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Journal du lundi 16 janvier 2017
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Rassemblement à Vannes le 19 janvier
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La production et la fourniture d’électricité en France sont à l’origine de bien des scandales !
36000 foyers sans électricité, à cause de la tempête Egon. La vague de froid qui va s‘abattre sur la France la semaine prochaine entraînera, de facto, des délestages – c’est à dire des coupures générales – sur plusieurs régions de France… C’est un des scandales liés à la production énergétique en France.
Le premier réside dans le fait qu’après la tempête de 1999, alors que tout était à refaire, aucun réseau n’a été enterré. Les Français ont payé des augmentations musclées sur leurs factures d’électricité et d’assurance. Pour refaire des réseaux aériens, qui sous le vent, sous le poids de la glace ou parce qu’un alcoolique embrasse un poteau, sont fragilisés. À chaque tempête, même scénario. Destruction, reconstruction, factures alourdies. Si la France avait alors fait l’effort d’enterrer ses réseaux, non seulement ils survivraient aux épisodes venteux ou neigeux, mais la fibre optique aurait pu être déployée à vitesse grand V sur l’ensemble du territoire.
L’autre scandale réside dans la faiblesse de notre parc nucléaire. Il vieillit. La France dispose d’une capacité de production d’électricité établie à 129 000 mégawatts, dont 63 000 de nucléaire. Or, elle ne pourra pas pleinement s’en servir lors de la vague de froid attendue, en raison notamment des défaillances constatées sur certains des 58 réacteurs de l’Hexagone. Selon les prévisions de Météo France, les températures seront inférieures de cinq à 10 degrés par rapport aux normales saisonnières. Le 12 janvier, l’Autorité de Sûreté nucléaire a accordé à EDF la remise en service de neuf de ces réacteurs après plusieurs mois de contrôle, et a également accepté la requête de l’énergéticien de reporter l’arrêt programmé du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Tricastin. Mais malgré cela, le Français pourrait devoir faire face à des pénuries. Entre le mercredi 18 et le vendredi 20 janvier, EDF devra mobiliser quelque 100 000 mégawatts afin de répondre au surcroît de consommation attendu. Or, selon les prévisions de RTE, la capacité totale disponible à l’heure du début de la vague de froid ne sera que de 85 000 mégawatts…
Nous payons les délires écologistes, maitres-chanteurs des socialistes, ont tout fait pour réduire la production nucléaire française, pourtant garante de notre souveraineté énergétique, avec l’hydraulique. Les mêmes Verts qui ont forcé la fermeture des centrales nucléaires en Allemagne, désormais en sous-production électrique et qui doit donc non seulement faire tourner à plein régime ses centrales au charbon, très polluante, et nous acheter de l’électricité… nucléaire, qui n’est pas suffisante. Kafkaïen. Et tout ça pour se lancer dans l’escroquerie de l’éolien…
Porté par un message mensonger des constructeurs et de l’État, selon lequel l’éolien serait une alternative énergétique crédible, et donc porteur d’avenir pour la planète, notre territoire voit ainsi apparaître ici et là des machines de plus en plus hautes (150 mètres aujourd’hui) et de plus en plus dangereuses pour notre environnement. Bien peu de nos concitoyens savent qu’une éolienne, dont le temps de production énergétique est de 20 % environ, est relayée, le reste du temps, par des centrales à charbon ou à gaz.
Malgré cet impact sur l’environnement, c’est un triplement du parc éolien français qui est programmé au cours des prochaines années, portant le nombre de machines installées dans notre pays devrait passer de 7.000 à 21.000 d’ici 2023. Or, pour soutenir chaque éolienne, 1.500 tonnes de béton et 40 tonnes de ferraille sont nécessaires. Et que même lorsqu’elle sera démontée – pour la modique somme de 300.000 euros environ à la charge du propriétaire du terrain –, ce béton et cette ferraille continueront de polluer, de façon irréversible, notre sous sol et nos paysages. Si le plan de construction est mené à son terme, avec les 30 millions de tonnes de béton nécessaires à l’ancrage des 21.000 éoliennes prévues, la France égalera le record de l’organisation Todt, qui en avait utilisé autant pour la construction du mur de l’Atlantique !
Massacre visuel de bien de nos paysages traditionnels de France, les éoliennes ont aussi des néfastes sur la santé. Outre le bruit, les vibrations et les ultrasons engendrés par les pales sont désormais reconnus comme néfastes au confort des riverains. Le Canada a ainsi décidé de porter à 1000 mètres au lieu de 100 la distance minimum entre une éolienne et une habitation. Sauf que certains experts estiment que la distance minimale devrait être de 10 kilomètres… Les effets potentiels sur la santé iraient de la simple fatigue, à l’apparition d’acouphènes, en passant par des vertiges, des nausées, des étourdissements, des maladies cardiovasculaires, et même des diabètes…
Malgré tout ces faits, c’est un triplement du parc éolien français qui est programmé au cours des prochaines années, portant le nombre de machines installées dans notre pays devrait passer de 7.000 à 21.000 d’ici 2023. Une folie. Extrêmement rentable pour une mafia aux méthodes bien rodées. « Selon nos estimations, plus 30% des parcs éoliens – près de 5.500 machines en France – sont actuellement installés sur des terrains appartenant à des élus, c’est dire le potentiel de cas », avance Jean-Louis Butré, président de la Fédération Environnement Durable, principal réseau français d’associations anti-éoliennes. Or pas moins de sept condamnations viennent d’être prononcées contre des élus ayant voté l’installation de parcs éoliens sur leurs communes alors même qu’ils étaient propriétaires de parcelles. Les plaintes se multiplient.
Cette inflation de procédures, qui balaient un peu toute la France, vise à durement sanctionner des pratiques qui elles-mêmes gangrènent une partie de la classe politique locale depuis plusieurs années. Le scénario est toujours le même : approchés par des promoteurs, des maires et conseillers municipaux de petites communes rurales se laissent tenter par l’idée d’accueillir des éoliennes sur leurs propres terrains (ou ceux de proches), n’hésitant pas ensuite à faire voter (et à voter eux-mêmes) l’autorisation d’installation de ces machines en Conseil municipal. Il faut dire qu’avec des loyers qui au bas mot oscillent entre 3.000 et 5.000 euros par an et par éolienne, la petite combine s’avère bien plus rentable que la culture de la patate ! Le hic, c’est qu’en étant ainsi juge et partie, ces politiques locaux détenteurs de fonciers s’exposent à l’évidence à l’article 432-12 du Code pénal sur les conflits d’intérêt, prise illégale d’intérêt et recel de prise illégale d’intérêt. Ce qui n’échappe visiblement pas aux juges…
Subventionné de façon inique via la contribution au service public de l’électricité, et là encore à l’insu du consommateur qui paie, souvent sans le savoir, deux fois plus chère qu’elle ne coûte une énergie non rentable et économiquement inutile puisque la France, hors éolien, exporte 15 % de son électricité, ce sont en réalité les actionnaires, la plupart du temps étrangers, et leurs fonds de pension qui profitent de cette manne financière.
Source: Réinfo du 16 janvier 2017.
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Trump, censé symboliser le capitalisme le plus sauvage coalise contre lui la quasi-totalité de la « presse aux ordres de la Bourse »
Jean-Claude Michéa publie "Notre ennemi, le capital". Il est interrogé dans Marianne. Extraits :
"Vous qui vous déclarez «populiste», comment vous apparaît une figure comme celle de Donald Trump, autour de laquelle se sont alliés le peuple déclassé et une partie des Américains les plus puissants du pays ?
« Plus le méchant est réussi, disait Hitchcock, plus réussi est le film. » De ce côté, Donald Trump est le client idéal. Il incarne en effet, jusque dans sa coiffure, tous les traits de l'« homme que vous aimerez haïr ». Il reste cependant un mystère à résoudre. Par quel miracle celui qui est censé ainsi symboliser, selon le Monde, l'essence même du capitalisme le plus sauvage peut-il coaliser contre lui, du matin jusqu'au soir, la quasi-totalité de ce que Marx appelait la « presse aux ordres de la Bourse » (y compris de sa « brigade du rire », de Yann Barthès à Karl Zéro) ?
C'est sans doute que celle-ci ne lui pardonne pas d'avoir eu le mauvais goût d'utiliser dans sa campagne électorale un peu trop d'éléments de langage « anticapitaliste ». Mais que ces chiens de garde se rassurent ! Trump - bien que, contrairement à Fillon, il sache en effet parler aux travailleurs - n'a probablement jamais eu la moindre intention de remettre vraiment en cause le Tafta ou la tyrannie de Wall Street (les choses sont peut-être un peu différentes sur le plan géopolitique).
Et, si même il poussait l'incohérence jusqu'à vouloir faire quelques pas dans cette direction - hypothèse peu plausible -, nul doute que le système saurait très vite lui rappeler les limites à ne pas dépasser. C'est qu'on ne plaisante pas avec ce genre de choses au pays des Kennedy et des Martin Luther King. [...]"
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html
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I-Média S03E48 : « Sextape » Russe de Trump, l’orgie d’intox
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« La proposition de révision de la loi Taubira de François Fillon est malheureusement très minimaliste »
Entretien avec Ludovine de La Rochère
« Familles je vous aime » sous ce titre en forme de déclaration d'amour, Ludovine de La Rochère, présidente de La Manif Pour Tous, vient de publier un véritable manifeste de la résistance à la dissolution de la famille et de la société. Monde&Vie l'a rencontrée.
Quel est l'objet de votre livre et pourquoi le publier aujourd'hui ?
Plus que jamais, il y a lieu d'expliquer et de rappeler, à temps et à contretemps, l'importance de la famille pour les personnes et pour l'ensemble de la société, en essayant de renouveler la vision que nous en avons et celle de l'acte politique la concernant.
Dans votre livre, vous faites la différence entre « la » famille et « les » familles, selon la nouvelle terminologie choisie par le ministre lui-même. En quoi cette différenciation est-elle importante ?
C'est Laurence Rossignol, en effet, qui a changé le nom du ministère de la famille pour en faire celui « des familles ». Ce changement exprime sa volonté de promouvoir, parallèlement à la conception traditionnelle de la famille fondée sur la filiation père-mère-enfant, d'autres manières de vivre ensemble sous le même toit découlant du choix de personnes, de même sexe ou de sexes différents, avec des enfants qui ne sont pas nés de leur union. On présentera comme une « famille », par exemple, un couple qui a acheté un enfant en payant une mère porteuse et s'est engagé à s'en occuper or, un tel couple constitue un foyer, mais il s'y trouve deux pères ou deux mères - ce qui n'est pas nécessaire à l'enfant - et il y manque un père ou une mère - dont il a, au contraire, fondamentalement besoin. Tout cela n'est pas fondé sur la réalité de notre humanité, mais sur l'utilisation et le détournement de techniques. Une telle structure ne correspond pas à la filiation réelle de l'enfant, ni à ce qui est le plus souhaitable pour lui. En appelant son ministère « ministère des familles », Madame Rossignol promeut ces autres manières d'organiser et de « créer » artificiellement une famille. Les pouvoirs publics se désintéressent ainsi de la famille au sens classique et actuel du terme, alors que plus de 75 % des enfants vivent avec leurs deux parents.
Vous soulignez en effet dans votre livre que 73 % des couples mariés restent unis. D'où vient alors que le mariage soit tellement décrié dans les milieux officiels et présenté comme un archaïsme ?
Dans l'esprit d'un certain nombre de personnes, et notamment de responsables poli* tiques, la famille est un heu d'injustice qui transmet des inégalités, notamment entre homme et femme. Aux yeux de ces responsables, l'inégalité et l'injustice consistent aussi à dire à un enfant qu'il est un garçon ou une fille. Se laisser imposer son identité sexuelle et accepter de rentrer dans la filiation père-mère-enfant constituerait selon eux une, entrave à notre liberté et la famille fondée sur la filiation père-mère-enfant correspondrait donc à un schéma archaïque, à la fois inégalitaire, injuste et liberticide.
Qu'en est-il des familles « recomposées » après un divorce ?
Ces familles sont recomposées du point de vue du nouveau couple qui s'est formé, mais l'enfant lui-même ne vit plus dans sa propre famille, qui s'est, elle, décomposée. Sans porter de jugement, force est de constater que ces situations diffèrent de la famille traditionnelle et ne sont pas sans conséquences.
Vous insistez dans votre livre sur l'importance du couple. Au contraire, comme vous le rappelez, l'ancien ministre de la famille Dominique Bertinotti, par exemple, privilégiait l'enfant par opposition au couple parental. Par volonté d'affaiblir le mariage ?
Cette opposition dénote une tout autre conception de la famille. On fait mine d'être centré sur l'enfant, que l'on prétend placer au cœur de la famille, mais en réalité l'on crée autour de lui un univers instable, puisque ce n'est plus le couple - c'est-à-dire ses parents - qui est à l'origine de la famille. Sous prétexte de veiller à l'équilibre de l'enfant, l'on feint de croire que ceux dont il a le plus besoin, son père et sa mère, sont sans importance, puisqu'ils peuvent être remplacés par un beau-parent, voire par une deuxième personne de même sexe. L'inter-LGBT voudrait même que l'on puisse mettre auprès de lui autant de parents qu'on le souhaite. En réalité, les besoins les plus élémentaires de l'enfant sont complètement évacués. D s'agit d'une conception totalement nouvelle aussi de la parentalité (un terme lui-même nouveau), conçue comme un choix de se considérer comme parent et enfant, uniquement fondé sur l'affectif et la volonté. On mise tout sur ce lien affectif, qui est pourtant d'autant plus fragile qu'il n'est pas cohérent avec le biologique, le culturel, le social, le spirituel, etc. Au contraire, dans la filiation au sens classique du terme, il existe une cohérence entre toutes les dimensions de la personne humaine et du lien parents-enfant, qui le rend solide. Même si je ne vois plus ma mère et que je suis brouillé avec elle, elle restera ma mère et je pourrai toujours la retrouver, même à la fin de sa vie. C'est toute la différence avec le simple lien affectif. Or, l'enfant a besoin de cette solidité et de cette stabilité, comme il a besoin d'un schéma psychique qui corresponde à la réalité de son origine. C'est en cela que la PMA pose problème, de même que la GPA on voit très bien à travers les débats sur l'anonymat du don de gamètes à quel point la filiation inconnue est une source de souffrance.
Vous souhaitez sortir du schéma habituel de la politique familiale - allocatif et fiscal, écrivez-vous -pour prendre en compte les champs juridique, éducatif, anthropologique et bioéthique. Mais n'est-il pas dangereux de laisser l'État s'immiscer davantage encore dans la famille ?
À vrai dire, c'est ce qu'il fait déjà, très fortement et sous un prisme idéologique. L'État prend beaucoup de décisions - en matière de bioéthique, de santé.. -, sans jamais tenu-compte de leurs conséquences sur la filiation, ni sur la famille, donc de leur impact humain. Ces sujets - tels que la PMA - ne sont traités que sous leur aspect technique, alors qu'ils concernent les personnes et les liens qui les unissent, la famille et finalement la société elle-même, qui est une famille de familles. Pourtant l'État ne développe aucune vision d'ensemble de ce que pourrait être une politique familiale. Au contraire, beaucoup d'actions sont conduites à rencontre du respect de la famille. Celle-ci n'est pas une fin en soi, mais, placée à l'articulation entre la personne et la société, elle reste la cellule dont tout enfant et tout jeune a besoin pour se préparer à être autonome et adulte, avant de la quitter pour éventuellement fonder ensuite sa propre famille.
Lors de la récente primaire de la droite et du centre, Jean-Frédéric Poisson, seul candidat à vouloir l'abrogation de la loi Taubira, a réalisé un score assez maigre par rapport à ce que l'on aurait pu attendre d'une mobilisation des participants à La Manif pour tous. Cela n'affaiblit-il pas votre mouvement ? Finalement, entre les propositions d'Alain Juppé et celles de François Fillon, qui propose l'adoption simple par les homosexuels plutôt que l'adoption plénière, la différence n'est pas énorme, tous deux admettent que l'enfant puisse être élevé par deux personnes de même sexe...
La proposition de révision de la loi Taubira formulée par François Fillon est malheureusement très minimaliste. Mais elle permet que ce débat extrêmement important reste dans l'espace public et continue de faire l'objet d'une réflexion. La loi Taubira ne pourra pas être vraiment révisée ou abrogée si sa légitimité n'est pas remise en cause de manière permanente et ne fait pas l'objet d'un débat lui aussi permanent. Le danger serait que, « Fillonmania » ambiante aidant, certains en viennent à se dire que la position de François Fillon est finalement acceptable et qu'il vaut mieux en rester là. Or, humainement parlant, il n'est pas possible d'en rester là, puisque cela reviendrait à admettre que le mariage peut concerner deux hommes ou deux femmes - en contradiction avec le vrai sens du mariage -et qu'un enfant peut être élevé par deux personnes de même sexe, ce qui revient à le priver de père ou de mère pendant sa petite enfance, son adolescence et sa jeunesse. Un enfant n'a cure de ce qui est inscrit sur son état-civil, il a besoin d'une maman et d'un papa. Les propositions de François Fillon sont donc très insuffisantes, mais si Sarkozy ou Juppé avaient été élus lors de cette primaire, il serait sans doute plus difficile de continuer à débattre, informer et former sur le sens du mariage, le nécessaire respect de l'intérêt supérieur de l'enfant et le respect de notre humanité, homme-femme et père-mère-enfant.
Eu égard à ses prises de position sur la famille et la société, il aurait évidemment mieux valu que Jean-Frédéric Poisson recueille davantage de voix, mais je crois que les observateurs ont compris que de nombreux votes se sont portés vers ceux qui avaient une chance d'être choisis à l'issue de la primaire et donc d'être demain président de la République. Autrement dit, les résultats obtenus par les candidats à la primaire ne reflètent pas l'état de l'opinion sur les questions du mariage, de la filiation et de la société. Plus généralement, les propositions de François Fillon concernant la famille, aussi bien du point de vue anthropologique que sous les aspects plus techniques, sont dépourvues de cohérence et de profondeur. Il y manque une vraie réflexion que le transhumanisme, notamment, mais aussi la logique matérialiste et le libertarisme qui prévalent depuis des années, rendent pourtant extrêmement urgente. Quand François Fillon dit qu'il faut mettre la famille au cœur des politiques publiques, c'est une belle déclaration, mais cela reste insuffisant c'est au cœur de la politique elle-même qu'il faut la placer, puisque la finalité de la politique, c'est l'homme ! C'est pourquoi La Manif Pour Tous continuera à travailler sans se décourager sur ces sujets.
Propos recueillis par Eric Letty monde&vie 12 janvier 2017
Ludovine de La Rochère, Familles je vous aime, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 189 p., 18,90 €.
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Une promenade en Provence avec Pagnol - Orages d'acier - 15/01/2017
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C’est ainsi que naît l’esprit fasciste
« On n’a pas coutume d’écrire ses Mémoires à trente ans ». Robert Brasillach semble s’excuser de rassembler ses souvenirs dans Notre avant-guerre, qu’il publie chez Plon en 1941, et il ajoute : « je voudrais qu’on pût lire ce livre comme un roman, comme une suite d’éducations sentimentales et intellectuelles ; je voudrais qu’on pût le lire comme une histoire plus vaste que la mienne, encore que je désire m’en tenir à ce que j’ai vu ». Il nous raconte donc sa jeunesse durant l’entre-deux-guerres, de l’École normale supérieure à la ligne Maginot, et nous découvrons un petit groupe d’amis, qui se connurent à l’école, travaillèrent pour les mêmes revues et voyagèrent ensemble, dans l’Italie mussolinienne ou encore l’Espagne de l’après guerre civile: leur histoire est bien sûr une célébration de l’amitié mais elle est surtout indissociable de la grande histoire. Car Robert Brasillach est un témoin attentif de son époque. Dans le cinquième chapitre, qu’il intitule « J’avais des camarades », il décrit le Front populaire comme une épisode odieux et grotesque qui saisira « plus tard les historiens de stupéfaction, de rigolade et de honte »:
Des grèves partout. Dans le Vaugirard que nous habitions encore, nous nous heurtions aux quêteurs, aux quêteuses. Les fenêtres étaient décorées avec des drapeaux rouges, ornés de faucilles et de marteaux, ou d’étoiles, ou même, par condescendance, d’un écusson tricolore. Par réaction, le 14-Juillet, les Patriotes pavoisèrent aux trois couleurs dans toute la France, sur l’instigation du colonel de La Rocque. Les usines, périodiquement, étaient occupées. On enfermait le directeur, les ingénieurs, et les ouvriers ne quittaient pas les lieux: cela se nommait « la grève sur le tas ». À la porte, un tableau noir où l’on inscrivait les jours de grève. À l’intérieur, des groupes très photogéniques avec des joueurs d’accordéon à la manière des films russes. Premier ministre depuis juin, M. Blum se lamentait, pleurait deux fois par mois à la radio, d’une voix languissante, promettait l’apaisement, des satisfactions à tous. On publiait, on republiait ses fausses prophéties, ses erreurs innombrables, on rappelait ses livres de jeunesse, son esthétisme obscène et fatigué. En même temps, le 18 juillet, dans l’Espagne affaiblie par un Front populaire plus nocif, éclatait une insurrection de généraux qui devait devenir aussitôt à la fois une guerre civile et une révolution nationaliste. Les communistes manifestaient pour l’envoi à Madrid de canons et d’avions, afin d’écraser le « fascisme », organisaient le trafic d’armes et d’hommes, criaient « Blum à l’action! » et conjuguaient ainsi leur désir de guerre à l’extérieur et d’affaiblissement à l’intérieur.
L’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (A.E.A.R.) avait eu de beaux jours. Couverts d’honneurs, ses membres se promenaient volontiers avec la rosette de la Légion d’honneur sous le revers du veston: ainsi prouvaient-ils leur indépendance vis-à-vis du régime. Le mois de mai 1936 libéra ces consciences scrupuleuses, et les promotions, par une grâce divine, commencèrent en même temps de pleuvoir. La Maison de la Culture était née. C’était une vraie maison d’ailleurs, sise rue de Navarin, avec patente et pignon sur rue. Devant « le péril réactionnaire » elle s’appuyait sur un funambulesque Comité de Vigilance antifasciste où brillaient les professeurs Langevin, Perrin, Joliot-Curie. On vit s’y précipiter toute la littérature du temps, ou peu s’en faut. En même temps, avec l’argent des marquises rouges, se fondait un étonnant journal, Vendredi. […] Le journal était fort ennuyeux, et d’un accent de pion tout à fait caractéristique de ces belles années.
Car la fausse révolution de 1936 fut bien une révolution d’intellectuels. Précipités sur les prébendes, ils n’en tirèrent rien que des rapports et des thèses. Les humoristes eux-mêmes perdaient tout sens du comique. Le vieux journal anarchiste que nous avions lu, le Canard enchaîné, expulsait la plupart de ses collaborateurs coupables d’esprit frondeur, devenait strictement « Front populaire », et flirtait ouvertement avec les staliniens. On paya des sommes folles, à l’Exposition de 1937, pour montrer des spectacles collectifs absolument inouïs: la Naissance d’une cité, de J.-R. Bloch, où il y avait plus d’acteurs que de spectateurs, Liberté, composé en collaboration par douze écrivains, qui avaient chacun traité à leur façon un épisode de l’histoire de France: après une Jeanne d’Arc burlesque, un entretien scolaire entre Pascal et Descartes sur le coeur et la raison, tout s’achevait sur l’apothéose du serment du 14 juillet 1935 pour « défendre les libertés démocratiques ». Car tel était le sens de l’histoire.
Des écrivains de talent se mêlaient parfois à ces jeux. Le plus en vue était André Malraux, dont nous avions lu les sombres, brumeux et durs romans, apologies de la souffrance et du sadisme intellectuel, remplis de tortures chinoises et du crépitement des mitrailleuses, les Conquérants, la Condition humaine: il faisait du recrutement officiel pour l’Espagne rouge, et il fut même lieutenant-colonel commandant l’escadrille España. Devant sa gloire, les autres boute-feux au coin du feu pâlissaient. Mais ils se faisaient une raison en croyant atteindre à l’action, en croyant aller au peuple ils levaient le poing dans des meetings, et Jean Guehenno, un peu plus tard, devait écrire là-dessus quelques pages de cornichon sincère, et quasi-repentant. C’était le temps où dans une réunion sur l’art, si un « peintre du dimanche » déclarait qu’il était communiste, qu’il faisait la grève quand il le fallait, mais que lorsqu’il peignait, il aimait à peindre sa femme ou sa fille plutôt que d’exalter la conscience de classe, il se faisait huer. C’était le temps où Aragon et Jean Cassou déploraient qu’on ne pût dire si une toile avait été peinte avant ou après le 6 février (ces phrases extraordinaires ont été réellement dites, et pensées) et expliquaient la décadence de l’art par les sales gueules des « deux cents familles ».
Car la France était gouvernée par une oligarchie de « deux cents familles ». Aux entrées de métro, les vendeurs criaient: –Demandez la liste officielle et complète des deux cents familles. Nul ne s’étonnait de cette annonce énorme et bouffonne. Les bourgeois blêmissaient, pensaient qu’ils seraient sauvés tantôt par le P.S.F. et tantôt par les radicaux, donnaient aux quêteurs rouges, se laissaient arrêter sur les routes, et avaient une belle frousse. Rares étaient ceux qui faisaient le coup de poing avec les grévistes: il y en avait pourtant, et à qui personne n’osait toucher. D’autres étaient plus mûrs pour les révolutions qui, il faut bien le dire, ne sont pas imméritées pour tout le monde. Dans une entreprise que je connais, on reçut avis que les Rouges viendraient « attaquer » un samedi après-midi. C’était l’été, le patron était sur son yacht. Il téléphona qu’il accourait, et que quelques employés fussent prêts à défendre le capitalisme. Des camarades vinrent donc, avec un petit arsenal, tout l’après-midi. Point d’assaillants. Point de patron non plus. Le lundi suivant, il apparut pourtant, et, doucement railleur, il déclara: -Alors, vous avez été en état d’alerte pieuse, samedi?
On ne s’étonnera pas si, pris entre le conservatisme social et la racaille marxiste, une bonne part de la jeunesse hésitait. Les triomphes de 1936 révélaient des justices abominables, aidaient à comprendre certaines situations, faisaient espérer des réformes nécessaires et justes. Toutes les grèves, surtout celles du début, où il y eut parfois une joie, une liberté, une tension charmantes vers la délivrance, vers l’espoir, n’étaient pas injustifiées. Nous savions bien qu’aucune conquête ouvrière n’a jamais été obtenue de bon gré, que les patrons ont gémi qu’ils allaient à la ruine lorsqu’on établit sous Louis-Philippe la journée de onze heures et l’interdiction pour les enfants de moins de douze ans de travailler la nuit. Nous savions bien que rien n’a été fait sans la lutte, sans le sacrifice, sans le sang. Nous n’avons pas d’intérêt dans l’univers capitaliste. Le fameux « souffle de mai 1936 », nous ne l’avons pas toujours senti passer avec hostilité dans une atmosphère de gabegie, d’excès, de démagogie et de bassesse, inimaginable. C’est ainsi que naît l’esprit fasciste.
On le vit naître. Nous l’avons vu naître. Parfois, nous assistions à ces incroyables défilés de 1936, ces vastes piétinements de foules énormes, entre la place de la République et la place de la Nation. De l’enthousiasme? Je n’en suis pas sûr. Mais une extraordinaire docilité: c’est vers un but rouge et mystérieux qu’allait le destin français, et les passants levaient le poing, et ils se rassemblaient derrière les bigophonistes libres penseurs, les pêcheurs à la ligne antifascistes, et ils marchaient vers les colonnes de la place du Trône décorés de gigantesques drapeaux. On vendait de petits pantins: le colonel de La Rocque. On promenait, à la mode russe, des images géantes: les libérateurs de la pensée, Descartes, Voltaire, Karl Marx, Henri Barbusse. C’était bouffon et poussiéreux, l’esprit primaire devenu maître de tout. Et pourtant, si, aux quêteurs de juillet 36, on répondait: « Non, camarade, je suis fasciste », nul n’insistait. La mode du salut à la romaine faillit même devenir courante, non par goût, mais par riposte, quand les communistes défilaient le poing tendu vers l’Arc de Triomphe. On leva le bras, on chanta la Marseillaise. L’esprit nationaliste réclamait ses rites, et les moscoutaires essayaient de les lui chiper, en chantant, eux aussi, la Marseillaise et en se parant de tricolore, et en déclarant lutter contre le fascisme menaçant, pour les libertés françaises. Ainsi parlait Maurice Thorez, député communiste, depuis déserteur. Drôle d’époque.
Dans un monde parallèle, Notre avant-guerre serait considéré comme un classique du vingtième siècle. Mais voilà: il a été écrit par Robert Brasillach. Notre avant-guerre est donc un livre maudit, qu’on ne trouvera jamais par hasard dans une bibliothèque ou dans une librairie. Il ne sera jamais étudié en classe de français, ni même en histoire. Les pontes de l’Éducation nationale ne pourraient permettre, en effet, que ce livre magnifique tombât entre des mains innocentes: il fait trop joliment l’éloge de l’esprit fasciste, présenté comme « l’esprit même de l’amitié, dont nous aurions voulu qu’il s’élevât jusqu’à l’amitié nationale ». L’écriture est trop belle, l’anticonformisme de l’auteur est trop dangereux.
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Protectionnisme : une donnée essentielle de l’économie de demain ?
Nations phares de la pensée libérale, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont toujours eu le souci de la protection de leurs industries stratégiques…
Comme l’expliquait l’économiste Frédéric Bastiat, en économie, « il y a ce qu’on voit, et ce qu’on ne voit pas ». Si la mondialisation des échanges est un phénomène naturel, rendu inévitable par les progrès techniques (transports et communications, notamment), elle ne saurait être totalement incontrôlable. Utilisons une image toute simple : les bateaux sont libres de parcourir les mers mais ils sont soumis à des contrôles quand ils s’aventurent hors des eaux de leurs territoires. L’évidence même. Pourquoi faudrait-il, alors, défendre un système de libre-échange total qui ne serait, en outre, appliqué qu’aux populations vivant dans l’Union européenne ?
Nations phares de la pensée libérale, les États-Unis et le Royaume-Uni ont toujours eu le souci de la protection de leurs industries stratégiques, plus encore aujourd’hui avec l’élection de Donald Trump et le triomphe du Brexit qui a porté Theresa May au 10 Downing Street. Privilégiant l’économie dite de la connaissance, les nations occidentales se sont progressivement désindustrialisées. Pour l’année 2014, le déficit commercial des États-Unis s’élevait à 505 milliards de dollars (la Chine est le premier exportateur, le Mexique est le troisième exportateur). On pourrait donc craindre que les mesures protectionnistes envisagées par Donald Trump puissent avoir des conséquences potentiellement néfastes pour l’économie américaine. Or, il n’en sera rien. Pour des raisons qu’ignorent la plupart de nos dirigeants : l’économie dépend de l’humain.
Il ne saurait être question de vases communicants. En prenant le pari de l’optimisme actif, Donald Trump s’inscrit parfaitement dans la tradition des pionniers et répond à un profond inconscient euro-américain.
« General Motors envoie des modèles de Chevy Cruze fabriqués au Mexique aux vendeurs de voitures américains sans payer de taxes en passant la frontière. Fabriquez aux États-Unis ou payez beaucoup de taxes frontalières ! » disait ainsi Donald Trump le 3 janvier dernier. L’intelligentsia politico-économique basée à Washington pourra toujours grincer des dents face au retour des protections tarifaires, elles font déjà la preuve de leur efficacité. Immédiatement après ce message, Ford annonçait annuler la construction d’une usine d’assemblage de voitures au Mexique et utiliser une partie des 1,6 milliard de dollars de budget sauvés pour investir dans une usine de fabrication de véhicules hybrides et électriques à Flat Rock, dans le Michigan. Un investissement créant 700 emplois…
La donne est un peu différente pour nous, pauvres Français. Les standards de l’Union européenne nous interdisent de prendre de telles mesures et nous regardons nos usines automobiles s’exporter au Maghreb sans pouvoir lutter. Un haut fonctionnaire de gauche, qui a souhaité conserver l’anonymat, l’expliquait à bastamag, déclarant qu’en l’état actuel des choses, une « sortie de l’Union européenne » serait sans doute « nécessaire afin d’instaurer une base légale incontestable à la préférence nationale » et, bien sûr, à la mise en œuvre d’une forme de protectionnisme intelligent. Entendons bien que le protectionnisme, intelligemment pensé, ne revient absolument pas à isoler la France ou à la fermer au commerce mondial mais, tout au contraire, à la rendre compétitive !
Le but de la manœuvre est clair : façonner la France de demain, reconstituer une partie de son tissu industriel, conserver ses secteurs stratégiques, repartir sur des bases saines et encourager l’innovation. Le protectionnisme ne s’oppose pas à l’économie de marché. Je serais même tenté d’écrire qu’il en est le garant.