D’autre part, les choix culturels et sociétaux de cette même mairie amènent de façon visible et rapide la capitale française à découvrir des plaies qu’on croyait disparues depuis longtemps : poubelles pleines, insécurité galopante, rats grouillants et autres nuisibles, parasites divers et variés, la liste des problèmes que la mairie semble décidée à traiter par dessus la jambe continue de grossir à mesure que le temps passe.
Dans ce contexte, l’étude de l’IFRAP constitue surtout une confirmation de ce qu’on savait déjà, et permet de brosser un tableau complet là où chacun des points précédents ne constitue qu’une touche d’un désastreux ensemble plus vaste. C’est ainsi qu’on prend la mesure de l’accroissement de la dette sous le mandat d’Anne Hidalgo. Si cette dernière s’évaluait à 507€ par habitant en 2001 pour atteindre 1636€ par habitant en 2013 (soit 94€ par habitant et par an sur cette période), elle atteint maintenant 2835€ par habitant en 2018, après avoir subi une augmentation annuelle de 239€ par habitant.
Pas de doute : les boosters à dette ont été utilisés par l’équipe de la mairie de Paris qui n’ont donc lésiné sur aucune dépense… Malheureusement, cet accroissement des dépenses et de la dette de la mairie de Paris, qui atteint maintenant la coquette somme de 5,7 milliards d’euros, ne se traduisent absolument pas en une capitale plus propre, plus facile à vivre pour les Parisiens, plus agréable à visiter pour les touristes et globalement plus sûre pour ceux qui y vivent ou y travaillent.
En fait, c’est même parfaitement l’inverse.
C’est l’explosion du nombre de chantiers, qui rendent la vie impossible aux piétons, cyclistes, motards, automobilistes, chauffeurs de bus et autres trottinetteurs métrosexuels. On compte ainsi plus de 7000 chantiers ouverts dans la capitale, et si une part d’entre eux sont des travaux de ravalement de façade ou d’autres dépendants de tiers, 3219 dépendent d’opérateurs de réseau (gaz, électricité, infrastructure de communication) et 643 relèvent de la Ville de Paris.
La lutte contre les nuisibles (notamment les rats) ne semble guère porter ses fruits : les riverains des parcs inondent internet de vidéos pas toujours amusantes où des groupes de rongeurs s’égayent joyeusement à la recherche de nourriture ; sur la promenade Barbès-Chapelle-Stalingrad, les rats grouillent. Il faut dire que ces charmants mammifères sont largement aidés par d’autres qui produisent un nombre assez phénoménal de détritus alimentaires, et d’autres encore qui « oublient » de les ramasser : entre la diminution des effectifs affectés à la propreté, l’absentéisme qui mine les rangs des éboueurs et une gestion de plus en plus discutable des services, l’état sanitaire de la capitale française est catastrophique, au point que les touristes ne manquent pas de le remarquer…
Quant à la sécurité, elle n’est plus qu’un vaste souvenir pour les habitants de certains quartiers maintenant à peu près laissés à l’abandon des forces publiques. Les camps de fortune, véritable cloaques à ciel ouvert pour lesquels tant la mairie de Paris que chacune des mairies d’arrondissement semblent complètement dépassés, recueillent aussi bien les immigrants que la pire des racailles, les zones où règnent des faunes interlopes qui profitent de méchants trottoirs trop étroits pour harceler les habitants ou pratiquer le trafic de drogues en toute impunité. En quelques années, Paris est devenue une ville plus dangereuse qu’elle ne l’était avant : cambriolages en hausse fulgurante, hausse des vols, vols avec violence…
Si l’on y ajoute les choix idéologiques de faire une guerre constante aux automobilistes (par exemple en fermant les voies sur berge, ce qui a provoqué une hausse de la pollution), force est de constater que ces 5,7 milliards d’euros de dette semblent s’être évaporés avant d’avoir irrigué les services compétents pour résoudre tous ces problèmes…
Mais où est donc parti l’argent ? C’est là que les travaux de l’IFRAP éclairent la situation : il apparaît que pour la seule année 2018, les dépenses de la Ville atteignent la coquette somme de 9,4 milliards d’euros, dont 7,8 milliards de dépenses de fonctionnement (en hausse de 35% depuis 2010). Or, les plus importants coûts de fonctionnement sont les charges du personnel ce qui est logique puisqu’en l’espace de 20 ans, le nombre d’agents employés par la ville est passé de 40.300 à 52.000, pendant que la population, elle, diminue depuis le début des années 2010, permettant à Paris de compter un agent pour 43 habitants.
Par comparaison, Rome n’en compte qu’un pour 95 et Londres 1 pour 107. À ce constat effarant s’ajoute celui des primes, avantages et indemnités qui ont augmenté de 7% entre 2007 et 2015.
En somme, la mairie de Paris emploie beaucoup trop d’agents aux avantages trop importants et les indemnise de façon trop large, pendant que le service rendu diminue de façon affolante en quantité et en qualité.
De façon intéressante, l’étude de l’IFRAP estime qu’une partie de ces problèmes de gestion provient d’une dilution des compétences et des responsabilités dans le millefeuille administratif municipal, départemental, régional et national. On ne peut pas leur donner tort tant il est réputé que les guerres picrocholines agitent régulièrement ces différentes administrations pour savoir qui évitera avec le plus de brio de faire un travail pourtant de sa compétence. La solution préconisée par le think-tank spécialisé sur la recherche et l’efficacité des politiques publiques est intéressante puisqu’elle consiste, in fine, à supprimer purement et simplement la mairie de Paris en s’inspirant de l’organisation territoriale du Grand Londres…
On le comprend, une telle révolution ne risque pas d’arriver, d’autant plus qu’approchent les élections municipales : compte-tenu de la brochettes de semi-habiles qui se présentent en face d’Anne Hidalgo, aussi pourri soit son bilan, il lui reste une chance non négligeable de reprendre la queue du Mickey pour refaire un tour gratuit. Autrement dit, Anne Hidalgo a ruiné Paris et va fort probablement continuer à le faire.