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économie et finance - Page 509

  • Cette immigration qui nous coûte de plus en plus cher

    Le coût de l’immigration est un sujet quelque peu tabou puisque les différents services de l’Etat ne mettent pas à disposition des citoyens tous les éléments pour faire l’addition. Les différentes évaluations globales du coût de l’immigration en France sont donc diamétralement différentes selon le profil idéologique de la personne chargée de réaliser l’étude.

    Ce sujet est pourtant essentiel pour mesurer les implications de la déferlante migratoire en cours, à l’heure même où les contribuables français sont priés chaque jour de faire des efforts financiers supplémentaires.

    Sans nous lancer dans une énième étude globale sur le coût de l’immigration qui, dans tous les cas, explose depuis quelques mois, nous avons donc choisi de vous donner quelques indices qui proviennent d’une source peu suspecte d’être politiquement incorrecte. C’est dans le mensuel économique Capital du 1er mars 2015 que nous avons puisé quelques éléments d’information.

    Les immigrés vivent plus souvent des minima sociaux que les natifs, et Capital écrit à ce sujet : « les étrangers de première génération recourent plus souvent que les natifs aux minima sociaux, notamment les Africains, dans une proportion presque quatre fois plus élevée« .

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  • L’Allemagne en question

    La révélation, en septembre 2015, de l’installation par le groupe Volkswagen (Audi, Porsche, Skoda, VW, etc.) d’un logiciel permettant de manipuler les tests antipollution sur ses moteurs diesel aux États-Unis, confirmée par l’annonce par Volkswagen que le moteur incriminé équipe 11 millions de véhicules dans le monde et par la déclaration du ministre des Transports allemand Alexander Dobrindt admettant que la manipulation des tests antipollution avait également eu lieu en Europe, constitue un scandale sans précédent.

    Cette affaire concernant le premier constructeur automobile mondial porte atteinte à la fois à l’image de « sérieux » de l’industrie automobile allemande, et à la crédibilité d’une Allemagne qui feint de se présenter comme un champion de l’écologie et une puissance respectable.

     

    Crédibilité affectée

    Les conséquences de sa propre fraude sur le groupe allemand sont déjà importantes. Sa crédibilité et son capital confiance sont affectés. Dès l’annonce du scandale, le titre a perdu près du tiers de son cours à la Bourse de Francfort en trois jours, soit une perte de plus de 22 milliards d’euros. Le déficit de confiance est considérables auprès des actionnaires et, surtout, des clients qui ont découvert avec stupeur que la réputation de fiabilité et de compétence des firmes allemandes était largement surfaite. À terme, les sanctions que ne devraient pas manquer de prendre les États-Unis pourraient coûter près de 10 milliards d’euros sans compter les rappels des véhicules aux États-Unis mais aussi en Europe et dans certains pays asiatiques.

    En outre, le scandale a éclaté à un moment de crise économique généralisée. Ainsi, le ralentissement de l’économie de la Chine aura aussi des conséquences sur les résultats du groupe allemand pour qui la Chine est un marché essentiel. Plus largement, c’est le prétendu « modèle » allemand qui est mis à l’épreuve par une affaire qui révèle crûment les contradictions et l’hypocrisie d’un système que certains se sont trop empressés de célébrer à qui mieux mieux.

    L’impossible double jeu allemand

    Voici donc une Allemagne qui prétend se faire le champion de l’écologie quand il s’agit, par exemple, de saboter, avec ses supplétifs « verts », le nucléaire français, mais qui n’a aucun scrupule à entretenir des centrales à charbon - source d’énergie émettant le plus de gaz à effet de serre – et fraude sans vergogne sur les tests anti-pollution de ses automobiles. [....]

    Dr. Charles Saint Prot

    La suite sur Alayammagazine.com

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?L-Allemagne-en-question

  • 1 milliard d'euros pour la Turquie

    Lu dans la Lettre de l'Expansion :

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    Michel Janva

  • Après le mariage pour tous, l’impôt pour tous

    Il y a, décidément, de drôles de socialistes chez les socialistes. Prenez Emmanuel Macron, par exemple : il est socialiste, mais oui, et, en plus, ministre ; l’air de ne pas y toucher, il flingue les 35 heures et canarde le statut des fonctionnaires, les deux piliers de la sagesse de gauche. Macron, c’est Samson secouant les colonnes du temple. La droite se frotte les yeux pour y croire tandis que, à gauche, de grandes voix s’élèvent avec tact et autorité pour dire : « Macron ? Euh… comment vous dire ? euh… ras le bol ! »

    Depuis quelque temps, il n’est plus seul, Macron, à dire des trucs que le « polcor » réprouve – le « polcor », c’est le « politiquement correct » à la sauce apocope. Il y a Razzy Hammadi. 36 ans d’existence dont la moitié passée au service du PS. D’ordinaire, ça vous formate un bonhomme, un truc pareil. Eh bien, pas forcément ! Razzy semble passer à travers les gouttes.

    Il y a huit mois, le jeune homme dévoilait, tout empreint d’une saine indignation, que des candidats maires, pour rafler la mise municipale, avaient négocié des voix contre des mosquées ; il n’a pas été démenti, mais ne s’est pas fait que des amis, ce jour-là. Un peu plus tard, il a carrément agoni d’injures grossières deux voyous qui avaient cru bon d’insulter sa compagne et de bousculer le couple ; face à ce qu’il a alors dit, le « Casse-toi, pauv’ con » de Sarkozy semble tout droit sorti d’un conte de Perrault.

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  • Racket et répression des automobilistes : plus de radars, des « leurres », des lois idiotes et même des drones !

    Toujours sous le prétexte hypocrite de « sauver des vies », Manuel Valls a annoncéen fin de semaine dernière la « rénovation et l’augmentation du parc actuel de radars » d’environ 10%. D’ici trois ans, le nombre de radars sur le bord des routes françaises sera de 4.700, contre 4.200 actuellement.

    L’augmentation du nombre de radars sur le sol français sera accompagnée del’installation de 10.000 « leurres » au bord des routes : des panneaux annonçant des radars n’existant pas ! Guère étonnant de la part de politiciens républicains mentant en permanence.

    Une amende de 650 euros pour les entreprises qui ne « dénoncent » pas leurs chauffeurs ayant été « flashés ».

    Les deux roues sont eux aussi harcelés, avec notamment une mesure ridicule (mais sûrement juteuse pour certains), consistant à imposer le port de « gants homologués » aux cyclomotoristes et aux motards. Il est certain que cela va faire baisser la mortalité.

    Enfin, et c’est peut-être le plus inquiétant pour l’avenir, le Premier ministre a indiqué que les forces de l’ordre pourraient avoir recours aux drones pour procéder à des contrôles routiers pour une expérimentation dans un premier temps.

    Source T. de Chassey

    http://www.contre-info.com/

  • Fraude à la pollution : Quelles conséquences pour Volkswagen ? (Màj)

    02/10/2015

    Un peu moins d’un million de véhicules circulent en France avec un logiciel truqué, masquant les produits toxiques lors des contrôles antipollution. Il s’agit de Skoda, d’Audi et de Volkswagen. Le groupe allemand commence à organiser le rappel de ces voitures. Les Français vont prochainement recevoir un courrier leur demandant de ramener leur véhicule au garage.

    23/09/2015

    Comme British Petroleum en 2010 et sa marée, le constructeur automobile allemand risque de payer une facture très salée pour avoir violé les lois antipollution américaines.

    Le constructeur allemand Volkswagen (VW) fait face à de sérieuses accusations de tricherie aux États-Unis. Ses voitures diesel VW et Audi produites entre 2009 et 2015 étaient équipées d’un système permettant de dissimuler le niveau réel des gaz polluants qu’elles émettent, afin de contourner les lois antipollution.

    En bien des aspects, un fiasco comparable à celui de British Petroleum, explique Reuters. En avril 2010, l’explosion sur la plateforme pétrolière Deepwater Horizons avait provoqué une énorme fuite de pétrole dans le golfe du Mexique.

    Une facture qui risque d’augmenter

    Cette catastrophe environnementale avait coûté cher à BP. Les coûts initiaux évalués par les spécialistes étaient de moins de 3,5 milliards de dollars. L’amende définitive, en vertu du Clean Air Act, s’est finalement élevé à 5,5 milliards de dollars. Mais BP a également dû contrôler la marée noire, indemniser les États touchés, nettoyer… A l’arrivée, la facture était salée: environ 55 milliards, selon Reuters.

    Volkswagen risque la même escalade financière. Théoriquement, le constructeur s’expose à une amende maximale de 18 milliards de dollars (16 milliards d’euros). Le calcul est vite fait: 482.000 véhicules non conformes ont été vendus, chacun risquant une amende de 37.500 dollars.

    Ce serait l’amende la plus forte jamais administrée par l’agence américaine de protection de l’environnement, précise Les Échos. Mais ce n’est pas tout. Le constructeur devra également rappeler les véhicules vendus depuis 2009 à ses propres frais et risque d’éventuelles poursuites en recours collectif. Sans compter les conséquences boursières: l‘action Volkswagen a chuté de 35% en deux jours.

    Une atteinte environnementale dissimulée

    Le journaliste économique Ambrose Evans-Pritchard du Telegraph, lui, considère le scandale de Volkswagen pire que celui de BP. Alors que BP et ses sous-traitants ont fait preuve de négligence, VW a «délibérement cherché à induire en erreur ses régulateurs en dissimulant habilement ses logiciels».

    De plus, même si aucun décès ne peut être directement lié au fait que Volkswagen a trafiqué ses véhicules, les dispositifs installés dans certains véhicules leur ont permis d’émettre des niveaux d’oxyde d’azote jusqu’à 40 fois supérieurs aux niveaux autorisés.

    Une image de marque sérieusement entachée

    L’objectif de VW était de devenir le producteur de voiture «le plus vert» d’ici à 2018. Ces accusations portent un sérieux coup à son image de marque. Le Telegraph va même plus loin: selon, lui c’est l’ensemble de l’industrie allemande qui en prend un coup:

    «L’Allemagne est le leader mondial dans le diesel propre. Ses entreprises automobiles ont parié lourdement sur cette technologie, dans l’espoir de se faire une place stratégique aux États-Unis où de nouvelles règles entrent en vigueur.»

    Alors que le président de BP s’était confondu en excuses, le patron de VW, Martin Winterkorn, s’est lui aussi «profondément [excusé] auprès de [ses] clients, des autorités et de l’opinion publique dans son ensemble pour cette faute». Insuffisant a priori pour sauver sa tête. On annonce déjà son remplacement à venir, ce vendredi 25 septembre, par le PDG de Porsche, Matthias Müeller.

    Slate

    http://fortune.fdesouche.com/391151-fraude-a-la-pollution-quelles-consequences-pour-volkswagen#more-391151

  • Le désespoir des agriculteurs européens

    600 croix, pour 600 suicides annuels parmi les agriculteurs. C’est la pour rendre hommage à ses confrères que Jacques Jeffredo, un maraîcher breton, procèdera à cette installation devant la basilique de Sainte-Anne d’Auray en Bretagne d’ici au 11 octobre. 
    Etranglés par les charges, travaillant souvent à perte, les agriculteurs demandent plus de coopération et moins de compétition, simplement pour pouvoir survivre. Un problème qui ne se limite pas à la France, mais qui touche toute l’Europe.

    http://fr.novopress.info/

  • KEYNES LU PAR PAUL JORION 2/2

    Le deuxième point (chapitre 15 et préc.) concerne la fixation des prix. L’auteur analyse jusque dans le détail les diverses hypothèses formulées par divers théoriciens de l’économie, soulignant que le problème est plus complexe qu’on ne le présente généralement, et qu’il n’y a pas qu’un seul mécanisme qui entre en ligne de compte. Je retiens un point essentiel (je crois) de cette analyse : le prix d’un bien ou d’un service ne dépend pas seulement de la « loi de l’offre et de la demande » (qui est tout sauf une loi), car un autre facteur intervient : le « rapport de force » (chapitre 14). 

    Il analyse longuement le statut et les implications du CDS (Credit-Default Swap) : il s’agit pour le prêteur d’une manière de s’assurer contre les « événements de crédit » et contre les éventuels « non-versements d’intérêts ». C’est un « instrument de dette », qui peut être échangé et qui dès lors, j’imagine, suit une cote. Interviennent alors, comme dans les assurances, les statistiques et le calcul des probabilités dans la fixation du taux d’intérêt et de la prime de crédit. 

    Il y a des choses, dans ce chapitre, qui m’échappent carrément, du genre : « Je n’ai encore évoqué jusqu’ici que la fonctionnalité a priori légitime du credit-default swap de constituer un marché de la prime de crédit implicite au taux d’intérêt d’un instrument de dette considérée comme un produit financier autonome » (p.231). Débrouillez-vous. Une carence lexicale doublée d’une carence syntaxique, je suppose. Je retiens seulement que plus le risque augmente, plus diminue la perception de ce risque par les acteurs du marché. J’imagine que cette infirmité est liée à la perspective de se gaver bientôt. Je verrais bien comme une table de jeu avec ses parieurs fiévreux autour. 

    A ce sujet, j’aime assez l’humour de Paul Jorion : quand il se met à expliquer ce qu’il considère comme l’ « usine à gaz » que Keynes a nichée au cœur de son maître-livre (Théorie générale …), il lance : « Le lecteur s’en sera déjà convaincu s’il est parvenu jusqu’ici dans sa lecture » (p.251, je souligne). 

    Tout ça pour dire que ce qu’on appelle complaisamment le « keynésianisme » ne constitue, aux yeux de l’auteur, que « la partie morte » de l’œuvre de Keynes, qui n’a, au demeurant, pas été écrite par lui mais par un nommé Hicks, dans un souci de simplification avalisé par le maître, qui voyait là l’occasion d’élargir son public. 

    Keynes était farouchement opposé à l’adossement de quelque monnaie que ce soit à quelque métal précieux que ce soit (étalon-or), et favorable à la « commodity money », que Jorion traduit par « monnaie marchandise ». Il appelait à la fondation d’une « Union monétaire internationale » (qui a inspiré la position britannique lors des négociations de Bretton Woods). L’auteur cite le biographe de Keynes, Skidelski : « Si les propositions de Keynes en 1919 avaient été appliquées, il est improbable que Hitler serait devenu chancelier allemand » (p.272). On dira : "avec des si ...". Certes, mais.

    Keynes, adepte de longue date du plein emploi (facteur de cohésion sociale) avertissait par ailleurs de la menace représentée par le chômage structurel, provoqué par les innovations technologiques. N’ai-je pas entendu récemment un économiste (Daniel Cohen) s’alarmer de la numérisation tous azimuts des tâches dans l’entreprise, au motif qu'elle « détruit les organisations ». Il résumait la pensée d’un de ces fanatiques de la numérisation à outrance en lui faisant dire que, si par hasard il faisait la même chose deux jours de suite, il fallait impérativement qu’il invente le logiciel qui supprimerait son propre poste de travail. On n’a pas fini d’inventorier les dégâts et merveilles d’une telle façon de concevoir le travail humain. 

    Pour conclure, je suis incapable de dire si ce livre permettra de refonder une « science économique » authentiquement digne du nom de « science », c’est-à-dire débarrassée de tous les oripeaux dogmatiques dont l’ont farcie les idéologues de l’ultralibéralisme « décomplexé ». Visiblement, ce n’est pas gagné. J’entendais encore ce matin (27/09) un certain Bujon de l’Estang s’efforcer, sur un ton pontifiant, docte et péremptoire, de ridiculiser les illuminés qui persistent à voir dans l’économie une « science molle », ce qu’elle est pourtant, très précisément, puisqu'elle n'a aucune capacité prédictive. 

    Paul Jorion n’est certainement pas un prophète. Tout au plus y a-t-il de l’utopie dans sa démarche : ce que remettent en question ses observations, ce n’est rien d’autre qu’un système, autrement dit un énorme ensemble infiniment complexe d'acteurs et de facteurs organisés par des relations de solidarité  : on ne fait pas bouger un tel ensemble avec le dos de la cuiller. Le rapport des forces en présence est incommensurable. Paul Jorion est un petit Poucet. Rien que la façon dont est enseignée l’économie dans les écoles et universités aurait de quoi rendre pessimiste : Jorion ne vient-il pas de se faire jeter, pour des motifs obscurs, de la chaire qu’il occupait à la « Vrije Universiteit Brussel » ? 

    Je signale que la plupart des « prix de la banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel », décerné pour la première fois en 1969 (appellation faite pour susciter l’imposture du raccourci « prix Nobel d’économie ») ont été attribués, pour la plupart, à des idéologues de l’économie ultralibérale, dont les théories encombrent tous les manuels scolaires. C’est David contre Goliath. 

    Cela me fait penser à ces journalistes égarés qui parlent des « lobbies écologistes » qui agissent en sous-main à Bruxelles, et qui font semblant d’oublier que les quelques actions vertes en direction des institutions européennes pèsent d’un ridicule poids financier, idéologique et communicationnel face aux vrais poids lourds de toutes les influences stratégiques des grands groupes transnationaux, qui financent massivement des « think tanks » pour qu’ils produisent ad nauseam des argumentaires calibrés au quart de poil pour impressionner et enfumer les "staffs" qui entourent ceux qui signent les décisions (pardon pour la longueur de phrase). 

    Paul Jorion a sans doute raison. Certes, je ne suis pas en mesure de juger, mais quand je vois la mafia des économistes « officiels » se liguer contre « le premier qui dit la vérité » (Guy Béart), je n’hésite pas à lui accorder crédit. Là où il se trompe peut-être, c'est quand il pense qu'on pourrait sauver la situation. Je pose la question : peut-on croire que du travail reviendra en France ? Franchement, j'en doute.

    Je n'ai pas tout compris à son livre. J'en ai pris ce que j'ai pu ou cru comprendre. Bien que je sois assez pessimiste sur ce que l'avenir nous réserve, je lance à Paul Jorion cet appel : « Tenez bon ! ». 

    Voilà ce que je dis, moi.

    http://lantidote.hautetfort.com/

  • KEYNES LU PAR PAUL JORION

    Paul Jorion s'est appuyé les trente volumes des œuvres de John Maynard Keynes pour en avoir le cœur net sur les théories de cet économiste célébrissime. Cela a donné ce livre.

    JORION PAUL KEYNES.jpg1/2 

    Penser tout haut l’économie avec Keynes(Odile Jacob, septembre 2015). 

    Paul Jorion est aujourd’hui connu pour être l’un des très rares spécialistes de la pensée économique à avoir prédit, dès 2004, la désormais célèbre « crise des subprimes ». Je viens de lire son dernier bouquin : Penser tout haut l’économie avec Keynes

    Il paraît que le titre (compliqué : je ne comprends pas « penser tout haut ») prévu par l’auteur a été modifié par l’éditeur. Quoi qu’il en soit, c’est un livre passionnant, mais difficile pour qui n’a pas fait des études d’économie et, en l’espèce, d’économie financière. C’est mon cas. Et je redis que je déteste, dans n’importe quelle discipline du savoir, le spécialiste qui jargonne dans le seul but d’intimider le public ou le lecteur. 

    Ce n’est pas le cas de Paul Jorion, qui sait s’exprimer en français vulgaire (au sens latin), et dont j’apprécie le blog, en particulier, tous les vendredis, la vidéo astucieusement intitulée « Le temps qu’il fait ». C’est sur sa recommandation que j’ai lu récemment La Gouvernance par les nombres, d’Alain Supiot (voir ici même, 9 et 10 septembre), lecture importante que je me félicite d’avoir faite et que je le remercie d'avoir suggérée. 

    L’avantage décisif de Paul Jorion sur les économistes, c’est qu’il n’est pas économiste. Au départ, il est « anthropologue de l’économie », et c’est en tant que tel qu’il examine l’économie. Il est probable que s’il avait été élevé dans le sérail, il ne serait pas devenu le trublion de cette pseudo-science, le poil à gratter, ou le caillou dans la chaussure des tenants officiels de la « science » économique (systématiquement orthographiée entre guillemets, pour bien marquer ce qu’il en pense). 

    L’objectif de l’auteur, dans son livre sur Keynes, est double : 1) aller fouiller dans les œuvres du célèbre économiste (et dans diverses autres sources), pour exposer exactement dans ses détails et ses fondements la théorie qu’il a élaborée, et que thuriféraires et adversaires actuels font semblant de bien connaître ; 2) poser les bases d’une théorie enfin débarrassée des doctrines scientistes qui constituent aujourd’hui l’essentiel de l’économie qu’on enseigne dans les écoles et universités, et qui n’est rien d’autre qu’une idéologie dogmatique au service des puissants. 

    Pour résumer : qu’on en finisse avec un mythe « keynésien » que tout le monde brandit à tort et à travers comme étendard ou comme épouvantail (suivant qu’on est « de gauche » ou « de droite »), et puis qu’on arrive à entrevoir la possibilité de refonder la « science » économique sur le socle dont elle n’aurait jamais dû descendre : la politique.

    Toute l'imposture de la prétendue « science » économique est dans l'escamotage de toute considération politique dans ses corps de doctrine, et dans son auto-promotion au même rang que les "sciences exactes" : du fond des éprouvettes de son laboratoire, elle prétend se contenter de décrire des phénomènes d'ordre mécanique. Plus le mensonge est gros, plus ça passe.

    Jorion le dit bien dans une petite vidéo : pour Keynes, il n’y a pas de solution économique à un problème économique : affirmation magnifique ! Il ne cesse de dénoncer le passage prestidigitalesque de l' « Economie Politique » à la « science » économique, aux alentours de 1870, une « science » qui, fondée sur les mathématiques et le calcul différentiel, emmène le monde à sa perte tout en promettant le paradis. C’est la grande qualité de Keynes, qu’il souligne a contrario, de n’avoir jamais perdu de vue que ce n’est pas la société qui est faite pour l’économie, mais l’inverse. 

    Son objectif, dans ses recherches théoriques, a toujours consisté (Jorion ne cesse de le rappeler) à viser, sinon le consensus total, du moins le plus petit « dissensus » possible. L’idée semble tout à fait raisonnable et équilibrée : que l’on s’entende sur une façon de vivre ensemble (ah, « le vivrensemble » !) en limitant au maximum les occasions des inévitables oppositions et divisions. La philosophie économique de Keynes est d’inspiration humaniste, et l’auteur la fait visiblement sienne. 

    Paul Jorion n’est pas fasciné par le personnage, dont il analyse froidement aussi bien les traits de génie que les bourdes. Il analyse dans l'ordre les ouvrages de Keynes, soulignant les trouvailles les plus marquantes, retraçant les grandes étapes de son parcours intellectuel (et social : quand il est mort, il avait accumulé une fortune considérable), depuis ses études à Eton puis Cambridge et le groupe « Bloomsbury » où il évoluait, jusqu’à son grand œuvre : laThéorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936). A noter que Keynes avait dénoncé dès 1919, dans Les Conséquences économiques de la paix, les catastrophes qui devaient découler des conditions revanchardes faites à l’Allemagne après sa défaite. Mais Cassandre aussi prophétisait dans le désert. 

    Je ne vais pas tenter de résumer le livre de Paul Jorion, de toute façon ce serait raté. Je me contenterai d’évoquer quelques points de ce que je crois avoir compris : la difficulté rencontrée à la lecture semble moins liée à un jargon prétentieux qu’à l’extrême technicité (bien qu’il s’en défende : « Précisons, quitte à être un peu technique dans notre explication … » p.225) de considérations mettant en jeu des notions qui me sont tout sauf familières. Les deux thèmes principaux abordés par l’auteur, situés dans la deuxième partie (consacrée à la Théorie générale …, le grand livre de Keynes), essaient d’élucider, en se débarrassant des préjugés et dogmes en vigueur, comment sont fixés, d’une part les taux d’intérêt, d’autre part les prix. 

    Le premier point figure au chapitre 12 : « Keynes et le mystère du taux d’intérêt ». Comment se fixent les taux d’intérêt ? Pour parler franchement, je n’en sais rien. Pour parler plus franchement, ce que j’en sais tient à un slogan publicitaire d’il y a longtemps : « Votre argent m’intéresse ». Intuitivement, j’avais tendance à ajouter : « Parce qu’il me permet d’en gagner encore plus ». L’intuition m’indique que, si quelqu’un a de l’argent à me prêter, c’est qu’à la sortie, il ne sera pas appauvri. 

    L’analyse que fait Paul Jorion de ce « mécanisme » est infiniment trop subtile pour moi, dans un domaine dont j’ignore à peu près tout. Ce que je crois pouvoir retenir de ce chapitre, c’est que le prêteur s’approprie quelque chose à quoi, en toute justice, il n’a pas droit. Ensuite, que l’auteur dénonce l’imposture de Keynes qui, par un tour de passe-passe, donne soudain la priorité à la « préférence pour la liquidité » sur l’ « efficacité marginale du capital », tout cela ne me parle guère. Il explique quand même que Keynes, qui « se défendait contre les implications révolutionnaires de ses propres théories » (p.189), délaissait « une explication matérialiste au bénéfice d’une explication idéaliste » (p.190). Passez muscade. 

    Ce que je crois pouvoir retenir, c’est que Paul Jorion critique ici le théoricien, au motif qu’il truque lui-même sa théorie, et très sciemment, probablement en fonction de ses propres intérêts (de spéculateur avisé). Car jusque-là, il déroulait sa théorie selon une logique imperturbable. 

    Je ne m’étendrai pas. 

    Voilà ce que je dis, moi.

    http://lantidote.hautetfort.com/