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économie et finance - Page 509

  • Serge Latouche : “La décroissance n’a pas à se situer sur l’échiquier politique”

    Professeur émérite d’économie à l’université de Paris-Sud (Orsay), Serge Latouche est spécialiste des rapports économiques et culturels Nord-Sud et de l’épistémologie des sciences sociales. Il est l’un des fondateurs de la revue d’étude théorique et politique de la décroissance Entropia.

    Rédacteur historique de la Revue du MAUSS, il dirige depuis 2013 la collection ”Les précurseurs de la décroissance” aux éditions Le Passager Clandestin. Serge Latouche est aujourd’hui considéré comme le spécialiste de la décroissance qu’il a contribuée à lancer dès le début des années 2000 grâce à des ouvrages tels que Le pari de la décroissance, Pour une société d’abondance frugale ou encore l’Age des limites.

     

    C’est à ce titre que nous avons désiré le rencontrer, afin d’engager un dialogue à bâtons rompus avec ce courageux dissident de la société de consommation. Serge Latouche nous a donné rendez-vous dans une brûlerie du boulevard Saint-Germain à Paris, où, entre deux cafés, il a bien voulu développer pour nous son analyse de la société industrielle. L’échange, à l’heure où les débats sont plus que jamais tronqués, nous parait stimulant et porteur de sens.

    Question récurrente s’il en est, mais nécessaire : existe-t-il une définition simple de ce qu’est la décroissance ?

    Ce n’est pas seulement une question récurrente, c’est une question impossible. On ne peut pas définir la décroissance parce que c’est un terme que nous avons utilisé comme un slogan provocateur et qui bien évidemment, contrairement à ce que la plupart des gens pensent, et surtout nos adversaires, ne doit pas être pris à la lettre. Etre absolument contre toute croissance est absurde dans la mesure où c’est une des lois de la nature. Décroître pour décroître serait complètement stupide au même titre que croître pour croître. Ce serait prendre un moyen pour la fin.

    Derrière ce slogan politique, l’idée est de faire comprendre aux gens la nécessité de sortir de la société de croissance, société dominée par la religion de la croissance. Il est urgent de devenir des athées de la croissance. Si nous voulions être rigoureux, il faudrait d’ailleurs parler d’a-croissance, au même titre que d’athéisme. Nous envisageons ce rejet de la société de croissance, non pas pour rejeter le bien être mais au contraire, cette société ayant trahie ses promesses, pour réaliser ce que mon collègue britannique Tim Jackson appelle la prospérité sans croissance et ce que je nomme l’abondance frugale.

    C’est un slogan que vous avez d’ailleurs relancé dès 2002…

    Oui, disons même que la date officielle du lancement est avril 2002 lors du colloque organisé à l’UNESCO. Précédemment, le numéro 280 de la revue Silence daté de février 2002, publié sous la direction de Vincent Cheynet et Bruno Clémentin, avait déjà pris pour titre “La Décroissance”. Il faut le reconnaître, ce sont eux qui ont eu l’intuition géniale à cette époque que le moment était venu de reprendre l’idée lancée par Nicholas Georgescu-Roegen dans son livre traduit en français par Jacques Grinevald. J’avais lu ce livre à sa sortie en 1994 et j’en avais fait une recension sans que cela ne marque vraiment les esprits. D’ailleurs, l’ouvrage n’avait pas eu un gros succès. Et pourtant en 2002, le mouvement va se mettre en place.

    Derrière ce slogan politique, l’idée est de faire comprendre aux gens la nécessité de sortir de la société de croissance, société dominée par la religion de la croissance.

    La décroissance n’est en rien une croissance négative…

    En effet, la décroissance n’est pas le symétrique de la croissance. Ce n’est sûrement pas une croissance négative. Mais l’idée n’est claire pour personne et encore moins pour les partisans de la croissance. Qu’est-ce que la croissance ? On évoque généralement la croissance du PIB, l’indice fétiche des croyants. C’est ce que remettent en cause les athées. Cependant, du point de vue de l’écologie et dans la mesure où le PIB mesure tout et son contraire, l’indice le plus rigoureux reste l’empreinte écologique, c’est à dire le poids de notre mode de vie sur la biosphère. C’est d’ailleurs dans ce sens strict, et non pas dans celui d’un slogan provocateur pour un projet alternatif, que les Verts avait inscrit dans leur programme la notion de « décroissance de l’empreinte écologique ». Signe manifeste qu’ils n’avaient pas lu mon livre. Mais ce détournement leur permettait d’affirmer : «Nous ne sommes pas pour la décroissance de tout mais pour une croissance sélective ». Inutile de dire que je ne fus jamais partisan d’une décroissance de tout. C’est une vision pour le moins très réductrice du projet. Si vous êtes favorable à la simple décroissance du PIB, alors votre projet est en cours de réalisation ! Mais ce n’est guère serein, convivial et joyeux. C’est bien plutôt l’austérité que la décroissance. Si votre projet est de réduire l’empreinte écologique, le problème est plus complexe. Le PIB décroît bien plus que l’empreinte écologique. On peut même avoir une décroissance du PIB tout en connaissant une croissance de l’empreinte écologique.

    Le paradoxe n’est-il pas que la décroissance apparaît surtout comme une analyse chiffrée d’un phénomène alors qu’elle est aussi une question philosophique et anthropologique ?

    Absolument. Notre slogan invite d’ailleurs à sortir de la société de croissance, c’est à dire d’une société totalement phagocytée par une économie de croissance, autre nom de l’économie capitaliste fondée sur l’accumulation illimitée du capital.

    Cette société est fondée sur une triple illimitation : illimitation de la production, et donc destruction des ressources renouvelables et non renouvelables, illimitation de la consommation, et donc de la création de besoins toujours plus artificiels, illimitation de la production de déchets, et donc de la pollution de l’air, de l’eau et de la terre.

    La base économique de l’illimitation est bien sûr le capitalisme qui ne connaît pas de limite à l’accumulation mais la base philosophique de tout cela c’est la modernité avec son projet d’émancipation de l’homme, de la transcendance, de la révélation et de la tradition. Ce projet partait certes d’un bon sentiment mais n’a pas su imposer de nouvelles limites. La devise « Liberté, Egalité, Fraternité » est magnifique ! Mais liberté pour quoi faire ? Pour détruire la nature ? Pour exploiter son prochain sans limite ? Votés parmi les premières lois de la Révolution, le décret d’Allarde et la loi Le Chapelier (1791) ont détruit les corporations et interdit les syndicats qui entravaient l’exploitation sans limite des plus démunis. Les révolutionnaires avaient bien compris qu’à côté de la déclaration des droits, il fallait une déclaration des devoirs. Hélas, nous l’attendons toujours ! Ce qui fait dire aujourd’hui à un ancien président de la République, monsieur Sarkozy pour ne pas le nommer, qu’il s’est construit dans la transgression. Tout est donc permis !

    La dénonciation de cette vision angélique des choses – uniquement des droits – est également perceptible dans la notion de développement durable…

    D’un certain point de vue, l’écologie a réussi a faire prendre conscience de l’existence d’un problème. Cela n’a pas été simple. En 1972, le rapport du club de Rome, commandité par un ingénieur de chez Fiat, alarme sérieusement les esprits. Il est symptomatique qu’il vienne de l’industrie automobile. Les époux Meadows, simples chercheurs universitaires, vont, contre toute attente, rendre un rapport peu conforme à la volonté de départ de leur commanditaire. Le rapport Meadows marquera beaucoup les esprits. Cependant, il ne s’agissait pas de la première alerte. En septembre 1962, Rachel Carson avait fait paraître The silent spring (Le printemps silencieux) qui eut un succès important. En 1973, la crise pétrolière aidant, le débat s’essouffle. Mais les premiers ministères de l’Environnement sont créés. Certaines personnalités prennent cela très au sérieux, mais les crédits sont inexistants. En 1972 a lieu la première conférence mondiale pour l’environnement à Stockholm. Le mot d’ordre choisi est alors l’écodéveloppement. On décide de se réunir tous les dix ans : 1982 Nairobi, 1992 Rio. A Rio, plus de 2.000 représentants d’ONG sont présents, dont Greenpeace et la WWF. Le plus plus gros lobby industriel mené par deux criminels en gants blancs, Maurice Strong – secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement – et Stephan Schmidheiny – milliardaire suisse héritier du groupe Eternit, qui lance en 1995 le World Business Council for Sustainable Development, le Conseil mondial des affaires pour le développement durable. Schmidheiny va même jusqu’à publier un livre sous le titre Changer de cap: réconcilier le développement de l’entreprise et la protection de l’environnement.

    Sous la pression d’Henry Kissinger et du lobby industriel, le terme écodeveloppement est abandonné au profit de celui de développement durable. Maurice Strong et Stephan Schmidheiny s’engouffrent dans la brèche et font un véritable travail de marketing pour vendre l’idée de Sustainable Development, comme on lance un nouveau produit sur le marché. Le succès va être foudroyant.

    Lorsque Vincent Cheney, sur un ton un peu déplaisant, accuse certains responsables d’ONG environnementalistes d’être des écotartuffes et de se compromettre avec des représentants de firmes transnationales polluantes, on ne peut pas objectivement lui donner tort.

    Les Verts, les écologistes de tous pays et les ONG sont tous tombés dans la trappe. Les seuls à ne pas s’y laisser prendre sont Nicholas Georgescu-Roegen et le petit groupe auquel j’appartenais. Nous faisions depuis trop longtemps la critique du développement pour nous laisser embobiner. Sustainable Development nous apparaissait immédiatement comme un oxymore énorme. Le plus extraordinaire c’est que lorsqu’il a fallu bien admettre que tout cela n’était que du vent, les tenants du Sustainable Development ont soutenu que le concept avait été dévoyé. Le concept n’a pas été dévoyé du tout ! Il a été fait pour cela ! D’ailleurs vous avez toujours des braves gens qui continuent d’en parler. Les industriels, eux, l’ont abandonné. Le Sustainable Development ne faisant plus recette, ils défendent maintenant l’idée d’une croissance verte. Malheureusement pour eux, croissance et développement sont inséparables. Le développement n’est pas corrigible. L’idée de Sustainable Development a induit toutes sortes de rapprochements et de dérives.

    La grande question qui s’est posée aux fondateurs de l’écologie politique portait sur la nécessité ou non d’un parti politique…

    Il y a des écologistes qui ont fondé un parti politique. Etait-ce tenable et cohérent ? Personnellement, j’ai tendance à penser que non. La question s’est également posée pour la décroissance à un niveau infiniment moindre. J’ai toujours jugé cela stupide.

    La décroissance n’a pas à se situer sur l’échiquier politique. Elle défend des idées, fait éventuellement pression sur des groupes politiques.

    De ce point de vue, la démarche de Nicolas Hulot avec son contrat écologique va plutôt dans le bon sens. Ce contrat s’inspire d’ailleurs de mon livre Le pari de la décroissance. C’est mon ami Jean-Paul Besset, député européen écologiste de 2009 à 2014, qui est à l’origine de sa rédaction. Le problème c’est que tous les groupes politiques ont signé ce contrat mais sans en appliquer une seule ligne. Lorsqu’on décide de se lancer dans la vie politique, on prend ses responsabilités. Celui qui, à mes yeux, gère bien ce grand écart est Yves Cochet. Il possède de solides convictions et gère dans le même temps une vie politique qui nécessite des compromis voire des compromissions. Malgré tout, il défend des convictions profondes, notamment son attachement à la décroissance, ce qui l’a conduit à se marginaliser auprès des Verts.

    La solution ne passe-t-elle pas par l’exemplarité et la vertu au quotidien pour tous, c’est-à-dire par une révolution par le bas ?

    Il faut évidemment le faire. Mais cela ne suffit pas. Il existe un livre bien sympathique sur le sujet : Un million de révolutions tranquilles, de Bénédicte Manier. Quand j’ai lu cet ouvrage, j’ai eu l’impression d’un remake. Ce sont des solutions que nous avons déjà rencontrées dans le Tiers-Monde. En Afrique, dans les années 70, j’ai assisté à des tas de révolutions tranquilles dont l’un des promoteurs au Burkina Faso se nommait Bernard Lédéa Ouédraogo. L’homme était plein d’enthousiasme et souhaitait stimuler la participation des paysans à leur propre développement. Où en est le Burkina aujourd’hui ? Il existe de nombreuses initiatives intéressantes mais il suffit d’un coup d’état pour que tout s’écrase. Bien souvent ces « révolutions tranquilles » remettent en cause le pouvoir en place, qui n’est lui-même qu’un chaînon du système international. Au même titre que nos gouvernements qui sont eux-mêmes des chaînons de l’oligarchie mondiale. Jusque dans les années 80, l’économie n’avait pas totalement phagocyté la société.

    La mondialisation est le moment où l’économie phagocyte le social. D’ailleurs, le mot mondialisation est usurpé. Il s’agit bien plus d’une marchandisation du monde. C’est ce phénomène qui est nouveau. On marchandise tout, le sport comme l’art. Auparavant, il existait un peu de corruption marchande mais il ne s’agissait pas de marchés. On se garde bien de dire également que les apprentis sorciers qui ont détruit des sociétés entières sont responsables du terrorisme mondial que nous connaissons actuellement. Nos dirigeants ont réussi à mondialiser le terrorisme, ce qui est autrement plus grave.

    Le danger qui nous menace ne réside-t-il pas dans l’action d’experts sans légitimité démocratique qui nous imposent un mode de vie technocratique, avec son corollaire, la création d’un Etat policier ?

    Nous y sommes déjà depuis un certain temps. Nous nous y enfonçons de plus en plus et cela risque de continuer.

    Quelle est l’idée de la collection Les précurseurs de la décroissance que vous dirigez aux éditions Le passager clandestin ?

    Ce projet est assez fantastique. En creusant les choses, on s’aperçoit que la décroissance a été portée dès le début de la révolution industrielle en réaction contre ses effets négatifs. Notamment à travers le socialisme utopique de William Morris ou de Charles Fourier. Ce courant aura son heure de gloire dans les années 70 avec les fondateurs de l’écologie politique : Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, Ivan Illitch ou encore Cornélius Castoriadis. Dans le même temps, on s’aperçoit que la base philosophique qui transparaît derrière le sens des limites est partagé par toutes les civilisations.

    La société de l’illimité est une toute petite parenthèse dans l’histoire de l’humanité, y compris dans l’histoire de la philosophie. Epicure, Diogène, les stoïciens, étaient tous dans l’auto-limitation. De même que le taoïsme, le confucianisme, le bouddhisme, la sagesse africaine, la sagesse amérindienne… Il existe une dimension basique de ce que peut être une civilisation humaine.

    L’intérêt de la collection est de donner au projet de la décroissance ses lettres de noblesse, sa légitimité, pour contrecarrer les tentatives de rabaissement auxquelles se livrent un certain nombre de vedettes médiatiques. Je pense ici à Pascal Bruckner ou Luc Ferry notamment.

    En tant que fondateur du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales), quel est votre positionnement à l’égard de Jean-Claude Michéa ?

    J’ai écrit pour lui un livre lorsqu’il était directeur de collection chez Climat, La planète uniforme. Je souhaitais que lui même écrive un « Georges Orwell » pour la collection des Précurseurs de la décroissance. Jean-Claude est un ami. Le problème c’est qu’il donne un peu des bâtons pour se faire battre. Il n’a pas tort dans ses analyses mais il n’a pas tout à fait raison non plus. Il joue avec le feu dans une zone intermédiaire en lançant des formulations imprudentes. C’est un provocateur mais qui fondamentalement n’a pas tort. Comme dit mon ami Marco Revelli, grand politologue italien, il existe deux droites dont l’une s’appelle la gauche !

    Que pensez-vous des initiatives qui se déroulent à Notre-Dame des Landes contre la création de l’aéroport ou bien encore à Sievens contre l’établissement d’un barrage inutile?

    C’est très bien. Je dis : « Allez-y les gars ! ». J’ai un peu passé l’age mais je suis admiratif. Il est absolument nécessaire de résister. Comme le dit Heidegger, personnalité ambiguë, « L’homme est le berger de l’être ». Alors, nous avons tous une part de responsabilité dans le destin de la planète.

    NOVOPRESS.INFO

    via http://www.fdesouche.com/609329-serge-latouche-la-decroissance-na-pas-se-situer-sur-lechiquier-politique#more-358267

  • Agriculture française : Bruxelles m’a tuer

    François Guillaume, ancien ministre de l’Agriculture. Explication en prévision de la manifestation du 3 septembre à Paris.

    Selon l’ancien ministre François Guillaume, la crise de l’agriculture française est la conséquence de l’irresponsabilité des hommes politiques français qui se sont soumis aveuglément aux injonctions de la Commission européenne.

    Tous les deux jours un agriculteur se suicide, pris à la gorge par ses banquiers et fournisseurs, menacé des foudres de Bruxelles qu’une armée de fonctionnaires nationaux zélés assiste pour contrôler du haut du ciel les surfaces emblavées grâce à une gigantesque toile de vidéo-surveillance satellitaire à haute résolution. Ces inspecteurs vérifient, au centiare près, que les superficies relevées correspondent bien aux déclarations des agriculteurs, toute erreur fût-elle involontaire étant sanctionnée de la suppression des aides européennes sans lesquelles le «fautif» devra mettre la clé sous la porte. Les contraintes des éleveurs ne sont pas moindres. Sommés de tenir au jour le jour un registre de leur cheptel et de relever les interventions vétérinaires et les administrations journalières de médicaments, ils sont tenus de respecter les normes du bien-être animal dont les eurocrates se sont donné le droit de fixer les canons alors que tout éleveur sait d’instinct comment servir le meilleur habitat à son troupeau pour optimiser sa production.

    Pour faire face à cette bureaucratie inquisitoire l’agriculteur passe un tiers de son temps à tout noter pour établir et justifier ses demandes de primes, dans la crainte de faire des erreurs toujours interprétées comme des tentatives de fraude. Aussi afin de s’affranchir de cette hantise de nombreux exploitants agricoles confient cette tâche à la Chambre d’Agriculture qui crée autant d’emplois instables et improductifs pour répondre à la demande. La complexité des formulaires à renseigner est telle que, mis au défi par la FNSEA d’en remplir un, le ministre de l’Agriculture s’y est refusé de peur de perdre la face. On peut aussi s’interroger sur la capacité de plusieurs Etats-membres de L’Union européenne à gérer le système sans en avoir ni les moyens ni la réelle volonté. La réponse est évidemment non. C’est pourquoi Bruxelles préfère envoyer ses super-contrôleurs en France où tout est transparent plutôt qu’en Roumanie ou en Grèce. L’assiette y est aussi plus large puisque sous la pression de ses écolos-bobos, l’Hexagone est le meilleur élève de la classe européenne pour le durcissement, à son propre et seul détriment, des règlements environnementaux contraignants.

    C’est une des raisons pour lesquelles l’Agriculture française perd du terrain. Au début des années 2000 elle était encore le premier exportateur mondial de l’agroalimentaire devant les Etats-Unis. Elle occupe désormais la cinquième place derrière les Etats-Unis, les Pays-Bas, le Brésil et l’Allemagne qui produit deux fois plus de porcs qu’elle, 20% de lait en plus, autant de betteraves à sucre et fournit au consommateur français quatre poulets sur dix. Comment en est-on arrivé là? Ce déclin a pour origine la funeste décision européenne de 1990, avalisée par la France et prise sous diktat américain, d’abandonner le soutien des prix agricoles pour lui substituer un régime de primes déconnectées de la production. On est alors passé d’une économie de marché à une politique de revenu contraire aux intérêts français. Nos ministres de l’Agriculture successifs dont la compétence s’est avérée pour le moins déficiente et leur volonté d’engager un bras de fer avec la Commission inexistante, ont tout juste cherché à aménager le système quand ils ne l’ont pas aggravé. Bruxelles avait alors toute liberté pour ouvrir les marchés agricoles à la concurrence extérieure dans le droit fil de la mondialisation débridée qui affecte déjà le secteur industriel au grand préjudice de l’emploi. Le deuxième acte est maintenant engagé avec la négociation transatlantique en cours entre L’Europe et les Etats-Unis qui parachèvera le libre-échange entre les deux continents. De cette confrontation, exclusivement et secrètement conduite par la Commission, on peut craindre le pire c’est-à-dire une capitulation européenne faite de concessions unilatérales, couvertes par un habillage adéquat. Pour le secteur agricole Bruxelles estime d’ailleurs avoir fait le meilleur choix: elle affirme que la baisse des prix alimentaires profitera aux consommateurs et que le revenu des paysans sera sécurisé par les primes. Les Britanniques adhèrent à cette politique ; Angela Merkel aussi, sans l’avouer ouvertement pour ne pas provoquer la France, mais son avis sera déterminant (nous sommes dans une Europe allemande): elle sait ses paysans plus compétitifs que les nôtres grâce à l’euro fort qui les sert et à une main-d’œuvre étrangère sous-rémunérée.

    Les agriculteurs français l’ont compris. Spontanément, sans consigne nationale, ils manifestent autant leur colère que leur désarroi. Ils ne désarmeront pas sur la seule promesse de leur servir la panoplie des placebos habituels: report des cotisations sociales, prêts de trésorerie remboursement anticipé de la TVA ; et que dire de la stimulation annoncée des exportations quand, contre tout bon sens géopolitique, L’Europe impose un embargo à la Russie qui revient en boomerang sur nos éleveurs? Vingt-cinq ans après la proposition du gouvernement de la première cohabitation (alors refusée par les dirigeants agricoles) on revient à l’idée d’une politique contractuelle entre les producteurs et les industriels du lait et de la viande… qui s’en sont déjà prémunis en arbitrant le coût de leurs approvisionnements en France par des achats hors de nos frontières

    Alors que faire après tant de renoncements? C’est à Bruxelles qu’il faut porter le fer, là d’où sont venues toutes les dérives monétaires et libre-échangistes responsables du chômage et de la crise agricole.

    – En premier lieu il est impératif de rétablir les conditions d’une concurrence équilibrée entre les acteurs économiques au sein de l’Union européenne en harmonisant dans les plus brefs délais les politiques fiscales et sociales des Etats-membres dont la disparité crée des distorsions de concurrence (ce qui aurait dû être fait préalablement à la création de la monnaie unique).

    Dans une même logique il faut atteindre une parité de change équitable – un euro pour un dollar – afin de combattre le dumping monétaire qui perturbe gravement les échanges internationaux.

    – A l’évidence le retour aux grands principes de la Politique agricole commune s’impose. En conséquence on doit supprimer les primes, fixer des prix communs rémunérateurs et revenir à la préférence communautaire tout en évitant les excédents coûteux grâce au système de quantité maximale garantie (QMG) expérimenté avec succès à la fin des années quatre-vingts.

    Voilà qui va effrayer nos diplomates et nos hauts fonctionnaires terrorisés à l’idée qu’on ose porter atteinte au credo libéral et remettre en cause leur conviction que hors des sentiers qu’ils suivent et des maîtres qu’ils servent il n’y a pas de salut! Sont-ils assez naïfs pour croire que les Etats-Unis sont des parangons de vertu commerciale et qu’ils s’interdisent toute pratique protectionniste?

    Au cours de cette crise agricole et pour prix de leur malheur les paysans ont le grand mérite de dénoncer l’insigne faiblesse des politiques en charge des intérêts du pays, les abus de pouvoir et la perfidie de la Commission qui soutient la cause du «parti de l’étranger». Rien n’est perdu pour autant: le parcours de l’Europe est jalonné d’obstacles qu’ont surmontés par leur volonté et leur courage des hommes politiques dont l’Histoire a retenu le nom. Aux dirigeants actuels de suivre leur exemple.

    François Guillaume, 10/08/2015

    Source : FigaroVox – Vox société

    François Guillaume est un homme politique français et un responsable syndical agricole. Il a été ministre de l’Agriculture de 1986 à 1988 et est actuellement membre de Debout la France.

    Note : Un millier de tracteurs doivent se rassembler dans la capitale à l’appel de la FNSEA, le 3 septembre. Ils veulent obtenir des «rallonges» du gouvernement au plan d’urgence annoncé en juillet. Une société de fret ferroviaire agricole menace par ailleurs de bloquer le trafic des trains en région parisienne.. ( www.lefigaro.fr August 31, 11:01 AM)

    http://www.polemia.com/agriculture-francaise-bruxelles-ma-tuer/

  • LE LIBÉRALISME, VOILÀ L’ENNEMI :

    Rappelons nous Patrick Le Lay déclarant « Le métier de TF1, c’est de vendre à Coca-Cola du temps de cerveau disponible »… De plus en plus, le système capitaliste actuel transforme « les chefs d’entreprises en serviteurs zélés, voire en esclaves dorés des actionnaires »(J.Peyrelevade). De nombreux libéraux constatent désormais les dégâts d’un système auquel ils n’apportent aucun remède n’osant s’attaquer aux racines du mal. « La seule opposition tolérée est celle qui accepte de se manifester au sein même du système, en a intégré les règles et fait mine d’intervenir à la marge en continuant à croire aux vertus autorégulatrices d’un marché planétaire dont elle profite par ailleurs ». 
    Pour connaître les solutions et avoir le courage de les envisager, il faut aussi observer la vie de nos aïeux et comprendre, sans oublier la leçon de l’empirisme organisateur : « la vraie tradition est critique ». Au regard des expériences passées et des conditions actuelles de l’économie et des modes de vie qui régissent les relations sociales, il faut faire un choix de société : soit le Libéralisme, soit la société communautaire protectrice garantissant la qualité des produits et la défense de ses producteurs/consommateurs. Choisir entre la société mercantile menant à un nouvel esclavage ou la France humaniste des Corps de métiers. Jusqu’à la Révolution de 1789, grâce à la volonté de ses rois, le travail de qualité fut préservé dans le respect de l’être humain. Étudiez l’histoire de la France Capétienne et découvrez comment maintes fois furent maintenues les règles de vie chrétiennes, les fêtes chômées, les privilèges spéciaux, les horaires de travail dans le respect des femmes et des enfants. Louis XV en son temps entendit les plaintes du peuple anglais soumis à l’esclavage industriel des puissances d’argent dans la complicité bienveillante de la couronne anglaise usurpatrice.
    Cet esclavage vint en France grâce à la Révolution, dans les valises des «Philosophes éclairés » et inonda notre pauvre pays exsangue des excès révolutionnaires. Le Libéralisme économique et la République, en définitive, ne font qu’un. Il serait chimérique de penser pouvoir garder l’un en excluant l’autre. C’est d’ailleurs ce que beaucoup d’esprits n’ont pas compris, ou pas voulu comprendre…

    Le socialisme, né des excès du capitalisme et en réaction à ceux-ci, ne remet pas fondamentalement en question le système, c’est pour cela que sa critique reste stérile. « Nous ne sommes pas les défenseurs du capitalisme. Le capitalisme est pour nous une création libérale qui non seulement désorganise l’économie et suscite des injustices mais qui, de plus, se trouve être le plus sûr soutien matériel de la Démocratie. Le capitalisme comme celle-ci instituent le triomphe de l’Or en détruisant la loi du sang ». Il existe une grande carte à jouer pour la francophonie si dans ces domaines nous participions aux demandes du Tiers monde. Bruno Wieseneck, dans un dialogue « père-fils » pas si imaginaire que cela, souligna les incohérences de cette génération post-68, celle qui veut « jouir sans contrainte » et, en somme, a renforcé puis « légitimé » ce que Mai 68 prétendait hypocritement combattre : «Il est interdit d’interdire de s’avilir : Mai 68 n’est pas une réaction anti-bourgeoise, tu le sais bien, elle représente au contraire le triomphe de la non-volonté, la fin de l’homme, la parousie du consommateur, la célébration hystérique de l’idéal petit-mec. L’ultralibéralisme est sorti tout armé de vos partouzes sinistres du Quartier latin. Ça ne gêne pas le bobo socialiste revendiqué que tu es de voir tous les anciens soixante-huitards gérer leur portefeuille boursier, mettre leurs enfants dans ce qui reste des écoles privées, appeler à l’ouverture des frontières pour faire rentrer encore plus d’immigrés tout en fuyant ces nouveaux esclaves du capitalisme dans des quartiers bien blancs et bien protégés ? ». Les royalistes, luttèrent pour la justice sociale dans la France post-révolutionnaire. La révolution de 1789, avant même de guillotiner et massacrer le peuple, le spolia de ses organisations professionnelles et de son patrimoine corporatif (servant aux œuvres sociales) par les sinistres et très libérales lois d’Allarde et Le Chapelier de 1791, véritables actes fondateurs de l’exploitation du prolétariat…

    La république interdit aux ouvriers de s’associer, diminua les salaires et obligea femmes et enfants aux travaux pénibles (14 heures par jour…) pour subvenir au salaire du mari. Celle-ci supprima aussi les fêtes religieuses et institua le Décadi, semaine de 10 jours de travail sans repos, sans doute pour mieux appliquer la formule de Benjamin Franklin, « le temps c’est de l’argent »…(selon Alain Decaux nous avions pratiquement autant de jours de repos avant 89 qu’aujourd’hui). Contre cela les royalistes s’opposèrent et se battirent contre les lois ignobles pour restaurer un semblant de législation sociale et humaine dans ce système qui ne l’était plus… « Quoi ! En moins de deux mois, un seul entrepreneur aurait pu réaliser trente mille francs de bénéfice net, et il s’étonne que les ouvriers auxquels il aurait dû ces immenses profits réclament dix centimes de plus par heure ! »(Berryer). Rappelons pour finir que La Tour du Pin reste d’une actualité brûlante : « l’objet de l’économie politique est d’organiser le monde de l’utile conformément à la justice et en vue du bien commun ». Déjà il s’indignait des délocalisations : « …là où il (le capitaliste) trouvait la main-d’œuvre ou la matière première à meilleur marché».

    Albert de Mun en 1841 proposait déjà une législation internationale, « …l’adoption d’une législation internationale qui permette à chaque Etat de protéger l’ouvrier,sa femme et son enfant,contre les excès du travail,sans danger pour l’industrie nationale ». On y voit une préoccupation humaniste bien plus réelle que celle des tenants des droits de l’homme.

    Le néo-libéralisme est en fait un retour aux sources des théories du XVIIIème siècle : « Tel est le legs d’Hayek et de sa famille. Une société sans Etat, des nations sans frontières et un corps social sans abri. ». La progression du régime de l’économie et des finances avec Jean-Jacques Servan Schreiber, Pompidou et Giscard : « Avec Foutriquet au pouvoir, l’argent ne trouvera aucun obstacle : dans la période d’attente et de détour, tant que la France n’est pas encore le rien promis pour l’an deux mille, l’internationale de cet argent, les sociétés multinationales entre autres, n’auront à redouter aucune intrusion un peu sérieuse d’un Etat qui abdique ses droits régaliens, la défense du pauvre comme l’indépendance nationale, ce qui n’empêche en rien l’exercice solitaire de sa tyrannie.» (Pierre Boutang ). En somme, et c’est la grande leçon que l’on peut tirer, rien de social ne pourra se faire sans une politique d’Etat digne de ce nom, sans un Etat conscient de ses devoirs et prêt à les assumer, pour le bien des Français…Recherchez dans votre histoire, c’est écrit dans la profondeur de nous-mêmes. Un minimum d’Etat garantissant les libertés citoyennes maximum, c’est le sens de notre choix…

    Notre Jour viendra !

    F. Winkler.

    http://www.actionroyaliste.com/

  • La plupart des pourfendeurs de « l’ultra-libéralisme » s’attaquent à des chimères

    Dans La Nef, Guillaume de Thieulloy aborde à son tour la question du libéralisme :

    526x297-jfd"Le mot libéralisme est l’un des plus équivoques qui soient. Comme beaucoup de concepts politiques, il est tantôt une insulte, tantôt un drapeau fièrement revendiqué. Mais, comme beaucoup de concepts politiques, aussi, moins il est précis et plus il est efficace !

    Tâchons donc d’y voir plus clair,en discernant d’abord plusieurs libéralismes, mais également en mettant en lumière ce que ces divers libéralismes ont de commun. Il nous restera alors à apprécier ces libéralismes au pluriel et le libéralisme au singulier au regard de notre anthropologie chrétienne.

    Le Vocabulaire technique et critique de la philosophie de Lalande distingue quatre sens du mot :

    – « Doctrine politique suivant laquelle il convient d’augmenter autant que possible l’indépendance du pouvoir législatif et du pouvoir judiciaire par rapport au pouvoir exécutif, et de donner aux citoyens le plus de garanties possible contre l’arbitraire du gouvernement. » (A)

    – « Doctrine politico-philosophique d’après laquelle l’unanimité religieuse n’est pas une condition nécessaire d’une bonne organisation sociale, et qui réclame pour tous les citoyens la “liberté de pensée”. » (B)

    – « Doctrine économique suivant laquelle l’État ne doit exercer ni fonctions industrielles, ni fonctions commerciales, et ne doit pas intervenir dans les relations économiques qui existent entre les individus, les classes ou les nations. » (C)

    – « Respect de l’indépendance d’autrui ; tolérance ; confiance dans les heureux effets de la liberté. » (D)

    On constate ainsi que « le » libéralisme est une doctrine s’appliquant à des champs extrêmement variés. Mais aussi que le libéralisme n’est pas seulement une doctrine, mais une sorte d’attitude devant la vie. Une telle profusion de sens ne simplifie pas notre tâche !

    D’autant que Lalande ne recense pas tous les sens actuellement en circulation. Aujourd’hui, le libéralisme philosophique s’entendrait plutôt comme synonyme de relativisme. Par ailleurs, le libéralisme des mœurs, description polie de la « révolution sexuelle », est totalement absent dans cette énumération. Enfin, signalons qu’être libéral n’est pas simplement être tolérant, comme au sens D, mais signifie encore être généreux, vertu souvent louée par les penseurs médiévaux !

    Bref, le libéralisme recouvre des réalités très différentes.Existe-t-il tout de même quelque chose de commun à tous ces libéralismes ? De toute évidence, oui : l’importance attribuée à la liberté. Cette qualité éminente des êtres spirituels(l’homme, l’ange et Dieu) étant impliquée dans la plupart des domaines de l’action humaine, il est assez logique que l’on trouve des libéralismes aussi variés et non moins logique que l’on puisse parler du libéralisme au singulier.

    Libéralisme et anthropologie chrétienne. Il nous reste alors la tâche la plus délicate : apprécier ces divers libéralismes au regard de l’anthropologie chrétienne.

    Il est assez aisé de disqualifier le libéralisme philosophique: nous croyons que l’esprit humain est capable de reconnaître la vérité et nous rejetons donc le relativisme.

    Il est, de même, assez aisé de disqualifier le libéralisme moral: tous les actes humains ne sont pas neutres moralement et il est impossible de bâtir une société fondée sur un tel libéralisme. Si chaque individu se dote de sa propre et arbitraire échelle de valeurs, qui m’empêchera de tuer mon voisin ? Nous n’avons alors pas une société, mais la guerre de tous contre tous. Remarquons, en passant, que même les partisans les plus acharnés de la révolution de 68 ne vont pas jusqu’au bout de leur logique : ils critiquent certes l’idée d’une morale inscrite dans la nature humaine, mais sont bien obligés de vivre comme si certains actes étaient effectivement prohibés par la nature humaine elle-même et ne suggèrent pas, par exemple, la dépénalisation de l’assassinat. De même, les partisans du libéralisme philosophique s’abstiennent de cohérence : il existe toujours des opinions interdites ou taboues.

    Restent les libéralismes politique et économique.Léon XIII les condamne nettement, dans son encyclique Libertas (1888) :

    « Il en est un grand nombre qui, à l’exemple de Lucifer, de qui est ce mot criminel : Je ne servirai pas, entendent par le nom de liberté ce qui n’est qu’une pure et absurde licence. Tels sont ceux qui […] veulent être appelés Libéraux. […] 

    « Ce que sont les partisans du Naturalisme et du Rationalisme en philosophie, les fauteurs du Libéralisme le sont dans l’ordre moral et civil, puisqu’ils introduisent dans les mœurs et la pratique de la vie les principes posés par les partisans du Naturalisme. Or, le principe de tout rationalisme, c’est la domination souveraine de la raison humaine, qui, refusant l’obéissance due à la raison divine et éternelle, et prétendant ne relever que d’elle-même, ne se reconnaît qu’elle seule pour principe suprême, source et juge de la vérité. »

    Est ici clairement condamné le libéralisme dans l’ordre moral et civil – c’est-à-dire non seulement le libéralisme des mœurs, mais aussi le libéralisme dans l’ordre social, donc en matière politique et économique.

    Pourtant, Jean-Paul II, dans Centesimus annus (1991), écrit, pour sa part : « Il semble que, à l'intérieur de chaque pays comme dans les rapports internationaux, le marché libre soit l'instrument le plus approprié pour répartir les ressources et répondre efficacement aux besoins. »

    Alors, qu’est-ce que l’Église a réellement visé dans sa condamnation constante du libéralisme ?

    Pour répondre, examinons d’abord le libéralisme politique. Nous sommes naturellement tous opposés à l’arbitraire du gouvernement, signalé par Lalande (sens A). En revanche, rien ne prouve que la séparation des pouvoirs soit une garantie contre l’arbitraire. Le régime de Saint Louis, aussi éloigné que possible des théories de Montesquieu, était pourtant infiniment moins arbitraire que celui de Robespierre !

    Ce qui est critiquable dans le libéralisme politique, c’est principalement l’individualisme.Conscients que l’homme est un animal social, nous, catholiques, refusons de voir dans la société un simple agrégat d’individus.D’où notre refus des « principes de 89 » qui récusent toute communauté entre l’individu et l’État. Poussé à l’extrême, le libéralisme est ainsi, par nature, dissolvant de la société.

    La plupart des libertés revendiquées par le libéralisme politique (liberté de la presse, liberté d’expression, liberté d’opinion…), si elles sont orientées au bien commun, ne sont pas, en elles-mêmes, condamnables – ce sont leurs abus qui le sont –, mais ne sont pas non plus des absolus : elles sont subordonnées à la vérité, à l’ordre public et au bien commun.

    Libéralisme et libertés économiques.Toutefois, le principal débat actuel concerne le libéralisme économique. Précisons d’abord que, malgré l’apparente synonymie entre les deux concepts,les critiques du libéralisme économique ne visent pas le capitalisme(qui peut être d’État ou privé, monopolistique ou largement répandu dans la société). En tout cas, ce que nous avons dit du libéralisme politique peut s’appliquer, mutatis mutandis, au libéralisme économique. Mais il existe bien d’autres raisons de condamner le libéralisme économique au sens strict, comme le devoir de justice que ne satisfait pas toujours la loi de l’offre et de la demande : ce n’est pas parce que la concurrence sur le « marché du travail » permet de payer un travailleur chinois un dollar par jour qu’il est légitime de le faire. Par ailleurs, contrairement au libéralisme doctrinaire, l’Église n’estime pas que tous les besoins de l’homme puissent être satisfaits par le marché. Et, surtout, l’Église n’estime pas que l’État soit toujours illégitime dans ses actions économiques. Selon le principe de subsidiarité, l’État est légitimé à intervenir dans les affaires économiques quand aucun autre acteur ne peut le faire mieux que lui.

    Il faut cependant signaler – et c’est loin d’être anecdotique ! – que la plupart des pourfendeurs de « l’ultra-libéralisme » s’attaquent à des chimères.Il faut beaucoup d’imagination pour croire que la France est actuellement un pays ultra-libéral, comme le disent tant de dirigeants politiques : un pays dont plus de la moitié de la richesse produite est absorbée par la sphère publique est plus proche du communisme que du libéralisme.

    Aujourd’hui, le combat prioritaire des catholiques, dans la sphère sociale, me semble être de redonner aux individus et aux communautés des libertés confisquées par l’État. Cette appréciation m’a parfois valu d’être taxé d’ultra-libéralisme, alors qu’au sens strict, refusant l’économisme que le libéralisme partage avec le socialisme, contestant le principe même du relativisme, rejetant l’individualisme, je suis, au sens de Léon XIII, un anti-libéral convaincu. Mais, après tout, peu importent les épithètes. Ce qui compte, c’est de rendre leurs libertés aux Français, notamment leurs libertés économiques et politiques. En rappelant que ces libertés ne sont pas des absolus et doivent se mettre au service du bien commun et de la vérité !"

    Michel Janva

  • Scandale : cela fait des années que l’État paye 40 fois le prix du médicament pour soigner la DMLA

    Depuis 2007, un seul médicament est autorisé à soigner cette maladie de l’œil (DMLA) qui peut rendre aveugle : le Lucentis, également fabriqué par Roche, et vendu beaucoup plus cher que l’Avastin. « Au départ le prix de l’Avastin était de l’ordre d’une trentaine d’euros, alors que celui du Lucentis était de 1.200 euros l’injection » détaille Michaël Assouline, ophatalmologiste et directeur du centre Iéna-Vision à Paris.

    Pire : le Lucentis est le premier poste de remboursement pour la Sécu. Rien qu’en 2013, il a coûté 430 millions d’euros. Pourtant, Avastin et Lucentis bien sont identitiques. « Il s’agit bien d’une molécule dont l’objet est le même, explique Michaël Assouline, « mais pour une raison commerciale le laboratoire a préférer déléguer la commercialisation à sa compagnie sœur Novartis à des tarifs différents » accuse t-il.

    Situation de monopole

    L’Etat est donc monté au créneau. Le ministère de la Santé a publié un arrêté pour autoriser le remboursement de l’Avastin. Dans un communiqué Marisol Touraine a exprimé jeudi sa volonté de « réagir contre la situation de monopole » de Roche, soulignant que « d’autres pays européens et les Etats-Unis » l’utilisent déjà contre la DMLA.

    Toutefois l’affaire n’est peut-être pas finie : le laboratoire a déposé deux requêtes devant le Conseil d’Etat.

    Source

    http://www.contre-info.com/scandale-cela-fait-des-annees-que-letat-paye-40-fois-le-prix-du-medicament-pour-soigner-la-dmla#more-39054

  • De la crise grecque sans fin comme prolégomènes aux « fins dernières » de la crise mondiale du spectacle de la marchandise…

    « Ce qui doit vraiment être est aussi en fait, et ce qui seulement doit être sans la puissance d’être n’a aucune réalité »

    Hegel, Phénoménologie de l’Esprit

    « C’est dans les crises du marché mondial qu’éclatent les contradictions et les antagonismes de la production capitaliste. Or, au lieu de rechercher en quoi consistent les éléments opposés qui finissent par exploser dans la catastrophe, les apologistes se contentent de nier la catastrophe elle-même : même face au renouvellement périodique et déterminé des crises, ils s’obstinent à répéter que si la production se conformait aux règles de leurs manuels, elle n’arriverait jamais à la crise. Pour cela, ils tronquent les rapports économiques les plus simples, et ne voient qu’unité là où il y a d’abord contra-diction. »

    Karl Marx, Sur la Crise

    Pour paraphraser Le Manifeste, il faut bien considérer qu’un spectre ne cesse de hanter l’Europe et le reste du monde : le spectre du communisme et du retour radical à la vraie vie humaine générique débarrassée de l’argent et de l’État… Toutes les puissances de la vieille Europe asservie au gouvernement mondialiste du spectacle de la marchandise se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et tous les gangs politiques de droite et de gauche, les progressistes de France et les conservateurs d’Allemagne ainsi que tous les compétiteurs périphériques et négociants de Moscou, de Pékin et d’ailleurs…

    Le spectacle de la décomposition grecque nous rappelle là quelque chose d’essentiel qui va bien au-delà du simple phénomène en question. En effet, la crise capitaliste n’est pas l’éternel retour cyclique d’un même mouvement de production en simple rupture momentanée et partielle de lui-même, elle est l’expression organique du processus historique de la dynamique d’une production qui brise la production de sa propre dynamique et dont le mouvement sans cesse se déploie en un cataclysme de plus en plus élargi et dévastateur. C’est ainsi que l’histoire de l’histoire ne peut que mener à l’auto-négation du despotisme démocratique de la valeur lui-même lorsque l’économie du crédit abroge in fine tout crédit pour l’économie. Dans ces conditions, chaque grande crise se produit à un niveau d’accumulation de dettes et de productivité chimérique bien supérieur à ceux qui l’ont précédé et préparé. C’est pourquoi la question de savoir quand aura lieu la crise historique terminale de la marchandise devenue enfin irréalisable revient essentiellement à se demander à quel moment la dialectique de la crise généralisée du taux de profit s’auto-manifestera en tant que procès visiblement advenu de son in-exécutable souveraineté et donc de la sénescence de tous les mécanismes illusoires de fausse solution antérieurs en tant que là, leur trompeuse validité aura effectivement perdu toute possibilité de pouvoir continuer à se possibiliser.

    Le temps de la domination réalisée du capitalisme intégral est celui où la temporalité précipitée des aliénations historiques propres à la tyrannie du spectacle de l’équivalent-général démontre partout que l’argent accélère de façon in-calculable l’érosion, la désagrégation et la liquéfaction de tous les moments par lesquels pourtant il s’est constitué en dépliement de son cheminement nécessaire. En domination formelle, c’est à dire avant la grande boucherie impérialiste de 1914, le Capital fonctionnait encore sur la stabilité relative de son antériorité non encore totalement soumise. Dés lors que devenu pleinement lui-même, le fétichisme de la marchandise est devenu l’économie-monde de la réification en mouvement, il s’empresse et bascule dans le brusque chaos haletant d’une vampirisation despotique et indistinctive qui dévore tout dans l’emprise désintégratrice de la vitesse marchande constamment redoublée.

    La dialectique du sort de l’histoire en est ainsi jetée ! Il avait fallu à Fouché, montagnard extrémiste des impostures de l’extrême gauche de la bourgeoisie, plus de vingt ans pour révéler la vraie nature capitalistique du projet révolutionnaire issu des Lumières du marché. Au contraire, il n’aura fallu que quelques courtes et grotesques journées pour que Tsípras idéologue des mensonges alter-mondialistes de l’extrême gauche du Capital, fasse tomber les derniers masques de la soumission généralisée au gouvernement du spectacle mondial de la marchandise. 

    Joseph Fouché, fut le propagandiste maçonnique ardent des progrès révolutionnaires de la propriété et du commerce, mitrailleur de Lyon et briseur de toutes les grèves possibles puis ministre de la police durant le Consulat et l’Empire. Il incarna l’expert en dilapidations, détournements et retournements ainsi que toutes les vastes affaires bancaires et policières de son époque. Il fut même ministre de transition de Louis XVIII pour assurer la métamorphose des finances de l’Empire déchu en monarchie des finances restaurées. Il eut de cette manière et pendant plus de vingt ans une carrière d’intrigues, de déloyautés et de parjures qui rendent admirablement compte de la dynamique des paradoxes historiques par lesquels la vieille société d’ancien régime à argent encore illusoirement contrôlé allait donner naissance à la société démocratique de l’argent incontrôlable désormais dépourvue de toute illusion sur elle-même…

    Aléxis Tsípras est, lui, passé par divers mouvements rénovateurs de la gauche du Capital et notamment le « Forum social grec » qui contre la version droitiste d’une mondialisation purement financière, souhaitent impulser la farce socio-écologiste d’un mondialisme capitaliste tempéré avec ornementations à âme éthique… Mauvais magicien du temps expéditif des leurres, tripotages et fantasmagories de la crise précipitée du Capital, il ne lui aura fallu, début juillet, qu’une pauvre petite semaine pour reconvertir à l’envers le vote référendaire du NON en un accord d’austérité accrue qui livre la Grèce pieds et poing liés aux combinaisons des marchés financiers des polices diverses et loges variées de l’impérialisme de l’OTAN.

    De cette manière, le spectacle de la décomposition grecque démontre une fois de plus qu’il est totalement impossible de lutter en vérité contre les attaques du Capital par la voie électorale et réformiste et que tous les gangs politiques disponibles du marché qui voudraient sur le terrain de la monnaie maintenue et re-combinée, ouvrir des voies nouvelles qui auraient prétention à ne pas être capitalistes constituent bien entendu et comme toujours les pires ennemis du prolétariat… Tsípras a ainsi fini par accepter comme condition à l’obtention de nouveaux crédits à l’État grec en faillite quasi déclarée, un plan d’austérité beaucoup plus dur que celui qu’il avait néanmoins refusé une semaine auparavant et contre lequel il avait organisé le fourbe carnaval d’un référendum purement tortueux. En ce sens, la Grèce est bien un véritable champ d’expérimentation sociale pour la classe capitaliste mondiale et ses serviteurs d’extrême gauche lesquels se sont là toujours et en tout lieu, situés aux avant-postes de l’ingénierie sociale de la mystification comme sur tous les territoires de métamorphoses où l’humanisme de la marchandise travaille pour l’artificiel sans limites, de l’immigrationnisme au sans-papiérisme en passant par le revenu de base sans oublier la PMA et la GPA…

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  • Contre la frénésie du tout-béton.

    Je parcours fréquemment les campagnes françaises, particulièrement entre la région parisienne et le pays gallo, et j'ai d'ailleurs fait une sorte de « tour de l'Ouest » au début du mois d'août, sur une douzaine de jours, dont il me faudra reparler au fil de quelques notes prochaines pour évoquer cette France pleine de ressources et pourtant souvent dévitalisée et « asséchée » par la République et la Société de consommation : il y a tant à dire, mais il y a aussi tant à faire, le désespoir n'étant, en ce domaine comme en d'autres, qu'une « sottise absolue » pour reprendre la juste formule de Maurras.

    Ce qui me marque dans mes pérégrinations champêtres, c'est la frénésie, un peu calmée aujourd'hui mais toujours active néanmoins, pour le bétonnage ou l'artificialisation des campagnes : lignes de TGV (les LGV, lignes à grande vitesse) ; ronds-points ; routes élargies ou nouvelles ; zones pavillonnaires et centres commerciaux alors que les centres-bourgs se vident et que les cafés ferment ; etc. Une étude récente parlait de plus de 80.000 hectares de terres françaises sacrifiées au béton ou à d'autres matériaux de l'artificialisation chaque année ! Au moment même où il y a tant de maisons inoccupées dans nos villages ruraux ou, même, rurbains ! Cherchez l'erreur...

    Dans le courrier des lecteurs du quotidien La Croix, une lettre publiée dans l'édition du 9 juillet dernier et écrite par M. Christian Guinard, résume bien ce que je pense sur cette question, et je me permets donc de la citer longuement, avec quelques commentaires :

    « (…) Nos élus, de tous bords ou presque, croient encore que quand le bâtiment va, tout va. Ils appellent de leurs vœux des LGV ruineuses et non rentables ; des aéroports inutiles et dévoreurs d'espace ; des barrages qui ne serviront qu'à polluer un peu plus les eaux ; des canaux à grand gabarit qui ne feront le bonheur que de quelques engins de terrassement. Même constat pour les projets de routes et autoroutes alors que la majorité des besoins de déplacement des personnes réside aujourd'hui dans des transports ferroviaires à courte et moyenne distance dont les infrastructures sont à l'abandon. A croire que les décideurs de travaux ne se déplacent qu'en voiture ou en avion. »

    On pourrait accompagner cette lettre de nombreux exemples, et les cas de l'aéroport annoncé de Notre-Dame-des-Landes peut être cité : pourquoi rebâtir une structure aussi lourde alors que Nantes a déjà un aéroport réputé et largement suffisant pour répondre aux défis de son développement et de sa réputation internationale ? De plus, pourquoi vouloir détruire le dernier bocage bien conservé de la région et une zone humide dont on connaît, au-delà de l'heureuse biodiversité, l'importance pour toutes les campagnes avoisinantes ? Sans oublier que cette construction entraînerait celle de nombreuses voies d'accès rapide qui, pour l'heure, ne sont pas financées et qui pourraient coûter près de 4 milliards d'euros, dont une grande partie serait payée par les contribuables de l'Ouest de la France... Surtout si c'est pour revendre cet aéroport, quelques années après sa construction, à des investisseurs chinois, comme c'est le cas pour celui de Toulouse actuellement ! Va-t-on refaire éternellement le même coup que pour les autoroutes françaises, que les usagers payent deux fois, l'une pour la construction, l'autre pour l'utilisation, et cela malgré les promesses des années 1960-70 d'une gratuité future qui n'est jamais advenue ?

     

    La lettre se termine par un constat économique simple et vérifié par les expériences passées : « Ce n'est pas ainsi qu'on créera des emplois durables et non délocalisables. Ce serait plutôt en améliorant la qualité des bâtiments dont les mauvaises performances thermiques nous coûtent des milliards sous forme de pétrole ou de gaz.(...) ». Effectivement, au-delà même des aménagements permettant une meilleure pratique énergétique, conjuguant sobriété et efficacité, mieux vaut rénover, rehausser, restaurer que bétonner sans fin : il y a, là encore, de quoi faire et de quoi travailler des millions d'heures, tout en embellissant plutôt qu'enlaidir nos zones rurales et même urbaines. Cela ouvre, en définitive, bien des perspectives !

    Je me souviens d'une famille royaliste de Touraine qui, non loin de Loudun, avait passé plus de vingt ans à relever un vieux château jusque là condamné à disparaître dans les ronces et bientôt dans l'oubli : elle en avait aussi profité pour rénover les bâtiments avoisinants, eux aussi en piètre état avant son heureuse intervention. De quoi rendre vie à un lieu et à ses environs, et fournir quelque travail aux artisans locaux... Ce qui est possible pour une vieille demeure féodale est tout à fait envisageable et même souhaitable pour des centres-bourgs aujourd'hui délaissés et qui, pourtant, disposent de nombreuses maisons d'habitation, souvent pourvues de petits jardins propices aux potagers et poulaillers ou, tout simplement, au repos et à la lecture tranquille...

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1254:contre-la-frenesie-du-tout-beton&catid=49:2015&Itemid=60

  • Crise de l’énergie en Ukraine à l’approche de l’hiver, les Français vont-ils encore payer ?

    Xavier Moreau est un analyste installé en Russie depuis 14 ans. Il est l’auteur de la « Nouvelle Grande Russie » et l’un des intervenants principaux du site d’analyses politico-stratégiques stratpol.com.

     
    Qui va payer la facture du chauffage des Ukrainiens ? Pour 2015 la question reste posée, mais en 2014, ce sont les Français et les Allemands qui ont payé le chauffage des Ukrainiens:

    Vidéo fort éloquente de ce qui nous a été soigneusement caché: de l’aveu même de Iatseniouk, le Premier ministre d’Ukraine, et du ministre des affaires étrangères de Russie: Sergeï Lavrov, le paiement de la facture énergétique de Kiev, en 2014, a été réglée par les Français et par les allemands. Explicite entrée en matière d’un journaliste allemand.

     

    http://www.medias-presse.info/crise-de-lenergie-en-ukraine-a-lapproche-de-lhiver-qui-va-payer-explications-de-xavier-moreau/37767

  • Le camp de concentration bancaire

    Source : Réseau International
    Le remplacement progressif de l’argent liquide par la monnaie scripturale aboutira, à terme, à une gestion centralisée des permissions ou des interdictions de posséder, d’agir, de se déplacer… bref, de vivre tout simplement. Valentin Katasonov nous décrit ici la manière dont nous dirigeons pas à pas et inexorablement vers la réalisation d’une prophétie d’il y a 2000 ans, « Révélation de Jean (l’Apocalypse) ».

    La mort de l’argent

    Depuis longtemps on tente de nous prouver que le système monétaire basé sur les signes de trésorerie (billets de banque et des petites pièces de monnaie) est un anachronisme, un signe d’arriération. Que l’argent généralement représente un « terrain fertile » pour toutes sortes de crimes et transgressions. Que toute l’économie «grise» se tient sur l’argent liquide et par conséquence, le budget d’état ne reçoit pas les taxes. C’est grâce à l’argent liquide que la corruption se fait. L’argent liquide est une source de financement du terrorisme et de toutes sortes de groupes criminels. On peut continuer plus loin la liste de ce qu’on peut faire d’illégal et criminel avec argent liquide. Il se révèle aussi que les citoyens respectueux de la loi, possédant l’argent liquide, courent de gros risques: ils peuvent être volés et même tués. Ils sont des victimes potentielles de personnes sans scrupules qui peuvent leur imposer de faux billets de banque. Enfin, on cite un gros inconvénient pour l’état. Selon certaines estimations, le traitement et le stockage de l’argent liquide dans notre pays coûte l’équivalent de 1% du PIB.

    En revanche, dans tous les sens sont vantées les vertus des moyens non monétaires: la facilité d’utilisation (cartes plastiques) de titre de paiement pour les courses, pour le paiement des transports, logement et autres services, pour les virements. En outre, il y a la protection contre le vol et la contrefaçon. Sans parler de l’amélioration de la vie de la société en général. L’économie «grise» disparaîtra, les drogues disparaîtront, la corruption mourra, les terroristes disparaîtront, le budget débordera de recettes d’impôts, etc.

    À première vue, il semble n’y avoir rien à discuter. Il faut, dès que possible supprimer l’argent liquide, et rattraper le retard. Certaines personnes semblent avoir une attitude dégoûtée envers les billets. Certains notent des taches sales sur le papier, que les utilisateurs précédents ont laissé. D’après le dicton, l’argent n’a pas d’odeur, mais on nous assure que l’argent liquide a une mauvaise odeur. Tandis que la monnaie scripturale, elle est propre et ne sent pas! Dans le sens propre et figuré. Mais là, je ne suis pas d’accord. Si nous convenons que l’argent sent, alors la scripturale d’aujourd’hui pue, de manière si forte et si pénétrante qu’aucun masque ne puisse aider. Malheureusement, la période suffisamment longue d’une «économie de marché» (c’est à dire, le capitalisme), a fait que notre sens de l’odorat s’est si émoussé que nous ne sentons pas l’odeur des diverses ordures, y compris ce qu’on appelle le « banking trash ».

    Pourquoi j’ai une attitude aussi inconciliable (intolérante) face à l’argent non-liquide? Pour la simple raison que c’est un moyen de paiement et d’échange illégal. Autrement dit, du faux argent. Et qui est engagé dans la production d’argent non-liquide (également appelé l’argent de dépôt)? Ce sont les banques commerciales, dont nous avons aujourd’hui plus de 800. En Amérique (USA) elles sont près de 7 000. Quelles lois définissent le statut et le règlement de l’argent non-liquide? Aucune. Sa production et sa circulation sont, comme disent les avocats, «hors du cadre légal». Dans notre pays, dans certains cercles [criminels ou de l’ombre], on appelle une telle activité « la vie par compréhension mutuelle ».

    Ce que je dis-là n’a rien de sensationnel. Je ne découvre pas l’Amérique ici. Un certain nombre d’auteurs ont longtemps essayé de parvenir auprès des politiciens, les députés, le ministère public, la Cour constitutionnelle, et même le président russe avec des demandes et des exigences pour rétablir l’ordre dans la sphère de la circulation de l’argent. Arrêter la contrefaçon à grande échelle. Parmi ces auteurs il y a Vladimir Yurovitsky, Moïse Gelman, Eugene Volobuev. Cependant, de nombreux autres auteurs, dont l’auteur de cet article, ont décrit la nature de l’argent de dépôt. Dans mon livre «L’intérêt des prêts, une juridiction insensée» j’ai consacré plus de cinquante pages à ce sujet.
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    Les usuriers ont longtemps cherché auprès des autorités le droit d’émettre leur propre monnaie contre la monnaie de bon aloi (en métal) recueillie sur les comptes de dépôt, sous la forme de prêts pour des montants excédant le montant emprunté en monnaie métallique, et ils sont parvenus à leur fin. Dans certains manuels d’économie, des auteurs ont même été sollicités pour donner un nom à un tel arrangement des opérations de dépôt et de prêt: « la couverture incomplète (partielle) des obligations » des banques. Certains banquiers disent même ouvertement que les prêts par les banques contemporaines représentent une promesse de délivrer de l’argent qu’elles n’ont pas. Environ 10% des prêts accordés peut être assuré par l’argent à part entière (ou légitime), le reste sont les promesses sous la forme de dépôts ou d’argent non-liquide. La nature frauduleuse du système de «la couverture incomplète ou partielle des obligations» des banques ne se manifeste que pendant les « raids » des épargnants, ou « les attaques sur les banques», lorsque les détenteurs de dépôts exigent le retrait complet de leur argent (légitime). C’est un faux-monnayage explicite à grande échelle.

    Ce sujet est scrupuleusement passé sous silence par les médias du monde entier, qui, comme on le sait, sont sous le contrôle des «propriétaires de l’argent». On ne dit rien, ou presque, sur ce sujet dans les universités, même dans les facultés d’économie, même dans le cours «L’argent, le crédit, les banques», cours standard dans les universités russes d’aujourd’hui. Les juristes et les autorités chargées de l’application du droit ne le remarquent pas. Les lois ne disent rien sur ces «quittances non alimentées» dont le nom officiel est «l’argent de dépôt» ou «l’argent scriptural». Ce quasi-argent existe, mais comme s’il n’était pas là. Aujourd’hui les responsables gouvernementaux et les banquiers parlent de la nécessité de l’utilisation plus large du scriptural, mais, on ne sait pour quelque raison, tout le monde oublie complètement que cet argent est illégal. En fait, il est faux. Il se trouve que, aujourd’hui, non seulement certains groupes de la criminalité organisée vivent « par compréhension mutuelle », mais aussi l’ensemble de l’état.

    La monnaie légale, «le moyen de paiement légal» ou «legal tender» dans le droit anglo-saxon, représente uniquement les obligations qui sont émises par les banques centrales. C’est l’argent liquide sous la forme de papier-monnaie (billets de banque) de valeurs différentes, avec la protection contre la falsification. Au bon temps jadis les billets des banques centrales étaient assurés, complètement ou en partie, par des matériaux métalliques (standard d’or). Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Ce sont des simples signes de papier (appelés la monnaie fiduciaire). Mais en cela, cet argent est légitime, son statut est fixé par les lois et souvent par les constitutions. Mais l’argent scriptural est l’argent de l’ombre, en fait illégal. C’est justement sur eux que la puissance des banquiers est fondée, ainsi que la capacité des banques de «faire de l’argent à partir de rien». Ils font des profits fabuleux. Tandis que les prêteurs accordent des prêts avec la fausse monnaie, la dette est remboursée entièrement par des actifs réels. La soi-disant «couverture partielle des obligations» des banques est «l’alchimie monétaire» dont les alchimistes médiévaux, qui avaient essayé d’obtenir l’or à partir de fer, ne pouvaient rêver.
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    Donc, maintenant (depuis déjà 23 ans) nous avons dans notre pays le même faux système monétaire comme l’ensemble du «monde civilisé». La conception de ce système nous a été imposée par « les maîtres de l’argent » pour assurer le vol «efficace» de la Russie. Les banques russes sous l’égide de la Banque centrale de Russie (Banque de Russie) émettent l’argent de dépôt (argent non-liquide) dont la part dans masse monétaire totale (la somme d’argent liquide et non-liquide) est, ces dernières années, de 75-77%. Les banques sortent ensuite les bénéfices obtenus par «l’alchimie monétaire» en dehors de la Russie. Là, tôt ou tard, ces bénéfices aboutissent chez les « maîtres de l’argent » qui sont les principaux actionnaires de la Réserve fédérale des États-Unis.

    Je suis obligé de dire cela pour que les citoyens de la Russie comprennent les plans que préparent les autorités monétaires de la Russie (le ministère russe des finances et la Banque de Russie), sur le remplacement de l’argent liquide par l’argent scriptural. Les banquiers et leurs assistants (agents publics) cherchent à élargir les possibilités des institutions de dépôt et crédit pour produire « l’argent à partir du vent ». En plus, le blocage de l’argent au sein du système bancaire réduit pour les clients des risques « raids » modernes des bailleurs de fonds

    Il convient de garder à l’esprit que le groupe dirigeant financier, ou les maîtres de l’argent, pense non seulement à l’augmentation des capitaux, mais aussi au pouvoir mondial. Ils mûrissent des plans prévoyant le passage à un certain moment à l’argent 100% scriptural. L’argent liquide qui est aujourd’hui l’unique moyen de paiement légal, à un certain moment sera déclaré illégal. En même temps, l’argent scriptural qui était, et reste, un moyen de paiement illégitime, sera déclaré légitime. Ce sera la finale de la «révolution monétaire permanente» que les usuriers promouvaient pendant des siècles. Cela va créer «le camp de concentration bancaire», et le pouvoir sur le monde passera définitivement à ces usuriers.

    L’argent en tant qu’outil pour parvenir au pouvoir mondial ne sera plus nécessaire pour les usuriers. En cela, il sera inutile à tout le monde. Comme on le sait, dans les camps de concentration l’argent est un luxe absolument inutile. La mort de l’argent viendra. Avec, peut-être, la «fin de l’histoire». Mais ce n’est pas la fin de l’histoire dont Francis Fukuyama a écrit il y a un quart de siècle. C’est celle dont la Révélation de Jean (l’Apocalypse) a dit il y a 2000 ans. Je rappelle le fragment bien connu:

    «Et il fera que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, recevront une marque sur leur main droite ou sur leur front, et personne ne pourra acheter ni vendre sans avoir la marque, ou le nom de la bête, ou le nombre de son nom».
    N’est-ce pas la description du «camp de concentration bancaire»? Premièrement, les gens seront conduits dans le ghetto de l’argent non-liquide. Et puis, au lieu de cartes en plastique (car elles peuvent être perdues ou volées!) on suggérera fortement aux «clients» du « camp de concentration » d’implanter des puces soit sur le front ou sur la main droite.

    Les experts disent que, dans certains endroits du « monde civilisé » tout ce qui est prédit dans la Révélation est déjà fait sur des « prisonniers volontaires » du « camp de concentration bancaire ». Puis commence la routine du camp. Si quelqu’un n’agit pas conformément au statut du camp, on le prive d’accès à l’argent scriptural. Autrement dit, on le prive de vie. D’ailleurs, les experts disent qu’il sera possible de surveiller non seulement les actes, mais aussi les pensées. «Le camp de concentration bancaire» est très humanitaire. Là, on ne fusille pas, il n’y a pas de chambres à gaz. Il a une arme bien plus terrible – le système de paiement 100% scriptural. Au demeurant, je pense, ce que nous appelons dans ce cas « argent » (soit l’argent sans numéraire), a une relation très lointaine avec cet « équivalent universel » auquel l’humanité était habituée au cours des derniers siècles. Il s’agissait tout simplement du droit de recevoir sa pitance pour un travail impeccable et un comportement exemplaire.

    Revenons au début de notre histoire. Aujourd’hui, on ne nous propose pas un camp de concentration, mais seulement «des cartes en plastique», représentant le confort et la sécurité. Mais c’est précisément le cas des « bonnes intentions dont la route de l’enfer est pavée ». Cependant, je ne suis pas fataliste. L’homme et l’humanité ont la liberté de choix. Et le choix est facile à faire quand vous avez une idée où les chemins de l’histoire mènent. Voilà pourquoi j’ai décidé d’écrire cet article.

    Valentin Katasonov sur regnum.ru, Traduit par Olga pour Réseau International

    http://fr.novopress.info/191469/camp-concentration-bancaire/#more-191469