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  • Une industrie de la violence

    Depuis leur généralisation, le nombre de blessés graves liés à l’emploi de ces nouvelles armes [Flash-Ball, Taser] s’est multiplié, souvent dans des situations où les policiers n’auraient probablement pas fait usage de leur arme à feu. Ils peuvent en effet les utiliser d’autant plus souvent que leur logique consiste à ne pas tuer leurs cibles. Selon les statistiques de la Direction départementale de la sécurité publique, qu’on peut juger très sous-évaluées, les policiers tirent en moyenne trois fois par jour en Seine-Saint-Denis en 2012. Les armes sublétales ne remplacent pas les armes à feu, elles s’y ajoutent et multiplient encore les possibilités d’effrayer, de contraindre, de blesser et de tuer.
    La fourniture d’armes de coercition employables au quotidien, dans un contexte de renforcement des affrontements de rue, bouleverse le rapport des policiers à la violence. Un policier de la BAC raconte l’évolution de son rapport à l’armement sublétal depuis les émeutes de 2005.
    Si l’on avait été équipé comme on l’est maintenant cela ne se serait pas passé comme ça. Maintenant, même à dix-sept, je pense que l’on peut faire face à leurs vagues ; notre façon de travailler a évolué ; maintenant, on peut faire face. La dernière fois, on n’avait eu qu’un seul cougar [lance-grenade]. Si on l’avait eu dès le début des émeutes, déjà, on dégageait le terrain avec ça. Maintenant, dans chaque véhicule, on a un cougar et un flash-ball alors qu’auparavant on avait un flash-ball et six munitions de flash. Maintenant, dans chaque véhicule BAC, vous avez, le plus souvent, deux flash-balls, un cougar et cinquante munitions de flash-balls.
    Ce policier rappelle que la mise à disposition des nouvelles armes est directement liée à la déstabilisation du rapport de forces dans la rue durant les révoltes de l’automne 2005 – c’est-à-dire une situation dans laquelle la peur ressentie par les policiers et leur incapacité à subjuguer les révoltés les a engagés toujours plus avant dans l’emploi de ces nouvelles formes de coercition. Le même policier de la BAC raconte l’impact de ces peurs sur son rapport aux armes.
    Avant, lorsque je partais en patrouille et je j’oubliais mon tonfa, je me disais : ce n’est pas grave, je le prendrai après. Suite aux émeutes, je ne pars plus sans tonfa, je ne pars plus sans gilet pare-balles et je fais gaffe que ma cartouche soit bien chambrée [prête à tirer] avant de partir. Je vais à la guerre, je ne vais plus conter fleurette.
    Différentes manières de se servir du lanceur de balles non perforantes sont apparues parallèlement. Des témoignages se multiplient dénonçant des policiers prenant soin de tirer aux fenêtres des bâtiments sur ceux qui filment ou qui observent.
         Le tir tendu au visage est l’une des pratiques particulièrement exemplaires de ces technologies de la violence. Son histoire révèle l’impact de l’industrie de la coercition sur la vie des classes populaires et des militants et la restructuration de la police.
         Une liste des personnes ayant perdu un œil suite à l’usage d’un lanceur de balles de défense au cours des dernières années montre comment l’industrie de la coercition étend des pratiques mutilantes dans différents environnements sociaux de la métropole impériale. En juillet 2005, aux Mureaux, Sekou, 14 ans, est touché durant l’expulsion de son appartement ; en octobre 2006 à Clichy-sous-Bois, Jiade, 16 ans, en est victime alors qu’il se trouve à proximité d’une interpellation ; en novembre 2007 à Nantes, Pierre, 17 ans, est pris pour cible pendant l’occupation du rectorat ; en mai 2009 à Villiers-le-Bel, deux jeunes participant à un barbecue de quartier sont atteints ; en mars 2010 en Martinique, c’est au tour de Dean, durant un contrôle routier ; en avril 2010 à Tremblay, un adolescent pris dans un contrôle policier subit le même traitement puis, en mai 2010 à Villetaneuse, c’est le cas de Nordine 27 ans, alors qu’il tente de calmer des policiers...
         Par une série d’allers-retours entre le terrain et les bureaux, les règles de base qui consistaient à viser dans les jambes ont été retravaillées pour encadrer la possibilité de tirer vers la tête. Le tir tendu au visage, expérimenté en technique commando dans le cadre de l’antiterrorisme, s’est répandu dans la police des cités et semble s’étendre depuis lors dans la police de maintien de l’ordre et de voie publique en général.
         L’histoire de la pratique du tir tendu au visage montre comment une technique de brutalisation impliquant très souvent la perte d’un œil peut remonter depuis la base vers les hautes sphères de la police et de l’administration qui tentent parfois d’en réguler l’emploi. Des magistrats ont classé sans suite l’immense majorité des cas portés devant leurs tribunaux. Par l’impunité, ils ont légitimé le développement de cette technique. Mais suite à la multiplication des éborgnés et des mobilisations collectives pour dénoncer la violence policière en général, le 31 août 2009, une circulaire relative à l’emploi du flash-ball, signée du DGPN Frédéric Péchenard, affirme qu’il est « proscrit » de tirer au visage ou dans le triangle génital. C’est dans ce cadre que le ministère de l’Intérieur décide de « renforcer la formation », ce qui consiste en fait en une demi-journée d’exercice et d’examen, durant laquelle le policier doit refaire et valider chaque année son « habilitation ». L’une d’elles a été filmée. Un policier y décharge son flash-ball dans un mannequin de papier à 10 mètres et met la balle en pleine tête. Le formateur, Denis Mulatier, valide l’habilitation en expliquant qu’il s’agit de vérifier si « le tir est dans la silhouette », c’est-à-dire si le policier est capable de toucher la bonne personne, s’il est « efficace ». La pratique policière du tir au visage est donc bien validée par les formateurs de la police. On peut supposer que peu de policiers obtiendraient cette habilitation s’ils devaient effectivement toucher immanquablement un mannequin à 10 mètres entre le nombril et la poitrine. L’entreprise Verny-Carron a révélé que la précision demandée pour un flash-ball par le ministère était de 60 cm. Il est donc prescrit au policier de viser au-dessus des parties génitales et en dessous de la tête, tout en acceptant 60 cm d’imprécision. En clair, les tirs au visage sont couverts administrativement, mais aussi légitimés par les formateurs. Enfin, ils sont généralement couverts par l’institution judiciaire. Le tir tendu en pleine tête n’est pas une « bavure » mais une nouvelle production rationnelle-légale, une technique de violence d’Etat. Le policier qui a éborgné un lycéen, Jeoffrey, à Montreuil en octobre 2010, avait reçu une demi-journée de formation : il utilisait un LBD dans une situation où, selon la codification, il aurait dû employer un flash-ball ; il n’a pas fait de sommation, il n’était pas en légitime défense et le LBD était à l’essai. Le policier a pourtant été disculpé. Malgré toutes ces infractions à la procédure légale, son geste a bien été habilité.
         La proscription du tir tendu au visage est donc très symbolique, elle permet d’encadrer la banalisation réelle de ce tir et sa transformation en pratique d’Etat. Jean-Paul Brodeur, sociologue de la police, remarque à ce sujet que la plupart des protestations contre le développement de pratiques policières « au-dessus des lois » ont donné lieu à un changement des lois plutôt que des pratiques policières.
    Mathieu Rigouste, La domination policière
    http://www.oragesdacier.info/

  • L’Allemagne s’est créé un «avantage déloyal» avec les bas salaires

    L’Allemagne s’est créé un avantage compétitif “déloyal” envers ses partenaires avec l’essor des bas salaires, a reconnu le secrétaire d’Etat allemand aux Affaires européennes Michael Roth, promettant une correction, dans un entretien à l’AFP.

    M. Roth, un social-démocrate comme le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, était interrogé sur les excédents commerciaux records enregistrés par l’Allemagne (près de 200 milliards d’euros en 2013) qui font l’objet d’une procédure d’examen à Bruxelles.

    «Des déséquilibres sont apparus dans l’Union européenne et nous avons le devoir de les corriger. Ce n’est pas seulement le devoir des pays en déficit mais aussi celui de l’Allemagne», a-t-il déclaré jeudi lors d’une rencontre avec des journalistes de l’AFP à Berlin.

    Ces propos tranchent avec ceux des conservateurs et de la chancelière Angela Merkel elle-même, qui ont toujours contesté que l’Allemagne avait un problème d’excédent commercial, malgré le seuil limite de 6% du PIB fixé par l’Union européenne et systématiquement dépassé par Berlin depuis 2007.
    «Avec l’essor des bas salaires et de l’emploi précaire en Allemagne, nous nous sommes dotés d’un avantage (compétitif) déloyal envers nos partenaires. Il devra être progressivement corrigé», a affirmé M. Roth. Il a jugé que le nouveau gouvernement de coalition associant les conservateurs aux sociaux-démocrates avait déjà «lancé un signal clair» avec l’introduction d’un salaire minimum universel de 8,50 euros de l’heure qui doit être mis en oeuvre au plus tard d’ici 2017.

    Les emplois précaires et à bas salaires se sont multipliés en Allemagne dans les années 2000 sous l’effet des réformes du marché du travail de l’ancien chancelier Gerhard Schröder, contribuant à une chute du taux de chômage allemand désormais l’un des plus faibles de l’UE.

    Ces réformes ont aussi dopé la compétitivité du pays déjà très forte, faisant exploser l’excédent commercial. L’Allemagne est régulièrement critiquée pour sa dépendance envers les exportations et la faiblesse de sa demande intérieure, qui pénalisent les exportations de ses partenaires européens comme la France, l’Italie ou le Royaume-Uni.

    La réduction de l’excédent commercial «est un sujet sensible en Allemagne», a reconnu M. Roth. «Il a souvent été affirmé à tort qu’il s’agissait de réduire nos exportations. Ce n’est pas du tout ça. Il s’agit d’augmenter la demande intérieure».

    Outre le salaire minimum, le contrat de coalition comporte «d’autres mesures concrètes» à cet effet. M. Roth a évoqué notamment : «l’encadrement des contrats à durée déterminée, de l’interim, la limitation des stages, des investissements dans les infrastructures».

    Interrogé sur le changement de ton du nouveau gouvernement allemand, par rapport à la coalition précédente avec les libéraux, il a lancé : «les sociaux-démocrates sont bel et bien là». Et sur les désaccords éventuels avec les conservateurs sur ces questions économiques et sociales: «ce que je viens d’esquisser, ce ne sont pas seulement des réponses sociales-démocrates. Ce sont les réponses de la grande coalition. Cela me rend donc confiant qu’elles seront mises en oeuvre».

    Au sujet des relations entre l’Allemagne et le gouvernement socialiste français, M. Roth a jugé qu’il régnait «une ambiance positive». «Nous nous comprenons mieux qu’avant politiquement. C’est naturellement aussi lié au fait que les sociaux-démocrates sont désormais une composante importante du gouvernement allemand», a-t-il dit.

    AFP (via 20 minutes)

    http://fortune.fdesouche.com/330441-lallemagne-sest-cree-un-avantage-deloyal-avec-les-bas-salaires#more-330441

  • Les Présocratiques

    Si la philosophie n'a sans doute pas commencé avec les grecs, les traces qui nous restent sont celles des présocratiques. Le berceau de la philosophie occidentale s'est trouvé en Asie mineure (Ionie) pour ensuite s'établir en Italie du sud.
    Toutes les questions essentielles sont abordées comme l'origine du monde, la vérité, l'être, la morale ou l'éthique.... La philosophie grecque n'est donc pas née à Athènes avec Socrate, mais elle y convergera. La philosophie première a donc parlé grec bien avant que Heidegger ne dise qu'elle parle allemand.
    Les philosophes comme Hegel, Nietzsche (avec Heraclite) et Heidegger (avec Parménide) se réfèreront aux présocratiques. Si les présocratiques ne se coupent pas complètement des mythes, il y a chez eux une recherche d'explication du monde qui veut sortir de la mythologie. Le discours se veut de plus en plus rationnel. S'il ne reste parfois que des fragments de textes, ils seront source d'inspiration pour les futures philosophes d'Athènes et même de tout l'Occident.
    Les philosophes d'Ionie
    Les philosophes d'Ionie sont les premiers à avoir pratiqué la philosophie naturelle, c'est-à-dire ce qu'on appelle maintenant la physique. Auparavant, les seuls qui donnaient sens étaient les poètes et les théologiens. Pour les philosophes milésiens (c'est-à-dire de Milet), il y a un principe originaire commun (arche) parmi la diversité des choses.
    Thalès de Milet
    Il est considéré comme le premier philosophe (Vlème siècle avant J.C.). Il fut de ceux qui étudièrent la nature en dehors du mystère des mythes. Thalès a donc un regard de physicien qu'on dirait de nos jours qualitatif.
    L'arche (le principe originaire) est l'eau.
    « Et l'eau est le principe de la nature humide, qui comprend en soi toutes les choses » (Simplicius).
    Si Thalès a eu une explication rationnelle des choses, il reste croyant aux dieux.
    « Thalès a pensé que toutes choses étaient remplies de dieux » (Aristote)
    Le savoir n'étant pas divisé comme de nos jours, Thalès était aussi mathématicien et astronome (il avait prévu l'éclipsé de 585 avant J.C.).
    Anaximandre
    Il fut le disciple de Thalès. Ce présocratique a défini le principe originaire comme étant l'infini, l'illimité (a-peiron : le non limite).
    « Illimité est le principe des choses qui sont. Ce dont la génération procède pour les choses qui sont, est aussi ce vers quoi elles retournent sous l'effet de la corruption, selon la nécessité ».
    Le monde chez Anaximandre est organisé de façon harmonieuse. Il est le résultat de forces contraires.
    Anaximène
    L'arche pour ce philosophe est l'air. Il pénètre tout élément.
    « Notre âme, parce qu'elle est de l'air, est en chacun de nous un principe d'union ; de même le souffle ou l'air contient le monde dans son ensemble ».
    L'air est un principe infini. Anaximène reprend en cela Anaximandre.
    Les Pythagoriciens
    L'école a été fondée par Pythagore. Les membres vivent à Crotone en Italie du sud. L'essence de la réalité est contenue dans les nombres. « Tout est nombre ».
    « Or, à cet égard, il apparaît que les pythagoriciens estiment que le nombre est principe, à la fois comme matière des êtres, et comme constituant leurs modifications et leurs états » (Aristote, La Métaphysique).
    On a donc chez les pythagoriciens une interprétation mathématique du réel avant Galilée et Descartes.
    Le pythagorisme a eu des ressemblances sur d'autres points avec l'orphisme. La mort délivre l'homme de l'état de prisonnier de son corps. La vie est faite pour expier nos fautes. Le corps est une déchéance de l'âme.
    Les pythagoriciens seront aussi des stoïciens avant l'heure puisqu'ils prônent une vie ascétique et la maîtrise de soi.
    Heraclite
    Le philosophe inspira Hegel et Nietzsche. C'est le penseur du devenir et de l'écoulement ininterrompu du temps.
    « Car on ne peut entrer deux fois dans le même fleuve » « Tout passe et rien ne demeure »
    « Les choses froides se réchauffent, le chaud se refroidit, l'humide s'assèche et le desséché se mouille »
    Tout a son contraire. Le conflit (la guerre) est père de toutes choses. Une réconciliation serait la fin du monde. Heraclite fut le premier dialecticien. D'une façon que reprendra Platon, Heraclite distingue entre ce qui est évident pour les sens et ce qui est accessible à la pensée.
    « Nature aime à se cacher. La plupart n'ont pas conscience de ce que sont les choses qu'ils rencontrent. Ils ne comprennent pas, quand ils apprennent mais ils se figurent »
    Les Eléates
    Xénophane est considéré comme le premier penseur de l’École des Eléates, fondée à Elée (Italie du sud). Il a une attitude critique vis-à-vis des religions et superstitions. Il combat aussi la contradiction dans le raisonnement.
    Xénophane est très sceptique sur la faculté de connaissance de l'homme. On ne connaît que ce qu'on est capable de percevoir, c'est-à-dire pas grand-chose.
    « La connaissance claire, aucun homme ne l'a eue et il n'y aura personne qui la possédera au sujet des dieux et pour toutes choses dont je parle » (Xénophane).
    Le philosophe dénonce l'anthropomorphisme que l'on trouve par exemple chez Homère et Hésiode qui attribuent aux dieux les caractères des hommes.
    « Les bœufs et chevaux peindraient semblables à des bœufs et à des chevaux les figures des dieux et leur façonneraient des corps semblables à l'apparence que chaque espèce a pour soi... les Ethiopiens, Leurs dieux ont le nez camus et la peau noire »
    Parménide (VI, Vème siècle avant J.C.)
    Sa philosophie est contenue dans cette phrase :
    « L'être est, le non-être n'est pas ». L'être est donc immobile. Les sens nous trompent qui nous donnent l'apparence du changement.
    Parménide s'oppose radicalement à Heraclite le philosophe du changement. Il pose le principe de non-contradiction. On ne peut pas être et ne pas être. Parménide énoncera aussi : « C'est la même chose que penser et être ». Cette phrase peut être interprétée de différentes façons. Une chose n'existerait que s'il y a conscience pour la penser. On pourrait aussi ne penser que ce qui est est. Une autre interprétation serait de donner de l'être qu'à l'être pensant.
    Le disciple de Parménide, Zenon d'Elée va inventer des paradoxes pour nier le mouvement (Paradoxes d'Achille et de la flèche). Le changement et le mouvement ne sont que des illusions.
    Empédocle
    Le philosophe veut faire une synthèse avec tous ses prédécesseurs. Le mouvement est régi par deux principes : la haine et l'amitié. Il existe quatre éléments qui constituent les choses : le feu, l'eau, la terre et l'air.
    « Car c'est des éléments que sortent toutes choses, tout ce qui a été, qui est et qui sera... Ils sont les seuls à avoir l'être, et dans leur course, par échanges mutuels, ils deviennent ceci ou cela ». Comme les pythagoriciens, Empédocle pense que les hommes sont sur terre en exil, expier une faute commise au royaume des dieux. La vie est un purgatoire.
    Anaxagore
    Le principe du mouvement est une intelligence séparée, un « intellect » (nous). L'être, pour Empédocle était quadruple. Pour Anaxagore, il y a un nombre infini d'éléments premiers. Les choses sont déterminées par une combinaison de ces éléments. Ce ne sont pas des atomes, que nous verrons ensuite car les semences d'Anaxagore sont divisibles à l'infini à la différence des atomes insécables. Les matières sont mues par le nous (esprit) qui les ordonne.
    Les Abdéritains (Vème siècle avant J.C.)
    Leucippe est le fondateur de la théorie atomiste. Atome en grec veut dire insécable (a-tomos). Les atomes se déplacent par pression et choc mutuels. Cette explication mécanique du monde exclut Dieu.
    « Nulle chose ne se produit fortuitement, mais toutes choses procèdent de la raison et de la nécessité ».
    Démocrite, l'élève de Leucippe peut être considéré comme le fondateur du matérialisme. Il exclut tout élément mythique. L'atome est inengendré et éternel. Le vide est nécessaire pour le mouvement. « Les principes de tous les corps sont les atomes et le vide, et tout le reste n'est que croyance... Tout se produit par nécessité : le tourbillon est la cause de la genèse de tous les corps » (Laërce, doxographe)
    Les Sophistes
    Ils ont été les maîtres du discours et du relativisme, ce qui a séduit Nietzsche qui ne croyait guère à l'idée de Vérité. Les sophistes pouvaient soutenir n'importe quelle thèse. Pour les philosophes comme Socrate, Platon, Aristote à la recherche de la Vérité ceci était un véritable dévergondage de la pensée. De plus, les sophistes se faisaient payer ce qui ne pouvait que révulser les philosophes, esthètes de la pensée. Leur relativisme se trouve dans tous les domaines. Les valeurs morales ne sont que des conventions selon les époques et les lieux. La religion est une invention de l'homme. Pour Prodicos par exemple, les dieux ne sont que l'expression des sentiments humains.
    Pour Protagoras : « Il y a sur tout sujet deux discours mutuellement opposés ». « L'homme est la mesure de toutes choses, pour celles qui sont, de leur existence, pour celles qui ne sont pas de leur non-existence ».
    On a donc l'homo-mesura.
    Gorgias prône un doute que l'on retrouvera chez Descartes, mais ce dernier s'en écartera pour fonder la certitude. Rien n'existe ; si quelque chose existe, on ne peut le connaître ; si on peut le connaître, on ne peut l'exprimer. L'homme est enfermé dans les opinions.
    Platon trouvera les sophistes dangereux.
    Les présocratiques présentent une très grande diversité. Mais au-delà de leur pluralisme d'écoles, il reste un discours qui se veut de plus en plus lié à la raison. Chez les philosophes de l'école de Milet comme pour les Abdéritains il y a la formation d'un discours scientifique qui se prolongera jusqu'à nos jours. Les pythagoriciens ont introduit les mathématiques comme outil de connaissance pour étudier la nature. Les grands thèmes métaphysiques furent abordés. S'il ne reste que des fragments écrits, cette pensée nous est parvenue grâce aux doxographes et aux philosophes postérieurs qui les ont commentés. Socrate et Platon ne partirent pas de rien pour constituer une nouvelle somme philosophique.
    Patrice GROS-SUAUDEAU

  • Quand, en septembre 2012, Najat Vallaud-Belkacem ne mentait pas sur la théorie du genre à l’école

  • De Bari à Béziers, un bon coup de balai !

    Cela ne s’invente pas!  Mercredi dernier, la femme de ménage envoyée par une société de nettoyage dans la galerie d’art contemporain  Sala Murat, à Bari (Italie), découvre à son arrivée un gros foutoir.  «J’ai ouvert la salle a-t-elle  expliqué au quotidien  La Repubblica , et j’ai vu tout ce désordre par terre, (…) un vrai b…..l. Alors j’ai pris les cartons, les bouteilles, les papiers,   les miettes de biscuit,  j’ai tout jeté ». «Comment aurais-je pu le savoir ? (…). J’ai tout simplement fait mon travail ». En fait  de détritus il s’agissait en effet  d’une « œuvre » -estimée à 10 000 euros selon la BBC!-  du new-yorkais Paul Branca (né en 1974). L’assurance de la société de nettoyage s’acquittera de la facture et si les responsables de la galerie ont fait part de leur « mécontentement », le site Slate.fr cite un critique d’art italien qui estime que l’iconoclaste femme de ménage a révélé une de ses « situations d’ambiguïté saine » (sic), qui peuvent surgir lorsqu’une œuvre échappe à un cadre bien délimité. Gageons que cet incident ne manquera pas d’alimenter le snobisme creux  et ridicule entourant les créations de Paul Branca. Un de ces artistes conceptuels   que les spéculateurs œuvrant  sur ce « segment »   poussent en avant,  main dans la main avec les idéologues de la contre-culture.  Bref, tous les prosélytes intéressés d’un certain art dit  contemporain,  art officiel, bobo-élitiste,  qui radote et  ânonne depuis Marcel Duchamp et son « urinoir » (1917).

     Jean-Claude Hulot sur Le site Polemia fait lui  la promotion du dernier ouvrage d’Aude de Kerros (écrit avec Marie Sallantin et feu le  peintre Pierre-Marie Ziegler)  1983-2013 années noires de la peinture , qui poursuit  son œuvre de démystification de l’art contemporain ».  « Elle revient sur la mainmise des services du ministère de la Culture devenu, du temps de Jack Lang, un  ministère de la Création  dont les séides ont tout fait pour faire disparaître la peinture en tant qu’art au bénéfice des  installations  et autres  happenings. Un  art  officiel fortement teinté d’idéologie, ayant la vocation de dynamiter l’art jusque-là considéré comme académique tout en monopolisant l’argent public (…) ».

     « Preuves à l’appui, l’ouvrage démontre la façon dont ces inspecteurs de la Création ont prétendu imposer leur vision du monde de l’art non pour des motifs désintéressés mais avec l’espoir de faire monter les prix des  artistes  sélectionnés ».  Un ouvrage est-il précisé dans lequel  Aude de Kerros a également rassemblé les «  citations plus ou moins délirantes tirées malheureusement de très sérieux et officiels colloques ».

      Toutes choses qui ne sont  pas sans nous rappeler le film des Inconnus « Les trois frères », et sa scène drolatique sur le publicitaire très fier de posséder chez lui un  « monochrome de Whitman » -clin d’œil malin au  « Carré blanc sur fond blanc » (1918) de Malevitch-,  et un  « mobile de  Koendelietzsche »…une  antenne râteau ornant son salon,  confondue avec un porte-manteau par ses invités…

     Les Inconnus avaient utilisé la même vis comica dans leur sketch « Juan Romano Chucalescu », «  peintre roumano-argentin »    bénéficiant en France  du « double statut de réfugié » grâce  « à  la gentillesse de Mitterrand ». Le portait d’un  barbouilleur escroc, se définissant comme un «animateur d’espace »,  « un modeleur de vide », « un destructeur d’intemporalité »,  exposé dans la galerie «  Abstraction jubilatoire » (sic)…

     Si Les Inconnus sont éreintés par la critique parisienne à l’occasion de la sortie de leur dernier film, ce qui ne l’empêche pas d’être d’ores et déjà un succès populaire, Brigitte Neveux , candidate du FN/RBM à La Roche-sur-Yon et responsable  du FN en Vendée, est elle accusée de vouloir s’en prendre à « l’art », aux « artistes », à la « culture »…Son crime ? Brigitte a tenu à protester jeudi dernier à la tête d’une  petite délégation  devant Le théâtre du Grand R à La Roche qui programmait le spectacle « Tragédie » d’Olivier Dubois, présenté pour la première fois lors du  Festival d’Avignon en 2012… au Cloître des Carmes.

     Après   «Révolution » (2009) et « Rouge » (2011), « Tragédie »  est la dernière pièce  d’une trilogie  mettant en scène 18 danseurs (9 femmes, 9 hommes) entièrement nus. « Une pièce manifeste nous explique-t-on, obsessionnelle, voire hypnotique. Dans un mouvement de sac et de ressac, ces femmes et ces hommes se fondent, disparaissent ; le frottement de leurs engagements crée le fracas. Une faille s’ouvre et laisse entrevoir dans ce tumulte tellurique, la précieuse transcendance d’une communauté humaine » (sic).

     Télérama s’extasie : « Le corps est, ici, l’expression de la condition humaine conjuguant force et fragilité. Il est magnifié, tout au long de ce rituel pouvant aller jusqu’à la transe, par une furieuse envie de trouver en l’autre un appui physique et métaphysique. On ressort de Tragédie l’esprit lavé et galvanisé

     Brigitte Neveux a tenu tout simplement à rappeler que si elle était choquée par ce spectacle,  il s’agissait aussi de souligner que celui ci «est financé par la ville de La Roche au travers de l’association du Grand R, donc par les impôts des Yonnais. Toute personne peut avoir ainsi l’opportunité de venir contester les choix dits  cul-turels  de la mairie et revendiquer la mise en place d’un répertoire non limité aux choix de créateurs décadents se revendiquant hypocritement de la culture. »

     Car c’est bien  cela le fond du problème, le FN n’entend pas interdire ou censurer. La démarche d’aller voir ou non une pièce, un spectacle, une  exposition, relève de la liberté de chacun. Mais nous contestons le financement systématique de ce type d’œuvres avec notre argent. Et ce au nom de la weltanschauung, de la  « vision du monde »  d’une petite coterie agissant à la manière d’une oppressante   police de la pensée  qui, dans le domaine culturel également, impose ses réseaux, ses dogmes, ses pions et étouffe très souvent toute  création alternative au décadentisme ambiant.

     Ce besoin d’un retour, d’un recours aux valeurs, aux valeurs traditionnelles au sens large,  dans cette période trouble, nous l’avons souvent dit  ici, est aussi  une des raisons de  l’écho grandissant rencontré par le Front National.

     Analysant le vote du monde paysan à l’occasion de l’ouverture du Salon de l’Agriculture (Marine Le Pen s’y rendait ce matin),  le politologue Joël Gombin, sur le site d’Europe 1, estime  que dans cette catégorie de la population  « ce n’est pas tant la peur des ravages du mondialisme ultralibéral  qu’un recentrage des électeurs paysans sur des valeurs morales qui ont entraîné (une augmentation très sensible du vote FN). »

      « Des valeurs comme le travail et la lutte contre l’assistanat ont pu rapprocher les agriculteurs du FN ».  « Contrairement aux autres catégories d’électeurs du Front National, chez les agriculteurs, ce sont les plus riches et les plus éduqués qui se tournent vers la droite radicale», assure encore  M. Gombin.

     Au-delà des agriculteurs, les derniers sondages portant sur les élections municipales à Fréjus, Béziers, Forbach ou Hénin-Beaumont indiquent en tout cas que nos compatriotes sont nombreux à vouloir changer d’air (ère). Comme dans la galerie de Bari citée plus haut,  un bon coup de balai  s’impose affirme Bruno Gollnisch,  mais  les Français  entendent le  donner en toute conscience. Un cycle se ferme, un autre s’ouvre ?

    http://gollnisch.com/2014/02/25/de-bari-beziers-bon-coup-de-balai/

  • L’Amérique et l’avortement : du « rêve » au cauchemar

    L’évolution de l’Amérique en matière d’avortement est concrétisée par un sondage diligenté par les Chevaliers de Colomb fin janvier. 62 % des Américains considèrent que l’avortement est moralement condamnable, 84 % estiment qu’il devrait être limité par rapport à la situation actuelle et seulement 9 % pensent qu’il devrait être libre. Un changement profond est en train de se faire et il est bien illustré par la situation de New-York.

    En effet à New-York l’avortement a chuté de 40 % (39,55) et le niveau atteint revient en dessous de celui de 1970, date de la légalisation de l’avortement. Or le ratio de cette ville, le plus important des Etats-Unis, était le double du reste de l’Amérique : elle était la capitale de l’avortement. Ces chiffres ont été donnés par le Ministère de la Santé de cet Etat. Il concerne l’année 2012, date des dernières statistiques. Cette chute est de 73.850. Il s’en est toutefois  pratiqué encore 80.485, ce qui reste considérable. Il s’agit d’une tendance qui va en s’accélérant d’année en année.

    Les raisons de cette évolution sont multiples. La première qui est mise en avant est que le gouvernement a donné son accord pour que des non-médecins soient autorisés à pratiquer les avortements notamment tardifs et en dehors du système hospitalier dans le cadre de petites cliniques véreuses. D’où un mouvement de répulsion vis-à-vis de l’acte lui-même.

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  • L’hommage de Hollande aux musulmans

    Sans doute à court d’idées le gouvernement a voulu rendre hommage aux musulmans morts pour la France. Pourquoi ne pas rendre hommage aux protestants morts pour la France ! Dans sa stupidité électoraliste la gauche par ce geste met à part les musulmans de la communauté nationale comme s’ils n’étaient pas vraiment comme les autres. Pourquoi aussi ne pas rendre hommage aux Bretons et Corses morts pour la France (très nombreux) qui le mériteraient. On pourrait aussi rendre hommage aux corps de métiers comme les vignerons morts pour la France.
    Cet hommage comprend-t-il les musulmans engagés dans la Waffen-SS et les nord-africains de la BNA(brigade nord-africaine)au service de la gestapo française ?
    De toutes les façons les Africains musulmans enrôlés dans l’armée française se sont engagés parce qu’ils étaient nourris, habillés, logés, blanchis. Les valeurs de la république ou les droits de l’homme étaient rarement une motivation. À l’engagé on a dit : « Tire sur les boches »;
    François Hollande a-t-il voulu mettre fin à ce cocuage planétaire dont on nous a rebattu les oreilles pendant des semaines ?
    Patrice Gros-Suaudeau

  • Livre : Vérités et légendes d’une "OAS internationale"

    Olivier Dard, Vérités et légendes d’une "OAS internationale", Riveneuve, Paris, 2013, 260 p.
    Présentation de l’éditeur : Il existe différents travaux sur l’histoire intérieure de l’Organisation secrète, mouvement fondé à Madrid en février 1961 puis développé en Algérie au lendemain du putsch d’avril pour défendre jusqu’au bout l’Algérie française, y compris par le terrorisme. En revanche, très peu de recherches ont été conduites sur les liaisons internationales de cette dernière ; de même, sur l’impact de l’OAS quant aux relations internationales si on excepte le dossier retentissant de l’enlèvement d’Antoine Argoud à Munich, opération qui a assombri pour un temps les relations franco-allemandes.
    Assurément, différentes « enquêtes » journalistiques ont mis en avant l’existence d’une « OAS européenne » et insisté sur l’importance de sa contribution à un « orchestre noir » ou aux « escadrons de la mort » latino-américains dans le cadre de l’opération Condor. Pour spectaculaires que soient ces « révélations », elles ne sauraient être prises au pied de la lettre et surtout être considérées comme historiographiquement recevables.
    Le travail historique reste largement à faire sur cette question et l’objectif premier de cet ouvrage est d’offrir des résultats les plus précis possibles sur ce qu’il en est des vérités et des légendes autour de cette relation de l’OAS à l’international.
    Ainsi, à partir d’études originales conduites sur différents pays (Suisse, Argentine, Belgique, Espagne, Italie, Portugal), il s’agit de mesurer la réalité et l’étendue des réseaux internationaux ressortant de la nébuleuse OAS et l’impact de cette dernière sur les relations diplomatiques entre la France et les différents Etats concernés.
    Olivier Dard, http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EFAFEuZuZERQvszUnm.shtml
    Vérités et légendes d’une "OAS internationale", Riveneuve, Paris, 2013, 260 p.
    Source : Fragments sur les temps présents : http://tempspresents.com/2014/02/10/olivier-dard-parution-verites-et-legendes-dune-oas-internationale/