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  • Rioufol à Joffrin : «Le nationalisme n’est pas la guerre, c’est le multiculturalisme qui est la guerre»

    Ivan Rioufol sur le nouveau gouvernement italien Salvini-DiMaio : «Je comprends le désarroi de Laurent Joffrin (Libération) car c’est tout un monde qui s’effondre devant lui (…) C’est le réveil des peuples, des nations, des fiertés, des frontières, qui se manifeste en Israël comme en Italie où on assiste dans le fond à l’insurrection des peuples. Je trouve ceci formidablement encourageant. (…) Les Italiens se libèrent de la pensée unique qui forçait à se plier à des diktats technocratiques, européistes ou comptables (…) Cessez de dire que le nationalisme c’est la guerre. Aujourd’hui, c’est le multiculturalisme qui est la guerre. Vous avez là le réveil d’un peuple occidental qui ne veut pas être submergé par une culture extra-européenne parce que ce malaise italien, c’est naturellement la gestion de l’immigration, la place de l’Islam et la place du multiculturalisme
    – CNEWS, 19 mai 2018, 19h25

    http://www.fdesouche.com/1008295-rioufol-a-joffrin-le-nationalisme-nest-pas-la-guerre-cest-le-multiculturalisme-qui-est-la-guerre

  • Mai 68 • Les acteurs de la contestation [2]

    Guerre contre eux-mêmes ... 

    Par Rémi Hugues 

    Dans le cadre de la sortie de son ouvrage Mai 68 contre lui-même, Rémi Hugues a rédigé pour Lafautearousseau une série dʼarticles qui seront publiés tout au long du mois de mai.

    Les auteurs de Génération. Les années de rêve, Hervé Hamon et Patrick Rotman, ont dressé une longue liste des protagonistes de Mai 68. Nous reprenons ce qu’ils disent du milieu familial et social de chaque acteur.

    Jeannette Pienkny 

    Jeannette Pienkny, qui était la seule femme membre du bureau national du Mouvement de la jeunesse communiste au moment du XIVème Congrès du P.C.F., qui eut lieu au Havre en juillet 1956. Vingt ans plus tôt son père arrive en France. « Juif polonais, né à Lodz, il fut dirigeant de la Jeunesse communiste. Repéré par la police, il fuit en Allemagne, milite au P.C., que Hitler entreprend de démanteler. Arrêté durant un meeting, il est condamné, incarcéré. À peine libéré, il gagne Paris. À la déclaration de guerre, comme beaucoup d’immigrés d’Europe de l’Est, il s’engage. Il est fait prisonnier, revient en 1945. Jeannette ne découvre qu’alors son père. Elle a sept ans. Les souffrances et les déchirements intérieurs s’agrippent au cœur comme l’étoile jaune s’accroche à la poitrine : descentes de la milice, camps de réfugiés, ballottements d’autant plus effrayants qu’incompréhensibles. […] Chez les Pienkny, on parle yiddish ; la mère est couturière à domicile, le père ne ʽʽfaitʼʼ plus de politique, mais il en parle du matin au soir. Cet étrange assemblage d’éducation communiste et de culture juive – non religieuse – est au début des années cinquante le terreau commun de la bande que fréquente Jeannette. […] Pour ces jeunes juifs, l’antifascisme est incarné par le parti communiste. »[1] 

    Michèle Firk 

    L’une des grandes amies de Jeannette Pienkny s’appelle Michèle Firk : « Juive comme cette dernière – sa famille avait fui les pogroms d’Europe orientale au début du siècle –, elle a connu les persécutions raciales de la guerre. […] À dix-neuf ans, en 1956, elle prend sa carte du parti communiste ; mais son besoin d’action, son dégoût viscéral devant les horreurs de la guerre d’Algérie la détournent d’un engagement trop timoré à ses yeux. Elle entre dans les réseaux de soutien au F.L.N. »[2]

    Jean Schalit 

    Jean Schalit a des origines russes « mais son arrière-grand-père était le secrétaire de Théodore Hertzl, le fondateur du sionisme – d’ailleurs il fut l’un des douze pionniers qui émigrèrent en Palestine à la fin du XIXème siècle. […] Une branche de la famille a réussi dans la presse et possède la Société parisienne d’édition qui publie Bibi Tricotin, les Pieds nickelés, l’almanach Vermot. Mais le père de Schalit, par esprit d’indépendance, préférait travailler dans un journal économique, L’information. Homme de gauche, il a collaboré au cabinet de Léon Blum en 1936. Après la guerre, la Résistance, il dirige une publication de la C.G.T. […] En 1952, la police soviétique ʽʽrévèleʼʼ que des médecins voulaient assassiner Staline. Le compagnon de route se rebiffe ; il ne croit pas un mot de ce complot des ʽʽblouses blanchesʼʼ où les praticiens accusés ont surtout le défaut d’être juifs. Il s’éloigne du communisme au moment où son fils Jean, quinze ans, s’en approche. […] Communiste de marbre, il n’hésite pas à vendre, seul,LʼHumanité aux portes de l’institut d’études politiques où il est admis à la rentrée universitaire de 1956. Les chars russes tirent sur les ouvriers de Budapest, mais il reste fidèle comme un roc. […] Bientôt propulsé au bureau national de lʼU.E.C., il est chargé du journal Clarté »[3], qui est l’organe de la branche étudiante du PCF. 

    Serge July 

    Serge July, qui n’est pas adhérent à lʼU.E.C., est cependant un lecteur assidu de Clarté. Il a pour meilleur ami René Frydman, qui est étudiant en médecine. « July et Frydman se connaissent depuis le lycée Turgot, où ils étudiaient ensemble, et sont demeurés très liés. […] Imitant la moitié de leur classe, ils suivent les initiatives du M.R.A.P., un mouvement contre le racisme particulièrement actif dans leur quartier où les élèves d’origine juive sont nombreux – les parents de Frydman, immigrés de Pologne, se sont établis dans la confection. Le père July, lui, est un ingénieur des Mines, radical-socialiste, libre penseur et sceptique, qui n’essaie pas d’inculquer à son fils une quelconque orthodoxie politique. Pas plus que sa mère, catholique bretonne qui travaille chez Lelong, un atelier de haute couture. C’est elle qui l’élève, ses parents étant séparés. »[4] 

    Roland Castro 

    Roland Castro, né en 1940 à Limoges, étudiant aux Beaux-Arts et militant au Parti socialiste unifié (P.S.U.), se rappelle avoir dit, à propos du départ de Pierre Mendès France de la fonction de président du Conseil, en 1955, « lui qui est juif d’une lignée de juifs espagnols et grecs : eh oui, ils triomphent. Ils ont flanqué dehors le petit juif qui les dérangeait tant. Mais les petits juifs, tôt ou tard, rentrent par la fenêtre...ʼʼ »[5] Son père est « issu de la diaspora juive espagnole installée en Grèce, est né à Salonique. Mais, encore jeune homme, il émigre en France où il pénètre avec de faux papiers. Devenu représentant de commerce, il épouse à Lyon une juive grecque également de Salonique. Amoureux de son pays d’accueil, il s’engage en 1939 »[6] du côté de la France contre l’Allemagne nazie. Ania Francos, qui est la « fille d’un père russe et d’une mère polonaise, cachée de famille en famille durant lʼOccupation, faisait partie de la bande d’adolescents juifs qui se retrouvaient, le samedi et le dimanche, place de la République. »[7]  (Dossier à suivre)  

    [1]Ibid. p. 48-49.

    [2]Ibid., p. 52.

    [3]Ibid., p. 53.

    [4]Ibid., p. 127.

    [5]Ibid., p. 76.

    [6]Ibid., p. 119.

    [7]Ibid., p. 89.

    L'ouvrage de l'auteur ...

    (Cliquer sur l'image)

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    Retrouvez les articles de cette série en cliquant sur le lien suivant ... 

    Dossier spécial Mai 68

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Au-delà des midinettes en pâmoison

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    Georges Feltin-Tracol

    Hier, samedi 19 mai 2018, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord a célébré les noces du prince Henry Charles Albert David, fils cadet du prince de Galles Charles, et de l’actrice Rachel Meghan Markle. Ces prénoms ne sont pas anodins. Ils rappellent un tropisme davidique sous-jacent puisque, selon certains cénacles occultistes, les souverains d’Angleterre seraient les héritiers des rois d’Israël de l’Ancien Testament.

    Par-delà l’aspect sentimental qui fait tressaillir les midinettes lectrices de Point de Vue – Images du Monde, ce mariage n’est nullement anecdotique, surtout quand il concerne la monarchie britannique. Celle-ci n’hésite jamais à passer des compromis avec les oligarchies cosmopolites afin de conserver ses acquis matériels et moraux.

    En avril dernier, malgré l’opposition véhémente du travailliste républicain Jeremy Corbyn, les 53 chefs d’État et de gouvernement décidaient par consensus de désigner le prince de Galles comme prochain Chef du Commonwealth. Vestige anachronique de l’Empire colonial britannique, le Commonwealthdilue lentement les identités autochtones brittoniques dans un mondialisme anglo-saxon. C’est dans cette perspective que la cérémonie de demain satisfera une nouvelle fois la « super-classe » planétaire.

    En accueillant une mulâtre, les Windsor montrent aux bien-pensants qu’ils entérinent l’actuelle submersion migratoire des Îles Britanniques et encouragent l’avènement dans les prochaines décennies d’une Babel métissée. Dès à présent pourchassées par les juges, les idées euro-identitaires passeront bientôt pour des actes de « terrorisme intérieur »; leurs promoteurs sont déjà en détention ou expulsés.

    D’origine étatsunienne, Rachel Meghan Markle renforce de facto les liens transatlantiques entre Londres et Washington, surtout si la parenthèse Donald Trump se referme rapidement pour cause de démission ou de destitution. De trois ans plus âgée que son époux, Meghan Markle, divorcée, ravit les franges les plus rances du féminisme. Celles-ci se scandalisent quand un homme fréquente une femme bien plus jeune que lui. Elles applaudissent en revanche le phénomène contraire médiatisé par les « cougars » du show biz et de Hollywood.

    La dynastie anglaise a l’habitude de se plier aux injonctions conformistes. En attendant que le palais de Buckingham soit le théâtre d’un mariage de même sexe ou d’une GPA, la City, ce repaire de la haute-canaille financière internationale, demeure plus que jamais le plus solide pilier sur lequel repose une monarchie usurpatrice, otage consentant du parlementarisme, de la ploutocratie et du règne absolu des partis politiques.

    Dans cette famille dont le cœur penche à gauche et qui s’adonne aux attitudes fantasques les plus mièvres, le membre le plus digne reste encore, pour paraphraser Georges Dumézil quand il parlait des Orléans, la reine Élisabeth II d’Angleterre.

    Bonjour chez vous !

    • « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°79, diffusée sur Radio-Libertés, le 18 mai 2018.

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  • Une honte!

  • BRUXELLES ENTERRE LA LANGUE DE MOLIÈRE : L’ULTIME HUMILIATION ?

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    Dans l’Europe post-Brexit, la France serait-elle en passe de passer de poule aux œufs d’or à dindon de la farce ? C’est, en tout cas, ce que l’on pourrait croire à la lecture d’un article sidérant de Politico en date du 7 mai 2018.

    Contributrice nette au budget européen à hauteur d’environ neuf milliards d’euros, la France ne bénéficie pas, pour autant, des nombreuses ristournes diverses et variées obtenues au fil des années par certains États membres. Un état de fait que l’on pourrait mettre sur le compte du manque de zèle de nos dirigeants successifs à défendre nos intérêts nationaux : au reste, Emmanuel Macron n’est pas près de changer la donne. Le chef de l’État s’est, en effet, déclaré prêt à augmenter les paiements de la France pour compenser les dix milliards d’euros de manque à gagner occasionnés par le départ du Royaume-Uni – et ce, en dépit de la baisse programmée de la PAC et de la politique de cohésion.

    À l’humiliation budgétaire pourrait désormais s’ajouter l’humiliation symbolique. Alors même qu’à l’issue du Brexit, seul 1 % de la population de l’Union européenne sera de langue maternelle anglaise, c’est bien cette dernière que Bruxelles pourrait imposer comme quasi-langue officielle unique. Le français, en perte de vitesse depuis l’élargissement à l’Europe de l’Est, perdrait ainsi son dernier bâton de maréchal, à savoir son statut de « langue de travail », au même titre que l’allemand et l’anglais. Cette demande, au reste absurde au regard de la situation géographique des principales institutions européennes, distribuées au sein de trois États francophones (la Belgique, la France et le Luxembourg), et du fait que 80 % des permanents de la Commission parlent le français, émane de certains représentants de pays de l’Est comme la République tchèque ou la Pologne, mais aussi d’une figure de poids : l’ancien Premier ministre italien Mario Monti.

    Ce dernier camouflet, qui vient s’ajouter au chapelet de couleuvres qu’a dû avaler la France ces dernières années, n’était malheureusement que trop prévisible. Marginalisé, le français est sous-utilisé au sein du Parlement, où le simple fait de requérir une interprétation suffit à vous faire passer pour une marquise – l’interprétation étant, d’ailleurs, purement et simplement écartée pour certaines missions à l’étranger. Au-delà de l’anecdote, il s’agit d’une inégalité de traitement scandaleuse, les députés non anglophones se trouvant de facto exclus de certaines réunions stratégiques, cruciales pour l’avenir de leurs États respectifs. Dernier bastion symbolique : la Cour de justice de l’Union européenne envisagerait, dans un même objectif d’efficacité, de substituer l’anglais au français dans ses délibérations.

    Le combat serait-il « perdu », comme l’affirme le député européen du PPE Alain Lamassoure ? De même qu’on aurait tout essayé contre le chômage, selon le mot fameux de François Mitterrand, ou contre le terrorisme, si l’on en croit le plus novice Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, faudra-t-il, demain, nous incliner devant la suprématie du globish, ersatz de la langue de Shakespeare et incarnation d’une époque confite dans le matérialisme et la médiocrité ? L’attitude d’un Jacques Chirac en 2006 ou, plus récemment, du représentant permanent auprès de l’Union européenne Philippe Léglise-Costa nous démontre qu’il est urgent et possible de convertir enfin notre contribution financière en dividendes politiques et que, face au mépris écrasant dans lequel la France et sa culture sont tenues, la seule réponse possible est celle de la chaise vide.

    http://www.bvoltaire.fr/bruxelles-enterre-langue-de-moliere-lultime-humiliation/

  • ERNST VON SALOMON (Éric de Verdelhan)

    «… Je manifeste toujours tout seul. Mes idées sont trop originales pour susciter l’adhésion des masses bêlantes ataviquement acquises aux promiscuités transpirantes et braillardes inhérentes à la vulgarité du régime démocratique imposé chez nous depuis deux siècles par la canaille régicide… »

           (Pierre Desproges)

    Plus le temps passe et plus j’ai l’impression d’être un étranger, un Patagon, dans mon propre pays : je n’en comprends plus les coutumes, la langue, les traditions, les pseudos-valeurs « ripoux-blicaines ». Cet attachement forcené aux sacro-saints « droits-de-l’homme », cette hystérie qui consiste à défendre bec et ongles un « état laïc » (imposé par les loges) alors que nous sommes, qu’on le veuille ou non, imprégnés par 2000 ans de culture chrétienne, ce goût masochiste pour la repentance et l’auto-flagellation, cette détestation du « petit blanc » au profit d’une faune allogène et bigarrée qui refuse nos lois et brûle notre drapeau.

    Est-ce la date du 13 mai qui me rend morose ? Sans doute : le 13 mai 1958 marque l’une des plus belles manipulations de notre histoire ; le retour aux affaires du « général-micro » pour, parait-il, sauver l’Algérie française. On connait la suite : promesses non-tenues, mensonges, trahisons et, le 19 mars 1962, l’abandon d’un merveilleux « morceau de France » aux égorgeurs du FLN…

    Le 13 mai 1968, dix ans plus tard, c’est autre chose : un caprice d’enfants gâtés, de fils de petits bourgeois, qui crachaient dans la soupe en cassant leurs jouets. La « Grande Zohra »qui, telle une lope, fuyait se réfugier auprès de Massu à Baden-Baden.

    Le seul point positif de cette pantalonnade aura été l’amnistie des défenseurs de l’Algérie française et le retour en France des clandestins de l’OAS. On raconte que cette amnistie aurait été obtenue par Massu, sans doute pour se faire pardonner de s’être défaussé lors du putsch d’Avril 1961 ? D’autres attribuent cette clémence gaullienne à l’insistance de Georges Pompidou, mais peu importe après tout… Depuis, on nous parle régulièrement des« acquis de mai 1968 ».

    Les « accords de Grenelle » sont grandement responsables de notre désindustrialisation, et la fameuse « libération des mœurs » − le droit de « baiser à c. rabattues » avec n’importe qui (les cuistres parlent de « vagabondage sexuel ») − aura provoqué, dans un premier temps, la propagation du SIDA, puis la reconnaissance des invertis, puis les revendications des féministes qui veulent toutes « balancer (leur) porc ». Mai 1968, c’est en effet une bénédiction… pour les fabricants de préservatifs les avocats spécialisés dans le divorce, et les organisateurs de « gay-pride ».

    Les « anciens combattants » de mai 68 − Con-Bandit, Alain Krivine, Serge July, Romain Goupil et quelques autres − sont invités sur les plateaux télé pour raconter « leur guerre », et, pendant ce temps-là, on occulte le centenaire de la Grande Guerre. D’ailleurs, vous aurez remarqué qu’en France, quand on évoque 14-18, c’est toujours pour parler des mutineries de 1917, des fusillés « pour l’exemple », de la chanson de Craonne, des  fraternisations entre communistes français et allemands (1). Et il est important de ne jamais dire un mot − l’omerta totale − sur celui qui mit fin aux mutineries en améliorant et en humanisant le sort des poilus, le général Philippe Pétain.   

    Pourtant la « Grande Guerre » a inspiré quelques grands romans qui marquèrent la littérature du XXème siècle. On pense volontiers aux « Croix de bois » de Roland Dorgelès, à« Ceux de 14 » de Maurice Genevoix, à « La main coupée » de Blaise Cendrars, et, naturellement, à l’extraordinaire « Voyage au bout de la nuit » de Louis-Ferdinand Céline.

    Du côté allemand, la moisson aura été aussi fertile avec, notamment : « Orages d’acier », d’Ernst Jünger et « À l’Ouest rien de nouveau » d’Erich Maria Remarque.

    Mais, pour moi, un autre grand roman mérite d’y être associé : « Les Réprouvés » d’Ernst von Salomon. Un roman que j’ai découvert en 1970, durant mes classes chez les paras, à Bayonne, deux ans à peine avant la mort de son auteur.

    Contrairement aux écrivains précités, Ernst von Salomon, né en 1902, fut trop jeune pour connaître l’enfer des tranchées.

    Il appartenait à la génération des « tard-venus, dont le héros romanesque est Fabrice del Dongo. » Pour autant, son patriotisme n’admettait ni la défaite de l’Allemagne, ni le chaos de la jeune République de Weimar.

    Le personnage principal de son livre lui ressemble comme un frère, comme un clone.

    Il y a, chez ce protestant prussien, un kantien qui ne sommeille pas. L’action qu’il va mener lui sera donc dictée par le devoir qui, non seulement sera désintéressé, mais lui coûtera cinq années de prison. C’est l’illustration, caricaturale, de son idéal moral !

    Ernst von Salomon s’engagera dans ces « Corps Francs » dont beaucoup ignorent aujourd’hui l’existence (2) tant cette période des années 1920 outre-Rhin reste nébuleuse aux yeux des Français.

    Au sein des «Corps Francs», il combattra les Spartakistes à Berlin et les Bolchevistes − c’est ainsi qu’il les nomme − dans les Pays Baltes, en Haute-Silésie.

    Il rejoindra même quelques mois, faute d’avoir trouvé un étendard germanique sous lequel servir, les rangs des Russes Blancs, pour se battre contre les Rouges.

    Ce « soldat perdu » était révolté par le mépris total dans lequel la « populace rouge » et la bourgeoisie, préoccupée par son confort, tenaient  les combattants revenus du front.

    Il ira jusqu’à participer au complot d’un groupe nationaliste qui aboutira, le 24 juin 1922, à l’assassinat de Walter Rathenau, ministre des Affaires étrangères.

    Par facilité intellectuelle, on pourrait attribuer cet engagement radical d’un garçon de 16 ans à un goût d’adolescent pour l’aventure romantique. Ce serait une erreur, car d’autres clés de lecture s’imposent, deux notions fondamentales de la culture allemande qui lui étaient contemporaines.

    D’abord la théorie géopolitique du « Lebensraum » qui fut définie par Friedrich Ratzel (1844-1904) (3) et qui dessinait les frontières du Reich incluant l’Alsace-Lorraine à l’Ouest et de nombreux territoires à l’Est (Autriche, Pologne, Tchéquie, etc.). Cette vision pangermaniste nourrissait, depuis la fin du XIXème siècle, l’imaginaire de beaucoup d’Allemands. Elle survivra à la défaite de 1918 et servira, plus tard, de prétexte à la folie expansionniste d’Adolf Hitler.

    Ensuite, il faut prendre en compte la « masculinité » de la culture allemande (4).

    Une masculinité qui aurait pu s’accommoder d’une « défaite honorable», mais qui ne pouvait accepter l’humiliation imposée par les Alliés (dommages de guerre colossaux, occupation partielle du territoire, désarmement…etc.). Ce sentiment demeure, pour nous Français, difficile à comprendre ; il s’exprime pourtant, inconsciemment, jusque dans les mots de nos langues respectives : notre représentation symbolique de la France est une figure féminine, « Marianne » ou la « Mère-Patrie. »

    D’ailleurs, dans ses « Mémoires de guerre », de Gaulle ne l’imagine pas dans une statue de Vercingétorix ou de Charlemagne, mais dans « la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs ». A l’opposé, le patriotisme allemand fera référence au « Vaterland », symbole résolument masculin qui tient à la fois de la « terre du père » et de la notion de « Père-Patrie ». Ces deux paramètres, négligés par le Traité de Versailles, feront le lit du Nazisme et de la seconde guerre mondiale. Pour autant, Ernst von Salomon, qui était un homme intègre, un pur, un lansquenet, n’adhèrera pas, au parti nazi et se tiendra éloigné du conflit.

    « Les Réprouvés » n’est pas un roman historique. L’histoire lui sert simplement de toile de fond. L’auteur s’y dévoile dans un texte magnifique, noir, sans illusion, parfois cynique. Il y exalte des valeurs viriles d’une manière qui déroutera parfois le lecteur.

    L’extrême-droite européenne en a fait son livre de chevet mais la bonne littérature doit échapper aux classifications partisanes et « Les Réprouvés » appartient définitivement au très grand genre littéraire : il s’affranchit de toute récupération. Le style d’Ernst von Salomon s’impose, exceptionnellement pur, puissant, habité, saisissant même. Il offre au lecteur un plaisir trop rare, celui de découvrir à chaque page un véritable chef-d’œuvre, même si ce terme est aujourd’hui galvaudé. Bien évidement, les imbéciles qui, par idéologie politique, voudraient occulter l’œuvre de Charles Maurras et les pamphlets de Louis-Ferdinand Céline, ne recommanderont jamais la lecture de ce livre magnifique.

    Citons, pour comprendre, un passage, un peu long sans doute, mais très caractéristique de l’état d’esprit de l’époque :

    « Une nuit, pendant ces temps incertains, je rêvai de l’entrée des Français, oui, j’en rêvai, bien que jamais encore je n’eusse vu un soldat français…Soudain ils étaient dans la ville… la flamme raide des drapeaux flamboyants montait droit comme un cri, et comme un cri le chant allègre des clairons dominait le bruit cadencé de leurs pas brefs et martelés – où avais-je vu cela, où entendu cela ?…

    « Cette marche du régiment de Sambre-et-Meuse, cette musique vibrante, endiablée, intrépide, qui clamait sa joie vers le ciel, qui la jetait dans le cœur de l’ennemi, en imprégnait les pierres elles-mêmes et devant elles c’était la fuite, la panique, la terreur sans nom de la fatalité.

    « Démesuré était le mépris railleur, torturant le triomphe insupportable, le rire du vainqueur, du maître, ce rire insultant à la faim, à la misère, aux gémissements, aux derniers soubresauts d’une résistance brisée, désespérée. Puis venaient des colonnes rapides de petits corps bruns, agiles et minces comme des chats, des Tunisiens au pas feutré, qui découvraient des dents d’une blancheur éclatante ; ils se dandinaient et roulaient des yeux vifs et brillants qui lançaient des éclairs. Il flottait autour d’eux comme une senteur de désert, une inquiétude née sous un soleil de feu, sur un sable blanc qui miroite… Derrière eux les spahis dans leurs manteaux flottants au lumineux coloris, sur des chevaux minuscules et tenaces, les spahis, agiles et félins, comme assoiffés de sang. Enfin, noirs comme la peste, sur de longues jambes des corps musculeux, satinés, avec des narines ouvertes et avides dans des faces luisantes, les nègres… Et nous rejetés, piétinés, domptés. Ô Dieu ! Cela ne doit pas être ! Et nous anéantis devant cet élan, nous gisant dans la poussière, réduits à l’obéissance, des vaincus, des déshonorés, des abandonnés, pour qui la gloire est à jamais perdue…. »

    L’humiliation du Traité de Versailles, le pacifisme bêlant de l’après-guerre et le « FrontPopulaire » nous ont amenés, nous Français, à la déculottée de juin 1940. On voulait se persuader, par lâcheté, que la grande boucherie de 14-18 serait « La der des der ». Depuis, on nous a fabriqué le mythe de « la France libérée par elle-même », histoire de donner bonne conscience à un peuple de lâches : ces 40 millions de pétainistes qui, comme par miracle, étaient 40 millions de gaullistes après le débarquement de juin 1944. Alors oui, j’avoue sans la moindre honte que je préfère l’exaltation des valeurs viriles d’Ernst von Salomon aux « marches blanches » pleurnichardes de notre France dégénérescente.

    Éric Zemmour a parfaitement raison quand il dit que, chez nous, « L’homme est devenu une femme comme tout le monde ». Et tant pis si ça irrite la dinde Marlène Schiappa !

    Éric de Verdelhan
    13/05/2018

    (1)- J’en veux pour preuve le dernier film de Jean Becker, « Le Collier Rouge » tiré d’un roman de Ruffin.
    (2)- Lire, sur ce sujet, le livre − remarquable − de Dominique Venner : « Baltikum ».
    (3)- Et non par Adolf Hitler comme des imbéciles se plaisent à l’écrire aujourd’hui.
    (4)- Telle que définie par le sociologue Gert Hofstede.

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  • Trump prive les avorteurs de Planned Parenthood d’une grande part de leur budget

    États-Unis : nouvelle victoire pro-vie

    Il existe aux États-Unis un organisme du nom de Title X family. Créé sous l’ère de Nixon en 1970, son but est d’aider les familles. Il fait partie du service public. Principalement il aide les familles nécessiteuses et porte assistance aux femmes menacées. Mais il s’est mis à subventionner Parenthood (planning) à hauteur de 57,3 millions de dollars. Rappelons que ce groupe pratique 320.000 avortements par an à lui seul. Title X pratiquait aussi des avortements. Beaucoup d’États américains essayent de trouver des moyens par la bande de limiter la nocivité de ces organismes. Cela avait fini par user Cécile Richards, amie d’Hillary Clinton et présidente de Parenthood : elle démissionna. Trump avait d’ailleurs une dent contre elle. Comment cette femme pouvait recevoir de l’argent public pour conjointement subventionner la campagne électorale de Clinton à hauteur de 30 millions de dollars ? Étranges mœurs politiques !

    Trump lors de son élection avait promis d’abolir l’avortement. La trahison d’une quinzaine de parlementaires catholiques avait fait échouer l’abolition de medicaid, système de soins initié par Obama : l’avortement y était inclus. Pour Trump ce qui devait être alors possible de faire, était de supprimer les subventions à la principale organisation faisant des avortements, à savoir International Parenthood. Il avait par exemple privé de subventions les associations qui faisaient la promotion ou pratiquaient l’avortement à l’étranger. De plus, il a trouvé une autre voie fort intéressante.

    Une conseillère de la Maison Blanche du nom de Kellyanne Conway a eu l’idée de séparer le budget de Tittle X en deux parties. Celle concernant l’aide aux familles et celle destinée aux avortements avec notamment les subventions à Parenthood. Le montant de ces dernières iront au Women’s Qualified Health Centers, des centres d’assistance médicale aux femmes ; lesquels ne sont pas impliqués dans les avortements.

    Cette décision présentée par l’administration de Trump le 19/05/2018, affecte grandement la trésorerie de Parenthood ; mais aussi les cliniques gérées par Parenthood ou aidées financièrement par Tittle X. Les locaux de cet organisme où sont pratiqués des avortements seront désormais séparés et loués éventuellement au privé susceptible de s’y intéresser.

    Trump continue de réaliser ce qu’il a promis, à la grande joie des défenseurs de la vie humaine.

    Jean-Pierre Dickès

    http://www.medias-presse.info/trump-prive-les-avorteurs-de-planned-parenthood-dune-grande-part-de-leur-budget/92045/

  • David l’Épée : "Contre le nouveau puritanisme"

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    Rébellion : Vous donnez le 19 mai à Bordeaux à l’invitation du Cercle Rébellion bordelais une conférence intitulée Le nouvel ordre moral. De quoi sera-t-il question ?

    David l’Épée : Il sera question d’un phénomène très inquiétant qu’on voit à l’œuvre depuis quelques années et qui est en train de prendre un poids considérable : la mise en place, dans les mœurs et dans les lois, d’un nouveau puritanisme d’inspiration féministe.

    En rupture avec le féminisme historique et avec la tradition de progrès social dans laquelle il s’inscrivait jusqu’alors, cette nouvelle idéologie se présente comme un pur produit universitaire, une doctrine hors-sol qui a pris peu à peu le visage d’une espèce de jésuitisme laïcisé. Le nouvel ordre moral dont parle le titre est en quelque sorte un retour du refoulé victorien qui hante encore l’inconscient collectif des cultures anglo-saxonnes et scandinaves, qui sont précisément celles à qui nous devons cette offensive néo-féministe. Je tâcherai, dans le temps qui m’est imparti, de faire la généalogie de ce phénomène, d’expliquer sa cohérence et d’examiner quelles sont ses implications. J’ai rassemblé ces dernières années de nombreux exemples concrets et éloquents de ce raidissement des rapports entre les sexes voulu et promu par une partie de nos élites. Mais rassurez-vous, je ne vais pas livrer un discours complotiste ou décliniste, je crois fermement qu’une révolte du bon sens se prépare contre cette chape de plomb et nous sommes là pour nourrir la critique. C’est une causerie où, je l’espère, nous aurons aussi l’occasion de rire : les méfaits des nouveaux flics de la pensée sont souvent si ubuesques et si surréalistes qu’ils inspirent forcément la rigolade, et cette rigolade pourrait bien, face à ce système qui se méfie de l’humour comme de la peste, s’avérer un instrument de résistance.

    Rébellion : Ce que vous dites est étonnant car les opposants qu’on a entendu au moment de réformes telles que l’introduction de l’idéologie du genre à l’école ou le « mariage pour tous » parlaient peu de puritanisme : au contraire ils étaient souvent accusés, par leurs adversaires ou par les médias, de faire eux-mêmes preuve de puritanisme !

    David l’Épée :  C’est vrai, mais vous aurez remarqué que dans tous ces mouvements de contestation, les médias ont bien pris soin de ne donner la parole qu’à des représentants de mouvements religieux (catholiques la plupart du temps, musulmans parfois) et si possible en tendant leurs micros aux plus fondamentalistes et aux plus caricaturaux d’entre eux, et ce dans le but de pouvoir les décrédibiliser auprès de l’opinion publique. S’il faut reconnaître que les mouvements catholiques ont effectivement joué un rôle de poids dans cette opposition (et on peut les en remercier), ils n’étaient pas les seuls, et les raisons qui ont poussé tant de Français à tenter de faire barrage aux savants fous du gouvernement n’étaient pas toutes d’ordre religieux ou moral. Si je ne me retrouve pas dans le combat de ces gens-là, c’est parce que – outre le fait, somme toute anecdotique, que je ne suis pas croyant – leur critique est incomplète, elle ne tire pas toutes les conséquences qu’elle devrait de cette contestation du néo-féminisme. Je ne vais pas me faire des amis en disant cela mais il me semble depuis un moment qu’un chrétien qui s’en prend à l’idéologie du genre, c’est comme un gauchiste (ou un droitard) qui s’en prend au libéralisme : il ne fait le boulot qu’à moitié, il botte en touche rapidement et se prend tôt ou tard les pieds dans le tapis. Le problème n’est pas tant qu’ils aient été traités de puritains mais que, bien souvent, ils l’étaient en effet. On a vu les partisans de la vieille Eglise descendre dans la rue pour chahuter les représentants de la nouvelle Eglise, celle qui occupe actuellement le pouvoir. Certains croyaient en Dieu quand d’autres croyaient au progrès, ils n’étaient certes pas d’accord sur tout mais beaucoup d’entre eux, des deux côtés de la barricade, se situaient dans un rapport conflictuel avec des notions aussi centrales que la nature, le corps, le sexe. Aux calotins indignés et aux prêcheurs mahométans qui vocifèrent contre les jupes trop courtes, la nudité au cinéma et la gauloiserie, j’ai envie de dire : pas la peine de gueuler les gars, pas la peine d’aller manifester sur les grands boulevards, les féministes font le boulot à votre place dans les ministères, il vous suffit de patienter encore un peu et d’attendre que les choses se fassent !

    Rébellion : On a un peu de peine à vous suivre. Dans une récente émission sur TV Libertés, on vous a vu démolir un livre d’Esther Vilar (que vous avez qualifiée d’ « Otto Weininger additionnée d’un utérus »), qui est pourtant considérée par beaucoup comme une référence du combat anti-féministe…

    David l’Épée : Mais je ne suis pas anti-féministe ! Je pourrais difficilement l’être puisque ce terme (tout comme le terme de féminisme) est bien trop polysémique si on ne précise pas ce qu’on met derrière. Esther Vilar est une pamphlétaire complètement névrosée et percluse de haine de soi, ses livres ne sont intéressants que comme témoignages d’une pathologie – et une pathologie pas très éloignée de celle qu’on trouve chez ces hommes honteux d’être hommes, ces blancs honteux d’être blancs, ces Français honteux d’être Français, etc. J’ai tenu à parler d’elle dans cette émission car le fait qu’elle trouve un écho favorable parmi les critiques actuels du féminisme me semble assez préoccupant. Le problème n’est pas dû qu’à son manque de rigueur intellectuelle mais au postulat violemment misogyne de sa thèse. La fréquentation de la nébuleuse anti-féministe m’a malheureusement révélé que derrière une critique commune (ou commune en apparence) on trouvait souvent des motivations et des présupposés diamétralement opposés. Ceux qui considèrent comme de sérieux instruments de critique anti-féministe les livres d’Esther Vilar ou La Pornocratie de Proudhon (et pourtant je suis un grand admirateur de Proudhon mais pour de tout autres raisons !) font preuve d’une grande erreur d’appréciation, une erreur qui ne peut s’expliquer que par le problème qu’ils ont non pas avec le féminisme mais avec les femmes. Vous noterez d’ailleurs – et on revient incidemment au sujet de ma causerie – que la plupart des misogynes sont de fieffés puritains. Le puritanisme est avant tout une haine de la nature, du créé, or le corps et le sexe sont nature par excellence, et dans nos représentations culturelles plurimillénaires, c’est toujours avant tout la femme qui est liée à cette corporéité, qui est ramenée à son sexe : c’est sans doute arbitraire mais c’est ainsi. Ne parlait-on pas, au XIXème siècle encore, d’une « personne du sexe » pour désigner une femme ? Ceux qui dévalorisent la femme et affirment son infériorité, qu’ils soient imams fondamentalistes ou puceaux tourmentés lecteurs de Sexe et caractèred’Otto Weininger, sont donc les pires des puritains, et ce au même titre que les néo-féministes qu’ils pensent combattre et dont ils ne sont que le reflet inversé.

    Rébellion : Que le féminisme soit pris parfois de bouffées androphobes, on s’en doutait un peu et on l’avait remarqué, mais comment pourrait-il s’en prendre aux femmes alors qu’il constitue l’idéologie censée défendre leurs intérêts ?

    David l’Épée : C’est tout le paradoxe du néo-féminisme qui, en radicalisant certaines positions de l’ancien, a fini par se retourner contre ce dernier. Une partie du féminisme classique défendait, presque de manière « corporatiste », les intérêts des femmes, que ce soit en matière de droits, de salaires, d’égalité, de liberté, etc. Que l’on soit d’accord ou non avec ce programme, c’était une cause cohérente puisque sur de nombreux points très concrets les femmes réelles y trouvaient effectivement leur avantage. Mais le néo-féminisme, passé au filtre des idéologies de la déconstruction et de l’ultra-culturalisme universitaire, en est venu à nier la nature, c’est-à-dire le fait qu’il existe une moitié de l’humanité ressortissant du sexe féminin. Le sujet du féminisme classique était la femme mais le but du néo-féminisme est de déconstruire et d’évacuer toute catégorie sexuelle. Or qu’est-ce qu’un féminisme sans femmes ? Ce serait aussi absurde qu’un anti-racisme qui, tout en condamnant les discriminations raciales, nierait la notion de race… Ah non tiens, ça existe aussi. Bref, si le féminisme a commencé par s’attaquer au patriarcat, à la domination masculine, à la phallocratie et même parfois, dans ses expressions les plus radicales, à l’homme lui-même (on trouve, chez certaines théoriciennes lesbiennes séparatistes, de Ti-Grace Atkinson à Valérie Solanas, une véritable haine du mâle poussée parfois jusqu’à des fantasmes quasiment génocidaires), il est désormais passé à l’étape suivante et a fait de la femme sa nouvelle cible. Ce qui procède d’une certaine logique : on ne peut pas liquider la masculinité sans liquider dans le même mouvement la féminité puisque c’est le principe même d’identité sexuée qui est attaqué. Contrairement à ce que dit un Eric Zemmour qui me semble avoir une vision un peu superficielle de la chose, je ne pense pas que le mouvement à l’œuvre vise à une féminisation mais bien plutôt à une neutralisation. Si les néo-féministes partent à l’assaut de toutes les spécificités et caractéristiques de la femme, qu’elles soient culturelles (comme la coquetterie ou la minauderie) ou biologiques (comme les rapports hétérosexuels ou la maternité), c’est bien parce que c’est la féminité qui est leur ennemi. Pensez-vous vraiment que des personnalités du féminisme radical comme Beatrice/Paul Preciado ou Marie-Hélène/Sam Bourcier auraient décidé de changer de sexe si elles étaient animées par l’idée de défense de la femme et de la féminité ?

    Rébellion : Vous travaillez depuis plusieurs années sur ces questions-là. Qu’est-ce qui vous a motivé à entreprendre ces recherches ?

    David l’Épée : J’ai un peu fréquenté les milieux féministes lorsque j’étais engagé à l’extrême gauche, non pas parce que j’y croyais mais parce que je ne pouvais pas faire autrement, ça faisait partie du package trotskiste et étant secrétaire de section il me fallait bien ménager la chèvre et le chou. J’avais déjà les plus grands doutes sur le sens et le bien-fondé de ce combat, bien éloigné des grands exemples du féminisme socialiste ou anarchiste de jadis (Louise Michel, Rosa Luxembourg, Emma Goldman, etc.) et plus proche du tournant bourgeois et culturaliste qu’il a pris aujourd’hui. Mais ce qui m’a vraiment fait réagir et m’a décidé à m’intéresser plus précisément à la question, c’est la montée du climat de pénalisation et le retour au puritanisme que je sentais venir lentement mais sûrement. Ma réaction n’avait rien de politique à proprement parler, elle était motivée par la crainte diffuse que beaucoup de choses que j’aimais et qui occupaient une grande place dans mon existence me paraissaient menacées par cette idéologie en pleine croissance : les beaux-arts, l’érotisme, l’humour, la drague, le cinéma, la séduction, un certain art de vivre, un certain goût pour la beauté et pour la différence des sexes – tout cela était peu à peu remis en cause, voire placé en accusation par ces nouvelles doctrines caporalistes importées d’outre-Atlantique. C’est la raison pour laquelle j’écris depuis plusieurs années des articles et donne des conférences à ce propos et c’est également le sujet d’un livre sur lequel je travaille depuis un certain temps. Mon optique étant résolument différentialiste, je renvoie dos à dos néo-féministes et misogynes et j’espère parvenir à convaincre celles et ceux qui me lisent ou m’écoutent que l’harmonie entre hommes et femmes ne sera possible que si nous réapprenons à valoriser nos spécificités plutôt qu’à les nier, à les criminaliser ou à les « déconstruire ».

    Source : rebellion-sre.fr

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  • Macron : élections par défaut, autosatisfaction à tous les niveaux

    Alors que le choix des journalistes par le nouveau Président de la République Emmanuel Macron avait suscité tollé parmi les journalistes, il s’avère que le jeune Président soit rentré, de nouveau, en état de grâce auprès journalistes, trop apeurés de perdre leurs prébendes, eux aussi. Ce léchage de bottes est même allé jusqu’à comparer Macron à Obama. Voilà pour l’information, de la communication, mais aucune réflexion, comme toujours. 
    Cet état de grâce se retrouve aussi au sein de la population. C’est une énorme claque que les politiciens professionnels (c’est-à-dire qui n’ont jamais travaillé de leur vie) ont dû subir lors du premier tour des élections législatives. Mince alors, que vont-ils faire ? Travailler de leurs propres mains ? Sûrement pas. Pour la première de leur vie, ils connaîtront Pôle emploi, même si au début, ils conserveront les 6 000 euros par mois. L’inquiétude sur leur visage doit être un moment à imprimer dans nos mémoires. Encore ont-ils de la chance, car les Français qui s’inscrivent à Pôle emploi sont dans des difficultés toutes autres, mais espérons néanmoins qu’ils arrivent à voir ce qu’est la difficulté est l’injustice sociale. Espérons aussi qu’ils doivent aller à leur rendez-vous sur place, tout en rencontrant les chances pour la France, qu’ils se mélangent, et voient bien le fossé que chaque Français doit affronter lors de ces moments-là. 
    Hormis l’absence de conviction d’un Stéphane Le Foll ou un Thierry Solère (qui se singularise par son absence de conviction : UMP, puis candidature dissidente en 2012 après un parachutage d’un autre UMP, puis LR de nouveau, et appel en faveur d’En Marche), tous les autres n’ont pas résisté, car ils n’ont vendu leurs principes que trop tard. Fini les vieux caciques et gros bourgeois donneurs de leçons, qui passaient leur temps à mentir tout en faisant culpabiliser les citoyens. Cela leur apprendra à se défendre de toute forme de corruption, après avoir multiplié les mises en examen
    Le dégagisme a cela de bon, et de meilleur qu’une alternance, que le changement, non pas politique, malheureusement, mais du personnel politique, qui rafraîchit les rangs de l’Assemblée. Pôle emploi va connaître deux cents nouvelles personnes, avec un CV tout vide. Mince alors, où leurs femmes iront-elles travailler ? Et leurs enfants ? En fait, on s’en contrefout, ces perdants, que ce soit aux élections ou dans leurs idées, ne méritent que notre mépris le plus profond, mais il faut avouer que cette situation relève du cocasse et fait sourire. 
    Quel est le versant du dégagisme ? L’Assemblée nationale va connaître une nouvelle vague de jeunes ou moins jeunes députés, pour la plupart issus de la société civile. Que connaissent-ils du programme de Macron ? La société civile. Que connaissent-ils de la politique ? Absolument rien. Le dégagisme amène une génération d’amateurs, de naïfs et doux rêveurs qui n’ont pas compris que le débat sur les propositions de loi est très limité, qu’il faudra débattre, chaque année, de lois techniques, comme la loi de financement de la sécurité sociale, de la très importante loi de finances. Que connaissent-ils des bleus et jaunes budgétaires ? Absolument rien. Savent-ils le travail effectué dans les commissions parlementaires ? Connaissent-ils les sujets abordés dans ces commissions ? Connaissent-ils un tant soit peu le droit constitutionnel et le droit parlementaire ? Pour la grande majorité, non. Un jeune fonctionnaire de l’Assemblée aura plus de compétences qu’un élu débarqué et ignare. C’est dur comme constat, mais l’état de grâce de ce nouveau parti a pour résultat qu’un âne avec une pancarte En Marche aurait pu aussi être élu. Certains entretiens ont déjà montré le niveau de compétence des futurs élus. Autant les autres étaient corrompus, autant les nouveaux sont d’une simplicité confinant à la bêtise. 
    Mais, encore une fois, ils ne servent à rien d’autre qu’à être une réserve de voix pour le Président, qui souhaite outrepasser les compétences du Parlement pour légiférer par voie d’ordonnance : le Parlement autorise le Gouvernement à légiférer sur un domaine de sa compétence, celui-ci édicte l’ordonnance, qui n’entre en vigueur que quand le Parlement ratifie cette ordonnance. L’intérêt ? Le Gouvernement a carte blanche, et surtout, on évite toute forme de débat parlementaire. Avoir 400 députés novices, c’est tellement plus facile pour faire passer des lois qui vont être catastrophiques pour la société, dans tous les domaines. 
     Ce point est conforté par ce que disait le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb : légiférer par voie d’ordonnance, c’est plus rapide et démocratique. Mais quoi de plus normal d’entendre de la part du ministre de l’Intérieur que les mesures quasi-autoritaires sont démocratiques. C’est le même, qui, dans sa ville, a facilité par ses ordres, l’intervention ubuesque de la police à l’encontre du bastion social, synonyme de justice sociale, quand il est permis aux associations, avec le Droit au logement opposable (DALO), de squatter des immeubles, cette fois-ci privés, pour y héberger des dizaines de familles d’immigrés clandestins. 
    Aux premiers week-ends d’été, il faut surtout compter sur l’exaspération des Français envers la classe politique, avec pour les journalistes, une toile de fond populiste. Pourtant, ils sont biens tous pourris, menteurs et lâches ces hommes politiques. Et la nouvelle classe politique ne pourra rien y changer, puisqu’elle est autant libérale et progressiste que la précédente, elle a juste un fanion différent. Il faudrait donner à chaque nouveau député, La République des camarades, de Robert de Jouvenel, pour leur montrer qu’ils ne changeront rien, sauf pour eux. Mélenchon lui, voit dans cette exaspération, le rêve d’un grand soir, où l’abstention se muera bientôt en contestation dans la rue. A Mélenchon qui souhaite le grand soir pour ré-enchanter le monde, nous lui opposerons Marcel Gauchet, conscient du désenchantement du monde. 
    Le désenchantement du monde n’est pas synonyme de désespoir. Bien au contraire. Il signe d’une pleine conscience du monde, sans utopie ni hystérie collective d’un monde social meilleur. Il est la pleine conscience du monde qui nous entoure, avec pour réalité des circonstances présentes, le fait que l’individu n’existe pas seul, que seule la collectivité, et à plus forte raison, la communauté existe. Couple, famille, amis, mais encore, communauté politique ou autres associations sont les signes distinctifs par rapport aux Macroniens qui ne jurent que par Macro-économie, tandis que les Français observent et considèrent que l’économie, c’est savoir combien il restera à la fin du mois pour payer son loyer, sa maison, et nourrir ses enfants. Tandis que les progressistes ne jurent que par l’Europe, les Français voient au contraire des règles stupides édictées par Bruxelles, et une déresponsabilisation du politique à ce sujet : « c’est pas nous, c’est Bruxelles ». Quand ces progressistes puants voient l’économie et l’Europe conjuguée, le Français y voit la promesse faite par le politique d’amener de nouveaux migrants clandestins, pour s’accorder aux mesures prônées par le Medef pour faire baisser les salaires. Quand le Président pense à sa villa bourgeoise du Touquet, nous pensons, pas si loin, à Calais. Quand l’électorat bobo et bourgeois de Paris voit en lui l’incarnation du changement, nous voyons, à Paris, la lente déréliction de cette capitale, face à l’insécurité, à l’atteinte physique portée à nos femmes, et à la collaboration complice de tous les libéraux et progressistes, vers le tortueux chemin du cosmopolitisme et du pouvoir d’achat
    Quand ils nous parlent de démocratie à l’Assemblée, nous observons qu’ils étaient dix % de présents seulement, pour prolonger l’état d’urgence. Quand ils nous parlent de représentation, avec tous ces députés, nous leur répondrons que la candidate qui a été seconde au premier tour des présidentielles, n’a eu que 8 sièges à l’Assemblée, à cause du scrutin majoritaire verrouillé. 
    Enfin, à ceux qui ont perdu leur place de député et parlent de parti unique, c’est une erreur terminologique. Le parti unique existe encore dans certains Etats, et la situation est tout autre. Mais nous sommes bien dans une situation très grave, car elle s’inscrit dans un contexte de soft-totalitarisme, où les mesures graves et liberticides, celles qui vont amplifier l’injustice sociale et les rapports de force interethniques (voulus par les politiques et pas par nous), vont être prises à l’Assemblée et surtout au Gouvernement. Mais, d’un autre côté, il restera au Français le choix de consommer, de s’amuser et de se divertir pour oublier. Alors prends ton téléphone, mets ton casque, balade-toi en trottinette et regarde sur Internet les nouveautés en matière d’objets connectés, avant d’aller en after-work pour discuter avec tes collègues du bienfait de Macron pour les startups. 
    Les autres se rapprocheront de leurs familles, au sens propre, et au sens politique. Sans haine ni violence, ils voueront aux gémonies la lâcheté de l’homme moderne, sa veulerie et sa capacité à tout accepter, dans le même état d’acceptation que le cocu au courant de sa situation d’homme abusé. Mais cela ne nous regarde pas. Il est hors de question, pour les mois et années à venir, que ceux qui ont soutenu ce nouveau Parti du petit dictateur se plaignent de quoi que ce soit. En participant à l’asservissement, ils ont perdu, de facto, leur droit à la parole et à la contestation. 
    Pour les autres, et autant que faire se peut, le combat est à continuer, car comme le discernait si bien Maurras, « le désespoir en politique est une sottise absolue ».