La quarantaine sportive, mère de famille nombreuse et journaliste de télévision accomplie, chaleureuse et directe comme savent s’être les Italiens, Costanza Miriano s'est interrogée au fil de ses essais aussi drôles que percutants, sur le mystère de l’identité féminine.
Je voulais d'abord aborder le titre de notre dossier de Monde&Vie et demander à Costanza Miriano si elle était bien d'accord pour considérer le féminisme comme une idée chrétienne, à l’origine. La réponse jaillit « En donnant une si grande dignité et une telle importance aux femmes dans l'Évangile, Jésus nous montre que le féminisme est une idée radicalement chrétienne ». Le féminisme n'a donc pas tort sur toute la ligne. Costanza observe l'histoire du mouvement féministe des années soixante-dix, et elle ne nie pas qu'il y a chez les femmes une demande naturelle de regard et de reconnaissance qui ne s'est pas toujours réalisée dans l'histoire, loin s'en faut. Mais la réponse à donner à ce manque s'est exprimée de façon erronée « Le problème est que les féministes ont cherché cette dignité au mauvais endroit, adoptant pour cela des mécanismes masculins, et cela les a mis encore plus en difficulté les femmes sont plus tristes que jamais. Partant d'un juste besoin, elles se sont fait du mal toutes seules ». En quoi le féminisme fait-il du mal aux femmes ? « Certaines ont pu penser comme le dit si bien Chesterton, que "les femmes sont libres lorsqu'elles servent leur employeur mais esclaves lorsqu'elles aident leurs maris" Le fruit de cette mentalité émancipatrice est une extrême solitude, née d'une immense tromperie ». La réponse doit être assurément et fermement chrétienne « Nous nous trompons quand nous perdons de vue notre originalité notre identité féminine). Le monde nous demande d'avoir des rêves ? Mais nous chrétiens savons que les réponses ne sont pas des rêves. Il est juste d'accueillir les besoins du monde mais nous ne devons pas oublier de donner les bonnes réponses ».
Je reviens à la charge en lui demandant en quoi consiste cette identité féminine. Sa réponse n est pas tirée de je ne sais quel catéchisme préfabriqué. Elle est profondément sentie. « Je la vois comme un espace, c'est une image qui correspond à cette faculté que nous avons de donner la vie, de combler un vide. La femme, plus que l'homme, se définit aussi dans cette capacité d'entrer en relation, qui, si elle est niée, se transforme en revendications continuelles et pesantes. En revanche si nous comprenons qu elle peut s'exprimer dans le service de la vie, nous suivons le modèle de Marie, la femme qui s'est totalement donnée à la vie ». Sinon. « les femmes se rebellent, deviennent manipulatrices, vindicatives. Tant de femmes qui n’ont pas réussi à donner un nom à ce besoin, à l'identifier vraiment, sont solitaires, et peuvent devenir insupportables comme elles savent si bien l'être ! »
Identité féminine et masculine
Évoquant la dialectique, qu'elle trouve « insupportable » femmes victimes/ hommes machos que l'on a vu ressortir avec violence lors de l’épisode « balance ton porc » Costanza Miriano constate une « stigmatisation systématique de tout ce qui est blanc, mâle, hétérosexuel, et occidental, une mise à l'index des hommes, de la masculinité qui est effroyable L'homme reçoit son être de la femme, il existe aussi par le regard que la femme porte sur lui, et si l'homme reçoit un regard dépréciatif, dévalorisant, moqueur l'homme réagit avec la violence verbale mais aussi physique. L'idée de parité est un malentendu et donne de l'homme une idée fausse, et l'on voit aujourd'hui des hommes qui se sont féminisés. Aujourd'hui des psychothérapeutes déplorent que le seul lien indissoluble soit celui de la mère avec ses enfants. Selon moi, c'est une sorte de violence psychologique mais très puissante, des femmes envers les hommes ».
J'insiste en demandant à Costanza si elle ne croyait pas - comme Gabrielle Cluzel - que le paroxysme idéologique dans lequel s'enferment les féministes pourrait être le clap de fin, le coup de sifflet final pour une récréation qui finit par devenir malsaine. Elle vient de loin pour me répondre tout en me donnant raison sur la fin du féminisme, elle n'est manifestement pas si optimiste que je parais l'être moi-même « La nouvelle doxa est individualiste l'être humain doit être seul, isolé, unique, sans repères, sans appartenance de genre sans famille, sans racines sans histoire. Tout ce qui rappelle de près ou de loin une appartenance, même féminine ou masculine, doit être dépassé. Le modèle aujourd'hui est celui d'êtres asexués. Prenons l'exemple de la pornographie autrefois les femmes la rejetaient car elles y étaient considérées comme des objets Les jeunes filles d'aujourd'hui ne trouvent plus cela offensant. Voilà qui nous ferait presque regretter le féminisme ! » Il est urgent, conclut-elle, « de changer le regard de la jeunesse féminine sur elle-même en l'aidant à redécouvrir l'importance de la mission immense qui est la leur par rapport à l'homme. Il ne faut pas utiliser le langage de l'interdit auxquels les jeunes sont allergiques, mais voir l'aspect positif du pouvoir énorme qui est celui des femmes Ce n est pas facile du tout ! Il faut les aider à grandir en élevant leurs désirs vers quelque chose de plus grand. »
Marie d'Armagnac monde&vie 30 novembre 2017