Jean-Gaude Michéa est, tel son maître George Orwell auquel il a consacré deux ouvrages, un « anarchiste tory », un anarchiste conservateur. C'est-à-dire qu'il est tout autant rebelle aux divers totalitarismes qu'aux idéologies libérale ou marxiste. C'est un humaniste au bon sens du terme, défenseur de la culture et pourfendeur de l'idée de Progrès. Selon lui, notre principal ennemi est le culte sans bornes de la croissance, père des désastres écologiques, économiques et humains qui s'offrent à nos yeux.
Avec L'Empire du moindre mal, Jean-Claude Michéa s'attaque au mythe libéral du « meilleur des mondes possibles », c'est-à-dire au rêve d'une société mondiale seulement régulée par le Droit et le Marché. Les libéraux de droite tiennent pour le Marché, ceux de gauche - les sociaux-démocrates - pour le Droit (sous-entendu les Droits de l'Homme). Et ce depuis le XVIe siècle et l'apparition en Europe de ce qu'on nomme la modernité politique. C'est dans la sortie des guerres de religions, dans la victoire du « parti des politiques » que Michéa voit les prémices de la neutralisation de la politique par le droit libéral et la montée du rôle du commerce international et de la finance dans nos sociétés.