Dimanche 15 novembre, il est 8h06, on peut entendre ceci sur Europe 1 : « Les Français prennent conscience qu'ils sortent d'une période de 70 ans de paix ». La pimbêche qui prononce cette énormité s'appelle Wendy Bouchard, âgée de 35 ans. Elle possède un beau bagage universitaire : licence d'histoire de la Sorbonne, diplôme de Sciences Pô-Paris, issue du Centre de Formation des Journalistes de la rue du Louvre qui équivaut à un Bac+5. Elle commence sa carrière sous l'aile bienveillante et formatrice de Paul Amar, puis passe à la télévision et présentera le magazine Zone Interdite sur M6. Depuis 2006 elle sévit à Europe 1. Or elle ne sait rien sur à peu près tout. Son ignorance de la plupart des sujets est ainsi une très mauvaise publicité pour les certificats universitaires qui, et il suffit de l'écouter, ne sont nullement un gage de la culture générale de ceux qui les possèdent. Mme Bouchard n'est qu'un exemple de l'ignorance crasse du monde qui les entoure des faiseurs d'opinion. Et sans doute n'est-elle pas responsable de cette inculture forcenée, de ce sectarisme généralisé qui fait qu'on peut être Sorbonnard licencié en Histoire et ignorer, comme la plupart des intello-mediateurs de ce pays, qu'entre 1954 et 1962, la France fut en guerre dans douze de ses départements. Que 2 millions de jeunes Français ont été mobilisés pendant au moins 32 mois dans ce conflit - près de 3 millions pour l'ensemble de l'Afrique du Nord selon l'historien Jean-Pierre Rioux qui n'est certainement pas des nôtres -, que 25 000 d'entre eux ont été tués et 65 000 blessés. Plus de 3 000 Pieds-Noirs ont été assassinés pour la plupart dans des circonstances atroces, 7500 blessés et au moins 2300 enlevés après le 19 mars selon des chiffres donnés par Louis Joxe et qui sont donc très suspects. Que 55 ans plus tard on ne peut toujours pas dire à 20 000 près combien de harkis ont été sacrifiés. Que les Européens d'Algérie ont été victimes d'une des plus brutales épurations ethniques du XXe siècle, dans l'indifférence cynique des professionnels de la compassion qui se dévouent pour les envahisseurs "migrants". Mais Mme Bouchard illustre bien l'interdit qui cadenasse tout ce qui touche à l'Algérie Française.
Peut-on rester indifférent devant ces trois jours de deuil décrétés par le Président de la république ? C'est la première fois, nous dit-on, sous la 5e République. En cinq autres circonstances des deuils nationaux d'une journée furent décidés. Pour la mort de trois présidents : Charles de Gaulle, Georges Pompidou et François Mitterrand, pour la fusillade de Charlie Hebdo, en hommage à la caste journalistique, et pour honorer les morts du World Trade Center. Or on ne décida de recueillement ni lors de la fusillade du 26 mars 1962 qui fit 80 morts et 200 blessés rue d'isly à Alger, ni lors des massacres du 5 juillet à Oran dont le bilan de plusieurs centaines de disparus n'a jamais été l'objet de communication du gouvernement. Aucun deuil national ne fut décidé par les autorités françaises qui étaient, il est vrai, directement impliquées dans ces deux tragédies. Près de 60 ans après elles continuent à être ignorées par les autorités et leurs média domestiqués. Faut-il souligner que comme pour les récents pogromes de Seine-Saint-Denis, les auteurs en étaient d'obédience coranique ?
La honte, le remords, l’embarras peuvent expliquer le silence abject qui couvre encore d'un voile immonde l'Histoire de cette guerre. Ils ne sont pas les seuls. La présence de millions de Maghrébins en France et en Europe occidentale y est également pour beaucoup. Cela s'appelle la crainte de l’amalgame et fait de cette question le plus tabou des sujets interdits : que nul ne s'avise de remettre en question la justification de cette énorme masse exogène au cœur même de l'Europe. Parce qu'elle a pour fonction - et la chose est déjà bien avancée - de participer activement à la destruction biologique du taxon "caucasien".
Mme Bouchard se tait-elle parce qu'elle ignore que 9 ans seulement après la Seconde Guerre mondiale éclatait la Guerre d'Algérie et qu'elle dura 8 ans ? Ou bien se soumet-elle à une règle bien comprise de ne jamais parler d'une colonisation qui, avec ses mosquées, ses écoles et ses cimetières, pourrait n'être que la prolongation d'un conflit qui ne s'est pas achevé le 2 juillet 1962, ainsi que le promettait Boumediene.
Ne connaître les asphodèles que par les noces de Camus
Dire cela, c'est convenir que la guerre menée en Algérie par le FLN et ses complices des oulémas aura été aussi barbare que celle de Daesh. Comme d'ailleurs celle provoquée en Algérie même par le GIA et le FIS, à laquelle l'armée algérienne, l'ALN, répondit avec autant de férocité. C'est admettre qu'il y a continuité entre ce qui s'est passé il y a 55 ans et ce qui se passe aujourd'hui. C'est admettre, simplement, que cette guerre d'Algérie est en train de repartir de plus belle sur le continent européen, avec les mêmes hommes, les mêmes techniques et au nom de la même idéologie : la récupération par les zélateurs du Coran des territoires qu'ils continuent depuis 700 ans à considérer comme leur appartenant. Aussi parle-t-on de djihadistes belges ou français. Jamais de djihadistes algériens, marocains ou tunisiens.
On pourra donc méditer sur l'absence de réaction des journalistes, intellectuels et politiciens face à la dérive sécuritaire accélérée observée depuis plusieurs mois. Certes timide au début, mais qui semble soudain dynamisée. Comme il advint avec le Patriot Act aux Etats-Unis voté il y a près de 15 ans et qui est toujours en fonction. En France, nous voici dans « l'état d'urgence », Et certes on nous rassure : le parlement se prononcera pour une rallonge de trois mois au-delà des douze jours initiaux. Sauf qu'il sera prorogé aussi souvent que nécessaire. Il suffira de répéter que la République, le « vivre ensemble » et notre société sont en danger. Ou de voir partout des menaces djihadistes, comme par exemple un TGV qui s'éclate aux essais. Or, tous ces médiateurs sont de gauche et d'extrême gauche. Fils spirituels de ceux qui se déchaînèrent contre l'état d'urgence appliqué en Algérie en 1955 contre les crimes et les exactions du FLN. Alors il s'agissait de dénoncer une armée et une police définies comme fascisantes et une population coloniale, bouc émissaire de la bonne conscience métropolitaine. Aujourd'hui la société visée par les terroristes est la leur. C'est eux qui sont menacés, qui risquent de voir leurs libertés de circuler, leurs loisirs, leur confort mis en question. Voilà qui change les perspectives.
Faire la guerre est dérangeant. En Algérie cela signifia pendant des années le couvre-feu, l'angoisse à la moindre absence, au moindre retard, le tressaillement à une pétarade de moto, l'interdiction de flâner sur une plage isolée, celle de sortir le soir, l'angoisse d'aller au restaurant ou au cinéma, les barreaux aux fenêtres, les plaques d'acier fixées le soir aux portes, la prison dans la rue et ne connaître les asphodèles de Tïpasa que par les écrits de Camus.
Un jour évidemment, ça craque et ça s'appelle la libération par l'OAS. Ne vous en déplaise !
Faut-il illustrer le propos par l'actualité la plus brûlante : l'équipe impliquée, nous disent les gazettes, aurait été composée de 14 à 18 personnes. La moitié a donc échappé à la police. Mais il s'agit des cerveaux et des artificiers. Tant qu'ils courent, les cellules n'ont aucune difficulté pour se reconstituer. Quand on voit l'hystérie qui s'est emparée de la classe politique et de la caste intello-médiatique, aussitôt déchaînées contre les terroristes et se livrant à une surenchère idéologique et une invraisemblable récupération des événements, on peut penser que, comme ce fut le cas pour les Américains avec Ben Laden, s'emparer de ces gens-là est vital pour nos responsables et leurs factotums médiatiques. De quelles méthodes disposent-ils ? Une seule : faire parler par tous les moyens ceux qu'ils ont sous la main. Le technicien qui a le plus efficacement utilisé ces méthodes s'appelait Aussaresses. La seule façon, certes moralement plus que discutable, de faire se délier les langues c'est la "gégène". Les paras et la Légion ont parfaitement bien réussi pendant la Bataille d'Alger qu'ils ont pacifiée en quelques mois. Nous voici donc, avec d'autres socialistes, oh certes qui s'en défendent, à l'orée d'une remise en cause radicale des Accords du Genève sur les Lois de la Guerre. C'est ce que Bush a fait il y a près de quinze ans avec Guantanamo, Abu Ghraïb et les « prisons itinérantes » dans le monde. Les démocrates crièrent au scandale. C'est pourtant ce que fait depuis 7 ans Obama qui aura même considérablement renforcé l'arsenal totalitaire et les règles transgressives de la Magna Carta britannique. Mais, insensiblement, dans l'indifférence des chiens de garde droits de l'hommistes, les cibles visées deviennent les groupes identitaires, nationalistes et patriotes Blancs.
Ne nous dit-on pas aujourd'hui que les listes de fichiers "S" en France ne seraient pas de 4 000 noms mais plutôt aux alentours de 20 000 et qu'elles ne concernent pas uniquement des terroristes islamiques potentiels mais qu'on y trouve de plus en plus de gens d'extrême droite.
À méditer, sous l'ère Valls...
René Blanc. Rivarol du 19 novembre 2015