Tribune de Claude Meunier-Berthelot
Les derniers résultats de l’étude internationale PISA ont souligné la situation catastrophique de l’éducation nationale française : moins de connaissances chez les élèves et de plus grandes inégalités entre eux. C’est logique : un système en décomposition génère forcément des inégalités croissantes. Or le gouvernement français, loin de s’inspirer des exemples qui marchent (pays d’Asie, Canada, Australie, Finlande), fait exactement l’inverse : bourses sur critères sociaux et non intellectuels, absence d’efforts réalistes pour améliorer le recrutement des enseignants, poursuite des réformes tendant à remplacer l’enseignement structuré des disciplines de base par des activités plus ou moins ludiques. Claude Meunier-Berthelot fait le point pour Polémia.
Placée sous l’égide de l’OCDE, l’étude PISA (Programme international de suivi des acquis), réalisée tous les trois ans, consiste à faire une évaluation des acquis scolaires des élèves de 15 ans appartenant à 65 pays membres de l’OCDE. En 2012, 510.000 élèves ont participé à cette évaluation, dont 5700 en France, sélectionnés et évalués en fonction de critères de représentativité que nous ignorons… l’OCDE, très discrète sur le sujet, ne répondant pas à notre demande.
Cette étude porte sur l’évaluation d’acquis très basiques : elle n’apprécie pas la maîtrise d’un programme déterminé, donc d’une culture (même si ce terme est abusivement utilisé) mais seulement l’aptitude des élèves à appliquer les connaissances acquises à l’école dans des situations de la vie courante dans les trois domaines : mathématique, scientifique et… compréhension de l’écrit ; c’est assez dire que les exigences ne sont pas titanesques.
Cette année, l’accent était mis sur les mathématiques… dit l’OCDE, avec des conclusions à cet égard qui ont de quoi nous surprendre à savoir que… « des compétences fondamentales en mathématiques ont un impact majeur sur les chances de réussite des individus dans la vie … que les individus très performants en mathématiques sont aussi plus susceptibles de faire du bénévolat, de se considérer comme des acteurs plutôt que comme des objets des processus politiques et, même, de faire davantage confiance à autrui… »
Nous n’y aurions vraiment pas pensé ! Plutôt tentés que nous sommes de supputer que, agissant en aspirateurs des cultures identitaires des différents peuples, les mathématiques étaient plus à même de balayer la spécificité culturelle de chacun dans l’objectif de mondialisation des cerveaux… Notons d’ailleurs au passage que les pays de l’OCDE ne lésinent pas sur les moyens, investissant plus de 230 milliards d’USD par an dans l’enseignement des mathématiques à l’école. Investissement colossal qui… rapporterait beaucoup plus que ce qu’il ne coûterait… paraît-il. Ah bon ? Que ne ferait-on pas pour la mondialisation !
Shanghai, Singapour, Hong-Kong, Corée du Sud, Japon, Canada, Finlande et Australie sur le podium
Quoi qu’il en soit, sur 65 nations, ce sont cinq pays asiatiques qui arrivent en tête : Shanghai, Singapour, Hong-Kong, Corée du Sud et Japon, mais également le Canada, la Finlande, l’Australie… établissant un score équivalant à une avance de près de 3 années par rapport aux autres pays, alliant performance élevée et égalité des possibilités d’apprentissage, une faible corrélation étant observée, en effet, entre la performance des élèves et leur milieu socio-économique.
Pourquoi les pays performants réussissent-ils ?
Ils misent sur les enseignants : l’accent est mis sur la sélection et la formation des enseignants ; ils investissent en priorité dans l’amélioration de leur qualité.
Le Brésil, la Colombie, l’Estonie, Israël, le Japon et la Pologne ont tous entrepris d’améliorer la qualité du personnel enseignant.
Certains pays, dont le Danemark et l’Allemagne, ont réagi aux évaluations de l’étude PISA 2000 en soumettant leur système d’éducation et leurs programmes de cours à de grandes réformes.
La France continue de chuter
La France continue de dégringoler, se situant en dessous de la moyenne européenne, perdant 16 points en maths de 2003 à 2012 pendant que l’Allemagne se redresse. Le nombre d’élèves en grande difficulté s’accroît pendant que le nombre d’élèves excellents augmente.
Le système français fabriquerait donc de l’inégalité sociale si l’on s’en tient aux propos de Laurent Bigorgue, de l’Institut Montaigne, pendant qu’Eric Charbonnier, expert (…) de l’OCDE, note que « La France est le pays où les inégalités socio-économiques ont le plus d’impact sur la réussite scolaire ».
Est-ce bien tout à fait ce dont il s’agit ?
Un système en décomposition génère forcément des inégalités
Nous avons déjà eu l’occasion de le dire : un système éducatif performant profite forcément à tous les élèves, quand un système éducatif en voie de décomposition, tel celui de la France, génère forcément des inégalités. Pourquoi ?
Parce que les parents avertis et disposant de moyens suffisants font donner des cours de soutien mais hors système scolaire (rappelons que les cours Acadomia sont cotés en bourse !) ; ce n’est donc pas le système éducatif, intrinsèquement, qui génère les inégalités.
Par ailleurs, les internats d’excellence qui se développent depuis 2008 sont réservés aux enfants des ZEP (zones d’éducation prioritaire). Dans ces structures est dispensé un réel enseignement de qualité avec des enseignants recrutés sur profil, qui ne profite qu’à ces enfants-là.
Les commentaires faits sur l’impact des inégalités socio-économiques sur la réussite scolaire sont donc quelque peu faussés par ces considérations, très peu médiatisées, et pour cause !
« L’Ecole est malade, le traitement ne lui convient pas, doublons les doses »
Insistant sur l’accroissement des inégalités entre les enfants de France, sans dire pourquoi – bien entendu ! –, Vincent Peillon en profite pour renforcer les dispositions prises en faveur de l’éducation dite prioritaire, c’est-à-dire en faveur des enfants des ZEP qui vont de plus en plus bénéficier d’un réel enseignement refusé à tous les autres, de la maternelle à l’université incluse.
Par ailleurs, dans son communiqué de presse du 3 décembre 2013, V. Peillon dit : « …les résultats ne sont pas bons, on s’y attendait, il y a depuis des années une difficulté scolaire en France … aggravée parce que des mauvais choix ont été faits… » – sous-entendu « mais on va y remédier » – alors qu’il confirme la politique de « refondation » de l’Ecole de ses prédécesseurs : « …il faut mener à bien la “refondation républicaine” de l’Ecole… », dit-il.
« L’Ecole est malade, le traitement ne lui convient pas ; doublons les doses. » Nous savions déjà que si le communisme n’avait pas réussi, ce n’est pas qu’il y en avait trop, mais pas assez !
Sur quoi repose la « refondation » de l’Ecole ?
Sur la suppression des cours et leur remplacement par des activités au cours desquelles l’enfant, l’adolescent, construisent leur savoir et ce, du primaire à l’université incluse.
Est-il prévu, comme d’autres pays l’ont fait, l’amélioration de la qualité des « enseignants » qui n’enseignent plus ? Evidemment, dans ce cadre-là, cela ne s’impose pas, même si le ministre de l’Education le prétend !
Les créations de poste se font essentiellement sur la base d’ « emplois-avenir-professeurs », avec des conditions de recrutement qui ne laissent planer aucun doute sur les intentions. Entre autres dispositions :
• ils s’adressent à des étudiants boursiers sur la base de critères sociaux et non intellectuels !
• sans condition de nationalité ;
• priorité étant donnée aux étudiants ayant résidé au moins 2 ans dans une zone urbaine sensible ou dans un DOM ou ayant effectué au moins deux années d’études secondaires dans un établissement situé dans une de ces zones ou dans un établissement relevant de l’éducation prioritaire… pour ensuite être pris en charge encore plus longtemps par les IUFM rebaptisés Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation, ce qui ne change ni le programme ni les méthodes de cette machine à décérébrer !
Conclusion
Ces dispositions vont à l’encontre de celles prises par les pays arrivés en tête du classement, ce qui conduira forcément la France, déjà mal en point dans les résultats de l’étude PISA 2012, tout droit dans le peloton de queue des 65 pays de l’OCDE ayant concouru, avec le risque aussi grand d’être récupérée par la « voiture-balai »…
Mais qu’à cela ne tienne ! Nos ministres ont de la ressource : ce sont les évaluations qui seront mauvaises !
Claude Meunier-Berthelot, 13/01/2014
http://www.polemia.com/etude-pisa-peillon-fait-des-choix-inverses-de-ceux-des-pays-qui-reussissent/
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L’Iran tricard à Genève 2 : les raisons d’un retournement
Du côté de l’ONU, grosse déception de son président, le Sud-Coréen Ban Ki-moon.
Hier, l’Iran devait participer au Genève 2, conférence internationale consacrée à la Syrie, à condition toutefois que Téhéran admette le départ de Bachar el-Assad comme préalable aux négociations. Aujourd’hui, rétropédalage dès potron minet, la capitale iranienne refusant de passer sous les fourches caudines en question.
De source sûre, on nous assure que la diplomatie iranienne n’a pas changé de position : « Quand on s’assoit à une table pour négocier, il ne saurait y avoir de préalable à toute forme de discussion. Tout le reste n’est qu’enfumage… » Du côté de l’ONU, grosse déception de son président, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, qui, ayant pesé de tout son poids dans la balance pour que l’Iran soit admis à la table des négociations, rappelle que sans Téhéran aucune issue n’est possible.
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Traité transatlantique : Un typhon qui menace les Européens
Engagées en 2008, les discussions sur l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne ont abouti le 18 octobre. Un bon présage pour le gouvernement américain, qui espère conclure un partenariat de ce type avec le Vieux Continent.
Négocié en secret, ce projet ardemment soutenu par les multinationales leur permettrait d’attaquer en justice tout État qui ne se plierait pas aux normes du libéralisme.
Imagine-t-on des multinationales traîner en justice les gouvernements dont l’orientation politique aurait pour effet d’amoindrir leurs profits ? Se conçoit-il qu’elles puissent réclamer — et obtenir ! — une généreuse compensation pour le manque à gagner induit par un droit du travail trop contraignant ou par une législation environnementale trop spoliatrice ?
Si invraisemblable qu’il paraisse, ce scénario ne date pas d’hier. Il figurait déjà en toutes lettres dans le projet d’accord multilatéral sur l’investissement (AMI) négocié secrètement entre 1995 et 1997 par les vingt-neuf États membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) (1). Divulguée in extremis, notamment par Le Monde diplomatique, la copie souleva une vague de protestations sans précédent, contraignant ses promoteurs à la remiser. Quinze ans plus tard, la voilà qui fait son grand retour sous un nouvel habillage.
L’accord de partenariat transatlantique (APT) négocié depuis juillet 2013 par les États-Unis et l’Union européenne est une version modifiée de l’AMI. Il prévoit que les législations en vigueur des deux côtés de l’Atlantique se plient aux normes du libre-échange établies par et pour les grandes entreprises européennes et américaines, sous peine de sanctions commerciales pour le pays contrevenant, ou d’une réparation de plusieurs millions d’euros au bénéfice des plaignants.
D’après le calendrier officiel, les négociations ne devraient aboutir que dans un délai de deux ans. L’APT combine en les aggravant les éléments les plus néfastes des accords conclus par le passé. S’il devait entrer en vigueur, les privilèges des multinationales prendraient force de loi et lieraient pour de bon les mains des gouvernants. Imperméable aux alternances politiques et aux mobilisations populaires, il s’appliquerait de gré ou de force, puisque ses dispositions ne pourraient être amendées qu’avec le consentement unanime des pays signataires. Il dupliquerait en Europe l’esprit et les modalités de son modèle asiatique, l’accord de partenariat transpacifique (Trans-Pacific Partnership, TPP), actuellement en cours d’adoption dans douze pays après avoir été ardemment promu par les milieux d’affaires américains.
A eux deux, l’APT et le TPP formeraient un empire économique capable de dicter ses conditions hors de ses frontières : tout pays qui chercherait à nouer des relations commerciales avec les États-Unis ou l’Union européenne se verrait contraint d’adopter telles quelles les règles qui prévalent au sein de leur marché commun.Tribunaux spécialement créés
Parce qu’elles visent à brader des pans entiers du secteur non marchand, les négociations autour de l’APT et du TPP se déroulent derrière des portes closes. Les délégations américaines comptent plus de six cents consultants mandatés par les multinationales, qui disposent d’un accès illimité aux documents préparatoires et aux représentants de l’administration. Rien ne doit filtrer. Instruction a été donnée de laisser journalistes et citoyens à l’écart des discussions : ils seront informés en temps utile, à la signature du traité, lorsqu’il sera trop tard pour réagir.
Dans un élan de candeur, l’ancien ministre du commerce américain Ronald (« Ron ») Kirk a fait valoir l’intérêt « pratique » de « préserver un certain degré de discrétion et de confidentialité (2) ». La dernière fois qu’une version de travail d’un accord en cours de formalisation a été mise sur la place publique, a-t-il souligné, les négociations ont échoué — une allusion à la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), une version élargie de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) ; le projet, âprement défendu par M. George W. Bush, fut dévoilé sur le site Internet de l’administration en 2001. A quoi la sénatrice Elizabeth Warren rétorque qu’un accord négocié sans aucun examen démocratique ne devrait jamais être signé (3).
L’impérieuse volonté de soustraire le chantier du traité américano-européen à l’attention du public se conçoit aisément. Mieux vaut prendre son temps pour annoncer au pays les effets qu’il produira à tous les échelons : du sommet de l’État fédéral jusqu’aux conseils municipaux en passant par les gouvernorats et les assemblées locales, les élus devront redéfinir de fond en comble leurs politiques publiques de manière à satisfaire les appétits du privé dans les secteurs qui lui échappaient encore en partie.
Sécurité des aliments, normes de toxicité, assurance-maladie, prix des médicaments, liberté du Net, protection de la vie privée, énergie, culture, droits d’auteur, ressources naturelles, formation professionnelle, équipements publics, immigration : pas un domaine d’intérêt général qui ne passe sous les fourches caudines du libre-échange institutionnalisé. L’action politique des élus se limitera à négocier auprès des entreprises ou de leurs mandataires locaux les miettes de souveraineté qu’ils voudront bien leur consentir.
Il est d’ores et déjà stipulé que les pays signataires assureront la « mise en conformité de leurs lois, de leurs règlements et de leurs procédures » avec les dispositions du traité. Nul doute qu’ils veilleront scrupuleusement à honorer cet engagement. Dans le cas contraire, ils pourraient faire l’objet de poursuites devant l’un des tribunaux spécialement créés pour arbitrer les litiges entre les investisseurs et les États, et dotés du pouvoir de prononcer des sanctions commerciales contre ces derniers.
L’idée peut paraître invraisemblable ; elle s’inscrit pourtant dans la philosophie des traités commerciaux déjà en vigueur. L’année dernière, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a ainsi condamné les États-Unis pour leurs boîtes de thon labellisées « sans danger pour les dauphins », pour l’indication du pays d’origine sur les viandes importées, ou encore pour l’interdiction du tabac parfumé au bonbon, ces mesures protectrices étant considérées comme des entraves au libre-échange. Elle a aussi infligé à l’Union européenne des pénalités de plusieurs centaines de millions d’euros pour son refus d’importer des organismes génétiquement modifiés (OGM).
La nouveauté introduite par l’APT et le TTP, c’est qu’ils permettraient aux multinationales de poursuivre en leur propre nom un pays signataire dont la politique aurait un effet restrictif sur leur abattage commercial.
Sous un tel régime, les entreprises seraient en mesure de contrecarrer les politiques de santé, de protection de l’environnement ou de régulation de la finance mises en place dans tel ou tel pays en lui réclamant des dommages et intérêts devant des tribunaux extrajudiciaires. Composées de trois avocats d’affaires, ces cours spéciales répondant aux lois de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations unies (ONU) seraient habilitées à condamner le contribuable à de lourdes réparations dès lors que sa législation rognerait sur les « futurs profits espérés » d’une société.
Ce système « investisseur contre État », qui semblait rayé de la carte après l’abandon de l’AMI en 1998, a été restauré en catimini au fil des années. En vertu de plusieurs accords commerciaux signés par Washington, 400 millions de dollars sont passés de la poche du contribuable à celle des multinationales pour cause d’interdiction de produits toxiques, d’encadrement de l’exploitation de l’eau, du sol ou du bois, etc. (4). Sous l’égide de ces mêmes traités, les procédures actuellement en cours — dans des affaires d’intérêt général comme les brevets médicaux, la lutte antipollution ou les lois sur le climat et les énergies fossiles — font grimper les demandes de dommages et intérêts à 14 milliards de dollars.
L’APT alourdirait encore la facture de cette extorsion légalisée, compte tenu de l’importance des intérêts en jeu dans le commerce transatlantique. Trois mille trois cents entreprises européennes sont présentes sur le sol américain par le biais de vingt-quatre mille filiales, dont chacune peut s’estimer fondée un jour ou l’autre à demander réparation pour un préjudice commercial. Un tel effet d’aubaine dépasserait de très loin les coûts occasionnés par les traités précédents. De leur côté, les pays membres de l’Union européenne se verraient exposés à un risque financier plus grand encore, sachant que quatorze mille quatre cents compagnies américaines disposent en Europe d’un réseau de cinquante mille huit cents filiales. Au total, ce sont soixante-quinze mille sociétés qui pourraient se jeter dans la chasse aux trésors publics.
Officiellement, ce régime devait servir au départ à consolider la position des investisseurs dans les pays en développement dépourvus de système juridique fiable ; il leur permettait de faire valoir leurs droits en cas d’expropriation. Mais l’Union européenne et les États-Unis ne passent pas précisément pour des zones de non-droit ; ils disposent au contraire d’une justice fonctionnelle et pleinement respectueuse du droit à la propriété. En les plaçant malgré tout sous la tutelle de tribunaux spéciaux, l’APT démontre que son objectif n’est pas de protéger les investisseurs, mais bien d’accroître le pouvoir des multinationales.
Procès pour hausse du salaire minimum
Il va sans dire que les avocats qui composent ces tribunaux n’ont de comptes à rendre à aucun électorat. Inversant allègrement les rôles, ils peuvent aussi bien servir de juges que plaider la cause de leurs puissants clients (5). C’est un tout petit monde que celui des juristes de l’investissement international : ils ne sont que quinze à se partager 55 % des affaires traitées à ce jour. Evidemment, leurs décisions sont sans appel.
Les « droits » qu’ils ont pour mission de protéger sont formulés de manière délibérément approximative, et leur interprétation sert rarement les intérêts du plus grand nombre. Ainsi de celui accordé à l’investisseur de bénéficier d’un cadre réglementaire conforme à ses « prévisions » — par quoi il convient d’entendre que le gouvernement s’interdira de modifier sa politique une fois que l’investissement a eu lieu. Quant au droit d’obtenir une compensation en cas d’« expropriation indirecte », il signifie que les pouvoirs publics devront mettre la main à la poche si leur législation a pour effet de diminuer la valeur d’un investissement, y compris lorsque cette même législation s’applique aussi aux entreprises locales. Les tribunaux reconnaissent également le droit du capital à acquérir toujours plus de terres, de ressources naturelles, d’équipements, d’usines, etc.
Nulle contrepartie de la part des multinationales : elles n’ont aucune obligation à l’égard des États et peuvent engager des poursuites où et quand cela leur chante.
Certains investisseurs ont une conception très extensive de leurs droits inaliénables. On a pu voir récemment des sociétés européennes engager des poursuites contre l’augmentation du salaire minimum en Égypte ou contre la limitation des émissions toxiques au Pérou, l’Alena servant dans ce dernier cas à protéger le droit de polluer du groupe américain Renco (6). Autre exemple : le géant de la cigarette Philip Morris, incommodé par les législations antitabac de l’Uruguay et de l’Australie, a assigné ces deux pays devant un tribunal spécial. Le groupe pharmaceutique américain Eli Lilly entend se faire justice face au Canada, coupable d’avoir mis en place un système de brevets qui rend certains médicaments plus abordables. Le fournisseur d’électricité suédois Vattenfall réclame plusieurs milliards d’euros à l’Allemagne pour son « tournant énergétique », qui encadre plus sévèrement les centrales à charbon et promet une sortie du nucléaire.
Il n’y a pas de limite aux pénalités qu’un tribunal peut infliger à un État au bénéfice d’une multinationale. Il y a un an, l’Équateur s’est vu condamné à verser la somme record de 2 milliards d’euros à une compagnie pétrolière (7). Même lorsque les gouvernements gagnent leur procès, ils doivent s’acquitter de frais de justice et de commissions diverses qui atteignent en moyenne 8 millions de dollars par dossier, gaspillés au détriment du citoyen. Moyennant quoi les pouvoirs publics préfèrent souvent négocier avec le plaignant que plaider leur cause au tribunal. L’État canadien s’est ainsi épargné une convocation à la barre en abrogeant hâtivement l’interdiction d’un additif toxique utilisé par l’industrie pétrolière.
Pour autant, les réclamations n’en finissent pas de croître. D’après la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), le nombre d’affaires soumises aux tribunaux spéciaux a été multiplié par dix depuis 2000. Alors que le système d’arbitrage commercial a été conçu dès les années 1950, il n’a jamais autant rendu service aux intérêts privés qu’en 2012, année exceptionnelle en termes de dépôts de dossiers. Ce boom a créé une florissante pépinière de consultants financiers et d’avocats d’affaires.
Le projet de grand marché américano-européen est porté depuis de longues années par le Dialogue économique transatlantique (Trans-Atlantic Business Dialogue, TABD), un lobby mieux connu aujourd’hui sous l’appellation de Trans-Atlantic Business Council (TABC). Créé en 1995 sous le patronage de la Commission européenne et du ministère du commerce américain, ce rassemblement de riches entrepreneurs milite pour un « dialogue » hautement constructif entre les élites économiques des deux continents, l’administration de Washington et les commissaires de Bruxelles. Le TABC est un forum permanent qui permet aux multinationales de coordonner leurs attaques contre les politiques d’intérêt général qui tiennent encore debout des deux côtés de l’Atlantique.
Son objectif, publiquement affiché, est d’éliminer ce qu’il appelle les « discordes commerciales » (trade irritants), c’est-à-dire d’opérer sur les deux continents selon les mêmes règles et sans interférence avec les pouvoirs publics. « Convergence régulatoire » et « reconnaissance mutuelle » font partie des panneaux sémantiques qu’il brandit pour inciter les gouvernements à autoriser les produits et services contrevenant aux législations locales.
Injuste rejet du porc à la ractopamine
Mais au lieu de prôner un simple assouplissement des lois existantes, les activistes du marché transatlantique se proposent carrément de les réécrire eux-mêmes. La Chambre américaine de commerce et BusinessEurope, deux des plus grosses organisations patronales de la planète, ont ainsi appelé les négociateurs de l’APT à réunir autour d’une table de travail un échantillon de gros actionnaires et de responsables politiques afin qu’ils « rédigent ensemble les textes de régulation » qui auront ensuite force de loi aux États-Unis et dans l’Union européenne. C’est à se demander, d’ailleurs, si la présence des politiques à l’atelier d’écriture commercial est vraiment indispensable…
De fait, les multinationales se montrent d’une remarquable franchise dans l’exposé de leurs intentions. Par exemple sur la question des OGM. Alors qu’aux États-Unis un État sur deux envisage de rendre obligatoire un label indiquant la présence d‘organismes génétiquement modifiés dans un aliment — une mesure souhaitée par 80 % des consommateurs du pays —, les industriels de l’agroalimentaire, là comme en Europe, poussent à l’interdiction de ce type d’étiquetage.
L’Association nationale des confiseurs n’y est pas allée par quatre chemins : « L’industrie américaine voudrait que l’APT avance sur cette question en supprimant la labellisation OGM et les normes de traçabilité. » La très influente Association de l’industrie biotechnologique (Biotechnology Industry Organization, BIO), dont fait partie le géant Monsanto, s’indigne pour sa part que des produits contenant des OGM et vendus aux États-Unis puissent essuyer un refus sur le marché européen. Elle souhaite par conséquent que le « gouffre qui se creuse entre la dérégulation des nouveaux produits biotechnologiques aux Etats-Unis et leur accueil en Europe » soit prestement comblé (8). Monsanto et ses amis ne cachent pas leur espoir que la zone de libre-échange transatlantique permette d’imposer enfin aux Européens leur « catalogue foisonnant de produits OGM en attente d’approbation et d’utilisation (9) ».
L’offensive n’est pas moins vigoureuse sur le front de la vie privée. La Coalition du commerce numérique (Digital Trade Coalition, DTC), qui regroupe des industriels du Net et des hautes technologies, presse les négociateurs de l’APT de lever les barrières empêchant les flux de données personnelles de s’épancher librement de l’Europe vers les États-Unis (lire La traque méthodique de l’internaute révolutionne la publicité). « Le point de vue actuel de l’Union selon lequel les États-Unis ne fournissent pas une protection de la vie privée “adéquate” n’est pas raisonnable », s’impatientent les lobbyistes.
A la lumière des révélations de M. Edward Snowden sur le système d’espionnage de l’Agence nationale de sécurité (National Security Agency, NSA), cet avis tranché ne manque pas de sel. Toutefois, il n’égale pas la déclaration de l’US Council for International Business (USCIB), un groupement de sociétés qui, à l’instar de Verizon, ont massivement approvisionné la NSA en données personnelles : « L’accord devrait chercher à circonscrire les exceptions, comme la sécurité et la vie privée, afin de s’assurer qu’elles ne servent pas d’entraves au commerce déguisées. »
Les normes de qualité dans l’alimentation sont elles aussi prises pour cible. L’industrie américaine de la viande entend obtenir la suppression de la règle européenne qui interdit les poulets désinfectés au chlore. A l’avant-garde de ce combat, le groupe Yum !, propriétaire de la chaîne de restauration rapide Kentucky Fried Chicken (KFC), peut compter sur la force de frappe des organisations patronales. « L’Union autorise seulement l’usage de l’eau et de la vapeur sur les carcasses », proteste l’Association nord-américaine de la viande, tandis qu’un autre groupe de pression, l’Institut américain de la viande, déplore le « rejet injustifié [par Bruxelles] des viandes additionnées de bêta-agonistes, comme le chlorhydrate de ractopamine ».
La ractopamine est un médicament utilisé pour gonfler la teneur en viande maigre chez les porcs et les bovins. Du fait de ses risques pour la santé des bêtes et des consommateurs, elle est bannie dans cent soixante pays, parmi lesquels les États membres de l’Union, la Russie et la Chine. Pour la filière porcine américaine, cette mesure de protection constitue une distorsion de la libre concurrence à laquelle l’APT doit mettre fin d’urgence.
« Les producteurs de porc américains n’accepteront pas d’autre résultat que la levée de l’interdiction européenne de la ractopamine », menace le Conseil national des producteurs de porc (National Pork Producers Council, NPPC). Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, les industriels regroupés au sein de BusinessEurope dénoncent les « barrières qui affectent les exportations européennes vers les États-Unis, comme la loi américaine sur la sécurité alimentaire ». Depuis 2011, celle-ci autorise en effet les services de contrôle à retirer du marché les produits d’importation contaminés. Là encore, les négociateurs de l’APT sont priés de faire table rase.
Il en va de même avec les gaz à effet de serre. L’organisation Airlines for America (A4A), bras armé des transporteurs aériens américains, a établi une liste des « règlements inutiles qui portent un préjudice considérable à [leur] industrie » et que l’APT, bien sûr, a vocation à rayer de la carte. Au premier rang de cette liste figure le système européen d’échange de quotas d’émissions, qui oblige les compagnies aériennes à payer pour leur pollution au carbone. Bruxelles a provisoirement suspendu ce programme ; A4A exige sa suppression définitive au nom du « progrès ».
Mais c’est dans le secteur de la finance que la croisade des marchés est la plus virulente. Cinq ans après l’irruption de la crise des subprime, les négociateurs américains et européens sont convenus que les velléités de régulation de l’industrie financière avaient fait leur temps.
Le cadre qu’ils veulent mettre en place prévoit de lever tous les garde-fous en matière de placements à risques et d’empêcher les gouvernements de contrôler le volume, la nature ou l’origine des produits financiers mis sur le marché. En somme, il s’agit purement et simplement de rayer le mot « régulation » de la carte.
D’où vient cet extravagant retour aux vieilles lunes thatchériennes ? Il répond notamment aux vœux de l’Association des banques allemandes, qui ne manque pas d’exprimer ses « inquiétudes » à propos de la pourtant timide réforme de Wall Street adoptée au lendemain de la crise de 2008. L’un de ses membres les plus entreprenants sur ce dossier est la Deutsche Bank, qui a pourtant reçu en 2009 des centaines de milliards de dollars de la Réserve fédérale américaine en échange de titres adossés à des créances hypothécaires (10). Le mastodonte allemand veut en finir avec la réglementation Volcker, clé de voûte de la réforme de Wall Street, qui pèse selon lui d’un « poids trop lourd sur les banques non américaines ». Insurance Europe, le fer de lance des sociétés d’assurances européennes, souhaite pour sa part que l’APT « supprime » les garanties collatérales qui dissuadent le secteur de s’aventurer dans des placements à hauts risques.
Quant au Forum des services européens, organisation patronale dont fait partie la Deutsche Bank, il s’agite dans les coulisses des pourparlers transatlantiques pour que les autorités de contrôle américaines cessent de mettre leur nez dans les affaires des grandes banques étrangères opérant sur leur territoire. Côté américain, on espère surtout que l’APT enterrera pour de bon le projet européen de taxe sur les transactions financières.
L’affaire paraît d’ores et déjà entendue, la Commission européenne ayant elle-même jugé cette taxe non conforme aux règles de l’OMC (11). Dans la mesure où la zone de libre-échange transatlantique promet un libéralisme plus débridé encore que celui de l’OMC, et alors que le Fonds monétaire international (FMI) s’oppose systématiquement à toute forme de contrôle sur les mouvements de capitaux, la chétive « taxe Tobin » n’inquiète plus grand monde aux États-Unis.
Mais les sirènes de la dérégulation ne se font pas entendre dans la seule industrie financière. L’APT entend ouvrir à la concurrence tous les secteurs « invisibles » ou d’intérêt général. Les États signataires se verraient contraints non seulement de soumettre leurs services publics à la logique marchande, mais aussi de renoncer à toute intervention sur les fournisseurs de services étrangers qui convoitent leurs marchés.
Les marges de manœuvre politiques en matière de santé, d’énergie, d’éducation, d’eau ou de transport se réduiraient comme peau de chagrin. La fièvre commerciale n’épargne pas non plus l’immigration, puisque les instigateurs de l’APT s’arrogent la compétence d’établir une politique commune aux frontières — sans doute pour faciliter l’entrée de ceux qui ont un bien ou un service à vendre au détriment des autres.
Depuis quelques mois, le rythme des négociations s’intensifie. A Washington, on a de bonnes raisons de croire que les dirigeants européens sont prêts à n’importe quoi pour raviver une croissance économique moribonde, fût-ce au prix d’un reniement de leur pacte social.
L’argument des promoteurs de l’APT, selon lequel le libre-échange dérégulé faciliterait les échanges commerciaux et serait donc créateur d’emplois, pèse apparemment plus lourd que la crainte d’un séisme social. Les barrières douanières qui subsistent encore entre l’Europe et les États-Unis sont pourtant « déjà assez basses », comme le reconnaît le représentant américain au commerce (12). Les artisans de l’APT admettent eux-mêmes que leur objectif premier n’est pas d’alléger les contraintes douanières, de toute façon insignifiantes, mais d’imposer « l’élimination, la réduction ou la prévention de politiques nationales superflues (13) », étant considéré comme « superflu » tout ce qui ralentit l’écoulement des marchandises, comme la régulation de la finance, la lutte contre le réchauffement climatique ou l’exercice de la démocratie.
Il est vrai que les rares études consacrées aux conséquences de l’APT ne s’attardent guère sur ses retombées sociales et économiques. Un rapport fréquemment cité, issu du Centre européen d’économie politique internationale (European Centre for International Political Economy, Ecipe), affirme avec l’autorité d’un Nostradamus d’école de commerce que l’APT délivrera à la population du marché transatlantique un surcroît de richesse de 3 centimes par tête et par jour… à partir de 2029 (14).
En dépit de son optimisme, la même étude évalue à 0,06 % seulement la hausse du produit intérieur but (PIB) en Europe et aux États-Unis à la suite de l’entrée en vigueur de l’APT. Encore un tel « impact » est-il largement irréaliste, dans la mesure où ses auteurs postulent que le libre-échange « dynamise » la croissance économique ; une théorie régulièrement réfutée par les faits. Une élévation aussi infinitésimale serait d’ailleurs imperceptible. Par comparaison, la cinquième version de l’iPhone d’Apple a entraîné aux États-Unis une hausse du PIB huit fois plus importante.
Presque toutes les études sur l’APT ont été financées par des institutions favorables au libre-échange ou par des organisations patronales, raison pour laquelle les coûts sociaux du traité n’y apparaissent pas, pas plus que ses victimes directes, qui pourraient pourtant se compter en centaines de millions. Mais les jeux ne sont pas encore faits. Comme l’ont montré les mésaventures de l’AMI, de la ZLEA et certains cycles de négociations à l’OMC, l’utilisation du « commerce » comme cheval de Troie pour démanteler les protections sociales et instaurer la junte des chargés d’affaires a échoué à plusieurs reprises par le passé. Rien ne dit qu’il n’en sera pas de même cette fois encore.
(1) Lire « Le nouveau manifeste du capitalisme mondial », Le Monde diplomatique, février 1998.
(2) « Some secrecy needed in trade talks : Ron Kirk », Reuters, 13 mai 2012.
(3) Zach Carter, « Elizabeth Warren opposing Obama trade nominee Michael Froman », Huffington Post, 19 juin 2013.
(4) « Table of foreign investor-state cases and claims under NAFTA and other US “trade” deals » (PDF), Public Citizen, août 2013.
(5) Andrew Martin, « Treaty disputes roiled by bias charges », Bloomberg, 10 juillet 2013.
(6) « Renco uses US-Peru FTA to evade justice for La Oroya pollution » (PDF), Public Citizen, 28 novembre 2012.
(7) « Ecuador to fight oil dispute fine », Agence France-Presse, 13 octobre 2012.
(8) Commentaires sur l’accord de partenariat transatlantique, document du BIO, Washington, DC, mai 2013.
(9) « EU-US high level working group on jobs and growth. Response to consultation by EuropaBio and BIO » (PDF), http://ec.europa.eu
(10) Shahien Nasiripour, « Fed opens books, revealing European megabanks were biggest beneficiaries », Huffington Post, 10 janvier 2012.
(11) « Europe admits speculation taxes a WTO problem », Public Citizen, 30 avril 2010.
(12) Courrier de M. Demetrios Marantis, représentant américain au commerce, à M. John Boehner, porte-parole républicain à la Chambre des représentants, Washington, DC, 20 mars 2013, http://ec.europa.eu
(13) « Final report. High level working group on jobs and growth » (PDF), 11 février 2013, http://ec.europa.eu
(14) « TAFTA’s trade benefit : A candy bar », Public Citizen, 11 juillet 2013.
http://fortune.fdesouche.com/325772-traite-transatlantique-un-typhon-qui-menace-les-europeens
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Valls un simple junkie !
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La déflation risque de créer de nouveaux problèmes à l’économie globale
PARIS (NOVOpress) - La déflation, c’est quoi exactement ? Il s’agit de la baisse continue du niveau de prix des actifs, ce qui se traduit par une diminution de l’indice des prix à la consommation. Les actifs retenus sont de trois sortes : les biens et les services, les actifs immobiliers et mobiliers, autrement dit les titres tels que des actions et obligations. L’explication des grands cycles de déflation est marquée par plusieurs aspects : Le premier est la montée de l’endettement des entreprises et des ménages qui nourrit la croissance des créances douteuses des banques. Le second est la liquidation des dettes, qui d’une part assainit les bilans bancaires, mais qui ralentit considérablement la distribution de nouveaux crédits aux entreprises. Le troisième point qui découle du second se traduit par une forte aggravation des faillites des entreprises les plus fragiles et une augmentation du chômage. On entre alors dans le cercle vicieux de l’économie, où la faiblesse de la consommation nourrit celle de l’investissement et engendrer une croissance économique molle.
Il n’a pas fallu longtemps pour que les prévisions optimistes de nouvel an sur l’augmentation de la croissance de l’économie mondiale en 2014 subissent un coup sévère. Dans un discours au National Press Club de Washington mercredi, la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a prévenu que le renforcement des tendances déflationnistes créé un risque sérieux pour l’économie mondiale.
« Avec une inflation inférieure aux objectifs de nombreuses banques centrales, nous voyons un risque croissant de déflation, qui pourrait se révéler désastreux pour la reprise, » a-t-elle dit. « Si l’inflation est le génie, la déflation est l’ogre qui doit être combattu de façon décisive. »
Mais Christine Lagarde n’a proposé aucune initiative politique pour répondre à ce problème sinon la poursuite jusqu’à un avenir indéterminé des programmes d’assouplissements quantitatifs (QE) de la Réserve fédérale américaine et des autres banques centrales, qui ont mis des milliers de milliards de dollars d’argent à des taux d’intérêt très bas à la disposition des banques et des institutions financières, sans rien faire pour susciter une reprise économique réelle.
« Les banques centrales ne devraient revenir à des politiques monétaires plus conventionnelles que lorsqu’une croissance robuste sera fermement ancrée, » a-t-elle dit. Le Financial Times a fait remarquer qu’avec la crainte qu’ont les banquiers centraux de simplement prononcer le mot “déflation”, Lagarde est la première autorité de haut rang dans le domaine à pointer le risque international de plus en plus net d’une chute des prix et d’une crise déflationniste similaire à celle qui affecte l’économie japonaise depuis ces vingt dernières années.
Le taux d’inflation que visent la plupart des grandes banques centrales est de 2% par an. Mais l’inflation aux USA est autour de 1%, à peu près comme au Japon où l’on n’a atteint ce chiffre en partant d’un niveau proche de zéro qu’après un an d’Abenomics par lesquelles le gouvernement d’Abe et la Banque du Japon se sont engagés dans une politique consistant à doubler la quantité d’argent dans le pays.
L’inflation en Europe est encore plus faible. Le taux annuel d’augmentation des prix dans la zone euro est tombé à seulement 0,8% en décembre, pendant que le taux de chômage se maintenait à 12%.
L’inquiétude principale de Christine Lagarde et des autres responsables de la finance est que la déflation risque de saper les fondations du système de prêts et de toute la finance. Si les prix chutent ou n’augmentent qu’à un taux très lent, les emprunteurs potentiels hésitent à s’endetter, par crainte que leur charge de la dette en valeur réelle n’augmente avec le temps. De même, la déflation augmente la charge de la dette de ceux qui ont déjà emprunté.
Les mises en garde de Christine Lagarde sur le risque de déflation interviennent une semaine après que le président de la Banque centrale (BCE) Mario Draghi a affirmé qu’il était prématuré de déclarer que la crise européenne est finie, contestant les commentaires du président de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui disait qu’en 2014 la zone euro laisserait la crise financière derrière elle. Draghi a déclaré que « l’économie européenne reste fragile et que la BCE souligne fortement qu’elle maintiendra une position accommodante de sa politique monétaire aussi longtemps que nécessaire. » S’il n’a pas prononcé le mot, cela a été largement interprété comme un signe certain que le président de la BCE s’inquiète de plus en plus des pressions déflationnistes au sein de la zone euro et de l’incapacité des banques centrales à les contrer.
Stephen King, chef économiste à la banque HSBC, écrit dans le Financial Times : « Mario Draghi a peut-être donné des assurances la semaine dernière que la zone euro n’est pas confrontée comme le Japon à une décennie perdue de déflation, mais, franchement, ses assurances ne sont pas terriblement convaincantes. »
Il a fait remarquer qu’avec des taux d’intérêt officiels à zéro ou presque, des baisses supplémentaires de l’inflation « feront augmenter les taux d’intérêt réels, rendront la dette moins supportable et, pour le système financier, menaceront d’augmenter le nombre de prêts qui ne sont pas remboursés. Un système financier qui est déjà fragile, comme l’est la zone euro aujourd’hui, finira alors dans une position encore pire. Les premiers signes de reprise économique pourraient alors se révéler n’être rien de plus qu’une fausse bonne nouvelle. » « Une inflation plus basse entraine une croissance plus faible », a-t-il noté, tandis que « le système de crédit est lentement asphyxié. »
L’insistance de Christine Lagarde sur l’idée que ce n’est pas le moment de mettre fin au soutien accordé par la banque centrale américaine aux marchés financiers a été reprise dans un discours prononcé le même jour que son intervention au National Press Club par le président de la réserve fédérale de Chicago, Charles Evans.
À plusieurs moments lors de ses remarques, il a réaffirmé que « la politique monétaire très accommodante de la Réserve fédérale devait rester en place encore quelques temps,” ajoutant que, “nous avons besoin d’une politique monétaire exceptionnelle pour finir les tâches à accomplir. »
Dans la version officielle, les tâches à accomplir sont de ramener l’économie américaine à ce qui était auparavant considéré comme un niveau normal de croissance économique et de faire baisser le chômage. Mais à tous points de vue, l’accomplissement de ces tâches n’avance pas.
Si le taux officiel de chômage aux USA a chuté au cours de l’année passée, c’est en grande partie parce que de plus en plus de personnes abandonnent tout simplement et purement la recherche d’emploi en raison de la rareté des emplois disponibles. En d’autres termes, le fonctionnement de l’économie américaine devient de plus en plus pervers, avec un taux de chômage plus faible qui indique en fait une aggravation de la situation économique pour des millions de personnes.
Les seuls bénéficiaires du programme de la Réserve fédérale sont les ultra-riches, qui profitent actuellement de la crise qui se creuse et s’approfondit. Jeudi, le Wall Street Journal a indiqué des bonus en augmentation pour les banquiers américains, sous le titre : “Les récompenses en actions des banquiers décollent” D’après le journal, les bonus chez Goldman Sachs, ont augmenté de 600 millions de dollars au cours de l’année passée en raison de la montée du prix des actions des banques.
Comme l’a reconnu Christine Lagarde dans son intervention, depuis 2009, 95% des gains de revenus aux USA sont allés au 1% le plus riche de la population. « Ce n’est pas une recette de stabilité et de durabilité », a-t-elle dit. « La croissance globale est en petite vitesse », elle a développé une dépendance de plus en plus forte aux marchés émergents pour « maintenir l’économie mondiale à flot. » Durant les 5 dernières années, ils ont représenté les trois quarts de la croissance mondiale, mais maintenant un nombre croissant de marchés émergents sont en train de ralentir.
Un rapport de la Banque mondiale cette semaine indique que toute fermeture soudaine du robinet financier dans les principaux pays capitalistes risquerait de voir l’afflux de capitaux dans ces zones se contracter de plus de 80%, ce qui provoquerait des dommages économiques majeurs et entraînerait ces pays dans la crise. Loin de voir une reprise de l’économie, les premières semaines de l’année 2014 ont clairement montré que l’effondrement mondial du système économique mondial s’intensifie, avec des conséquences dévastatrices supplémentaires pour les peuples.
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Bompard : la loi abandonne l'enfant à naître à un infanticide prénatal banalisé
Communiqué de Jacques Bompard relatif au projet de loi visant à l'égalité entre les femmes et les hommes
"Jacques Bompard fait part de sa consternation devant le projet de loi dit d'égalité entre les femmes et les hommes actuellement en débat à l'assemblée nationale. Ce texte résume à lui seule la politique attentatoire à la dignité humaine et à la différence des sexes qui mène l'ensemble des réformes antisociales promues par le gouvernement.L'article 5 de la loi supprime le terme de détresse de la femme qui prévalait encore dans la loi Veil, n'instaurant qu'une dérogation au crime d'avortement. En supprimant ces termes, la loi abandonne l'enfant à naître à un infanticide prénatal banalisé qui est une blessure profonde pour la mère pour l'ensemble de la société. Les femmes, réduites à des consommatrices déterminées par les choix économiques, ne sont plus accompagnées, voire simplement livrées à ceux qui font de l'avortement une idéologie.
Alors que 220.000 enfant à naître sont supprimés chaque année, cette nouvelle incitation est un drame pour notre société. Par ailleurs, le durcissement du délit d'entrave interdisant toute information véritable au sujet des méthodes d'avortement et des alternatives à la suppression des enfants à naître prouve encore les méthodes totalitaires du gouvernement dans les problématiques éthiques. Dorénavant, diffuser les études des plus prestigieuses universités américaines sur les conséquences de l’avortement sur la santé psychologique et physique des femmes sera passible de 2 ans de prison et de 30.000 euros d’amende. Dire la vérité serait désormais punie de prison.
Mais ce projet de loi ne se résume pas à la démultiplication des avortements, il comprend aussi des mesures abérrantes issues de l'idéologie de la parité et de la théorie du genre. Le gouvernement cherche ainsi à féminiser de force les fédérations sportives, les médias ou encore les conseils d'administration. Jacques Bompard rappelle que la seule discrimination valable devant l'emploi est celle de la compétence et que c'est une insulte faite aux femmes que de forcer ainsi la main de leurs employeurs. Il regrette par ailleurs qu'on mélange dans le même texte la protection des femmes battues et le harcèlement en faveur de l'avortement.
C'est fort de la conviction que le projet de loi dit d'égalité entre les femmes et les hommes est un poison au coeur de notre Cité que Jacques Bompard a déposé 32 amendements à un projet qui n'a même pas fait l'objet de motion de procédure de la part de l'UMP. Jacques Bompard continuera de défendre la vie, la dignité de la personne de sa création jusqu'à son terme naturel et ce malgré le dictature da la pensée unique sur ces sujets. Quand 40 000 personnes défilent dans Paris pour choisir la vie, c'est le devoir des élus de la Nation de s'investir sans détours pour dénoncer ceux qui voudraient mettre à bas les principes fondamentaux de la civilisation et pour défendre les libertés d'expression et de pensée."
Vous pouvez soutenir Jacques Bompard en lui écrivant : jbompard@assemblee-nationale.fr
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Décès de Maurice Rollet
PARIS (NOVOpress) - Maurice Rollet, figure emblématique de la mouvance nationaliste des années 1960 et de la Nouvelle Droite est mort ce 21 janvier 2014 à l’âge de 80 ans, au terme d’un long parcours militant. Jeune militant dans les années 1960, Maurice Rollet participa à l’aventure de la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), mouvement qui deviendra le creuset de toute une génération d’importantes et brillantes figures comme Alain de Benoist, Pierre Vial, Jean-Claude Valla ou bien encore Dominique Venner. Médecin de profession, il mit son savoir médical au service de son activité militante en soignant des hommes de l’OAS durant les évènements d’Algérie.
C’était également un ami intime du bandit mythique Albert Spaggiari, ancien comme lui de l’OAS et cerveau du “casse du siècle” de la société générale de Nice en1976. En 1968, Maurice Rollet participa également, avec nombre de ses camarades de la FEN, à la fondation du GRECE, animant notamment, jusqu’à aujourd’hui, sa « maison de Provence », la « Domus Europa ». Il fut avec Jean Mabire, en 1973, l’initiateur d’un mouvement de jeunesse s’inspirant de l’expérience des wandervogels.
Sur le plan artistique, il fut l’un des principaux acteurs d’un film de Gérard Blain (Le Rebelle, 1980). Il a laissé une œuvre poétique marquée par le paganisme et notamment à travers les chansons du docteur Merlin.
Soleil de pierre (musique Docteur Merlin – paroles : Maurice Rollet)
Érigée face à l’Est, entre chêne et sapin,
Immortelle, immobile, et froide, et grise, austère,
La pierre ronde est là, qui ne moud plus le grain,
Mais roule sur le temps comme un soleil de pierre.Des noms y sont gravés, témoins de cette histoire,
Cette folle aventure, ces combats éphémères,
Que ceux là ont menés pour que notre mémoire
Ne s’endorme jamais, comme un soleil de pierre.Survivants, rassemblés aux lueurs des flambeaux,
Cérémonie sacrée d’un rite funéraire,
Nous sommes là plusieurs, rêvant aux cents drapeaux
D’une Europe éclairée par un soleil de pierre.Demain d’autres viendront, gardiens de l’héritage,
Pour se recueillir là, en troupe familière,
Chanter, comme il se doit, le vol des oies sauvages
Qui reviennent toujours près du soleil de pierre.Maurice Rollet
http://fr.novopress.info/153474/deces-maurice-rollet/#more-153474
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FEMEN & CHRISTIANOMISIE… TROP C’EST TROP !!
La France du XXIe siècle est la France du progrès, de la modernité, de la laïcité…
Le mot est lâché ! Laïcité.
Nos hommes politiques, quelque soit le parti auquel ils appartiennent, n’ont que le dogme de la laïcité à la bouche.
Nos ministres, n’ont pour mission que cet objectif politique à proposer au peuple de France semble-t-il. Vincent Peillon, Manuel Valls, Christiane Taubira, Najat Vallaud-Belkacem n’évoquent plus que la laïcité, pour provoquer le « vivre ensemble » tant attendu, tant espéré depuis des décennies, comme s’il s’agissait du remède par excellence pour intégrer nos « chances pour la France » et raviver la flamme de l’intégration et de la cohésion Nationale. (ndlr le gouvernement préfèrera sans aucun doute le terme de cohésion sociale…).
Ils oublient surement que la laïcité n’a jamais fait à elle seule un programme, voire une vision politique, et qu’un des meilleurs moyens d’aider les Français, quelque soit leur origine, race, religion etc… serait surement de faciliter l’accès à l’emploi en réduisant les charges patronales, en simplifiant les conditions de création d’une société (comme l’avait promis le candidat Hollande durant la dernière campagne présidentielle), en réduisant les impôts directs et indirects. Pour rappel, notre cher François Hollande avait jugé, dans son fameux discours du Bourget, l’augmentation de la TVA « inopportune, malvenue, et non justifiée », car elle favorisait encore les riches, qui sont moins soumis que les pauvres et les classes moyennes inférieures à la perte du pouvoir d’achat engendré par cet impôt collectif… manque de chance, il a fait pire en imposant la sienne, et en attaquant une fois encore les travailleurs, tels les artisans (TVA passée de 7 à 10%) ou encore en supprimant les réductions de charges sur les emplois d’aide à la personne ( car il est bien entendu connu que seuls les grands bourgeois qui oppriment la plèbe, emploi des « baby-sitters », des femmes de ménages etc…) Heureusement, le gouvernement de la République a accès sa bataille de l’emploi sur les emplois aidés, qui n’offrent, dans la majorité des cas, aucune perspective d’avenir, mais permettent de réduire le nombre de demandeur d’emploi sur une courte durée tout en coûtant aux contribuables (5 milliards d’euros aux contribuables, selon le Premier ministre). [...]
Augustin Flym - La suite sur Nouvel Arbitre
http://www.actionfrancaise.net/craf/?FEMEN-CHRISTIANOMISIE-TROP-C-EST
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DEUXIÈME COLLOQUE du SIEL : "L'universel déni des identités"
Samedi 25 janvier 2014, de 14h30 à 21h00
Maison de la Chimie, 28 rue Saint-Dominique, Paris 7ème (Métros : Invalides ou Assemblée Nationale)
Avec une intervention d’Olivier Perceval Secrétaire Général de l’Action française
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L’ancien imam Nassurdine Haidari tente de s’imposer sur les listes PS de Marseille
Marseille est-elle une enclave des Comores ? C’est la question que l’on pourrait se poser, à entendre que les Comoriens de Marseille « exigent » une place dans la vie politique locale et s’organisent en ce sens.
Le 12 janvier, le Dock des Suds accueillait une grande réunion politique organisée par les indignés de la cité phocéenne. Ce meeting a réuni des centaines de Comoriens en présence d’élus de différents partis. Le mot d’ordre : réclamer une représentation des minorités visibles sur les listes électorales. Les Comoriens sont environ 70.000 à Marseille et entendent se mobiliser.
Parmi les meneurs de ce collectif des indignés de la cité phocéenne, on trouve Nassurdine Haidari, déjà adjoint au maire. En veston cravate et flanqué de son écharpe tricolore, il tranche au milieu des costumes traditionnels africains. Il clame que la communauté comorienne représente 10% de la population marseillaise et qu’elle mérite son conseiller régional, son conseiller général et plusieurs conseillers municipaux. Aujourd’hui, la communauté comorienne compte tout de même déjà deux adjoints au maire et une conseillère municipale mais c’est insuffisant à leurs yeux !
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