaire l’a expliquée elle-même en maints propos et sous maintes formes ; nulle part elle ne l’a mieux résumée qu’en son cri de guerre tant de fois répété : « Il faut bouter l’Anglais hors de France. » Quand Jeanne parle ainsi, ce n’est pas, vous l’entendez bien, qu’elle ait voué une haine particulière à telle ou telle nation, mais c’est que la nation dont elle parle occupe et détient le sol de sa Patrie, opprime et pressure son peuple, blesse et tue les soldats de la France.

    Elle en eût dit tout autant cent cinquante ans plus tard des Espagnols maîtres de l’Artois et du Roussillon ; tout autant, trois siècles après, des Impériaux ravageant les Flandres ; tout autant des coalisés de 1792, des alliés de 1814, tout autant et plus encore de nos envahisseurs de 1870 et des geôliers de notre Alsace et de notre Lorraine.

    Aussi est-ce en souvenir d’elle que je vous jetterai à tous et à toutes ce pressant appel : Espoir quand même. Français et Françaises, courage quand même ! En haut les cœurs et les fronts ! Laissons passer et s’agiter au-dessous de nous les misérables querelles de partis ! Unissons-nous et fondons-nous en une irréductible phalange de protestation nationale ! Et pensons et disons comme la Libératrice : « Oui, tout étranger qui est l’ennemi, tout étranger qui est le conquérant, tout étranger qui veut être le maître, il faut tout faire pour le bouter hors de France ! »

    Il est également de la fière Pucelle, ce noble devis : « Les femmes prieront, les hommes batailleront. Dieu vaincra ! »

    DÉROULÈDE Paul, Qui vive ? France ! « Quand même ! ». Notes et discours, 1883-1910, Paris, Bloud et Cie, 1910, pp. 55-66.

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  • Manif Pour Tous : dimanche, il devrait y avoir beaucoup de monde à Rennes

    RENNES (NOVOpress Breizh) – A l’appel de l’association La Manif Pour Tous, Bretons, Normands, Vendéens, Angevins, Manceaux et Mayennais sont invités à se rendre massivement au rassemblement interrégional qui aura lieu à Rennes dimanche 5 mai, à partir de 15 heures, place du Champ de Mars. Si la loi instituant le mariage homosexuel a été adoptée par le Parlement, un recours a été formé devant le Conseil constitutionnel. Alors les opposants à cette « réforme de civilisation » (C. Taubira) ne désarment pas. Bien au contraire.

    Il devrait y avoir beaucoup de monde dans le centre de Rennes dimanche prochain. Covoiturage, bus, hébergement, babysitting…  de toute part, on s’active pour préparer et faciliter le déplacement à ce rassemblement, l’un des sept organisés ce jour-là en France métropolitaine. 

    L’imagination des militants est débordante. Pour preuve, comme le signale Europe 1, la nouvelle affiche publiée le 30 avril par la “manif pour tous” sur son compte twitter, « la finance dehors, l’humain d’abord » (photo). Un  pastiche d’une précédente affiche du Front de gauche et du Parti communiste. Dans l’entourage de Mélenchon – ce dernier a soutenu à fonds le projet de loi – on n’a pas trop apprécié…

    Comme tiennent à le rappeler les responsables du mouvement, « La Manif Pour Tous est un mouvement spontané, populaire et pacifique qui, au-delà des sensibilités religieuses, partisanes et sexuelles, dépasse toutes les diversités pour préserver l’unité paritaire de la filiation humaine garantie par le droit français dans le mariage civil. »

    Dans une tribune publiée dans Le Figaro (27-28/04/2013), Claude Bartolone s’est réjouit bruyamment de l’adoption de cette loi. Pour le président de l’Assemblée nationale, «c’est d’abord une victoire pour la République, qui voit ses fondements consolidés.» (sic).

    L’élu socialiste s’empresse d’affirmer  «que cette loi ne retire de droits à personne », un avis  vivement contesté par un collectif de juristes qui, sous le nom de Portalis, écrit qu’ «on impose ainsi à l’enfant, contre toute vraisemblance et par la ‘force injuste de la loi’, selon les mots de François Mitterrand, des ‘parents de même sexe’, c’est-à-dire une filiation physiquement impossible, une identité boiteuse et une généalogie mutilée (…) Cette loi, ajoute ce collectif, va créer des inégalités réelles et profondes entre les enfants.(…) En privant les enfants adoptés par deux personnes du même sexe d’une filiation bilinéaire et bisexuée pour les enfermer définitivement dans une filiation unisexuée, la loi viole le principe d’égalité entre les enfants en attente d’adoption, entre ceux qui auront droit à une vraie famille fondée sur un père et une mère, et ceux qui n’auront pas ce même droit » (Le Figaro, 27-28/04/2013).

    Rappelant que la garde des Sceaux a qualifié cette loi de « réforme de civilisation », ces juristes affirment qu’en la matière un référendum s’imposait donc : « Une telle réforme aurait nécessité le consentement du peuple souverain (…) dont on ne peut heurter la morale républicaine et déchirer le contrat social sans le consentement exprès. (…) On ne change pas de civilisation par la seule volonté d’une majorité parlementaire simple et passagère ».

    Dimanche prochain, à Rennes, comme à Paris, Lille, Lyon, Montpellier, Toulouse ou Dijon, les défenseurs des droits des enfants auront une nouvelle fois l’occasion de faire entendre leur voix. « On ne lâche rien, jamais ! » : un cri du cœur plus que jamais d’actualité.

     http://fr.novopress.info

  • Le combat commun contre la loi Taubira nécessitera des alliances politiques

    Catherine Rouvier est interrogée sur Le Rouge et le Noir. Extraits :

    "J’avais dit dans ma précédente inquisitoriale que pour un résultat politique, il vous fallait une action politique, et je le maintiens. Il fallait, pour faire bouger les lignes, qu’une action résolue, une vraie mobilisation voie le jour - et non une simple « cathopride » festive tenant plus du spectacle que du phénomène de foule - se fasse jour, et c’est ce qui s’est produit. Mais quand Frigide Barjot ou Beatrice Bourges emploient le terme « politisation », elles évoquent clairement le rattachement à des partis. Et de fait, c’est alors que les divergences apparaissent. Mais il ne faut pas se leurrer : les divergences, de fond et de forme sont déjà là, entre ceux qui sont prêts à se rallier a un compromis et cherchent une porte de sortie qui pourrait être l’union civile et l’éducation à l’homoparentalité (Barjot) et ceux qui ont d’ores et déjà annoncé qu’elles refuseront de transiger sur ces deux points (Boutin, Bourges, Marion Maréchal-Le Pen).

    Le positionnement politique restera latent cependant jusqu’à l’automne. C’est là que se lancera vraiment la campagne pour les municipales, et c’est là que les rivalités possibles peuvent détruire l’unité. C’est à ce moment-là qu’il faudra être vigilants pour tenter d’éviter la manœuvre classique de la Gauche, qui a si bien réussi en 1984 et les années suivantes : diaboliser une partie du mouvement - qualifié d’extrême - afin d’éviter cette belle unité qui la chasserait du pouvoir pour longtemps. [...]

    Hors élection, il faut déjà que chacun accepte en son for intérieur qu’il y ait « différentes demeures dans la maison du Père », ce que votre génération semble faire plus facilement que la nôtre parce qu’elle n’a pas connu les combats passés qui nous ont séparés. Il faut donc que face à votre unité, réelle, les leaders résistent à la tentation de s’anathèmiser. Aux élections, il vous faudra supporter, au premier tour, d’avoir des « compagnons de combat » à toutes les fenêtres : RPF, DLR, MPF, SIEL, FN, RBM, PCD, UMP, etc., voire dans un parti d’une gauche non libertaire qui pourrait bien renaître de ses cendres.

    Cette diversité de l’offre partisane n’est pas un atout pour la cause, car elle rend plus difficile d’atteindre la majorité et de gagner. Mais elle sera surement ressentie comme un « plus » pour des jeunes qui rêvent d’aller pour la première fois sur le terrain électoral et sont habitués a la multiplicité des programmes et au « zapping ». Encore faudrait-il les former un peu à cette forme de combat très différente de l’action directe et les rendre sensibles au danger de l’émiettement.

    En effet, au deuxième tour, il faudra arriver à passer des accords de désistement réciproque si on veut que le but qu’évoquent déjà certains manifestants soit atteint : que ne soient pas élus ou réélus des gens de gauche - mais aussi de droite - qui ont voté ce projet de loi, et ceux qui seront déposés dans les mois à venir contre la famille, la dignité humaine, ou la civilisation chrétienne de notre pays. A moins même qu’une union de la Gauche découlant des primaires qu’elle veut organiser en septembre n’oblige à s’entendre avant le premier tour !

    Il faudra alors que ne se rejoue pas entre Barjot et Bourges, entre Boutin et Marechal le Pen, entre l’UMP et le FN, et entre les diverses « petites » formations l’éternelle scène du mépris qui a coûté à la Droite la perte de toutes les élections depuis 1998 : « Je me rapproche de toi mais pour te prendre tes voix, pas pour te parler ». Il faudra de vrais accords, clairs, ouverts. C’est ce qu’il vous faut préparer dès maintenant, en fraternisant dans ce combat commun. Cela seul construira un avenir politique au service de cette cause qui en constitue le socle."

    Le Salon Beige

  • Comme une rébellion qui s’annonce par Georges FELTIN-TRACOL

     

    En cette fin de décennie 2000, la réflexion non-conformiste, radicale et réfractaire virerait-elle à gauche ? La victoire de Sarkozy en France, la crise financière mondiale, les années Bush ont-elles favorisé la redécouverte des penseurs du socialisme européen ? Oui, si on suit Rébellion, un essai publié par les sympathiques Éditions Alexipharmaque.

     

    Le titre n’est pas anodin. Depuis 2003 sort tous les deux mois une revue éponyme, sobre et dense, d’esprit révolutionnaire dont le siège se trouve à Toulouse, ville connue pour sa nature contestataire. Ce recueil de textes s’assigne la mission de diffuser le plus largement possible les principes anti-capitalistes de l’équipe.

     

    Bénéficiant d’une chaleureuse préface d’Alain de Benoist qui replace le cheminement intellectuel de la revue dans la tradition réfractaire française, Rébellion réhabilite les concepts de socialisme, d’anti-libéralisme radical, de lutte des classes, de défense du peuple, dans une vue grande-européenne. En effet, ses rédacteurs se revendiquent du principe de subsidiarité, proposent une Europe solidaire, écologique, fédérale, « à vocation impériale », et vomissent a contrario la pesante et impuissante Union européenne technocratique, atlantiste et ultra-libérale.

     

    On aura compris que leur radicalité est totale. La présente époque, toute orientée vers le matérialisme et la quête effrénée du pognon, les exaspère. Contre cette horreur moderne, Rébellion veut changer la société et de société. Loin de singer le gauchisme parasitaire du Facteur, des pseudo-« anar » et des décroissants verdâtres du dimanche, les sempiternels valets du Système, les auteurs œuvrent et préparent dans les têtes d’abord une inévitable révolution. C’est dans cette perspective que la rédaction a d’abord suscité la formation de Cercles Rébellion avant de constituer une Organisation socialiste révolutionnaire européenne (O.S.R.E.). L’investissement est aussi sectoriel. Aucun champ social (urbanisme, syndicats, éducation, économie) n’est délaissé ! Il s’échafaude ainsi les prochaines tempêtes qui renverseront le Système actuel.

     

    Qu’on ne s’étonne par conséquent de leurs vastes références culturelles : Karl Marx bien sûr, mais aussi Pierre-Joseph Proudhon. Les auteurs prennent le meilleur des deux et jugent que « la pensée de Proudhon et celle de Marx, au lieu de s’exclure, se complètent et se corrigent mutuellement », ce qui ne peut pas être la moindre des choses de la part du théoricien du mutualisme.  Mieux, ils estiment que « l’œuvre de Karl Marx s’imposera naturellement en fournissant des outils d’analyses théoriques en phase avec l’évolution du monde ouvrier. Elle sera certes à l’origine d’interprétations arides et de froides dérives, mais elle conserve jusqu’à nos jours sa pertinence et son utilité dans l’élaboration d’une nouvelle pensée rebelle. Pensée anti-totalitaire et anti-réformiste, qui se nourrira également de l’élan du Socialisme français et du fédéralisme européen ». Pourquoi alors l’auteur du Capital n’est-il pas présent dans la rubrique « Nos figures » de l’ouvrage ? Il aurait très bien pu y figurer à côté de Proudhon, des Communards de 1871, de Jack London, de Georges Orwell, des enfants Scholl de La Rose Blanche anti-nazie, du socialiste indépendantiste irlandais James Connoly ou des fondateurs du « national-communisme » allemand, Heinrich Laufenberg et Fritz Wolffheim. Regrettons aussi l’absence de ce grand socialiste européen fort attaché à la vie des peuples qu’était Jean Mabire (il serait profitable que les auteurs lisent ses articles politiques en faveur d’une vision certaine du socialisme enraciné).

     

    Avec les grands ancêtres du socialisme déjà cités, Rébellion intègre dans sa réflexion d’autres penseurs de l’ultra-gauche : le conseillisme de Pankoeke, les travaux bordiguistes, Debord et les situationnistes, Claude Lefort et Cornélius Castoriadis du temps de Socialisme ou Barbarie… Ne soyons pas en outre surpris de lire ici ou là une citation de Julius Evola ou de Carl Schmitt.

     

    Par cette brève énumération, Rébellion n’hésite pas à franchir les limites de la convenance politique et à se proclamer national-bolchevik sans s’attarder vraiment sur cette autre personnalité attachante que fut Ernst Niekisch. Est-il néanmoins possible de concilier le national-bolchévisme et l’idée fédérale continentale ? Alain de Benoist y répond par la négative : « On ne peut à la fois rejeter le “ nationalisme centralisateur ” et se réclamer d’un “ État de type fédéraliste ”, tout en adhérant à un national-bolchevisme dont l’esprit révolutionnaire se fondait sur un centralisme jacobin exacerbé. » Conscients de cette contradiction, les rédacteurs paraissent aujourd’hui abandonner cette étiquette pour se dire « communistes nationaux ». Ils considèrent que « le cadre de la nation n’est pas neutre, il peut servir à l’élaboration de formes d’existence sociale différentes de celles vécues jusqu’à maintenant ». De ce fait, ne s’inscrivent-ils pas dans cette Modernité finissante, d’autant que Rébellion conçoit la lutte des classes comme le point central d’interprétation du monde actuel ? Est-ce vraiment sensé ? L’acceptation du fait national n’invalide-t-elle pas, par son existence même, le concept de lutte des classes au profit d’une atténuation, voire d’une sublimation, des antagonismes de classes ?

     

    Il est incontestable qu’un conflit mortel oppose actuellement l’hyper-classe ou les oligarchies transnationales mondialistes – dont Jacques Attali en est le symbole le plus évident – aux peuples du monde entier dont certains sont déjà en première ligne avec Hugo Chavez, Mahmoud Ahmadinejad, Evo Moralès, Alexandre Loukachenko ou Hassan Nasrallah. Doit-on pour autant transposer dans la nation l’affrontement entre possédants et salariés alors que se maintiennent péniblement les petits patrons eux-mêmes victimes de la mondialisation ? Et puis, quitte à passer pour provocateur, existe-t-il encore des peuples ou bien n’assistons-nous pas aux débuts de la « multitude » ? Dubitatifs, les auteurs eux-mêmes s’interrogent. « Le peuple est largement manipulé par des “ faiseurs d’opinion ” à la solde de l’oligarchie. La “ démocratie ” n’est plus qu’un paravent politiquement correct pour faire accepter ce que les puissants ont décidé d’imposer aux peuples. » Pis, la société occidentale des droits de l’homme renforce le contrôle social et conditionne les esprits. Informations biaisées, surveillance généralisée des ordinateurs, inculture de masse accélérée, célébration de la consommation et du paraître aux dépens de l’épargne et de la citoyenneté, bref, « là où les nazis et les staliniens ont mis en place le camp de concentration et le goulag, la société de consommation a créé le supermarché ». La notion de peuple est en train de disparaître, mais Rébellion s’attache à la sauvegarder et à la ragaillardir. Dans ces conditions, la lutte des classes n’est-elle pas incongrue ? La priorité n’est-elle pas à la concorde nationale face à l’ennemi globalitaire ?

     

    C’est dans cette vision d’unité populaire que nous invitons les auteurs de Rébellion à examiner ces cas de communisme national (voire nationaliste) que sont la Chine de Mao, la Yougoslavie de Tito (qui était fédérale et autogestionnaire !), l’Albanie d’Enver Hodja et la Corée du Nord de la famille Kim. Rappelons-leur que les cinq étoiles du drapeau de la Chine populaire évoque un consensus « inter-classe » entre la grande étoile incarnant le Parti et les quatre petites (les ouvriers, les paysans, les petits bourgeois – en clair, les classes moyennes – et les capitalistes patriotes).

     

    Nonobstant ces quelques critiques, il est importe de lire cet essai. Certains textes sont excellents comme ceux consacrés au philosophe, poète et dramaturge roumain Lucian Blaga ou l’extraordinaire « Aperçu sur l’ordre politique dans la philosophie européenne ».

     

    Considérer l’ouvrage comme une émanation gauchiste serait au final une ineptie ou la preuve flagrante d’une très grande paresse intellectuelle, d’autant que les auteurs réfutent ce sordide clivage politico-électoral stérile. Rébellion a le mérite de redonner au socialisme son acception originelle. Dans un livre passé bien trop inaperçu, Naissance de la gauche (Michalon, 1998), Marc Crapez démontre qu’à la fin du XIXe siècle, les courants socialistes français ne se trouvaient pas encore à gauche (il faudra attendre les retombées de l’affaire Dreyfus et l’influence de Jean Jaurès pour positionner le socialisme à gauche de l’éventail politique) et s’acquoquinaient avec le nationalisme, « ce nationalisme de 1900, déjà d’extrême droite, note Crapez, et encore d’extrême gauche, reste fondamentalement égalitaire ».

     

    Mieux que Luc Michel et le Parti communautaire national-européen, qu’Alain Soral et Égalité & Réconciliation, qu’Emmanuel Todd et son républicanisme nationiste, Rébellion serait le digne héritier des socialistes patriotes français. Il faut s’en réjouir. Pourtant, à la réhabilitation du socialisme, terme historiquement connoté et lourdement chargé, ne devrait-on pas plutôt repenser le solidarisme ?

     

    Georges Feltin-Tracol septembre 2009 http://www.europemaxima.com

     

    • Louis Alexandre et Jean Galié, Rébellion. L’Alternative socialiste révolutionnaire européenne, Alexipharmaque, coll. « Les Réflexives », 2009, préface d’Alain de Benoist, 275 p., 25 €.

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  • La République irréprochable des "socialistes"

    Pour passer sans encombre la comédie protocolaire des élections présidentielles et permettre ainsi aux marionnettes politiques désignées d’être recouvertes du beau vernis de la « souveraineté démocratique », il est important de bien maîtriser l’opinion publique.

    Aucun problème, car les médias sous contrôle rempliront cette tâche. Les futurs élus pourront se lancer dans des grandes déclarations messianiques, sans avoir à assumer quoi que ce soit par la suite, car les médias s’appliqueront à ne pas rappeler les vieux engagements et les tirades vibrantes qui les accompagnaient. Une fois passé le vote, accompli sous une dose maximale d’émotion, l’amnésie populaire est primordiale.

    C’est ainsi que Nicolas Sarkozy avait pu prétendre s’intéresser à la question de l’insécurité en 2007, ou que François Hollande avait pu jouer en 2012 au révolutionnaire en vilipendant « le monde de la finance ».

    Notre président « normal » avait aussi par ailleurs parlé de « République irréprochable », promettant une probité totale, passé et future au sein de son gouvernement.

    Après une affaire Cahuzac qui a concentré toutes les attentions, il nous paraît pertinent de ressortir et d’actualiser cette liste établie par le site Mdmemichu.com en mai 2012 [1], qui nous indique que le passé des ministres actuellement en poste n’est pas toujours complètement irréprochable.

    Par ailleurs, un rappel des passifs troubles (voire parfois très troubles) de certains dignitaires socialistes doit aussi être pris en compte. Nous pourrions bien revoir certaines têtes prochainement, le jeu pathétique des « remaniements » étant de nos jours très employé pour remédier à la colère populaire qui s’abat sur des équipes exécutives s’usant de plus en plus vite.

    Pour les membres du gouvernement actuel

    - Jean-Marc Ayrault : condamné à une peine de six mois de prison avec sursis et 30 000 F d’amende pour avoir octroyé de décembre 1991 à décembre 1993, sans mise en concurrence, ni avoir recours à des appels d’offres et sans réaliser de contrat, le marché d’impression du journal municipal nantais, Nantes Passion, dont le budget d’impression s’élevait à 6 millions de francs par an.

    - Laurent Fabius : a comparu en février et mars 1999 devant la Cour de justice de la République (CJR) pour homicides involontaires dans l’affaire du Sang contaminé. Le 9 mars 1999, Laurent Fabius est relaxé, la CJR soulignant tout de même que son action « a contribué à accélérer les processus décisionnels ».

    - Arnaud Montebourg : condamné à verser 1 euro de dommages et intérêts aux ex-dirigeants de la société maritime SeaFrance, qu’il avait qualifiés d’escrocs, et condamné en décembre 2012 pour avoir porté atteinte à la présomption d’innocence du sénateur PS Jean-Noël Guérini.

    - Pierre Moscovici  : condamné en 2001 pour atteinte au droit à l’image, dans le cadre de l’utilisation d’une photo pour une campagne électorale sans consentement.

    - Christiane Taubira : condamnée le 27 septembre 2004 par le tribunal des prud’hommes pour licenciement abusif, rupture abusive de contrat, et à verser 5 300 euros après avoir exploité son ancienne assistante parlementaire [2].

    - Manuel Valls : plainte déposé contre lui pour détournement de fonds publics en 2011, il aurait utilisé les budgets à sa disposition en tant que député pour financer sa potentielle campagne à l’élection présidentielle auprès des maires. La plainte liée à cette affaire a été classée sans suite [3].

    Notons aussi quelques « dérapages » :

    - Delphine Batho : pas de condamnation, mais s’est obstinée très longtemps à conserver son logement social malgré son indemnité ministérielle [4].

    - Yamina Benguigui : s’est vu reprocher d’avoir utilisé en octobre 2012 un Falcon 900 de la République pour un vol à destination de Kinshasa (coût : au moins 140 000 euros) [5].

    - Najat Vallaud Belkacem : son service de communication a tenté de faire supprimer le reportage de BFM TV dans lequel on la voyait prêcher pour le mariage pour tous dans des écoles [6].

    Rappel des faits pour d’autres élus socialistes

    Serge Andréoni, sénateur-maire des Bouches-du-Rhône : complicité de trafic d’influences. Mis en examen lundi 17 octobre 2011, pour « complicité de trafic d’influence », il est soupçonné d’avoir fait désigner un avocat ami pour aider le frère de Jean-Noël Guérini, Alexandre, à régler un litige financier qui l’opposait à la communauté d’agglomération de Salon-de-Provence.

    Sylvie Andrieux, député des Bouches-du-Rhône : escroquerie. Mise en examen le 8 juillet 2010 pour « complicité de tentative d’escroquerie et complicité de détournement de fonds publics » pour un montant estimé à 740 000 €, grâce à des associations fictives.

    Khadija Aram, adjointe au maire de Trappes : abus de confiance. Condamnée le 27 avril 2011 à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis, pour avoir promis contre rémunération, à des personnes en situation irrégulière des titres de séjour qu’elle n’a jamais obtenus, ainsi que cinq ans d’interdiction de droits civiques et civils.

    Martine Aubry, maire de Lille : homicide et blessures involontaires. Mise en examen. L’ancienne ministre du Travail des gouvernements Cresson et Jospin est mise en examen en tant qu’ancienne directrice des relations du travail (DRT) pour la période 1984-1987, durant laquelle elle n’aurait pas pris les mesures permettant d’éviter l’exposition des travailleurs à l’amiante. La cour d’appel examinera la demande d’annulation de mise en examen le 17 mai prochain. Le 27 mars 2013, la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, qui s’occupe du dossier de l’amiante, a été déchargée de ses fonctions par décret du président François Hollande [7].

    Jean-Pierre Balduyck, député du Nord : favoritisme. Condamné par le tribunal correctionnel de Lille à 7 500 euros d’amende en 2005 après 7 ans de mise en cause, alors qu’il était maire de Tourcoing, pour complicité d’atteinte à la liberté des marchés publics dans l’affaire du Grand Mix de Tourcoing.

    François Bernardini, maire d’Istres : détournement de fonds publics. Condamné en 2001, en appel, à dix-huit mois de prison avec sursis, 400 000 francs d’amende et cinq ans d’inéligibilité.

    François-Xavier Bordeaux , dirigeant du PS bordelais : abus de faiblesse. Condamné à la peine de deux ans de prison dont un ferme, assortie de cinq ans de privation des droits civiques, civils et de famille, pour avoir abusé de la faiblesse d’une vieille dame fortunée, Jeanine Terrasson.

    Christian Bourquin , président du conseil général des Pyrénées-Orientales : favoritisme dans l’attribution de marché public. Condamné. Soupçonné, dès 2001, d’avoir trafiqué ses comptes de campagne, il est condamné en 2009, à trois mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende pour minoration de comptes de campagne et complicité de faux. En 2008, il est mis en examen pour favoritisme dans le cadre d’un marché public et de nouveau condamné, début janvier 2012, à deux mois de prison avec sursis pour ces « faits graves ».

    Pascal Buchet, maire de Fontenay-aux-Roses : harcèlement. Condamné à 8 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Nanterre, coupable de harcèlement moral à l’encontre de son ex-directrice de la communication, qui s’est suicidée en 2007.

    Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris : recel d’abus de confiance. Condamné. Mis en examen le 7 juin 2000 pour abus de confiance, il est reconnu « coupable de recel d’abus de confiance » le 2 juin 2006 et il est condamné à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende, dans l’affaire des emplois fictifs de la MNEF.

    Yacine Chaouat, adjoint au maire du 19e arrondissement de Paris : violences conjugales. Condamné par le tribunal correctionnel à six mois de prison avec sursis et dix-huit mois de mise l’épreuve, pour violences conjugales sur son épouse. En août 2009, Fatima, 21 ans, avait été battue à coups de ceinture et retenue à son domicile, alors qu’elle venait d’arriver de Tunisie.

    Gérard Dalongeville, maire d’Hénin-Beaumont : détournement de fonds publics. Mis en examen en 2009, il attend toujours son jugement pour « faux en écriture et usage de faux, détournements de fonds publics, favoritisme et recel de favoritisme ». Ce procès aura lieu en mai-juin 2013 et pourrait mettre de nombreux membres du PS en cause. Dalongeville voudrait faire intervenir Hollande comme témoin à son procès [8].

    Michel Delebarre , député du Nord : écoutes illégales. Condamné. Cet ancien ministre de la Fonction publique sous Mitterrand a été condamné en 2005 dans le cadre de l’affaire des écoutes de l’Élysée. Il a été notamment reconnu coupable du placement sur écoutes de Jean-Edern Hallier, journaliste qui menaçait de révéler l’existence de Mazarine à l’opinion. Il est dispensé de peines.

    Monique Delessard, maire de Pontault-Combault : faux en écriture publique. Condamnée le 14 mai 2010 par la cour d’appel de Paris à 15 mois de prison avec sursis et à une peine d’inéligibilité pour avoir marié illégalement l’ancien député-maire Jacques Heuclin, à l’article de la mort.

    Harlem Désir , député européen : recel d’abus de biens sociaux. Condamné le 17 décembre 1998 à 18 mois de prison avec sursis et 30 000 francs d’amende pour recel d’abus de biens sociaux. Il avait bénéficié au début des années 1990 d’un emploi fictif, lorsqu’il était à la tête de SOS racisme, financé par une association lilloise.

    Jean-Pierre Destrade, conseiller général de Saint-Pierre-d’Irube : trafic d’influences. Condamné en 2005 à 3 ans de prison dont 2 avec sursis et 10 000 euros d’amende dans une affaire de trafic d’influence et d’escroquerie, une peine couverte par sa détention provisoire.

    Janine Écochard, vice-présidente du Conseil général des Bouches-du-Rhône : trafic d’influence. Condamnée en 1998 dans l’affaire Urba sur le financement occulte du PS.

    Henri Emmanuelli, président du Conseil général des Landes : complicité de trafic d’influences. Condamné le 16 décembre 1997 dans l’affaire Urba à 18 mois de prison avec sursis et à 2 ans de privation de ses droits civiques. Également mis en examen le 15 octobre 1998 dans le cadre de l’affaire Destrade de financement illégal du Parti socialiste, il est relaxé.

    Robert Gaïa , député du Var : favoritisme. Condamné le 21 janvier 2002 à six mois de prison avec sursis pour favoritisme dans l’attribution du marché des cantines scolaires de la ville de Toulon en 1997.

    Bernard Granié, président d’une intercommunalité Bouches-du-Rhône : corruption. Condamné le 7 septembre par la cour d’appel d’Aix-en-Provence à deux ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité. La cour a en effet estimé que fournir des informations confidentielles – contre 300 000 euros de pots-de-vin – à une société de traitement de déchets candidate à un marché public constituait une faute gravissime.

    Jean-Noël Guérini , président du Conseil général des Bouches-du-Rhône : association de malfaiteurs. Mis en examen le 8 septembre 2011 pour « prise illégale d’intérêts, trafic d’influence, association de malfaiteurs et complicité d’obstacle à la manifestation de la vérité » pour avoir favorisé son frère dans le cadre de marchés publics.

    Anne Hidalgo , adjointe au maire de Paris : infraction à la législation sur la durée du travail. Condamnée le 26 janvier 2012 à 40 000 euros d’amende pour infraction à la législation sur la durée du travail au titre de ses fonctions de présidente du conseil d’administration de l’APUR (Atelier parisien d’urbanisme), alors qu’elle est elle-même ancienne inspectrice du travail. Cette condamnation fait suite à deux plaintes déposées au tribunal de police par l’inspection du travail, ’une pour « travail dissimulé », l’autre pour non-paiement des heures supplémentaires.

    Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d’Île-de-France : prise illégale d’intérêts dans des marchés publics. Condamné. En novembre 2004, après l’envoi d’une lettre anonyme sur l’existence d’emplois fictifs au Conseil régional d’Île de France, il est jugé avec son épouse, Dominique Le Texier, pour prise illégale d’intérêts dans des marchés publics passés en 2002 et 2003, entre le Conseil régional et les sociétés de communication Image Publique, Sertis et LM Festivals, employant sa femme. Il est condamné à 6 mois de prison avec sursis, 60 000 euros d’amende et un an d’inéligibilité le 20 février 2007 par le tribunal correctionnel de Paris, puis la peine est confirmée en appel le 21 novembre 2008, hormis l’inéligibilité.

    Philippe Kaltenbach, maire de Clamart : corruption. Mis en cause. Suite à la diffusion d’une vidéo sur Internet, où on le voit négocier contre de l’argent l’attribution d’un logement au proche d’un collaborateur, une enquête préliminaire a été ouverte, dans laquelle il est soupçonné de corruption dans l’attribution de logements sociaux. Deux juges d’instruction de Nanterre sont chargés, depuis le 22 février, d’une information judiciaire ouverte pour « corruption active et passive, recel, complicité ».

    Jean-Pierre Kucheida, député-maire du Pas-de-Calais : détournement de fonds. Mis en cause dans le scandale du financement de la fédération Pas-De-Calais. A été placé en garde à vue en octobre 2012 dans ce qui semble bien être un abus de biens sociaux. Il a démissionné de son mandat de maire en Janvier 2013 et a été exclu du parti socialiste en mai 2012.

    Michel Laignel, député et conseiller général des Bouches-du-Rhône : favoritisme. Condamné. Le 14 juin 2005, alors poursuivi pour « favoritisme, prise illégal d’intérêts et faux et usage de faux, en écriture publique » le maire de Ronchin a été condamné à deux ans de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité.

    Jack Lang, député du Pas-de-Calais : rupture de contrat. Condamné le 6 janvier 2009 par le TGI de Paris à verser 34 000 euros à l’éditeur Bernard Pascuito, qui l’avait assigné pour rupture de contrat après que l’ancien ministre se fut opposé en 2006 à la publication d’un livre qu’ils avaient co-écrit.

    Jacques Mahéas, sénateur de Seine-Saint-Denis : agression sexuelle. Condamné en mars 2010, pour agressions sexuelles contre une ex-employée municipale, pour des faits survenus en 2002. La plainte a été déposée en 2004 mais il faut attendre 2011 pour qu’il démissionne du PS, sous menace d’exclusion. Soutien de François Hollande pendant la primaire socialiste.

    Pierre Mauroy, sénateur du Nord : abus de confiance. Condamné. Le 20 juin 2008, il est mis en examen pour détournement de fonds publics à propos d’un emploi présumé fictif attribué à Lyne Cohen-Solal au sein de la communauté urbaine de Lille (CUDL) en 1992. Le 4 février 2011, Pierre Mauroy est condamné à 20 000 euros d’amende avec sursis pour abus de confiance et devra, avec Lyne Cohen-Solal et Bernard Masset, son ancien directeur de cabinet, rembourser 19 654 euros à la CUDL.

    Jacques Mellick, député-maire de Béthune dans le Pas-de-Calais : faux témoignages. Condamné en 1996 par la justice à abandonner tous ses mandats suite à sa condamnation pour témoignage de complaisance dans l’affaire VA-OM.

    Robert Navarro, sénateur de l’Hérault : abus de confiance. Cible d’une plainte déposée par le PS en mars 2011 pour « abus de confiance », pour des frais personnels et 42 000 euros de pizzas qui ont été facturés à la Fédération PS entre 2008 et 2010. Soutien de François Hollande à la primaire socialiste, il intègre son équipe de campagne durant l’été 2011. Navarro est exclu depuis 2010 du PS pour son soutien à George Frêche. La plainte du PS pour « abus de confiance » a débouché sur une mise en examen en décembre 2012 [9].

    Jean-Pierre Noyes , conseiller général des Bouches-du-Rhône : association de malfaiteurs. Mis en examen le mercredi 11 janvier 2012 pour des faits d’association de malfaiteurs. Il est soupçonné d’avoir favorisé l’attribution d’emplois et de logements sociaux au profit de proches d’Alexandre Guérini, le frère cadet du président PS du Conseil général des Bouches-du-Rhône, alors qu’il était le président jusqu’en juin 2011 de « 13 Habitat », l’office HLM rattaché à la collectivité locale.

    Jean-Marc Pastor, sénateur/questeur du Sénat : notes de frais frauduleuses. Mis en cause par le site Médiapart, qui révèle le 27 juin 2011 que le sénateur avait transmis à la trésorerie du Sénat deux factures de restaurant émises dans le Tarn, son département, pour un montant total de 2 492 euros. Il menace Médiapart de poursuites, produisant un faux communiqué de Gérard Larcher pour l’occasion, alors président du Sénat, avant de se rétracter et de rembourser l’intégralité des notes de frais.

    Michel Pezet, député des Bouches-du-Rhône : recel de fonds. Condamné. Mis en cause dans l’affaire Urba en 1991, il est innocenté par la justice le 16 décembre 1998 de toute accusation d’enrichissement personnel ; en revanche, il est condamné pour « recel de fonds utilisés [pour un financement politique] en dehors de tout enrichissement personnel ».

    Claude Pradille, sénateur du Gard : corruption. Condamné en 1995 à trois ans de prison de ferme, trois ans d’inéligibilité et 300 000 francs d’amende. Il avait été jugé pour « faux et usage de faux, corruption, complicité d’escroquerie et subornation de témoins » dans une affaire où il était soupçonné d’avoir fait construire sa piscine sur des fonds publics de l’Office HLM du Gard [10].

    Eli Puigmal, maire de Saint-Estèves : délit de favoritisme. Condamné le 26 janvier 2012 délit de favoritisme dans les conditions d’attribution de marché d’organisation de spectacles à l’association Boitaclous en 2009 alors qu’il était maire de Saint-Estève.

    François Pupponi, député-maire de Sarcelles : extorsion de fonds. Mis en cause. Auditionné le 3 septembre 2010 dans le cadre d’une enquête sur un cercle de jeu parisien pour « blanchiment » et « extorsion de fonds ». Accusé de « subordination de témoin » par son directeur de cabinet, il aurait essayé de persuader sa belle-fille de démissionner du cercle Wagram, comme l’exigeaient les nouveaux patrons corses.

    Ségolène Royal , présidente de la région Poitou-Charentes : licenciements abusifs. Condamnée en 2008 par la cour d’appel de Rennes, l’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle à dû verser plusieurs mois de salaires non-payés à deux de ses attachées parlementaires ayant travaillé pour elle entre 1995 et 1997.

    Patrick Sève, maire de l’Haÿ-les-Roses : détournement de fonds publics. Mis en examen le 8 septembre 2011 pour « octroi d’avantages injustifiés et soustraction de fonds publics », pour un montant d’environ 2 millions d’euros, et pour avoir bénéficié de pots-de-vin dans l’octroi de marchés publics dans sa commune.

    Dominique Strauss-Kahn, ancien député-maire du Val d’Oise : complicité de proxénétisme. Après son procès pour viol dans l’affaire du Sofitel de New York, Dominique Strauss-Kahn a été mis en garde à vue et entendu le 21 février 2012 pour complicité de proxénétisme dans l’affaire du Carlton de Lille. L’instruction pour l’affaire du Carlton est terminée depuis fin mars 2013. L’annulation de la mise en examen de DSK demandée par sa défense n’a pas aboutie, il comparaîtra donc certainement dans le cadre d’une accusation de « proxénétisme aggravé en bande organisée » ( il risque jusqu’à 20 ans de prison) [11].

    René Teulade, sénateur-Maire de Corrèze : abus de confiance. Condamné par le tribunal correctionnel de Paris à 18 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende. Il s’est rendu coupable d’abus de confiance dans le scandale de la Mutuelle de retraite de la fonction publique (MRFP). Il a été le suppléant de François Hollande à l’Assemblée entre 1997 et 2002.

    André Vallini , sénateur de l’Isère : licenciement abusif et harcèlement moral. Poursuivi par son attachée parlementaire, avec qui il a fini par trouver un accord. Proche de François Hollande, cet ancien président de la commission Outreau conseille le candidat socialiste sur les questions de justice.

    Léon Saint-Quay  http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • Guerre larvée entre Russes et Américains autour de l’énergie en Europe

    Moscou semble fatiguée de la politique de Washington visant à empêcher la domination de la Russie sur le marché européen, écrit, jeudi 25 avril, le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

    Carte des différents gazoducs existants ou en projet dans le sud de l’Europe, légendée en allemand mais néanmoins claire (cliquer dessus pour l’agrandir) – Source : http://www.geostrategicforecasting.com

    A tel point que les scientifiques de Skolkovo ont proposé un plan pour régler les conflits énergétiques actuels. A cause de la Russie et des Etats-Unis, les problèmes énergétiques provoquent des conflits, bien qu’aucun pays ne soit directement menacé par les agissements de l’autre.

    Une perception plus rationnelle des marchés pétro-gaziers internationaux permettrait aux deux camps de créer, dans le meilleur des cas, les conditions favorables pour des investissements conjoints. Au pire des cas, de réduire la résistance active d’un camp contre chaque mouvement de l’autre, estiment les auteurs d’un rapport intitulé Les relations russo-américaines et le marché des hydrocarbures en Eurasie, largement repris par des agences de presse. Selon eux, les dirigeants américains doivent permettre aux hommes politiques russes et européens, ainsi qu’aux responsables européens et aux chefs de Gazprom, de déterminer eux-mêmes les conditions de leur coopération énergétique.

    «Cette coopération ne doit pas être basée sur une politique et des déclarations inutiles, voire hostiles», remarquent les spécialistes.

    Il n’y a aucune raison pour ne pas soutenir les projets Nord Stream et South Stream et aucune, non plus, pour la Russie de continuer à s’opposer à Nabucco. Pire encore, le soutien de Nabucco par les Américains saborde la confiance des dirigeants de compagnies énergétiques européennes envers les Etats-Unis. Ils sont préoccupés par une telle approche de la situation.

    Nabucco, l’Azerbaïdjan [...] doute également [de ses] perspectives. C’est ce qu’a déclaré récemment le vice-président du groupe azerbaïdjanais Socar (State oil company of Azerbaijan republic), Elchad Nassirov. «Le projet Nabucco s’est déjà rétréci pour devenir Nabucco West et il n’est pas évident que même ce projet soit réalisé […]. Nous pouvons confirmer que l’UE et les membres du projet Nabucco sont incapables de trouver des fonds nécessaires pour construire ce gazoduc», a-t-il indiqué.

    Initialement évalué à 7,9 milliards d’euro, le coût du projet Nabucco a ensuite atteint 12, puis 20 milliards d’euros, a rappelé le responsable. «Que ces 20 milliards d’euros signifient-t-ils pour l’Union européenne qui paie plus de 20 milliards d’euros de trop par an, parce qu’il n’y a qu’un seul fournisseur sur le marché ? Que ces 20 milliards d’euros signifient-t-ils pour l’Otan composé principalement des pays membres de l’UE ? C’est le coût de trois semaines d’opérations militaires en Irak. Ces fonds ne donneraient pas d’effet en Irak, mais ils permettraient à l’Europe de se protéger contre tout changement dans le secteur énergétique», a poursuivi M. Nassirov.

    Appelé à concurrencer le projet russe South Stream, le gazoduc Nabucco doit acheminer le gaz de la mer Caspienne vers l’Europe en contournant la Russie. Privilégié par l’Union européenne et les Etats-Unis, il est censé réduire la dépendance de l’UE vis-à-vis des
    importations gazières russes.

    Les travaux de construction de Nabucco auraient dû commencer en 2011 et se terminer en 2014. Mais la réalisation du projet a été reportée à maintes reprises en raison d’absence [de] fournisseurs de gaz pour ce pipeline.

    L’Azerbaïdjan envisage d’exporter près de dix milliards de mètres cubes de gaz par an en Europe dans le cadre de la deuxième étape d’exploitation de son gisement gazier Shah Deniz. A l’heure actuelle, le consortium pour l’exploitation du gisement étudie deux variantes de transport de gaz vers l’Europe – par le gazoduc Nabucco West, qui est une variante du projet Nabucco, trois fois moins longue et beaucoup moins coûteuse, et le gazoduc TAP (Trans-Adriatic Pipeline).

    Le TAP, le département d’Etat américain y est-il favorable ? Il a mis en garde Athènes contre une coopération énergétique avec Moscou. Un haut responsable du département d’Etat a déclaré au gouvernement grec qu’une cession du consortium gazier Depa au Groupe russe Gazprom serait indésirable, car elle ferait de la Grèce «l’otage» du Kremlin dans le domaine énergétique. La Russie fournissant près de 90% du gaz consommé par la Grèce, Washington estime que le rachat de Depa permettrait à Moscou de renforcer sa domination sur le marché énergétique de la région.

    La coopération avec la Russie pourrait remettre en cause la construction du gazoduc transadriatique appelé à acheminer du gaz azerbaïdjanais vers l’Europe du sud via la Grèce. La Grèce, l’Albanie et l’Italie ont déjà signé à Athènes un accord intergouvernemental consacrant leur intention de réaliser le projet TAP. La cérémonie de [...] signature s’est déroulée en présence du sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires européennes Eric Rubin.

    La Grèce envisage de privatiser le conglomérat Depa et l’opérateur du réseau de transport gazier Defsa. Trois compagnies sont actuellement en lice pour le rachat des entreprises grecques : les Groupes russes Gazprom et Sintez, ainsi que la compagnie publique
    azerbaïdjanaise Socar.

    Pendant ce temps, les compagnies russes continuent à étendre [leurs ramifications]. Le premier Groupe pétrolier russe, Rosneft, compte construire une usine de gaz naturel liquéfié (GNL) dans l’Extrême-Orient en 2018-2019. En février 2012, le Russe, Rosneft, et l’Américain, ExxonMobil, ont signé un mémorandum sur l’évaluation de la viabilité économique d’un projet d’usine GNL dans l’Extrême-Orient russe. Une source proche du dossier a alors fait savoir que l’usine pourrait être implantée à Sakhaline. La capacité initiale de l’usine s’élèverait à cinq millions de tonnes par an.

    La Russie doit s’abstenir de réactions trop émotionnelles face aux échecs des Etats-Unis. Les hommes politiques russes et les dirigeants des compagnies énergétiques doivent également reconnaître que la révolution de schiste aux Etats-Unis et le déclin économique mondial modifieront l’organisation des marchés gaziers. C’est pratiquement inévitable et la Russie devra s’y adapter.

    Ces tendances ne reflètent aucun «complot» des Etats-Unis contre les intérêts de la Russie. Il n’y a rien de personnel – c’est seulement les affaires.

    Selon les analystes interrogés, l’idée des auteurs du rapport [est] bienveillante mais pas réaliste. En particulier, les experts estiment que dans la situation actuelle la Russie doit rester neutre envers toute action des Etats-Unis, en poursuivant les projets prévus et en établissant des relations favorables avec l’Europe en termes d’hydrocarbures. Il est primordial pour la Russie de ne pas mélanger la coopération énergétique et les relations politiques. En ce qui concerne Nabucco, sa nécessité est dictée par la volonté de l’Europe de réduire sa dépendance énergétique envers la Russie par des livraisons de gaz directes en provenance des pays d’Asie centrale.

    Or, toutes [ces] questions se trouvent dans la sphère d’intérêts de l’Europe et de la Russie et la participation des Etats-Unis aux négociations, sous quelque prétexte que ce soit, ne peut être qu’une tentative d’influer sur la situation géopolitique dans la région.

    La Tribune (Algérie) http://fortune.fdesouche.com/

  • Manifestations contre la loi Taubira !

    Dimanche 5 mai 2013 : Grandes manifestations régionales !

    Paris : Rassemblement festif, amical et familial, avec les mères veilleuses, avenue de Breteuil. RDV à 15h, place Vauban.

    Rennes : Rassemblement pour tout l’Ouest de la France (Bretagne / Pays de Loire / Normandie). RDV 15h, esplanade du Champs de Mars (Métro Charles de Gaulle). Fin de manifestation à 18h.

    Lyon : Rassemblement pour les départements Rhône-Alpes (Ain, Drôme, Ardeche, Isere, Savoie, Haute-Savoie, Rhône, Loire) et l’Auvergne. RDV à 14h Place Bellecour, Lyon 2ème (marche au travers de la ville : rue de la république, place de la comédie, retour par les quais du Rhône à la place Bellecour). Fin de manifestation à 18h15.

    Montpellier : Rassemblement Languedoc-Roussillon. RDV 14h30 aux jardins du Peyrou. Fin de manifestation à 16h30. Tract ici.

    Toulouse : RDV à 15h30 sur les Allées Charles de Fitte (M° St Cyprien, ligne A). Ce rassemblement concerne le Midi-Pyrénées, le Limousin, le Cantal (Auvergne), l’Aude (Languedoc-Roussillon) et les départements d’Aquitaine qui le souhaitent. Événement Facebook : http://www.facebook.com/events/4885...

    Dijon : Rassemblement pour la Bourgogne et la Franche-Comté. 12h30 : Pique-nique pour tous au Parc de la Colombière à Dijon ; 14h30 : Marche sur les allées du Parc ; 15h30 : Rassemblement Place Wilson et interventions en tribune ; 17h00 : fin de la manifestation.

    Lille : RDV à 15h30, place de la préfecture.

    Amiens : RDV place GAMBETTA à 16h30 armés de biscuits, de jus de fruits, de pancartes, de drapeaux et de bonne humeur ! http://www.lamanifpourtous80.com/

    Saint-Raphaël (83) : Rendez-vous à 15h plage du Veillat avec vos drapeaux, vos sweats, votre goûter et votre détermination.

    Pour organiser votre week-end, n’oubliez pas le site Week-end facile : covoiturage, hébergement, babysitting...

  • La désobéissance civile

    Lu sur Metablog :

    "[Q]u'est-ce que la désobéissance civile selon Hannah Arendt : ni l'objection de conscience ni non plus une résistance à l'autorité qui serait purement subjective. La désobéissance civile a trois caractéristiques selon la philosophe : la publicité (on résiste pour les autres), la non-violence (on résiste sans rébellion ni révolution), le fait de provenir non pas d'individus isolés mais de groupes, parce que c'est essentiellement un geste politique et pas simplement un geste moral. La désobéissance civile est un geste qui n'est ni réactionnaire ni révolutionnaire, c'est un geste conservateur : il s'agit d'invoquer l'esprit de la loi contre la loi...

    Je me suis demandé si les Veilleurs étaient en train d'instaurer un espace de résistance ou de désobéissance civile. Et pourquoi non ? Toute démocratie, si elle ne souhaite pas être dominée par la dictature la plus pernicieuse et la plus cachée, la tyrannie de la majorité, doit avoir recours à des espaces de désobéissance civile pour équilibrer le jeu politique de la majorité et de la minorité.

    De ce point de vue, l'espace de la désobéissance civile est indispensable en toute vraie démocratie. Elle nous vaccine contre le Contrat social à la mode de Rousseau (où la majorité est prise comme l'unanimité citoyenne en un redoutable tour de passe passe). Comme l'écrit Hannah Arendt : "Le consensus de fait ne peut représenter le consensus de droit. Si tel était le cas, alors une humanité hautement organisée pourrait en arriver à conclure le plus démocratiquement du monde, c'est-à-dire à la majorité, que l'humanité en tant que tout aurait avantage à liquider certaines de ses parties" (cit. in A.M. ROVIELLO, Sens commun et modernité chez HA").

    Je reviens demain sur Hannah et sur le film extraordinaire que vient de lui consacrer Margarethe von Trotta (allez le voir !). Mais je crois que Les Veilleurs pourraient bien réussir à dé-rousseauiser notre République, en inscrivant invisiblement sur le sol de Paris, cet espace de liberté spirituelle, où un vivant esprit de la loi peut juger des lois perverses, même de celles qui se recommandent d'un vote républicain pour s'imposer violemment à tous les citoyens. Loin d'être un coup de canif dans la démocratie, la désobéissance civile apparaît comme le seul moyen d'être vraiment démocrate. Il s'agit d'empêcher que se mette en place cette tyrannie de la majorité, où, disait déjà Aristote, "tout le peuple est comme un seul tyran". Hannah Arendt, convaincue de l'importance de ces considérations (voir son article dans Du mensonge à la violence) appelait à constitutionnaliser la désobéissance civile.

    En attendant il faut encourager les Veilleurs, les aider à faire vivre en France, pour la première fois depuis longtemps, une vraie démocratie. Le temps des Veilleurs est bien un temps politique, comme le disait Axel : le temps de la désobéissance civile."

    Michel Janva  http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • "La nouvelle élite catholique sera plus radicale, moins effacée : les gens ne peuvent plus être des schizophrènes"

    Une pause-lecture captivante pour mieux repartir vers un week-end qui promet d'être agité : 

    "Le début de cet entretien est paru dans Monde et Vie, dont le dernier numéro comporte un magnifique dossier sur le printemps chrétien que notre France est en train de vivre. Faute de place, la revue n'a pas pu publier intégralement le témoignage de Guillaume et de Carl. Mon amie Claire Thomas me l'a proposé. Le voici donc sur metablog. Ni Guillaume ni Carl ne sont des activistes. Ils voient les choses du point de vue de l'Eglise et de ce que ce printemps change dans l'Eglise de France

    Le Mouvement initié par la Manifestation pour tous et qui la déborde largement est difficile à décrypter. Pas de leaders affirmés, sinon des gens que l’on désigne par leurs prénoms. Pas de mots d’ordre officiels, des consignes qui passent par les réseaux sociaux. Cela veut-ils dire que ces manifestants sont des manifestants de hasard, des militants de rencontre ? Nous avons souhaité donner la parole à deux jeunes qui participent aux manifestations. Ils ne se connaissaient pas avant que nous n’organisions cette rencontre. Ils ne se sont pas entendus pour délivrer un discours semblable.

    Leur point de vue et leur formation sont assez différents mais leur enthousiasme est tout à fait convergent. Ils indiquent, sans s’être concertés, que naît dans la rue, en ce moment, un véritable printemps du christianisme en France.

    CT : Guillaume, Carl, j’aurais d’abord envie de vous demander qui vous êtes… D’où parlez-vous ? 
    GL : Nous sommes tous deux de simples militants de base, ni Printemps français, ni Veilleurs, ni Camping pour tous, ni Hommens, ni « Salopards », ni « Comité d’accueils » pour ministres en déplacements professionnels, mais n’hésitant pas à aider les uns et les autres. Depuis le début de cette affaire de mariage homosexuel, à Paris, nous essayons d’être présents sur tous les fronts dans une opération qui compte déjà quelques réussites… Vous nous demandez : « Qui êtes-vous ». Disons que nous représentons l’un et l’autre, incognito, deux parmi des milliers, un mouvement fondateur qui implique toute une génération de catholiques : les manifestants viennent de partout mais ils se sont regroupés autour de viviers de gens formés : je pense à l’Institut Albert le Grand (Angers) à l’ICES (La Roche sur Yon), à l’IPC (Paris), qui fournissent des cadres à notre révolte.
    Pour la plupart, on pourrait dire que nous relevons de « la jeunesse JMJ ». Au départ, nous sommes des catholiques bisounours, soit de formation diocésaine classique, soit des groupes chacha (charismatiques NDLR) qui découvrent l’hostilité des médias et du monde.
    Ces jeunes gardent encore une sorte de répulsion pour le milieu tradi, mais ils se sont radicalisés par rapport aux médias et au gouvernement. François Hollande a réussi à transformer des bisounours en militants politiques engagés… contre lui. C’est un véritable tour de force ! "(suite).
  • Les attentats de Boston, synthèse

    Excellent dossier d’Egalité et Réconciliation sur les attentats de Boston. Tout y est.

    Marathon de Boston : la piste de « l’État profond »

    Les deux explosions du marathon de Boston ont suscité dès le premier jour beaucoup de commentaires sur divers sites Internet et forums de discussion. Un certain nombre d’internautes, reconvertis en journalistes ou même en enquêteurs, ont relayé énormément d’« informations », dont certaines ont contredit l’enquête des autorités. Les médias maintream, avides d’une narration émotive et partisane, ont eu également le plus grand mal à dessiner pour leur public des pistes explicatives qui ne relèvent pas de la pure spéculation ; ils furent peu aidés dans leur tâche par des enquêteurs officiels avares de révélations. Au final, la piste de « l’État profond » reste plus que jamais ouverte. Retour sur les deux premières semaines d’un storytelling cahotique.

    Lundi 15 avril

    Le lundi 15 avril, à 14 h 49 [1], alors que le chronomètre du marathon de Boston indique 4 h 09 min 43 s de course, une bombe explose dans la foule de spectateurs massés à quelques mètres de la ligne d’arrivée, située sur Boylston Street. Treize secondes plus tard, une seconde explosion a lieu dans la même rue, à 190 mètres en amont sur le trajet de la course.

    La suite ici

    http://www.eschaton.ch