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  • Max Tresoldi, l'homme qui ne mérite pas de vivre ?

    Max Tresoldi est resté dix ans dans un « état végétatif » diagnostiqué par le corps médical… avant de de réveiller un beau jour de 2001 et de pouvoir de nouveau communiquer avec son entourage. Invité récemment à la RAI pour parler de son itinéraire, son cas a été commenté alors qu'il était en direct avec la chaîne publique italienne : la journaliste Alda D'Eusanio s'est exclamé : « Ça, ce n'est pas une vie. » Et de réclamer qu'on ne la laisse jamais, elle, dans cet état.
    Son incroyable sortie, vécue comme une manifestation de mépris par le jeune homme, a été commentée par le journal des évêques italiens, Avvenire, et traduite par Infocatolica dont je tire cette histoire tristement exemplaire d'un monde qui raisonne déjà en termes de « qualité de vie » – sans se préoccuper d'ailleurs de ce que les patients eux-mêmes peuvent ressentir.
    Max Tresoldi a raconté que pendant tout le temps où il avait été diagnostiqué « en état végétatif » il était en réalité conscient. « J'ai toujours été là. J'écoutais et je voyais tout, mais je ne savais pas comment le dire. » Ces dernières années, il voyage partout en Italie pour donner son témoignage et raconter aussi comment l'amour de sa famille a été la seule thérapie efficace : ce que la science neurologique appelle « l'effet maman ».
    Invité, donc, à l'émission « La vie en direct » de la RAI 1, il pensait y raconter son itinéraire d'espérance. On lui avait demandé de remplir sa maison d'amis en vue d'une intervention en duplex qui devait durer 20 minutes en démarrant à 16 h 30. Mais les autres sujets s'éternisent. L'émission touche quasiment à sa fin lorsque, vers 18 h, la régie l'appelle enfin. Max est fatigué, mais il sourit. Il lève le pouce pour dire que tout va bien ; sa mère, tant bien que mal, tente de résumer son histoire en moins de deux minutes à l'intention des téléspectateurs. La régie coupe, on repasse au studio.
    C'est là qu'Alda D'Eusanio, journaliste invitée en tant qu'« expert », décoche son tir venimeux contre Max : « Ça, ce n'est pas une vie. » Max qui n'avait pas eu le temps de montrer à l'antenne le poster qu'il avait préparé, où il avait écrit de sa propre main : « Je suis très heureux. » « Revenir à la vie sans jamais pouvoir être libre, et souffrir, et avoir ce regard vide… je suis désolée, non ! », continue Alda D'Eusanio, insensible. Sans même penser une seconde que ce garçon à qui elle déniait le droit de vivre la regardait, l'écoutait – et que l'indignation était bien visible dans ce « regard vide » de Max qui s'agitait chez lui dans son fauteuil roulant, de nouveau privé de la possibilité de crier très fort ce qu'il ressentait.
    « Je lance un appel public à ma mère : s'il m'arrive ce qui est arrivé à Max, ne me fais pas ce que sa mère lui a fait ! », poursuivait la journaliste « expert » pendant ce temps.
    La mère… Cette maman s'appelle Lucrezia. Elle a sorti son fils de son état en l'embrassant, en le lavant, en l'aidant à se retourner dans son lit, en lui donnant patiemment à manger, aidée de son mari Ernesto mais aussi par une « montagne de copains » de Max qu'il avait connus à l'oratoire ou sur les terrains de foot.
    Il paraît que les présentateurs de l'émission ont eu l'air atterrés devant les commentaires de leur invitée. Qui continuait, imperturbablement : « Quand Dieu appelle, l'homme doit partir. »
    Lucrezia, elle, a réussi à s'emparer d'un micro et glisser, pendant les dernières secondes d'antenne : « Je veux dire à cette dame que je n'ai pas ramené mon fils à la vie : mon fils a toujours été vivant. Et sa vie était belle comme elle l'est maintenant. »
    Les excuses de la RAI viendront bien vite : aussitôt l'émission terminée, un responsable appelle chez la famille Tresoldi et demande pardon. Mais Lucrezia ne s'en satisfait pas : « J'exige que le directeur de la RAI Uno demande lui-même pardon, non pas pour moi mais pour mon fils. Qu'est devenue la RAI ? Quel genre de personnes y invite-t-on comme experts ? De quel droit cette femme dit-elle à mon fils qu'il a une vie indigne ? »
    Par le truchement d'Avvenire, la RAI a solennellement reconnu ses torts, rappelant que le témoignage de Max et de sa mère avait ému des millions de personnes, et disant sa compréhension et sa solidarité avec cette famille, saluant aussi tous les sacrifices qui ont permis à Max de continuer à vivre « avec la conviction que la vie est toujours belle et qu'elle mérité d'être pleinement vécue ».
    Ainsi d'un mal est sorti un bien : la RAI a demandé à tous ses directeurs de chaînes et de programmes de prêter « la plus grande attention aux thèmes qui engagent les consciences ». Et la présidente de la télévision publique italienne a appelé la mère de Max pour témoigner de sa solidarité et de celle de tout le personnel de l'entreprise en expliquant qu'elle-même est mère, et qu'elle aurait réagi comme Lucrezia si son fils avait fait l'objet de telles paroles.
    Il y a même eu un programme de « réparation » où la mère de Max a pu s'exprimer – ambiance festive mais émue. Elle a pu en dire un peu plus sur cette histoire d'amour et de respect de toute vie :
    « Un médecin de l'hôpital nous l'a décrit comme un tronc mort. Alors j'ai décidé de l'emmener à la maison. Et je me suis transformée en infirmière, j'ai pratiquement remplacé les médecins. »
    Le moment le plus difficile ?
    « C'est quand mon père est mort : j'étais sur le point de tout lâcher. C'était le 28 décembre 2000. J'ai dit à Max : “Ce soir tu fais tout seul ton signe de croix, je suis fatiguée. Il a levé son bras, et il s'est signé. Puis il m'a embrassée avec force. » C'était son premier geste depuis neuf ans…
    http://leblogdejeannesmits.blogspot.fr/

  • Guerres et Paix au Levant : alliance létale Tel-Aviv-Riyad-Paris !

    Le revirement américain sur le dossier syrien n'est pas un changement de cap improvisé. Il ne se comprend qu'au regard des préconisations du Rapport Baker-Hamilton de décembre 2006. Face à l'échec patent d'une politique fondée sur le recours à la force, Washington applique désormais son plan "B" au grand dam d'Israël, de l'Arabie séoudite et de la France, incarnée par la coterie de M. Fabius. Cependant il faudra compter avec ces trois Pieds nickelés mauvais perdants : Tel-Aviv bombarde à nouveau la Syrie et Gaza et s'est substituée au Qatar pour la fournitures d'armes et d'équipements aux Frères musulmans et aux mercenaires salafistes qui combattent en territoire syrien. À Riyad le roi Abdallah serait à l'agonie alors que le Prince Bandar, maître des Services de renseignement, rassemble ses partisans et qu'à Paris l'on attend les fonds souverains des deux monarchies wahhabites pour éteindre l'incendie breton avant qu'il ne gagne tout l'Hexagone.
    Le pessimiste est un optimiste repenti. Ou que la vie a guéri d'un vice intellectuel toujours coûteux. À ceux qui chantent que les néocons de Washington ont définitivement enterré la hache de guerre, nous répondrons qu'outre-Atlantique une vaste coalition aussi hétéroclite que motivée, veut la peau d'Obama. Ce n'est pas l'Amérique impériale qui a chuté le 31 août avec le renoncement à des frappes sur Damas, mais, au sein des deux camps Démocrate et Républicain, les promoteurs d'un certain mondialisme centralisé et institutionnalisé, celui par exemple, que représentent l'ancien Directeur du FMI, le priapique Strauss-Kahn, ou plus modestement en France, un certain M. Mélenchon... Car cette faction internationaliste se trouve en guerre ouverte contre l'autre mondialisme, décentralisé, diffus, oligopolistique. L'opposition en quelque sorte entre le Lénine de la NEP [Nouvelle politique économique] après 1921 et Trotski, le tenant de la Révolution universelle. La guerre entre le « capitalisme monopoliste d’État » et le collectivisme antibureaucratique, celui qui triomphe aujourd'hui dans la « démocratie participative » et la fumisterie de la cogestion entrepreneuriale.
    La distinction droite/gauche est suivant cette grille de lecture, devenue depuis longtemps totalement ringarde. Elle n'est plus qu'un instrument de propagande parmi beaucoup d'autres. Un outil qui fait appel à une mémoire collective populaire plus ou moins transmutée en mythologie héroïque sur fond de la grande peur d'un ordre social et moral contraignant. Reste que le politiquement correct, la dictature hygiéniste, l'amour obligatoire de toutes les tares et déviances, ne constituent-ils pas de leur côté un super ordre moral ? Et passablement coercitif dans les faits ? Une certaine "gauche" n'est-elle pas aujourd'hui l'expression de l'aspiration au retour à cet ordre totalitaire que constitue la promiscuité primitive, dans l'indifférenciation de tous, en un mot dans sa volonté d'absolu nivellement égalitariste ?
    Faut-il encore le répéter, les Démocrates américains ne sont pas des gens de gauche, pas plus que les Républicains ne sont automatiquement d'infâmes réactionnaires. Non, l'Amérique est le théâtre d'un affrontement entre deux forces concurrentes qui transcendent les Partis et s'actualisent l'une et l'autre à travers deux modèles de puissance bien distincts (1). Les buts sont les mêmes et ne divergent que sur les voies et moyens, le partage des tâches et la distribution des rôles, soit à l'arrivée la configuration ou la forme que doivent prendre l’État universel et les pouvoirs appelés à en exercer les directives, pouvoirs centralisés ou non, concentrés ou diffus, visibles ou invisibles. À la marge, mais de manière rédhibitoire exclus du jeu, les nationaux, les communistes idéalistes, les tenants d'une harmonie sociétale équilibrant justice et liberté sous le signe la responsabilité individuelle.
    Israël relance la guerre
    Selon les chaînes américaine CNN et séoudienne Al-Arabiya émettant depuis Dubaï, Tsahal [Armée de défense d'Israël] aurait effectué le 31 octobre une frappe aérienne contre une base du nord-ouest de la Syrie (2). Motif invoqué : détruire un lot de missiles antiaériens de fabrication russe SA-8 de courte portée, apparemment destiné au mouvement chiite libanais du Hezbollah. Un responsable - resté anonyme - de l'Administration américaine précise que l'attaque aurait été conduite par des chasseurs-bombardiers israéliens [AFP, 1er novembre 2013], un acte de guerre qui en soi ne serait pas une nouveauté puisque autour du 19 mai dernier, Israël revendiquait en Syrie deux frappes aériennes en trois jours déjà au motif de contrer les approvisionnements du Hezbollah et le 5 juillet le Pentagone annonçait le bombardement d'un dépôt de missiles anti-surfaciers Yakhont [].
    Comment faut-il lire ce type d'interventions et leur renouvellement alors même que les "Grands" - Russie, États-Unis, l'Iran et... l'Arabie séoudite ? - préparent courant novembre des pourparlers de paix dits Genève II ? Au moment où une issue semble se dessiner pour la Syrie, Israël prend de manière intempestive des initiatives bellicistes. Des faits qui manifestent un troublant et presque inédit "découplage" entre Washington et Tel-Aviv. Les Israéliens agissent-ils ainsi parce qu'ils veulent engranger quelques avantages stratégiques avant les prochaines négociations ? Ou parce que résolument hostiles à la politique de détente poursuivie maintenant par l'Administration Obama, ils ont commencé à prendre le relais du Qatar désormais hors jeu, c'est-à-dire à s'engager dans la voie hasardeuse de la guerre ouverte ? Les pessimistes, que nous évoquions plus haut, opteront en faveur de la seconde éventualité. Car Israël et l'Arabie sont les deux grands perdants du revirement américain et, toujours assurés de l'appui des néocons de Washington qui n'ont pas eux non plus désarmé, ils ont décidé, ne pouvant plus faire endosser la guerre par les Anglo-Américains, de poursuivre le conflit pour leur propre compte. Accessoirement avec le soutien diplomatique de Paris (3) et les armes produites par nos transnationales Thales, EADS, Dassault aviation, DCNS, MBDA, et caetera.
    Le 25 juin 2013, l'émir du Qatar, Kalifa al-Thani, abdique en faveur de son fils cheikh Tamim. Le Département d'État américain est passé par là pour neutraliser la politique excessivement agressive de Doha qui approvisionnait les Frères musulmans combattant sur le sol syrien. Aussitôt, dès le 15 juillet, Israël prend la suite de l'émirat dans la livraison d'armes aux rebelles [haaretz.com15juil13]. Ce qui va se traduire par l'ouverture sur la frontière du Golan - occupée de part et d'autre par la communauté druze W et théâtre d'incidents récurrents - d'un nouveau boulevard de transit d'armes et d'équipements au profit des divers fronts de guerre du Levant, syrien mais aussi libanais et accessoirement irakien.
    Sous couvert d'un « silence radio » quasi intégral, le Premier ministre Netanyahu, inquiet des conséquences d'une possible victoire de Damas soutenu par le Hezbollah libanais et l'Iran, a très clairement voulu - en autorisant la livraison d'armes, par Israël, aux "rebelles" - se substituer au Qatar... Pour mémoire Doha, dans le cadre d'une juste répartition des tâches, approvisionnait, de concert avec Ankara, les Frères musulmans et les islamistes de l'ASL [Armée syrienne libre], alors que Riyad assurait la logistique des katibas salafo-wahhabites. Depuis mars 2013, très officiellement, les États-Unis quant à eux supervisaient via la CIA des livraisons d'armes aux insurgés syriens dans la zone des trois frontières entre la Jordanie, la Syrie et l'Irak. Les armes fournies par la France (5) ou la Grande-Bretagne, étant financées par l'Arabie et achetées sur le marché noir ukrainien ou bulgare [].
    Effectivité de l’axe Tel-Aviv/Riyad
    Le 26 octobre, Le Quotidien d'Oran publiait un intéressant point de vue suivant lequel « c'est en toute conscience que les monarchies arabes se sont attaquées à la Syrie » pour avoir passé, de facto, « une alliance stratégique avec Israël ». Alliance qu'a par ailleurs confirmée Tsipi Livni, ex-ministre israélienne des Affaires étrangères et actuel ministre de la Justice de Benyamin Netanyahu, lequel se serait lui-même vanté d'entretenir depuis 1991 des relations secrètes avec Riyad et Doha []. À entendre Mme Livni, Israël et les monarchies arabes œuvrent ensemble pour faire obstacle à l'influence régionale de l'Iran et de ses alliés, en tête desquels le régime de Damas. Pacte informel peut-être, mais alliance objective sûrement.
    Or Bandar Ben Sultan, chef des Services de renseignement seoudiens - et peu ou prou de l'armée via son demi-frère, le vice-ministre de la Défense Salman ben Sultan [] - est a priori l'actuel homme fort de l'Arabie. Il est également l'architecte de cette convergence d'intérêts stratégiques israélo-arabes, à l'unisson avec les pétromonarchies du Golfe, qui commencent à considérer le « parapluie nucléaire israélien comme un substitut » à la protection américaine devenue imprévisible. Protection qui semble se dissoudre depuis que le Président Obama en est arrivé à appliquer les conclusions du rapport (6) Brzezinski-Gates du Council on Foreign Relation... daté de juillet 2004 ! Dans un tel contexte, l'axe israélo-saoudien prend effectivement tout son sens, il n'est plus une simple vue de l'esprit mais s'inscrit dans une nouvelle dimension diplomatique dont les conséquences ne vont certainement pas tarder à s'étendre sur toute la région.
    Washington a tiré toutes les conséquences du chaos Irakien
    Arrêtons-nous un instant sur ce qui est apparu comme un revirement imprévisible de la part de la nouvelle Administration Obama alors que le déclenchement de frappes massives sur la Syrie était de toute évidence devenu inéluctable. Nous ne reviendrons pas sur le faisceau de circonstances qui a annulé, à la dernière minute, le samedi 31 août, l'entrée en guerre de la maigre coalition franco-américaine, notamment le vote négatif du Parlement britannique, deux jours auparavant, le 29. Comprenons que le changement de cap n'a pas du tout été improvisé mais qu'il a correspondu à un changement de rapports de forces - un basculement - au sein de l'élite judéo-protestante : en un mot ce fut l'échec des Likoudniki néocons chauds partisans du recours à la force face aux tenants des conclusions du Rapport Brzezinski-Gates « Iran : a time for a new approach » publié en juillet 2004. Un quelconque triomphe de la démocratie et des sentiments pacifistes n'ayant évidemment rien à voir dans cette affaire.
    Ledit rapport recommande l'adoption par les États-Unis d'une politique « d'engagement limité et sélectif avec l'actuel gouvernement iranien » et à ce titre se trouve en rupture avec la voie qui aura été suivie ostensiblement jusqu'à ces derniers mois. Rappelons que Zbigniew Brzezinski avait été en 1976 le Conseiller à la Sécurité nationale du président Carter et que, dans cette fonction - la Révolution islamique étant intervenue en Iran -, il supervisa l'Opération « Eagle claw » [Serres d'aigle] lancée le 24 avril 1980. Raid qui était censé libérer les 53 otages capturés dans l'assaut de l'Ambassade américaine un an auparavant, le 7 novembre 1979. Opération qui se transforma en un sinistre fiasco. Plus tard Brzezinski, professeur à Harvard, deviendra le mentor du jeune Obama dont aujourd'hui il est encore le conseiller officieux.
    Or la synthèse du binôme Brzezinski-Gates va rapidement avoir une postérité - laquelle se révèle aujourd'hui historiquement déterminante - dans les conclusions rendues publiques le 6 décembre 2006 - l'exact lendemain de la nomination de Robert Gates par GW Bush au poste de Secrétaire à la Défense - de la Commission Baker-Hamilton, [alias Iraq Study Group]. Groupe d'étude auquel participa Robert Gates, lequel s'était préoccupé des voies et moyens utiles à mettre un terme au chaos irakien et dont les recommandations ne pouvaient pas ne pas tenir compte de l'environnement régional, en premier heu, de l'axe Téhéran/Damas.
    « Stabilité d’abord
    Le Rapport Baker-Hamilton posait en préambule que : « Les politiques et les actes des pays voisins de l'Irak affectent grandement sa stabilité et sa prospérité [...] quelques-uns agissent même dans le sens de sa déstabilisation. Les États-Unis devraient [en conséquence] lancer immédiatement une nouvelle offensive diplomatique visant à construire un consensus international pour la stabilité de l'Irak et de la région. » En clair le Rapport Baker proposait tout bonnement d'associer les États réputés perturbateurs, l'Iran et la Syrie, dans le processus de construction de l'État irakien afin de faire cesser la guerre civile de basse intensité qui continue aujourd'hui encore à y sévir depuis le tournant de 2004 avec, en cette fin 2013, un petit millier de morts chaque mois (7).
    C'est cette option, baptisée la « Stabilité d'abord » qui l'a emporté in extremis, le 31 août alors que les aéronefs français avaient déjà reçu leurs ordres de mission et leurs objectifs désignés []. James Baker aurait d'autre part livré le fond de sa pensée, celle qui aujourd'hui oriente la toute nouvelle diplomatie américaine au Levant, en disant : « Je crois personnellement qu'il faut parler à ses ennemis. Ni les Syriens ni les Iraniens ne veulent le chaos en Irak » parce qu'au bout du compte « il serait déraisonnable de vouloir stabiliser l'Irak et en même temps vouloir déstabiliser l'Iran et la Syrie. »
    Un plan qui refonde ou remanie de fond en comble la géopolitique américaine et comporte néanmoins un but plus lointain : extraire le régime iranien de l'orbite russe. Une Russie qu'il convient d'isoler, endiguer ou contenir selon la terminologie choisie. Le Rapport Baker-Hamilton constitue de cette façon un authentique plan "B" devenu urgemment nécessaire dès lors que la guerre de Syrie commençait à se jouer à front renversé. Ce pourquoi il est opportun de ne pas se féliciter trop hâtivement d'une défaite américaine alors que nous assistons in vivo à une formidable partie d'échecs dont l'issue n'est pas encore définitivement claire.
    Les boutefeux n’ont pas désarmé
    Israël bombarde en Syrie et à Gaza, sans que nul ne s'en émeuve [], et se moque ouvertement de la Communauté internationale en ouvrant toujours davantage de chantiers afin d'établir de nouvelles colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 70 % de plus, au cours du premier semestre 2013 qu'en 2012 pour la même période ! À Riyad le roi Abdallah serait à l'agonie. L'une des raisons non ébruitées du séjour en Arabie depuis le 3 octobre du Secrétaire d'État John Kerry. Reste que si le prince Bandar accédait au trône - quoiqu'il ne soit pas l'héritier désigné -, la rupture avec Washington risquerait d'être consommée. Ce serait la fin du Pacte du Quincy conclu le 14 février 1945 sur le Canal de Suez entre Ibn Séoud et Roosevelt, que l'on peut résumer ainsi : « Pétrole contre protection ». Plus précisément étaient garantis la sécurité du Royaume et son leadership sur la Péninsule arabique en contrepartie de l'assurance d'un approvisionnement en hydrocarbures des États-Unis sans solution de continuité. Les opérateurs étrangers n'étant que concessionnaires des zones d'exploitation, Washington garantissait in fine une complète non-ingérence dans les Affaires intérieures séoudiennes.
    Bandar ben Sultan, né du défunt prince héritier Sultan et protégé de l'ancien roi Fahd, a été ambassadeur à Washington durant vingt-deux années. Il est considéré comme un "dur" très hostile à l'Iran chiite et tout à fait décidé à régler son compte à Bachar el-Assad. Ce pourquoi il n'est pas surprenant qu'il ait déclaré devant des diplomates européens que « l'Arabie voulant rompre avec son actuel état de dépendance [vis-à-vis de Washington], a l'intention de prendre ses distances avec les États-Unis eu égard à leur passivité en Syrie, en raison de la politique de détente engagée avec l'Iran et parce qu'ils n'ont pas épaulé Doha à l'occasion du soulèvement de la majorité chiite à Bahreïn » [Reuters22oct13]. Une menace qui n'est pas vraiment à prendre à la légère : parce que, qu'ils le veuillent ou non, les États-Unis restent pour l'heure dépendants des fournitures de brut séoudien - une complète autonomie grâce au gaz de schiste n'étant vraisemblablement pas pour demain - et le royaume est en matière d'achat d'armements, un client de choix qu'il conviendrait de ne pas perdre. Sans évoquer en outre les 690 milliards de dollars d'actifs étrangers, en grande partie sous forme de bons du Trésor américain, que détient sa Banque centrale. Une conjoncture dangereuse qui pourrait se solder par une nouvelle et grande « défaite géopolitique de la Maison-Blanche » - après celle liée à la chute du gouvernement égyptien des Frères musulmans - ainsi que l'écrit l'influent quotidien russe Kommersant en date du 24 octobre.
    Succession à Riyad, qui l’emportera ?
    Joignant le geste à la parole, Riyad, après avoir été élue pour la première fois le 17 octobre membre non permanent du Conseil de sécurité, a, dès le lendemain, refusé ce siège en signe de protestation contre l'incapacité du Conseil à résoudre les conflits syrien et israélo-palestinien ! Ce dernier conflit auquel Riyad s'est bien gardé de se mêler - hormis l’Arab Peace Initiative, autrement nommée « Plan Abdallah », présenté en mars 2002 au sommet de Beyrouth - alors qu'elle intervient directement depuis 2011 - c'est-à-dire depuis le début - dans le premier [] !
    L'Arabie n'a en effet pas supporté qu'à trois reprises des Résolutions ouvrant la porte à l'intervention armée en Syrie aient été retombées par la Russie et la Chine. Au demeurant, l'Arabie n'est pas seule puisque sans tarder la France quelques heures après l'annonce séoudienne de refuser son siège, devait proclamer « partager la frustration des Séoudiens » quant à la gestion du dossier syrien ! Bandar devait préciser à ce propos : « Ce signal ne s'adresse pas à l'ONU mais aux Américains. Un tournant décisif nous attend : les Saoudiens ne veulent plus être dépendants des États-Unis ». Et « toute cette pitrerie sur le contrôle international de l'arsenal chimique d'Assad n'aurait été qu'un épisode ridicule si elle n'avait pas été aussi une flagrante trahison » surenchérissait le prince Turki al-Fayçal, Directeur général, jusqu'en janvier dernier, des Services spéciaux séoudiens [Al Mukhabarat Al A'amah]. De là un redéploiement à marche forcée de la politique extérieure du royaume en direction de ses alliés régionaux et singulièrement vers la France qui a adopté une « position plus ferme sur la question syrienne ».
    À la mi-juin, il devenait officiel que le prince Bandar fournissait aux insurgés syriens « des armes antichars et antiaériennes, en particulier des missiles portatifs sol-air, provenant pour l'essentiel de fournisseurs français et belges, les frais de port étant pris en charge par la France » [Reuters17juin13]. Ce qui expliquerait que Paris, au-delà de la défense désintéressée des droits de l'homme, ait tout intérêt à une prolongation voire à une extension d'un conflit qui offre de juteux débouchés à son industrie d'armement. D'où également le lien fort qui unit à cette heure les deux capitales partisanes de la guerre à outrance, Riyad et Paris, celle-ci devenue une plaque tournante pour les ministres wahhabites qui s'y succèdent à un rythme soutenu afin de plaider auprès des Européens l'instauration d'une zone d'interdiction aérienne, le renforcement et l'accélération des fournitures d'armes aux rebelles (9).
    On sait que Riyad s'est finalement montrée très généreuse avec François Hollande par le biais d'un premier contrat d'armement d'un milliard d'euros finalisé à l'occasion d'un voyage présidentiel en novembre 2012. Puis d'un second accord encore négocié d'un montant de 2,5 milliards d'euros, sans compter les perspectives de marchés ouvertes avec Doha, émirat wahhabite rival de Riyad, lesquels tournent, dit-on, autour des 20 milliards d'euros []. De quoi affoler plus d'un chef d'État confronté aux effets d'une crise rampante mais dont les effets se combinent à ceux d'une idéologie éminemment perverse quant à ses conséquences sociétales. Hélas les succès que François Hollande remporte dans le Golfe avec des ventes d'armes destinées à alimenter les guerres en cours ne sont pas de ceux dont le chef du Parti socialiste peut vraiment se prévaloir auprès d'une opinion à l'épiderme sensible au point de pouvoir éventuellement s'en montrer offusquée. Car les lois de la communication politique sont infiniment cruelles.
    Léon Camus Rivarol du 7 novembre 2013
    1 - À ce propos on lira avec profit « Le temps des catastrophes » in Europe chronique d'une mort annoncé, Jean-Michel Vernochet, Éditions de l'Infini 2009.
    2 - « Israël behind the attack on Russian SA-8 surface-to-air missiles near Latakia, according to various US. sources » Haaretz, 1er novembre 2013.
    3 - Paris qui aura besoin des fonds souverains séoudiens pour empêcher la Bretagne de se laisser tenter par la sédition au risque d'y entraîner le reste du pays.
    4 - Rappelons que les Druzes israéliens sont les seuls non juifs à effectuer leur service militaire, ce qui leur ouvre les portes des universités autrement fermées aux Israéliens palestiniens, chrétiens ou musulmans.
    5 - Le 18 mars 2013 s'ouvrait aux Nations Unies la Conférence de négociation finale pour le traité sur le commerce des armes. Le 12 mars, le ministre français des Affaires étrangères, M. Fabius, témoignait de la « volonté de la France d'obtenir un traité robuste, juridiquement contraignant et associant les principaux acteurs du commerce de l'armement... [compte tenu] des droits de l'Homme et du droit international humanitaire dans le traité ». Quelques heures plus tard, le même demandait avec son homologue anglais, la levée de l'embargo de l'Union européenne sur les armes à destination de la Syrie. Il précisait même qu'à défaut de l'unanimité requise à l'Union européenne pour lever cette mesure, et en dépit de l'existence d'une « position commune de l'Union européenne sur les transferts d'armes », laquelle prohibe a priori de telles livraisons, Paris et Londres prendraient en tant que « nations souveraines », à titre bilatéral, la décision de livrer des armes aux rebelles ! Quant à Léon Panetta, le Secrétaire à la Défense des États-Unis, celui-ci avait fin 2012 autorisé l'envoi d'éléments des forces spéciales dépendantes de l’US Specials Opérations Command en Jordanie sous couvert de contrôle des frontières. Il s'agissait en réalité d'encadrer les groupes rebelles susceptibles d'utiliser des armes chimiques fournies putative-ment par Riyad. Pour ce faire des combattants syriens de l'Armée syrienne libre ont été entraînés par l'USSOCOM à Tampa, en Floride, d'autres, entre les mains de la CIA, au King Adbullah II Spécial Opérations Training Center [KASOTC] créé en 2009 à Yajooz [].
    6. On peut télécharger le rapport rapport Brzezinski-Gates « Iran: Time for a New Approach » 2004 copyright by Council on Foreign Relation, sur .
7 - 500 000 morts entre le soupir d'autosatisfaction du président Bush junior, « Mission accomplished » en 2003 et 2011 []. Pour Iraq Body Count [IBG] ce serait un total dérisoire dé 174 000 victimes civiles et militaires. En 2006, la revue médicale The Lancet avait chiffré le nombre de décès depuis l'invasion du pays à 655 000. En janvier 2008, l'institut britannique de sondage Opinion Research Business estimait quant à lui le nombre de civils irakiens tués à 1 million. Pour le site JustForeignPolicy.org ce sont 1 455 590 civils irakiens qui ont été tués depuis 2003.
8 - « Plusieurs princes saoudiens effectuent des navettes d'une capitale à l'autre. La plaque tournante de cette diplomatie est Paris, où s'est rendu en mai le ministre de l'Intérieur saoudien, le prince Mohamed ben Nayef. Ce mois-ci, ce fut le tour du chef des services de renseignement saoudiens, le prince Bandar ben Sultan, et celui du ministre des Affaires étrangères, le prince Séoud al Faiçal. Le prince Miteb ben Abdallah, ministre saoudien de la Garde nationale, est attendu à Paris cette semaine, après avoir vu le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara. Quant au prince Salman, il a rencontré le ministre britannique de la Défense, Phillip Hammond, début juin à Djeddah » [].

  • Répression politique : Me Elie Hatem : "L'AF dérange le pouvoir."

    Trois militants d’Action française vont comparaître devant la justice républicaine, après avoir été interpellés sur les Champs-Élysées le 11 novembre dernier. Me Elie Hatem, qui est l’un de leurs avocats, a bien voulu répondre à nos questions.

    L’AF 2000 - Dans quelles circonstances nos militants ont-ils été interpellés et traduits en justice ?
    Me Elie Hatem - Nos trois jeunes militants se sont rendus sur les Champs-Elysées, à l’occasion de la cérémonie du 11 novembre. Patriotes, ils n’avaient nullement l’intention de perturber le déroulement de cette cérémonie ni de manquer de respect à la mémoire de nos soldats, lors de cette journée nationale. A l’instar d’un très grand nombre de Français, ils sont mécontents du gouvernement voire du régime républicain. Par solidarité avec les grévistes bretons et pour démontrer ce sentiment qui s’est généralisé dans la société française, ils ont eu l’idée de porter des bonnets rouges. Ils n’ont donc ni hué le Chef de l’Etat, ni porté atteinte à l’ordre public, comme il a été prétendu. Ils étaient parmi une centaine de personnes qui, en raison de ce port de bonnet, ont été interpellés.

    Que leur reproche-t-on ?
    Il se peut que les services de renseignement aient été préalablement informés de la présence d’individus aux bonnets rouges. Par conséquent, des consignes peuvent avoir été données pour les arrêter afin d’éviter d’éventuels incidents à l’instar de ceux qui se sont déroulés en Bretagne. C’est la raison qui aurait conduit les forces de l’ordre à interpeller arbitrairement plus de soixante-dix personnes dont une grande partie a été placée en garde à vue. Dans un premier temps, il a été avancé que cette opération a eu lieu à l’issue d’une perturbation du cortège du Président de la République. Or, les arrestations ont commencé avant le passage de ce cortège. Quant à nos militants, il leur a été d’abord reproché un outrage aux forces de l’ordre, dépositaires de l’autorité publique, sous prétexte qu’ils les auraient traités de « fachistes ». Néanmoins, en raison de la qualification de ces personnes, par certains médias, de « manifestants d’extrême droite », il a été absurde et incohérent de les poursuivre pour « outrage ». Ils ont donc été accusés de violence exercée à l’encontre des agents du maintien de l’ordre. En réalité, nos militants ont été surpris de se faire arrêter alors qu’ils n’ont commis aucun délit. Ils se sont débattus lors de leur arrestation musclée et de leur menottage. Ce sont nos militants qui ont été blessés lors de cette interpellation et victimes, pour certains, de plusieurs jours d’ITT (incapacité temporaire totale) qui leur ont été reconnus par les médecins de l’unité médico-judiciaire (UMJ) qui les ont examinés lors de leur garde à vue qui a duré 48 heures.

    Comment s’est déroulé leur procès ?
    A l’issue de leur garde à vue, ils ont été présentés au Parquet puis renvoyés sur le champ afin d’être jugés en comparution immédiate pour les chefs d’accusation dont je viens de vous citer. Mes confrères, Frédéric Pichon et Fabrice Delinde, et moi-même qui n’avons pas eu le temps alors d’examiner leur dossier dans la précipitation, avons demandé le renvoi de cette affaire qui sera examinée le 18 décembre prochain, en comparution immédiate... En attendant, nous nous sommes débattus devant le tribunal de la république afin d’obtenir leur libération afin qu’ils puissent comparaître librement devant cette juridiction. Cela n’a pas été facile du moins pour l’un d’entre eux, comme s’il s’agissait d’un crime de lèse-majesté.

    Etes-vous confiant pour la suite de cette affaire ? Que risquent-ils ?
    Il s’agit d’un dossier très sensible. C’est une affaire politique et non pas de droit commun. Comme vous le savez, le gouvernement a donné des instructions en vue de condamner fermement les personnes qui ont été interpellées. Il veut en faire une question de principe. Malheureusement, le parquet est inféodé au pouvoir exécutif malgré le principe de « la séparation des pouvoirs » que la propagande républicaine veut faire avaliser par l’opinion publique. Vous constaterez que seuls des militants de l’Action Française comparaîtront devant le tribunal de la république. Par expérience et pour avoir plaidé des affaires relatives à nos militants, la justice républicaine prononce des peines disproportionnées voire absurdes à leur encontre.
    Aujourd’hui, l’Action Française dérange le pouvoir républicain car, en pleine expansion, elle risque de drainer derrière elle un mouvement populaire incontrôlable. Déçus par le système, par les partis politiques et par la propagande républicaine exercée d’une manière outrancière depuis des décennies, les Français peuvent manifester un engouement pour nos idées et nos valeurs qui sont ceux du pays réel séparé par un grand fossé du pays légal. La fragilité de la république explique la dérive totalitaire de ce régime dénudé de toute légitimité, qui se permet de critiquer les régimes des autres pays... Je ne peux donc pas prévoir les sanctions qui seront octroyées par le tribunal de ce régime.

    Propos recueillis par François Marcilhac - L’AF 2874
    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Repression-politique-Me-Elie-Hatem

  • 14-18 : Cohésion nationale, réconciliation nationale…chiche ?

    Il y a des choses qui n’étonnent pas, comme le fait que le magazine consuméro-fémino-socialiste Elle, ait décerné à Christiane Taubira le titre de Femme de l’année. Ce ministre succède ainsi dans le registre des femmes politiques honorées par ce titre de presse à Edith Cresson…encourageant ! Est-il aussi surprenant que l’individu qui a répandu le sang et semé la terreur dans les locaux de Libération, ait été analysé de manière subliminale avant son arrestation par le microcosme politico-médiatique comme un « fasciste » et décrit comme de type « caucasien » ? Abdelhakim Dekhar était en fait un Algérien de nationalité française, militant d’extrême gauche, qui avait fourni le fusil à pompe utilisé dans leur équipée sanglante en 1994 par le couple sympathisant des Scalp (Sections carrément anti-Le Pen), Florence Rey et Audry Maupin.

    Il n’est pas plus incroyable que l’humaniste robespierriste Alexis Corbière, élu du Parti de Gauche (PG) au Conseil de Paris, ait déposé un vœu le 13 novembre pour diminuer encore le crédit de 11 millions alloué annuellement à la restauration (bien nécessaire !) des édifices religieux dans la capitale. Bien au chaud dans le bel appartement qu’il occupe avec la camarade Raquel Garrido, le sans-culotte Corbière a notamment fustigé une aide accordée pour le chauffage et l’électricité dans les édifices cultuels. Il ignore (?) peut-être que nos églises sont aussi un refuge pour les sans abri et les pauvres…

    Il n’est pas étonnant, encore et toujours, que les amis de Jean-Luc Mélenchon emboîtent le pas à une vieille revendication de la LDH et à la Libre Pensée. Ils ont ainsi déposé un vœu, qui a été adopté en octobre dernier par la ville de Paris, pour qu’un hommage soit rendu aux mutins de la guerre 14-18, aux quelques 650 « Fusillés pour l’exemple ». Ces « héroïques résistants à la tuerie industrielle que fut cette guerre, doivent pleinement et entièrement réhabilités pour l’honneur du pays et de leur famille, comme exemples et sujet de réflexion (…). Le premier refus populaire de la guerre vint de la révolution (bolchevique) d’octobre 1917 » affirme encore le Parti de Gauche dans une déclaration solennelle.

    Le Premier ministre Lionel Jospin en 1998, avait demandé, lors d’un discours à Craonne, que ces fusillés pour «désobéissance militaire» « réintègrent pleinement notre mémoire collective nationale». Dix ans après, Nicolas Sarkozy, depuis Verdun, déclarait: «Je veux dire au nom de la nation, que beaucoup de ceux qui furent exécutés ne s’étaient pas déshonorés, qu’ils n’étaient pas des lâches».

    Il y a deux ans, c’était la candidate des Verts et d’EELV, Eva Joly qui, avec le soutien de l’actuel ministre Cécile Duflot, déposait à Paris devant l’atroce Mur de la Paix de Marek Halter, une gerbe en l’honneur des mutins de 1917.

    Si cette terrible boucherie de 14 fut aussi l’aboutissement du bellicisme intéressé de nombreuses forces et officines qui n’avaient rien de patriotiques, l’effet de loupe mis sur ces 650 soldats français qui ont été passés par les armes, sur un total de 740 fusillés, n’est bien sûr pas exempt d’arrières- pensées idéologiques. Faut-il rappeler que ces fusillés là ne représentent que 0,04% des 1 million 397 800 soldats et 300 000 civils qui ont perdu la vie pendant ce conflit ?

    Bruno Gollnisch tient aussi à rappeler qu’on ne peut mettre sur un même plan les soldats qui ont choisi de se mutiner et ceux qui sont tombés au champ d’honneur ; ce sont eux qui ont permis à la France d’être libérée. Ce sont eux et eux seuls, qui ont droit à la reconnaissance officielle de la patrie.

    François Hollande, nous l’avions vu, a surtout évoqué lors de son discours du 11 novembre la nécessité de « ne pas baisser la garde face aux haines, aux intolérances, au racisme » (suivez son regard). Evoquant les fusillés, il a parlé de ceux qui « furent condamnés de façon arbitraire», ajoutant qu’il «(souhaitait) que personne ne soit oublié » (des commémorations).

    Petite provocation supplémentaire, c’est ce 11 novembre que le ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, en présence de Christiane Taubira, a décoré de la Légion d’honneur le chanteur américain antimilitariste Robert Zimmerman, alias Bob Dylan (72 ans). Et ce, malgré l’opposition du général Jean-Louis Georgelin, Grand chancelier de l’ordre de la Légion d’honneur, qui l’a jugé juge indigne de recevoir cette distinction : « trop drogué et pacifiste ». A ce compte là, il est vrai que les motivations qui ont conduit à décorer d’autres figures que le chanteur américain, suscitent aussi l’interrogation.

    Il est vrai aussi que le patriotisme n’est pas un gène dominant au PS, qui célèbre aujourd’hui son inféodation au Nouvel ordre mondial en réintégrant l’Otan et en se soumettant toujours plus avant à l’entité bruxelloise.

    Enfin, ajoutons que le chef de l’Etat a tenu, lors de ses premiers discours dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Première guerre mondiale, a évoqué la nécessité de la cohésion nationale pour affronter les épreuves. Certes, mais celle-ci impose aussi de faire œuvre de réconciliation nationale.

    Quel plus beau geste de rassemblement, d’apaisement que d’accéder à la dernière requête du Maréchal Pétain, qui fut de reposer au milieu de ses hommes, à l’ossuaire de Douaumont ? Pétain, dont François Mitterrand faisait fleurir chaque année la tombe à l’Ile d’Yeu, le chef habile, humain, adoré par ses poilus, avare du sang de ses hommes, qui mis fin aux assauts meurtriers, aux mutineries, aux « Fusillés pour l’exemple »…

    http://www.gollnisch.com/2013/11/22/14-18-cohesion-nationale-reconciliation-nationalechiche/

    http://aucoeurdunationalisme.blogspot.fr/

  • Les jours heureux du parti communiste

    Voila comment l’Humanité présentait ce 19 novembre "Les Jours heureux" de Gilles Perret, et les initiatives autour de ce film dont le journal communiste se dit partenaire.

    Citons : "Entre mai 1943 et mars 1944, sur le territoire français encore occupé, seize hommes appartenant à tous les partis politiques, tous les syndicats et tous les mouvements de résistance vont changer durablement le visage de la France. Ils vont rédiger le programme du Conseil National de la Résistance intitulé magnifiquement : Les jours heureux."

    Citons encore : "Ce programme est encore au cœur du système social français puisqu’il a donné naissance à la sécurité sociale, aux retraites par répartition, aux comités d’entreprises, etc."

    Mais voila comment les lecteurs du journal réagissent :

    Première réaction, le 19 novembre "Pas de communiste ?" "Dommage qu'aucun représentant du PCF ne témoigne dans ce film sur l'actualité du CNR. Laisser la part belle à Copé, Hollande, Bayrou, qui démolissent le programme du CNR, c'est un peu fort de café."

    Ce camarade n'a manifestement rien compris au film : il s'agit de faire passer cette affaire comme la naissance d'un "modèle social français", en quelque sorte unanimiste. Contre-vérité absolue sur le plan historique, mais qu'on nous impose sur le plan politique.

    Deuxième réaction le 20 novembre à propos des "quatre rédacteurs": "Passer sous silence le rôle des communistes est d'autant plus injuste que les quatre rédacteurs des Jours Heureux de mars 1944, Pierre Villon, André Mercier, Benoît Frachon et Jacques Duclos étaient quatre communistes.

    Le nier revient, une fois de plus à minimiser le rôle du parti dans la Résistance."

    En voilà un, dira-t-on qui n'a pas lu "L'Alliance Staline Hitler" (1)!

    Retenons quand même l'aveu : ce ne sont pas 16 hommes, et curieusement aucune femme, représentant tous les courants de la résistance, mais 4 dirigeants communistes qui ont fabriqué ce manifeste. Soulignons en effet que Pierre Villon, qui semble bien en avoir été le principal rédacteur, siégeait théoriquement en tant que délégué du "front national" (de l'époque ! qu'alliez-vous croire ?) : en fait cet architecte proche du Bauhaus fut pendant de longues années après la guerre député du PCF.

    Trosième réaction, plus sympathique encore le 20 novembre : elle s'intitule "Terrible dilemme."

    "En regardant les images du film "Les jours heureux" où l'ont entend parler d'abattre un homme en pleine rue, de le tuer en fait, parce que c'est la guerre, ont est légitimement amener à se poser la question de l'élimination physique de responsables économiques et politiques de la France et de l'Europe d'aujourd'hui, responsables qui détruisent l'équilibre social pour générer toujours plus de profits. Donc d'une lutte armée soutenue par un projet social et économique concret. Il faudrait dans ce cas les tuer pour faire passer un projet politique bien construit, radicalement plus social, plus égalitaire, plus solidaire, et cela avant que la situation actuelle ne se dégrade au point de tourner au jeu de massacre ou de dégénérer en guerre civile. Mais peut-être est-il plus raisonnable d'attendre que le sang des victimes innocentes coule à nouveau à flots dans les caniveaux pour se mettre en branle et que les fascistes aient fait main basse sur le pouvoir au nom d'une extrême droite pseudo-démocratique ?"

    Intéressant délire n'est-il pas vrai ?

    En se rendant sur le site de L'Huma on découvre que le parti se sert du film pour organiser des débats, bien calibrés.

    Ainsi par exemple ce vendredi 22 novembre au cinéma Lincoln, Paris 8e, à 20 heures : débat avec Ian Brossat (PCF) porte-parole communiste d'Anne Hidalgo et Pierre-Yves Bournazel (UMP) porte-parole de Nathalie Kosciusko-Morizet. Thème : "L'héritage du programme du CNR aujourd'hui".

    Voici quelques autres rendez-vous

    - avec Raquel Garrido (Parti de Gauche) et le collectif FSU-CGT-Solidaires-Attac-LDH "Construire les mobilisations pour de nouveaux Jours Heureux ?"

    - avec Laurent Douzou, historien et Léon Landini, résistant FTP-Main d'Œuvre Immigrée, tous deux protagonistes du film "Le programme du CNR d'hier à aujourd'hui"

    - avec Gilles Perret, réalisateur : "Témoignages et archives : Filmer les Jours Heureux"

    - avec François Ruffin (Fakir), Martine Orange (Mediapart) et Jean-Luc Porquet (Le Canard enchaîné) : "Le démantèlement du programme du CNR".

    - avec Gérard Filoche (Parti Socialiste), inspecteur du travail. "Droit du travail et Jours Heureux depuis 1945"

    - avec Éric Coquerel (Parti de Gauche) conseiller spécial de J.-L. Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan, député et président de Debout la République : "Une nouvelle République pour de nouveaux Jours Heureux ?"

    Faut-il vraiment commenter ces thèmes ? Faut-il passer sous silence cette opération de désinformation ? Et surtout faut-il ignorer la participation de gens se réclamant du gaullisme ?

    On appréciera tout particulièrement l'intervention du "porte-parole communiste de Madame Anne Hidalgo".

    Ce jeune homme ira loin: le 14 octobre l'Humanité posait ainsi la question : "Le 16e arrondissement de Paris va-t-il s’ouvrir aux Roms ?"... car en la personne du camarade Brossat "le chef de file du groupe PCF-PG au Conseil de Paris va soumettre aujourd’hui un vœu proposant la création d’un village d’insertion dans le très riche arrondissement parisien."

    Allons, prenons en conscience : pour tous ces gens, le mur n'est tombé qu'à Berlin.

    http://www.insolent.fr/2013/11/les-jours-heureux-du-parti-communiste.html

    1) http://www.editions-du-trident.fr/catalogue#ash

    http://aucoeurdunationalisme.blogspot.fr/

  • Le temps des grands changements arrive


    Entretien exclusif avec Jean-Yves le Gallou

    Jean-Yves Le Gallou sera présent à la Fête du Livre de Renaissance Catholique, le 8 décembre prochain à Grand’Maisons (78 - Villepreux).
    En préparation à cette dédicace, nous l’avons interrogé sur La tyrannie médiatique ainsi que sur Le nouveau dictionnaire de Novlangue et lui avons demandé d’inviter à sa manière un large public à venir le rencontrer et poursuivre cet entretien lors de cette 22ème Fête du Livre.
    Nous remercions le président de Polémia pour cette agréable marque d’amitié.

    Renaissance Catholique : Pourquoi avoir écrit La tyrannie médiatique ? (1)
    Jean-Yves Le Gallou : J’ai écrit cet ouvrage parce que la réalité du régime dans lequel nous vivons est la tyrannie médiatique : les hommes politiques d’abord, mais aussi les juges, les intellectuels, les « experts » et parfois même les hommes d’Église cherchent à plaire aux médias : au risque de devenir des médiagogues. Un médiagogue ne cherche ni le vrai, ni le juste : il cherche à plaire, il cherche le « convenable », c’est-à-dire le « politiquement correct », « l’artistiquement correct », « l’historiquement correct », « le religieusement correct ». La tyrannie médiatique analyse en profondeur le fonctionnement de cette perversion de la liberté de l’esprit.

    RC : Et la réédition de votre dictionnaire de la Novlangue ?
    J.-Y. Le G. : La Novlangue est la langue de la superclasse mondiale. Elle sert à exprimer l’idéologie dominante. Elle a ses mots tabous (« frontières » par exemple) et ses mots sidérants (« réac », « raciste », « dérapage », par exemple). Elle applique les principes définis par Orwell dans 1984 : « La vérité c’est le mensonge », « la paix, c’est la guerre ». Il faut connaître la langue de l’ennemi pour éviter qu’elle ne prenne le contrôle de notre cerveau. Le nouveau dictionnaire de Novlangue (2) est un outil de travail. Le maîtriser est une mesure de prophylaxie.

    RC : Quel a été l’accueil de la presse et des lecteurs à ces deux ouvrages ?
    J.-Y. Le G. : Sans surprise. Silence de cristal dans la grosse presse écrite et les vieilles télévisions.
    Bonne reprise dans la presse dissidente. Excellent buzz sur les sites Internet alternatifs et les réseaux sociaux.
    Bref, rien chez les dinosaures, beaucoup sur la réinfosphère. Beaucoup de commandes sur Internet.
    Et beaucoup d’encouragement des lecteurs.

    RC : Quel message souhaiteriez-vous adresser aux lecteurs qui viendront vous rencontrer le 8 décembre prochain à Villepreux ?
    J.-Y. Le G. : Je crois que le temps des grands changements arrive. Que les cycles historiques de rupture des traditions (1968), d’ouverture des Frontières (1963) de culpabilisation (1972), et même des Lumières, parviennent à leurs termes. De grands bouleversements s’annoncent.

    (1) La tyrannie médiatique, Via Romana, février 2013, 380 pages, 23 €. Voir notre recension de ce livre dans Renaissance Catholique n° 127, de mai 2013, page 19.
    (2) Nouveau Dictionnaire de novlangue/ Plus de 500 mots pour vous manipuler. Michel Geoffroy, Ed. Polémia, octobre 2013, 10 € (à acheter en ligne sur le site de Polémia).

    RC/J.-Y. LE GALLOU

    http://www.renaissancecatholique.org/Le-temps-des-grands-changements.html

  • La France n’évolue pas, ne se réforme pas, elle se désagrège.



    Ce mardi, le ministre de l’Écologie, Philippe Martin, indiqua une suspension de l’écotaxe “jusqu’à la remise à plat de la fiscalité globale”. Un report sine die en langage clair. Le ministre fut pourtant désavoué par son supérieur Jean-Marc Ayrault le jour même: l’écotaxe serait de retour en juin 2014.

    Cet épisode n’est qu’un cafouillage de plus dans un pays où la confusion règne de la base au sommet. Comment mettre en place l’écotaxe, d’ailleurs? Les portiques encore debout doivent être surveillés en permanence par des escadrons de gendarmes mobiles tandis que les hélicoptères de police patrouillent de nuit pour essayer de sauver les radars routiers bretons du vandalisme… A l’instar d’une mafia, les quelques moyens dont dispose encore l’Etat français semblent exclusivement réservés à la préservation des infrastructures qui lui rapportent de l’argent.

    Le solde sert sans doute à préserver de la foule un gouvernement historiquement impopulaire. Avec une cote d’amour présidentielle tournant autour de 15% d’opinions favorables, il vaut mieux être sur ses gardes. François Hollande est peut-être plus en sécurité en prenant la parole depuis son voyage en Israël que du perron de l’Elysée. En outre, il a probablement plus à dire à la Knesset qu’aux citoyens français.

    Le président n’a pas de vue d’ensemble. Ce n’est pas surprenant. Lorsque l’horizon ressemble à un mur, la myopie devient une forme de défense. Mais qu’attend-t-on de lui au juste? “Le réflexe français est toujours celui d’attendre un sauveur”, assure Dominique de Villepin, ancien premier ministre à n’avoir jamais affronté la moindre élection. L’homme providentiel est attendu avec impatience, puisqu’il est doté de pouvoirs magiques permettant de résoudre tous les problèmes sans effort. C’est presque dommage qu’il n’existe pas.

    François Hollande est fidèle à son époque. En guise de génies désintéressés, la France n’a subi qu’une succession de politiciens aussi carriéristes qu’inefficaces. Même Jacques Chirac aurait été proprement laminé dès 2002 s’il n’avait été opposé à l’infréquentable patriarche du Front National. Magie de la démocratie française, il réussit le tour de force d’être élu à plus de 80% tout en étant méprisé par tout le monde. Son successeur Nicolas Sarkozy suscita l’enthousiasme en plaidant un programme de réforme, mais se contenta ensuite de naviguer à vue en commandant d’innombrables sondages pour mieux savoir comment être populaire. Las! A force de vouloir plaire à tout prix on se fait détester. L’affaire Strauss-Kahn fut le dernier coup du sort jetant sur le devant de la scène François Hollande, un président normal, basique, étriqué, sans épaisseur et sans programme. Bonne pioche.

    Élu sur un malentendu, François Hollande est à peu près aussi éloigné qu’on puisse l’être de toute définition de l’homme providentiel. Mais l’individu aime le pouvoir - il n’a fait que le cultiver toute sa vie - et n’y renoncera pas. Il pourrait même le conserver en 2017 à la faveur d’un second tour contre Marine le Pen. Le pari est dangereux mais il tentera sa chance. Le tout est de bien doser les remaniements ministériels et les dissolutions. Si la tendance est au quinquennat unique, le temps des intrigues n’est pas terminé.

    Pour la France - le pays réel, pas le microcosme parisien des élites politiques et médiatiques - l’avenir a un goût de brouet. Taxée jusqu’à l’étranglement, la population voit la fuite ou la médiocrité comme seules solutions. Plus d’un tiers des 18-34 ans veut s’expatrier, selon un sondage récent, qui ne tient évidemment pas compte des centaines de milliers de jeunes à avoir déjà plié bagages. Le départ des forces vives n’a rien d’original quand l’argent quitte aussi le pays ou disparaît des circuits officiels pour rejoindre l’économie souterraine. Resteront en France les personnes âgées, les assistés sociaux, des combinards travaillant au noir, et quelques grosses entreprises faisant de toute façon l’essentiel de leur chiffre d’affaire hors des frontières hexagonales.

    Sans même chercher à faire des économies, pas facile de boucler un budget dans ces conditions, évidemment. Il n’est donc pas surprenant que la France n’y arrive pas. Bruxelles a accepté du bout des lèvres celui de Paris pour 2014, mais ne nous y trompons pas: il s’agit juste de ménager un pays important avant des élections européennes où les contestataires ont le vent en poupe. Comme “le pays n’a aucune marge de manœuvre”, pour reprendre les mots d’un commissaire européen, il est parfaitement fantaisiste d’imaginer que les courbes tracées jusqu’en 2015 résistent à la récession dans laquelle retombe l’économie…

    La France n’évolue pas, ne se réforme pas, elle se désagrège. Tous les voyants sont au rouge, certains plus vifs que d’autres: note des agences, chômage, croissance, dette publique, déficits, prélèvements obligatoires, consentement à l’impôt, tissu social, intégration… Quant à deviner d’où viendra le coup de grâce, il est probable qu’il vienne de la fiscalité. Des recettes moindres que prévues et tous les compteurs exploseront. C’est pour bientôt.

    La France n’a plus qu’un rôle à jouer, celui de l’exemple à ne pas suivre.

    Dans quelques années, en regardant en arrière, les Français se lamenteront du temps perdu, de ces années gâchées dans des réformes cosmétiques sans jamais s’atteler au fond. François Hollande n’est visiblement pas le président des réformes, c’est un fait. Mais qu’aurait-il eu à perdre à essayer? S’il s’était engagé sur ce sentier peu fréquenté, il aurait eu une chance de laisser pour de bonnes raisons son nom dans l’histoire et il n’est même pas certain que sa cote de popularité serait alors aussi basse qu’aujourd’hui.

    Source => http://stephanemontabert.blog.24heures.ch/archive/2013/11/19/destin-francais.html
    http://francelibre.tumblr.com/post/67736023758/la-france-nevolue-pas-ne-se-reforme-pas-elle-se

  • Delanoë : après Notre-Dame de Paris, la grotte de Matignon ?

    Y a-t-il une vie après la politique ? On le dit, mais bien peu de nos politiciens (et politiciennes) ne semblent vraiment pressés de le vérifier.

    Mais y a-t-il une vie après la Mairie de Paris ? Sûrement, à en croire l’actuel premier édile de la capitale qui se verrait sans doute un avenir plus national après les élections municipales. Ou même avant, pourquoi pas !

    Un avenir à Matignon, par exemple, bien qu’il s’en défende avec des mimines quelque peu excitées par l’audacieuse perspective.

    En tout cas, tel un Jack Lang parodié par Laurent Gerra, Bertrand Delanoe ne tarit pas d’éloges pour son grand ami François Hollande qui, actuellement, doit pourtant compter sur les doigts d’une seule main les soutiens à son égard. Sincères ou intéressés, il n’en est certes pas à faire le difficile.

    Sur son index haut pointé se hisse donc le Maire de Paris.

    Mardi dernier, en marge du conseil de Paris, il a tout d’abord volé à son secours en qualifiant le comportement des manifestants l’ayant copieusement conspué lors des commémorations du 11 novembre, d’« indigne et honteux ». Ça, c’était pour le minimum syndical.

    Pour le maximum vers Matignon, si « qui aime bien, châtie bien », celui qui espère beaucoup doit flatter énormément, qu’on en juge : « Ma première réaction, c’est l’amitié. Je salue une fois de plus le courage de François Hollande » ; ça, c’est envoyé, n’est-ce pas… mais est-ce reçu ? Tout le dilemme de Notre-Dame de l’Hôtel-de-ville pour quatre petits mois encore est dans cette cruelle interrogation.

    Aussi, Maître Bertrand sur un potelet perché n’hésite pas à marteler sur Europe 1, dès fois qu’il n’aurait pas été bien compris : « La France vit une crise telle qu’il y a besoin de concentrer les efforts sur des priorités : le redressement du pays, sa vitalité économique au service de l’emploi. Il ne faut pas se disperser. Et donc effectivement, le président, le Premier ministre, tous les décideurs doivent se concentrer sur l’essentiel » : Beau rappel à l’ordre qui sous-entend que les actuels concernés en place ne l’ont pas fait.

    Plus directe, Anne Hidalgo, son « Anouschka » et sa Dauphine pour lui succéder à la tête de Paris, s’était auparavant montrée, elle, plus précise encore : « Il faut une équipe sûrement plus resserrée, plus à la tâche, plus mobilisée, une vraie équipe politique », en rappelant qu’« il y a des gens sur le banc de touche » (plateau du « Grand Rendez-vous » Europe 1-Le Monde-1> télé).

    Tous les observateurs ont bien compris la fine allusion à son mentor… Mais l’Élysée, l’a-t-on compris ? C’est que même Bertrand Delanoé finirait pas douter de la jugeotte de son ami président, aussi s’est-il défendu de toute ambition excessive en précisant : « Je suis en règle générale d’accord avec Anne Hidalgo, simplement, je pense que si j’ai des suggestions à faire au président de la République ou au Premier ministre, je leur ferais à eux. »

    Voilà, c’est dit sur Europe 1, Le Monde et 1> télé ! Après cela, si son « ami François » ignore qu’après s’être employé à souligner son héroïsme, ce cher Bertrand était prêt, lui aussi, sûr de la confiance du Parti socialiste tout entier, à faire à la France le don de sa personne pour atténuer son malheur, c’est à… coiffer un bonnet rouge, lui aussi ! par Philippe Randa
    http://www.voxnr.com/cc/politique/EFlVpklpEVnBgnURyv.shtml

  • Russie : qu’est-ce que la « creativny class » ?



    Les 27% d’Alexei Navalny aux élections municipales de Moscou furent son moment de triomphe. Comparable au « bobo » (bourgeois bohème) français, le « creativny class » se caractérise par son individualisme forcené, son absence d’idées politiques et de compréhension des grands enjeux internationaux.

    Peu cultivé, il rêve d’une Europe qui n’existe pas et qu’il pense avoir découvert lors de ses vacances dans le sud de la France. La situation sociale réelle en France, il ne la connait pas, d’ailleurs il s’en moque éperdument, comme celle d’ailleurs, de ses concitoyens russes moins privilégiés que lui. Capable de passer ses vacances en Grèce sans se rendre compte que le pays est en crise, il en revient plein de ressentiments contre la Russie où le climat est beaucoup moins favorable. C’est aussi à cela que l’on reconnait le « bobo » russe, ou plutôt le « novi Russki » des années 2010 : il déteste son pays et son peuple, tout comme le « bobo » français.

    Officiellement, comme Alexei Navalny, il lutte contre la corruption. Dans la réalité, il appartient à une des classes les plus corrompues de Russie, celle du secteur tertiaire et du marketing. Les budgets de publicité ou de sponsoring finissent en grande partie dans sa poche, mais il le vaut bien. Au fond, il ne souhaite pas une Russie moderne, mais la Russie des années 90, où il aurait pu devenir millionnaire rapidement, comme son autre modèle, Mikhail Khodorkowski. C’est d’ailleurs pour cela qu’il déteste Vladimir Poutine, ce rabat joie qui a mis fin à la loterie, qui a confisqué les actifs de l’oligarque déchu pour les redonner à une société d’État.

    Il est créatif mais il ne crée rien. Le paradoxe est qu’il est le résultat de l’enrichissement de la Russie sous Vladimir Poutine, mais l’argent ne l’a pas rendu heureux, alors il est dépressif. Comme souvent les dépressifs, surtout les psychanalysés, il cherche un coupable pour son mal-être. Il a donc trouvé son idole, Alexei Navalny. Ce dernier rêve aussi de pillage comme dans les années 90. À peine nommé conseiller du gouverneur de Kirov, il crée une société pour « privatiser les profits » du groupe étatique qu’on lui a confié, comme au bon vieux temps. Grande gueule mais en fait pas très malin, ce qui était banal il y a 20 ans, ne se fait plus en 2009. Pris la main de le sac, il proteste de son innocence. Il croit d’ailleurs farouchement à sa propre innocence. Il n’a rien fait de mal car tout lui est dû. Il ne fait que prendre ce qui lui appartient. Il est l’élu, choisi par l’Occident pour apporter la vérité à une Russie arriérée qu’il déteste et qui vote Vladimir Poutine à 65%.

    Il maudit ces ouvriers d’OuralWagonZavod qui ne comprennent rien à son élection divine. D’ailleurs l’Oural ne l’intéresse pas. Une Russie limitée à Moscou et sans banlieue lui suffirait largement, à condition qu’on y autorise la Gay Pride et qu’on en chasse tous les non-russes ethniques. C’est là la différence avec le « bobo » français, qui est raciste mais qui prétend le contraire. Le « creativny class » est ouvertement raciste, détestant les Caucasiens et les Centre-asiatiques, sauf s’ils sont riches bien sûr, auquel cas il devient cosmopolite.

    Comme le « bobo », le « creativny class » n’est pas très courageux. Heureusement son gourou Alexei Navalny, tout en étant l’ami de Noël Mamère, est très proche des groupes ultra-nationalistes, qui eux n’hésitent pas à faire le coup de poing.

    Ce qui frappe le plus chez le « creativny class » c’est son absence de pensée politique. Tandis que son Président tâche d’empêcher le gouvernement américain de précipiter le Moyen-Orient et le reste du monde dans la guerre, il vote pour un candidat ouvertement financé des États-Unis. Il est vrai que le « creativny class » se moque bien des Syriens ou des Égyptiens qui ne peuvent rien pour lui. D’ailleurs du Moyen-Orient il ne connait que le « Spa » où il a passé une de ses nombreuses vacances cette année, et ça lui suffit bien.

    Rassurons-nous le « creativny class » est toujours minoritaire, et ses mobilisations sont toujours suivies de grandes périodes de déprime ; n’oublions pas qu’il est dépressif. Un gouvernement démocratique devrait toujours veiller à ne pas laisser contaminer par cette minorité le reste de la société qui est saine. Ça n’est pas toujours facile, car en Russie comme en France, le « bobo » domine dans les médias et les réseaux sociaux. C’est pour cela qu’en Russie, on le surnomme « marmotte de réseau ». Les réseaux sociaux sont en effet l’endroit idéal pour partager sa dépression avec les autres et insulter les autorités et son pays à peu de frais. C’est là enfin l’ultime point commun avec le « bobo » français : le « creativny class » déteste sa Patrie et rêve d’en partir.

    Élie Martin

    Source : Realpolitik.tv.
    http://fr.novopress.info/145837/russie-quest-ce-que-la-creativny-class-par-elie-martin/#more-145837

  • Insulte ? Ou quand le général Dary "en fait trop"...

    Comme l’Action française , nos amis de Politique Magazine ont décidé, avec raison, de réagir aux propos du général Dary, relayés par le blogue de Jean-Do Merchet.

    par Mathieu Epinay - "Nous avons beaucoup de respect pour le général Dary, c’est un grand soldat, c’est un grand serviteur de la France, du lieutenant de Kolwezi au commandant opérationnel de la Manif pour tous.

    Mais lorsqu’il publie, obséquieusement relayé par un journaliste de gauche, un texte incantatoire sur l’insulte à nos morts après les sifflets du 11 novembre, il en fait trop. Une sage réserve du président du comité "La flamme sous l’arc de triomphe" eut été préférable.

    Aucun des manifestants présents n’était venu insulter nos morts pour lesquels ils ont beaucoup plus de respect que n’en a la nomenklatura de courtisans qui suivait le président. D’ailleurs la cérémonie elle-même n’a pas été troublée sinon peut être par inadvertance : ce n’était pas intentionnel. La cible des manifestants c’était bien le président.

    Le Général Dary sait bien tout cela. A-t-il subit des pressions ? En tout état de cause, sa déclaration sert ce président qui insulte nos morts en les vouant à la République plutôt qu’à la France et en invoquant les déserteurs (dont personne ne songe à ternir la mémoire) plutôt que les héros. Elle sert le tyran qui insulte les vivants par la perversité des lois qu’il se croit le droit d’imposer parce que le verdict des urnes l’aurait mis au-dessus de Dieu même. [...]"

    La suite sur Politique Magazine (1)
    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Insulte-Ou-quand-le-general-Dary
    1) http://www.politiquemagazine.fr/insulte.html