économie et finance - Page 503
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ZOOM /CRISE DU LAIT : À LA RENCONTRE D'ANNE BOISSEL, UN PRODUCTEUR LAITIER
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Analyse du système financier international par Martin Armstrong (Princeton Economics International)
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Le social-réformisme à la Valls : patronage, chasse aux sorcières, régime des suspects
Les plus grands crimes ont été commis au nom du social. Le social s'accommode à toutes les sauces : soviétique, nationale-socialiste ou, aujourd'hui, libérale.
Chaque fois que j’entends le mot social, je prends mon Sten 1.
Les plus grands crimes ont été commis au nom du social. Le social s’accommode à toutes les sauces : soviétique, nationale-socialiste ou, aujourd’hui, libérale. Le « social-réformisme » de Valls n’est que l’habillage progressiste de la soumission aux marchés, la réduction de l’individu à sa fonction de producteur-consommateur, au règne des firmes toutes-puissantes et des barons-voleurs de la finance : un libéralisme sans frontières, sans nations, sans identités.
La France prétend s’adapter à la mondialisation libérale au moment où l’on a le plus besoin de régulation et de défendre l’État-nation. L’invasion migratoire et notre submersion ethnique et culturelle – et ceux qui s’en félicitent, les Attali, BHL, Guenolé ou Moix – sont l’application, aux populations, des principes d’un libéralisme devenu fou.
Au moment où Valls sort son nouveau gadget, Jacques Julliard dit, dans Le Figaro, tout le mal qu’il pense de la chasse à l’homme – le terme de lynchage médiatique serait plus approprié – dont Finkielkraut, Onfray, Houellebecq ou Zemmour – tous souverainistes plus ou moins déclarés – ont fait l’objet.
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Le TAFTA/TTIP à l'article de la mort ?
Pas sûr, non, mais il fait eau de toutes parts. C'est notamment l'analyse de Dedefensa. Extrait.
"Il faut ajouter qu’en Europe, la situation n’est pas meilleure pour le TTIP. Le fait est qu’un front commun de facto s’est formé entre la France et l’Allemagne, non pas contre mais dans tous les cas extrêmement réticent vis-à-vis de la position US dans les négociations, pouvant aller jusqu’à une menace de retrait au moins temporaire des négociations. La France a une position d’autant plus dure que la chose semble avoir l’autorisation d’Angela Merkel, en position difficile et soucieuse de retrouver un soutien du public, – et en Allemagne, il y a seulement 39% du public qui soutient le TTIP. Les sujets de controverse sont nombreux, allant de la question de la cour d’arbitrage, de la rigidité de la position US (Obama est dos au mur avec le Congrès dans les dispositions qu’on a vues), voire du secret et de l’opacité des négociations qui irritent jusqu’au gouvernement lui-même (le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Matthias Fekl, au journal Sud-Ouest : « Les négociations du traité transatlantique se déroulent dans un “manque total de transparence”, et une “grande opacité”, ce qui pose un “problème démocratique” »). Cette indignation du gouvernement français pour la forme des négociations est sincèrement touchante et émouvante... Euractiv.fr (en français) et CommonDreams.org, tous deux le 28 septembre, résument cette détestable situation européenne (pour le TTIP)."
Vous pouvez contribuer à abréger ses souffrances (cas légitime d'euthanasie !) en rejoignant cette pétition !
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Budget 2016: baisse de 225 millions d'euros des APL pour financer les HLM et les réfugiés
Le ministère du Logement va devoir économiser 225 millions d'euros sur les aides personnalisées au logement (APL), selon le projet de budget pour 2016 dévoilé mercredi.
Ces mesures d'économies compenseront des dépenses supplémentaires prévues l'an prochain: 150 millions d'euros d'"aides à la pierre" (subventions aux bailleurs sociaux pour la construction de HLM) en plus, et 120 millions pour renforcer les capacités d'accueil des réfugiés, selon l'entourage de la ministre du Logement Sylvia Pinel.
Les APL, très connues et octroyées sous conditions de ressources, sont aussi le principal poste de dépenses du ministère du Logement pour un montant de 15,5 milliards d'euros. Selon le projet de budget, elles seront rabotées de 225 millions en 2016 et de 314 millions en 2017 par trois mesures d'économies cible.
Le patrimoine des bénéficiaires entrera dans le calcul du revenu fiscal de référence, et un loyer plafond sera fixé, à un niveau "très élevé", à partir duquel l'APL sera dégressive. Enfin les salariés de moins de 25 ans ne bénéficieront plus d'une dérogation qui leur était favorable: leur revenu annuel réel sera désormais pris en compte et non plus leur première fiche de paie.
Environ 500.000 ménages, sur les 6,5 millions de bénéficiaires des APL, seraient concernés.
source : Le Parisien :: lien
http://www.voxnr.com/cc/dep_mondialisme/EuuFVAlZZFNFyzNayu.shtml
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Les deux scandales Volkswagen...
Le scandale Volkswagen s’inscrit dans la grande mascarade contemporaine qui veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes et nous faire croire que la croissance et le profit capitalistes sont compatibles avec la préservation de la planète et de ses ressources. De plus, quand l’on constate que cette fraude, en définitive, concernerait plus de onze millions de véhicules vendus, on ne peut que songer à la formule sévère de Balzac sur les grandes fortunes nées de grands crimes : cette tricherie de l’entreprise allemande a permis, sur la chimère du « diesel propre » (formule plutôt ambiguë par elle-même), d’engranger des milliards que d’autres entreprises, peut-être plus honnêtes ou moins malhonnêtes, auraient pu se partager en vendant leurs propres engins. Mais je dois avouer qu’un autre scandale me navre : que, en l’espace de deux jours, plusieurs dizaines de milliards d’euros de capitalisation boursière puissent disparaître, comme s’ils n’avaient jamais existé, comme si le réel effaçait un virtuel qui, pourtant, n’est pas indifférent aux populations et aux gouvernements qui se battent contre le gaspillage (ou le font croire, pour certains…) et pour rembourser des dettes artificielles, souvent constituées des intérêts plus que des sommes réellement empruntées !
Cette démesure milliardaire montre toute la perversité d’un système qui oublie les hommes pour ne servir que le Veau d’or, c’est-à-dire l’Argent devenu cette idole devant laquelle nos gouvernements de moins en moins politiques (faute de volonté et de sens de l’Etat) semblent s’incliner avec un mélange de fatalisme et quelques remords discrets, un peu plus bruyants (et hypocrites ?) lors des campagnes électorales. On peut à bon droit regretter un de Gaulle proclamant que « la politique de la France ne se fait pas à la Corbeille » ou un Louis XIV emprisonnant l’homme le plus riche de France, Nicolas Fouquet, qui n’avait pas su résister à la tentation de vouloir « acheter » le roi par de grandes démonstrations de « nouveau riche » qui, en définitive, causèrent sa perte…
La richesse, en soi, n’est pas scandaleuse mais c’est la démesure et l’oubli des devoirs (en particulier sociaux) qu’elle impose qui sont choquants et heurtent le sens commun, cette décence nécessaire à l’équilibre des sociétés et à l’équité sociale. Il est assez d’exemples dans notre histoire d’un roi ou d’une reine prenant sur sa cassette personnelle ou faisant fondre sa vaisselle d’or ou d’argent pour soulager, même un peu, les malheurs des plus pauvres (ce qui ne les fait pas devenir riches eux-mêmes, mais leur rend quelques moyens d’existence que la rigueur des temps leur avait confisqués), pour que nous ne rougissions pas de notre passé monarchique. Etait-ce suffisant ? Sans doute pas, mais cela était concret, au-delà de tout discours. Il n’est pas certain que la République, malgré ses grands principes gravés dans la pierre et brandis comme des trophées, puisse désormais s’imposer aux féodalités de l’Argent et répondre, au moins par quelques gestes généreux à défaut d’une politique générale, au défi d’une pauvreté qui concerne aujourd’hui plus de huit millions de nos concitoyens…
Vaincue pour ne pas avoir été assez « bourgeoise » aux yeux de ses adversaires durant la Révolution française, la Monarchie, si elle veut demain s’enraciner dans le cœur des Français et renouer avec le pays, devra être populaire, non pour les applaudissements mais par une politique sociale audacieuse et, parfois, vigoureuse à l’égard des grandes entreprises, y compris étrangères comme Volkswagen, non pour les gêner ou les gérer directement, mais les inciter à la plus grande honnêteté à l’égard des consommateurs comme de l’Etat.
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Canada : Les désillusions de la ruée vers l’or noir
Le Canada a de gigantesques réserves de pétrole, mais elles sont sous forme de sables bitumineux. Une boue collante, accessible en faible profondeur, mais qui coûte très cher à purifier.
Lorsque le cours du baril de pétrole était très élevé, ces exploitations sont devenues rentables et il y a eu une véritable ruée vers l’or noir, notamment dans la province de l’Alberta. Mais depuis plus d’un an, les cours du pétrole restent très bas.
Résultat : des réductions d’effectifs, des entreprises qui ferment, une bulle immobilière qui éclate… C’est toute une économie qui est durement frappée.
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Les crevettes disparues d'Honfleur...
En promenade sur la côte normande, je ne pouvais manquer, bien sûr, de lire l’édition locale du quotidienOuest-France datée du samedi et ouverte, comme toujours ce jour-là, par le sermon de François-Régis Hutin. Mais ce n’est pas cela qui m’a attiré l’œil en premier mais un titre éminemment local évoquant une fête traditionnelle de la crevette à Honfleur, menacée dans sa qualité par… le manque de crevettes ! C’est embêtant, pourrait-on dire, même si l’on pourrait ironiquement rétorquer qu’il y a bien un ministère de la Justice dans notre République sans que la Justice y soit toujours bien visible, surtout sur le plan social, et que personne ne semble plus s’en étonner depuis longtemps…
L’explication de cette pénurie de crevettes est toute simple comme le rapporte l’adjoint en charge de la pêche à la mairie d’Honfleur à la journaliste qui l’interroge : « Les crevettes sont toutes petites. Et il n’y en a pas beaucoup… » Un propos que complète le poissonnier des lieux (sans jeu de mots) : « Ca fait plusieurs années qu’il y en a de moins en moins, (…) et qu’elles sont de plus en plus petites. On les pêche trop tôt ! » En quelques mots, tout est dit, et reste à le comprendre et à en tirer des leçons et à proposer des solutions concrètes si l’on ne veut pas que les crevettes d’Honfleur ne rejoignent pas, elles aussi, le grand livre des souvenirs et des nostalgies inutiles et fatalistes.
Là encore, c’est « l’absence de mesure », cette démesure propre à nos sociétés contemporaines, qui est largement responsable de cette situation : en voulant « tout et immédiatement », les consommateurs ont provoqué une surpêche fatale aux réserves et au bon renouvellement de l’espèce, et la génération d’aujourd’hui constate les dégâts de l’attitude insouciante de celle d’hier, sans pour autant s’amender. Ce qui est vrai pour les crevettes l’est aussi pour les poissons, les bigorneaux, voire même des algues entraînées bien malgré elles dans ce tourbillon de la surexploitation des fonds et épuisées par les pollutions diverses d’une société de consommation littorale. Quand, il y a quelques semaines, le WWF a annoncé qu’en quarante ans, la moitié des poissons des océans avait disparu, peu de responsables politiques de ce pays ont commenté ce fait-là, indéniable et inquiétant : ce thème hautement environnemental n’est « pas porteur », me confiait il y a peu un élu qui, pourtant, drague les voix des écologistes institutionnels. Et pourtant !
Il y a une bonne vingtaine d’années, après des manifestations de pêcheurs qui, à Rennes, avaient tourné à l’émeute un certain jour de février 1994, j’avais écrit quelques articles dans L’Action française pour avancer quelques pistes de solutions aux problèmes récurrents de la pêche française, et je n’oubliais pas la nécessité de maintenir des stocks de poissons et de crustacés suffisants pour pérenniser une activité déjà hautement menacée, en particulier en Bretagne. Je proposais, entre autre, la création de sortes de « réserves », interdites à l’exploitation pendant plusieurs années pour permettre la reconstitution numérique et qualitative des bancs et des espèces maritimes : cette démarche n’a pas alors été engagée assez fermement, malgré quelques efforts, et nos littoraux, pour ne parler que d’eux, ont continué à se désertifier, comme je peux le constater à Lancieux et sur cette côte d’émeraude qui m’est si chère.
Est-il trop tard pour bien faire ? Peut-être pas, mais il y a urgence, et même extrême urgence ! Un vaste plan préparé et appliqué par l’Etat français, profitant de l’immense espace maritime de notre pays (la deuxième Zone Economique Exclusive du monde !), pourrait encore sauver de nombreuses espèces et enclencher une prise de conscience des autres nations, littorales ou non. Dans cette affaire, la France pourrait avoir valeur d’exemple : encore faudrait-il que l’Etat prenne conscience des atouts environnementaux de nos territoires, terrestres comme maritimes, et qu’il s’engage, au sens concret du terme.
Quant aux crevettes d’Honfleur, le mieux serait-il, peut-être, de suspendre quelques années la pêche d’icelles, le temps que les stocks puissent se refaire : d’ailleurs, si cela n’est pas fait, cette fête de la crevette des 3 et 4 octobre prochains pourrait bien être la dernière…
Et les pêcheurs là-dedans, me dira-t-on ? C’est là que l’Etat (ou la Région, voire les communes littorales concernées) pourrait intervenir, en recrutant ceux-ci pour une mission de préservation et de contrôle des réserves, sur une période plus ou moins longue : ainsi les pêcheurs, dans quelques années, pourraient toucher les dividendes de cette politique en retrouvant des stocks disponibles satisfaisants et leur permettant de vivre de leur métier de base.
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Des Congolais portent plainte contre la France… Pour obtenir plus d’aides sociales…
De pire en pire… Alors qu’ils ne sont pas Français et qu’ils profitent des largesses de notre pays, un couple de congolais attaque l’État pour obtenir plus d’argent !!!
Les parents étrangers peuvent-ils être privés d’allocations familiales pour leurs enfants venus en France en dehors de la procédure de regroupement familial ? C’est la question que doit trancher jeudi la Cour européenne des droits de l’Homme, saisie par deux familles congolaises.
« C’est une décision très attendue par des milliers d’étrangers » en situation similaire, a expliqué à l’AFP Me Hélène Gacon, l’avocate de l’une des deux familles requérantes.
Ses clients, un couple de Congolais résidant dans la banlieue de Rennes, se battent depuis des années devant la justice, en vain, pour que la Caisse d’allocations familiales (CAF) prenne en compte leurs quatre enfants pour le calcul de leurs allocations.
Or la CAF ne « reconnaît » que leurs deux derniers enfants, nés en France. Les deux aînés, nés en République démocratique du Congo et arrivés en France en 2002, ne sont pas pris en considération, car ils n’ont pas rejoint leurs parents selon une procédure de regroupement familial – comme le stipule le Code de la Sécurité sociale.
Sont concernées non seulement les allocations familiales, mais aussi l’allocation de rentrée scolaire, ou encore des aides au logement, calculées en fonction de la taille du foyer.
« Le cas fréquent, c’est une famille arrivée en France avec un visa de court séjour, puis qui est restée illégalement sur le territoire après l’expiration de ce visa », explique l’avocate, également membre du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés).
« Plus tard, la famille a été régularisée. Mais la CAF ne veut pas prendre en compte les enfants, alors que toute la famille réside désormais légalement en France. C’est ça qui est discriminant, car pour une famille de nationalité française, la question ne se pose pas », poursuit Me Gacon.
Saisie de cas similaires, la Cour de cassation avait donné raison en 2004 aux familles étrangères, avant d’opérer un changement de jurisprudence en 2011. C’est ce revirement que les familles concernées contestent devant la CEDH, en faisant valoir une discrimination et une atteinte à la vie familiale. (…)
Les ressortissants de pays liés à l’Union européenne par un accord d’association (notamment les Algériens, Marocains, Tunisiens et Turcs) ne sont pas concernés, la Cour de cassation ayant jugé en 2013 qu’en vertu de ces accords ils devaient bénéficier des mêmes prestations familiales que les Français. (…) -
Traité transatlantique : même le « TAFTA-boy » du gouvernement français est contre !
Mieux vaut tard que jamais. Matthias Fekl, secrétaire d’État au commerce extérieur très en colère, menace les États-Unis de suspendre les négociations du Traité transatlantique.
C’est l’histoire d’un rond de cuir qui avait tout pour lui, mais qui va mal finir si ça continue.
A 37 ans, en 2014, Matthias Fekl, brillant élément de père allemand et de mère Française, qui a enchaîné Normale Sup, Science Po et l’ENA, entre autres diplômes, est nommé secrétaire d’État au commerce extérieur. Il faut dire qu’entre son histoire familiale et ses convictions européistes, le couple franco-allemand, la négociation, tout ça, il connaît. Il est même, honneur insigne pour un mondialiste dynamique comme lui, intégré au programme « Young Leaders » de la French-American Foundation.Mais alors qu’est-ce qui lui prend, au petit ? Il avait été mandaté pour négocier au nom de la France le Traité transatlantique, ce machin qui vise à broyer ce qui reste de nation, d’État et d’identité au plus grand profit des firmes transnationales. Bref, il devait faire comme son grand « patron » (on hésite à employer ce mot en parlant de Hollande, avec lequel Matthias Fekl partage un petit air de famille bonhomme), suivre le mouvement bien gentiment, sortir une blaguounette de temps en temps et tâcher de ne pas trop se prendre les pieds dans le tapis pour ne pas contrarier les grands frères américains. Et on pensait qu’avec son parcours, « libre-échange », « croissance », « consommation », tout cela sonnerait doux à ses oreilles, comme à celles de Hollande quand il y a six mois à peine, il appelait à une accélération du processus et souhaitait une signature « le plus vite possible ».
Mais voilà-t’y pas qu’il nous pique sa crise, l’ado attardé ! Dans une interview parue lundi 28 septembre dans Sud-Ouest, Fekl menace les États-Unis de suspendre les négociations du TAFTA/TTIP si nos amis américains ne montrent pas un peu plus de bonne volonté.
C’est que voilà, il a des choses à dire et personne ne l’écoute (un peu comme Hollande, en somme). L’accès des marchés publics américains fermé aux entreprises européennes , on en parle dans le traité de libre-échange ? s’époumone-t-il. Et pour le marché agricole US tout verrouillé, on fait quoi, déjà ? Rien ? On peut au moins protéger nos indications géographiques, comme les appellations « Champagne » ou « Camembert de Normandie » ? Non, pas de réponse non plus ?
Mais s’il n’y avait que ça ! Notre sympathique secrétaire (d’État, tout de même) n’a pas peur de mettre le doigt là où ça fait vraiment mal. Élevé au biberon de la social-démocratie a plus naïve, il supporte de plus en plus mal la totale opacité dans laquelle se déroulent les négociations du TAFTA, lui qui se félicitait il y a un an de la « transparence » obtenue par le gouvernement français. Las ! Depuis, les boulons ont été resserrés et les négociations, se désole-t-il, se déroulent dans un manque total de transparence et dans une grande opacité, ce qui pose un problème démocratique.Non, sans rire ?
Depuis le 27 juillet, les documents relatifs à la négociation ne sont plus accessibles que dans des salles de lecture ultra-sécurisées, façon Fort Knox, à Bruxelles ou dans les ambassades américaines — l’envoi de versions électroniques ayant donné lieu à trop de fuites. Il est quasiment impossible aux parlementaires européens (c’est encore pire pour les députés nationaux) de consulter lesdits documents, à la différence – hasard — de leurs homologies américains. Matthias Fekl trouve que ce n’est pas juste et réclame une symétrie de traitement des deux côtés de l’Atlantique. Le doux rêveur regrette que les parlementaires américains aient accès à un nombre de documents beaucoup plus important que les parlementaires européens.Et puis il y a le gros morceau, les tribunaux d’arbitrage privés ISDS ! Vous savez, ce sont ces juridictions animées par des juges privés, issus des multinationales, devant lesquels les… multinationales pourront traîner les États qui prendraient des mesures sociales (salaire minimum, soins à bas coût…), environnementales (pas d’hormones ou de javel dans la nourriture, attention aux OGM…) ou de protection des consommateurs (normes de sécurité ou de qualité etc.) qui « léseraient » lesdites firmes.
Matthias les verrait bien remplacées par une juridiction publique de règlements des différends en matière d’investissement. Dénonçant à juste titre un « scandale démocratique », il se félicite une nouvelle fois que les « propositions françaises » soient « au cœur du débat ». Traduisez : c’est tout juste si on lui a accordé une oreille polie avant de le prier d’aller se faire pendre ailleurs.Blessé dans ses idéaux et son amour-propre, Fekl est donc sur le point de dire « pouce, on ne joue plus ! ». En langage diplomatique, ça donne
Si rien ne change, cela montrera qu’il n’y a pas la volonté d’aboutir à des négociations mutuellement bénéfiques… La France envisage toutes les options, y compris l’arrêt pur et simple des négociations.
Dans l’entourage du ministre, on sent un certain ras-le-bol vis-à-vis de négociations qui patinent et de négociateurs américains qui ne proposent toujours pas d’« offres sérieuses » sur ces questions sensibles. «Parle à ma main » disent en substance les Américains, un peu comme les délégués de l’ONU partis en masse prendre des cafés quand Hollande est monté à la tribune ce lundi…
Pourtant, notre courageux responsable dit tout haut ce que plusieurs chancelleries européennes pensaient tout bas depuis des mois. Enfin, tout haut… C’est bien que le ministre prenne cette position dans la presse française, mais on n’observe pas sa voix porter à Bruxelles regrette Amélie Canonne, du collectif Stop TAFTA.Reste donc à savoir si quelqu’un va lui expliquer qu’il est temps de se calmer et qu’on ne parle pas comme ça devant les grandes personnes ou si Fekl est en fait l’enfant qui dit à la Cour que le Roi est nu.
Car si la France n’a pas formellement le pouvoir d’arrêter les négociations, menées par la Commission européenne au nom des Vingt-Huit, elle pèse suffisamment pour les saborder… pour peu qu’il y aie une véritable volonté politique de s’opposer à la fois aux États-Unis, pour qui ce traité est vital et à la Commission Européenne, qui a clairement choisi son camp… et ce n’est pas celui de l’Europe. Comment dire ? Ce n’est pas gagné, mais nous verrons bien lors du prochain « round » de négociation du TAFTA/TTIP, qui doit se tenir fin octobre à Miami si Matthias Fekl va tenter de casser le jouet ou rentrer dans le rang.
En attendant, un autre bras de fer se prépare et il va falloir des biceps à Matthias Fekl pour le remporter (et au vu de son cursus, c’est pas en sport qu’il devait prendre des points d’avance…). L’Europe doit ratifier l’accord conclu en 2014 avec le Canada, le CETA, « petit cousin » du traité transatlantique. Le gouvernement français, qui a promis de ne pas le ratifier en l’état, réclamant des «améliorations » sur les tribunaux d’arbitrage, réussira-t-il à faire plier la Commission européenne, qui refuse de rouvrir la négociation ?
Qui a dit que la réponse était dans la question ?
Charles Dewotine