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économie et finance - Page 502

  • Après le mariage pour tous, l’impôt pour tous

    Il y a, décidément, de drôles de socialistes chez les socialistes. Prenez Emmanuel Macron, par exemple : il est socialiste, mais oui, et, en plus, ministre ; l’air de ne pas y toucher, il flingue les 35 heures et canarde le statut des fonctionnaires, les deux piliers de la sagesse de gauche. Macron, c’est Samson secouant les colonnes du temple. La droite se frotte les yeux pour y croire tandis que, à gauche, de grandes voix s’élèvent avec tact et autorité pour dire : « Macron ? Euh… comment vous dire ? euh… ras le bol ! »

    Depuis quelque temps, il n’est plus seul, Macron, à dire des trucs que le « polcor » réprouve – le « polcor », c’est le « politiquement correct » à la sauce apocope. Il y a Razzy Hammadi. 36 ans d’existence dont la moitié passée au service du PS. D’ordinaire, ça vous formate un bonhomme, un truc pareil. Eh bien, pas forcément ! Razzy semble passer à travers les gouttes.

    Il y a huit mois, le jeune homme dévoilait, tout empreint d’une saine indignation, que des candidats maires, pour rafler la mise municipale, avaient négocié des voix contre des mosquées ; il n’a pas été démenti, mais ne s’est pas fait que des amis, ce jour-là. Un peu plus tard, il a carrément agoni d’injures grossières deux voyous qui avaient cru bon d’insulter sa compagne et de bousculer le couple ; face à ce qu’il a alors dit, le « Casse-toi, pauv’ con » de Sarkozy semble tout droit sorti d’un conte de Perrault.

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  • Racket et répression des automobilistes : plus de radars, des « leurres », des lois idiotes et même des drones !

    Toujours sous le prétexte hypocrite de « sauver des vies », Manuel Valls a annoncéen fin de semaine dernière la « rénovation et l’augmentation du parc actuel de radars » d’environ 10%. D’ici trois ans, le nombre de radars sur le bord des routes françaises sera de 4.700, contre 4.200 actuellement.

    L’augmentation du nombre de radars sur le sol français sera accompagnée del’installation de 10.000 « leurres » au bord des routes : des panneaux annonçant des radars n’existant pas ! Guère étonnant de la part de politiciens républicains mentant en permanence.

    Une amende de 650 euros pour les entreprises qui ne « dénoncent » pas leurs chauffeurs ayant été « flashés ».

    Les deux roues sont eux aussi harcelés, avec notamment une mesure ridicule (mais sûrement juteuse pour certains), consistant à imposer le port de « gants homologués » aux cyclomotoristes et aux motards. Il est certain que cela va faire baisser la mortalité.

    Enfin, et c’est peut-être le plus inquiétant pour l’avenir, le Premier ministre a indiqué que les forces de l’ordre pourraient avoir recours aux drones pour procéder à des contrôles routiers pour une expérimentation dans un premier temps.

    Source T. de Chassey

    http://www.contre-info.com/

  • Fraude à la pollution : Quelles conséquences pour Volkswagen ? (Màj)

    02/10/2015

    Un peu moins d’un million de véhicules circulent en France avec un logiciel truqué, masquant les produits toxiques lors des contrôles antipollution. Il s’agit de Skoda, d’Audi et de Volkswagen. Le groupe allemand commence à organiser le rappel de ces voitures. Les Français vont prochainement recevoir un courrier leur demandant de ramener leur véhicule au garage.

    23/09/2015

    Comme British Petroleum en 2010 et sa marée, le constructeur automobile allemand risque de payer une facture très salée pour avoir violé les lois antipollution américaines.

    Le constructeur allemand Volkswagen (VW) fait face à de sérieuses accusations de tricherie aux États-Unis. Ses voitures diesel VW et Audi produites entre 2009 et 2015 étaient équipées d’un système permettant de dissimuler le niveau réel des gaz polluants qu’elles émettent, afin de contourner les lois antipollution.

    En bien des aspects, un fiasco comparable à celui de British Petroleum, explique Reuters. En avril 2010, l’explosion sur la plateforme pétrolière Deepwater Horizons avait provoqué une énorme fuite de pétrole dans le golfe du Mexique.

    Une facture qui risque d’augmenter

    Cette catastrophe environnementale avait coûté cher à BP. Les coûts initiaux évalués par les spécialistes étaient de moins de 3,5 milliards de dollars. L’amende définitive, en vertu du Clean Air Act, s’est finalement élevé à 5,5 milliards de dollars. Mais BP a également dû contrôler la marée noire, indemniser les États touchés, nettoyer… A l’arrivée, la facture était salée: environ 55 milliards, selon Reuters.

    Volkswagen risque la même escalade financière. Théoriquement, le constructeur s’expose à une amende maximale de 18 milliards de dollars (16 milliards d’euros). Le calcul est vite fait: 482.000 véhicules non conformes ont été vendus, chacun risquant une amende de 37.500 dollars.

    Ce serait l’amende la plus forte jamais administrée par l’agence américaine de protection de l’environnement, précise Les Échos. Mais ce n’est pas tout. Le constructeur devra également rappeler les véhicules vendus depuis 2009 à ses propres frais et risque d’éventuelles poursuites en recours collectif. Sans compter les conséquences boursières: l‘action Volkswagen a chuté de 35% en deux jours.

    Une atteinte environnementale dissimulée

    Le journaliste économique Ambrose Evans-Pritchard du Telegraph, lui, considère le scandale de Volkswagen pire que celui de BP. Alors que BP et ses sous-traitants ont fait preuve de négligence, VW a «délibérement cherché à induire en erreur ses régulateurs en dissimulant habilement ses logiciels».

    De plus, même si aucun décès ne peut être directement lié au fait que Volkswagen a trafiqué ses véhicules, les dispositifs installés dans certains véhicules leur ont permis d’émettre des niveaux d’oxyde d’azote jusqu’à 40 fois supérieurs aux niveaux autorisés.

    Une image de marque sérieusement entachée

    L’objectif de VW était de devenir le producteur de voiture «le plus vert» d’ici à 2018. Ces accusations portent un sérieux coup à son image de marque. Le Telegraph va même plus loin: selon, lui c’est l’ensemble de l’industrie allemande qui en prend un coup:

    «L’Allemagne est le leader mondial dans le diesel propre. Ses entreprises automobiles ont parié lourdement sur cette technologie, dans l’espoir de se faire une place stratégique aux États-Unis où de nouvelles règles entrent en vigueur.»

    Alors que le président de BP s’était confondu en excuses, le patron de VW, Martin Winterkorn, s’est lui aussi «profondément [excusé] auprès de [ses] clients, des autorités et de l’opinion publique dans son ensemble pour cette faute». Insuffisant a priori pour sauver sa tête. On annonce déjà son remplacement à venir, ce vendredi 25 septembre, par le PDG de Porsche, Matthias Müeller.

    Slate

    http://fortune.fdesouche.com/391151-fraude-a-la-pollution-quelles-consequences-pour-volkswagen#more-391151

  • Le désespoir des agriculteurs européens

    600 croix, pour 600 suicides annuels parmi les agriculteurs. C’est la pour rendre hommage à ses confrères que Jacques Jeffredo, un maraîcher breton, procèdera à cette installation devant la basilique de Sainte-Anne d’Auray en Bretagne d’ici au 11 octobre. 
    Etranglés par les charges, travaillant souvent à perte, les agriculteurs demandent plus de coopération et moins de compétition, simplement pour pouvoir survivre. Un problème qui ne se limite pas à la France, mais qui touche toute l’Europe.

    http://fr.novopress.info/

  • KEYNES LU PAR PAUL JORION 2/2

    Le deuxième point (chapitre 15 et préc.) concerne la fixation des prix. L’auteur analyse jusque dans le détail les diverses hypothèses formulées par divers théoriciens de l’économie, soulignant que le problème est plus complexe qu’on ne le présente généralement, et qu’il n’y a pas qu’un seul mécanisme qui entre en ligne de compte. Je retiens un point essentiel (je crois) de cette analyse : le prix d’un bien ou d’un service ne dépend pas seulement de la « loi de l’offre et de la demande » (qui est tout sauf une loi), car un autre facteur intervient : le « rapport de force » (chapitre 14). 

    Il analyse longuement le statut et les implications du CDS (Credit-Default Swap) : il s’agit pour le prêteur d’une manière de s’assurer contre les « événements de crédit » et contre les éventuels « non-versements d’intérêts ». C’est un « instrument de dette », qui peut être échangé et qui dès lors, j’imagine, suit une cote. Interviennent alors, comme dans les assurances, les statistiques et le calcul des probabilités dans la fixation du taux d’intérêt et de la prime de crédit. 

    Il y a des choses, dans ce chapitre, qui m’échappent carrément, du genre : « Je n’ai encore évoqué jusqu’ici que la fonctionnalité a priori légitime du credit-default swap de constituer un marché de la prime de crédit implicite au taux d’intérêt d’un instrument de dette considérée comme un produit financier autonome » (p.231). Débrouillez-vous. Une carence lexicale doublée d’une carence syntaxique, je suppose. Je retiens seulement que plus le risque augmente, plus diminue la perception de ce risque par les acteurs du marché. J’imagine que cette infirmité est liée à la perspective de se gaver bientôt. Je verrais bien comme une table de jeu avec ses parieurs fiévreux autour. 

    A ce sujet, j’aime assez l’humour de Paul Jorion : quand il se met à expliquer ce qu’il considère comme l’ « usine à gaz » que Keynes a nichée au cœur de son maître-livre (Théorie générale …), il lance : « Le lecteur s’en sera déjà convaincu s’il est parvenu jusqu’ici dans sa lecture » (p.251, je souligne). 

    Tout ça pour dire que ce qu’on appelle complaisamment le « keynésianisme » ne constitue, aux yeux de l’auteur, que « la partie morte » de l’œuvre de Keynes, qui n’a, au demeurant, pas été écrite par lui mais par un nommé Hicks, dans un souci de simplification avalisé par le maître, qui voyait là l’occasion d’élargir son public. 

    Keynes était farouchement opposé à l’adossement de quelque monnaie que ce soit à quelque métal précieux que ce soit (étalon-or), et favorable à la « commodity money », que Jorion traduit par « monnaie marchandise ». Il appelait à la fondation d’une « Union monétaire internationale » (qui a inspiré la position britannique lors des négociations de Bretton Woods). L’auteur cite le biographe de Keynes, Skidelski : « Si les propositions de Keynes en 1919 avaient été appliquées, il est improbable que Hitler serait devenu chancelier allemand » (p.272). On dira : "avec des si ...". Certes, mais.

    Keynes, adepte de longue date du plein emploi (facteur de cohésion sociale) avertissait par ailleurs de la menace représentée par le chômage structurel, provoqué par les innovations technologiques. N’ai-je pas entendu récemment un économiste (Daniel Cohen) s’alarmer de la numérisation tous azimuts des tâches dans l’entreprise, au motif qu'elle « détruit les organisations ». Il résumait la pensée d’un de ces fanatiques de la numérisation à outrance en lui faisant dire que, si par hasard il faisait la même chose deux jours de suite, il fallait impérativement qu’il invente le logiciel qui supprimerait son propre poste de travail. On n’a pas fini d’inventorier les dégâts et merveilles d’une telle façon de concevoir le travail humain. 

    Pour conclure, je suis incapable de dire si ce livre permettra de refonder une « science économique » authentiquement digne du nom de « science », c’est-à-dire débarrassée de tous les oripeaux dogmatiques dont l’ont farcie les idéologues de l’ultralibéralisme « décomplexé ». Visiblement, ce n’est pas gagné. J’entendais encore ce matin (27/09) un certain Bujon de l’Estang s’efforcer, sur un ton pontifiant, docte et péremptoire, de ridiculiser les illuminés qui persistent à voir dans l’économie une « science molle », ce qu’elle est pourtant, très précisément, puisqu'elle n'a aucune capacité prédictive. 

    Paul Jorion n’est certainement pas un prophète. Tout au plus y a-t-il de l’utopie dans sa démarche : ce que remettent en question ses observations, ce n’est rien d’autre qu’un système, autrement dit un énorme ensemble infiniment complexe d'acteurs et de facteurs organisés par des relations de solidarité  : on ne fait pas bouger un tel ensemble avec le dos de la cuiller. Le rapport des forces en présence est incommensurable. Paul Jorion est un petit Poucet. Rien que la façon dont est enseignée l’économie dans les écoles et universités aurait de quoi rendre pessimiste : Jorion ne vient-il pas de se faire jeter, pour des motifs obscurs, de la chaire qu’il occupait à la « Vrije Universiteit Brussel » ? 

    Je signale que la plupart des « prix de la banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel », décerné pour la première fois en 1969 (appellation faite pour susciter l’imposture du raccourci « prix Nobel d’économie ») ont été attribués, pour la plupart, à des idéologues de l’économie ultralibérale, dont les théories encombrent tous les manuels scolaires. C’est David contre Goliath. 

    Cela me fait penser à ces journalistes égarés qui parlent des « lobbies écologistes » qui agissent en sous-main à Bruxelles, et qui font semblant d’oublier que les quelques actions vertes en direction des institutions européennes pèsent d’un ridicule poids financier, idéologique et communicationnel face aux vrais poids lourds de toutes les influences stratégiques des grands groupes transnationaux, qui financent massivement des « think tanks » pour qu’ils produisent ad nauseam des argumentaires calibrés au quart de poil pour impressionner et enfumer les "staffs" qui entourent ceux qui signent les décisions (pardon pour la longueur de phrase). 

    Paul Jorion a sans doute raison. Certes, je ne suis pas en mesure de juger, mais quand je vois la mafia des économistes « officiels » se liguer contre « le premier qui dit la vérité » (Guy Béart), je n’hésite pas à lui accorder crédit. Là où il se trompe peut-être, c'est quand il pense qu'on pourrait sauver la situation. Je pose la question : peut-on croire que du travail reviendra en France ? Franchement, j'en doute.

    Je n'ai pas tout compris à son livre. J'en ai pris ce que j'ai pu ou cru comprendre. Bien que je sois assez pessimiste sur ce que l'avenir nous réserve, je lance à Paul Jorion cet appel : « Tenez bon ! ». 

    Voilà ce que je dis, moi.

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  • KEYNES LU PAR PAUL JORION

    Paul Jorion s'est appuyé les trente volumes des œuvres de John Maynard Keynes pour en avoir le cœur net sur les théories de cet économiste célébrissime. Cela a donné ce livre.

    JORION PAUL KEYNES.jpg1/2 

    Penser tout haut l’économie avec Keynes(Odile Jacob, septembre 2015). 

    Paul Jorion est aujourd’hui connu pour être l’un des très rares spécialistes de la pensée économique à avoir prédit, dès 2004, la désormais célèbre « crise des subprimes ». Je viens de lire son dernier bouquin : Penser tout haut l’économie avec Keynes

    Il paraît que le titre (compliqué : je ne comprends pas « penser tout haut ») prévu par l’auteur a été modifié par l’éditeur. Quoi qu’il en soit, c’est un livre passionnant, mais difficile pour qui n’a pas fait des études d’économie et, en l’espèce, d’économie financière. C’est mon cas. Et je redis que je déteste, dans n’importe quelle discipline du savoir, le spécialiste qui jargonne dans le seul but d’intimider le public ou le lecteur. 

    Ce n’est pas le cas de Paul Jorion, qui sait s’exprimer en français vulgaire (au sens latin), et dont j’apprécie le blog, en particulier, tous les vendredis, la vidéo astucieusement intitulée « Le temps qu’il fait ». C’est sur sa recommandation que j’ai lu récemment La Gouvernance par les nombres, d’Alain Supiot (voir ici même, 9 et 10 septembre), lecture importante que je me félicite d’avoir faite et que je le remercie d'avoir suggérée. 

    L’avantage décisif de Paul Jorion sur les économistes, c’est qu’il n’est pas économiste. Au départ, il est « anthropologue de l’économie », et c’est en tant que tel qu’il examine l’économie. Il est probable que s’il avait été élevé dans le sérail, il ne serait pas devenu le trublion de cette pseudo-science, le poil à gratter, ou le caillou dans la chaussure des tenants officiels de la « science » économique (systématiquement orthographiée entre guillemets, pour bien marquer ce qu’il en pense). 

    L’objectif de l’auteur, dans son livre sur Keynes, est double : 1) aller fouiller dans les œuvres du célèbre économiste (et dans diverses autres sources), pour exposer exactement dans ses détails et ses fondements la théorie qu’il a élaborée, et que thuriféraires et adversaires actuels font semblant de bien connaître ; 2) poser les bases d’une théorie enfin débarrassée des doctrines scientistes qui constituent aujourd’hui l’essentiel de l’économie qu’on enseigne dans les écoles et universités, et qui n’est rien d’autre qu’une idéologie dogmatique au service des puissants. 

    Pour résumer : qu’on en finisse avec un mythe « keynésien » que tout le monde brandit à tort et à travers comme étendard ou comme épouvantail (suivant qu’on est « de gauche » ou « de droite »), et puis qu’on arrive à entrevoir la possibilité de refonder la « science » économique sur le socle dont elle n’aurait jamais dû descendre : la politique.

    Toute l'imposture de la prétendue « science » économique est dans l'escamotage de toute considération politique dans ses corps de doctrine, et dans son auto-promotion au même rang que les "sciences exactes" : du fond des éprouvettes de son laboratoire, elle prétend se contenter de décrire des phénomènes d'ordre mécanique. Plus le mensonge est gros, plus ça passe.

    Jorion le dit bien dans une petite vidéo : pour Keynes, il n’y a pas de solution économique à un problème économique : affirmation magnifique ! Il ne cesse de dénoncer le passage prestidigitalesque de l' « Economie Politique » à la « science » économique, aux alentours de 1870, une « science » qui, fondée sur les mathématiques et le calcul différentiel, emmène le monde à sa perte tout en promettant le paradis. C’est la grande qualité de Keynes, qu’il souligne a contrario, de n’avoir jamais perdu de vue que ce n’est pas la société qui est faite pour l’économie, mais l’inverse. 

    Son objectif, dans ses recherches théoriques, a toujours consisté (Jorion ne cesse de le rappeler) à viser, sinon le consensus total, du moins le plus petit « dissensus » possible. L’idée semble tout à fait raisonnable et équilibrée : que l’on s’entende sur une façon de vivre ensemble (ah, « le vivrensemble » !) en limitant au maximum les occasions des inévitables oppositions et divisions. La philosophie économique de Keynes est d’inspiration humaniste, et l’auteur la fait visiblement sienne. 

    Paul Jorion n’est pas fasciné par le personnage, dont il analyse froidement aussi bien les traits de génie que les bourdes. Il analyse dans l'ordre les ouvrages de Keynes, soulignant les trouvailles les plus marquantes, retraçant les grandes étapes de son parcours intellectuel (et social : quand il est mort, il avait accumulé une fortune considérable), depuis ses études à Eton puis Cambridge et le groupe « Bloomsbury » où il évoluait, jusqu’à son grand œuvre : laThéorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936). A noter que Keynes avait dénoncé dès 1919, dans Les Conséquences économiques de la paix, les catastrophes qui devaient découler des conditions revanchardes faites à l’Allemagne après sa défaite. Mais Cassandre aussi prophétisait dans le désert. 

    Je ne vais pas tenter de résumer le livre de Paul Jorion, de toute façon ce serait raté. Je me contenterai d’évoquer quelques points de ce que je crois avoir compris : la difficulté rencontrée à la lecture semble moins liée à un jargon prétentieux qu’à l’extrême technicité (bien qu’il s’en défende : « Précisons, quitte à être un peu technique dans notre explication … » p.225) de considérations mettant en jeu des notions qui me sont tout sauf familières. Les deux thèmes principaux abordés par l’auteur, situés dans la deuxième partie (consacrée à la Théorie générale …, le grand livre de Keynes), essaient d’élucider, en se débarrassant des préjugés et dogmes en vigueur, comment sont fixés, d’une part les taux d’intérêt, d’autre part les prix. 

    Le premier point figure au chapitre 12 : « Keynes et le mystère du taux d’intérêt ». Comment se fixent les taux d’intérêt ? Pour parler franchement, je n’en sais rien. Pour parler plus franchement, ce que j’en sais tient à un slogan publicitaire d’il y a longtemps : « Votre argent m’intéresse ». Intuitivement, j’avais tendance à ajouter : « Parce qu’il me permet d’en gagner encore plus ». L’intuition m’indique que, si quelqu’un a de l’argent à me prêter, c’est qu’à la sortie, il ne sera pas appauvri. 

    L’analyse que fait Paul Jorion de ce « mécanisme » est infiniment trop subtile pour moi, dans un domaine dont j’ignore à peu près tout. Ce que je crois pouvoir retenir de ce chapitre, c’est que le prêteur s’approprie quelque chose à quoi, en toute justice, il n’a pas droit. Ensuite, que l’auteur dénonce l’imposture de Keynes qui, par un tour de passe-passe, donne soudain la priorité à la « préférence pour la liquidité » sur l’ « efficacité marginale du capital », tout cela ne me parle guère. Il explique quand même que Keynes, qui « se défendait contre les implications révolutionnaires de ses propres théories » (p.189), délaissait « une explication matérialiste au bénéfice d’une explication idéaliste » (p.190). Passez muscade. 

    Ce que je crois pouvoir retenir, c’est que Paul Jorion critique ici le théoricien, au motif qu’il truque lui-même sa théorie, et très sciemment, probablement en fonction de ses propres intérêts (de spéculateur avisé). Car jusque-là, il déroulait sa théorie selon une logique imperturbable. 

    Je ne m’étendrai pas. 

    Voilà ce que je dis, moi.

    http://lantidote.hautetfort.com/

  • Michel Drac : « La crise commencée en 2007 avec les subprimes n’est qu’un détonateur, la véritable charge n’a pas encore explosée » | Entretien pour Le Cercle Curiosa.

    En février 2013, nos concurrents et amis des éditions Alexipharmaque publiaient « Entretiens avec des hommes remarquables », un recueil d'entretiens réalisés par le Cercle Curiosa, avec Luc-Olivier d'Algange, Christian Bouchet, Klaus Charnier, Francis Cousin, Alexandre Douguine, Michel Drac, Arnaud Guyot-Jeannin, Thibaut Isabel et Laurent James. L'ouvrage est préfacé par Alain de Benoist.

    Avec leur aimable autorisation, nous publions aujourd'hui l'entretien de Michel Drac tout en vous proposant de vous procurer l'ouvrage en ebook pour découvrir les riches écrits des autres contributeurs...

    Le Cercle Curiosa : Dans la profession de foi de Scriptoblog, le site dont vous êtes un des fondateurs, nous pouvons lire la chose suivante : « L’esprit Internet, mis au service de la création littéraire. […] Ce site est destiné à tous ceux qui veulent, en écrivant, en lisant, en échangeant, refaire un sens, retrouver le goût du combat, refuser la passivité. […] Rejoignez-nous, restez vivant. » Au milieu des ruines du spectacle mondial, Internet peut donc nous aider à rester vivant et autonome ?

    Michel Drac : D’abord c’est mieux que rien. Ensuite, l’important, c’est d’en sortir si on y rentre. Il faut se méfier du tout Internet, parce que le pouvoir peut couper l’Internet ou le mettre sous contrôle, à la Chinoise, n’importe quand. Mais pour l’instant, c’est un bon moyen de faire circuler l’information et de construire du sens collectivement.

    La décroissance, en invitant chacun à la frugalité matérielle, peut-elle générer une ascèse spirituelle, un Retour aux Sources, et nous relié ainsi, tel un chaînon invisible, aux « principes immuables et éternels » (Guénon) ?

    L’actuel culte de la croissance n’est rien d’autre qu’une paraphrénie cherchant à se cautionner elle-même. Vous avez vu le film Shutter Island ? Eh bien DiCaprio dans ce film, c’est l’Occident contemporain. Ce que nous appelons la « croissance », c’est le mécanisme qui consiste à recycler le réel dans le cadre paraphrénique. La seule chose que mesure désormais la « croissance », c’est le territoire codé par le signe monétaire. Si demain on établissait la taxe carbone, « l’activité économique » des entreprises chargées de répercuter à leurs clients le poids de cette taxe entrerait dans le calcul du PIB ! Soyons clair, c’est un délire paraphrénique, et bientôt une paranoïa pure et simple. Donc, évidemment, il faut sortir de la « croissance » telle qu’on la mesure aujourd’hui. Faut-il pour autant sortir de la croissance réelle, c’est-à-dire l’expansion de la production ? Sur ce point-là, j’aurais tendance à donner une réponse plus nuancée. Il est clair que nous produisons beaucoup de choses inutiles voire nuisibles. Objectivement, si on fabriquait moins de téléviseurs, on ne se porterait pas plus mal. Par contre, nous manquons de biens de première nécessité, ou en tout d’une utilité manifeste.

    Je ne verrais pas d’inconvénients, par exemple, à ce qu’on fasse croître la production de nourriture saine, de logements décents, de vêtements solides et esthétiques à la fois. Et, n’en déplaise aux rêveurs, avec les densités de population contemporaines, ce ne sera possible que dans le cadre industriel. Je crois que nous avons besoin d’une autre croissance, pas forcément d’une décroissance. Il s’agit de sortir de la paraphrénie pseudo-productiviste induite par l’économie capitaliste contemporaine, qui se cherche constamment des débouchés, même insolvables à moyen terme, pour employer un énorme capital sur-accumulé. Qu’une autre mesure de la production intègre, dans ses paramètres, la nécessité de préserver, entre autres choses, le lien entre l’homme et la nature, entre l’homme et sa lignée, entre l’homme et le règne animal, n’est en rien incompatible avec la poursuite de la croissance, la vraie, celle de ce qui nous sert, celle de ce qui nous rend plus humains. Concernant maintenant la nécessité de l’ascèse, je pense, comme pas mal de monde avant moi, qu’il y a plusieurs types d’hommes dans l’humanité. Il est évident que les méditatifs se portent d’autant mieux qu’ils possèdent moins : ils recherchent les avantages spirituels de la non possession, condition sine qua non du non attachement. C’est une chose. Mais vous ne pouvez pas demander la même chose aux gens ordinaires. Eux, ils veulent « prendre du bon temps », « ne pas s’en faire ». Il n’y a aucun mal à ça, cette diversité humaine est une bonne chose. Il faut en tenir compte si on veut formuler un projet crédible et qui puisse être accepté par les masses – surtout après le conditionnement consumériste qu’elles ont subi.
    Donc, en résumé : pour une autre croissance, qualitative plus que quantitative, réelle et non virtuelle – avec, pour des minorités qui en feraient le choix, la possibilité d’une décroissance soutenable. Mais seulement pour ces minorités. Si tout le monde pouvait atteindre au non attachement, depuis le temps, ça se serait vu.

    Notre monde ne commence-t-il pas à ressembler à celui du film Resident Evil avec ses zombies, ses derniers humains et un virus qui aurait échappé au contrôle d’une hyperclasse refugiée sous terre, en Enfer ?

    Ce qui est sûr, c’est que notre monde commence à ressembler à l’Enfer tel que Bernanos le définissait : « L’Enfer, c’est de ne plus aimer. » C’est un enfer comique, d’ailleurs, parce que les damnés affectent souvent de s’y réjouir, n’ayant majoritairement pas conscience de leur condition. Cela étant, où est l’hyperclasse ? Je crois qu’ici, il faut, avant de répondre, définir le terme. Si par hyperclasse on entend, comme Jacques Attali, disons le 0,01 % le plus riche de l’humanité, les « hypernomades » titulaires d’un droit de résidence dans toutes les grandes capitales, je ne suis pas vraiment sûr que ces gens-là soient réfugiés sous terre, ni qu’ils aient perdu le contrôle de leur virus. On dirait plutôt qu’ils entendent se réfugier en altitude ; ils font du ski à Gstaad ou à Megève, et se moquent bien de ce qui peut se passer dans les plaines, là où l’air est pollué. Au fond, ils sont, à ce stade, plutôt contents de ce qui se passe, je suppose. Leur refuge, ils ne le vivent pas comme un enfer. Après tout, pour les démons, l’Enfer fait figure de paradis. Ensuite, si on s’intéresse au 0,000001 % de la population qui forme la vraie hyperclasse, c’est-à-dire ceux qui décident, et voient à long terme, là, il est possible que ces gens-là commencent à s’inquiéter pour de bon. Parce que, voyez-vous, la perte de contrôle, elle n’est pas là, mais on la sent venir. On n’est pas dans Resident Evil, on en plante juste le décor, pour l’instant. Ça viendra. Notre monde, à ce stade, me fait plutôt penser à La compagnie des glaces, pour prendre une autre référence grand public. Il y a les privilégiés, les actionnaires de la « Compagnie », qui ont des bulles chauffées où ils boivent des martinis à côté de plages artificielles paradisiaques ; il y a le populo, qui grelotte sur une terre frigorifiée, et se fait déplacer de force, le long de voies ferrées plus ou moins sûres ; et puis, tout en haut, chez les vrais patrons, il y a une angoisse diffuse, tandis que la « Sécurité » prend le contrôle de la « Compagnie ». Lisez ce vieux bouquin des 70’s. C’est terriblement daté sur certains plans, mais l’allégorie est bien vue, quand même.

    Pour parer à tout conflit pouvant faire surgir la Vérité à son sujet, le capitalisme procède à un renouvellement incessant de l’ordre. Ce renouvellement semble relever d’un recyclage, d’une recombinaison incessante des éléments de son système. Les possibilités de codage sont-elles infinies ?

    Non, rien n’est infini qui a été créé. Le capitalisme contemporain butera tôt ou tard sur ses limites. Il est d’ailleurs en train de le faire, je crois. Il va forcément falloir qu’il se réinvente en profondeur, cette fois. Il ne s’agira pas simplement de recombiner, la substance devra être modifiée. Nous sommes arrivés à un tournant majeur, le genre de ruptures qui ne se produisent qu’une fois par siècle, ou à peu près. La crise commencée en 2007 avec les subprimes n’est qu’un détonateur. La véritable charge n’a pas encore explosée, et elle est tout à la fois géopolitique, culturelle et écologique. Je crois qu’on ne peut plus poser les problèmes à l’intérieur du paradigme restreint défini par la critique intelligente des années 60-70 ; on change d’époque, de dimension. De braquet historique, si j’ose dire. C’est autre chose. 

    Les critiques dites « extrêmes », que ce soit celles de gauche ou de droite, semblent justement rivées à ces paradigmes obsolètes et de ce fait elles ne font que donner des coups d’épées dans l’eau, quand elles ne servent pas ce à quoi elles s’opposent. Quelles pourraient être les bases d’une critique radicale dont la lame serait de nouveau tranchante ?

    Ce qui me frappe, dans la plupart des discours dissidents contemporains, c’est qu’au fond, les gens qui les tiennent donnent l’impression de vouloir corriger le système. Pas d’accord. Nous ne sommes pas là pour corriger le système, ni même pour l’aider à s’auto-corriger. Rien ne peut nous faire plus plaisir de que de le voir incapable de s’amender. Certes, le spectacle est consternant, mais hauts les cœurs : pire ça sera, mieux ça sera ! Parce que pire ça sera, plus vite toute la boutique sera par terre ! C’est ici que nous devons introduire un nouveau concept. Quand je tiens ce genre de discours, en effet, « on » me fait remarquer que si le système implose, nous en subirons nous aussi les conséquences. À quoi je réponds : précisément, il s’agit de nous organiser pour ne pas en subir les conséquences. Ce n’est que quand nous n’aurons plus besoin du système que nous pourrons vraiment le combattre. La critique radicale redeviendra donc possible avec la réaffirmation d’une capacité à opérer une fracture dans le continuum sociétal. Nous devons être capables de produire progressivement une contre-société, que j’appelle « fractionnaire » pour indiquer que c’est plus qu’une dissidence, quasiment une sécession a-territoriale. C’est la voie de l’avenir, celle qui rendra possible la construction d’un rapport de force. Quand je vois des résistants qui écrivent des choses intelligentes, mais continuent à rechercher leur subsistance dans le système, sans s’organiser collectivement pour en sortir, j’ai envie de leur demander : et où vous croyez aller, comme ça ? Bien sûr, il m’est plus facile qu’à la majorité des gens d’entrer dans une telle logique. Ici, mon très ancien protestantisme joue un rôle, c’est certain. Quand vous admettez la double prédestination sur le plan spirituel, il est beaucoup plus facile de penser politiquement dans les catégories de la différence, de la hiérarchie, de la priorité. J’admets volontiers que les catholiques, qui se sont semble-t-il persuadés que l’Enfer était vide, auront quelques difficultés à le voir se remplir ici-bas, dans une assez respectable préfiguration. Eh bien, il va falloir qu’ils s’y résignent, parce que de toute façon, c’est ce qui va se passer si on continue comme ça. La question est de savoir si tout le monde y finira, dans cet Enfer simulé, ou si une fraction, se définissant en rupture d’avec le continuum sociétal, saura choisir une autre voie, construire un avenir alternatif. Votre lame tranchante, elle est là. Ce qu’elle tranche, c’est l’unicité de l’expérience humaine. Il faut arrêter de poursuivre cet objectif absurde : le salut de tous par tous. Certains peuvent se sauver eux-mêmes, d’autres pas, voilà la vérité. Dès qu’on pense ainsi, un nouveau champ de critique s’ouvre, mais surtout, plus important, un immense champ d’action, avec, pour commencer, la fabrication méthodique d’une nouvelle élite. Une élite qui tranchera à l’intérieur d’elle-même, en même temps qu’elle tranchera entre ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas. Et une élite qui pourra peut-être, si Dieu veut, le jour venu, sauver dans son sillage ceux qui n’avaient pas vocation à la rejoindre au départ, mais portent en eux, malgré tout, comme un feu endormi. Quant aux autres… Quelqu’un a dit, je crois, quelque chose comme : « ce qui penche, il faut le faire tomber ». Ce quelqu’un avait raison. Je crois bien que c’était Nietzsche, d’ailleurs.

    On évoque dans certains milieux le financement de la révolution bolchévique par les banques américaines et anglaises, faisant advenir rapidement et brutalement un « Capitalisme d’état » dans une société féodale et traditionnelle. Le communisme a-t-il été l’idiot utile du Capital comme l’est aujourd’hui notre social-démocratie vacillante ?

    Le Capital, avec un grand « C », est un principe. Or, les principes n’ont pas d’idiot utile, ils se déploient dans le réel, c’est tout. Le bolchevisme a consisté, concrètement, à fabriquer un capitalisme d’État qui préparait l’étatisme du capital, d’où la remarquable convergence des oligarchies stato-maffieuses russes avec les oligarchies mafio-étatiques occidentales, dans les années 1990. Je ne suis pas sûr qu’il faille y voir l’indice d’une planification, ça s’est peut-être fait tout seul, hasard et nécessité, si vous voulez. C’est la technique qui est le véritable moteur de l’histoire, ça devient de plus en plus évident – elle surdétermine tout le réel social, à commencer par l’évolution de la structure de classes. Le bolchevisme a prouvé que l’État n’était pas l’instrument qu’il fallait pour sortir du capitalisme, c’est tout. Il a été avalé par la technique, exactement comme le capitalisme occidental, et ça l’a conduit au même type de structure sociale, pour finir. Cela dit, évidemment, si on enlève le grand « C » et qu’on le remplace par un petit « c », alors là, on peut effectivement poser la question comme vous le faites – parce que dans ce cas-là, le capital, c’est des gens. Et les gens peuvent avoir leurs idiots utiles, évidemment. Le fait est que Lénine a été financé par le capital allemand – je ne dirais pas qu’il était un idiot utile, mais le fait est qu’on a voulu l’utiliser. Même chose pour Trotski, avec le capital américain. Enfin, américain… Pour aller plus loin dans le raisonnement, il conviendrait que je consulte préalablement un avocat bien versé dans la loi Pleven. Joker. 

    Si une révolution doit advenir, ressemblera-t-elle selon vous à une Seconde Révolution Française providentielle (Joseph de Maistre) ou bien à un djihad islamique, soit la « grande guerre sainte » contre l’ennemi intérieur introduisant la « petite guerre sainte » contre l’ennemi extérieur ?

    Pour faire la révolution, il faut une conscience politique. Cette conscience ne sera jamais produite par les masses, elle ne peut être secrétée que par une élite. La nature de cette élite indique la nature probable de la révolution future. Donc, où se trouvent, aujourd’hui, les élites révolutionnaires capables de secréter une conscience politique en rupture avec le système ? Il y a bien les milieux musulmans, mais ça pèse quoi ? En fait, pas grand-chose. Il ne faut pas être dupe des prêches enflammés : les musulmans ont vocation à rester minoritaires en France – que reste-t-il de « l’islam de toujours » chez la beurette consommatrice contemporaine ? Allons, comme Todd l’a très bien montré, nous allons vers ce qu’il appelle un « rendez-vous des civilisations ». Moi, j’appellerais volontiers ça un rendez-vous des suicides – mais sur l’existence du rendez-vous, je le rejoins. À part ça, quoi ? Eh bien à part ça, rien. La gauche est en miette, et à 80 %, elle est passée avec armes et bagages dans le camp de son adversaire historique. « L’extrême droite », n’en parlons pas : à part quelques boutonneux antifas qui veulent jouer les résistants avec sept décennies de retard (c’est moins dangereux), tout le monde sait très bien que ça se décompose entre : un tiers de braves gars complètement déphasés, un tiers d’opportunistes qui rêvent de se vendre à la droite d’affaires, un tiers de gens de passage, qui sont là surtout parce qu’ils ne savaient plus où aller. Quant à l’Église catholique, c’est une institution immense, admirable sans doute par sa longévité, et qui, je n’en doute pas, incarnera encore longtemps un pôle de résistance dans certains pays. Mais en France, on n’en parlera pas. Par moment, je me demande si ce n’est pas, en grande partie, une fausse Église catholique – une façade catholique, avec quelque chose de tout à fait différent derrière. Je suis sérieux, je me pose la question. Je ne parlerai pas non plus des églises protestantes – d’abord, elles se veulent modernes, ça dit tout ; ensuite, en France, de toute façon, c’est quantité négligeable. Le plus probable est que nous allons assister à la généralisation d’une révolte diffuse, produite spontanément par les masses dans un réflexe collectif. Sans élite pour la canaliser, cette révolte ne débouchera sur rien de probant, même si elle peut momentanément fragiliser le système. Conclusion : le boulot, c’est de produire une élite capable, le jour venu, de chevaucher cette révolte pour lui donner un sens. La providence s’occupera de nous donner une révolte à canaliser. Mais le canal, il faudra le creuser nous-mêmes.

    Si le Capital est la forme économique qui apparaît quand Dieu commence à mourir, peut-on en déduire qu’il est une forme de nihilisme actif ? Pourrait-on comparer le Capital à un trou noir, soit à un puits d’antimatière ?

    Votre question est intéressante. Qu’est-ce que Dieu ? La cause première, celle qui, par conséquent, porte en elle toutes les autres causes, y compris les causes finales. Dire que Dieu meurt, c’est dire qu’on admet qu’il n’existe pas de cause première, et que, donc, les causes finales ne sont pas prédéterminées. Il ne s’agit pas ici de « croire » ou de « ne pas croire » en Dieu, formulations totalement vides de sens et d’enjeu. Il s’agit d’une posture de l’être humain par rapport à l’être tout court. Dire que les causes finales ne sont pas prédéterminées, c’est dire qu’elles sont déterminables. Par qui ? Par l’homme. Ça, c’est le point de départ de la modernité, l’instant où nous sommes sortis de l’univers religieux. Une fois sorti de cet univers, toutes les anciennes morales explosent. On essaye bien de se raccrocher à la philosophie, mais c’est un pis-aller. Maïmonide ne peut survivre qu’à travers Spinoza, Luther à travers Leibniz. Ça ne marche pas : allez donc philosopher avec les foules – c’est une religion qu’il leur faut, pas une philosophie. Et puis, il y a Thomas d’Aquin, qui ne doit pas escompter la pitié de Descartes. 
    Bref, une fois sortis de l’univers religieux, puisque tout explose, nous voilà obligés de déterminer les causes finales, et sans l’équipement qui permettrait au moins de le faire proprement, avec des outils éprouvés. Alors, on bricole. Ça s’appelle l’idéologie, et ça commence en France, avec Montesquieu je crois, au fond, pour s’accomplir en Allemagne, avec Hegel. Chez Montesquieu, il s’agit de mettre le Droit à la place de Dieu. Chez Hegel, il faut déifier l’Histoire pour que l’État devienne le Messie. Rien de tout cela ne marche, bien sûr ; pas longtemps, en tout cas. Et pendant ce temps-là, dans une île perdue au nord du continent, un petit peuple trouve une solution idéologique qui fonctionne – temporairement du moins. Hobbes, Locke, Bentham et compagnie : le tour est joué. Puisque les causes finales ne sont pas prédéterminées, c’est qu’il n’y en a pas. C’est à ce moment-là que le capitalisme, en tant qu’idéologie, est né. Le Capital existait évidemment avant, et le capitalisme comme système économique date au moins du Moyen Empire Égyptien. Mais quant au capitalisme comme idéologie, c’est bel et bien en Angleterre, au XVII° siècle, qu’il prend son envol. Le capitalisme, en tant qu’idéologie, énonce qu’il n’y a pas de causes finales. Le Capital, comme principe, n’a donc pas d’autres justifications que lui-même, puisqu’il est la seule finalité du Travail. CQFD, en avant pour la conquête du monde, dégageons du profit, pillons la nature. La finalité, c’est d’y aller. Où ça ? On verra. En attendant, ça nous plaît, d’y aller. Utilitarisme, voilà le mot-clef. S’il n’y a pas de cause finale, alors, c’est que le Bien, c’est ce qui nous sert, nous, ici, maintenant. Si l’on scrute la pénombre pour discerner la « main invisible », si l’on dépouille la « société ouverte » de ses oripeaux, donc si l’on fout Adam Smith et Popper à poils, passez-moi l’expression, voilà le fond de l’affaire. Tout le reste en découle, à commencer par le désastre contemporain, dont nous parlions tout à l’heure. Et justement, c’est là que votre question devient intéressante. Parce que, voyez-vous, ce qui est très curieux, c’est que la négation du religieux nous ramène en plein dedans. Le capitalisme, au fond, ressemble de plus en plus à un culte idolâtrique sacrificiel. Le Capital comme principe, c’est Baal. Il y a des passages dans l’Écriture qu’on dirait écrits tout exprès pour dénoncer le capitalisme contemporain. Comme si, une fois sortis de l’univers religieux, nous étions obligés d’y retourner par le bas, par l’idolâtrie pure. René Girard a très bien montré, par exemple, comment les idéologies modernes étaient finalement construites sur un schéma assez proche de celui des cultes sacrificiels primitifs. Votre « puits d’antimatière » ressemble beaucoup à cette fente dans un mur, en haut des pyramides aztèques, où l’on jetait les cœurs des suppliciés pour nourrir je ne sais plus quelle divinité ethnique absurde. Donc, vous n’avez pas tout à fait tort, on dirait. 

    Justement, si l’idolâtrie pure est un substitut à la foi, soit une vision religieuse par le bas, est-il de notre devoir, pour renverser la tendance et réintégrer par le haut la Lumière Primordiale, de sacrifier les tenants du Capital, comme le héros du roman de Jef Carnac, Vendetta ?

    Vous noterez que Carnac a fait précéder son roman d’un avertissement : « c’est du second degré ». Il est donc clair que ce qu’il décrit n’est pas ce qu’il souhaite voir advenir. À mon avis, Vendetta, c’est ce qui se passera si nous ne parvenons pas à fonder cette logique « fractionnaire », dont je parlais plus haut. Si nous ne créons pas un espace en rupture, à l’intérieur duquel incuber le sens, l’absurdité débouchera sur les logiques criminogènes qui ont ensanglanté le XX° siècle. C’est tout l’enjeu, justement, de notre démarche : faire en sorte que la révolte soit canalisée vers la construction, au lieu d’être captée par les destructeurs.

    Auteur d’un livre intitulé La question raciale, comment aborder sereinement et sans complexe cet épineux sujet ? Quid de la race au sens antique et de la race au sens moderne ?

    Dans cet essai, j’oppose la race au sens antique à la race au sens moderne. La nuance est subtile, mais bien réelle : chez les Anciens, la race est une réalité biologique. Une « race » est une lignée. Alors que chez les modernes, la race est un agrégat statistique défini par un critère. À partir de là, je développe un argumentaire auquel on pourra adhérer ou pas, mais qui, dans mon esprit, a, disons, le mérite de soulever un certain nombre de questions d’ordinaires passées sous silence, et généralement non identifiées. En particulier, le caractère étonnamment réversible du racisme et de l’antiracisme dans la modernité : finalement, dans les deux cas, il y a réduction de l’humain à la donnée statistique, ultra-segmentée dans le cas du racisme, unifiée dans le cas de l’antiracisme, mais toujours statistique, mathématique, quantifiable. Bref, j’arrive à la conclusion qu’un antiraciste contemporain est souvent un raciste au nom de l’humanité métisse à venir, ou quelque chose de cet ordre. Comment aborder cet épineux problème ? En parlant clair, net, simple. Je vais vous dire quelque chose qui va peut-être vous étonner : j’ai parlé de cet essai avec des dizaines de lecteurs, dont beaucoup n’étaient pas de « race blanche ». Eh bien personne n’a été choqué, personne, parmi les lecteurs, ne m’a accusé de m’être montré insultant, ou quoi que ce soit de cet ordre. À part quelques forumistes crétins sur des sites pour idiots du web, qui ont parlé de mon livre sans l’avoir lu, personne ne m’a « nazifié » à cause de ce que j’ai dit. Ce qui prouve bien que quand on parle sereinement et sans se cacher derrière son petit doigt, avec respect pour tous nos frères humains, on peut parfaitement dire, comme je le fais, que la question raciale se pose. Ça ne choque que les petits gauchistes déréalisés, et autres guerriers du web à la con. Ça ne pose en revanche aucun problème aux personnes qui ne sont pas de la même origine que nous.

    Quel regard posez-vous sur l’eugénisme, ou plutôt sur les eugénismes ? Ce rejeton du scientisme et du positivisme, d’essence calviniste selon G. K. Chesterton, peut-il aider à la constitution d’une aristocratie biologique héréditaire, et ainsi contrebalancer l’élite oligarchique ?

    L’eugénisme me paraît effectivement en partie d’essence calviniste, sur ce point je rejoins Chesterton. Cela étant, il m’apparaît plus comme une pathologie induite par l’esprit puritain que comme l’essence même du calvinisme. C’est ce qui arrive quand on prolonge une pensée hors du paradigme au sein de laquelle elle a été formulée : on la retourne contre sa pure expression. Pour avoir lu Calvin, je peux vous garantir qu’il serait bien étonné si, revenu parmi nous, il constatait ce que ses héritiers ont fait de sa pensée ! Ce qui est inquiétant dans l’eugénisme, c’est qu’il pose l’homme comme un objet. Le sous-entendu, c’est que l’on peut, par la matière, réparer le Verbe. C’est le retournement de notre authentique héritage chrétien. Ce qui fonde l’aristocratie n’est pas la performance, mais l’esprit. L’aristocrate est digne de gouverner non parce qu’il est le plus fort, sélectionné racialement selon des méthodes pseudo-scientifiques, mais parce qu’il est le meilleur. Or, ici, que veut dire meilleur ? Courir plus vite, comme un lévrier ? Avoir un super-score aux tests de QI, comme un singe savant ? Non, cela veut dire : être digne de l’Amitié qui unit les âmes bonnes. Cela n’a rien, mais rigoureusement rien à voir avec l’eugénisme. En fait, la simple idée de recourir à l’eugénisme pour secréter une aristocratie prouve qu’on ne comprend plus ce qu’est une aristocratie. Il y a plus de noblesse chez un paralytique qui se dépasse aux jeux paralympiques que chez un sprinteur surentraîné qui triche avec des anabolisants, parce qu’un paralytique qui se dépasse réussit l’unité de son être et la réconciliation de son corps avec son âme. C’est tout.

    Si le Capital est une « brèche qui anéantit », n’y a-t-il que la Religion pour anéantir le néant ? Le Capital, miné par le poids de ses contradictions, finira-t-il, tel un Chronos s’auto-dévorant, par s’annihiler lui-même ?

    Le Capital, miné par le poids de ses contradictions, va s’écrouler, avec le poids de quelque chose comme 80.000.000.000.000 de dollars de créance irrécouvrable sur les épaules. Cela, c’est la rupture majeure, celle qui ne se produit qu’une fois par siècle. Mais, en s’écroulant, le Capital pulvérisera tout sur son passage, de sorte que ce n’est pas forcément lui qui mourra de sa chute. En fait, une fois qu’il aura détruit l’État, il se pourrait qu’il soit renforcé comme principe. C’est manifestement tout le projet de notre classe dirigeante. Là, pour l’instant, la dette fabriquée par le système capitaliste a été transférée aux États. Quand ils feront faillite, après avoir sauvé les banques, on érigera sur leurs ruines un État corporatif d’un nouveau genre – sans doute un État « eurocorporatif », s’agissant de notre continent. Un État « eurocorporatif » qui sera lui-même inclus dans un réseau plus vaste, une sorte de pouvoir corporatif mondial en gestation – un « globalitarisme », pour parler comme Virilio. Un « totalitarisme des totalitarismes », dont le seul objet sera de maintenir à l’échelle globale un fonctionnement totalitaire homogène dans son principe, bien que ses dispositifs idéologiques fonctionnels puissent varier localement. À ce moment-là, une fois de plus, le Capital aura gagné dans le monde. Il faut bien comprendre que la faillite fait partie intégrante de son être, ce n’est qu’une phase dans le processus de concentration des richesses, un moment dans une respiration. Et on se retrouvera, au final, avec un pouvoir capitaliste « globalitaire », structuré par une vision du monde infantile et perverse, et si profondément intégrée par les hommes qu’à de rares exceptions près, ils la percevront comme une simple description du réel. Ce sera une étape de plus dans le triomphe de l’Antéchrist, si vous voulez bien poser cela en termes mystiques. Après, évidemment, il y a la suite. C’est cela qu’il faut préparer, ce qui vient après ce moment où l’Antéchrist aura épuisé une de ses formes possibles. Nous verrons sans doute des convulsions annonciatrices, mais quant à l’évènement lui-même, nous ne le verrons pas avec nos yeux d’homme. Cela arrivera bien après notre mort. Nous aurons quelques victoires, ici ou là, sans doute, mais rien qui permette de faire imploser le Capital. Nous survivrons, c’est tout, pour transmettre ce que nous savons, pour que d’autres ensuite reprennent le combat, quand l’adversaire reviendra, sous une autre forme. Nous ne verrons jamais notre propre victoire. Entre nous, c’est une sacrée chance. Vous savez ce que nous faisons ici ? Je veux dire : nous, qui ne sommes pas dupes. Nous cherchons l’être. Et le fait de savoir que nous luttons pour après notre mort nous place en permanence dans la situation exacte de celui qui va mourir. Or, cette situation est la seule d’où l’on puisse contempler l’être. Vous vous rendez compte de notre chance ? Si nous gardons en tête que nous préparons la survie des hommes futurs qui traverseront le règne du Mal, nous vivons chaque instant de notre vie, là, exactement, présents totalement à nous-mêmes. L’anéantissement du Capital comme principe, nous pouvons le vivre à chaque seconde – à l’intérieur de nous. Ça a commencé depuis longtemps, et ça durera encore longtemps.

    Lucien Cerise par Le Cercle Curiosa : Société de concentration, « Implant Parties » et transhumanisme.

    Francis Cousin par Le Cercle Curiosa : « Le capitalisme enferme ainsi l’humanité dans un cycle permanent d’horreur généralisée »

    http://www.scriptoblog.com/index.php/archives/actu-videos-auteurs/140-entretiens/1759-michel-drac-la-crise-commencee-en-2007-avec-les-subprimes-n-est-qu-un-detonateur-la-veritable-charge-n-a-pas-encore-explosee-entretien-pour-le-cercle-curiosa

  • Budget 2016 : fausses promesses et vrais impôts

    Qui se souvient encore qu’en 2012, le Premier ministre d’alors, Jean-Marc Ayrault, assurait : « Neuf Français sur dix ne seront pas concernés par les augmentations de fiscalité », ce qui signifiait que 90 % d’entre eux ne verraient pas leur impôt augmenter ? La réalité, ce fut l’inverse : 90 % furent touchés et 10 % épargnés, mais pour cela il fallait être en deçà du seuil de pauvreté, car le plus modeste smicard fut victime du coup de massue fiscal. Hollande « n’aime pas les riches », mais les pauvres pas davantage.

    8453 P1

    Depuis, le gouvernement cherche à faire oublier aux contribuables avec quelle vigueur il les a tondus, en accélérant à mesure que s’approche 2017. Nos ministres se muent en défenseurs de ceux qu’ils ont accablés d’impôts et de taxes. Jusqu’à Hollande qui a déclaré : « C’est beaucoup, donc ça devient trop ! » Comme s’il n’y était pour rien !

    La tendance est d’imputer à ce malheureux Ayrault la responsabilité de cette horreur fiscale, ce dont son successeur ne se prive pas qui parle « d’erreur ». Or, ces hausses faisaient partie du plan de Hollande. Elles étaient censées rétablir l’équilibre budgétaire et réduire les déficits après quoi il pourrait redistribuer du pouvoir d’achat. Ça, c’était sur le papier de ses petits calculs ! La réalité est qu’ayant décrété, au doigt mouillé, que la croissance serait de 2,5 % pendant son quinquennat et qu’au mieux elle est de 1 %, les Français ont payé et les déficits ont continué à prospérer. À la colère suscitée par ces levées impôts massives s’est ajouté le constat amer que ces efforts n’ont servi à rien.

    Qui aussi se souvient encore, qu’en 2013, le ministre des Finances, bientôt confirmé par Hollande, avait annoncé une « pause fiscale »… qui ne vint pas ? De vrais impôts suivirent cette fausse promesse.

    Michel Sapin vient de déclarer, à l’occasion de la présentation du budget 2016 : « Nous allons fermer la parenthèse de l’augmentation d’impôts payée par les plus modestes », ce qui est reconnaître que ceux-ci, sous Hollande, ont bien été ponctionnés, confirmant en même temps a contrario que la tonte continuera pour les autres. C’est un mouvement continu sous la droite comme sous la gauche : l’impôt sur le revenu se concentre chaque année davantage sur un nombre de plus en plus faible d’assujettis, 20 % d’entre eux paient 90 % de l’impôt. Mais ce sont les plus « favorisés », tant pis pour eux ! En réalité ce sont les membres de la classe moyenne dont le revenu tourne autour de 2 700 euros par mois.

    Tout ce que le « favorisé » livre à l’État n’est pas affecté à la consommation, nécessaire à la croissance. Quant aux « plus modestes » de Sapin, ce que le fisc ne leur prend pas, ils le consacrent à des biens peu chers, bas de gamme, notamment textiles, fabriqués en Chine, en Inde ou au Bangladesh, relançant l’emploi là-bas, mais pas chez nous.

    Sur trois ans, 12 millions de foyers bénéficieront d’une baisse, se vante Sapin, pour 5 milliards d’euros. On est censé applaudir. Or, depuis qu’il est au pouvoir, Hollande a pris 10 milliards de plus aux contribuables. Le compte n’y est pas.

    Guy Rouvrais

    http://fr.novopress.info/

  • Budget 2016 : fausses promesses et vrais impôts

    Qui se souvient encore qu’en 2012, le Premier ministre d’alors, Jean-Marc Ayrault, assurait : « Neuf Français sur dix ne seront pas concernés par les augmentations de fiscalité », ce qui signifiait que 90 % d’entre eux ne verraient pas leur impôt augmenter ? La réalité, ce fut l’inverse : 90 % furent touchés et 10 % épargnés, mais pour cela il fallait être en deçà du seuil de pauvreté, car le plus modeste smicard fut victime du coup de massue fiscal. Hollande « n’aime pas les riches », mais les pauvres pas davantage.

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    Depuis, le gouvernement cherche à faire oublier aux contribuables avec quelle vigueur il les a tondus, en accélérant à mesure que s’approche 2017. Nos ministres se muent en défenseurs de ceux qu’ils ont accablés d’impôts et de taxes. Jusqu’à Hollande qui a déclaré : « C’est beaucoup, donc ça devient trop ! » Comme s’il n’y était pour rien !

    La tendance est d’imputer à ce malheureux Ayrault la responsabilité de cette horreur fiscale, ce dont son successeur ne se prive pas qui parle « d’erreur ». Or, ces hausses faisaient partie du plan de Hollande. Elles étaient censées rétablir l’équilibre budgétaire et réduire les déficits après quoi il pourrait redistribuer du pouvoir d’achat. Ça, c’était sur le papier de ses petits calculs ! La réalité est qu’ayant décrété, au doigt mouillé, que la croissance serait de 2,5 % pendant son quinquennat et qu’au mieux elle est de 1 %, les Français ont payé et les déficits ont continué à prospérer. À la colère suscitée par ces levées impôts massives s’est ajouté le constat amer que ces efforts n’ont servi à rien.

    Qui aussi se souvient encore, qu’en 2013, le ministre des Finances, bientôt confirmé par Hollande, avait annoncé une « pause fiscale »… qui ne vint pas ? De vrais impôts suivirent cette fausse promesse.

    Michel Sapin vient de déclarer, à l’occasion de la présentation du budget 2016 : « Nous allons fermer la parenthèse de l’augmentation d’impôts payée par les plus modestes », ce qui est reconnaître que ceux-ci, sous Hollande, ont bien été ponctionnés, confirmant en même temps a contrario que la tonte continuera pour les autres. C’est un mouvement continu sous la droite comme sous la gauche : l’impôt sur le revenu se concentre chaque année davantage sur un nombre de plus en plus faible d’assujettis, 20 % d’entre eux paient 90 % de l’impôt. Mais ce sont les plus « favorisés », tant pis pour eux ! En réalité ce sont les membres de la classe moyenne dont le revenu tourne autour de 2 700 euros par mois.

    Tout ce que le « favorisé » livre à l’État n’est pas affecté à la consommation, nécessaire à la croissance. Quant aux « plus modestes » de Sapin, ce que le fisc ne leur prend pas, ils le consacrent à des biens peu chers, bas de gamme, notamment textiles, fabriqués en Chine, en Inde ou au Bangladesh, relançant l’emploi là-bas, mais pas chez nous.

    Sur trois ans, 12 millions de foyers bénéficieront d’une baisse, se vante Sapin, pour 5 milliards d’euros. On est censé applaudir. Or, depuis qu’il est au pouvoir, Hollande a pris 10 milliards de plus aux contribuables. Le compte n’y est pas.

    Guy Rouvrais

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