Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 36

  • Les trois hégémonies et l’impuissance dramatique des Européens

    par Gérard Dussouy, professeur émérite à l’université de Bordeaux

    Ex: http://metamag.fr

    Le monde postmoderne, celui d’après la modernité occidentale finissante, entérine l’achèvement du cycle de l’État-nation européen (forme politique canonique de la dite modernité) commencé avec les traités de Westphalie (1648). En effet, avec la globalisation, à l’œuvre depuis la fin des années 1980, il apparaît de plus en plus clairement que la planète est entrée dans un nouveau cycle politique, identifié par Robert Gilpin comme étant celui État-continent efficacement structuré, met en présence, aujourd’hui, trois types d’hégémonies (en fonction des facteurs dominants respectifs) : l’hégémonie occidentale/américaine, l’hégémonie chinoise et l’hégémonisme musulman.

    Les deux grandes hégémonies concurrentes

    Dans la définition de l’hégémonie que retient Gilpin, la puissance étatique qui en est à l’origine est un agrégat cumulatif dans lequel le facteur économique voit sa contribution augmenter irrésistiblement (notamment au travers de ses groupes transnationaux). A partir de lui, elle étend son influence dans le monde entier et elle s’ingénie à créer des institutions internationales grâce auxquelles la force du plus fort, c’est-à-dire la sienne, se transforme en droit (Cf. le FMI, l’OMC, et une kyrielle d’institutions régionales relais).

    C’est ainsi que depuis 1945, et plus encore depuis l’effacement de l’Union soviétique, l’État-continent US, sûr de sa suprématie militaire, a imposé ses normes tant en ce qui concerne l’organisation et les règles de l’agir économique, qu’en ce qu’il en va de la vie sociale et des changements sociétaux. Mais depuis quelques décennies, cette hégémonie occidentale, qui recouvre toute l’Europe, jusqu’aux portes de la Russie, doit compter avec la prétention à l’hégémonie d’un autre État-continent, la Chine. De fait, celle-ci inonde le monde de toutes ses productions, jusqu’à saturer tous les marchés, se répand dans tous les continents (et ce n’est pas qu’une image quand on considère la géographie des diasporas chinoises), de l’Asie à l’Europe, et de l’Amérique à l’Afrique (où elle met la main sur tout ce qu’elle peut), joue un rôle de plus en plus important dans les institutions internationales, accumule les devises et entend accueillir bientôt le nouveau marché de l’or ! Dans la mesure où on ne sait pas encore de quel côté la balance va pencher, on est bien dans une phase de « transition hégémonique » qui se joue, de part et d’autre du Pacifique, nouveau centre de l’arène mondiale, entre les États-Unis et la Chine. Les Européens, eux, sont au balcon ! Mais ils sont également les jouets de la compétition en cours. Ils subissent, sans réagir, les offensives commerciales et patrimoniales chinoises, et les étouffantes et très intéressées attentions d’une puissance américaine sur la défensive.

    Á ces deux acteurs hégémoniques, tout compte fait classiques parce qu’ils mobilisent en priorité les moyens économiques et les ressources militaires, bien qu’ils soient les premiers dans l’histoire, et la Chine autrement plus que les Etats-Unis, à s’appuyer sur un potentiel démographique considérable, s’agrège maintenant l’aspiration à l’hégémonie de l’Islam.

    L’hégémonisme musulman

    L’hégémonisme musulman repose sur l’expansionnisme démographique et le prosélytisme religieux avant tout, et sur la puissance financière de manière auxiliaire. Néanmoins, il n’a pas de puissance chef de file, de centre directeur et émetteur de la dimension des deux autres. Il est polycentrique et démotique. La croissance démographique élevée de la plupart des pays musulmans conforte la religion du Livre dans un rôle international inattendu par son ampleur pour un phénomène culturel. Elle alimente des flux migratoires qui ne cessent de renforcer les diasporas installées, assez récemment, à la périphérie des espaces d’origine de l’Islam, comme en Europe où son influence augmente. Tant et si bien que la conjonction de la dynamique démographique et de l’irréductibilité religieuse des nouveaux habitants (démontrée tous les jours dans les actes civils) disloque et transforme les sociétés européennes investies. Et cela avec d’autant plus de résultats que les systèmes juridiques européens en place, et les valeurs qui les sous-tendent, sont dépassés et contre-productifs (puisqu’ils permettent à l’Islam d’imposer ses croyances) dans un contexte nouveau qui est celui d’une quasi guerre culturelle. Cette transformation est de type démotique, parce qu’elle agit par imprégnation à l’occasion d’une substitution progressive des populations immigrées à des populations autochtones qui vieillissent et qui sont frappées par la crise de la dénatalité. Elle est la conséquence du nombre qui stimule la résistance aux valeurs et aux traditions des pays d’accueil.

    Enfin, ce processus spontané d’islamisation, au moins partielle, de l’Europe, présente une dimension stratégique parce qu’il est aussi encouragé par plusieurs États musulmans, au potentiel politico-militaire généralement limité, sauf la Turquie, mais qui disposent de ressources financières impressionnantes qui autorisent des acquisitions patrimoniales considérables et des soutiens généreux aux acteurs musulmans en mission.

    La voie de salut de l’État européen

    Toujours sous l’emprise d’une vision occidentalo-universaliste du monde qui se retourne contre eux, et sous la tutelle politique et stratégique des États-Unis, mais en même temps déstabilisés, au plan économique et donc social, par les offensives multiples et répétées de la Chine, les Européens sont confrontés aux vagues migratoires venues du sud et porteuses d’une croyance religieuse le plus souvent intolérante et parfois totalitaire.

    Incapables de répondre à ce triple défi hégémonique tant qu’ils ne seront pas politiquement unis, parce que leurs États respectifs sont devenus trop faibles, ils sont directement affectés dans leurs conditions de vie, dans leurs coutumes et leurs rapports au monde, dans leurs identités. Le drame est que sans être parvenus à se débarrasser de l’hégémonie américaine, les Européens subissent déjà les deux autres, et que leur situation va empirer.
    Leur seule réponse appropriée à un tel contexte est celle de l’Etat européen parce qu’il est l’unique outil politique de combat adapté aux immenses épreuves que, tous azimuts, les Européens commencent, tout juste, à entrevoir. En effet, l’Etat supranational est le seul en mesure de réunir les ressources humaines, matérielles et immatérielles, de disposer de budgets conséquents, et de fixer des stratégies à long terme, choses indispensables pour éviter le pire.

    Dans ce but, les Européens actifs, et conscients de ce qui vient, doivent s’emparer de l’Union européenne et la transformer dans l’optique qui précède. La dispersion et le repli national seraient mortels. Les Anglais regrettent déjà, sans l’avouer, leur référendum (qui, il faut le souligner, parce que cela est d’importance pour la suite, ne comporte aucune obligation constitutionnelle). On peut parier qu’ils feront tout pour que le Brexit ne soit pas effectif, même s’il devait être officialisé. Les solutions de raccroc ne manquent pas.

    En tout état de cause, il est clair qu’il ne faut pas fuir l’Europe, parce qu’elle est la voie de salut. Il faut comprendre que si un État est fondé sur des éléments physiques (territoire, population et organisation bureaucratique), il est aussi, et c’est essentiel, l’idée que l’on s’en fait. C’est donc aux Européens eux-mêmes de faire de l’Union (qui, telle qu’elle est, sert de prétexte à tous ceux qui rejettent l’Europe sous quelque forme que ce soit) l’État qui leur convient, qui les défend, qui porte leurs aspirations.

    Les raisons d’y croire

    Pour y parvenir, deux types d’acteurs existent et qui sont compatibles parce qu’ils peuvent converger dans leurs actions : les États existant et les mouvements citoyens. En effet, parmi les États, certains peuvent, ou pourraient compter bientôt, des gouvernants qui ont pris acte de toutes les dérives de l’Union européenne, de toutes ses orientations politiques nocives pour les peuples européens, de l’insignifiance ou de l’indifférence à la cause européenne de ceux qui la dirigent, et qui ont décidé de changer le cours des choses.

    Ces États, bien qu’ils puissent être de dimension moyenne, pourraient alors se constituer en bloc, au sein de l’Union, pour arrêter les politiques actuelles et en exiger d’autres conformes aux intérêts des Européens (les États du groupe dit de Višegrad se concertent, ces derniers temps, pour essayer de poser les bases d’une armée européenne), aussi bien qu’ils pourraient obtenir des réformes profondes en faveur de la représentation des peuples et de leur participation au processus de décision communautaire. Agissant ainsi, ces États seraient en mesure d’en entraîner d’autres, et des plus puissants, par le biais des opinions publiques.

    Cela n’est pas là qu’une hypothèse d’école, quand on pense à ce qui pourrait se passer en Europe centrale et de l’est si des États comme la Hongrie, l’Autriche et quelques autres, conscients de l’impasse que représente le repli national, s’entendaient pour changer, de l’intérieur, l’Union européenne. Il n’est peut-être pas anodin qu’à la suite de son premier échec, le candidat nationaliste à l’élection présidentielle autrichienne, Norbert Hofer, ait déclaré qu’il entendait améliorer et changer l’Union européenne, et surtout ne pas la quitter (« Ich möchte eine bessere EU und keine Austrittswelle »), sauf en cas d’une adhésion imposée de la Turquie. La prise de conscience qu’il existe un intérêt européen susceptible de transcender les égoïsmes nationaux et de trouver des règlements aux vieux différents, territoriaux ou autres, semble se dessiner, et elle devrait se confirmer compte tenu de la montée certaine du stress extérieur (invasions continues à travers les Balkans et l’Italie) et de l’imminence de la crise financière.

    L’action de ces États rédempteurs, ceux à l’origine du renouveau européen, s’avèrera d’autant plus efficace qu’elle entrera en phase avec les mouvements citoyens qui commencent à émerger, ici et là, en Europe, et à constituer des fronts communs sur des résistances et des revendications variées. A partir de ceux-ci, pourra se former une opinion publique européenne, avec en son sein, la conviction selon laquelle, plus que jamais, l’Europe est le destin commun de tous ses peuples originaires, et l’État européen l’instrument de leur survie et de leur liberté. Au plan pratique, cela pourrait conduire des forces politiques à s’organiser à l’échelon supranational avec l’objectif, parmi d’autres, de faire en sorte qu’un jour le Parlement européen porte, enfin, et si l’on peut rêver dès 2019, la voix de la souveraineté populaire.

    Á ce compte là, tout n’est pas perdu !

    Note. Cet article paraîtra prochainement dans la revue EurHope, en langue anglaise.

    Gérard Dussouy a publié un Traité des relations internationales, en trois tomes aux Éditions l’Harmattan (2009) et Contre l’Europe de Bruxelles, Fonder un État européen, aux Éditions Tatamis (2013). Une édition italienne, mise à jour et adaptée, est sortie il y a quelques mois aux Éditions Controcorrente.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Contre les féodalités économiques, politique d'abord !

    Il y a parfois un côté désespérant à répéter mille fois les mêmes choses, d’une année à l’autre, comme si rien ne changeait jamais : ainsi sur la question del’avidité de quelques grands groupes financiers ou industriels, et sur celle de leur morgue à l’égard des salariés comme des pouvoirs publics. Deux cas parmi tant d’autres, en ce jour, peuvent illustrer ces règles non-écrites du capitalisme contemporain, plus spéculateur que créateur ou industriel, et l’apparente impuissance des Etats et des autorités politiques : Alstom et Apple. 

    Dans le premier cas, qui nous intéresse d’abord en tant que Français et parce qu’il s’agit d’une entreprise française, la direction de ce groupe, sauvé jadis par l’intervention de l’Etat et du ministre de l’économie de l’époque (un certain Nicolas Sarkozy, plutôt bien inspiré sur ce coup-là, comme quoi tout est possible, même l’improbable), a décidé de cesser la production des trains à Belfort à partir de 2018, pour des raisons avancées de compétitivité et de coûts, au moment même (cruelle ironie, ou pur cynisme ?) où la SNCF annonce qu’Alstom a été choisie pour fabriquer « le TGV du futur » et que l’entreprise industrielle ne cesse d’obtenir de nouveaux contrats, aux Etats-Unis comme en Europe (Belgique, Pays-Bas, Italie). Or, la stratégie de la direction est, dans la logique terrifiante et implacable de la mondialisation, « d’adapter l’outil industriel en France pour l’adapter aux conditions de marché », ce qui signifie sacrifier l’emploi (et les conditions de travail et de vie des ouvriers locaux) pour alléger les coûts de production dans le cadre d’une concurrence internationale sans fin et sans frein. Les promesses du ministre de l’économie d’il y a quelques mois, M. Macron, ne semblent rien devoir y faire et le comble du cynisme (ou de l’impuissance ?) semble être atteint par le Chef de l’Etat lui-même qui, ayant emmené le patron d’Alstom dans son voyage au Vietnam, aura du mal à faire croire qu’il n’a pas été prévenu par celui-ci du sort réservé à l’usine de Belfort

    Dans le second cas, le refus de la direction d’Apple de se plier aux conditions fiscales qui ont cours dans la plupart des pays d’Europe et de l’Union et de rembourser plus de 13 milliards d’euros d’arriérés fiscaux, sanction que vient de lui infliger la Commission européenne, démontre à l’envil’arrogance incroyable de ces multinationales qui joue de la mondialisation pour spéculer et affaiblir les Etats, et imposer leur « gouvernance » dont on sait qu’elle n’est rien d’autre que la domination triomphante de « la Fortune anonyme et vagabonde ». La formule prêtée à Honoré de Balzac, « toute grande fortune cache un grand crime », me semble tout à fait appropriée à la situation, les populations laborieuses étant les victimes de ce piège de la mondialisation qui n’est rien d’autre que la concurrence entre salariés organisée par les grandes féodalités financières et industrielles, au détriment de ceux-ci, qu’ils soient de Belfort ou du Vietnam...

    Doit-on, pour autant, se contenter d’un tel constat et accepter cette dictature économique ? Non, et il n’est pas dans la tradition capétienne de céder aux puissances de l’Argent : mais, par rapport à la Monarchie, la République est plus faible face aux féodalités financières dont elle dépend, ne serait-ce que dans le cadre de la compétition présidentielle, ouverte en priorité à ceux qui en ont (ou à qui on en donne) les moyens, preuve d’une grande dépendance à l’égard de ce que M. Hollande qualifiait d’adversaire avant que d’en être l’obligé… 

    La qualité première de la Monarchie est de ne pas être l’élue de l’Argent et de ses petits jeux, la naissance ne s’achetant pas et n’étant que le fruit d’une étreinte qui échappe encore (Dieu merci !) à la marchandisation tarifée du monde. Si un Louis XIV peut emprisonner l’homme le plus riche du royaume (Nicolas Fouquet) quand nos Républiques ne savent même plus imposer le respect de la parole donnée aux entreprises et à leurs dirigeants (parfois nommés ou acceptés par l’Etat actionnaire), ce n’est pas le fruit du hasard mais la conséquence de l’abandon consenti par la République de ses devoirs sociaux et de ses pouvoirs d’Etat au fur et à mesure de l’expansion économique et de « l’adaptation » à la mondialisation.Le premier devoir d’un roi en France sera de rétablir la magistrature suprême de l’Etat dans une position de force, éminemment politique, face à l’Economique : en somme, restaurer le Politique pour lui rendre ses attributs et sa capacité de décision et d’action, et de contrainte, s’il le faut, envers ceux qui oublieraient que la fin de toute société n’est pas de privilégier l’Argent mais bien plutôt le service de tous et le Bien commun…

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1336:contre-les-feodalites-economiques-politique-dabord-&catid=50:2016&Itemid=61

  • Untergunther, réparateurs clandestins du patrimoine

    C'était il y a 10 ans : un groupe clandestin, Untergunther, achevait les réparations, secrètes, de l'horloge du Panthéon de Paris, menées pendant un an. Depuis, discrètement, en usant des souterrains parisiens pour se déplacer, ils continuent de restaurer le patrimoine de la capitale.
    “On va devoir accéder au site tous les jours… et à toute heure. L’atelier sur place sera permanent. Donc il va falloir le rendre invisible”, avait prévenu Lanso, un des membres d’Untergunther, un groupe clandestin de restauration du patrimoine. En 2005 et pendant un an, ces spécialistes de l'infiltration ont investi les coulisses du Panthéon, installant leurs quartiers au sommet du bâtiment, sous les meurtrières de la galerie circulaire située à la base du dôme. Leur objectif ? Réparer l'horloge Wagner du XIXe siècle, sabotée au cours des années 1960 par un employé à l'évidence lassé de devoir remonter régulièrement le mécanisme, et laissée depuis à l'abandon. Il leur faudra un an de travaux. Après quoi, pour s'assurer que l'horloge sera entretenue, ils préviennent l'administrateur du Panthéon. Celui-ci tombe des nues : qui sont ces gens qui ont pu se balader pendant près d'un an, à n'importe quel moment du jour et de la nuit, dans ce prestigieux monument, sans que personne ne les remarque ? A la stupéfaction cède vite un certain intérêt, qui ne sera pas partagé par l'administration du Centre des Monuments Nationaux (CMN), peu enthousiaste à l'idée qu'une telle affaire s'ébruite et mette en avant des lacunes en matière de sécurité : entre octobre 2006 et mai 2007, le CMN dépose plusieurs plaintes contre le groupe Untergunther. 
    "En France l’espace public est public, par définition, la seule chose qu’on peut transgresser en entrant dans un site public c’est le règlement interne, un arrêté éventuellement, municipal, préfectoral ou ministériel, raconte Lazar Kunstmann, porte parole du groupe Untergunther. C’est à peu près du même niveau de criminalité qu’un stationnement sur une place de livraison." Le parquet classe d'ailleurs l'affaire sans suite, non sans un rappel à l'ordre. 
    Urban eXperimentation (UX) 
    Le groupe Untergunther, un temps sous le feu des projecteurs, est depuis retourné dans l'ombre des souterrains parisiens. Conformément à ses principes, "si une affaire est connue par d'autres sources que la leur, il devient parfaitement inutile de s'en cacher". Aussi le groupe, par l'intermédiaire de son porte-parole, Lazar Kunstmann (un pseudonyme), répond aux questions des médias sur les projets qui ont fini par fuiter. Déjà, en 2004, la police avait découvert, dans les anciennes carrières sous le Palais de Chaillot, une salle de projection clandestine. Lorsque les forces de l'ordre étaient revenues sur les lieux trois jours plus tard, tout le matériel avait été déménagé et une affichette laissée avec pour seule inscription "Ne cherchez pas". L'affaire, une fois ébruitée dans les médias, avait fasciné la presse française comme étrangère, contribuant pour beaucoup à la légende d'un monde souterrain parallèle. 
    Cette installation (ainsi que sa disparition) était le fait de "La Mexicaine de Perforation", un groupe clandestin qui s'occupait d'organiser des événements artistiques. Untergunther, La Mexicaine de Perforation ou encore House Mouse (un groupe exclusivement féminin spécialisé dans l'infiltration de bâtiments publics et la neutralisation des systèmes de surveillance) sont quelques sections parmi d'autres qui forment le "Urban eXperiment" (UX), un agrégat de groupes, tous clandestins, qui opère dans les lieux publics "sous-utilisés" et qui s'affranchit de toute notion d’autorisation, considérée comme "fatale aux démarches novatrices et créatives".
    Protéger les "délaissés urbains" 
    Contrairement à ce que beaucoup ont avancé, les Untergunther ne restent pas discrets par goût du secret ou de la clandestinité. "Jouer sur la visibilité c'est un élément de la faisabilité des projets dans le cadre de l'Urban eXperiment", précise ainsi le porte-parole du groupe. Sans ce paramètre, selon eux, leurs projets, leurs actions, ne pourraient pas se faire, en raison de la résistance et des conflits générés par "ce qui peut représenter l’autorité à un moment donné ou un autre". L'objectif n'est pas tant de transgresser des règles que de rester indépendant. 
    Parmi ces groupes apparus dans les années 80 et qui utilisent le réseau souterrain parisien pour se déplacer, la section Untergunther s'est donnée pour mission de conserver la partie non-visible du patrimoine, c'est-à-dire une partie qui ne soit "ni accessible, ni apparente au public, et le plus souvent, pas plus à l’administration qui en a la charge. Le patrimoine oublié en un mot… délaissé… presque perdu", précise ainsi Lazar Kunstmann dans l'ouvrage collectif La Culture en clandestins. L'UX (Hazan, 2009). Pour prendre soin de ces zones qu'ils appellent "les délaissés urbains", les membres du groupe ont décidé de faire l'impasse sur ce que n'importe quelle association traditionnelle envisagerait : les demandes de subventions, et plus encore les demandes d'autorisation. Pour eux, seuls sont nécessaires la compétence technique, les moyens (temporels et financiers), et la volonté d'agir. Le logo d'Untergunther : les deux chiens font référence à leur système anti-intrusion, qui consiste en des aboiements pré-enregistrés pour faire fuir quiconque s'approcherait de leur "planque". 
    "Il y a un patrimoine qui fait l’objet de peu d’efforts de conservation, c’est ce qu’on peut appeler le patrimoine commun, dont l’intérêt technique, artistique ou patrimonial n’est pas perçu, forcément, par un œil non averti, n’est pas perçu du plus grand nombre, regrette Lazar Kunstmann. C’est le cas par exemple de l’horlogerie d’édifice, qui ne déplace par les foules. Alors qu’un patrimoine exceptionnel, un édifice prestigieux, un tableau, une sculpture remarquable fait elle l’objet d’une grande attention du public et donc des autorités qui sont censées la gérer, la conserver. Le problème c’est que le patrimoine qui fait l’objet du plus grand effort est celui qui, par définition, est le moins représentatif de l’époque qui l’a vu naître." 
    Paradoxalement, ces parties oubliées du patrimoine condamnées par leur non-visibilité, sont sauvées par cette même invisibilité une fois qu'elles ont été réparées. "La visibilité d’un site ou d’un objet l’expose à quantité de risques, comme le vandalisme ou même la simple dégradation par l’usure d’un site parce qu’il est fréquenté. Un site qui est complètement invisible, subit relativement peu de dégradations liées à la fréquentation", précise Lazar Kunstmann. 
    L'Horloge du Panthéon 
    Par contraste, la discrétion des groupes de l'UX a tôt fait de braquer sur eux les projecteurs, dès lors que leurs projets cessent d'être invisibles. Et si ces affaires ont tant intéressé la presse, c'est que le mode opératoire employé est pour le moins inhabituel. Il fascine, même, tant il semble emprunter aux codes du film de genre, à l'image d'un braquage de banque méticuleusement organisé, avec ceci de différent que l'intention est inverse : donner au public et réparer des dégâts, plutôt que de détruire et de subtiliser. 
    Quand on demande à Lazar Kunstmann si l'infiltration du Panthéon pour restaurer son horloge a présenté certaines difficultés, il rétorque d'ailleurs, comme s'il s'agissait d'une évidence, que c'est "un projet comme un autre". De fait, accéder au prestigieux monument est, pour les membres de l'UX, presque un pré-requis :"Du plus lointain souvenir que puissent avoir les gens qui ont fondé le groupe, c’est le premier site à être utilisé clandestinement. L’utilisation de l’espace public est un postulat. L’infiltration, le fait d’accéder à ces sites, est un postulat. Le Panthéon est quelque part le site qui a déclenché la prise de conscience qu’il y a un espace public sous-utilisé et digne d’intérêt"
    Aussi, quand un des membres de l'UX, Jean-Baptiste Viot, lui-même horloger de profession, réalise à l'occasion d'une représentation théâtrale donnée par la Mexicaine de Perforation au Panthéon même, que l'horloge Wagner du XIXe siècle est constellée de rouille, proche d'une dégradation irréversible, il propose à ses camarades de la restaurer. Le projet, comme nombre des projets d'Untergunther, durera un an. 
    Les membres d'UX ont beau être habitués à l'infiltration au Panthéon, une opération aussi longue nécessite un quartier général : ils installent donc leur atelier de restauration à la base du dôme. Fabriqué sur place, leur salon est entièrement dissimulable, y compris de larges fauteuils, dans des caisses frappées du sigle UGWK (un sigle repéré sur une porte du Panthéon et que le groupe s'approprie : cela donne Unter Gunther Winter Kneipe, pour "Bistrot d'Hiver d'Untergunther"). Ils ferment la pièce improvisée à l'aide de lourdes tentures pour maintenir une température décente et acheminent une véritable bibliothèque traitant de l'horlogerie mécanique et de l'histoire du Panthéon, afin de dresser l'autopsie de l'horloge Wagner visiblement sabotée. L'été, lorsque la chaleur est de retour, les huit membres du groupe travaillant sur ce projet vont jusqu'à installer sur la terrasse un petit potager. 
    Dans le Panthéon, le membres de l'UX sont tous équipés, par précaution, d'un "faux badge, avec la photo de son propriétaire, une puce électronique, un hologramme représentant le monument et un code-barres tout à fait inutile mais qui faisait la meilleure impression - en réalité ce type de badge n’existant pas au CMN, il ne s’agit pas d’un faux, un faux nécessitant qu’il existe un 'vrai', relate Lazar Kunstmann dans "La Culture en clandestins. L'UX". Très rares étaient les agents de police qui posaient des questions. Au mieux cela ressemblait à" : - Vous travaillez la nuit ? - … - On peut voir vos badges ? - Faites. - Ok, merci ! 
    Au fil des saisons, les Untergunther démontent l'horloge, nettoient les pièces avec les traitements adaptés, remplacent les câbles et poulies et refont la pièce abîmée, à l'aide de laiton conforme à l'ancien modèle. Au total, Jean-Baptiste Viot et son équipe dépensent 4000 € pour remettre en marche, avec succès, l'horloge. 
    Une fois leur projet achevé, la question se pose de son entretien. La particularité d'une horloge est que, paradoxalement, elle s’abîme moins vite lorsqu'elle est utilisée plutôt que laissée à l'abandon. Le groupe Untergunther se décide donc à révéler son existence à l'administrateur du Panthéon : Bernard Jeannot. Dans le livre "La Culture en clandestins. L'UX", Lazar Kunstmann fait le récit de cet entretien surréaliste et de la stupéfaction qui a saisi l'administrateur et ses collègues lors de la révélation de l'existence du groupe. Si le premier s'est montré fort intéressé, le CMN a préféré donner aux événements la suite qu'on leur connait : une série de plaintes devant la justice. Les quatre membres de l'Untergunther cités à comparaître, sûrs de leur bon droit, s'étaient d'ailleurs présentés à leur procès sans avocat. Depuis, l'histoire est peu à peu tombée dans l'oubli : les membres de l'UX sont, par nature, discrets, et le CMN préfère oublier toute l'affaire. 
    Ces réparateurs clandestins n'ont d'ailleurs plus fait parler d'eux dans les médias. La salle de cinéma souterraine et la restauration de l'horloge du Panthéon restent leurs seuls faits d'armes de l'UX connus du grand public, et les Untergunther ont continué leur travail de fourmi, dissimulés, au rythme d'un chantier tous les un ou deux ans. Quant à l'horloge, elle ne fonctionne toujours pas : à la demande du nouvel administrateur, la roue d'échappement recréée par Jean-Baptiste Viot a été retirée. 
    Source

    http://www.oragesdacier.info/2016/09/untergunther-reparateurs-clandestins-du.html

  • A Forges les Bains, les militants de Civitas dénoncent l'arrivée de migrants

    Dimanche 11 septembre, les militants de CIVITAS Ile-de-France sont venus soutenir les habitants de Forges-les-Bains (91) dans leur lutte pour obtenir l'organisation d'un référendum avant toute décision d'installation d'un centre destiné à accueillir des migrants dans leur petite commune.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Encore des réfugiés arrêtés

    La police allemande ne croit pas à la propagande de notre presse libre que le monde nous envie :

    R

    Trois porteurs de papiers syriens ont été arrêtés, mardi 13 septembre, en Allemagne. Selon le ministre allemand de l'Intérieur, "l'état actuel des investigations de la police criminelle fédérale indique des liens avec les assaillants de Paris de novembre 2015".

    Ces trois suspects, arrivés l'an dernier dans le pays lors de l'afflux de demandeurs d'asile, avaient obtenu leurs papiers d'identité auprès de la "même organisation de passeurs que les assaillants de Paris"

    Mahir Al-H., 27 ans, Mohamed A., 26 ans, et Ibrahim M. 18 ans (Padamalgam svp) ont été interpellés dans le Schleswig-Holstein (nord).

    Quand on pense que 12 000 "réfugiés" vont être dispersés sur le territoire national...

    Michel Janva

  • Essai de géopolitique djihadiste

    Le billet donné par le Piéton du roi au Lien légitimiste pour sa 70ème livraison a été augmenté par le rédacteur-en-chef d'un cadrage plus large. Le voici donc en complément d'Arès publié ici le 29 août dernier. Les illustrations ci-dessous ont été ajoutées par Royal-Artillerie.
    Le grand désordre que nous subissons est imputé par beaucoup à l'islam qui force sa place non seulement dans les croyances individuelles mais sur tout l'espace social car cette religion est littéralement totalitaire. Elle ne distingue pas Dieu de César. Alors se pose la question existentielle de savoir si l'islam est l'otage du choc des civilisations qui aurait créé l'islamisme ou bien s'il est la principale infanterie de cette confrontation ? Est-il le vecteur involontaire ou sournois de l'islamisme, ou bien sa victime ? C'est tout le dilemme. Et tant que les présidents des confréries musulmanes n'auront pas tranché le nœud gordien qui selon eux les étouffe, en proclamant que la France n'est pas une terre d'islamisation, de par son histoire universelle et ses mœurs politiques, les pouvoirs du moment oscilleront entre confinement indulgent et répression, selon l'état de l'Opinion. Autant dire la pire politique ! L'affaire est de longue mèche ; elle fuse depuis la décolonisation.

    Dans un éditorial donné le 20 juillet dernier (après l'attentat de Nice) au site d'information numérique Vexilla Galliæ, le prince Charles-Emmanuel de Bourbon Parme analyse les causes premières du djihadisme : « Lorsque nos dirigeants nous expliquent, la voix ferme et le regard dur, que cet attentat n'est que l'un des premiers dans une guerre qui commence, ils se trompent et ne nous rendent pas service en ne nous disant pas toute la vérité. En effet, la grande confrontation entre le monde occidental et l'islam radical a commencé peu à peu avec les conflits de décolonisation où la religion servit souvent de catalyseur aux populations révoltées. L'islamisme réveillé dans la lutte contre la présence européenne a pris, par la suite, tous les visages. Se cachant sous les oripeaux de l’État socialiste, de la guérilla libératrice, de la révolution nationaliste, il a, en vérité, doucement progressé avec des confréries, au fur et à mesure de l'arabisation des sociétés décolonisées.»
    Nonobstant, les luttes d'émancipation de l'Orient compliqué furent le plus souvent laïques dans le droit fil de la révolution kémaliste turque, et c'est bien à partir de l'Afghanistan que s'y agrège la composante djihadiste, donc islamique. Kémal Ataturk fut le précurseur, il abattit le Califat ; le Bloc national des capitalistes syriens de Choukri al-Kouatli chassa les Français ; en Irak, Abdul Karim Qasim coupa les ponts avec la Grande-Bretagne, c'était un marxiste ; lui succèdera le parti laïque Baas ; Nasser, Khadhafi, Bourguiba, Boumédiène, aucun de ceux-là n'étaient des lideurs confessionnels. Leurs successeurs (Inönü, Assad, Saddam Hussein, Moubarak, Ben Ali, Bouteflika...) encore moins. La seule exception fut Anouar el-Sadate, un homme de grande piété en toute modestie.
    C.-F. 25/08/2016Un demi-siècle plus tard, cette émancipation fondamentalement républicaine et laïque est subvertie d'un côté par le chiisme intégral de Qom et d'un autre côté par par un wahhabisme médiéval qui trouve sa source en deux endroits : la théocratie séoudite et la confrérie des Frères musulmans égyptiens. La première citée disposait jusqu'à il y a peu de ressources illimitées pour pousser sa cause partout ; on parle de deux centaines de milliards de dollars. La seconde dispose de la méthode imbattable développant un socle caritatif de proximité. L'islam trouve un écho dans tous les peuples du Croissant vert comme le dit le prince de Bourbon-Parme et ce sont les Américains qui pour faire pièce aux Russes empêtrés dans une guerre de montagne, firent vibrer cette corde islamique contre le marxisme athée du Kremlin. Ils armèrent à profusion les bandes d'insurgés afghans avec du matériel récent jusqu'au succès que l'on sait, et instruisirent au combat des chefs naturels qui en faisaient la demande comme Oussama Ben Laden. Jusque là disposant de sabres et de pétoires, les moudjahidines accédèrent aux dotations qui permettaient de composer des unités de combat modernes. Ainsi ce ne sont plus des bandes hirsutes qui entrèrent dans Kaboul en 1992 mais des compagnies complètes. On verra resurgir des unités constituées sur le modèle réglementaire en Irak, bien aidée en cela par la bourde énorme du proconsul américain, Paul Bremer, qui débanda l'armée baassiste de Saddam Hussein, fournissant les cadres instruits et une organisation militaire offensive à la nouvelle antenne irakienne d'Al-Qaïda, devenue plus tard l'Etat islamique en Irak et au Levant après le pillage des arsenaux de Mossoul.
    Que ce soit en Afrique ou au Moyen Orient, les bandits assassins sont devenus des unités formées, équipées, bien armées, même si elles trafiquent de tout pour glaner des ressources. Autant le rezzou religieux ne pouvait tenter le jeune citadin européen peu enclin à bivouaquer longtemps dans le désert, autant l'incorporation dans une armée moderne inscrite dans un Etat factuel est valorisante. La cause n'est pas perdue, au contraire elle est proclamée gagnante. Et l'issue plutôt favorable qui se dessine dans l'élimination de l'Etat prétendûment islamique ne gommera pas la professionnalisation du djihadiste dans sa tête. Il est devenu un soldat, et revenu à la maison bientôt, il aura acquis les réflexes des forces spéciales infiltrées, du moins le croira-t-il, renforçant ainsi sa détermination (*ndlr).
    L'analyse du prince de Bourbon-Parme cadre bien le problème mais ne va pas jusqu'à sa solution. Si tous nos princes admettent que l'islam n'est pas endémique en France, ils n'ont pas pris position sur un islam génétiquement modifié, adapté aux mœurs de la nation. Leur critique récurrente des erreurs de la République ne doit pas primer la rénovation de la charpente confessionnelle du pays qui prendra en compte tous les paramètres historiques et d'actualité. Ce chantier (**ndlr) est lancé par les pouvoirs publics. La laïcité à la française à l'évidence n'est plus la réponse utile ! C'est donc maintenant plus compliqué pour nous aussi.

    NDLR :
    (*) Il s'agit du format de la guerre asymétrique 3.0 qui va succéder au califat de l'OEI effondrée à Raqqa.
    (**) C'est le chantier confié à Jean-Pierre Chevènement par la Hollandie en déroute.
  • BFMTV en pleine manipulation antifrançaise

    A propos des personnes arrêtées suite au projet d’attentat à la bombe près de Notre-Dame de Paris, BFMTV, considérant que le prénom « Inès » faisait suffisamment français, a cru bon de le mentionner en occultant les autres !

    http://www.contre-info.com/