C’est aujourd’hui, a indiqué le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, que seront annoncées les mesures pour désamorcer la fronde des gilets jaunes, lesquels tentent de se structurer en se donnant officiellement huit porte-paroles. M. Griveaux affirme que le chef de l’Etat a bien intégré les « colères et l’inquiétude» de cette France qui « n’a pas trouvé sa place dans l’Union européenne, qui n’a pas non plus trouvé sa place dans la mondialisation.» Mais ne nous y trompons pas a-t-il ajouté, l’exécutif entend apporter «une réponse globale» qui «passera par une nouvelle méthode mais pas par un changement de cap»; comprendre par là que taxes et hausses ne seront pas remises en question. Alors les élus et cadres LREM font le tour des plateaux pour vanter la super prime à la conversion, le chèque énergie, solution miracle pour aider les ménages modestes à lutter contre la pollution. Hier, c’était le ministre des Transports, Elisabeth Borne, qui présentait son projet de loi sur les aides à la mobilité durable, en faveur du covoiturage, du vélo, et de la voiture électrique… une arnaque ecologiquement désastreuse si l’on en croit notamment le patron de PSA, Carlos Tavares.
Invité dimanche hier du Grand jury RTL, le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, mettait en garde nos compatriotes non pas sur la permanence du moteur à explosion mais sur le retour de la «peste brune». Son propos ne visait pas les 82% d’abstentionnistes qui ont boudé les urnes pour le second tour de l’élection législative partielle dans la première circonscription de l’Essonne. Soutenu par LREM (et de loin par Manuel Valls), le maire d’Evry Françis Chouat a été élu face à la candidate de LFI, Farida Amrani. Peste brune qui n’est pas non plus le qualificatif retenu par le ministre républicain-macroniste pour évoquer les groupes djihadistes qui ont mené samedi en Syrie, contre la ville d’Alep, des attaques chimiques au chlore qui ont intoxiqué plusieurs dizaines de civils. Non, si Alep a été libérée en 2016, si l’aviation russe a attaqué les miliciens islamistes auteurs de ce forfait, nous savons que les amis politiques de M. Darmanin sont plutôt du côté de ceux qui ont tenté de renverser la République arabe Syrienne. En l’espèce la peste brune que dénonce M. Darmanin ce sont les gilets jaunes qui ont manifesté samedi sur les Champs-Elysées, qui, pour certains d’entre eux (une toute petite minorité) ont dressé des barricades, ont crié Macron Démission et ont insulté des journalistes.
Une fois atteint le point Godwin pour suivre les éléments de langage donnés par les communicants de l’Elysée, Gérald Darmanin a bien été obligé d’admettre que cette mobilisation citoyenne a rassemblée aussi des « honnêtes gens » et pas seulement des « casseurs professionnels de la République » (sic) et qu’elle était aussi la conséquence de « la politique du gouvernement, (de) 20 ou 30 ans de ras-le-bol fiscal ». Pour stopper la fronde, le ministre a promis la création de comités théodule ( Si vous voulez enterrer un problème, nommez une commission disait déjà Clémenceau)… et a évoqué la taxation du kéroséne des avions au nom de de la justice fiscale… Une taxe improbable qui n’allègerait en rien celles qui pèsent déjà sur nos compatriotes.
La veille, le jour même des manifestations qui ont rassemblée dans toute la France 106 000 personnes selon le décompte du ministère de l’Intérieur, Christophe Castaner avait accusé «l’ultra-droite (…) de vouloir dresser des barricades sur les Champs-Elysées. » Benjamin Griveaux a dénoncé de son côté une « extrême droite identitaire » qui, aurait « usurpé l’identité des gilets jaunes », en voulant pour preuve le slogan On est chez nous entendu dans les rassemblements. La préfecture de police elle, avait affirmé que les désordres étaient liés à la présence « à l’avant du cortège d’une centaine de membres de l’ultradroite qui harcèlent les forces de l’ordre».
Pourtant, précisait le site de RTL lundi, « Contrairement à ce que disait Christophe Castaner (…), le profil des 101 personnes interpellées à Paris (un peu plus de 130 dans toute la France, NDLR) est bien disparate. Une immense majorité des manifestants placés en garde à vue sont considérés comme des suiveurs. Entendez par là des hommes et des femmes venus de régions et sans antécédent judiciaire, qui se sont laissés griser par des leaders plus radicaux. Ces derniers appartiendraient à l’ultra-gauche, comme en témoignent les signes distinctifs qu’ils arboraient au moment de leur interpellation.» Nous voyons là à l’oeuvre toujours les mêmes groupes d’ultra-gauche et autres antifas manipulés, idiots utiles du Système, pour salir une contestation , l’associer à la violence, faire en sorte que l’opinion se désolidarise d’un mouvement populaire.
Peu ou prou, les craintes formulées dernièrement par Jean-Claude Michéa qui rejoignent les nôtres. Après les tentatives, un brin pathétique, de faire croire ces derniers mois à l’existence d’un terrorisme d’extrême droite, avec à la clé l’arrestation de quelques pieds nickelés aux visées pour le moins très évanescentes, la tentation par le régime d’organiser une stratégie de la tension n’est pas une hypothèse totalement farfelue. A fortiori si les enquêtes d’opinion continuent à placer en tête des intentions de vote la Liste RN pour les élections européennes de mai prochain…
Dés samedi midi, lors d’un point presse, Christophe Castaner a dénoncé « les séditieux » de l’ultradroite « qui ont répondu à l’appel de Marine Le Pen » qui avait appelé à manifester sur les Champs-Elysées. La présidente du Rassemblement national a eu beau jeu de répliquer qu’elle n’avait « jamais appelé à quelque violence que ce soit » et que Christophe Castaner « utilise cette question pour (la) cibler. C’est minable et malhonnête à l’image de l’auteur de cette manipulation politicienne. ». «Pourquoi a-t-il laissé les gilets jaunes manifester sur les Champs-Elysées pour, après, les en déloger avec des moyens qui ne peuvent que susciter des tensions?» «M. Castaner se comporte de manière tout à fait indigne». «Il est là dans la posture du petit politicien qui cherche à tirer un bénéfice de ce qui se passe».
Bénéfice bien improbable estiment cependant les amis de M. Castaner et/ou les adversaires du RN. Ils ont jugé politiquement et stratégiquement très maladroit de sa part de caricaturer ainsi cette colère populaire - la colère de ceux qui ne sont rien aurait pu dire M. Macron… - d’expliquer en substance que les gilets jaunes sont des factieux, que les factieux sont des marinistes, donc que les gilets jaunes sont marinistes. Bref, de mettre un signe égal entre cette mobilisation citoyenne, qui rappelons-le à le soutien de plus de sept Français sur dix et l’opposition nationale. A quelques mois d’élections européennes qui seront (aussi) un referendum anti-Macron, un véritable test, un moment de vérité pour LREM, parti sans assises ni enracinement local, la montée au créneau de Christophe Castaner n’est pas à l’évidence un modèle de finesse.
D’autant que dans la situation actuelle, se pose la question des formations politiques capables de relever le gant. LR? Une auberge espagnole minée par les antagonismes et ses contradictions internes. Le PS? marginalisé, vidé de sa substance par les ralliements de ses cadres aux législatives à la gamelle LREM et éreinté par la scission de Benoit Hamon. Le PC? Groupusculaire, archaïque, coupé des catégories populaires par ses dérives libertaires et sa défense croupion des minorités. Les écolos d‘EELV? Des extrémistes sans tête de gondole, surtout connus des Français pour leurs outrances et la défense des sans-papiers. L’extrême-gauche mélenchoniste? Fragilisée par des querelles d’égo, ses dissensions stratégiques voire ses fractures idéologiques…
Dans ces conditions affirme Bruno Gollnisch, le RN, qui certes peut, doit encore gagner en efficacité, en crédibilité apparait de loin comme la formation protectionniste au sens large, la plus cohérente, dont la ligne politique d’opposition à l’euromondialisme est la plus clairement identifiée par les Français. La sympathie que recueille Le mouvement des gilets jaunes a pour socle le ras-le-bol devant le fiscalisme confiscatoire, vieux cheval de bataille de l’opposition nationale, mais aussi un besoin de démocratie participative, démocratie confisquée par les élites et les lobbies affirment de nombreux manifestants. Là aussi, il s’agit d’ une exigence que l’on retrouve depuis trente ans dans tous les programmes successifs des nationaux, avec le souhait d’instaurer le référendum d’initiative populaire ou encore d’assurer un mode de scrutin permettant une meilleure représentativité des minorités politiques dans les assemblées.
C’est aussi le fait de ne pas être écouté, représenté, donc respecté, qui nourrit le dégoût, la colère, la frustration qui alimentent en retour une abstention massive… laquelle renforce le pouvoir en place trop content de voir les mécontents neutraliser, stériliser eux-mêmes leur(s) mécontentement(s). Pour combien de temps encore?
https://gollnisch.com/2018/11/27/pour-combien-de-temps-encore/