Morne colline Il ne s'est rien passé à Valmy
Il s'agit bien d'un mythe, mais dans son sens trivial : celui d'une grande fumisterie, qui a de plus semé les germes de la destruction de l'Europe.
« De ce lieu et de ce jour, date une nouvelle époque de l'histoire du monde, et vous pourrez dire : j'y étais ». Depuis bientôt deux siècles, la célèbre exclamation de Goethe est invoquée pour qualifier l'épisode de Valmy. Rapportée dans sa Campagne de France (1822), publiée trente ans après l'événement, elle aurait été, à en croire le poète, réellement prononcée par lui au soir de la « bataille », à laquelle il assista comme attaché à l'état-major de l'armée prussienne. Depuis bientôt deux siècles, cette phrase sert à accréditer le symbole qui s'attache, en France, à Valmy : celui d'une armée improvisée de fiers « volontaires », d'ardents « patriotes », d'un « peuple en armes » faisant barrage, grâce à sa bravoure et à sa foi en la Liberté, à l'invasion du territoire national par les armées du « despotisme » et de la « tyrannie », dont celle du roi de Prusse, la mieux entraînée d'Europe. Un symbole lui-même indissociable d'une scène maintes fois décrite et représentée : celle du général Kellermann en train de galvaniser ses troupes en agitant son chapeau placé au bout de son épée et criant : Vive la Nation ! sur fond de « ça ira ». Le lyrisme de Michelet a largement contribué à la populariser, en en rajoutant : « À l'exemple de Kellermann, tous les Français, ayant leurs chapeaux à la pointe des sabres, des épées, des baïonnettes, avaient poussé un grand cri… Ce cri de trente mille hommes remplissait toute la vallée : c'était comme un cri de joie, mais étonnamment prolongé ; il ne dura guère moins d'un quart d'heure fini ; il recommençait toujours, avec plus de force : la terre en tremblait… C'était : « Vive la Nation ! » (Histoire de la Révolution française).
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