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François Hollande, la tête dans le sable
Guillaume Bernard critique l'entretien donné par François Hollande :
"Trois principales caractéristiques peuvent être dégagées des propos tenus par François Hollande lors de la traditionnelle interview du 14 juillet.
1. Un sentiment de déficit quant à son charisme politique : nombre de ses propos apparaissent comme la combinaison de la méthode Coué (la reprise économique serait « là ») et de la navigation à vue (les prélèvements obligatoires seront augmentés si cela s’avérait « nécessaire »). Avec le niveau de dette publique que connaît la France, il paraît peu vraisemblable (sauf à faire des coupes claires) que cela ne devienne pas indispensable. En outre, il n’est peut-être pas inutile de noter, au passage, que l’engagement du président de la République de ne pas augmenter les impôts ne concerne que l’Etat, nullement la Sécurité sociale ou les collectivités territoriales auxquelles l’Etat confie (se défausse ?), d’ailleurs, de plus en plus de compétences.
2. Une confirmation quant à ses orientations idéologiques profondes : candidat du Parti « socialiste », François Hollande est authentiquement social-démocrate, c’est-à-dire qu’il accepte l’économie de marché mais devant être régulée par l’intervention de la puissance publique. En assumant la mise en place d’emplois pouvant être considérés comme artificiels parce que financés avec de l’argent public et en affirmant que la réduction des déficits devait être réalisée mais sans que celle-ci n’étouffe l’activité économique, le président de la République s’est fait le farouche défenseur de l’Etat-providence. Il est sans doute regrettable que les journalistes qui l’interrogeaient ne lui aient pas demandé (puisqu’il a explicitement pris position contre tout protectionnisme) ce qu’il pensait de la préférence nationale en matière sociale préconisée par le Premier ministre britannique, Monsieur David Cameron. Enfin, sur la question de la réforme des retraites, sa présentation des enjeux a été très édulcorée : rien sur les régimes spéciaux, rien sur la dichotomie fondamentale entre les retraites financées par les cotisations sociales et les rémunérations à vie des fonctionnaires qui, elles, sont budgétisées.
3. Un refus entêté d’envisager, en face, certaines réalités sociales et culturelles. Est-il vraiment utile de relever la nième réaffirmation béate de la théorie du « creuset républicain » à propos de l’islam ? Dans la prise de parole présidentielle, les préoccupations des Français ont quasiment été réduites aux questions économiques (qui ont, naturellement, de l’importance) ; mais, d’aucuns pourraient interpréter sa vision des choses comme étant purement matérialiste. Ses silences sont extrêmement révélateurs. Aucune allusion à l’immense mouvement populaire de « La Manif Pour Tous » et l’inquiétude de nombreux Français sur l’évolution des mœurs et de la bioéthique. Mais surtout, pas le moindre mot sur l’insécurité et les émeutes urbaines ! C’est effarant. Dans le fond, c’est la crise des fonctions régaliennes de l’Etat qui a été presque totalement éludée dans l’intervention présidentielle. Sa prise de position sur la question énergétique est, à ce titre, emblématique : François Hollande a martelé que la France devait être « exemplaire » ; il n’a jamais parlé d’indépendance nationale. "
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LA FABRIQUE DU CONSENTEMENT
Plaidoyer pour une décroissance de l'éphémère
Chems Eddine Chitour*
Ex: http://metamag.fr« Pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible. »Patrick Le Lay, Président Directeur Général de TF1
Il est devenu d'usage d'admettre dans la plus pure tradition de la fatalité, que la civilisation est ce qu'elle est et qu'il faut s'adapter ou périr. Il en va ainsi de tous les « ismes » qui ont malmené la condition humaine à travers les siècles, notamment le précédent, par toute latitude. En son temps, Jean-François Lyotard avait fait l'inventaire de tous les récits de légitimité (communisme, stalinisme, nazisme... libéralisme) et comme épouvantail islamisme imposés par les puissants aux peuples. Parmi tous ces «ismes» le capitalisme triomphant après la chute du communisme pensait pouvoir formater la planète pour mille ans.Souvenons-nous dans le droit fil de la « destinée manifeste » du XIXe siècle faisant dire à Dieu qu’il privilégie le peuple américain, de «La fin de l'histoire» au XXe siècle de Francis Fukuyama pour qui le modèle américain de néolibéralisme devait amener la prospérité et la démocratie «aéroportée» et les lumières droits de l'homme au reste du monde au besoin éclairée par le napalm...On le sait, le Programme américain pour un nouveau siècle (Pnac) théorisé par les néoconservateurs avait justement, pour objectif de réaffirmer le leadership définitif de l'hyperpuissance américaine. Pour cela il fallait inventer un Satan de rechange. Ce sera l'Islam(isme) et à bien des égards, l'attaque des tours jumelles, symbole du capitalisme triomphant, fut du pain bénit. Rien ne s'opposera ni à l'intérieur ni à l'extérieur à la tentation d'Empire et à la nouvelle religion le money-théisme. Le capitalisme, le néolibéralisme et la mondialisation ont besoin de mécanismes pour formater durablement le monde. Des institutions seront mises en place pour gouverner le monde, à la place des anciennes. D'abord, ce seront les deux grandes banques, celle qui «ajuste, structurellement les économies vulnérables le FMI, et la Banque mondiale». Ce sera ensuite, le commerce confié à l'OMC.Par ailleurs il y aura forcément des récalcitrants qu’il faudra mettre au pas, soit par le soft power de la Cour pénale internationale pour juger les faibles, soit par la force brutale avec l’Otan. Enfin la surveillance et le formatage des esprits, seront confiés à Internet, et à l'addiction volontaire aux nouveaux médias. Nous allons justement traiter dans ce qui suit de la fabrique du consentement par les médias et la publicité sur tous les supports au premier rang desquels la télévision joue un rôle capital dans la «panurgisation» du monde.
Le marché et son installation : Les consommateurs « sous influence »Dans les pays dits développés, le marché, dans l'euphorie des «trente glorieuses» en Europe a permis le développement spectaculaire de la consommation débridée sous toutes ses formes. A titre d'exemple, l'installation des grandes surfaces qui a laminé définitivement les petits commerces s'est imposée au début des années 1960 et en mutant chaque fois pour serrer au plus près le consommateur on apprend qu'en France: «Le premier hyper est né le 15 juin 1963 en région parisienne sous la bannière Carrefour. Dans les années 1970, les nouvelles technologies changent les modalités d'achat. L'apparition du code-barre, puis la naissance de la carte à puces et des cartes bancaires modifient. En 1976, Carrefour lance les «produits libres». En 2012, Carrefour teste un magasin virtuel à Lyon et à Paris. Il permet au consommateur de commander ses produits via son smartphone depuis un lieu de passage, une gare par exemple, et de se faire livrer à son domicile ou au point «drive» de son choix.» (Du chariot à la caisse automatique, un demi-siècle d'hypermarchés Le Monde 14.06.2013 )
La fabrique du consentementDans cette lutte féroce pour vendre à tout prix, les firmes multinationales ne manquent pas d'imagination. Elles faisaient appel aux techniques antédiluviennes de la réclame puis de la publicité classique. Elles s'attaquent maintenant au cerveau et créent un besoin. Pierre Barthélemy rapporte l'expérience singulière - pour nous, mais rentrée dans les mœurs ailleurs - de mainmise sur le cerveau, expérience qui montre que rien n'est définitivement acquis et qu'on peut être trompé tout le temps. Nous le suivons: «Comment les grandes marques influent sur nos cerveaux. Tellement brutale mais tellement vraie, la sortie de Patrick Le Lay, alors P-DG de TF1, avait fait grand bruit: il n'imaginait sûrement pas, c'est à quel point ce rapprochement entre cerveau et grandes enseignes commerciales était pertinent et profond. Une étude remontant au début des années 1980 a ainsi montré que des femmes souffrant de maux de tête se sentaient plus soulagées en prenant le cachet d'aspirine d'un groupe pharmaceutique très connu plutôt que celui d'une société moins célèbre, ce alors que la formulation et la présentation du médicament étaient exactement les mêmes.»Pierre Barthélémy cite une étude singulière: «Dans un article publié il y a quelques semaines par PLOS ONE, deux psychologues allemands se sont demandé si cet effet «grande marque» pouvait être transposé dans l'univers de l'alimentation et influencer une dégustation. Pour le déterminer, ils ont mis au point l'expérience suivante: des volontaires, allongés dans un appareil à IRM (imagerie par résonance magnétique) allaient goûter quatre sodas gazeux et les noter pendant qu'on observerait les zones de leur cerveau excitées par cette dégustation. (...) Les deux premières se passent de présentation. River Cola est la marque générique d'une chaîne de supermarchés allemands tandis que le T-Cola avait été présenté aux participants comme une boisson tout juste mise au point et pas encore sur le marché.»En fait, T-Cola n'était qu'une invention: l'idée consistait à proposer une boisson totalement inconnue, d'une marque non identifiable. Les quatre échantillons servis étaient en réalité rigoureusement identiques, un cocktail de Coca, de Pepsi et de River Cola. Un tiers de chaque. Pour rendre le scénario encore plus crédible, les expérimentateurs montraient avant le test quatre récipients dont le contenu était soigneusement étiqueté. Les quinze participants ont tous eu l'impression qu'il s'agissait de quatre sodas différents (avant qu'on leur dévoile le pot aux roses). Les échantillons estampillés Coca et Pepsi, les deux grandes marques, ont obtenu des notes significativement meilleures à celles des deux autres, un résultat pas très surprenant.
« Le plus intrigant, conclut Pierre Barthélémy, n'est, en effet, pas là. Il réside dans ce qui est apparu à l'IRM. La dégustation de ce qui était présenté comme des marques peu ou pas connues a donné lieu à plus d'activité dans le cortex orbito-frontal, montrant que le sujet cherchait davantage à assigner une valeur au produit qu'il était en train de goûter, à décider s'il le trouvait bon ou pas, ce qui était moins le cas avec les pseudo-Coca et Pepsi. Comme si, dans le cas du River Cola et du T-Cola, la marque n'était pas un indicateur suffisant pour déterminer si la boisson plaisait ou ne plaisait pas. Pour les boissons connues, cette zone se révélait moins active, sans doute parce que, pour les avoir déjà goûtées auparavant ou en avoir vu les sujets savaient déjà plus ou moins à quoi s'en tenir. (...) Croyez-le ou pas, mais elles suivent de près la science du cerveau, au point qu'elles utilisent, elles aussi, l'IRM ou l'électroencéphalogramme pour... tester les réactions de consommateurs à de nouveaux produits ou comprendre comment ils prennent une décision d'achat. Cela s'appelle le neuromarketing.»Le dogme de cette religion, écrit Patrick Juignet, procède d'un axiome central: «Les vices privés font la vertu publique» que l'on doit à Bernard Mandeville (1740). Cet axiome déstructure les autres grandes fonctionnalités humaines: politique, symbolique, sémiotique et psychique. Par rapport à cette situation, Dany-Robert Dufour propose un droit de retrait des citoyens de la société devenue perverse (...) car poussant à toujours plus de compétition, de performance, pour plus d'argent afin de participer à l'idéal de la grande addiction consumériste. Il dénonce aussi la naturalisation généralisée, la perte des repères et interdits culturels, la réduction des individus à leur fonctionnement pulsionnel.»Les dégâts du néolibéralisme: Tout est conçu contre la moraleJustement, pour Dany Robert Dufour l'échange marchand généralisé et libéralisé détruit ou dérégule les autres «économies»: l'économie discursive (échange du sens, des idées), l'économie sociale (donner, recevoir, rendre) et l'économie psychique (la limitation pulsionnelle, l'altruisme). La télévision forge-t-elle des individus ou des moutons? s'interroge-t-il ?« L'individualisme ,écrit-il, n'est pas la maladie de notre époque, c'est l'égoïsme, ce self love, cher à Adam Smith, chanté par toute la pensée libérale. (...) Vivre en troupeau en affectant d'être libre ne témoigne de rien d'autre que d'un rapport à soi catastrophiquement aliéné, dans la mesure où cela suppose d'avoir érigé en règle de vie un rapport mensonger à soi-même. Et, de là, à autrui. Ainsi ment on effrontément aux autres, ceux qui vivent hors des démocraties libérales, lorsqu'on leur dit qu'on vient - avec quelques gadgets en guise de cadeaux, ou les armes à la main en cas de refus - leur apporter la liberté individuelle alors qu'on vise avant tout à les faire entrer dans le grand troupeau des consommateurs. Mais quelle est la nécessité de ce mensonge? La réponse est simple. Il faut que chacun se dirige librement vers les marchandises que le bon système de production capitaliste fabrique pour lui. «Librement» car, forcé, il résisterait. La contrainte permanente à consommer doit être constamment accompagnée d'un discours de liberté, fausse liberté bien sûr, entendue comme permettant de faire «tout ce qu'on veut».« Notre société poursuit le philosophe est en train d'inventer un nouveau type d'agrégat social mettant en jeu une étrange combinaison d'égoïsme et de grégarité que j'épinglerai du nom d'«égo-grégaire». Il témoigne du fait que les individus vivent séparés les uns des autres, ce qui flatte leur égoïsme, tout en étant reliés sous un mode virtuel pour être conduits vers des sources d'abondance. Les industries culturelles jouent ici un grand rôle: la télévision, Internet, une bonne partie du cinéma grand public, les réseaux de la téléphonie portable saturés d'offres «personnelles»... La télévision est avant tout un média domestique, et c'est dans une famille déjà en crise qu'elle est venue s'installer. Certaines études nord-américaines l'appellent depuis longtemps déjà le «troisième parent». On pourrait se demander: après tout, pourquoi pas cette virtualisation des rapports familiaux? (...)»Le philosophe conclut son constat amer en citant Bernard Stiegler : «Bernard Stiegler, dans un vif petit livre à propos de la télévision et de la misère symbolique, indique que « (l'audiovisuel) engendre des comportements grégaires et non, contrairement à une légende, des comportements individuels. Dire que nous vivons dans une société individualiste est un mensonge patent, un leurre extraordinairement faux (...). Nous vivons dans une société-troupeau, comme le comprit et l'anticipa Nietzsche. La famille en question serait donc en fait un «troupeau», qu'il ne s'agirait plus que de conduire là où l'on veut qu'il aille s'abreuver et se nourrir, c'est-à-dire vers des sources et des ressources clairement désignées.(...) A la liste des gardiens du troupeau avancée par Kant - le mauvais prince, l'officier, le percepteur, le prêtre, qui disent: «Ne pensez pas! Obéissez! Payez! Croyez!» -, il convient évidemment d'ajouter aujourd'hui le marchand, aidé du publicitaire, ordonnant au troupeau de consommateurs: «Ne pensez pas! Dépensez!»Trouve–t-on le formatage des esprits uniquement dans la consommation des biens matériels et le divertissement, l’Entertainment pour parler franglais ? Non ! Les ravages touchent aussi le libre arbitre. L'autre pendant dangereux de la publicité est la propagande dont on connaît les ravages. «La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures». Dans leur ouvrage: La fabrique du consentement, Noam Chomsky et Edward Herman nous donnent une analyse très éclairante du fonctionnement des médias aux Etats-Unis, mais parfaitement transposable en France. Les pouvoirs qui possèdent les médias, les financent par le biais de la publicité, définissent l'information a priori puis produisent tant les contre-feux que les experts sur mesure nous semblent être au cœur de la production de l'idéologie dominante.»Que faut-il faire face à cette course vers l'abîme ?Est-ce que la croissance débridée est synonyme de confort? De bien-être? Penser une décroissance de ce qui n'est pas essentiel est ce, «revenir à la bougie» encore que cela soit poétique! Pour Vincent Liegley, il faut «aller vers des sociétés matériellement frugales, écologiquement soutenables. L'enjeu est de revenir à une société beaucoup plus simple, à un autre type de confort matériel, sans remettre en question les avancées de la société actuelle. Sortir de la méga-machine, de la technostructure, comme y invitait Ivan Illich, autre penseur de la décroissance. Retrouver aussi ce qui a été détruit: convivialité, solidarité, le «buen vivir», ce concept de la «vie bonne» développé en Amérique latine. (...) »« Nous sommes face à l'effondrement d'une civilisation. Mais aujourd'hui, l'ensemble de la planète est embarqué sur ce Titanic. Ce sera un choc extrêmement violent. Nous essayons de comprendre cette crise anthropologique et de construire d'autres civilisations en rupture avec celle-ci. Avec une contradiction: il faut aller vite, tout en faisant quelque chose qui demande du temps. Un changement de nos habitudes, une décolonisation de notre imaginaire, une transformation de nos institutions qui sont toxicodépendantes de la croissance... Le but de la décroissance, est d'ouvrir des possibles de pensée. Nous tentons de penser l'utopie, ce vers quoi on veut tendre - sans peut-être jamais l'atteindre. Définir un projet de transition qui part de la société actuelle, tout en étant complètement en rupture avec celle-ci. L'important est de savoir où l'on va et d'assumer ces contradictions pour transformer la société en profondeur.»D'où viendrait le salut en absence de décroissance « mot maudit » par la doxa occidentale qui fait du marché son veau d’or ? Nous appelons une fois de plus, à l’aide le philosophe Dany Robert Dufour qui dans de nombreux écrits, a analysé les comportements humain en face de cette machine du diable qu’est le néo-libéralisme. Il écrit : «Pour sortir de la crise de civilisation, il convient de reprendre, propose-t-il, un élan humaniste. Comment faire advenir un individu qui, serait enfin «sympathique» c'est-à-dire libre et ouvert à l'autre. «Il nous semble qu'un des enjeux de civilisation actuel soit précisément d'échapper à ce dilemme. (...) Je prédirais plutôt la survie du capitalisme au prix de la mort de notre civilisation et sa transformation en une vaste administration techno-marchande inhumaine, fonctionnant au service de l'oligarchie mondiale.»Pour Edgard Morin autre philosophe éclectique,(Edgard Morin: Ce que serait ´´ma´´ gauche. Le Monde. 22.05.10) il ne s'agit pas de concevoir un «modèle de société», voire de chercher quelque oxygène dans l'idée d'utopie. Il nous faut élaborer une Voie, qui ne pourra se former que de la confluence de multiples voies réformatrices, et qui amènerait la décomposition de la course folle et suicidaire qui nous conduit aux abîmes. La voie nouvelle conduirait à une métamorphose de l'humanité: l'accession à une société-monde de type absolument nouveau. Elle permettrait d'associer la progressivité du réformisme et la radicalité de la révolution.
*Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz -
Révolte, irrationnel, cosmicité et... pseudo-antisémitisme
Contre les pensées pétrifiées, il faut recourir à la révolte, disent les animateurs de la maison d'éditions Matthes & Seitz de Munich, éditrice des textes les plus rebelles de RFA et propagatrice de la pensée d'un Bataille et d'un Artaud, d'un Drieu et d'un Dumézil, d'un Leiris et d'un Baudrillard. Attentifs au message de cette inclassable pensée française, rétive à toute classification idéologique, Matthes, Mattheus et Bergfleth, principales figures de ce renouveau, si impertinent pour le conformisme de la RFA, estiment que c'est par ce détour parisien que la pensée allemande prendra une cure de jouvence. Mattheus et Matthes avaient, fin 1985, publié une anthologie de textes rebelles qu'ils avaient intitulée d'une phrase-confession, inspirée de Genet : “Ich gestatte mir die Revolte” (Je me permets la révolte...). Leur révolte, écrit l'essayiste hongrois Laszlo Földényi, dans une revue de Budapest, n'a rien de politique ; elle ne se réfère pas à telle ou telle révolution politique concrète ni à l'aventure soixante-huitarde ni à de quelconques barricades d'étudiants ; elle se niche dans un héritage culturel forcément marginal aujourd'hui, où notre univers est club-méditerranisé, elle campe dans de belles-lettres qui avivent les esprits hautains, s'adressent à des cerveaux choisis.Une révolte à dimensions cosmiquesCes derniers, eux, doivent se réjouir d'une anthologie où Hamann et Hebbel sont voisins de Céline et de Bataille, et où tous ces esprits éternels conjuguent leur puissance pour dissoudre les pétrifications, pour sauver la culture de ce que Friedrich Schlegel nommait la « mélasse de l'humanisme » (Sirup des Humanismus). “Révolte”, ici, n'implique aucune démonstration de puissance politique, de force paramilitaire et/ou révolutionnaire, note Földényi, mais, au contraire, une retenue avisée de puissance, dans le sens où Mattheus et Matthes nous enseignent à nous préparer à l'inéluctable, la mort, pour jouir plus intensément de la vie ; de renoncer aux pensées unilatérales : « L'extrémisme politique institutionalisé transforme souvent l'État en maison d'arrêt : c'est là la forme déclinante de la radicalité... ».Les réflexions cosmiques d'un Bataille, les outrances céliniennes recèlent davantage de potentialités philosophiques, affirment Matthes et Mattheus, que les programmes revendicateurs, que les spéculations strictement sociologiques qui se sont posés comme objets de philosophie dans l'Allemagne de ces 3 ou 4 dernières décennies. Contrairement à Camus, moraliste, et aux exégètes de l'École de Francfort, Matthes, Mattheus et Bergfleth pensent que la “Révolte”, moteur de toute originalité de pensée, ne vise pas à l'instauration d'un Bien pré-défini et que l'activité humaine ne se résume pas à un processus sociologique de production et de reproduction ; elle indique bien plutôt cette “Révolte” à dimensions cosmiques, l'expression des outrances les plus violentes et les plus audacieuses de l'âme humaine qu'aucune codification de moralistes étriqués et qu'aucun utilitarisme calculateur ne pourront jamais appréhender dans leur totalité, dans leur profusion cosmique et tellurique.La “Révolte” comme force innéeLa raison des philosophes et des idéologues n'est qu'un moyen pratique et commode pour affronter une quotidienneté sans reliefs importants. Dans une lettre du peintre André Masson, reproduite dans l'anthologie de Matthes et Mattheus, on trouve une réflexion qui rejoint la préoccupation du groupe éditorial munichois : aucun enthousiasme révolutionnaire n'est valable, s'il ne met pas à l'avant-plan les secrets et les mystères de la vie et de la mort. C'est pourquoi l'attitude “Révolte” détient une supériorité intrinsèque par rapport au phénomène “révolution” qui, lui, est limité dans un espace-temps : il commence et il se termine et, entre ces 2 points, une stratégie et une tactique ponctuelles s'élaborent.La “Révolte”, elle, est “primitive” et “a-dialectique” ; elle fait irruption à des moments intenses et retourne aussitôt vers un fonds cosmo-tellurique d'où, récurrente, elle provient, revient et retourne. La “Révolte” est un principe constant, qu'une personnalité porte en elle ; elle est un sentiment, une attitude, une présence, une rébellion. La plupart des hommes, faibles et affaiblis par nombre de conformismes, oublient ce principe et obéissent aux “ordres pétrifiés” ou remplacent cette force innée par une caricature : la dialectique oppositionnelle.Et si le dialecticien politisé croit à un “télos” bonheurisant, sans plus ni projets ni soucis, réalisable dans la quotidienneté, le “révolté”, être d'essence supérieure, sait la fragilité de l'existence humaine, et, dans la tension qu'implique ce savoir tragique, s'efforce de créer, non nécessairement une œuvre d'art, mais un ordre nouveau des choses de la vie, frappé du sceau de l'aventureux. Avec le romantique Novalis, Matthes et Mattheus croient à la créativité de ce rassemblement de forces que l'homme, conscient de sa fragilité, est capable de déployer.Retour à l'irrationnel ?Témoignent de cette créativité foisonnante toutes les poésies, toutes les œuvres, toutes les pensées imperméables aux simplifications politiciennes. C'est précisément dans cette “zone imperméable” que la philosophie ouest-allemande doit retourner, doit aller se ressourcer, afin de briser le cercle vicieux où elle s'enferre, avec pour piètre résultat un affrontement Aufklärung-Gegenaufklärung, où l'Aufklärung adornien donne le ton, béni par les prêtres inquisiteurs du journalisme. Pour Matthes et Mattheus, tout prosélytisme est inutile et rien ne les poussera jamais à adopter cette répugnante praxis. La “Révolte” échappe à l'alternative commode “rationalisme-irrationalisme”, comme elle échappe aux notions de Bien et de Mal et se fiche de tout establishment.Le carnaval soixante-huitard n'a conduit à aucun bouleversement majeur, comme l'avait si bien prévu Marcel Jouhandeau, criant aux étudiants qui manifestaient sous son balcon : « Foutez-moi le camp ! Dans dix ans, vous serez tous notaires ! ». La tentation politicienne mène à tous les compromis et à l'étouffement des créativités. L'objectif de Matthes et Mattheus, c'est de recréer un climat, où la “Révolte” intérieure, son “oui-non” créateur, puisse redonner le ton. Un “oui” au flot du devenir, aux grouillements du fonds de l'âme et à la violence puissante des instincts et un “non” aux pétrifications, aux modèles tout faits. C'est au départ de cet arrière-plan que se développe, à Munich, l'initiative éditoriale de Matthes. Ce dernier précise son propos dans une entrevue accordée à Rolf Grimminger :« Le traumatisme des intellectuels allemands, c'est “l'irrationalisme”. Le concept “irrationalisme” a dégénéré en un terme passe-partout, comme le mot “fascisme” ; il ne signifie plus rien d'autre qu'une phobie, que j'aimerais, moi, baptiser de “complexe de l'irrationalisme”. Je pose alors la question de savoir dans quelle mesure la raison est si sûre d'elle-même quand elle affronte son adversaire, aujourd'hui, avec une telle véhémence d'exorciste. Fébrile, la raison diffame tout ce qui lui apparaît incommensurable et sa diffamation use des vocables “non-sens”, “folie”, “anormalité”, “perversion”, bref le “mal” qu'il s'agit d'exclure.
Par cette exclusion, on exclut l'homme lui-même : tel est mon argument personnel. La raison n'est et n'a jamais été une valeur en soi ; il lui manque toute espèce de souveraineté ; elle est et reste un pur moyen pratique. L'homme, pour moi, est certes un animal doté de raison, mais il n'est pas assermenté à la raison et ses potentialités et ses aspirations ne s'épuisent pas dans la raison. Et celui qui affirme le contraire, ne peut avoir pour idéal que le camp de travail » (Die Ordnung, das Chaos und die Kunst, Suhrkamp, Frankfurt/M., 1986, p. 253).
En France : la Cité ; en Allemagne : la RaisonLe lecteur français, en prenant acte de tels propos, ne percevra pas immédiatement où se situe le “scandale”... En France, la polémique tourne autour des notions d'universalisme et de cosmopolitisme, d'une part, et d'enracinement et d'identité, d'autre part. BHL parie pour Jérusalem et la Loi, qui transcendent les identités “limitantes”, tandis qu'un Gérald Hervé, condamné au silence absolu par les critiques, parie pour Rome, Athènes et les paganités politiques (in : Le mensonge de Socrate ou la question juive, L'Âge d'Homme, 1984). Dans la querelle actuelle qui oppose philo-européens et philo-sémites (car tel est, finalement, qu'on le veuille ou non, le clivage), le débat français a pour objet premier la Cité et celui de la citoyenneté-nationalité), tandis que le débat allemand a la question plus abstraite de la raison.La Raison, que dénoncent Bergfleth et Matthes, est, en RFA, l'idole érigée dans notre après-guerre par les vainqueurs américains et aussi la gardienne conceptuelle d'une orthodoxie et la garante d'un culpabilisme absolu. Pour provoquer l'establishment assis sur ce culte de la raison, établi par l'École de Francfort, et ce philo-sémitisme obligé, soustrait d'office à toute critique, Bergfleth écrit, au grand scandale des bien-pensants :« La judéité des Lumières (aufklärerisches Judentum) ne peut, en règle générale, appréhender le sens de la spécificité allemande, des nostalgies romantiques, du lien avec la nature, du souvenir indéracinable du passé païen germanique... ».
Ou, plus loin :« Ainsi, une nouvelle Aufklärung a généré un non-homme, un Allemand qui a l'autorisation d'être Européen (CEE, ndlr), Américain, Juif ou autre chose, mais jamais lui-même. Grâce à cette rééducation perpétrée par la gauche, rééducation qui complète définitivement sa défaite militaire, ce non-homme est devenu travailleur immigré dans son propre pays, un immigré qui reçoit son pain de grâce culturel des seigneurs cyniques de l'intelligentsia de gauche, véritable mafia maniant l'idéologie des Lumières ».
L'inévitable reproche d'antisémitismePlus pamphlétaire que Gérald Hervé, moins historien, Bergfleth provoque, en toute conscience de cause, le misérable Zeitgeist ouest-allemand ; il brise allègrement les tabous les plus vénérés des intellectuels, éduqués sous la houlette de Benjamin et d'Adorno et de leurs nombreux disciples. Son complice Matthes, qui ne renie nullement ce que Benjamin et Adorno lui ont apporté, estime que si ce philo-sémitisme est absolu et exclut, parce qu'il est asséné en overdose, des potentialités intellectuelles, philosophiques, culturelles et humaines, il limite la liberté, occulte des forces sous-jacentes que le philosophe a le devoir de déceler et de montrer au grand jour. Une telle attitude n'est pas assimilable à l'anti-sémitisme militant habituel, pense Matthes : la critique d'une pensée issue de la théologie judaïque est parfaitement légitime. Cette critique n'exclut pas d'office ce que la théologie et le prophétisme judaïques ont apporté à la culture humaine ; elle a pour objectif essentiel de ne laisser aucune culture, aucun héritage, en marge des spéculations contemporaines.La philosophie ne consiste pas à répéter une vérité sue, déjà révélée, à encenser une idole conceptuelle par des psaumes syllogistiques, mais de rechercher au-delà de la connaissance “ce que la connaissance cache”, c'est-à-dire d'explorer sans cesse, dans une quête sans fin, le fond extra-philosophique, concret, tangible, tellurique, l'humus prolifique, la profusion infinie faite d'antagonismes, qui précèdent et déterminent toutes les idées. Où est l'anti-sémitisme propagandiste dans une telle démarche, à l'œuvre depuis les Grecs pré-socratiques ? Peut-on sérieusement parler, ici, d'anti-sémitisme ? Ce simple questionner philosophique qui interroge l'au-delà des concepts ne saurait être criminalisé, et s'il est criminalisé et marqué du stigmate de l'anti-sémitisme, ceux qui le criminalisent. sont ridicules et sans avenir fecond.Les aphorismes de MattheusCriminaliser les irrationalismes, cela a été une marotte de l'après-guerre philosophique allemand, sous prétexte d'anti-fascisme. En France, il restait des espaces de pensée irrationaliste, en prise sur la littérature, avec Artaud, Bataille, Genet, etc. C'est le détour parisien que s'est choisi Bernd Mattheus, éditeur allemand d'Artaud et biographe de Bataille, pour circonvenir les interdits de l'intelligentsia allemande. Celle-ci, dans son dernier ouvrage, Heftige Stille (Matthes & Seitz, 1986), n'est pas attaquée de front, à quelques exceptions près ; le style de vie cool, soft, banalisé, consumériste, anhistorique, flasque, rose-bonbon, empli de bruits de super-marchés, de tiroirs-caisses électroniques, qu'indirectement et malgré la critique marcusienne de l'unidimensionalité, la philosophie francfortiste de la raison a généré en RFA, est battu en brèche par des aphorismes pointus, inspirés des moralistes français, qui narguent perfidement les êtres aseptisés, purgés de leur germanité, qui ont totalement (totalitairement ?) assimilé au thinking packet franfortiste, comme ils ingurgitent les lunch packets de Mac Donald.Laissons la parole à Mattheus :« Ô combien ennuyeux l'homme qui n'a plus aucune contradiction » (p. 102).
« Ne jamais perdre de vue la lutte contre la pollution de notre intériorité » (p. 123).
« Le désenchantement rationaliste du monde, c'est, d'après Ludwig Klages, la triste facette du travail de l'intellect humain. Pour déréaliser le monde, on peut se servir soit de la ratio soit de la folie. Mais chacune de ces deux voies indique que l'homme ne peut supporter le monde réel tel quel et cherche à s'en débarrasser. Si l'on juge ces deux voies d'après la situation dans laquelle évoluent les sujets qui leur sont livrés, la déréalisation semble plutôt accentuer les souffrances et le désespoir ; d'où le dilemme : soit bêtifié et heureux soit fou et malheureux (Ernst Jünger) » (p. 166).
« Les systèmes libéraux n'ont nul besoin de censure ; la sélection des “biens culturels” se fait aux caisses des magasins et cette sélection-là est bien plus rigoureuse que ne le serait n'importe quelle sélection politique » (p. 183-4).
« Pourquoi Artaud, pourquoi Bataille ? Parce que j'apprécie l'ivresse lucide » (p. 257).Une stratégie de l'attentionDisloquer les certitudes francfortistes, et le “prêt-à-penser” médiatique qu'elles ont généré, passe par un plongeon dans l'extra-philosophique et par ce style aphoristique de La Rochefoucauld, déjà préconisé par Nietzsche. Prendre connaissance, dans l'espace linguistique francophone, du travail de Bergfleth, Matthes et Mattheus, et s'habituer au climat qu'ils contribuent à créer à l'aide de productions philosophiques françaises, c'est travailler à la constitution d'un axe franco-allemand autrement plus efficace et porteur d'histoire que la ridicule collaboration militaire dans le cadre de l'OTAN, où les dés sont de toute façon pipés, puisque l'Allemagne et son armée n'ont aucun statut de souveraineté. De notre part, l'initiative de Bergfleth, Matthes et Mattheus, doit conduire à une efficace stratégie de l'attention.♦ Bernd Mattheus, Axel Matthes (Hrsg.), Ich gestatte mir die Revolte, Matthes & Seitz, München, 1985, 397 S.
♦ Laszlo Földenyi, article paru à Budapest, reproduit dans le catalogue 1986 de la maison Matthes & Seitz.► Article paru sous le pseudonyme de Michel Froissard, Vouloir n°40-42, 1987. -
Comment boucher les trous du budget de l’État, par Pieter KERSTENS
Alors que tous les Chefs d’État, politiciens de gauche et de droite, ainsi que l’ensemble des médias nous répètent depuis des mois et des mois que « la Crise est derrière nous ! », dans tous les pays d’Europe, la préparation d’un budget et le respect des dépenses autorisées procurent de nombreux soucis aux Ministres des Finances.Alors que beaucoup de pays sont en récession et que des réformes structurelles doivent être imposées, sans doute impopulaires mais indispensables au redressement économique. Ce qui est développé ci-dessous concerne le « plat Pays », mais certains points pourraient s’exporter en France ou ailleurs…Après plusieurs mois de palabres, les califes qui gouvernent la Belgique n’ont évoqué que des « mesurettes » concernant les dépenses et les recettes de l’État. RIEN de sérieux…Pas un mot sur les déficits budgétaires qui s’annoncent, ni sur le gouffre de la dette publique de 380 milliards d’Euros -soit 33.000 € par habitant- qui augmente de plus de 1 milliard tous les mois … alors que la pression fiscale belge atteint 44% du PIB en 2012, la 3ème plus élevée dans l’Europe des 27 ! ! !
Pourtant, des mesures drastiques s’imposent, des décisions d’économies structurelles se font urgentes et une gestion journalière en « bon père de famille » doit primer sur la démagogie, le gaspillage des deniers publics et les privilèges octroyés à bon nombre de catégories de salariés du secteur public.Pour ne pas rejoindre la Grèce, l’Italie, le Portugal, Chypre, Malte ou l’Espagne sur le banc des cancres de l’Union Européenne, il serait utile d’examiner les propositions suivantes :1) Revenir à l’horaire des 40 heures/semaine, sans hausse de salaire. Ceci permettrait une meilleure compétitivité de nos entreprises face à nos concurrents européens. Plus de 80% de nos échanges commerciaux se font avec l’Allemagne, la Hollande, la France, l’Italie et l’Espagne. Dans le passé, les baisses d’horaire ont bien eu lieu SANS baisse des salaires…2) En Belgique, quand un jour férié tombe un week-end il est obligatoirement chômé et payé un jour ouvrable précédant ou suivant ! Dans la période calamiteuse que vit notre économie, il faut supprimer cette aberration. Cela ne représente que 2 ou 3 jours selon les années.3) Rapatrier, avec des mesures coercitives si nécessaires, les capitaux placés par les belges à l’étranger et non déclarés, (en Suisse, au Luxembourg, au Lichtenstein, à Jersey, en Autriche, en Andorre, aux îles Turcs et Caicos, aux Seychelles, etc.…) qui sont estimés à 150 milliards d’Euros.4) Que le gouvernement belge, et plus précisément les ministres de la Justice, de l’Intérieur et des Finances, se préoccupe du fléau du « travail au noir », des fausses factures et des revenus non déclarés.Selon 5 études réalisées en 20 ans par des universitaires et des parlementaires, l’économie souterraine représente plus de 70 milliards d’Euros TOUS LES ANS ! Ces fraudeurs volent leurs concitoyens de plus de 30 milliards € en taxes et impôts annuels, alors que par ailleurs ils bénéficient quand même de nos hôpitaux, des écoles pour leurs enfants, d’un système social très élaboré, de la Poste, de la Police ou des Pompiers, qu’ils ne refusent pas quand ils en ont besoin !5) Il faut en terminer avec le chômage « ad vitam aeternam » qui a institué le chômeur professionnel et le type de famille « chomdu » où les grands-parents, les parents, les fils et petites-filles n’ont jamais connu le travail, alors que TOUS bénéficient d’allocations et aides diverses, sans avoir versé aucune cotisation. Il est courant de constater qu’une forte proportion de « chômeurs », en bonne santé, travaillent « au noir ». C’est scandaleux, incivique et intolérable.6) Revoir les conditions d’octroi des aides distribuées par les Centre Publics d’Aides Sociales, en fonction des revenus réels des individus, de leur train de vie, de la durée de leurs cotisations et de la légalité de leur séjour sur le territoire.7) Réexaminer les critères de distribution des deniers publics dont bénéficient les Asbl, associations de fait, groupements, fédérations, sociétés, parlementaires, mandataires publics, administrateurs d’organismes publics et autres fromages parapublics.8) Stopper tous les versements à des pays (ou organisations à l’étranger) provenant de l’argent des contribuables et cesser les dépenses incongrues, aussi longtemps que l’Etat ne respectera pas les critères de Maastricht.Mais QUI donc pourrait avoir la volonté politique de faire adopter ces mesures de bon sens ? En effet la « solidarité » dont se gargarise la mafia socialaud-libéro-écolo-démagogique, ne devrait pas signifier que les travailleurs « fourmis » soient rackettés au bénéfice d’une multitude d’assistés « parasites ».OUI, les « pourriticards » de la gauche caviar, de la droite cosmopolite et du centre progressiste sont des nullités dont la suffisance le dispute à l’incompétence, uniquement préoccupés par leur cote de popularité et leur obsession d’être en place éligible lors des prochaines élections. Minables ! -
Une écologie qu'on oublie trop (archive 1989)
J'ai été frappé la semaine dernière, lors d'un débat auquel participaient le patron des écolos, Waechter, et trois ministres ou ex-ministres de l'environnement, de voir qu'ils n'étaient pratiquement d'accord sur rien à propos de la couche d'ozone, de la dioxine ou des centrales nucléaires, mais qu'en revanche il y avait une pollution plus dangereuse que toutes les autres et de laquelle l'opinion ne semblait pas se préoccuper outre mesure : la pollution atmosphérique. Or, curieusement, alors que télé, radios, magazines d'opinion ou à sensation et presse quotidienne se précipitent pour prêter main forte aux amis des ours ou aux adversaires des bombes à aérosols, le silence n'est pratiquement pas troublé lorsqu'il s'agit de pollutions devenues traditionnelles, peut-être parce qu'on les trouve désuètes ou définitivement intégrées dans le décor.
✎ Des dégâts irréversibles
Tous ceux qui arrivent en avion sur Paris par beau temps, cependant, connaissent ce cocon de poussières et de particules dont la ville est enveloppée et qui en constitue l'atmosphère. De même, en arrivant à Marseille par l'autoroute Nord, on perçoit soudain la mauvaise odeur qui s'impose avant de pénétrer dans la cité, pourtant en bordure de la mer et fréquemment balayée par le mistral, en plus des quelque trente-deux vents qui l'aèrent pratiquement en permanence. Qui n'a pas été assailli, en mille coins de France, par la pestilence de l'air due à une tannerie, une raffinerie, une industrie chimique, par les poussières d'une usine thermique, d'une cimenterie, d'une carrière, par les fumées, vapeurs et autres émanations ? Sans doute a-t-on pris des mesures pour tenter de réduire tous ces déchets volatils et plus particulièrement l'anhydride sulfureux que son mélange avec l'humidité ambiante transforme en aérosols d'acide sulfurique dont l'accumulation peut provoquer des désastres. Sans doute a-t-on réduit les émissions d'hydrogène sulfuré qui est surtout désagréable pour l'odorat. Quant au gaz carbonique, certains nous prédisent que l'augmentation constante de son volume pourrait finir par faire fondre les glaces polaires à la suite du réchauffement de l'atmosphère, mais c'est là un danger encore lointain.
Plus immédiat, selon certains, et Haroun Tazieff a dit être de ceux-là, est le danger présenté par le monoxyde de carbone, essentiellement constitué dans les villes par les gaz d'échappement des véhicules automobiles et dont on peut constater l'un des effets sur les façades des immeubles bordant les rues à forte circulation. Comme c'est un gaz lourd et rapidement diffusé par le brassage de l'air, il ne monte guère que jusqu'à hauteur du deuxième étage... mais au-dessous, et en particulier à hauteur d'homme, sa concentration peut aller jusqu'à dépasser 200 mg au mètre cube. Quant à son effet, il peut être d'autant plus grave que les lésions qu'il provoque (à forte dose ou, absorbé de façon régulière) sont irréversibles et qu'elles concernent l'irrigation du cerveau.
Les voitures, encore, et le chauffage au mazout, largement employé dans les agglomérations urbaines depuis des années, émettent aussi des hydrocarbures contenant des substances cancérigènes, et des aldéhydes responsables, par concentration, de l'irritation des muqueuses de l'œil en période de forte pollution. Il faudrait aussi parler de bien d'autres produits comme l'amiante, par exemple, dont l'usage est de plus en plus répandu dans les garnitures de freins et qui serait à l'origine de plus de tumeurs encore que les hydrocarbures polycycliques. De même que les particules de charbon utilisées dans les gommes de pneus et dont la pulvérisation sous l'effet de l'usure contribuerait à accroître le nombre des cancers en pénétrant directement dans les poumons. Et que dire du plomb, qui peut détruire les globules rouges, favoriser la venue d'ulcères sur le tube digestif, entraver l'ossification normale du squelette par troubles de la fixation du calcium, s'accumuler dans le foie et le système nerveux, et entraver l'activité enzymatique, celle qui préside à la synthèse de l'hémoglobine en particulier. Sans oublier tous les autres métaux à l'état de traces - et toxiques par eux-mêmes ou jouant un rôle de catalyseurs -, mercure, fer, cobalt, nickel, chrome, béryllium, cadmium, manganèse, vanadium, etc.
Les Britanniques ont estimé que 10 pour cent au moins de la mortalité générale, chez eux, était due aux bronchites chroniques qui ne sont pourtant pas, hélas, les seules maladies souvent causées et toujours aggravées par l'atmosphère empoisonnée de gaz, de particules et de poussières. Et à ceux qui veulent faire du tabac le grand responsable, le Haut Comité de l'Environnement répondait il y a des années déjà que le taux de mortalité par cancer broncho-pulmonaire était environ deux fois plus élevé dans les zones urbaines que dans les zones rurales, que ce taux de mortalité augmentait plus vite à la ville qu'à la campagne, qu'il existait une corrélation entre les taux standardisés des cancers bronchiques et la densité de la population et, surtout, que des études épidémiologiques avaient montré que l'on pouvait atteindre, chez les populations respirant, leur vie durant, un air renfermant 1 mg/m³ d'hydrocarbures polycycliques exprimés en benzo (a) pyrène utilisé comme indicateur, à une augmentation de taux des cancers bronchiques de 0,28 %. Le Haut Comité concluait ainsi : « Il est incontestable qu'en permanence sont en suspension dans l'air des villes des corps dont le pouvoir cancérigène est prouvé par l'expérimentation scientifique en laboratoire. Ces corps sont-ils seuls responsables de la survenue des tumeurs et de l'augmentation de leur nombre ? »
✎ Le premier écologiste
A cette question, le Haut Comité ne répondait pas. Mais, il y a maintenant plus d'un demi-siècle, que le prix Nobel Alexis Carrel a répondu dans son célèbre livre L'Homme, cet inconnu et notamment en écrivant : « Dans l'organisation du travail industriel, l'influence de l'usine sur l'état physiologique et mental des ouvriers a été complètement négligé (...) La construction des grandes villes s'est faite sans plus d'égards pour nous (...) La ville moderne se compose de ces habitations monstrueuses et de rues obscures pleines d'air pollué par les fumées, les poussières, les vapeurs d'essence et les produits de sa combustion, déchirées par le fracas des camions et des tramways, et encombrées sans cesse par une grande foule. Il est évident qu'elle n 'a pas été construite pour le bien de ses habitants ... ».
Et pourtant, il y a cinquante ans, les pollutions de tous ordres n'étaient rien à côté de ce qu'elles sont devenues. Il est vrai que Carrel, étant un homme de droite, a dû partir aux Etats-Unis pour être entendu. Bien qu'il ait été le premier écologiste de France. Mais, comme je le rappelais il y a deux semaines, il n'est jamais bon de dire la vérité le premier lorsqu'on est de droite. C'est ce qui permet aux écolos de gauche, aujourd'hui, de se dire des novateurs.
✍ Gabriel Domenech National Hebdo du 20 au 26 avril 1989 -
JACQUES BAINVILLE Un modèle pour comprendre l’avenir
Le musicien allemand Richard Wagner disait qu’il croyait en Dieu et en Beethoven. L’auteur de ces lignes peut affirmer qu’il croit en Dieu et en… Jacques Bainville. En effet, si un homme a pu marquer son époque, c’est bien ce Lorrain né à Vincennes (1879-1936). Il est rare de trouver dans l’histoire d’un pays une intelligence politique aussi pure au service du bien commun. Avec sa capacité d’analyse, de déduction et de projection dans l’avenir, on peut presque dire que la France n’avait pas besoin de service de renseignements. Il suffisait de lire du Bainville pour être renseigné sur les événements à venir. L’art qu’avait cet homme pour dénouer les liens apparemment inextricables d’un enjeu sont confondants par la logique acérée doublée d’une clarté de langage qui fait dire après chaque lecture que la conséquence de tel ou tel événement ne peut être que celle présentée par Bainville.
Une méthode
Cela est d’autant plus net que nous vivons une époque accablée par une décrépitude politique totale. On peut même dire que les écrits de ce grand maître qui était lus même par le personnel de la IIIe République ne peuvent même plus être compris par les générations décérébrées de ce début de XXIe siècle. Le titre de l’ouvrage du philosophe Marcel de Corte L’intelligence en péril de mort prend une résonance particulièrement douloureuse pour les quelques personnes fidèles à une tournure d’esprit classique qui était monnaie courante du temps où la France était grande.
Cependant, comme le dit l’adage, « la roue tourne ». En attendant des jours meilleurs, il s’avère utile de comprendre le mystère Bainville. En effet, si les prédictions de cet homme se sont révélées justes, celles-ci ne sont pas le fruit du hasard. Cette capacité à saisir le réel est le résultat d’une méthode, d’une manière de raisonner. Plusieurs éléments entraient en jeu et se combinaient permettant à Bainville de délivrer un message quasi biblique. Mozart disait qu’il réunissait les notes qui s’aimaient pour faire de la musique. Bainville a procédé de la même manière dans le domaine de la science politique qui chez lui était devenue un art.
La connaissance et l’imprégnation de la « méthode » bainvillienne sont de salubrité publique. En effet, le grand reproche que nous pouvons faire au dernier carré cherchant à défendre la France des rois et les valeurs classiques, c’est l’incapacité à utiliser les outils intellectuels de Bainville pour les appliquer à notre époque. Beaucoup sont très forts pour expliquer comment cet homme a analysé les problèmes de son temps, mais se révèlent sauf exception plutôt légers quand il s’agit de procéder de la même manière pour cerner les causes et les conséquences de notre chute actuelle. C’est pourquoi, nous nous attacherons à aligner les différents points d’une méthode de raisonnement qui doivent être ceux de tous les défenseurs de la cause nationale.
Observation des faits
Le premier point à souligner est la méthode et l’observation des faits. Cela doit se faire sans l’ombre d’un sentiment particulier, débarrassé de toute passion, presque avec détachement et libre de toute référence à une quelconque idéologie. Ce n’est guère évident car nous sommes des êtres de chair et de sang. La pente fatale est d’introduire dans l’étude de tous (ndlr : souligné par nous) les faits une gêne ou un embarras en raison de nos convictions personnelles. Cette caractéristique se doit d’être combattue par un entraînement permanent. Bossuet disait que « le plus grand dérèglement de l’esprit consiste à voir les choses telles qu’on le veut et non telles qu’elles sont ». Chez Jacques Bainville, ce dérèglement n’existe tout simplement pas. Une des grandes qualités de cet homme est d’avoir su observer les faits sans se dérober. Il le disait lui-même : « Il n’y a de vrai que l’analyse des choses (…). En politique, il s’agit de ne pas se tromper, de ne pas regarder les choses à travers des lunettes colorées, selon les doctrines, les préférences et les illusions personnelles ». En ce domaine, son ouvrage Les conséquences politiques de la paix annonçant vingt ans à l’avance la Seconde Guerre mondiale est un modèle du genre.
Principe de causalité
Le deuxième point qui compose la méthode bainvillienne, c’est le principe de causalité. Étudier un fait conduit automatiquement à se poser la question de son origine. Cette caractéristique est largement ignorée car très souvent, l’esprit se révèle paresseux pour remonter le cours du temps. Un événement politique ne surgit jamais ex nihilo. En fait, il est le fruit de toute une série d’impacts qui au cours du temps le conduisent à émerger sous tel ou tel angle, entraînant des conséquences positives ou négatives selon les sources auxquelles il se réfère. Comme le précise Bainville : « D’ordinaire en politique, les effets sont aperçus quand ils commencent à se produire, c’est-à-dire quand il est trop tard ». Par exemple, les événements de Mai 68 entraînant une inversion des valeurs morales dans la société n’ont pas surgi brutalement passés les douze coups de minuit. En fait, ils sont le résultat d’une dégradation sur plusieurs décennies de l’enseignement parallèlement à la montée en puissance des principes naturalistes et nominalistes de 1789 véhiculés par les différentes Républiques. L’arrivée d’une jeunesse nombreuse après 1945 intoxiquée par les principes révolutionnaires face à l’ancienne génération « bien comme il faut » en apparence, mais sans réelle conviction et véritable élévation sur le fond, a permis cette explosion du printemps 68 dont nous continuons à subir l’effet de souffle nauséabond.
Expérience
Le troisième point est l’expérience en politique. Comme l’a dit souvent avec insistance Bainville, « Il n’y a pas de politique nouvelle. Il y a la politique tout court, fondée sur l’expérience historique, sur la connaissance des hommes et des peuples ». La connaissance de l’histoire de France est un point incontournable comme l’étude du passé de nombreux pays car « les morts gouvernent les vivants » comme se plaisait à le dire Auguste Comte. Cependant, cette connaissance ne s’appuie pas uniquement sur la mémorisation des dates et des événements. En fait, il faut impérativement connaître l’état d’esprit qui animait les acteurs politiques durant la période étudiée. Il en résulte une connaissance approfondie des différents thèmes idéologiques et religieux structurant leur mode de pensée (catholique, protestant, maçonnique, etc) et se répercutant ensuite sur leurs activités politiques. Compte tenu qu’on retrouve les mêmes réflexes idéologiques et religieux au cours des âges entraînant les mêmes conséquences, il est possible ensuite de les appliquer à notre époque afin d’aboutir aux conclusions qui s’imposent. Le seul paramètre qui change est celui de l’évolution des techniques. En réalité, les techniques modernes ne font qu’accélérer les ambitions politiques sans en dénaturer le fond. Bainville en conclut que « ce qui nous oblige à remettre nos pas dans les pas de nos prédécesseurs, ce sont les éternels besoins de la politique. C’est la nature humaine. Qu’on se conforme donc à ses lois, que l’on consulte l’expérience. On n’a jamais trouvé d’autre moyen de réussir dans les affaires, et les hommes de génie eux-mêmes ont reçu leurs meilleures inspirations de l’intelligence profonde et de l’application opportune des précédents qu’ils avaient étudiés ».
Psychologie humaine
Enfin, le quatrième point découlant du précédent est l’absolue nécessité de connaître la psychologie humaine. Cette dernière ne change pas au cours des âges. Ce qui change en bien ou en mal, c’est l’éducation. Depuis toujours, l’humanité est soumise aux tentations et aux excès. Cependant, il est des époques, plutôt rares, où les sociétés humaines sont relativement maîtresses de leurs passions tandis qu’à d’autres périodes bien plus fréquentes, elles en sont esclaves. Sur le fond, la nature humaine ne change pas car animée des mêmes désirs, des mêmes pulsions surtout quand ils se greffent sur des principes religieux ou idéologiques. On retrouve des permanences dans le passé qui permettent de mieux saisir les soubresauts de notre époque. En fait, comme le rappelle Bainville, « l’homme, à toutes les époques et dans tous les siècles, se ressemble, il a les mêmes passions, il raisonne et il se comporte de la même manière dans les mêmes cas. C’est le point capital. Hors de là, il n’y a qu’erreur et fantaisie ».
Nous espérons que ces divers éléments qui ont fait la force de Jacques Bainville rendent service aux personnes ayant le cœur haut placé, curieuses et soucieuses de connaître les vraies raisons qui font l’histoire de l’humanité. Cependant, de son vivant, il n’eut pas d’influence majeure sur la classe politique de son époque. Soixante-dix ans après sa mort, sa méthode ne fait pas beaucoup d’émules. Il est vrai aussi que Bainville en avait pris son parti. Ne disait-il pas : « Qui lit ? Qui comprend ce qu’il lit ? Et qui croit ce qu’il a compris ? »
Pierre HILLARD L’Action Française 2000 du 2 au 15 mars 2006
* Auteur de La décomposition des nations européennes, aux Editions François-Xavier de Guibert. -
Les nouvelles guerres de religion + Pierre Hillard
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Retour sur la libération de Nicolas Bernard‑Buss
PARIS (NOVOpress via Kiosque Courtois) – Après 20 jours de détention, le prisonnier politique a été libéré suite à son procès en appel mardi. Alors qu’il avait été condamné en première instance à quatre mois de prison dont deux ferme, la Cour d’appel de Paris l’a condamné à 3.000 euros d’amende dont 1.500 avec sursis.
Nicolas, suite à ses deux premiers procès et à son emprisonnement, était devenu un symbole pour les opposants à la loi Taubira et pour les victimes de la répression policière et judiciaire.
Avant son incarcération, il n’avait eu de cesse de dénoncer la dérive totalitaire du régime socialiste. Le moins que l’on puisse dire est que même après 20 jours de détention dans des conditions parfois inhumaines, il n’a rien lâché. Très déterminé et peu impressionné, il a répondu longuement à toutes les questions des juges, ne laissant passer aucune erreur ou inexactitude. Il a notamment évoqué son interpellation en parlant d’une « capture » et disant avoir été « attaché, ceinturé et jeté comme un animal » (photo lors de son arrestation). Il a rappelé aux magistrats qu’ils étaient rémunérés avec l’argent des contribuables. Une attitude courageuse que la presse du système, le Figaro en tête, a qualifiée d’ « insolente »
Ses avocats ont annoncé qu’ils demanderaient réparation pour les vingt jours de détention de Nicolas et pour le traitement qui lui a été infligé. Selon Maître Boutron‑Marmion « Nicolas Bernard‑Buss, pour avoir usé de sa liberté d’expression, a été un numéro d’écrou : 404.247. Voilà la réalité du dossier, un traitement inadmissible, enfermé dans une cellule de cinq personnes, dont deux transsexuels ayant un rapport anal, des plateaux‑repas renversés et jetés comme à des chiens. » De quoi en effet dégueuler. Un collectif d’une vingtaine de magistrats s’était constitué pour dénoncer l’illégalité de l’arrestation du jeune résistant.
Une manifestation de soutien à Nicolas Bernard-Buss regroupant plusieurs centaines de personnes a été organisée devant le théâtre de l’Odéon par le collectif « Prisonnier politique », le soir même de la libération du jeune résistant. Outre le collectif « Prisonnier politique », la plupart des mouvements engagés dans la lutte contre la loi Taubira et la répression policière étaient représentés : Printemps français, La Manif pour tous, Hommen, Camping pour tous, Veilleurs, Solidarité pour tous, Antigones, etc. La manifestation s’est conclue par un appel à continuer la lutte en prenant exemple sur le courage et la détermination de Nicolas.
Alors que le tour de France cycliste est lancé depuis le 29 juin, les opposants à la loi de dénaturation du mariage tiennent parole : on aperçoit de nombreux drapeaux le long des routes. Le Tour de France pour tous suit avec ferveur les vélocipédistes venus des quatre coins du monde. Et si les médias se concentrent sur les coureurs, ils ne peuvent effacer les images des drapeaux LMPT (La Manif pour tous) flottant fièrement au vent. Et c’est donc la France tout entière qui assiste à la mobilisation sans faille de son peuple contre la loi Taubira, dans le calme et en famille. La résistance s’organise à mesure que le tour avance, de plus en plus de messages sont écrits sur les routes, à même le sol ! Non, vraiment, « on ne lâche rien ! »
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Comment se libérer du monde gris de la marchandise, de la « pub », de la non-pensée, des slogans…
Né en 1956, Pierre Le Vigan a grandi en proche banlieue de Paris. Il est urbaniste et a travaillé dans le domaine du logement social. Collaborateur de nombreuses revues depuis quelque 30 ans, il a abordé des sujets très divers, de la danse à l’idéologie des droits de l'homme, en tentant toujours de s'écarter des pensées préfabriquées. Attentif tant aux mouvements sociétaux ou psychiques qu'aux idées philosophiques, il a publié, notamment dans la revue Éléments, des articles nourris de ses lectures et de ses expériences et a été un des principaux collaborateurs de Flash Infos magazine.
Pour quoi avoir réuni vos carnets sous ce titre ?
C’est le mystère que j’ai voulu exprimer, le mystère de nos destinées, de notre présence terrestre. D’où mon allusion au front « chaldéen », donc difficilement déchiffrable, et toujours polysémique, du cachalot, front plein de traces, de griffures, de vestiges. Cet animal, un cétacé et un mammifère, est un peu notre frère et notre double. C’est le miroir de notre force et de notre fragilité. C’est pourquoi Philippe Randa a mis une photo de cachalot sur la couverture de mon livre.
Racontez-nous votre itinéraire…
En deux mots, j’ai écrit jeune dans des revues ou bulletins de la droite radicale, dirigés par Maurice Bardèche, François Duprat et Jean-Gilles Malliarakis, notamment. J’y ai toujours un peu fait figure d’atypique, mais en fait, il y a bien plus d’atypiques qu’on ne le croit dans ces milieux. Très vite, je me suis intéressé à la Nouvelle droite en étant malgré tout un peu allergique à certains de ses aspects, jusqu’en 1975/1980. Après, je me suis retrouvé de plus en plus en phase avec les gens d’Éléments, qui est d’ailleurs le magazine qui a accueilli une partie de mes carnets avant leur publication dans Le Front du Cachalot.
De quoi parlez-vous dans Le Front du Cachalot ?
De politique, de l’amour, de l’art, des doutes… C’est un peu une maïeutique. Elle est à usage collectif. Le moi n’est pas important. Ce qui compte, c’est le « nous » : comment allons « nous » construire quelque chose ensemble ? Comment allons-nous « nous » libérer de ce monde gris et moche de la marchandise, de la « pub », de la non-pensée, des slogans ?
Vous parlez de maïeutique à propos de vos carnets, c’est donc un peu une histoire de réminiscence ?
Oui, le chaldéen auquel je faisais allusion, c’est une langue, c’est l’araméen, cela remonte loin. Je pars du principe suivant : nous en savons toujours plus que nous ne le croyons, plus sur nous et plus sur le monde. Seulement, cela nous encombre un peu, ce que nous savons. Cela nous fait peur, alors nous travaillons à oublier ce que nous savons.Notes :
Le Front du Cachalot de Pierre Le Vigan, éditions Dualpha, collection «À nouveau siècle, nouveaux enjeux», dirigée par Philippe Randa, 578 pages, 35 euros.